Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous

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Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous
V o l . 8 7, n o 20 – 18 au 24 mai 2016 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $

                           Les visages du lait diafiltré
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                           Hydro enfin à l’écoute
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                                                                                                                                          DE DEMAIN
MARIEMICHÈLE TRUDEAU/TCN

                                                                                                                                          PAGE 10

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                                                                                                                                                    20

                                                                                                                                                                                                      1
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                                                                                                                                                                                                   78313 02664
                                                                                                                                                                                                      7

                                                                                                                                                                             2,25$   10013
Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous
PAGE 2      LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016

                                           LAIT DIAFILTRÉ

« Il se passe vraiment quelque chose »
                                                                                                                                        – MEG DELISLE, TRAVAILLEUSE DE RANG

                                                                                                                                                                                                           demandent s’ils vont être en mesure de
                                                                                                                                                                                                           conserver leur entreprise, sachant que
             PIERRE-YVON BÉGIN                                                                                                                                                                             250 fermes ont été perdues l’an dernier
             pybegin@laterre.ca                                                                                                                                                                            au Québec.
                                                                                                                                                                                                             « Ils ont tenu le coup jusqu’à mainte-
MIRABEL — Première travailleuse                                                                                                                                                                            nant, ajoute-t-elle, mais ils ont peur. Les
de rang dans la région des Laurentides,                                                                                                                                                                    jeunes de la relève se demandent dans
Meg Delisle est bien placée pour jauger                                                                                                                                                                    quoi ils se sont embarqués, s’ils vont être
l’humeur des agriculteurs. Depuis son                                                                                                                                                                      les prochains. »
entrée en fonction en octobre dernier,                                                                                                                                                                       Dans certaines réunions d’agriculteurs,
elle a répondu à 58 appels à l’aide. De ce                                                                                                                                                                 et pas juste chez les producteurs de lait,
nombre, 86 % des demandes proviennent                                                                                                                                                                      mais aussi chez les maraîchers, apicul-

                                                                                                                                                                                   PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
du secteur laitier!                                                                                                                                                                                        teurs et pomiculteurs, elle relate avoir
  « Il se passe vraiment quelque chose                                                                                                                                                                     assisté à des scènes déchirantes. Des agri-
dans le lait », reconnaît-elle. Elle admet                                                                                                                                                                 culteurs ont craqué et éclaté en sanglots.
que la perte de revenus subie depuis l’an                                                                                                                                                                  « Les autres se demandent s’ils vont être
dernier crée de l’incertitude supplémen-                                                    Travailleuse de rang dans la région des Laurentides depuis octobre 2015, Meg Delisle                           capables de garder leur ferme parce que
taire chez les producteurs. Plusieurs se                                                    constate « beaucoup de stress » chez les producteurs laitiers.                                                 ça tombe comme des mouches autour

                                                                                            Jonathan Côté blâme Ottawa
                                                GRACIEUSETÉ JONATHAN CÔTÉ/STÉPHANIE NICOL

                                                                                               C’est le cœur gros que Jonathan          voyait ce qui se passait », indique-t-il                           son épingle du jeu avec ses 33 vaches.
                                                                                            Côté a vu partir ses vaches le mois         en entrevue téléphonique. L’an der-                                Sans être au-dessus de la moyenne, il
                                                                                            dernier. Ce jeune producteur laitier        nier, précise-t-il, il a perdu environ                             obtenait de bons résultats avec plus de
                                                                                            de la relève a préféré vendre son trou-     1 000 $ par mois en raison de la baisse                            1 kg de lait par vache par jour.
                                                                                            peau à l’encan plutôt que de risquer        de prix découlant des importations de                                « Ça allait bien et on misait tous les
                                                                                            de tout perdre. Voilà un visage pour        lait diafiltré des États-Unis.                                     mois sur les quotas pour prendre de
                                                                                            illustrer comment les importations de         Jonathan Côté avait pourtant le                                  l’expansion », affirme Jonathan Côté.
                                                                                            lait diafiltré malmènent les fermes lai-    profil idéal pour réussir en produc-                               En 2012, celui-ci avait obtenu un prêt
Jonathan Côté avec sa conjointe Marise                                                      tières.                                     tion laitière. Âgé de 26 ans, père                                 de 12 kg pour la relève. Établi à la
Corriveau et sa fille Marianne en des temps
meilleurs. Alexis, six semaines, s’est ajouté                                                  « On a pris la décision de débarquer     de deux enfants avec sa compagne                                   ferme de ses beaux-parents, il limitait
depuis.                                                                                     avant d’être trop pris parce qu’on          Marise Corriveau, il arrivait à tirer                              ses dépenses au minimum, se débrouil-
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016          PAGE 3

                                                                                    LAIT DIAFILTRÉ

                                               Une passion compromise
                                               PIERRE-YVON BÉGIN

                                                 Les importations de lait diafiltré
d’eux », rapporte Meg Delisle. Celle-ci        coûtent une fortune aux producteurs
s’étonne de recevoir autant de demandes        de lait canadiens, plus de 220 M$ l’an
d’aide. La situation, pense-t-elle, est par-   dernier. Derrière ces chiffres, froids, se
ticulièrement précaire dans les Basses-        cachent des visages, bien réels, de vail-
Laurentides en raison de l’augmentation        lants producteurs. Plusieurs font partie
du prix des terres sous la pression de         de la jeune relève qui craint de voir
l’urbanisation.                                s’écrouler son projet de vie. La Terre
   « Les terres sont chères et quand il        en a rencontré quelques-uns.
y a une baisse de revenus, ça paraît             À Saint-Édouard-de-Lotbinière,
plus », indique la travailleuse de rang,       Laetitia Létourneau a enfin pu quitter
faisant le lien avec les pertes subies         son emploi pour se consacrer à son
en raison des importations de lait             exploitation laitière, la Ferme Juste
diafiltré. Meg Delisle note que depuis son     « O » Lait. Elle y a rejoint son com-
entrée en fonction, aucun cas de suicide       pagnon, Justin Bergeron. Le couple a
n’a été enregistré. Elle se dit attentive à    quatre enfants. Voilà 10 ans, celui-ci a

                                                                                                                                                                                          MARTIN MÉNARD/TCN
cette possibilité, sachant fort bien que       été le premier à profiter du programme
la région a connu trois suicides ces           de prêt de 10 kg de quota pour la
dernières années.                              relève. Depuis, ils gagnaient bien leur
                                               vie, du moins jusqu’à l’arrivée des            Justin Bergeron et Laetitia Létourneau ont accusé une perte de revenus de 15 % l’an der-
                                               importations de lait diafiltré. Ces der-       nier en raison des importations de lait diafiltré.
                                               nières ont coupé leur revenu de 15 %.
                                                 « La ferme ne suffira plus », soupire        moment du début de leur aventure. Ce          aussi », entrevoit-il. Son copain Jimmy
                                               Laetitia, regrettant presque d’avoir           reportage était coiffé d’un titre qu’ils      Robidoux, de Saint-Constant, partage
                                               abandonné son emploi à l’extérieur.            ont médité longtemps : « Aide-toi… et         son opinion, redoutant de voir les autres
lant avec un peu de machinerie. « On           Comme le taux d’endettement de la              le ciel t’aidera! »                           pays lui ravir son gagne-pain.
n’avait pas de terrain et on faisait les       ferme est encore élevé, elle craint                         L’avenir en jeu                    Lyne Riopel, productrice à Mirabel
foins avec les parents », illustre-t-il.       d’avoir à oublier les projets de déve-           À Saint-Édouard de Napierville,             dans les Laurentides avec son conjoint
  Le secrétaire des Producteurs de             loppement. « Ça fait peur, avoue-t-elle.       Jocelyn Serres dit avoir perdu 15 000 $       Richard Gauthier, peste contre
lait de Chaudière-Appalaches-Nord,             J’ai aussi des amis qui ont démarré            l’an dernier. Le laxisme d’Ottawa à           Parmalat. La multinationale, pense-
Michael Létourneau, ne peut que                comme moi et qui viennent d’aban-              l’égard des importations de lait diafil-      t-elle, une filiale de Lactalis, en France,
déplorer le départ de ce jeune produc-         donner. » Laetitia et Justin relisent          tré lui fait craindre pour l’avenir de la     veut agir comme en Europe.
teur, un administrateur fort actif au          aujourd’hui avec émotion le texte              gestion de l’offre. « Si elle disparaît,        « Le lisier dans les rues, les pneus
sein de l’organisation syndicale. « En         que la Terre avait publié en 2007 au           c’est sûr que la ferme chez nous part         brûlés. On ne veut pas se rendre là »,
plus de perdre un bon producteur de                                                                                                         affirme-t-elle avec dépit. Elle soutient
lait, on perd un excellent administra-                                                                                                      avoir perdu de 4 000 à 5 000 $ l’an der-

                                                Dans la Terre, il y a 10 ans ...
teur », reconnaît-il.                                                                                                                       nier. Elle a donc été forcée de réduire
  Jonathan Côté est donc bien au fait                                                                                                       la qualité de vie de ses trois jeunes
de toutes les démarches effectuées                                                                                                          garçons.
pour contrer les importations de lait                                                                                                         « Ils aiment ça, l’agriculture; ils en
diafiltré. Il n’est d’ailleurs pas le seul                                                                                                  mangent, relate-t-elle. Il faut voir mon
à éprouver des difficultés. Une col-                                                                                                        plus jeune de quatre ans, sa petite pelle
lègue vient tout juste de le consulter                                                                                                      à la main, qui veut aller à l’étable le
au sujet des modalités de son encan.                                                                                                        matin. »
« L’inaction du gouvernement fédéral,                                                                                                         Isabelle Bergeron est aussi la mère de
observe-t-il, c’est dur pour le moral.                                                                                                      quatre garçons. La productrice laitière
Quand on voit ce qui se passe et que                                                                                                        de Noyan vient les larmes aux yeux
le fédéral ne veut pas s’en mêler, c’est                                                                                                    quand elle parle d’Alexis, neuf ans, qui
un peu décourageant. »                                                                                                                      lui confie en voyant ses parents traire
  S’il a abandonné la production lai-                                                                                                       les vaches : « Je veux faire ça quand je
tière, Jonathan veut demeurer près                                                                                                          vais être grand. »
du milieu agricole. Il est sur le point                                                                                                       Marie-Pier Lévesque admet pour sa
d’accepter un emploi à l’extérieur et                                                                                                       part que les revenus de la ferme ont
                                                En mars 2007, la Terre racontait comment le rêve de Justin Bergeron s’était réalisé.
entend aussi prendre des génisses en                                                                                                        baissé de 30 000 $ l’an dernier. Elle voit
                                                Celui-ci, qui était le premier à recevoir un prêt de 10 kg de quota pour la relève, fait
pension tout en continuant à « faire les        partie de la jeune génération qui craint maintenant pour son avenir.                        maintenant sa qualité de vie diluée par
foins ». P.-Y.B.                                                                                                                            le lait diafiltré.
Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous
PAGE 4       LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016

                    XXXXXXXXXXXXXXXXXX
                                                                                                      LAIT DIAFILTRÉ

                    Parmalat et Saputo ne suivront
                    pas Agropur
                    PIERRE-YVON BÉGIN                                La porte-parole de Parmalat, Anita        cesser l’achat de lait diafiltré, affirme-   normes fromagères. « Ça nous aiderait
                                                                   Jarjour, va également dans ce sens. Si      t-elle, soutenant rechercher des solu-       tellement à finaliser l’entente nationale
                       Parmalat et Saputo n’ont pas l’inten-       son entreprise pourra se prévaloir de la    tions permanentes.                           si le gouvernement prenait une déci-
                    tion d’imiter la coopérative Agropur qui       classe 4m élargie, elle mise davantage        « Nous mettrons en place les mesures       sion », lance-t-il.
                    n’utilisera plus de lait diafiltré provenant   sur une entente nationale. Un pacte         nécessaires dès qu’un programme per-            Le Programme intérimaire a été
                    des États-Unis. Les deux multinationales       national répondra mieux à son statut        manent sera annoncé », écrit-elle dans       adopté fin avril par le Comité cana-
                    disent compter davantage sur la conclu-        pancanadien, illustre-t-elle. Au pays,      un courriel.                                 dien de gestion des approvisionne-
                    sion d’une entente nationale sur les ingré-    la compagnie possède 16 usines dans           Chez les Producteurs de lait du            ments de lait, lui-même présidé par
                    dients laitiers en négociation depuis plus     quatre provinces différentes.               Québec, la nouvelle a aussi été bien         la Commission canadienne du lait.
                    d’un an.                                                                                                                                Il donne ainsi accès pour un temps
                       La semaine dernière, Agropur a été                                                                                                   limité à des ingrédients laitiers à un
                    le premier transformateur à se prévaloir
                                                                                 La semaine dernière, Agropur a été le premier                              prix concurrentiel, calqué sur le prix
                    d’un nouveau programme national inté-                            transformateur à se prévaloir d’un nouveau                             mondial. La classe 4M a ainsi été élar-
                    rimaire. Par le biais d’un élargissement                               programme national intérimaire.                                  gie pour permettre l’utilisation des
                    de la classe 4m, elle peut acheter du lait                                                                                              concentrés de protéines liquides et du
                    canadien (protéines laitières liquides) à                                                                                               lait écrémé liquide dans la fabrication
                    meilleur prix. La coopérative dit avoir          « Nous avons grand espoir qu’il y         accueillie. Le président Bruno Letendre      des fromages. Les fromagers devront
                    respecté sa promesse et fait ses devoirs,      aura un dénouement prochainement »,         nourrit l’espoir que Parmalat et Saputo      respecter les pourcentages et normes
                    tout en réclamant la conclusion d’une          dit-elle. Une nouvelle rencontre de         imiteront Agropur en se prévalant de la      de composition.
                    entente nationale entre producteurs et         négociations pourrait d’ailleurs avoir      classe 4m. Il ne pouvait préciser si le         Les producteurs de lait peuvent ainsi
                    transformateurs de lait.                       lieu cette semaine entre les producteurs    Programme national intérimaire d’une         espérer limiter leurs pertes, du moins
                       « Ça prend une stratégie nationale des      et transformateurs de lait canadiens.       durée de trois mois serait profitable        pour un certain temps. Responsables
                    ingrédients laitiers qui couvre l’ensemble       La directrice des communications chez     pour les fabricants.                         des surplus de solides non gras, ils
                    du Canada », martèle Dominique Benoit,         Saputo, Sandy Vassiadis, tient le même         « On a une classe pas mal compé-          tireront des revenus supérieurs de leur
                    vice-président, en entrevue téléphonique.      discours. Saputo n’a pas l’intention de     titive, mais on ignore le prix qu’ils        vente aux fromagers plutôt que d’avoir
                                                                                                               paient pour le lait diafiltré », confie-     à les écouler à de vils prix dans l’ali-
                                                                                                               t-il. L’élargissement de la classe 4m,       mentation animale.
                                                                                                               convient-il, est une proposition du             La porte-parole de la Commission
                                                                                                               Québec afin de fournir une plateforme        canadienne du lait, Chantal Paul, pré-
                                                                                                               identique à tous les fabricants cana-        cise que les prix payés aux producteurs
                                                                                                               diens. Du même souffle, il rappelle          ne sont pas encore connus. Ceux-ci,
                                                                                                               l’obligation du gouvernement fédéral         dit-elle, seront publiés le 1er juin en
                                                                                                               de faire respecter ses frontières et les     fonction du prix mondial payé en mai.

                                                                                                               Bienvenue
                                                                                                               Marianne!
                                                                                                                 Dès la présente édition, nos lecteurs
                                                                                                               découvriront une nouvelle plume dans
                                                                                                               nos pages. C’est avec plaisir que La
                                                                                                               Terre de chez nous accueille Marianne
                                                                                                               Bissonnette pour toute la période
PIERRE-YVON BÉGIN/TCN

                                                                                                               estivale. Elle saura très certainement
                                                                                                                                                                                                              MARIEMICHÈLE TRUDEAU

                                                                                                               mettre à profit sa solide formation
                                                                                                               scientifique jumelée au certificat en
                                                                                                               journalisme qu’elle terminera dans
                   Début mai, des producteurs laitiers ont bloqué l’entrée de l’usine de Parmalat à Montréal   quelques semaines.                           Marianne Bissonnette se joint à l’équipe de
                   pour manifester leur mécontentement face à l’utilisation de lait diafiltré.                                           La rédaction       rédaction de la Terre pour la période estivale.
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                                                                                                                                                                      ÉNERGIE

Hydro enfin à l’écoute
des producteurs en serre
                                             Barjol, le président du comité énergie
                                             aux PSQ, a la possibilité de chauffer ses
           MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI          serres à l’électricité, mais il ne le fait pas
           mlaplante@laterre.ca              parce que les tarifs actuels de chauffage
                                             ne lui permettent pas d’être compétitif »,
   Les dirigeants des Producteurs en         explique le directeur général par inté-
serre du Québec (PSQ) ont tenu une           rim des PSQ, Claude Laniel. Les sujets
« belle rencontre » avec ceux d’Hydro-       abordés ont été nombreux : croissance
Québec le 6 mai dernier au centre-ville      de l’industrie, chauffage des serres à la
de Montréal, confirme le président           biomasse, tarifs actuels trop élevés, etc.
André Mousseau. « Ils veulent vendre         M. Mousseau s’est dit surpris de l’ou-

                                                                                                                                                                                          ARCHIVES/TCN
de l’électricité. Nous, on veut en ache-     verture du président-directeur général
ter. Alors on s’entend au départ et après,   d’Hydro-Québec, Éric Martel, présent à
il faut trouver des moyens pour qu’ils       la rencontre.                                    Les producteurs en serre pourraient bénéficier de tarifs adaptés à leurs besoins en 2017.
puissent le faire d’une façon correcte.                    Consultations
On a accepté de s’asseoir avec eux et          Pour adapter l’offre énergétique, les            La liste est longue et relève souvent        pas accessible dans toute la pro-
de définir les réels besoins de nos pro-     deux parties mettent en place un groupe          du cas par cas, mais chez les 150 pro-         vince. « J’ai des producteurs qui ont
ducteurs », explique-t-il. De son côté, la   de travail conjoint. Plusieurs rencontres        ducteurs sondés sur 700, l’agent               déjà contacté Hydro pour installer
société d’État veut vendre plus d’électri-   auront lieu dans les prochains mois et           constate déjà plusieurs problèmes              eux-mêmes le triphasé chez eux et
cité à ces producteurs.                      pour s’y préparer, les PSQ effectuent            récurrents. Il note la méconnaissance          les coûts avoisinaient les 60 000 ou
         La première rencontre               actuellement une tournée des produc-             des options offertes aux producteurs.          70 000 $ pour un kilomètre de cou-
   Le 6 mai dernier, les échanges ont        teurs. L’objectif : analyser les réels           « Souvent, le tarif spécial n’est tout         rant. » À la question de la date de la
été francs. « On est allés à la rencontre    besoins énergétiques des serriculteurs           simplement pas connu. Parfois, ce              prochaine rencontre avec la société
d’Hydro avec des producteurs qui vivent      et les pousser vers l’utilisation d’éner-        n’est pas clair aux yeux des produc-           d’État, M. Laniel est catégorique :
des situations différentes. Le 1er vice-     gie renouvelable. « Pour ce faire, il faut       teurs qui en ont déjà entendu parler.          ça devrait avoir lieu « d’ici le mois
président Sylvain Lefort a une entreprise    comprendre ce qui les empêche d’utili-           Ou bien ils ne connaissent pas les             de juillet ». Les délais sont courts,
d’assez grande envergure et a accès à        ser le tarif consenti aux producteurs en         programmes de subventions auxquels             puisque l’objectif est de déposer une
des tarifs spéciaux pour sa consomma-        serre », explique l’agent de projet aux          ils seraient admissibles. » Ensuite,           demande de modification à la Régie
tion supplémentaire d’électricité. Hervé     PSQ, Simon Lavoie.                               le réseau triphasé à 600 volts n’est           de l’énergie à l’automne.

                                                                                                                                                        ALIMENTATION

Cap sur les produits d’ici
                                             Québec, Aliments préparés au Québec,             reux afin de garantir la provenance des

                                                                                                                                               Aussi au menu
                                             Aliments du Québec Bio et Aliments               produits, car l’un des objectifs est de
            MARTINE GIGUÈRE                  préparés au Québec Bio. À cet inté-              maintenir sa notoriété et sa crédibilité.
            mgiguere@laterre.ca              rêt pour la provenance des produits                En 2015, le taux d’affichage de la
                                             s’ajoute l’effet positif qu’a eu la cam-         certification sur les produits des adhé-           En 2015, 81 restaurants ont joint
  L’une des grandes tendances                pagne publicitaire avec la porte-parole          rents a atteint 62 %, dépassant ainsi            la certification Aliments du Québec
actuelles en alimentation est sans           Chantal Fontaine. « Le consommateur              l’objectif stratégique de 60 % ciblé             aux plats de leur menu. Une belle
aucun doute le désir des consomma-           associe les produits du Québec à des             pour le 31 mars 2017 par Aliments du             occasion pour ces établissements de
teurs de connaître la provenance des         produits de qualité », affirme Marie             Québec. Celui-ci doit aussi renouveler           découvrir de nouveaux fournisseurs
aliments qu’ils achètent jour après          Beaudry.                                         son entente avec le ministère de l’Agri-         et d’augmenter l’achalandage. « Un
jour. Et c’est une excellente nou-             Un sondage récemment réalisé auprès            culture, des Pêcheries et de l’Alimen-           des objectifs est de mettre en valeur
velle pour l’organisme de promotion          des adhérents a permis de constater que          tation du Québec (MAPAQ) à cette                 les produits du Québec dans les
Aliments du Québec.                          les entreprises tiennent énormément à            même date. « L’organisme a connu                 menus des restaurants », mentionne
  Depuis mars 2013, le nombre d’adhé-        Aliments du Québec. « D’ici la fin               une croissance et évidemment, on sou-            Marie Beaudry. Les restaurateurs
rents à Aliments du Québec a augmenté        de l’année, on aura un programme de              haite une entente de trois ans avec le           participants doivent proposer au
de 54 %. « Une forte progression »,          licence de la marque afin d’exercer un           MAPAQ, sans augmentation de la part              moins cinq plats certifiés Aliments
souligne Marie Beaudry, directrice           meilleur contrôle sur celle-ci », précise        de financement exigée par l’industrie.           du Québec. Le pourcentage annuel
générale de l’organisme. Aujourd’hui,        Marie Beaudry. Ce programme aura                 Actuellement, cette part est fixée à             des produits du Québec doit être de
ce sont 1 190 entreprises qui apposent       pour effet de renforcer le contrôle de la        40 % et nous avons atteint 36 % cette            60 %. M.G.
sur leurs produits les logos Aliments du     certification et d’être encore plus rigou-       année », indique Marie Beaudry.
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ÉDITORIAL

Lait diafiltré et poules de réforme : le Canada
doit contrôler ses importations
                                                        coopérative laitière ainsi que 59 entreprises de           d’environ 500 M$ pour toute l’industrie de la
                                                        transformation laitière ont réclamé que le fédéral         volaille, comme je l’ai mentionné.
                      MARCEL                            règle le problème rapidement. Le message ne
                      GROLEAU                           pouvait être plus clair. M. Paradis était d’ailleurs       Dans le dossier du report des droits de douane,
                      Président général de              à Toronto la semaine dernière pour rencontrer à            une disposition qui permet l’importation sans
                      l’Union des producteurs
                                                        nouveau le ministre de l’Agriculture du Canada,            tarif si le produit en question est réexporté
                      agricoles
                                                        Laurence MacAulay.                                         selon un délai prescrit, la situation n’est pas plus
                                                                                                                   difficile à corriger. Il faut simplement soustraire
                                                        Les normes canadiennes sur la composition des              les produits alimentaires. Cette disposition est
                                                        fromages prévoient une limite claire et stricte à          peut-être pertinente pour les constructeurs de
Selon un vieux dicton, tout ce qui traîne se salit.     l’ajout d’ingrédients laitiers qui ne proviennent          navires, mais pour l’industrie alimentaire, qui
C’est exactement ce qui se passe dans le dossier        pas directement du lait. Le gouvernement du                vérifiera que le beurre importé cette année sera
du contrôle des importations de lait diafiltré et de    Canada, par l’entremise de l’Agence des services           vraiment réexporté dans des biscuits au cours des
produits de volaille. L’inaction du gouvernement,       frontaliers, a déterminé que le lait diafiltré est         quatre prochaines années? Même chose pour le
qui annonce une consultation pour le lait, mais         un concentré protéique. L’Agence canadienne                poulet. Cette disposition n’est rien d’autre qu’une
rien pour la volaille, est vraiment décevante.          d’inspection des aliments doit donc le considérer          opportunité de contourner les règles établies.
                                                        comme tel et soumettre ce produit aux standards
Le 3 mai dernier, le jour même où des dizaines          fromagers canadiens. Ces standards sont connus             Comme le faisait récemment remarquer le
de producteurs de lait manifestaient leur               et n’ont pas été contestés par les États-Unis ou           président des Éleveurs de volailles du Québec,
mécontentement devant l’usine montréalaise              l’Europe lorsqu’ils ont été instaurés. Le Canada           Pierre-Luc Leblanc, il est clair que l’importation
de Parmalat, le gouvernement a annoncé qu’il            doit voir à leur application. Il s’agit même d’une         de poules de réforme constitue une fraude pour
demanderait au comité permanent de l’agriculture        question de crédibilité pour le pays. Le dossier           contourner les contrôles à l’importation. Le
et de l’agroalimentaire de le mandater de               du lait diafiltré n’est pas un enjeu de commerce           président des PLQ, Bruno Letendre, indiquait
consulter les producteurs et l’industrie laitière       international. Il s’agit simplement de l’application       de son côté que l’absence de décision du
afin de trouver une solution. Rappelons que les         des règles canadiennes sur la composition des              gouvernement insécurise les producteurs. On a
pertes des producteurs de lait canadiens en             fromages. Des règles qui existaient avant le début         vécu une vague d’encans ce printemps dans le
2015 dépassent les 220 M$. Du côté des poules           des importations de lait diafiltré.                        secteur laitier québécois en raison des pertes de
de réforme, il est question de pertes d’environ                                                                    revenus et de cette insécurité. Ces pertes ne sont
500 M$ pour la filière. Les solutions pour corriger     Le dossier des importations de poules de réforme           pas entièrement attribuables au lait diafiltré, mais
la situation sont pourtant connues de tous les          est un autre exemple du laxisme canadien sur le            à cet égard, le gouvernement peut agir en toute
intervenants.                                           contrôle des importations. Parce qu’il n’y a pas           légitimité et apaiser les inquiétudes. Trente jours
                                                        de tarif sur ce produit, les importations de poulet        de consultations, six mois après l’élection alors
Le gouvernement doit assumer ses                        sont inscrites dans cette ligne tarifaire. Le résultat     que des engagements avaient été pris, c’est un
responsabilités et appliquer sa réglementation,         est que le Canada importe maintenant 90 % des              délai inacceptable qui augmente la frustration
comme le réclamait le front commun de l’industrie       poules de réforme américaines. Des tests qui               des producteurs.
laitière le 12 avril dernier. À cette occasion, le      permettent de détecter s’il s’agit bien de poules
ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, l’UPA, les   de réforme démontrent encore une fois que le
Producteurs de lait du Québec (PLQ), Agropur            Canada se fait avoir, ce qui occasionne des pertes

                                                                                                                                                                                               www.laterre.ca
                                                                                                                   Directeur                                  Directeur                            Chefs de pupitre
                                                                                                                   André Savard                               des ventes                           Richelle Fortin
                                                                                                                   Directrice                                 Pierre Leroux                        Julie Desbiens
                                                                                                                   de production                              Ventes
                                                                                                                   Brigit Bujnowski                           Sylvain Joubert
                                                                                                                   Chef comptable                             Daniel Lamoureux
                                                                                                                   Vincent Bélanger-Marceau                   Marc Mancini

                                                                                                                   ABONNEMENT PARTOUT AU CANADA                                                    Impression
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                                                                                                                   3 ans :     136,82 $                                                            Messageries Dynamiques
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                                                                                                                   RÉDACTION                            PUBLICITÉ                              ABONNEMENTS ET
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                                                                                                                   poste 7270                           poste 7712                             1 877 679-7809
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                                                                                                                   L’Union des producteurs agricoles
                                                                                                                   555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                                   Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                             Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                             La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per
                                                                                                                             year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way
                                                                                                                             Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER
                                                                                                                             send address changes to La Terre de chez nous, P.O. Box 2888, Plattsburgh, N.Y. 12901. Nous reconnaissons
                                                                                                                             l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui
                                                                                                                             relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste publication N° 40069165 N° d’enregistrement 07665,
                                                                                                                             retourner toute correspondance ne pouvant être
                                                                                                                             livrée au Canada au Service des publications
                                                                                                            www.laterre.ca   555, boul. Roland-Therrien, Longueuil QC J4H 3Y9.                                              (2012-09-05)
Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016                              PAGE 7

                                                                                                                                                     SÉCURITÉ DU REVENU

Soya et maïs : un sondage favorise Agri-Québec
                                            27 mai pour se prononcer entre ces                                                                             ces deux groupes vivent une réalité fort
                                            deux programmes.                                                                                               différente, le résultat final du vote créera
            MARTIN MÉNARD                              Nombreux indécis                                                                                    des insatisfactions, surtout qu’il sera
            mmenard@laterre.ca                Le sondage relève également un                                                                               ensuite appliqué à tous les producteurs.

                                                                                                                                       MARTIN MÉNARD/TCN
                                            taux élevé d’indécis. De l’avis des                                                                            De surcroît, les fermes spécialisées en
  Plusieurs secteurs procèdent ce prin-     PGQ, le fait qu’une majorité des                                                                               production de grains qui ont renoncé à
temps à un vote crucial imposé par La       374 répondants hésite démontre que                                                                             souscrire à l’ASRA ces dernières années
Financière agricole du Québec sur leurs     les options proposées ne répondent                                                                             n’ont pas le droit de vote.
programmes de sécurité du revenu. Dans      pas aux besoins des producteurs. « Ça       Près de 6 000 producteurs ont reçu des                                Méconnaissance des programmes
                                                                                        bulletins de vote comme celui-ci. À l’heure
le secteur des grains, c’est le choix des   exprime ce qu’on dit depuis long-           actuelle, 30 % d’entre eux ont déjà voté sur                          L’autre point qui rend ce référendum
producteurs de soya et de maïs qui attire   temps. Les producteurs ont besoin de        le sort de l’ASRA.                                                 laborieux concerne la méconnaissance
l’attention.                                ces deux programmes complémen-                                                                                 des programmes. Plusieurs produc-
  Selon un sondage mené par les             taires et ils n’arrivent pas à se faire à             Le vote des éleveurs                                     teurs affirment encore aujourd’hui être
Producteurs de grains du Québec             l’idée de devoir choisir entre l’un et        Avec un résultat attendu aussi serré,                            perplexes face à l’ASRA et aux Agri.
(PGQ), 51 % des producteurs sondés          l’autre », dit Christian Overbeek, pré-     chaque vote peut faire pencher la balance.                         Malgré les 25 séances d’information
ont affirmé avoir voté en faveur de         sident de l’organisation. Ce dernier a      Or, les éleveurs qui produisent du grain                           tenues sur le sujet au cours des derniers
l’abandon de l’assurance stabilisation      encore espoir que la Financière et le       pour nourrir leur troupeau favorisent                              mois, plusieurs producteurs affirment
des revenus agricoles (ASRA) dans le        gouvernement du Québec reculent et          majoritairement l’ASRA, simplement                                 voter sans savoir exactement de quoi
maïs. Le résultat est semblable pour la     prennent une décision « éclairée »,         parce qu’Agri-Québec n’intervient pas                              il en retourne. Christian Overbeek rap-
culture de soya. Selon la firme qui a       en offrant plutôt aux producteurs de        dans un contexte d’autoconsommation.                               pelle aux producteurs l’importance de se
réalisé le sondage, ces chiffres laissent   grains des programmes de sécurité             Par conséquent, le vote pourrait se                              renseigner, puisque l’issue du vote pour-
présager un vote serré en faveur du pro-    concurrentiels par rapport à ceux des       diviser entre les producteurs en autocon-                          rait avoir des impacts financiers impor-
gramme Agri-Québec, au détriment de         autres pays, ce qui n’est pas le cas        sommation et ceux qui commercialisent                              tants pour chaque ferme, et ce, durant de
l’ASRA. Les agriculteurs ont jusqu’au       pour l’instant, selon lui.                  leurs grains sur les marchés. Comme                                nombreuses années.
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PIPELINE ÉNERGIE-EST

L’UPA carrément contre le projet
                                             officiellement contre l’un de ceux-ci.         penche sur la section québécoise du pro-       Si l’UPA peut retourner devant
            THIERRY LARIVIÈRE                Étant donné que le territoire agricole         jet de TransCanada. Les audiences ont        le BAPE, elle proposera que la
            tlariviere@laterre.ca            ne couvre que 2 % de la superficie du          été suspendues le 22 avril à la demande      Commission de protection du territoire
                                             Québec, l’UPA estime qu’il faut éviter         du ministre de l’Environnement du            agricole du Québec (CPTAQ) puisse
   L’Union des producteurs agricoles         de traverser celui-ci et que l’on doit trou-   Québec, David Heurtel. Ce dernier            jouer son rôle, même si c’est un pro-
(UPA) perd patience en ce qui concerne       ver un passage dans le 98 % qui reste.         venait d’obtenir l’accord d’Énergie-Est      jet de juridiction fédérale. Le tracé est
le projet de pipeline Énergie-Est. Dans      Or, le mémoire souligne que 49 % de la         de se soumettre à la Loi sur la qualité de   un enjeu, mais aussi la localisation des
son mémoire qui était destiné au Bureau      longueur du tracé de pipeline proposé          l’environnement. « Je ne peux vous dire      stations de pompage. Selon l’UPA,
d’audiences publiques sur l’environne-                                                                                                   TransCanada ne donne d’ailleurs pas
ment (BAPE), l’Union se dit carrément                                                                                                    assez de détails sur les caractéristiques
contre le projet de pipeline Énergie-Est,                        L’UPA souligne qu’il faut éviter de traverser                           de ces stations.
notamment parce que cela ferait aug-                              la zone agricole et se trouver un passage                                L’Union demande également que
menter les émissions de gaz à effet de                                     dans le 98 % qui reste.                                       les tuyaux du pipeline soient enfouis à
serre au moment où le gouvernement                                                                                                       une profondeur de 1,6 m sous les terres
s’est engagé à les réduire. L’UPA s’in-                                                                                                  cultivées. De cette façon, il y aurait
terroge aussi sur les besoins réels d’une    est en milieu boisé et 34 % sur des terres     à quel moment le ministre nous confiera      moins de risques d’accident et plus de
telle infrastructure pour le pays, alors     cultivées. Le syndicat agricole recom-         un nouveau mandat sur le projet Oléoduc      cultures possibles en surface.
que le pétrole doit servir « en bonne par-   mande plutôt de privilégier les emprises       Énergie-Est, ni s’il lèvera la suspension      L’UPA estime par ailleurs qu’il faut
tie à l’exportation ». Bien que l’Union      d’infrastructures d’utilité publique exis-     sur le mandat actuel. Il est possible que    inclure dans les scénarios de déverse-
se soit montrée très critique à l’égard de   tantes.                                        ce soit au début de l’automne, mais nous     ment les questions de contamination de
ce genre de projets dans le passé, c’est       Le mémoire, daté du 20 avril, devait         ne contrôlons pas l’échéancier », a com-     sols agricoles et des sources d’alimen-
la première fois qu’elle se prononce         être présenté devant le BAPE qui se            menté Luc Nolet, porte-parole du BAPE.       tation en eau.
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                                                                                                                            PIPELINE ÉNERGIE-EST

          Questions d’argent
  L’Union est encore loin de l’entente-
cadre satisfaisante qu’elle souhaite
négocier pour fixer une base dans les
                                             La saga Énergie-Est au Québec
contrats des agriculteurs avec le promo-
                                             PRINTEMPS 2013 :                                             1er MARS 2016 :
teur au cas où le projet irait de l’avant.
                                             Début des consultations sur le projet Énergie-Est            Requête du ministre Heurtel pour exiger le dépôt d’un
  Deux points essentiels font toujours       au niveau canadien.                                          avis de projet.
l’objet de discussions : la levée de la
responsabilité des propriétaires des         NOVEMBRE 2014 :                                              7 MARS 2016 :
terres en cas de faute non intentionnelle    Le gouvernement du Québec informe le promoteur               Début des audiences du BAPE générique.
                                             de ses sept conditions.
qui mène à un accident et l’obtention                                                                     22 AVRIL 2016 :
                                             Seconde lettre en décembre. Absence de réponse de
d’un loyer annuel comme compensa-            TransCanada.                                                 Le ministre Heurtel suspend les travaux du BAPE
tion pour les inconvénients tels que les                                                                  générique en confirmant qu’Énergie-Est accepte
problèmes de drainage, la limitation         2 AVRIL 2015 :                                               finalement de se soumettre à la loi québécoise.
des cultures, l’impact sur les certifica-    Abandon du projet de port pétrolier de Cacouna.
                                                                                                          9 MAI 2016 :
tions, les autorisations à obtenir pour      JUIN 2015 :                                                  L’UPA rend public son mémoire malgré la suspension
travailler le sol, etc.                      Un mandat restreint du BAPE générique est lancé en           des audiences. Notons que deux fédérations régionales
  Toujours d’un point de vue finan-          l’absence d’avis de projet et d’étude d’impact complète.     de l’UPA (Mauricie et Lanaudière) se sont formellement
cier, l’UPA demande que TransCanada                                                                       prononcées contre le pipeline Énergie-Est.
                                             DÉCEMBRE 2015 :                                              Cinq autres fédérations sont « fortement préoccupées ».
mette des sommes de côté pour l’enlè-        Dépôt de l’avis de projet à l’Office national de l’énergie
vement du pipeline en fin de vie, cau-       (ONE), mais pas au BAPE.                                     AUTOMNE 2016 :
tionne sa filiale et clarifie les moyens     L’absence d’étude d’impact empêche l’évaluation plus         Départ probable d’un nouveau BAPE complet. Certains
envisagés pour rendre accessibles rapi-      complète du projet.                                          s’inquiètent néanmoins de l’impossibilité de la réalisa-
dement les montants d’indemnisation                                                                       tion d’une étude d’impact complète en si peu de temps.
                                             18 FÉVRIER 2016 :
en cas d’incident.
                                             Une coalition d’écologistes dépose une requête pour          FIN 2017 :
  Bref, l’UPA estime que TransCanada         forcer Énergie-Est à suivre la loi québécoise.               Début prévu des travaux, selon le promoteur.
est loin d’avoir fait tous ses devoirs.
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                                             L’ÉPICERIE DE DEMAIN

Internet pourrait révolutionner
la consommation
THIERRY LARIVIÈRE                                                                                                                                           Le défi d’être vu
                                                                                                                                                    Pour un producteur, il faut évidem-
  DRUMMONDVILLE — L’arrivée                                                                                                                      ment réussir à faire ressortir son produit
des épiceries en ligne pourrait com-                                                                                                             sur un site Internet qui en contient plu-
plètement révolutionner le commerce                                                                                                              sieurs milliers… Du point de vue mar-
de détail, à la fois du point de vue des                                                                                                         keting, Jose Alvarez explique cependant
consommateurs et des fournisseurs.                                                                                                               que le monde numérique permet plu-
Il y a d’ailleurs des aspects positifs à                                                                                                         sieurs approches qui n’étaient pas pos-
ce virage numérique pour les agricul-                                                                                                            sibles avant. L’épicier en ligne, comme
teurs, les petits transformateurs et les                                                                                                         Ocado.com en Grande-Bretagne, per-
consommateurs. « Ce sera bon pour les                                                                                                            met de faire des propositions aux clients
petits produits de niche », a expliqué à                                                                                                         en fonction de leurs achats passés, un
la Terre Jose Alvarez, professeur à la                                                                                                           peu comme les librairies en ligne. Il est

                                                                                                                                     OCADO.COM
Harvard Business School, en marge des                                                                                                            aussi possible de proposer des échan-
Perspectives agroalimentaires tenues le                                                                                                          tillons gratuits aux clients pour qu’ils
5 avril dernier à Drummondville.             L’épicier en ligne Ocado.com offre à ses clients 1 009 fromages ou produits qui en                  découvrent de nouveaux produits. Le
  Le modèle d’épicerie en ligne pré-         contiennent.                                                                                        Web permet par ailleurs de donner plus
senté par Jose Alvarez ne possède en                                                                                                             d’explications sur chacun des produits
effet qu’un seul grand entrepôt par          tarien, kasher, etc.). Un client pourrait   cursales. De plus, certains détaillants                 que le simple emballage avec la prove-
région plutôt que des centaines de           décider de ne pas voir certains produits    donnent la possibilité à leurs clients de               nance, les ingrédients, etc.
magasins de taille variable. Il permet       qui ne sont pas bons pour sa santé. À
donc de tenir un choix de produits           Londres, par exemple, les Français
significativement plus grand.                peuvent retrouver plus facilement leurs
                                                                                                       Il y a des aspects positifs à ce virage numérique
  De plus, ce type de commerce offre         aliments de prédilection en ligne.                      pour les agriculteurs, les petits transformateurs et les
de nouvelles possibilités techniques           « La livraison est rapide et c’est plus                                  consommateurs.
très intéressantes, comme celle d’ache-      frais », estime Jose Alvarez, qui fait
ter tous les ingrédients pour une recette    remarquer qu’il y a une étape de moins
en un seul clic et de classer les aliments   puisque les clients commandent direc-       retourner les produits qu’ils ne jugent                    Jose Alvarez a notamment étudié le
en fonction de différents critères (sans     tement de l’entrepôt central et que la      pas frais lors de la prochaine livrai-                  succès d’Amazon, l’un des plus impor-
gluten, biologique, sans lactose, végé-      nourriture ne transite pas par les suc-     son. Le détaillant n’a évidemment pas                   tants détaillants en ligne au monde, et
                                                                                         intérêt à multiplier les retours. Les                   il estime que les épiceries adopteront
                                                                                         camions de livraison sont habituelle-                   ce modèle un jour ou l’autre. « Ça va
                                                                                         ment réfrigérés et peuvent livrer dans                  arriver dans les aliments aussi », dit-il.
                                                                                         un délai de cinq heures après l’achat                   L’épicier anglais Ocado, un des plus
                                                                                         dans certains cas. Le client est averti à               avancés, exporte d’ailleurs son modèle
                                                                                         une heure près de l’arrivée de sa com-                  d’affaires et son programme informa-
                                                                                         mande.                                                  tique. Au Québec, la SAQ permet déjà

                                                                                          Passion d’ici, produits d’ici
                                                                                            Le distributeur de produits du Québec Passion d’ici représente 15 producteurs
                                                                                          transformateurs et offre plus de 200 produits dans quelque 600 points de vente.
                                                                                          « Nous avons une équipe de sept représentants qui sillonnent le Québec et qui
                                                                                          passent toutes les quatre à six semaines prendre les commandes dans les maga-
                                                                                          sins », précise Paul Samson, propriétaire de Passion d’ici. L’entreprise possède un
                                                                                          entrepôt à Sainte-Madeleine : « On achète les produits pour ensuite les acheminer
                                                                                          aux magasins. » Passion d’ici effectue la promotion des produits qu’elle distribue.
                                                                                          Ainsi, ses équipes en région ciblent les produits et les périodes de l’année où
                                                                                          ceux-ci feront l’objet d’une dégustation en magasin, une activité promotionnelle
                                                                                          efficace. Paul Samson observe une croissance annuelle positive de la demande
                                                                                          pour les produits du Québec. Il encourage fortement les producteurs à aller cher-
                                                                                          cher la certification Aliments du Québec, ce qui permet entre autres d’accroître la
                                                                                          notoriété de la marque. M.G.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016         PAGE 11

                                              L’ÉPICERIE DE DEMAIN

aux consommateurs d’ici de choisir en ligne parmi
des milliers de produits et de faire livrer leur com-
mande dans une succursale.
                     Les Millenials                          Regrouper l’offre et la demande
  Jose Alvarez estime que la place grandissante dans
                                                               « Mon objectif est de faciliter la vie des détaillants, des fournisseurs et des distributeurs. La plateforme tran-
le marché de la génération des Millenials, nés entre
                                                             sactionnelle va simplifier la prise de contact entre eux et tout le processus de commande », explique Jacques
1981 à 1996, ne fera qu’augmenter la part de mar-
                                                             Dulac, propriétaire de WeGoTrade. L’objectif de l’entrepreneur est d’amener le plus grand nombre de fournis-
ché des épiceries et des commerces en ligne. Les             seurs et détaillants autour de la même plateforme afin de rendre plus efficaces
                                                                                                                                       fficaces
Millenials sont plus indépendants d’esprit, éduqués et       la commercialisation et l’approvisionnement. Dès cet été, des entreprises eprises
aventureux dans leurs achats. Quelque 6 % de ceux-ci,        pourront ainsi publier en ligne leur catalogue de produits et le rendre acces-
aux États-Unis, sont végétariens et 12 % mangent peu         sible à des détaillants, restaurateurs, etc. « Les entreprises diminuentt les
de viande. Ils préfèrent aussi de plus petites collations    budgets alloués pour les activités de représentation. En région, les détail-
                                                                                                                                        ail-
par rapport à trois repas plus importants par jour. Ils      lants sont souvent moins bien desservis », ajoute Jacques Dulac.
sont plus enclins à aller dans les épiceries spécialisées,     Les fournisseurs participants pourront offrir leurs produits sur des terri-
                                                                                                                                       erri-
quitte à devoir faire plus d’arrêts. La confiance envers     toires précis ou dans l’ensemble de la province. Les acheteurs accéderont ont à
leur fournisseur d’aliments est importante et ils sont       la plateforme à l’aide d’un nom d’usager et d’un mot de passe et effectue-ctue-
plus sensibles à des produits comme ceux de la pêche         ront leurs commandes et leurs paiements en ligne. « Les détaillants vontt
durable, les œufs de poules en liberté, la viande sans       pouvoir passer leur commande n’importe quand à partir de leur ordina-
antibiotiques et les aliments sans OGM. Bien entendu,        teur, tablette ou cellulaire. Pour une PME qui a un nombre minimum
cette génération est aussi plus à l’aise avec le com-        d’employés, c’est un avantage de pouvoir passer des commandes
merce en ligne et les médias sociaux. Cependant, c’est       quand on veut », décrit l’entrepreneur. La plateforme WeGoTrade
la première à se retrouver dans une situation financière     offrira aux petites entreprises une meilleure visibilité auprès des four-
moins bonne que celle de ses parents.                        nisseurs, assure Jacques Dulac. « Quant aux entreprises déjà établies,
                                                             la plateforme leur permettra d’agrandir leur territoire », dit-il. M.G.
                        Suite du dossier en page 12
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                                            L’ÉPICERIE DE DEMAIN

IGA.net a déjà 20 ans!
MARTINE GIGUÈRE                             le client concentre ses achats à un      du magasin. « Avec l’application
                                            seul endroit. « Un client IGA en ligne   mobile, il est aussi possible d’obte-
  Alors que l’achat sur Internet de         achètera 60 % de plus que s’il vient     nir une circulaire personnalisée basée
produits de consommation gagne              en magasin. Il va stocker des produits   sur nos habitudes d’achat », précise
en popularité, l’épicerie en ligne de       pour éviter des déplacements. On sait    le directeur.
Sobeys fêtera déjà ses 20 ans en août       aussi que 25 % des commandes pro-          L’épicerie en ligne ne va pas rem-
prochain.                                   viennent de clients non réguliers »,     placer les magasins. C’est plutôt un
  « Depuis 10 ans, on note une crois-       affirme Alain Dumas.                     point de convergence entre le magasin
sance naturelle de 15 à 20 % des                     Application mobile              et le numérique. Éventuellement, le
ventes », indique Alain Dumas, direc-         « Lancée en mars dernier, l’ap-        développement technologique pour-
teur principal des affaires publiques et    plication mobile est l’extension         rait permettre d’envoyer des alertes
de la stratégie numérique chez Sobeys                                                de produits en solde. « On pour-
Québec. C’est que les consommateurs                                                  rait également allonger la tablette,
de tout âge sont de plus en plus à l’aise                                            c’est-à-dire ajouter des produits
avec les technologies numériques. Sur                                                sans que les magasins aient à tous
les 290 marchands, 220 offrent le ser-                                               les tenir sur les tablettes », indique
                                                        « Un client IGA
vice de l’épicerie en ligne.                                                         Alain Dumas. Les épiceries entre-
  À l’époque, à cause de l’accès                   en ligne achètera 60 %            pôts qu’on retrouve dans les grandes
limité à Internet et de la faible vitesse           de plus que s’il vient           villes comme Londres, Paris et même
de la bande passante, on ne retrouvait                                               New York ont peu de chances de
                                                        en magasin. »

                                                                                                                                                                                SOBEYS
que la description des produits, sans                                                voir le jour ici : « Pour réussir, il
aucune image, raconte M. Dumas.                         – Alain Dumas                faut absolument une forte densité de        L’application mobile d’IGA permet de scan-
  Aujourd’hui, l’épicerie en ligne a                                                 population et des villes où l’on            ner des produits directement de son garde-
                                                                                                                                 manger et de les sauvegarder dans une liste
grandement évolué. L’Internet haute                                                  retrouve des problèmes importants           afin d’éviter d’avoir à les chercher dans le
vitesse a permis à un plus grand                                                     de stationnement. »                         catalogue virtuel.
nombre de clients de s’y intéresser.
« C’est un programme volontaire.            de l’expérience numérique, car le
Le magasin doit être en mesure de
répondre à des exigences sur le plan
                                            consommateur est maintenant mul-
                                            tiécran », mentionne Alain Dumas.         Hausse du commerce en ligne
opérationnel », mentionne le directeur      L’application mobile permet de scan-
                                                                                        Le CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisa-
principal.                                  ner des produits directement de son
                                                                                      tions) a récemment publié une étude où l’on estime à 8 G$ le montant que les
  Parmi les habitudes de consomma-          garde-manger et de les sauvegarder
                                                                                      consommateurs québécois ont dépensé sur le Web en 2015, une augmentation de
tion observées, on note que les clients     dans une liste afin d’éviter d’avoir
                                                                                      21,9 % comparativement à 2014. Fait intéressant, 30 % des adultes québécois font
n’utilisent pas le service en ligne pour    à les chercher dans le catalogue
                                                                                      des achats en ligne et y dépensent chaque mois 309 $, tandis que les trois quarts
des commandes d’appoint. La raison          virtuel. La liste peut être complé-
                                                                                      des adultes indiquent consulter et s’informer en ligne avant de faire un achat.
principale évoquée par les utilisa-         tée sur l’ordinateur. L’application       La variété de produits achetés en ligne s’élargit : après les classiques billets de
teurs pour passer une commande en           mobile peut également servir à            spectacle, la musique et les vêtements, les cyberacheteurs lorgnent maintenant du
ligne est l’économie de temps. Ainsi,       créer une liste pour aller en épice-      côté des produits alimentaires. M.G.
la valeur du panier d’épicerie est          rie. Les produits y seront ordonnés
                                                                                        Source : Le commerce électronique au Québec – une forte croissance en 2015
plus élevée en ligne qu’en magasin;         selon la logique de configuration
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