Les visages du lait dia!ltré - La Terre de chez nous
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V o l . 8 7, n o 20 – 18 au 24 mai 2016 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $ Les visages du lait diafiltré PAGES 2 ET 3 MARTIN MÉNARD/TCN Hydro enfin à l’écoute PAGE 5 L’ÉPICERIE DE DEMAIN MARIEMICHÈLE TRUDEAU/TCN PAGE 10 Vol 87 #20 20 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 LAIT DIAFILTRÉ « Il se passe vraiment quelque chose » – MEG DELISLE, TRAVAILLEUSE DE RANG demandent s’ils vont être en mesure de conserver leur entreprise, sachant que PIERRE-YVON BÉGIN 250 fermes ont été perdues l’an dernier pybegin@laterre.ca au Québec. « Ils ont tenu le coup jusqu’à mainte- MIRABEL — Première travailleuse nant, ajoute-t-elle, mais ils ont peur. Les de rang dans la région des Laurentides, jeunes de la relève se demandent dans Meg Delisle est bien placée pour jauger quoi ils se sont embarqués, s’ils vont être l’humeur des agriculteurs. Depuis son les prochains. » entrée en fonction en octobre dernier, Dans certaines réunions d’agriculteurs, elle a répondu à 58 appels à l’aide. De ce et pas juste chez les producteurs de lait, nombre, 86 % des demandes proviennent mais aussi chez les maraîchers, apicul- PIERRE-YVON BÉGIN/TCN du secteur laitier! teurs et pomiculteurs, elle relate avoir « Il se passe vraiment quelque chose assisté à des scènes déchirantes. Des agri- dans le lait », reconnaît-elle. Elle admet culteurs ont craqué et éclaté en sanglots. que la perte de revenus subie depuis l’an « Les autres se demandent s’ils vont être dernier crée de l’incertitude supplémen- Travailleuse de rang dans la région des Laurentides depuis octobre 2015, Meg Delisle capables de garder leur ferme parce que taire chez les producteurs. Plusieurs se constate « beaucoup de stress » chez les producteurs laitiers. ça tombe comme des mouches autour Jonathan Côté blâme Ottawa GRACIEUSETÉ JONATHAN CÔTÉ/STÉPHANIE NICOL C’est le cœur gros que Jonathan voyait ce qui se passait », indique-t-il son épingle du jeu avec ses 33 vaches. Côté a vu partir ses vaches le mois en entrevue téléphonique. L’an der- Sans être au-dessus de la moyenne, il dernier. Ce jeune producteur laitier nier, précise-t-il, il a perdu environ obtenait de bons résultats avec plus de de la relève a préféré vendre son trou- 1 000 $ par mois en raison de la baisse 1 kg de lait par vache par jour. peau à l’encan plutôt que de risquer de prix découlant des importations de « Ça allait bien et on misait tous les de tout perdre. Voilà un visage pour lait diafiltré des États-Unis. mois sur les quotas pour prendre de illustrer comment les importations de Jonathan Côté avait pourtant le l’expansion », affirme Jonathan Côté. lait diafiltré malmènent les fermes lai- profil idéal pour réussir en produc- En 2012, celui-ci avait obtenu un prêt Jonathan Côté avec sa conjointe Marise tières. tion laitière. Âgé de 26 ans, père de 12 kg pour la relève. Établi à la Corriveau et sa fille Marianne en des temps meilleurs. Alexis, six semaines, s’est ajouté « On a pris la décision de débarquer de deux enfants avec sa compagne ferme de ses beaux-parents, il limitait depuis. avant d’être trop pris parce qu’on Marise Corriveau, il arrivait à tirer ses dépenses au minimum, se débrouil-
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PAGE 3 LAIT DIAFILTRÉ Une passion compromise PIERRE-YVON BÉGIN Les importations de lait diafiltré d’eux », rapporte Meg Delisle. Celle-ci coûtent une fortune aux producteurs s’étonne de recevoir autant de demandes de lait canadiens, plus de 220 M$ l’an d’aide. La situation, pense-t-elle, est par- dernier. Derrière ces chiffres, froids, se ticulièrement précaire dans les Basses- cachent des visages, bien réels, de vail- Laurentides en raison de l’augmentation lants producteurs. Plusieurs font partie du prix des terres sous la pression de de la jeune relève qui craint de voir l’urbanisation. s’écrouler son projet de vie. La Terre « Les terres sont chères et quand il en a rencontré quelques-uns. y a une baisse de revenus, ça paraît À Saint-Édouard-de-Lotbinière, plus », indique la travailleuse de rang, Laetitia Létourneau a enfin pu quitter faisant le lien avec les pertes subies son emploi pour se consacrer à son en raison des importations de lait exploitation laitière, la Ferme Juste diafiltré. Meg Delisle note que depuis son « O » Lait. Elle y a rejoint son com- entrée en fonction, aucun cas de suicide pagnon, Justin Bergeron. Le couple a n’a été enregistré. Elle se dit attentive à quatre enfants. Voilà 10 ans, celui-ci a MARTIN MÉNARD/TCN cette possibilité, sachant fort bien que été le premier à profiter du programme la région a connu trois suicides ces de prêt de 10 kg de quota pour la dernières années. relève. Depuis, ils gagnaient bien leur vie, du moins jusqu’à l’arrivée des Justin Bergeron et Laetitia Létourneau ont accusé une perte de revenus de 15 % l’an der- importations de lait diafiltré. Ces der- nier en raison des importations de lait diafiltré. nières ont coupé leur revenu de 15 %. « La ferme ne suffira plus », soupire moment du début de leur aventure. Ce aussi », entrevoit-il. Son copain Jimmy Laetitia, regrettant presque d’avoir reportage était coiffé d’un titre qu’ils Robidoux, de Saint-Constant, partage abandonné son emploi à l’extérieur. ont médité longtemps : « Aide-toi… et son opinion, redoutant de voir les autres lant avec un peu de machinerie. « On Comme le taux d’endettement de la le ciel t’aidera! » pays lui ravir son gagne-pain. n’avait pas de terrain et on faisait les ferme est encore élevé, elle craint L’avenir en jeu Lyne Riopel, productrice à Mirabel foins avec les parents », illustre-t-il. d’avoir à oublier les projets de déve- À Saint-Édouard de Napierville, dans les Laurentides avec son conjoint Le secrétaire des Producteurs de loppement. « Ça fait peur, avoue-t-elle. Jocelyn Serres dit avoir perdu 15 000 $ Richard Gauthier, peste contre lait de Chaudière-Appalaches-Nord, J’ai aussi des amis qui ont démarré l’an dernier. Le laxisme d’Ottawa à Parmalat. La multinationale, pense- Michael Létourneau, ne peut que comme moi et qui viennent d’aban- l’égard des importations de lait diafil- t-elle, une filiale de Lactalis, en France, déplorer le départ de ce jeune produc- donner. » Laetitia et Justin relisent tré lui fait craindre pour l’avenir de la veut agir comme en Europe. teur, un administrateur fort actif au aujourd’hui avec émotion le texte gestion de l’offre. « Si elle disparaît, « Le lisier dans les rues, les pneus sein de l’organisation syndicale. « En que la Terre avait publié en 2007 au c’est sûr que la ferme chez nous part brûlés. On ne veut pas se rendre là », plus de perdre un bon producteur de affirme-t-elle avec dépit. Elle soutient lait, on perd un excellent administra- avoir perdu de 4 000 à 5 000 $ l’an der- Dans la Terre, il y a 10 ans ... teur », reconnaît-il. nier. Elle a donc été forcée de réduire Jonathan Côté est donc bien au fait la qualité de vie de ses trois jeunes de toutes les démarches effectuées garçons. pour contrer les importations de lait « Ils aiment ça, l’agriculture; ils en diafiltré. Il n’est d’ailleurs pas le seul mangent, relate-t-elle. Il faut voir mon à éprouver des difficultés. Une col- plus jeune de quatre ans, sa petite pelle lègue vient tout juste de le consulter à la main, qui veut aller à l’étable le au sujet des modalités de son encan. matin. » « L’inaction du gouvernement fédéral, Isabelle Bergeron est aussi la mère de observe-t-il, c’est dur pour le moral. quatre garçons. La productrice laitière Quand on voit ce qui se passe et que de Noyan vient les larmes aux yeux le fédéral ne veut pas s’en mêler, c’est quand elle parle d’Alexis, neuf ans, qui un peu décourageant. » lui confie en voyant ses parents traire S’il a abandonné la production lai- les vaches : « Je veux faire ça quand je tière, Jonathan veut demeurer près vais être grand. » du milieu agricole. Il est sur le point Marie-Pier Lévesque admet pour sa d’accepter un emploi à l’extérieur et part que les revenus de la ferme ont En mars 2007, la Terre racontait comment le rêve de Justin Bergeron s’était réalisé. entend aussi prendre des génisses en baissé de 30 000 $ l’an dernier. Elle voit Celui-ci, qui était le premier à recevoir un prêt de 10 kg de quota pour la relève, fait pension tout en continuant à « faire les partie de la jeune génération qui craint maintenant pour son avenir. maintenant sa qualité de vie diluée par foins ». P.-Y.B. le lait diafiltré.
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 XXXXXXXXXXXXXXXXXX LAIT DIAFILTRÉ Parmalat et Saputo ne suivront pas Agropur PIERRE-YVON BÉGIN La porte-parole de Parmalat, Anita cesser l’achat de lait diafiltré, affirme- normes fromagères. « Ça nous aiderait Jarjour, va également dans ce sens. Si t-elle, soutenant rechercher des solu- tellement à finaliser l’entente nationale Parmalat et Saputo n’ont pas l’inten- son entreprise pourra se prévaloir de la tions permanentes. si le gouvernement prenait une déci- tion d’imiter la coopérative Agropur qui classe 4m élargie, elle mise davantage « Nous mettrons en place les mesures sion », lance-t-il. n’utilisera plus de lait diafiltré provenant sur une entente nationale. Un pacte nécessaires dès qu’un programme per- Le Programme intérimaire a été des États-Unis. Les deux multinationales national répondra mieux à son statut manent sera annoncé », écrit-elle dans adopté fin avril par le Comité cana- disent compter davantage sur la conclu- pancanadien, illustre-t-elle. Au pays, un courriel. dien de gestion des approvisionne- sion d’une entente nationale sur les ingré- la compagnie possède 16 usines dans Chez les Producteurs de lait du ments de lait, lui-même présidé par dients laitiers en négociation depuis plus quatre provinces différentes. Québec, la nouvelle a aussi été bien la Commission canadienne du lait. d’un an. Il donne ainsi accès pour un temps La semaine dernière, Agropur a été limité à des ingrédients laitiers à un le premier transformateur à se prévaloir La semaine dernière, Agropur a été le premier prix concurrentiel, calqué sur le prix d’un nouveau programme national inté- transformateur à se prévaloir d’un nouveau mondial. La classe 4M a ainsi été élar- rimaire. Par le biais d’un élargissement programme national intérimaire. gie pour permettre l’utilisation des de la classe 4m, elle peut acheter du lait concentrés de protéines liquides et du canadien (protéines laitières liquides) à lait écrémé liquide dans la fabrication meilleur prix. La coopérative dit avoir « Nous avons grand espoir qu’il y accueillie. Le président Bruno Letendre des fromages. Les fromagers devront respecté sa promesse et fait ses devoirs, aura un dénouement prochainement », nourrit l’espoir que Parmalat et Saputo respecter les pourcentages et normes tout en réclamant la conclusion d’une dit-elle. Une nouvelle rencontre de imiteront Agropur en se prévalant de la de composition. entente nationale entre producteurs et négociations pourrait d’ailleurs avoir classe 4m. Il ne pouvait préciser si le Les producteurs de lait peuvent ainsi transformateurs de lait. lieu cette semaine entre les producteurs Programme national intérimaire d’une espérer limiter leurs pertes, du moins « Ça prend une stratégie nationale des et transformateurs de lait canadiens. durée de trois mois serait profitable pour un certain temps. Responsables ingrédients laitiers qui couvre l’ensemble La directrice des communications chez pour les fabricants. des surplus de solides non gras, ils du Canada », martèle Dominique Benoit, Saputo, Sandy Vassiadis, tient le même « On a une classe pas mal compé- tireront des revenus supérieurs de leur vice-président, en entrevue téléphonique. discours. Saputo n’a pas l’intention de titive, mais on ignore le prix qu’ils vente aux fromagers plutôt que d’avoir paient pour le lait diafiltré », confie- à les écouler à de vils prix dans l’ali- t-il. L’élargissement de la classe 4m, mentation animale. convient-il, est une proposition du La porte-parole de la Commission Québec afin de fournir une plateforme canadienne du lait, Chantal Paul, pré- identique à tous les fabricants cana- cise que les prix payés aux producteurs diens. Du même souffle, il rappelle ne sont pas encore connus. Ceux-ci, l’obligation du gouvernement fédéral dit-elle, seront publiés le 1er juin en de faire respecter ses frontières et les fonction du prix mondial payé en mai. Bienvenue Marianne! Dès la présente édition, nos lecteurs découvriront une nouvelle plume dans nos pages. C’est avec plaisir que La Terre de chez nous accueille Marianne Bissonnette pour toute la période PIERRE-YVON BÉGIN/TCN estivale. Elle saura très certainement MARIEMICHÈLE TRUDEAU mettre à profit sa solide formation scientifique jumelée au certificat en journalisme qu’elle terminera dans Début mai, des producteurs laitiers ont bloqué l’entrée de l’usine de Parmalat à Montréal quelques semaines. Marianne Bissonnette se joint à l’équipe de pour manifester leur mécontentement face à l’utilisation de lait diafiltré. La rédaction rédaction de la Terre pour la période estivale.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PAGE 5 ÉNERGIE Hydro enfin à l’écoute des producteurs en serre Barjol, le président du comité énergie aux PSQ, a la possibilité de chauffer ses MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI serres à l’électricité, mais il ne le fait pas mlaplante@laterre.ca parce que les tarifs actuels de chauffage ne lui permettent pas d’être compétitif », Les dirigeants des Producteurs en explique le directeur général par inté- serre du Québec (PSQ) ont tenu une rim des PSQ, Claude Laniel. Les sujets « belle rencontre » avec ceux d’Hydro- abordés ont été nombreux : croissance Québec le 6 mai dernier au centre-ville de l’industrie, chauffage des serres à la de Montréal, confirme le président biomasse, tarifs actuels trop élevés, etc. André Mousseau. « Ils veulent vendre M. Mousseau s’est dit surpris de l’ou- ARCHIVES/TCN de l’électricité. Nous, on veut en ache- verture du président-directeur général ter. Alors on s’entend au départ et après, d’Hydro-Québec, Éric Martel, présent à il faut trouver des moyens pour qu’ils la rencontre. Les producteurs en serre pourraient bénéficier de tarifs adaptés à leurs besoins en 2017. puissent le faire d’une façon correcte. Consultations On a accepté de s’asseoir avec eux et Pour adapter l’offre énergétique, les La liste est longue et relève souvent pas accessible dans toute la pro- de définir les réels besoins de nos pro- deux parties mettent en place un groupe du cas par cas, mais chez les 150 pro- vince. « J’ai des producteurs qui ont ducteurs », explique-t-il. De son côté, la de travail conjoint. Plusieurs rencontres ducteurs sondés sur 700, l’agent déjà contacté Hydro pour installer société d’État veut vendre plus d’électri- auront lieu dans les prochains mois et constate déjà plusieurs problèmes eux-mêmes le triphasé chez eux et cité à ces producteurs. pour s’y préparer, les PSQ effectuent récurrents. Il note la méconnaissance les coûts avoisinaient les 60 000 ou La première rencontre actuellement une tournée des produc- des options offertes aux producteurs. 70 000 $ pour un kilomètre de cou- Le 6 mai dernier, les échanges ont teurs. L’objectif : analyser les réels « Souvent, le tarif spécial n’est tout rant. » À la question de la date de la été francs. « On est allés à la rencontre besoins énergétiques des serriculteurs simplement pas connu. Parfois, ce prochaine rencontre avec la société d’Hydro avec des producteurs qui vivent et les pousser vers l’utilisation d’éner- n’est pas clair aux yeux des produc- d’État, M. Laniel est catégorique : des situations différentes. Le 1er vice- gie renouvelable. « Pour ce faire, il faut teurs qui en ont déjà entendu parler. ça devrait avoir lieu « d’ici le mois président Sylvain Lefort a une entreprise comprendre ce qui les empêche d’utili- Ou bien ils ne connaissent pas les de juillet ». Les délais sont courts, d’assez grande envergure et a accès à ser le tarif consenti aux producteurs en programmes de subventions auxquels puisque l’objectif est de déposer une des tarifs spéciaux pour sa consomma- serre », explique l’agent de projet aux ils seraient admissibles. » Ensuite, demande de modification à la Régie tion supplémentaire d’électricité. Hervé PSQ, Simon Lavoie. le réseau triphasé à 600 volts n’est de l’énergie à l’automne. ALIMENTATION Cap sur les produits d’ici Québec, Aliments préparés au Québec, reux afin de garantir la provenance des Aussi au menu Aliments du Québec Bio et Aliments produits, car l’un des objectifs est de MARTINE GIGUÈRE préparés au Québec Bio. À cet inté- maintenir sa notoriété et sa crédibilité. mgiguere@laterre.ca rêt pour la provenance des produits En 2015, le taux d’affichage de la s’ajoute l’effet positif qu’a eu la cam- certification sur les produits des adhé- En 2015, 81 restaurants ont joint L’une des grandes tendances pagne publicitaire avec la porte-parole rents a atteint 62 %, dépassant ainsi la certification Aliments du Québec actuelles en alimentation est sans Chantal Fontaine. « Le consommateur l’objectif stratégique de 60 % ciblé aux plats de leur menu. Une belle aucun doute le désir des consomma- associe les produits du Québec à des pour le 31 mars 2017 par Aliments du occasion pour ces établissements de teurs de connaître la provenance des produits de qualité », affirme Marie Québec. Celui-ci doit aussi renouveler découvrir de nouveaux fournisseurs aliments qu’ils achètent jour après Beaudry. son entente avec le ministère de l’Agri- et d’augmenter l’achalandage. « Un jour. Et c’est une excellente nou- Un sondage récemment réalisé auprès culture, des Pêcheries et de l’Alimen- des objectifs est de mettre en valeur velle pour l’organisme de promotion des adhérents a permis de constater que tation du Québec (MAPAQ) à cette les produits du Québec dans les Aliments du Québec. les entreprises tiennent énormément à même date. « L’organisme a connu menus des restaurants », mentionne Depuis mars 2013, le nombre d’adhé- Aliments du Québec. « D’ici la fin une croissance et évidemment, on sou- Marie Beaudry. Les restaurateurs rents à Aliments du Québec a augmenté de l’année, on aura un programme de haite une entente de trois ans avec le participants doivent proposer au de 54 %. « Une forte progression », licence de la marque afin d’exercer un MAPAQ, sans augmentation de la part moins cinq plats certifiés Aliments souligne Marie Beaudry, directrice meilleur contrôle sur celle-ci », précise de financement exigée par l’industrie. du Québec. Le pourcentage annuel générale de l’organisme. Aujourd’hui, Marie Beaudry. Ce programme aura Actuellement, cette part est fixée à des produits du Québec doit être de ce sont 1 190 entreprises qui apposent pour effet de renforcer le contrôle de la 40 % et nous avons atteint 36 % cette 60 %. M.G. sur leurs produits les logos Aliments du certification et d’être encore plus rigou- année », indique Marie Beaudry.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 ÉDITORIAL Lait diafiltré et poules de réforme : le Canada doit contrôler ses importations coopérative laitière ainsi que 59 entreprises de d’environ 500 M$ pour toute l’industrie de la transformation laitière ont réclamé que le fédéral volaille, comme je l’ai mentionné. MARCEL règle le problème rapidement. Le message ne GROLEAU pouvait être plus clair. M. Paradis était d’ailleurs Dans le dossier du report des droits de douane, Président général de à Toronto la semaine dernière pour rencontrer à une disposition qui permet l’importation sans l’Union des producteurs nouveau le ministre de l’Agriculture du Canada, tarif si le produit en question est réexporté agricoles Laurence MacAulay. selon un délai prescrit, la situation n’est pas plus difficile à corriger. Il faut simplement soustraire Les normes canadiennes sur la composition des les produits alimentaires. Cette disposition est fromages prévoient une limite claire et stricte à peut-être pertinente pour les constructeurs de Selon un vieux dicton, tout ce qui traîne se salit. l’ajout d’ingrédients laitiers qui ne proviennent navires, mais pour l’industrie alimentaire, qui C’est exactement ce qui se passe dans le dossier pas directement du lait. Le gouvernement du vérifiera que le beurre importé cette année sera du contrôle des importations de lait diafiltré et de Canada, par l’entremise de l’Agence des services vraiment réexporté dans des biscuits au cours des produits de volaille. L’inaction du gouvernement, frontaliers, a déterminé que le lait diafiltré est quatre prochaines années? Même chose pour le qui annonce une consultation pour le lait, mais un concentré protéique. L’Agence canadienne poulet. Cette disposition n’est rien d’autre qu’une rien pour la volaille, est vraiment décevante. d’inspection des aliments doit donc le considérer opportunité de contourner les règles établies. comme tel et soumettre ce produit aux standards Le 3 mai dernier, le jour même où des dizaines fromagers canadiens. Ces standards sont connus Comme le faisait récemment remarquer le de producteurs de lait manifestaient leur et n’ont pas été contestés par les États-Unis ou président des Éleveurs de volailles du Québec, mécontentement devant l’usine montréalaise l’Europe lorsqu’ils ont été instaurés. Le Canada Pierre-Luc Leblanc, il est clair que l’importation de Parmalat, le gouvernement a annoncé qu’il doit voir à leur application. Il s’agit même d’une de poules de réforme constitue une fraude pour demanderait au comité permanent de l’agriculture question de crédibilité pour le pays. Le dossier contourner les contrôles à l’importation. Le et de l’agroalimentaire de le mandater de du lait diafiltré n’est pas un enjeu de commerce président des PLQ, Bruno Letendre, indiquait consulter les producteurs et l’industrie laitière international. Il s’agit simplement de l’application de son côté que l’absence de décision du afin de trouver une solution. Rappelons que les des règles canadiennes sur la composition des gouvernement insécurise les producteurs. On a pertes des producteurs de lait canadiens en fromages. Des règles qui existaient avant le début vécu une vague d’encans ce printemps dans le 2015 dépassent les 220 M$. Du côté des poules des importations de lait diafiltré. secteur laitier québécois en raison des pertes de de réforme, il est question de pertes d’environ revenus et de cette insécurité. Ces pertes ne sont 500 M$ pour la filière. Les solutions pour corriger Le dossier des importations de poules de réforme pas entièrement attribuables au lait diafiltré, mais la situation sont pourtant connues de tous les est un autre exemple du laxisme canadien sur le à cet égard, le gouvernement peut agir en toute intervenants. contrôle des importations. Parce qu’il n’y a pas légitimité et apaiser les inquiétudes. Trente jours de tarif sur ce produit, les importations de poulet de consultations, six mois après l’élection alors Le gouvernement doit assumer ses sont inscrites dans cette ligne tarifaire. Le résultat que des engagements avaient été pris, c’est un responsabilités et appliquer sa réglementation, est que le Canada importe maintenant 90 % des délai inacceptable qui augmente la frustration comme le réclamait le front commun de l’industrie poules de réforme américaines. Des tests qui des producteurs. laitière le 12 avril dernier. À cette occasion, le permettent de détecter s’il s’agit bien de poules ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, l’UPA, les de réforme démontrent encore une fois que le Producteurs de lait du Québec (PLQ), Agropur Canada se fait avoir, ce qui occasionne des pertes www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Chef comptable Daniel Lamoureux Vincent Bélanger-Marceau Marc Mancini ABONNEMENT PARTOUT AU CANADA Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PAGE 7 SÉCURITÉ DU REVENU Soya et maïs : un sondage favorise Agri-Québec 27 mai pour se prononcer entre ces ces deux groupes vivent une réalité fort deux programmes. différente, le résultat final du vote créera MARTIN MÉNARD Nombreux indécis des insatisfactions, surtout qu’il sera mmenard@laterre.ca Le sondage relève également un ensuite appliqué à tous les producteurs. MARTIN MÉNARD/TCN taux élevé d’indécis. De l’avis des De surcroît, les fermes spécialisées en Plusieurs secteurs procèdent ce prin- PGQ, le fait qu’une majorité des production de grains qui ont renoncé à temps à un vote crucial imposé par La 374 répondants hésite démontre que souscrire à l’ASRA ces dernières années Financière agricole du Québec sur leurs les options proposées ne répondent n’ont pas le droit de vote. programmes de sécurité du revenu. Dans pas aux besoins des producteurs. « Ça Près de 6 000 producteurs ont reçu des Méconnaissance des programmes bulletins de vote comme celui-ci. À l’heure le secteur des grains, c’est le choix des exprime ce qu’on dit depuis long- actuelle, 30 % d’entre eux ont déjà voté sur L’autre point qui rend ce référendum producteurs de soya et de maïs qui attire temps. Les producteurs ont besoin de le sort de l’ASRA. laborieux concerne la méconnaissance l’attention. ces deux programmes complémen- des programmes. Plusieurs produc- Selon un sondage mené par les taires et ils n’arrivent pas à se faire à Le vote des éleveurs teurs affirment encore aujourd’hui être Producteurs de grains du Québec l’idée de devoir choisir entre l’un et Avec un résultat attendu aussi serré, perplexes face à l’ASRA et aux Agri. (PGQ), 51 % des producteurs sondés l’autre », dit Christian Overbeek, pré- chaque vote peut faire pencher la balance. Malgré les 25 séances d’information ont affirmé avoir voté en faveur de sident de l’organisation. Ce dernier a Or, les éleveurs qui produisent du grain tenues sur le sujet au cours des derniers l’abandon de l’assurance stabilisation encore espoir que la Financière et le pour nourrir leur troupeau favorisent mois, plusieurs producteurs affirment des revenus agricoles (ASRA) dans le gouvernement du Québec reculent et majoritairement l’ASRA, simplement voter sans savoir exactement de quoi maïs. Le résultat est semblable pour la prennent une décision « éclairée », parce qu’Agri-Québec n’intervient pas il en retourne. Christian Overbeek rap- culture de soya. Selon la firme qui a en offrant plutôt aux producteurs de dans un contexte d’autoconsommation. pelle aux producteurs l’importance de se réalisé le sondage, ces chiffres laissent grains des programmes de sécurité Par conséquent, le vote pourrait se renseigner, puisque l’issue du vote pour- présager un vote serré en faveur du pro- concurrentiels par rapport à ceux des diviser entre les producteurs en autocon- rait avoir des impacts financiers impor- gramme Agri-Québec, au détriment de autres pays, ce qui n’est pas le cas sommation et ceux qui commercialisent tants pour chaque ferme, et ce, durant de l’ASRA. Les agriculteurs ont jusqu’au pour l’instant, selon lui. leurs grains sur les marchés. Comme nombreuses années.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PIPELINE ÉNERGIE-EST L’UPA carrément contre le projet officiellement contre l’un de ceux-ci. penche sur la section québécoise du pro- Si l’UPA peut retourner devant THIERRY LARIVIÈRE Étant donné que le territoire agricole jet de TransCanada. Les audiences ont le BAPE, elle proposera que la tlariviere@laterre.ca ne couvre que 2 % de la superficie du été suspendues le 22 avril à la demande Commission de protection du territoire Québec, l’UPA estime qu’il faut éviter du ministre de l’Environnement du agricole du Québec (CPTAQ) puisse L’Union des producteurs agricoles de traverser celui-ci et que l’on doit trou- Québec, David Heurtel. Ce dernier jouer son rôle, même si c’est un pro- (UPA) perd patience en ce qui concerne ver un passage dans le 98 % qui reste. venait d’obtenir l’accord d’Énergie-Est jet de juridiction fédérale. Le tracé est le projet de pipeline Énergie-Est. Dans Or, le mémoire souligne que 49 % de la de se soumettre à la Loi sur la qualité de un enjeu, mais aussi la localisation des son mémoire qui était destiné au Bureau longueur du tracé de pipeline proposé l’environnement. « Je ne peux vous dire stations de pompage. Selon l’UPA, d’audiences publiques sur l’environne- TransCanada ne donne d’ailleurs pas ment (BAPE), l’Union se dit carrément assez de détails sur les caractéristiques contre le projet de pipeline Énergie-Est, L’UPA souligne qu’il faut éviter de traverser de ces stations. notamment parce que cela ferait aug- la zone agricole et se trouver un passage L’Union demande également que menter les émissions de gaz à effet de dans le 98 % qui reste. les tuyaux du pipeline soient enfouis à serre au moment où le gouvernement une profondeur de 1,6 m sous les terres s’est engagé à les réduire. L’UPA s’in- cultivées. De cette façon, il y aurait terroge aussi sur les besoins réels d’une est en milieu boisé et 34 % sur des terres à quel moment le ministre nous confiera moins de risques d’accident et plus de telle infrastructure pour le pays, alors cultivées. Le syndicat agricole recom- un nouveau mandat sur le projet Oléoduc cultures possibles en surface. que le pétrole doit servir « en bonne par- mande plutôt de privilégier les emprises Énergie-Est, ni s’il lèvera la suspension L’UPA estime par ailleurs qu’il faut tie à l’exportation ». Bien que l’Union d’infrastructures d’utilité publique exis- sur le mandat actuel. Il est possible que inclure dans les scénarios de déverse- se soit montrée très critique à l’égard de tantes. ce soit au début de l’automne, mais nous ment les questions de contamination de ce genre de projets dans le passé, c’est Le mémoire, daté du 20 avril, devait ne contrôlons pas l’échéancier », a com- sols agricoles et des sources d’alimen- la première fois qu’elle se prononce être présenté devant le BAPE qui se menté Luc Nolet, porte-parole du BAPE. tation en eau.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PAGE 9 PIPELINE ÉNERGIE-EST Questions d’argent L’Union est encore loin de l’entente- cadre satisfaisante qu’elle souhaite négocier pour fixer une base dans les La saga Énergie-Est au Québec contrats des agriculteurs avec le promo- PRINTEMPS 2013 : 1er MARS 2016 : teur au cas où le projet irait de l’avant. Début des consultations sur le projet Énergie-Est Requête du ministre Heurtel pour exiger le dépôt d’un Deux points essentiels font toujours au niveau canadien. avis de projet. l’objet de discussions : la levée de la responsabilité des propriétaires des NOVEMBRE 2014 : 7 MARS 2016 : terres en cas de faute non intentionnelle Le gouvernement du Québec informe le promoteur Début des audiences du BAPE générique. de ses sept conditions. qui mène à un accident et l’obtention 22 AVRIL 2016 : Seconde lettre en décembre. Absence de réponse de d’un loyer annuel comme compensa- TransCanada. Le ministre Heurtel suspend les travaux du BAPE tion pour les inconvénients tels que les générique en confirmant qu’Énergie-Est accepte problèmes de drainage, la limitation 2 AVRIL 2015 : finalement de se soumettre à la loi québécoise. des cultures, l’impact sur les certifica- Abandon du projet de port pétrolier de Cacouna. 9 MAI 2016 : tions, les autorisations à obtenir pour JUIN 2015 : L’UPA rend public son mémoire malgré la suspension travailler le sol, etc. Un mandat restreint du BAPE générique est lancé en des audiences. Notons que deux fédérations régionales Toujours d’un point de vue finan- l’absence d’avis de projet et d’étude d’impact complète. de l’UPA (Mauricie et Lanaudière) se sont formellement cier, l’UPA demande que TransCanada prononcées contre le pipeline Énergie-Est. DÉCEMBRE 2015 : Cinq autres fédérations sont « fortement préoccupées ». mette des sommes de côté pour l’enlè- Dépôt de l’avis de projet à l’Office national de l’énergie vement du pipeline en fin de vie, cau- (ONE), mais pas au BAPE. AUTOMNE 2016 : tionne sa filiale et clarifie les moyens L’absence d’étude d’impact empêche l’évaluation plus Départ probable d’un nouveau BAPE complet. Certains envisagés pour rendre accessibles rapi- complète du projet. s’inquiètent néanmoins de l’impossibilité de la réalisa- dement les montants d’indemnisation tion d’une étude d’impact complète en si peu de temps. 18 FÉVRIER 2016 : en cas d’incident. Une coalition d’écologistes dépose une requête pour FIN 2017 : Bref, l’UPA estime que TransCanada forcer Énergie-Est à suivre la loi québécoise. Début prévu des travaux, selon le promoteur. est loin d’avoir fait tous ses devoirs.
PAGE 10 LA TER TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 L’ÉPICERIE DE DEMAIN Internet pourrait révolutionner la consommation THIERRY LARIVIÈRE Le défi d’être vu Pour un producteur, il faut évidem- DRUMMONDVILLE — L’arrivée ment réussir à faire ressortir son produit des épiceries en ligne pourrait com- sur un site Internet qui en contient plu- plètement révolutionner le commerce sieurs milliers… Du point de vue mar- de détail, à la fois du point de vue des keting, Jose Alvarez explique cependant consommateurs et des fournisseurs. que le monde numérique permet plu- Il y a d’ailleurs des aspects positifs à sieurs approches qui n’étaient pas pos- ce virage numérique pour les agricul- sibles avant. L’épicier en ligne, comme teurs, les petits transformateurs et les Ocado.com en Grande-Bretagne, per- consommateurs. « Ce sera bon pour les met de faire des propositions aux clients petits produits de niche », a expliqué à en fonction de leurs achats passés, un la Terre Jose Alvarez, professeur à la peu comme les librairies en ligne. Il est OCADO.COM Harvard Business School, en marge des aussi possible de proposer des échan- Perspectives agroalimentaires tenues le tillons gratuits aux clients pour qu’ils 5 avril dernier à Drummondville. L’épicier en ligne Ocado.com offre à ses clients 1 009 fromages ou produits qui en découvrent de nouveaux produits. Le Le modèle d’épicerie en ligne pré- contiennent. Web permet par ailleurs de donner plus senté par Jose Alvarez ne possède en d’explications sur chacun des produits effet qu’un seul grand entrepôt par tarien, kasher, etc.). Un client pourrait cursales. De plus, certains détaillants que le simple emballage avec la prove- région plutôt que des centaines de décider de ne pas voir certains produits donnent la possibilité à leurs clients de nance, les ingrédients, etc. magasins de taille variable. Il permet qui ne sont pas bons pour sa santé. À donc de tenir un choix de produits Londres, par exemple, les Français significativement plus grand. peuvent retrouver plus facilement leurs Il y a des aspects positifs à ce virage numérique De plus, ce type de commerce offre aliments de prédilection en ligne. pour les agriculteurs, les petits transformateurs et les de nouvelles possibilités techniques « La livraison est rapide et c’est plus consommateurs. très intéressantes, comme celle d’ache- frais », estime Jose Alvarez, qui fait ter tous les ingrédients pour une recette remarquer qu’il y a une étape de moins en un seul clic et de classer les aliments puisque les clients commandent direc- retourner les produits qu’ils ne jugent Jose Alvarez a notamment étudié le en fonction de différents critères (sans tement de l’entrepôt central et que la pas frais lors de la prochaine livrai- succès d’Amazon, l’un des plus impor- gluten, biologique, sans lactose, végé- nourriture ne transite pas par les suc- son. Le détaillant n’a évidemment pas tants détaillants en ligne au monde, et intérêt à multiplier les retours. Les il estime que les épiceries adopteront camions de livraison sont habituelle- ce modèle un jour ou l’autre. « Ça va ment réfrigérés et peuvent livrer dans arriver dans les aliments aussi », dit-il. un délai de cinq heures après l’achat L’épicier anglais Ocado, un des plus dans certains cas. Le client est averti à avancés, exporte d’ailleurs son modèle une heure près de l’arrivée de sa com- d’affaires et son programme informa- mande. tique. Au Québec, la SAQ permet déjà Passion d’ici, produits d’ici Le distributeur de produits du Québec Passion d’ici représente 15 producteurs transformateurs et offre plus de 200 produits dans quelque 600 points de vente. « Nous avons une équipe de sept représentants qui sillonnent le Québec et qui passent toutes les quatre à six semaines prendre les commandes dans les maga- sins », précise Paul Samson, propriétaire de Passion d’ici. L’entreprise possède un entrepôt à Sainte-Madeleine : « On achète les produits pour ensuite les acheminer aux magasins. » Passion d’ici effectue la promotion des produits qu’elle distribue. Ainsi, ses équipes en région ciblent les produits et les périodes de l’année où ceux-ci feront l’objet d’une dégustation en magasin, une activité promotionnelle efficace. Paul Samson observe une croissance annuelle positive de la demande pour les produits du Québec. Il encourage fortement les producteurs à aller cher- cher la certification Aliments du Québec, ce qui permet entre autres d’accroître la notoriété de la marque. M.G.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 PAGE 11 L’ÉPICERIE DE DEMAIN aux consommateurs d’ici de choisir en ligne parmi des milliers de produits et de faire livrer leur com- mande dans une succursale. Les Millenials Regrouper l’offre et la demande Jose Alvarez estime que la place grandissante dans « Mon objectif est de faciliter la vie des détaillants, des fournisseurs et des distributeurs. La plateforme tran- le marché de la génération des Millenials, nés entre sactionnelle va simplifier la prise de contact entre eux et tout le processus de commande », explique Jacques 1981 à 1996, ne fera qu’augmenter la part de mar- Dulac, propriétaire de WeGoTrade. L’objectif de l’entrepreneur est d’amener le plus grand nombre de fournis- ché des épiceries et des commerces en ligne. Les seurs et détaillants autour de la même plateforme afin de rendre plus efficaces fficaces Millenials sont plus indépendants d’esprit, éduqués et la commercialisation et l’approvisionnement. Dès cet été, des entreprises eprises aventureux dans leurs achats. Quelque 6 % de ceux-ci, pourront ainsi publier en ligne leur catalogue de produits et le rendre acces- aux États-Unis, sont végétariens et 12 % mangent peu sible à des détaillants, restaurateurs, etc. « Les entreprises diminuentt les de viande. Ils préfèrent aussi de plus petites collations budgets alloués pour les activités de représentation. En région, les détail- ail- par rapport à trois repas plus importants par jour. Ils lants sont souvent moins bien desservis », ajoute Jacques Dulac. sont plus enclins à aller dans les épiceries spécialisées, Les fournisseurs participants pourront offrir leurs produits sur des terri- erri- quitte à devoir faire plus d’arrêts. La confiance envers toires précis ou dans l’ensemble de la province. Les acheteurs accéderont ont à leur fournisseur d’aliments est importante et ils sont la plateforme à l’aide d’un nom d’usager et d’un mot de passe et effectue-ctue- plus sensibles à des produits comme ceux de la pêche ront leurs commandes et leurs paiements en ligne. « Les détaillants vontt durable, les œufs de poules en liberté, la viande sans pouvoir passer leur commande n’importe quand à partir de leur ordina- antibiotiques et les aliments sans OGM. Bien entendu, teur, tablette ou cellulaire. Pour une PME qui a un nombre minimum cette génération est aussi plus à l’aise avec le com- d’employés, c’est un avantage de pouvoir passer des commandes merce en ligne et les médias sociaux. Cependant, c’est quand on veut », décrit l’entrepreneur. La plateforme WeGoTrade la première à se retrouver dans une situation financière offrira aux petites entreprises une meilleure visibilité auprès des four- moins bonne que celle de ses parents. nisseurs, assure Jacques Dulac. « Quant aux entreprises déjà établies, la plateforme leur permettra d’agrandir leur territoire », dit-il. M.G. Suite du dossier en page 12
PAGE 12 LA TER TERRE DE CHEZ NOUS, 18 mai 2016 L’ÉPICERIE DE DEMAIN IGA.net a déjà 20 ans! MARTINE GIGUÈRE le client concentre ses achats à un du magasin. « Avec l’application seul endroit. « Un client IGA en ligne mobile, il est aussi possible d’obte- Alors que l’achat sur Internet de achètera 60 % de plus que s’il vient nir une circulaire personnalisée basée produits de consommation gagne en magasin. Il va stocker des produits sur nos habitudes d’achat », précise en popularité, l’épicerie en ligne de pour éviter des déplacements. On sait le directeur. Sobeys fêtera déjà ses 20 ans en août aussi que 25 % des commandes pro- L’épicerie en ligne ne va pas rem- prochain. viennent de clients non réguliers », placer les magasins. C’est plutôt un « Depuis 10 ans, on note une crois- affirme Alain Dumas. point de convergence entre le magasin sance naturelle de 15 à 20 % des Application mobile et le numérique. Éventuellement, le ventes », indique Alain Dumas, direc- « Lancée en mars dernier, l’ap- développement technologique pour- teur principal des affaires publiques et plication mobile est l’extension rait permettre d’envoyer des alertes de la stratégie numérique chez Sobeys de produits en solde. « On pour- Québec. C’est que les consommateurs rait également allonger la tablette, de tout âge sont de plus en plus à l’aise c’est-à-dire ajouter des produits avec les technologies numériques. Sur sans que les magasins aient à tous les 290 marchands, 220 offrent le ser- les tenir sur les tablettes », indique « Un client IGA vice de l’épicerie en ligne. Alain Dumas. Les épiceries entre- À l’époque, à cause de l’accès en ligne achètera 60 % pôts qu’on retrouve dans les grandes limité à Internet et de la faible vitesse de plus que s’il vient villes comme Londres, Paris et même de la bande passante, on ne retrouvait New York ont peu de chances de en magasin. » SOBEYS que la description des produits, sans voir le jour ici : « Pour réussir, il aucune image, raconte M. Dumas. – Alain Dumas faut absolument une forte densité de L’application mobile d’IGA permet de scan- Aujourd’hui, l’épicerie en ligne a population et des villes où l’on ner des produits directement de son garde- manger et de les sauvegarder dans une liste grandement évolué. L’Internet haute retrouve des problèmes importants afin d’éviter d’avoir à les chercher dans le vitesse a permis à un plus grand de stationnement. » catalogue virtuel. nombre de clients de s’y intéresser. « C’est un programme volontaire. de l’expérience numérique, car le Le magasin doit être en mesure de répondre à des exigences sur le plan consommateur est maintenant mul- tiécran », mentionne Alain Dumas. Hausse du commerce en ligne opérationnel », mentionne le directeur L’application mobile permet de scan- Le CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisa- principal. ner des produits directement de son tions) a récemment publié une étude où l’on estime à 8 G$ le montant que les Parmi les habitudes de consomma- garde-manger et de les sauvegarder consommateurs québécois ont dépensé sur le Web en 2015, une augmentation de tion observées, on note que les clients dans une liste afin d’éviter d’avoir 21,9 % comparativement à 2014. Fait intéressant, 30 % des adultes québécois font n’utilisent pas le service en ligne pour à les chercher dans le catalogue des achats en ligne et y dépensent chaque mois 309 $, tandis que les trois quarts des commandes d’appoint. La raison virtuel. La liste peut être complé- des adultes indiquent consulter et s’informer en ligne avant de faire un achat. principale évoquée par les utilisa- tée sur l’ordinateur. L’application La variété de produits achetés en ligne s’élargit : après les classiques billets de teurs pour passer une commande en mobile peut également servir à spectacle, la musique et les vêtements, les cyberacheteurs lorgnent maintenant du ligne est l’économie de temps. Ainsi, créer une liste pour aller en épice- côté des produits alimentaires. M.G. la valeur du panier d’épicerie est rie. Les produits y seront ordonnés Source : Le commerce électronique au Québec – une forte croissance en 2015 plus élevée en ligne qu’en magasin; selon la logique de configuration
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