L'AMBULATOIRE DOSSIER HORIZON 2030 CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ, UNE PLUS-VALUE POUR LE SUD FRIBOURGEOIS MÊME PAS PEUR LA MOQUE - hôpital ...
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AU RYTHME DE VOTRE SANTÉ N°13 | ÉDITION 2023 DOSSIER L’AMBULATOIRE HORIZON 2030 CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ, UNE PLUS-VALUE POUR LE SUD FRIBOURGEOIS MÊME PAS PEUR LA MOQUE
TABLE ÉDITO DES MATIÈRES Chères lectrices, chers lecteurs, 3 Édito Cette édition du H24 vous embarque dans un exer- 4-5 Double-face cice ambitieux : vous présenter la prise en charge ambulatoire. Derrière ce terme abstrait, vous décou- « ON PARTAGE DES MOMENTS INTENSES ET AUSSI DE vrirez, au gré de notre dossier, qu’elle constitue BELLES RIGOLADES ! » une part importante du quotidien de l’HFR. Vous pénétrerez dans un bloc opératoire pour suivre une 6-7 En images intervention ambulatoire, vous partagerez les gestes et les préoccupations du personnel médico-soignant AUX PETITS SOINS JUSQUE DANS L’ASSIETTE ou vous parcourrez les différentes directions pour 8-9 Horizon 2030 mesurer les effets sur tout l’hôpital. L’occasion aussi d’évoquer les infirmiers et infirmières en pratique CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ, UNE PLUS-VALUE POUR avancée (IPA), disposant de compétences élargies, LA POPULATION DU SUD FRIBOURGEOIS qui représentent ainsi une innovation majeure pour le système de santé et ses défis. 10-23 Dossier Et quoi de plus concret qu’un Centre de santé 12-13 L’AMBULATOIRE : UNE LAME DE FOND LIÉE À implanté dans le sud du canton pour prendre le L’ÉVOLUTION DES TECHNIQUES MÉDICALES pouls de cette prise en charge ? Ce début d’année 2023 est marqué par le lancement du site de Riaz 16-17 LE SOUCI DU PATIENT QUI N’EST PLUS SOUS SON ŒIL comme premier Centre de santé de l’HFR. De nom- 18-19 OPÉRÉ ET DE RETOUR À LA MAISON EN MOINS DE DIX breuses prestations ambulatoires sont désormais HEURES proposées au plus proche de la population, en coor- dination avec les nombreux partenaires de santé. 20-21 TOUT UN SYSTÈME HOSPITALIER À ADAPTER Prise en charge, mais aussi prévention sont au cœur 22 DU STATIONNAIRE À L’AMBULATOIRE ? de nos missions. Retrouvez dans notre poster déta- 23 TOUT UN RÉSEAU AUTOUR DU PATIENT chable de précieux conseils pour éviter les chutes, jamais anodines. Jetez un œil au travail de nos 24 Quoi de neuf docteur ? équipes en cuisine, où diététique et gourmandise cohabitent. De la douceur aussi dans les liens entre OPÉRATION DE LA HANCHE : UNE ÉTUDE MENÉE POUR patient et soignant, appréciez le portrait croisé en LE BIEN-ÊTRE DU PATIENT oncologie. Découvrez encore tous les secrets du nez : 25 Même pas peur filtre, climatiseur, humidificateur ou agent de sécu- rité, ses fonctions sont multiples. Les plus coura- LA MOQUE geux – petits et grands – liront aussi notre rubrique « Même pas peur » qui vous dit tout de la moque ! COUVERTURE : ILLUSTRATION D’APRÈS LA PHOTO DE JO BERSIER EN PAGES 10-11 26 Testé et approuvé C’est une nouvelle fois un plaisir de mettre à l’hon- neur toutes ces personnes qui œuvrent au sein de GARDER LE MORAL QUAND ON EST MALADE notre hôpital et de vous les présenter au fil de ce 27 Au scanner magazine. Bonne lecture ! LE NEZ Aline Schuwey Directrice des soins Prof. Anis Feki Président du Conseil des départements médicaux ©JO BERSIER CH-C181-2020-021 | Produit 2 3
Double-face Le parcours de Mme Favre Lehmann est-il particulier ? Avez-vous des conseils à donner aux patient-e-s qui Magali Collaud Oberson : Même si le diagnostic et traversent la même situation que Mme Favre Lehmann ? le traitement sont plus ou moins semblables, le vécu MCO : (elle réfléchit) Avec l’expérience, je constate et les effets secondaires varient beaucoup d’une per- que l’on peut donner beaucoup de conseils, comme sonne à l’autre. Il existe des centaines de traitements rester positif, profiter de chaque instant ou avoir des et de protocoles différents. Le point commun, c’est le projets. Mais tous n’y arrivent pas en fonction de ce tsunami provoqué par l’annonce de la maladie. qu’ils vivent. Aujourd’hui, je dirai que l’essentiel c’est de s’écouter et de faire ce qui leur semble bon. M-TFL : C’est vrai, mais on n’a pas trop le temps de ruminer, car il y a beaucoup d’examens à faire et il Mme Favre Lehmann, vous venez régulièrement à l’HFR. faut prendre rapidement des décisions. J’ai suivi les Est-ce que vous rencontrez toujours les mêmes patient- conseils des médecins et j’ai essayé de prendre chaque e-s et soignant-e-s ? Avez-vous tissé des liens particu- jour après l’autre, pour rester calme et moins stresser. liers avec eux ? M-TFL : Oui, le personnel soignant et médical est Comment se passe une séance d’immunothérapie ? vraiment très gentil et je me sens très soutenue, que M-TFL : La veille, on m’appelle pour savoir comment ce soit en Oncologie ou en Radio-oncologie. Avec les je vais et s’assurer que je suis en état de la faire. Le jour autres patient-e-s, on discute et parfois on échange les même, j’aime arriver tôt, pour pouvoir choisir mon numéros de téléphone pour prendre des nouvelles. Double-face fauteuil (rires). On nous fait une prise de sang et on doit boire beaucoup d’eau. Ensuite le traitement com- mence, par perfusion. « ON PARTAGE DES MOMENTS Quel est votre rôle dans le traitement de Mme Favre Lehmann ? Est-il différent d’un patient ou d’une patiente INTENSES ET AUSSI DE BELLES à l’autre ? MCO : Je l’appelle la veille pour prendre de ses nou- RIGOLADES ! » velles et valider en fonction de son état général si la thérapie aura lieu ou non. Si celle-ci est confirmée, je commande le traitement à la pharmacie de l’HFR. Le jour du traitement, je l’accompagne du début à la fin Depuis plus de dix-huit mois, Marie-Thérèse Favre Lehmann vient régulièrement de sa thérapie. J’ai un rôle technique avec l’adminis- à l’HFR Fribourg – Hôpital cantonal pour un traitement ambulatoire du cancer. tration du traitement, mais aussi de soutien psycho- logique à chaque étape de son parcours oncologique, Elle y est souvent accueillie par Magali Collaud Oberson, une des infirmières du pour elle et ses proches. Je l’informe aussi sur le trai- Service d’oncologie. Ensemble, elles ont accepté de partager leur parcours et tement, les effets secondaires, et je mets un réseau en Comment vivez-vous ce travail d’accompagnement des place avec d’autres professions comme la diabétolo- patient-e-s en général ? leur expérience lors d’une interview pleine de complicité. Catherine Favre Kruit gie, la diététique, ou le Service de liaison. MCO : Pleinement ! Je me sens très chanceuse et heu- reuse d’être là où je suis actuellement. Nos patient-e-s Vous êtes une patiente du Service d’oncologie un scanner ont montré que la tumeur dans le Quel impact ce traitement a-t-il sur votre quotidien ? nous donnent de sacrées belles leçons de vie. On par- depuis plus d’un an et demi. Pouvez-vous nous poumon s’était bien résorbée, mais que j’avais M-TFL : Après les séances de chimiothérapie, j’étais tage des moments intenses et aussi de belles rigolades résumer votre parcours jusqu’ici ? des métastases dans le cerveau et une tumeur très fatiguée et j’ai perdu le goût quelque temps. Avec (elles rient). Marie-Thérèse Favre Lehmann : Plein de de deux centimètres sur le cervelet. Le médecin les rayons, j’ai eu des aphtes, des douleurs dans la rebondissements ! En avril 2021, lors d’un m’a proposé de l’opérer et, le 7 janvier 2022, gorge ou encore les pieds qui pelaient. Et je n’ai pas Qu’avez-vous appris de plus important au cours de ces check-up de routine, on m’a diagnostiqué un je me suis endormie sur la table d’opération, pu reprendre mon travail depuis avril 2021. J’ai beau- derniers mois ? cancer du poumon. En juin, j’ai commencé sans savoir comment j’allais être au réveil... coup de soutien de mon mari et de ma famille. J’ai M-TFL : Qu’il faut rester positif ! Avec des voisins une chimiothérapie. Puis, il y a eu des séances Tout s’est bien passé et j’ai repris les séances aussi une voisine qui fait du reiki et une amie qui m’a qui ont aussi un cancer, on se téléphone souvent de rayons, tous les jours du lundi au vendredi de rayons, pour détruire les métastases dans le particulièrement aidée. pour prendre des nouvelles et se soutenir. Avant ma pendant plus de six semaines. Après une qua- cerveau. Après, les résultats étaient bons pour maladie, le mot cancer me faisait penser à la mort. trième chimiothérapie, j’ai commencé une le poumon, mais il y avait encore des métas- Aujourd’hui je n’y pense pas, je lutte ! immunothérapie en octobre 2021, pour ren- tases dans la tête. J’ai donc repris les rayons PHOTOS : MICHAEL GRANDGIRARD forcer mon système immunitaire. Fin 2021, et je viens de terminer une nouvelle immuno- j’ai ressenti des pertes d’équilibre. Une IRM et thérapie. 4 5
Horizon 2030 Horizon 2030 ÉLÉMENTS CLÉS DANS LE SYSTÈME DE SANTÉ 2030 Afin de garantir des soins de qualité au plus proche de Les plus-values sont nombreuses pour la population. Au la population, la Stratégie 2030 de l’HFR repose sur un cours de sa vie et en fonction de son état de santé, une SITE DE RIAZ centre hospitalier moderne et équipé pour soigner les cas personne sera hospitalisée à quelques reprises. Mais les complexes, et des centres de santé de proximité répartis situations où elle devra consulter un spécialiste ou aura dans les régions (Riaz, Meyriez-Murten, Tavel). Développés besoin de services de santé sont bien plus nombreuses. avec les partenaires de santé locaux, ils s’adaptent aux Cela fait donc pleinement sens de proposer de telles besoins de la population (différents selon les régions) et prestations, coordonnées, réunies et décentralisées, au CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ, UNE aux spécialistes à disposition. Ils dispensent des consul- tations et des traitements médicaux et psychiatriques plus proche de la population. Et l’HFR tient à réaliser ce développement en coordination avec les autres acteurs, PLUS-VALUE POUR LA POPULATION ambulatoires, proposent des prestations sociales et comme les ligues de santé, le RFSM, les soins à domicile paramédicales (consultations alimentation, service social, ou les médecins installés, afin de simplifier et d’améliorer planning familial, soins à domicile). le suivi des patient-e-s. DU SUD FRIBOURGEOIS LA LISTE ICI DE TOUTES LES PRESTATIONS OFFERTES AU CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ Le premier Centre de santé de l’HFR a ouvert officiellement en janvier à l’HFR Riaz, et l’offre de prestations va s’étoffant. La population du Sud fribourgeois a ainsi accès à un lieu de soins adapté à ses besoins grâce à une Permanence, à diverses consultations spécialisées et à des prestations paramédicales. Le modèle va progressivement être déployé sur les Étage C Étage D Étage E AU 01.01.2023 autres sites régionaux de l’HFR. Priska Rauber Gynécologie Chirurgie Cardiologie NOUVELLE ZONE Diététique Oncologie Orthopédie DU CDS Le Centre de santé de Riaz repré- l’HFR proposent désormais des Différents espaces urgences non vitales. Une extension Neuro-psychologie Hémodialyse Onco-génétique Stomathérapie Néphrologie sente une plus-value pour les consultations en un même lieu. La première pierre du Centre de du bâtiment – l’ajout de quatre Diabétologie patients et les patientes du Sud fri- Aux consultations existantes qui santé a été posée fin 2021, à l’ou- étages au-dessus de la Clinique de Ligue contre le cancer Physiothérapie bourgeois. Ces derniers ont en effet demeurent (chirurgie, orthopédie, verture de la Maison de garde, en jour – est prévue d’ici fin 2025, afin Ergothérapie un accès près de chez eux à diffé- gynécologie, infectiologie, angio- collaboration avec les médecins d’accueillir tous les partenaires inté- Radiologie rentes consultations spécialisées et logie, etc.), s’ajoutent ainsi celles généralistes gruériens. Des travaux, ressés. traitements ambulatoires, grâce à du Centre métabolique, de pneu- réalisés en 2022, ont ensuite été une collaboration public-privé, à mologie, de rhumatologie, de neu- nécessaires afin d’adapter le bâti- Ainsi aujourd’hui, avec ses différents un réseau de prestataires internes rologie, d’antalgie, d’infiltrations ment aux éléments clés d’un centre espaces de soins et de consultations et externes à l’HFR. Ces parte- rachis et d’anesthésie. de santé. Ainsi à droite de l’entrée ambulatoires médicales, psychia- Entrée naires et spécialistes n’ont pas été principale se trouve désormais triques et sociales, avec son backof- Étage B principale choisi au hasard : ils proposent des Les consultations d’antalgie par l’espace de consultations ambu- fice comprenant le Laboratoire et Laboratoire Entrée de la prestations en lien avec le contexte exemple permettent aux 30% de latoires. L’aile gauche constitue la Radiologie, avec la Permanence Permanence / CDS CONSULTATIONS sanitaire et l’évolution du système patient-e-s du sud qui consultaient quant à elle la Clinique de jour, un et la Maison de garde, le Centre de Maison de garde Rhumatologie de santé, le vieillissement de la au Centre de la douleur de l’HFR, service ambulatoire de soins médi- santé de Riaz assemble les éléments CdS gestes / traitements Neurologie population et les maladies chro- basé à Fribourg, de se rendre à Riaz. co-infirmiers dédié aux traitements clés du concept. Un concept élaboré Antalgie Pneumologie Angiologie Centre métabolique niques d’avenir. Une consultation mixte, inédite, a et gestes. L’entrée principale a éga- pour répondre à l’évolution du sys- Ostéoporose en outre ouvert à la fin de l’année. lement été transformée en zone tème de santé et aux besoins de la Ligue pulmonaire Médecine interne Ligue diabète Ainsi, le Réseau santé et social Elle réunit des spécialistes de trois de réception, un espace d’accueil population. Il va maintenant être RFSM de la Gruyère (RSSG), le Réseau services différents pour répondre informatif, convivial et relaxant. déployé sur les sites de Tavel et de Réseau Santé et Social de fribourgeois de santé mentale plus rapidement aux besoins des Quant aux consultations sans ren- Meyriez-Murten, en collaboration la Gruyère (RFSM), la Ligue pulmonaire, la patients et des patientes souffrant dez-vous, elles sont possibles à avec les partenaires de santé locaux. Ligue contre le cancer, Diabètefri- de rachialgies (douleurs du dos/ la Permanence et à la Maison de bourg et plusieurs spécialistes de rachis) chroniques. garde, qui permettent de traiter les ENVIE D’EN SAVOIR PLUS SUR LES CENTRES DE SANTÉ ? REGARDEZ ICI LES INTERVIEWS FILMÉES DE LA DRE EMILIE ERARD, COORDINATRICE MÉDICALE DU CENTRE DE SANTÉ DE RIAZ, ET DU DR ERWAN KERAVEC, MÉDECIN GÉNÉRALISTE BULLOIS 8 9
L’ambu latoire Dossier UNE PRISE EN CHARGE À L’HÔPITAL, MAIS SANS HOSPITALISATION. L’AMBULA- TOIRE S’EST INSTALLÉE ET NE CESSE DE SE DÉVELOPPER DANS LE MILIEU DE LA SANTÉ. SES ORIGINES SONT MULTIPLES : ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET TECH- NOLOGIQUES. CETTE PRATIQUE AMBULATOIRE A REDÉFINI LES CONTOURS DE LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS ET DES PATIENTES, MAIS AUSSI DES PRATIQUES MÉDICO-SOIGNANTES. CES ÉVOLUTIONS DESSINENT L’HÔPITAL DE DEMAIN. IL EST AU CŒUR DE LA STRA- TÉGIE 2030 DE L’HFR : TOURNÉ VERS UNE PRISE EN CHARGE GLOBALE PROCHE DE CHEZ SOI, PAR UN RÉSEAU DE SOINS SE DÉPLOYANT AUSSI EN DEHORS DES MURS DE L’HÔPITAL GRÂCE À DE NOMBREUX PARTENAIRES DE SANTÉ. AU FIL DE CE DOSSIER CONSACRÉ À L’AMBULATOIRE, VOUS DÉCOUVRIREZ CE QUI SE CACHE DERRIÈRE CE TERME UN PEU NÉBULEUX, GRÂCE NOTAMMENT À FERNANDO RODRIGUES, OPÉRÉ D’UNE CHEVILLE ET DE RETOUR CHEZ LUI LE JOUR- MÊME, VOUS LÈVEREZ LE VOILE SUR LES IMPLICATIONS POUR CHACUNE DES DIRECTIONS OU VOUS PLONGEREZ DANS LE QUOTIDIEN D’ESTELLE FEHLMANN, INFIRMIÈRE À L’HFR RIAZ, DONT LE TRAVAIL A ÉTÉ RADICALEMENT MODIFIÉ. ©JO BERSIER 10 11
Dossier Dossier PROGRÈS GESTION « Au-delà de ses effets sur les coûts, l’ambulatoire TECHNIQUES DES permet de préserver des capacités du stationnaire pour la prise en charge de cas lourds » Annamaria Müller LITS L’AMBULATOIRE : UNE LAME DE FOND LIÉE À L’ÉVOLUTION DES TECHNIQUES MÉDICALES DÉCISIONS Depuis le début des années 2000, l’ambulatoire s’est mis à gagner du terrain par rapport à la prise en charge stationnaire. Une tendance, liée au progrès de la technique médicale, POLITIQUES qui promet de s’accentuer encore dans le futur. Sophie Roulin L’ambulatoire a le vent en poupe. Le progrès des tech- sur les coûts de la santé et de mettre un peu d’ordre dans Des lits utilisés à bon escient Coordonner les soins niques médicales permet à davantage d’opérations et à la valorisation de certains gestes médicaux. » « Au-delà de ses effets sur les coûts, l’ambulatoire permet Dans les diverses régions du canton, des Centres de santé des interventions de plus en plus complexes d’être réali- de préserver des capacités du stationnaire pour la prise compléteront l’offre de l’HFR. « Les gens auront accès sées sans hospitalisation. Alors qu’elle s’inscrit dans un Les cantons à la manœuvre en charge de cas lourds, précise Annamaria Müller. Ce plus près de chez eux aux soins ne nécessitant pas d’in- contexte où les pressions économiques et politiques sont L’introduction d’un nouveau système de financement qui est bienvenu dans un contexte où nous faisons face à frastructures lourdes, note le directeur de l’HFR. Des fortes, cette tendance est en train de dessiner l’hôpital de des hôpitaux, en 2012, a également joué un rôle. « Avec la fois à une pénurie de lits, mais également à un manque traitements de chimiothérapies ou des examens comme demain. des effets de bords, ajoute le directeur de l’HFR. Cer- chronique de soignant-e-s dans les hôpitaux. » la colonoscopie ou l’endoscopie pourront se faire à Riaz, taines opérations étaient plus intéressantes financière- à Tavel ou à Meyriez, par exemple. » « Des techniques moins invasives, comme la laparosco- ment si elles étaient réalisées en stationnaire. » « Surtout Comment l’HFR s’adapte-t-il à ces changements ? « A pie ou l’arthroscopie, permettent aux opéré-e-s de récu- si les patient-e-s avaient souscrit à une assurance com- Fribourg, où les bâtiments ont plus de 50 ans, l’hôpi- A l’avenir, ces Centres de santé devraient aussi jouer un pérer plus rapidement, de prendre un repos de meilleure plémentaire », fait remarquer Annamaria Müller. tal n’a pas été conçu pour l’ambulatoire, répond Marc rôle important dans la coordination des soins. « C’est qualité à la maison et de réduire les risques de contrac- Devaud. L’idée est donc d’en construire un nouveau, avec l’un des enjeux majeurs de l’ambulatoire, souligne Marc ter des microbes hospitaliers, plus scientifiquement dites Les cantons, qui assument 55% de la facture en cas de des flux bien séparés entre ambulatoire et stationnaire. » Devaud. Avec ce système, la patiente ou le patient doit maladies nosocomiales », rappelle Annamaria Müller, séjour hospitalier alors qu’une intervention en ambula- Ce dernier ne devrait concerner que les soins aigus. davantage se prendre en charge, faire des choix et coor- présidente du Conseil d’administration (CA) de l’HFR. toire est entièrement à charge des caisses maladie, ont donner ses rendez-vous. Le médecin de famille pourrait commencé à réagir. « Lucerne a été le premier à mettre « Pour avoir une bonne gestion des lits hospitaliers, jouer ce rôle, mais comme il y en a de moins en moins, Seuls, ces éléments positifs pour la patientèle n’ont tou- en place un dispositif juridique stipulant qu’il ne paie- nous devons trouver des solutions pour déshospitaliser nous devons nous adapter et amener d’autres solutions. tefois pas suffi à amorcer le virage vers l’ambulatoire tel rait plus les séjours hospitaliers pour une liste donnée les patient-e-s qui peuvent l’être », poursuit Annamaria Le Centre de santé en fait partie. » qu’on l’observe depuis le début des années 2000. Des d’opérations, pouvant être réalisées en ambulatoire », Müller. Des réflexions sont menées pour disposer de décisions politiques sont venues soutenir ce mouvement. explique la présidente du CA de l’HFR. D’autres can- structures intermédiaires. « Au CHUV à Lausanne, par « Une première étape a été marquée par l’introduction de tons lui ont emboîté le pas ainsi que la Confédération, exemple, il existe un Hôtel des patients qui permet aux la structure tarifaire Tarmed, relève Marc Devaud, direc- en 2018. Et, à mesure que les techniques médicales évo- personnes de rester quelques nuits à proximité immé- teur de l’HFR. Avec une volonté de reprendre la main luent, d’autres interventions s’ajoutent à cette liste. diate de l’hôpital et de bénéficier de certains soins. » 12 13
Dossier Dossier LE SOUCI DU PATIENT QUI N’EST PLUS SOUS SON ŒIL La pratique ambulatoire a redéfini les contours de la prise en charge des patient- e-s et par là même, du métier d’infirmier-ère. Notamment dans la gestion de leur sortie. Témoignage d’Estelle Fehlmann, infirmière au sein de l’Unité d’oncologie ambulatoire de l’HFR Riaz. Priska Rauber PRATIQUE AVANCÉE POUR LA PROFESSION INFIRMIÈRE En oncologie, quasiment tous les traitements son œil, comme des soins. Alors non, elle n’es- LE PAYSAGE SANITAIRE ÉVOLUE. LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ACCROÎT LE BESOIN EN SOINS, LES MALADIES peuvent être réalisés en ambulatoire. Et c’est time pas que son métier s’appauvrit, bien au CHRONIQUES SONT EN AUGMENTATION ALORS QUE LES MÉDECINS DE PREMIER RECOURS MANQUENT. LA PRATIQUE heureux pour les patient-e-s, estime Estelle contraire. « Et puis, un projet s’est mis en place INFIRMIÈRE AVANCÉE (IPA) REPRÉSENTE UNE RÉPONSE PERTINENTE À CES NOUVEAUX DÉFIS. Fehlmann, infirmière à l’HFR Riaz, qui a en oncologie ambulatoire, cet automne à l’HFR œuvré d’abord en médecine aiguë pendant Riaz, qui va encore accentuer notre autonomie UN IPA, C’EST QUOI ? La possibilité d’accéder à une carrière clinique en tant neuf ans, une unité stationnaire, puis au sein et nos responsabilités : les consultations infir- Un-e infirmier-ère en pratique avancée (IPA) exerce un qu’infirmière-infirmier de pratique avancée confère en du Service d’oncologie ambulatoire depuis huit mières adultes, CINA. » Ces consultations sont métier à la frontière de celui de médecin et celui d’infir- outre un attrait nouveau à la profession. De quoi faciliter Dossier ans. Elle-même a donc pris le « virage ambula- menées par des infirmier-ères possédant un mier-ère. L’IPA a suivi une formation académique de niveau le recrutement de la relève et dissuader les infirmier-ères toire », et son travail quotidien en a été radica- CAS ou ayant suivi la formation CINA, dont master. En Suisse, il se décline en trois appellations : infir- d’abandonner l’exercice de leur profession. lement modifié. Estelle Fehlmann fait partie. « Je me réjouis de mier-ère clinicien-ne spécialisé-e (ICLS), infirmier-ère prati- pouvoir passer ce moment privilégié avec les cien-ne spécialisé-e (IPS), infirmier-ère de pratique avancée À FRIBOURG ? « Le changement le plus important est l’anti- patient-e-s, de les suivre, pour les aider à faire (IPA). Dans ses objectifs, l’HFR propose de mettre des postes d’IPA cipation de ce qui pourrait arriver au patient face aux effets de la maladie, des traitements et à disposition de chaque département médico-soignant. Le CONCRÈTEMENT ? une fois chez lui. Quand il est ici, on maîtrise de la gestion des symptômes. » corps médical ainsi que la Direction générale soutiennent ce L’IPA dispose de compétences élargies, allant de l’évalua- ce qu’il se passe. Et puis il part et on ne sait projet qui se mettra en place cette année 2023. Pour l’heure, tion clinique complète à l’établissement d’un diagnostic. pas ce qui arrive, ce qui peut arriver. » Le stress Prendre un peu plus de temps, car le rythme est sept infirmiers-ères ont suivi leur formation à Lausanne et Ces compétences lui permettent aussi de porter la respon- est là, de tout envisager – en fonction du trai- intense. Le patient est là pour quelques heures terminent le cursus courant 2023. Un IPA avec la fonction sabilité du suivi régulier des patient-e-s. Il peut prescrire des tement, mais aussi de l’attitude du patient seulement. « Il y a beaucoup de choses à penser d’ICLS a été engagé au début du mois de novembre pour le examens complémentaires, demander des actes de suivi et devant sa maladie, de son état physique et et à faire (soins, administratif, care, organisa- Service ambulatoire de l’HFR. Dans un deuxième temps, l’IPA de prévention ou encore, si c’est un-e IPS, renouveler ou moral, de son caractère, de ses ressources, de tion des soins à domicile) en peu de temps », aura toute sa légitimité au sein des Centres de santé. adapter si nécessaire certaines prescriptions médicales. ses proches – et de l’avoir préparé. « C’est ce confie Estelle Fehlmann, qui n’échangerait sa L’IPA intervient dans différents domaines et institutions, qu’on appelle l’éducation thérapeutique », pré- place pour rien au monde. « Pour moi, c’est un comme en chirurgie ou en oncologie ambulatoires, pour les cise l’infirmière. Une pratique personnalisée et privilège de pouvoir accompagner les patient- maladies chroniques, rénales, en EMS, auprès des ligues de complémentaire des soins, qui vise à renforcer e-s, d’être à leur côté dans ces moments-là, très santé ou dans la santé mentale. les compétences en santé des patient-e-s. Pri- difficiles, où ils viennent d’apprendre qu’ils ont mordial dans une unité ambulatoire. un cancer, qu’ils doivent subir des traitements BÉNÉFICES ATTENDUS ? ©JO BERSIER lourds, qu’ils ont peur. Nous pouvons claire- Ils sont multiples : Primordial également, la coordination et la col- ment leur apporter quelque chose. Ça ne sera • pour les patient-e-s : amélioration de l’accès aux soins, laboration avec tous les autres partenaires qui pas forcément plus facile, mais on les aura un moins de visites aux urgences, réduction des hospitali- s’occupent du patient en dehors de l’hôpital : peu aidés. C’est pour ça que je me sens à ma sations et de la durée d’hospitalisation médecins traitants, soins à domicile, ligues, place ici… » Et c’est ce rôle qui la motive tous • pour les médecins : temps médical retrouvé, nouvelles Voltigo, etc. (lire aussi en page 23). Alors si la les jours, pas le fait qu’en ambulatoire, elle possibilités de coopération pratique infirmière en ambulatoire pourrait lui n’ait plus à assurer de nuits ou de week-ends. • pour les infirmier-ères : nouvelles perspectives de car- donner la sensation d’abandonner à d’autres « C’est un confort de vie, certes, mais non, ce rière, un mode d’exercice plus autonome ; davantage de une partie des soins aux patient-e-s, Estelle n’est pas pour ça qu’on vient en oncologie. » responsabilités Fehlmann considère tout ce qu’elle peut faire On y vient pour soutenir des patient-e-s pris • pour le système de santé : réduction des coûts, meil- pour eux, même quand ils ne sont pas sous dans le vertige de la maladie. leure coordination des soins ©JO BERSIER 16 17
Dossier Dossier 7H05 7H25 7H49 8H18 Fernando Rodrigues arrive à l’HFR Riaz. Il dépose ses affaires à l’Hôpital de jour. L ’infirmière de l’Hôpital de jour transmet les infor- Le masque laryngé est posé, les équipes se mations à son collègue infirmier anesthésiste. préparent. 8H35 16H30 « OPÉRÉ ET DE RETOUR À LA MAISON L ’équipe est prête à inciser. L’opération durera F ernando Rodrigues appelle un ami pour qu’il le ramène à EN MOINS DE DIX HEURES » une heure trente. son domicile. Blessé au pied gauche, Fernando Rodrigues a été opéré début novembre au Centre de santé de l’HFR Riaz. Nous avons pu suivre ce patient lors de son intervention, une arthroscopie réalisée en ambulatoire. Reportage. Sophie Roulin « Allez, on vous envoie à votre Un dernier contrôle oral précède subi près de dix opérations. Tout Cette blessure s’inscrit sur une « Plutôt qu’une opération tra- lui indique Sandra Berset. Suivra apéro aux 4 vallées. De jolis rêves l’incision. Identité, date de nais- s’est toujours bien passé. Je ne suis précédente, vieille de vingt ans. ditionnelle, elle a suggéré une une instruction pour les injections à vous! » Les yeux de Fernando sance et mode opératoire sont pas inquiet. » Après son admis- Travaillant sur les chantiers, Fer- arthroscopie, en ambulatoire, d’un anticoagulant pour éviter les Rodrigues papillonnent encore répétés. « Arthroscopie de la sion, il est brièvement passé à nando Rodrigues était tombé d’un pour enlever l’os superflu et thromboses. « La charge maxi- au-dessus du masque à oxygène. cheville gauche. Durée de l’opé- l’Hôpital de jour pour déposer ses échafaudage, se fracturant le pied nettoyer l’articulation. » Mais, male sur votre pied doit se limi- La deuxième dose de liquide, ration : une heure trente. » L’ins- affaires personnelles et endosser gauche. Durant la guérison, l’os- même sans séjour hospitalier, ter à 15 kilos », rappelle encore injectée par le médecin anesthé- trumentiste tend le scalpel au sa chemise d’opéré. Sandra Berset, sification s’est reformée en dépas- six semaines de convalescence l’infirmière. D’autres consignes siste dans la perfusion, ne tarde médecin. Il est 8h35. infirmière à l’Hôpital de jour, lui a sant son emplacement naturel, ce attendent Fernando Rodrigues. viendront lors de la première des pas à produire son effet. Les mus- posé les questions d’usage, avant qui limitait les mouvements de neuf séances de physiothérapie cles se relâchent. La tête du patient A 8h39, le dispositif est en place. de prendre sa tension et sa tempé- l’articulation. « J’ai toujours eu Consignes et plateau-repas prescrites pour aider le patient à retombe sur le côté. Dans la salle Deux incisions permettent d’ins- rature. Elle l’a ensuite transporté des douleurs, mais c’était suppor- Après une heure trente au bloc, les retrouver sa mobilité. d’opération, le rythme s’accélère. taller l’arthroscope, ce petit tube sur son lit jusqu’au bloc, au rez table. » médecins sont parvenus à extraire qui laisse passer la caméra et les inférieur. les bouts d’os et à nettoyer l’ar- A 16h30, il appelle un ami pour Un masque laryngé est placé dans instruments miniatures. La salle Sauf que la chute du mois de mai ticulation de la cheville. Les frag- qu’il le ramène à son domicile. la gorge de Fernando Rodrigues. d’opération est plongée dans la Un os baladeur dans la cheville dernier a brisé cette ossification, ments enlevés sont montrés à Fer- Entre-temps, Sandra Berset a pu Une technicienne de salle et un pénombre. Tout se passe désor- L’opération était prévue depuis le laissant un petit bout d’os migra- nando Rodrigues alors qu’il est de lui proposer un plateau-repas et médecin assistant se succèdent mais à travers l’écran qui pro- début de l’été. La blessure, elle, date teur à l’intérieur de l’articula- retour à l’Hôpital de jour. les médecins sont passés le rassu- pour désinfecter le pied et le bas jette les images transmises par la du mois de mai, quand Fernando tion. « Selon où il se positionnait, rer. L’opération s’est bien dérou- de la jambe. Des cliquetis métal- caméra. Rodrigues a marché sur une dallette c’était gênant et douloureux. » Le patient y est revenu après l’opé- lée. « Ils m’ont même amélioré liques se font entendre : l’infirmier mal fixée. « Je suis tombé et l’articu- Son médecin traitant dirige alors ration et un passage à la salle de d’après ce qu’ils m’ont dit. » instrumentiste prépare le plateau Fernando Rodrigues est arrivé ce lation de la cheville a été forcée. » Fernando Rodrigues vers la Dre réveil. « Lundi, vous devez vous PHOTOS : ALEXANDRE BOURGUET opératoire. Un garrot est posé en vendredi matin à 7h05 à l’HFR Angela Seidel, chirurgienne ortho- rendre chez votre médecin trai- haut de la cuisse. Riaz. Plutôt détendu. « J’ai déjà pédique. tant pour changer le pansement », 18 19
Dossier TOUT UN SYSTÈME HOSPITALIER À ADAPTER Système informatique L’avenir est à la digitalisation autour des patient-e-s. « A l’avenir, les L’ambulatoire concerne en premier lieu les domaines patient-e-s seront acteurs de leur santé, relève Stéphane Brand, directeur médico-soignants. Mais pas seulement ! C’est tout le des systèmes d’information et opérations (DSIO). Ils doivent notamment pouvoir prendre rendez-vous en ligne, avoir une vue d’ensemble de leurs fonctionnement de l’hôpital qui s’adapte à cette prise en consultations ou recevoir des convocations directement sur leur mail ou charge. Tour d’horizon des directions. Lara Gross Etter téléphone. » Cette transition s’annonce bénéfique pour les patient-e-s, mais aussi pour les équipes médico-soignantes. Ressources humaines Permettre une mobilité interne et cibler le recrutement : voici les défis Actuellement, un-e patient-e reçoit une convocation papier, puis s’an- des Ressources humaines (RH). « En ambulatoire, les gestes techniques nonce aux admissions avant un rendez-vous. « Dans un proche avenir, diffèrent, il s’agit de suivre des patient-e-s chroniques, relève Michaela les patient-e-s pourront nous transmettre leurs données administratives Bubach, directrice RH. Les carrières débutent souvent en stationnaire, électroniquement. » Quant à leur dossier, il est au format papier ou pdf, Dossier au lit du patient-e, puis les collaborateurs-trices se tournent vers l’am- ce qui ne permet pas de reprendre les données de manière dynamique. bulatoire, qui offre une meilleure conciliation vie privée/vie profession- « Cette situation n’est clairement pas idéale pour la transmission entre nelle. » Les consultations se déroulent en journée et en semaine, un les différents services amenés à prendre en charge ces patient-e-s. » Si la rythme favorisant une vie de famille ou encore une réinsertion dans la première étape se fera à l’interne, à terme le système permettra d’intégrer profession. les partenaires externes, tels que les médecins traitants. « Il s’agit d’un changement énorme en terme d’infrastructures, de mode de fonctionne- L’attrait est au rendez-vous et permet des spécialisations dans des ment et d’outils, mais c’est l’avenir. » domaines tels que la gestion de la douleur ou encore la cicatrisation. « Les cas sont peut-être moins lourds, mais le rythme des consultations Finances est soutenu. Les effets pour les RH ne concernent pas tant le nombre Quid des finances quand il s’agit d’ambulatoire ? « Le financement dif- de soignant-e-s, mais bien le type de soins pour lequel cibler le recrute- fère, répond Nathalie Tercier, directrice financière ad intérim. L’Etat par- ment. » ticipe en partie au financement du stationnaire, tandis que l’ambulatoire est financé à 100% par les caisses maladies, avec un risque de contesta- Logistique tions accru. » A cela s’ajoute l’attente de l’introduction de la nouvelle Les effets de l’ambulatoire pour les équipes logistiques ne sont pas structure tarifaire ambulatoire qui va remplacer le Tarmed. Cette struc- ceux auxquels on pense de prime abord. Plus que l’entretien, ce sont ture devra réunir des forfaits et un tarif à la prestation reposant sur des davantage les infrastructures qui voient cet afflux changer leur quoti- éléments de Tardoc. Le dossier est entre les mains du Conseil fédéral. dien. « L’hôpital a été conçu pour des hospitalisations, explique Andreas Berger, directeur logistique. Prenons l’exemple d’un-e patient-e station- Dans la pratique, cela va amener diverses adaptations. « Nous devrons naire. Cette personne se fera déposer, tandis que quelqu’un qui vient développer de nouvelles fonctions pour le suivi et l’analyse des forfaits en consultation pour quelques heures préfère être autonome dans ses ambulatoires. Il y a également davantage de cas à traiter aux admis- déplacements. » sions, raison pour laquelle des réflexions sont menées sur la gestion du flux patient-e-s lors de cette étape. » Autant de changements qui viennent Les répercussions sont concrètes : parking plein, circulation et bouchons, étoffer les tâches de la direction financière « et qui conduisent à une inter- affluence à la cafétéria ou au kiosque, mais aussi gestion des salles de disciplinarité croissante des collaboratrices et collaborateurs ». consultation. « C’est là que réside un des points forts des Centres de santé : ils sont pensés de manière modulable. Je fais souvent le paral- lèle avec un hôtel et ses salles de conférences : les séminaires changent chaque jour, mais la gestion des salles, elle, ne change pas pour l’hôtel. » 20 21
Dossier Dossier DU STATIONNAIRE À L’AMBULATOIRE ? De plus en plus d’interventions médicales sont réalisées en ambulatoire, pour l’HFR ce sont « TOUT UN AU NOMBRE DE CES DIFFÉRENTS PARTENAIRES OFFRANT DES PRESTATIONS DE SOINS AMBULATOIRES ON COMPTE : plus de 5000 interventions par an. La proportion d’ambulatoire varie selon les spécialités et en fonction de la complexité des opérations. Quelques exemples chiffrés à l’HFR et en RÉSEAU LES MÉDECINS DE FAMILLE Les si bien nommés médecins de premier recours jouent un rôle essentiel dans AUTOUR DU le réseau sanitaire. Ils sont souvent les premiers interlocuteurs de la popula- tion, assurent le suivi et la coordination avec les autres prestataires, dont les Suisse. Monika Joss spécialistes vers qui ils ont envoyé leurs patient-e-s. Nous employons des chiffres de 2019, car les chiffres de 2020/2021 ne sont pas significatifs en raison de la pandémie de Covid-19. Nombre d’interventions1 au bloc opératoire Proportion d’interventions PATIENT » LES SPÉCIALISTES Au rang des partenaires de santé, il y a bien sûr les soignants spécialisés (psy- à l’HFR Fribourg Nombre – Hôpital d’interventions1 cantonal en 2019 au bloc opératoire ambulatoires Proportion à l’HFR d’interventions En médecine ambulatoire, le chologues, logopédistes, nutritionnistes, etc.) et autres médecins spécialistes à l’HFR Fribourg – Hôpital cantonal en 2019 ambulatoires à l’HFR (gynécologues, radiologues, etc.) exerçant en structures privées. Certains En chirurgie orthopédique patient doit pouvoir compter d’entre eux sont en outre accrédités pour effectuer des interventions (chirur- 45% et traumatologie 6418 5003 39% En chirurgie orthopédique 45% et traumatologie sur tout un réseau de gie, accouchements par exemple) dans les hôpitaux publics ou les cliniques privées. 6418 en stationnaire en stationnaire 5003 en ambulatoire en ambulatoire 39% partenaires. Priska Rauber LES LIGUES DE SANTÉ 35% 34% En chirurgie générale Le domaine ambulatoire va bien Les ligues de santé œuvrent en tant que spécialistes du cancer, du diabète, des au-delà des murs de l’hôpital. Dans 35% 34% En chirurgie générale affections respiratoires et des soins palliatifs. Elles proposent des activités ce système, ce dernier devient une de sensibilisation, de prévention et de dépistage précoce. Elles assurent des composante d’un réseau. Les soins prestations infirmières et diététiques spécialisées en diabétologie, affections hospitaliers ne représentent qu’une respiratoires et soins palliatifs, à domicile et dans les différentes antennes part de la prise en charge sanitaire réparties dans chacun des districts. Les patient-e-s bénéficient également 2015 2019 de la population, dont les besoins d’un accompagnement psychosocial, de soutien à la réinsertion profession- vont de plus en plus vers le traite- 2015 2019 ment de maladies chroniques. Soit, nelle et de conseils spécifiques en psycho-oncologie. Parallèlement, elles mettent à disposition les appareils et le matériel nécessaire au traitement de selon l’OMS, les cardiopathies, les Opérations unilatérales d’hernies inguinales Évolution des coûts3 ces affections. accidents vasculaires cérébraux, les en Suisse Opérations unilatérales 2 d’hernies inguinales Opérations unilatérales Évolution desd’hernies coûtsinguinales 3 cancers, les maladies respiratoires LES SOINS À DOMICILE en Suisse chroniques (BPCO, asthme) et le en Suisse2 Opérations unilatérales d’hernies inguinales diabète. Ces pathologies nécessitent Dispensés par les équipes interprofessionnelles des réseaux de santé ou le 17.6 CHFen Suisse personnel d’organismes privés, les prestations d’aide et de soins à domicile des traitements sur le long terme, 97.4 CHF prodigués par différents profession- visent à soutenir les personnes aussi bien pour les soins d’hygiène, l’alimenta- 17.6 Mio tion, les soins techniques spécialisés, l’aménagement de leur environnement 10.4 Ambulatoire 97.4 nels. grâce à un large éventail de compétences techniques et humaines. Mio CHF 10.4 Ambulatoire 57 CHF Quand ces différents profession- LE RFSM Mio 57 nels coopèrent et se coordonnent en un réseau, le suivi des patient- Le Réseau fribourgeois de santé mentale est un pôle de compétences pluridis- Mio ciplinaires spécialisées en santé mentale, actif sur six sites. Il offre à la popu- 5.7 Stationnaire e-s en est amélioré. C’est d’ailleurs lation fribourgeoise des prestations hospitalières, intermédiaires par le biais 3.7 tout l’intérêt des centres de santé de cliniques de jour, ambulatoires, d’urgence et de liaison auprès de l’HFR, 5.7 Stationnaire que développe l’HFR aujourd’hui, 3.7 par le regroupement des différents des EMS ainsi que d’autres centres spécialisées. Organisé en trois secteurs – enfants et adolescents, adultes et personnes âgées – le RFSM prend en charge partenaires en un même lieu. Le 2015 2019 système de santé n’est alors plus environ 10’000 patient-e-s par année. Nombre de cas 2015 2019 taux standardisé par 10’000 habitants, 2015 2019 seulement axé sur la prise en charge LES EMS de la maladie, mais sur la prise en Nombre de cas par 10’000 habitants, taux standardisé 2015 2019 Au-delà de la prise en charge résidentielle, certains EMS accueillent des per- charge globale du patient. sonnes pour un court séjour d’une semaine à trois mois selon leur besoin, sou- 1 Interventions hors ophtalmologie, pour laquelle les traitements se font presque exclusivement en ambulatoire. vent à la suite d’une intervention hospitalière et en vue d’un retour à domicile. 2 Source : Interventions électives à effectuer en ambulatoire : évolution du nombre de cas/Obsan (admin.ch) 3 Source : Interventions électives à effectuer en ambulatoire : évolution des coûts/Obsan (admin.ch) 22 23
Q u o i d e n e u f d o c t e u r ? Même pas peur ©JO BERSIER OPÉRATION DE LA HANCHE : UNE ÉTUDE MENÉE POUR LE BIEN-ÊTRE DU PATIENT Et si lors de votre opération de la hanche Un bénéfice pour les patient-e-s Sur la centaine de patient-e-s à inclure dans l’étude, vos douleurs étaient atténuées, votre plus de la moitié a déjà été opérée. « Une fois le patient médication diminuée et la durée de votre sous anesthésie générale, le médecin anesthésiste pra- tique une injection dans la région de la hanche, cer- séjour hospitalier réduite ? L’étude menée tains reçoivent le bloc PENG, d’autres un placebo par le Dr Matthieu Hanauer, soutenue (sérum physiologique). Dans les deux cas, la procé- dure est identique. » Ce sont ensuite les observations par les subventions de recherche HFR et postopératoires qui détermineront si les effets atten- récompensée par le Prix Georges Python, dus sont au rendez-vous : « Nous suivons les douleurs rapportées par les patient-e-s sur les vingt-quatre vise ces trois objectifs. Lara Gross Etter premières heures après l’intervention, la quantité de morphine administrée sur ce même laps de temps et Une technique d’anesthésie ciblée qui endort unique- finalement, la durée du séjour à l’hôpital. » ment la partie sensitive des nerfs et non pas la fonction motrice : c’est le secret du bloc d’anesthésie PENG Autant d’éléments qui permettront de dire si ce bloc (pour Pericapsular Nerve Group), récemment intro- anesthésique fait ses preuves pour ce type d’opération. duit pour les opérations de la hanche à l’HFR. Le bénéfice serait triple : « Les patient-e-s voient leur consommation de médicaments et leur séjour réduits, Le Dr Matthieu Hanauer a eu l’idée d’observer les la gestion du flux de patients est améliorée au sein de effets de cette technique sur deux types d’interventions l’hôpital et finalement toute la population fribour- dites électives : la pose de prothèse totale de hanche geoise est gagnante, sachant que d’ici 2035 le nombre par voie mini-invasive et la luxation chirurgicale de de ces opérations aura doublé. » hanche, qui vise à corriger les déformations chez les patient-e-s jeunes afin de retarder ou prévenir le déve- Tous les biais écartés loppement de l’arthrose. « C’est la première étude qui Les patient-e-s prenant part à cette étude, menée en se penche sur l’utilisation de ce bloc anesthésique pour collaboration avec le Service d’anesthésiologie, sont des opérations électives », relève le 1er chef de clinique inclus au fil des consultations. La répartition se fait du Service de chirurgie orthopédique et traumatolo- au hasard et le suivi en double aveugle, « ni le médecin gie, dirigé par le Prof. Moritz Tannast. anesthésiste, ni le chirurgien, ni le patient ne savent si le produit injecté est l’anesthésiant ou le placebo. » Le niveau de preuve scientifique étant le plus élevé, les risques de biais pour l’étude sont ainsi écartés. 24 25
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