L'ANALYSE DE DROGUES COMME OUTIL DE RÉDUCTION DES RISQUES - RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE DU RÉSEAU XBT POUR L'ANALYSE PAR CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE
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L’ANALYSE DE DROGUES COMME OUTIL DE RÉDUCTION DES RISQUES RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE DU RÉSEAU XBT POUR L’ANALYSE PAR CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE
L’ANALYSE DE DROGUES COMME OUTIL DE RÉDUCTION DES RISQUES RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE RÉDIGÉ PAR Aurélie BLANC, Sevag CHENORHOKIAN, Rosa COUCKE, Marie DEBRUS, Aurélien LE FORESTIER, Grégory PFAU, Mathinne ROYAYI, Nanthida SOUVANNAVONG. CONTRIBUTEURS DU RÉSEAU XBT Tiphaine JOUANY (MdM), Marie LALUQUE (MdM), Houda MERIMI (MdM), Anne-Christine MOREAU (Addicto Centre APLEAT Orléans), Christine POCHON (Pause Diabolo Lyon), Camille PONTE (Clémence Isaure Toulouse), Valérie SOLBES (MdM), Anne TOMASINO (MdM), Manon Villot-Kadri (MdM). AUTRES CONTRIBUTEURS Ruth Gozlan (MILDECA), Guy JONES (The Loop, UK), Anton LUF (Check it !, AT), Jean-Michel TASSIE (DGS), Mireia VENTURA (Energy Control, ES).
AVANT-PROPOS Le dispositif global d’analyse de drogues utilisé comme outil de réduction des risques (RdR) par les partenaires du réseau de la mission XBT1 de Médecins du Monde (MdM) est décrit dans deux documents complémentaires : • un référentiel éducatif présentant le dispositif dans son ensemble et décrivant le déroulement des entretiens de collecte et de rendu de résultats auprès des usagers ; • un référentiel technique détaillant le processus d’analyse par chromatographie sur couche mince (CCM). Les référentiels sont construits sur l’expérience de Médecins du Monde qui a développé l’analyse de drogues depuis 1999, ainsi que sur celle du réseau de partenaires de la mission XBT. Ils ont été élaborés à partir des pratiques et savoir-faire acquis dans l’espace festif comme dans l’espace urbain, en lieu fixe ou avec une unité mobile, par des personnes aux profils multiples ayant des expériences variées (salariés, bénévoles, consom- mateur.trice.s de produits ou non, etc.). L’écriture des référentiels a également pris en compte les expériences reconnues à l’étranger. Ces documents ont pour objectif d’accompagner la mise en place de l’analyse de drogues comme outil de réduction des risques. Ils seront mis à disposition de l’ensemble du réseau de RdR ainsi que des autorités de tutelle afin que les équipes souhaitant mettre en place un dispositif d’analyse de drogues comme outil de RdR puissent s’en inspirer. 1 - Mission ayant pour objectif de développer l’analyse de drogues comme outil de RdR 3
ACRONYMES ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament MdM : Médecins du Monde CAARUD : centre d’accueil et d’accompagnement à la ONUDC : Organisation des Nations unies contre la réduction des risques pour usagers de drogues drogues et le crime CCM : chromatographie sur couche mince PTFE : polytétrafluoroéthylène CSAPA : centre de soin, daccompagnement et de RdR : réduction des risques prévention en addictologie Rf : rapports frontaux EPI : équipements de protection individuelle RPP : reconnaissance présomptive des produits GC-MS : chromatographie en phase gazeuse – spectrométrie de masse (gas chromatography - mass SINTES : Système d’identification national des toxiques et spectrometry) substances HPLC : chromatographie liquide à haute performance UV : ultra-violet (high performance liquid chromatography) XBT : xénobiotrope IR : infra-rouge 4
SOMMAIRE AVANT-PROPOS 3 RÉFÉRENCES 23 PARTIE 4 - ANNEXES 24 ACRONYMES 4 Annexe 1 – Ressources humaines 24 Annexe 2 – Présentation du kit de SOMMAIRE 5 prélèvement 25 Annexe 3 – Rapport d’évaluation du laboratoire de toxicologie du CHU de Lille 30 PARTIE 1 - INTRODUCTION 6 Annexe 4 – Rapport complémentaire d’évaluation 45 PARTIE 2 - ORGANISATION DE Annexe 5 – Logigrammes 47 L’INTERVENTION 8 Annexe 6 – Fiches informatives sur des adultérants 50 2.1 Ressources humaines 8 2.2 Éléments et conditions de securité 9 2.3 Liste de matériel 10 REMERCIEMENTS 59 2.4 Stockage et sécurisation 13 PARTIE 3 - PROTOCOLE CCM 14 3.1 Version résumée 14 3.2 Version détaillée 14 3.3 Amélioration des capacités analytiques par CCM et contrôle qualité 22 5
PARTIE 1 : INTRODUCTION L’analyse par chromatographie sur couche mince (CCM) est venue étoffer le dispositif au début des L’analyse de drogues comme outil de réduction des années 2000. Cette méthode d’analyse a pris de risques est proposée au sein des missions rave de l’ampleur suite à l’interdiction d’utilisation de la RPP Médecins du Monde à la fin des années 1990. pour les intervenants de RdR en 2005. Largement inspirée du système d’analyse Toxilab© (dont la com- Constatant que les techniques de reconnaissance pré- mercialisation est aujourd’hui arrêtée), la méthode somptive de produits (RPP) utilisées à l’époque don- d’analyse par CCM a été affinée à partir des recom- naient lieu à de nombreuses réactions incohérentes mandations de l’ONUDC (ONUDC, 2007). (faux positifs, faux négatifs), les équipes ont sollicité des laboratoires hospitaliers pour développer l’analyse La méthode CCM a été choisie par MdM en fonction des drogues de synthèse en laboratoire (Beauverie & du rapport entre le coût (investissement initial et coût Le Vu, 2003). Rapidement, il s’est avéré nécessaire à l’utilisation) et les performances de la méthode (prin- de développer des outils analytiques permettant de cipalement sensibilité/spécificité), les autres méthodes connaître la composition des drogues, au regard d’un étant soit beaucoup plus chères (HPLC-DAD) soit moins marché sans cesse en évolution. sensibles (FT-IR). Avantages et contraintes de la méthode d’analyse par chromatographie sur couche mince (CCM) AVANTAGES CONTRAINTES • Une méthode qualitative, qui permet de reconnaître • Exigence d’une main d’œuvre qualifiée et avec de la composition (détéction +/-identification) des produits l’expérience pour interpréter les résultats et orienter vers analysés d’autres outils analytiques complémentaires si besoin • Méthode séparative non destructive [attention particulière au moment du recrutement] • Technique ancienne, éprouvée et encore utilisée en • Tributaire d’une collecte extemporanée, pas ou peu de toxicologie hospitalière maîtrise du seuil de détection des molécules [importance de la formation des collecteurs et utilisation du kit de • Matériel requis pour sa réalisation simple, disponible et collecte prévu à cet effet] peu couteux • Méthode rapide (30 minutes), faisant place à la • La durée entre la collecte et l’analyse par le laboratoire (si le laboratoire n’est pas sur place) influe sur la qualité discussion avec le bénéficiaire de l’analyse [mettre en place un système efficace d’envoi, • Coût initial faible cohérent avec les temps d’analyse] • Système ouvert3, des bases de données gratuites et • Besoin d’échantillons témoins certifiés [partenariat avec transférables SINTES ou un laboratoire extérieur] • Méthode facilement déplaçable en « extérieur » • Méthode sensible à l’environnement (humidité, chaleur) • Outil utilisé par des partenaires à l’international (Energy Control, Check In) Si l’analyse de drogues a d’abord été proposée lors d’évènements festifs techno, elle a été progressivement diffusée au sein d’un réseau de partenaires : Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD), Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), et associations intervenant en milieu festif. 3 - Un système ouvert n’est la propriété de personne, permettant le libre comparées aux substances proches (par exemple, methylphénidate, ethyl- échange des données. Les photos des chromatogrammes obtenus avec phénidate) et envoyés par mail aux autres laboratoires du réseau. une nouvelle drogue (par exemple, fluoro-methylphénidate) peuvent être 6
Depuis 2016, la loi compte l’analyse de drogues II.-Sa mise en œuvre comprend et permet les actions comme action relevant de la politique de réduction visant à : des risques. […] 5° Participer à l’analyse, à la veille et à l’information, Article L 3411-8 du Code de la santé publique : à destination des pouvoirs publics et des usagers, sur la « I.-La politique de réduction des risques et des dommages composition, sur les usages en matière de transformation en direction des usagers de drogue vise à prévenir les et de consommation et sur la dangerosité des substances dommages sanitaires, psychologiques et sociaux, la consommées. […] » transmission des infections et la mortalité par surdose liés à la consommation de substances psychoactives ou classées comme stupéfiants. En 2018, une évaluation conduite par le labora- gulièrement de nouvelles substances, induisant toire de toxicologie du CHU de Lille a confirmé des effets majeurs à des teneurs faibles, la priori- que la méthode par CCM utilisée dans le réseau té est de pouvoir détecter les substances. Lorsque XBT permet de détecter toutes les substances celles-ci ne peuvent être reconnues faute de té- ayant fait l’objet de l’évaluation (à l’exception moins, elles peuvent être envoyées au dispositif de la créatine) et d’identifier toutes celles pour SINTES pour analyses complémentaires. lesquelles une substance de référence (témoin) était disponible. Le fentanyl concentré à 1% peut L’évaluation ayant fait apparaître des disparités également être détecté et identifié. entre les différents laboratoires du réseau éva- lués, des recommandations pour améliorer le Cela confirme l’intérêt de cette méthode pour dispositif et élaborer une démarche de contrôle l’analyse de drogues comme outil de réduction qualité ont été développées dans la sous-partie des risques : dans le contexte d’un marché des «3.3. Amélioration des capacités analytiques par drogues non régulé, sur lequel apparaissent ré- CCM et contrôle qualité» de ce document. 7
PARTIE 2 : ORGANISATION DE L’INTERVENTION 2.1. RESSOURCES HUMAINES4 analystes du réseau doivent être formés à la pratique de la CCM appliquée au champ de l’analyse des dro- Afin d’assurer la sécurité du personnel pratiquant gues avant de pouvoir pratiquer en autonomie. l’analyse d’une part, la qualité du résultat et ainsi l’en- semble du dispositif d’autre part, nous exigeons de nos MdM a fait le choix de développer la technique d’ana- équipes que les analyses soient réalisées par du per- lyse par CCM en fonction du rapport entre le coût sonnel qualifié. Nous définissons comme qualifié tout (investissement initial et coût à l’utilisation), la mobilité personnel possédant une formation en pharmacie, et les performances de la méthode (principalement biologie ou chimie, leur conférant une connaissance sensibilité/spécificité), les autres méthodes étant soit théorique et pratique des gestes de base de labora- beaucoup plus chères (chromatographie liquide à toire et de chimie analytique, incluant la CCM. haute performance) soit non séparatives et moins sen- sibles (infrarouge). Cette connaissance doit leur permettre d’être en capacité d’avoir une analyse critique du résultat (par Il s’agit ici donc de savoir optimiser le potentiel de exemple en prenant en compte l’influence sur les l’outil CCM mais aussi de maîtriser ses limites, de les résultats du taux d’humidité, de la température, etc.). exposer aux usagers et de solliciter d’autres outils ou Ils doivent aussi connaître les techniques analytiques dispositifs complémentaires de manière adaptée. complémentaires auxquelles ils peuvent faire appel pour s’assurer de la fiabilité des résultats et être en Ces ressources humaines ne sont pas spécifiques à capacité de les mettre en œuvre (CCM en complé- la CCM mais nécessaires quelle que soit la méthode ment d’une analyse par technique infrarouge (IR) ; analytique utilisée comme outil de RdR car les mêmes chromatographie (gazeuse ou liquide) couplée à de compétences sont mises en jeu (bonnes pratiques de la spectrométrie de masse (HPLC/MS ; GC/MS) en laboratoire, analyse du résultat, prises en compte des complément d’une analyse CCM, etc.). Les nouveaux limites de l’outil analytique). Prérequis Toxicologie Pharmacologie Chimie analytique (dont CCM) Formation avant intervention Connaissance du marché des drogues (substances espérées, adultérants réels et fantasmés) Connaissance du comportement des substances dans les différents systèmes CCM Connaissance du dispositif global d’analyse de drogues (intérêts et limites des dispositifs XBT et SINTES, intérêts et limites des différentes techniques analytiques) 4 - Paragraphe traduit en français d’après le paragraphe à disposition en annexe 2, validé par Mireia Ventura (Energy Control, Espagne), Anton Luf (Check It ! Autriche) et Guy Jones (The Loop, UK). 8
Les intervenants qui pratiquent les entretiens de col- de sécurité existent et sont présentés succinctement lecte et de résultat peuvent assister au déroulement ci-dessous : des manipulations, mais ne peuvent en aucun cas pra- • Gants tiquer les analyses. • Blouse en coton • Lunettes de protection 2.2. ÉLÉMENTS ET CONDITIONS DE • Hotte ventilée • Poubelles spécifiques pour le stockage des SÉCURITÉ déchets toxiques (solvants) • Kit de sécurité (avec au moins un rince œil, des ÉLÉMENTS DE SÉCURITÉ feuilles d’absorbant, etc.) • Douche Il appartient aux responsables des dispositifs de RdR • Extincteur (type à choisir en fonction des produits (employeur, président d’association, etc.) de faire manipulés) les choix appropriés pour garantir la sécurité de ses • Armoires de stockage intervenants, bénévoles ou salariés. Plusieurs éléments Verrerie et petit matériel de laboratoire Cuves en verre avec couvercles en verre Pipettes en verre avec une propipette Pipettes Pasteur en plastique Micro-capillaires de 5 µL Flacons à vis en verre transparent 2 mL, bouchons avec un joint en PTFE Pince en acier inoxydable Portoir Béchers Flacons pour phase mobile au moins 125 mL verre teinté bouchon avec un joint en PTFE Récipients pour révélateur (fond plat, hauteur suffisante pour les plaques de 10 cm) Petite balance (0,1g) CONDITIONS DE MANIPULATION gralité des sessions d’analyse. • Disposer d’un point d’eau (eau courante si pos- Que ce soit en milieu festif, en antenne mobile ou sible, bidon autrement). en lieu fixe, le laboratoire doit respecter les mêmes • Installer le laboratoire dans un espace aéré et normes de sécurité et de conditions satisfaisantes de permettant l’évacuation de l’air de la hotte aspi- manipulation : rante, sauf si une hotte filtrante sans rejet extérieur • Disposer d’une surface plane et stabilisée où sera est installée. Dans tous les cas, s’assurer du change- installée la hotte, et qui permettra une migration ment régulier des filtres. horizontale des solvants sur les plaques. • Disposer d’armoires de stockage spécifiques, fer- • Disposer d’éclairages suffisants. mées à clef, identifiées et séparées (1 pour les pro- • Disposer d’un accès à l’électricité pendant l’inté- duits inflammables et 1 pour les produits corrosifs). 9
La visualisation des manipulations peut être un élé- sécurité spécifiques, l’accès au laboratoire aux per- ment pédagogique et éducatif pertinent pour les per- sonnes autres que les manipulateurs doit être régulé. sonnes, consommateur.trice.s ou professionnels de la RdR. Les manipulations nécessitant des conditions de 2.3. LISTE DE MATÉRIEL Équipements spécifiques au laboratoire Hotte filtrante idéalement avec un rejet extérieur (le type de filtre ainsi que la périodicité et les modalités du remplacement de celui-ci dépendent du modèle de hotte, des produits manipulés, de la fréquence d’utilisation, et des contraintes liées à l’environnement de manipulation) Paillasse de laboratoire en verre Lampe UV 254 nm et 365 nm, 6W (possibilité d’avoir une seule lampe pour les deux longueurs, ou bien deux lampes, attention à ne pas choisir une lampe à pile) Poubelle déchets solvants fournies par l’entreprise qui prend en charge les déchets (optionnel) Plaque chauffante de laboratoire, ou sèche-cheveux Autres types de matériel Critérium Règle transparente Cutter ou Exacto (qui ne servira qu’au laboratoire) Appareil photo (téléphone ou autre) (optionnel) Application de traitement et d’archivages des photos (type Genius Scan) Congélateur ménager -20°C Ordinateur avec une connexion internet pour les rendus de résultats Poubelle Broyeuse ou autre outil pour détruire les documents papiers Kits SINTES Un mortier et un pilon (pour broyer les comprimés à analyser) 10
Produits chimiques et consommables5 Nom Qualité Type Acide sulfurique >95% ; d=1,83 Corrosif Formaldéhyde En solution, minimum 37% Corrosif Solution ammoniaque aqueuse d=0,88 ; 35% Corrosif Acide acétique glacial Certifié AR ; Conforme Ph. Eur. ; BP ; USP ; Corrosif Qualité pour analyses Dichlorométhane Non stabilisé ; Qualité HPLC n-Heptane Approx. 95% ; Qualité HPLC Inflammable Acétate d’éthyle 99,5+% ; Qualité HPLC Inflammable Acétone 99,8% ; Qualité HPLC Inflammable Méthanol 99,8% ; Qualité HPLC Inflammable Nitrate de Bismuth Bismuth (III) Nitrate Pentahydrate ; ACS reagent Iodure de potassium 99+% ; Qualité pour analyses Diiode en cristaux Acide chlorhydrique 37% ; d=1,18 ; Certifié AR ; Qualité pour analyses Corrosif Ethanol absolu 99,8+% ; Certifié AR ; Conforme Ph. Eur. ; BP ; Inflammable Qualité pour analyses (d éclaration en douane) Vanadate d’ammonium SLR; Qualité extra pur Eau déminéralisée Echantillons témoins (cf. Obtention et gestion de l’échantillothèque de témoins) Plaques CCM Silice sur aluminium avec indicateur UV 254 nm ; Dimensions 80x40 mm et 200x200 mm (la majorité des analyses se fait sur des 80x40, plus rarement quelques analyses nécessitent des 200x200) 5 - Les qualités des produits présentés ici sont celles utilisées par le labora- toire de Paris. Elles sont données à titre indicatif. 11
L’identification des substances par chromatographie sur couche mince se fait au moyen de témoins dont la composition est connue. Liste minimale des échantillons témoins6 ADULTÉRANTS ADULTÉRANTS NOUVEAUX DROGUES LES PLUS MOINS PRODUITS DE COURANTS COURANTS7 SYNTHÈSE (NPS)8 Cocaïne Paracétamol Buprénorphine 3MMC Héroïne Lévamisole Morphine 2CB MDMA Phénacétine Fentanyl Métamphétamine Amphétamine Hydroxyzine Scopolamine Kétamine Diltiazem Atropine Lidocaïne Procaïne Dextromethorphane Benzocaïne Chloroquine Methylphénidate (Ritaline®) 6 - Cette liste est valable en 2018 en France, elle est amenée à être modi- l’archivage des chromatogrammes et la congélation de l’échantillon. Le fiée en fonction des évolutions du marché et des pratiques. manipulateur devra comparer le comportement de ces molécules aux autres 7 - Dans cette liste, figurent des adultérants décrits dans la littérature et/ou substances d’une même catégorie chimique (Exemple : La phase mobile considérés comme préoccupants et/ou cités par les usagers comme étant sépare-t-elle bien la méthamphétamine de l’amphétamine, la 3MMC de la des potentiels produits de coupe. 4MMC ?). 8 - Le processus d’intégration de ces molécules ne doit pas s’arrêter à 12
2.4. STOCKAGE ET SÉCURISATION Des échantillons témoins Des produits chimiques, phases mobiles et révé- lateurs La plupart des molécules peuvent être conservées en prélevant les phases organiques des tubes d’extraction Les produits chimiques, phases mobiles et révélateurs et en les conservant dans un tube de 2 mL avec un doivent être conservés dans des contenants adaptés, bouchon muni d’un joint en PTFE dans un congélateur. dans des armoires spécifiques (pour les produits cor- Il est parfois préférable (pour la MDMA par exemple) rosifs et pour les produits inflammables) fermées à clef voire indispensable (pour certaines cathinones) de les (ou un local fermé à clef). conserver dans du méthanol. Les phases mobiles (non utilisées) et les révélateurs Il appartient au manipulateur de vérifier la stabilité peuvent être conservés tant que la migration est cohé- dans le temps du signal donné par le témoin (chroma- rente. togramme conforme à ce qui est décrit dans la littéra- ture scientifique). Un registre retrace la date de réception, d’ouverture, de fabrication des produits chimiques, phases mobiles L’ensemble des témoins sont conservés jusqu’à l’appa- et révélateurs, et ce à des fins de traçabilité et de rition de signes de dégradation ou la disparation du bonnes pratiques de laboratoire. spot témoin. Ils seront conservés dans un local fermé à clé dont l’accès est réservé au responsable du labo- ratoire. Un cahier doit être mis à disposition pour la traçabilité et gestion des stocks. Celui-ci doit mentionner le nom du produit, le type de produit (pur ou dans un solvant), son volume initial et le jour de sa réception ou de sa fabrication. 13
PARTIE 3 : PROTOCOLE CCM Prendre une photographie de la plaque moins 3.1. VERSION RÉSUMÉE d’une minute après l’immersion 15b) Réactifs de Marquis et Mandelin Réception de l’échantillon Mettre la plaque dans une cuve contenant la solu- tion de formaldéhyde pendant 8 minutes (sans que 1) Le produit à analyser se présente dans un tube de la plaque soit en contact avec la solution). prélèvement, accompagné d’une fiche descriptive Sortir la plaque et l’immerger dans le bain de réactif 2) Étiqueter le tube sur sa partie basse de Mandelin. Prendre une photo immédiatement, puis si néces- Extraction saire une seconde photo après 1 minute. Illuminer la plaque aux UV longs (365 nm) et prendre 3) Compléter avec de l’eau déminéralisée jusqu’à 5 mL une photo. 4) Bien fermer et agiter fortement pendant 2-3 minutes Sous la lumière naturelle, rincer délicatement la 5) Laisser décanter le tube plaque à la pissette d’eau et prendre une photo. Plan de dépôt Interprétation 6) Choisir le système d’analyse en fonction de la subs- Rédaction des comptes rendus de résultats sur tance présumée par l’usager la plateforme dédiée 7) Faire le plan de dépôt des produits 8) Préparer la plaque CCM Nettoyage, rangement et gestion des déchets LES ÉTAPES SUIVANTES SERONT RÉALISÉES Renseignement du cahier de laboratoire pour la SOUS LA HOTTE traçabilité 9) Prélever les échantillons et réaliser les dépôts 3.2. VERSION DÉTAILLÉE Développement / Migration / Séparation Avant de débuter une analyse par CCM, il faut sor- 10) Pipeter le mélange 2 à 3 mL de phase mobile dans tir tout le matériel pour que le protocole ne soit pas la cuve de migration interrompu (Cf. Liste Matériel). Bien vérifier que tout le 11) Mettre la plaque dans la cuve de migration, couvrir matériel est propre et utilisable et que tous les réactifs la cuve sont prêts. 12) Attendre environ 10 minutes que le front de solvant atteigne le haut de la plaque Tous les produit, y compris les plaques CCM, 13) Sortir la plaque de la cuve de migration, attendre doivent être manipulés avec des Equipements que la phase mobile se soit évaporée de Protection Individuelle – EPI (gants, blouse, lunettes de sécurité). Révélation 14) Illuminer la plaque à l’aide de la lampe à UV lon- gues courtes (254 nm) et prendre une photo 15) Procéder à l’une ou l’autre des révélations par immersion 15a) Réactif de Dragendorff Plonger la plaque dans la cuve en ayant un geste constant. 14
ÉTAPES DE PRÉPARATION Préparation des phases mobiles (3 types de phase mobile sont utilisés de façon courante lors des analyses par CCM). Préparer et conserver dans un contenant en verre avec bouchon en PTFE dans l’armoire de produits inflam- mables. Phase mobile classique Issue de l’expérience accumulée avec le système Toxilab®, permet d’obtenir des rapports frontaux équivalents à ceux présentés dans la base de données Toxilab®. Acétate d’éthyle 87,0 mL Méthanol 3,0 mL Eau déminéralisée 1,4 mL Solution ammoniaque aqueuse (35%) 0,6 mL Phase mobile cocaïne Issue d’expériences menées par d’anciens bénévoles MdM et améliorée jusqu’à obtenir une résolution satisfaisante entre la cocaïne et ses deux principaux adultérants (lévamisole et phénacétine). Dichlorométhane 80,0 mL Acétone 4,0 mL n-Heptane 8,0 mL Solution ammoniaque aqueuse (35%) 4,8 mL Phase mobile méthanol Permet une meilleure séparation des amphétamines ainsi que des opiacés. Méthanol 100,0 mL Solution ammoniaque aqueuse (35%) 1,5 mL 15
Préparation des révélateurs (deux systèmes de révélation sont utilisés de façon courante lors des analyses par CCM). Préparer et conserver l’abri de la lumière et de toute source de chaleur, dans une bouteille en verre ambrée dans l’armoire des produits inflammables. Réactif de Dragendorff Nitrate de Bismuth 3,8 g Iodure de potassium 9,8 g Diiode en cristaux 16,2 g Acide chloridrique 15,0 mL Acide acétique glacial 15,0 mL Ethanol absolu 100,0 mL Eau déminéralisée 350,0 mL Protocole de préparation : • Dissoudre le nitrate de bismuth (3,8 g) dans 45 mL d’eau déminéralisée • Dissoudre l’iodure de potassium (9,8 g) dans 90 mL d’eau déminéralisée • Dissoudre les cristaux de diiode (16,2 g) dans 100 mL d’éthanol absolu • Ajouter 15 mL d’acide chlorhydrique et 30 mL d’acide acétique à 215 mL d’eau déminéralisée • Mélanger les 4 solutions obtenues Préparer et conserver directement dans le flacon à immersion, dans l’armoire des corrosifs. Réactif de Mandelin Vanadate d’ammonium 2,0 g Acide sulfurique concentré 200,0 mL Protocole de préparation : • Ne surtout pas secouer le mélange, un dépôt va se former au fond de la cuve, il faudra éliminer ce dépôt en transvasant la partie supérieure limpide dans un nouveau flacon. Le dépôt empêchera la lecture des plaques (surtout sous UV). 16
RÉCEPTION DE L’ÉCHANTILLON PLAN DE DÉPÔT 0) (Si il y a une plaque chauffante) Allumer la plaque Produit acheté Phase mobile conseillée chauffante et régler la température à 70°C. comme étant en première intention Cocaïne Phase mobile cocaïne 1) Le produit à analy- ser se présente dans Kétamine Phase mobile classique un tube de prélève- Héroïne Phase mobile classique ment accompagné MDMA Phase mobile méthanol d’une fiche descriptive (nom, numéro, type de Amphétamine Phase mobile méthanol produit, effet attendu Crack Phase mobile cocaïne ou non, etc.), il est dis- sout dans le solvant Nouveaux Phase mobile classique produits de (majoritairement) présent au fond du synthèse tube, si celui-ci est sec (le solvant peut s’évaporer si le tube est mal fermé) l’analyse est compromise, il faudra le préciser lors du compte-rendu. 6) Choisir le système d’analyse en fonction de la subs- tance présumée par l’usager (phase(s) mobile(s) + révé- Le kit de prélèvement (tube de prélèvement et fiche lateurs + témoins). L’identification des molécules sera de collecte) est présenté en annexe 3. faite quand toutes leurs caractéristiques seront vérifiées dans les deux systèmes de révélations (Dragendorff 2) Étiqueter le tube sur sa partie et Marquis/Mandelin) versus témoin. Pour certaines basse (étiquette autocollante) : mettre molécules, il faudra également recourir à une seconde le code, la date de collecte, la date migration dans une autre phase mobile (par exemple d’analyse et le produit présumé. — Si pour confirmer la présence d’hydroxyzine dans la un numéro SINTES est mentionné sur cocaïne, qu’on pourrait facilement confondre avec la fiche descriptive du produit, le pré- un alcaloïde avec une seule migration). Des exemples ciser sur l’étiquette. de procédures à suivre en fonction de quelques subs- tances recherchées sont donnés en annexe 4. Étiqueter sur la partie basse du tube permet de prélever le solvant d’extrac- Le choix des systèmes d’analyse employés devra être tion de façon confortable (si une éti- basé (entre autres critères) sur une connaissance a quette masque la limite eau-solvant, il est plus com- priori du marché de la drogue. Cela suppose de pliqué de prélever le solvant qui remonte au-dessus connaître le marché de la substance supposée ana- de l’eau). lysée et ses adultérants (réels et fantasmés), ainsi que le comportement de ces molécules dans les dif- EXTRACTION férents systèmes CCM. Le manipulateur doit pouvoir répondre aux interrogations suivantes, tout en étant 3) Compléter avec de conscient des limites de détection de la méthode : l’eau déminéralisée Quel système permet d’identifier : la subs- jusqu’à 5 mL. tance supposée ? les adultérants fréquem- 4) Bien fermer et agiter ment associés à cette substance ? les adulté- fortement. rants supposés par l’usager ? 5) Laisser décanter le tube pendant 5 minutes. 17
Témoin molécule espérée 7) Faire le plan de LES ÉTAPES SUIVANTES SERONT RÉALISÉES dépôt des produits. SOUS LA HOTTE Échantillon Noter sur un cahier Produits de coupe 1 de laboratoire la 9) Prélever les échan- Produits de coupe 2 date de l’analyse, tillons à l’aide d’une indiquer le nom des micropipette capil- 1 2 3 4 analystes et pour laire dans la phase chaque plaque le organique, réaliser les Exemple : plan de dépôt des dépôts. 1. Témoin Cocaïne produits. 2. Échantillon de cocaïne Le plan de dépôt À l’aide d’une lampe présumée devra au moins UV 254 nanomètre, 3. Lévamisole, Caféine, contenir l’échantil- on peut vérifier d’avoir Hydroxyzine lon de l’usager, le déposé une quantité 4. Lidocaïne, Phénacétine, témoin de la subs- suffisante de produit Diltiazem tance espérée ainsi que les produits de coupe retrouvés couramment dans ce type de produits. Plusieurs témoins peuvent être déposés sur le même spot. DÉVELOPPEMENT / MIGRATION / Les informations notées sur le cahier de laboratoire SÉPARATION permettent d’assurer la traçabilité des analyses. 10) Verser le mélange 8) Préparer la plaque de la phase mobile (2 CCM, en respectant à 3 mL) dans la cuve des distances mini- de migration. males. Les dépôts se font à 1 cm du bas de 11) Mettre la plaque la plaque, et au mini- dans la cuve de mum à 5 mm des bords migration contenant la gauche et droite de la phase mobile. Vérifier plaque, en respectant une distance entre les dépôts que la cuve de migra- d’au moins 6 mm. tion est bien horizon- tale et que le front de Les dépôts près des bords gauche et droit auront ten- migration migre bien dance à migrer plus haut que ceux réalisés au milieu, droit. Couvrir la cuve. ce qui peut perturber la lecture de la plaque. Dans la Une fois la plaque en contact avec la phase mobile, il mesure du possible, il vaut mieux déposer le plus au ne faut plus la bouger ! centre possible, afin de s’affranchir de l’effet de bord. 12) Attendre environ 10 minutes que le front de solvant Numéroter les plaques avant migration au crayon de atteigne une ligne à 2 mm du haut de la plaque. papier sur le bord de la plaque, comme indiqué sur le cahier de laboratoire. 13) Sortir la plaque de la cuve de migration. Attendre que la phase mobile se soit évaporée. 18
RÉVÉLATION INTERPRÉTATION Toutes les molécules organiques donnent une 14) lluminer la plaque à l’aide de la lampe à UV lon- coloration identique pour cette révélation, mais gues courtes (254 nm) et prendre une photo pour quelques exceptions existent : archiver la plaque dans un dossier informatique daté. • La caféine donnera une coloration bleu nuit – gris noir. Les taches noires vues aux UV correspondent à • La kétamine donnera une coloration plus plusieurs choses : drogues, produits de coupes, sombre et persistante que les autres molécules. alcaloïdes, intermédiaires de synthèse, produits • Pour la phénacétine et le paracétamol, des de dégradation, artefacts liés à des plastiques ou tâches blanchâtres peuvent parfois apparaître excipients inertes présents dans les produits analy- (pas systématiquement, cela dépend des varia- sés. Une interprétation humaine étant nécessaire, il tions de composition du réactif de Dragendorff). est indispensable d’archiver les chromatogrammes pour être capable de discuter les résultats a poste- riori particulièrement pour les analystes ayant moins 15b) Réactifs de Marquis et Mandelin d’expérience que d’autres. • Mettre la plaque dans une cuve contenant la solution de formaldéhyde pendant 8 min. Atten- INTERPRÉTATION tion la plaque ne doit jamais être en contact avec À cette étape, les tâches se ressemblent toutes. la solution de formaldéhyde. Quelques substances peuvent avoir des couleurs spécifiques: • Sortir la plaque et l’immerger dans le bain de • La phénacétine et le paracétamol réactif de Mandelin. Attention aux projections. peuvent avoir une coloration plus sombre que le reste des molécules. • La plaque étant sensible à l’acide sulfurique, • La chloroquine a une coloration violette (sur- elle se dégrade rapidement, néanmoins, certaines tout quand la plaque est encore imprégnée de molécules (methylphénidate, ethylphénidate no- solvant). tamment) apparaissent au bout d’½ à 1 minute. Prendre une photo immédiatement après l’immer- sion, puis si nécessaire une seconde photo. 15) Procéder à l’une ou l’autre des révélations par immersion. • Illuminer la plaque aux UV longs (365 nm) et prendre une photo. 15a) Réactif de Dragendorff • Sous la lumière naturelle, rincer délicatement Plonger la plaque la plaque (elle est très fragilisée par l’acide) à la dans la cuve en ayant pissette d’eau et prendre une photo. Certaines un geste constant molécules peuvent apparaître (mCPP, imipramine) (sinon, des marbrures ou avoir des changements de coloration (phéno- peuvent apparaître thiazines) qui leur sont spécifiques à cette étape. sur la plaque). À cette étape, les tâches qui sont apparues immédiatement peuvent disparaître INTERPRÉTATION rapidement (c’est particulièrement le cas pour la Cette étape permet d’obtenir des colorations spé- caféine par exemple). cifiques de familles de molécules, par exemple Prendre une photographie de la plaque moins d’une pour les opioïdes, les amphétamines et les tripta- minute après l’immersion. mines, etc. 19
INTERPRÉTATION drogue analysée. Si toutes les substances n’ont pas pu être identifiées, l’échantillon sera envoyé La visualisation des plaques sous UV courts après la au dispositif SINTES11. Le bénéficiaire du service en migration dans la phase mobile permet la détection de sera informé et pourra intégrer ce résultat (« élément non spots très peu spécifiques. Les rapports frontaux (Rf)9 ne identifié ») dans ses stratégies de RdR. sont pas suffisants pour identifier la molécule. Les Rf indi- Pour identifier les anomalies d’analyse, rien ne remplace qués dans les différentes publications le sont à titre indi- la formation et l’accompagnement des analystes par des catif et peuvent varier en fonction des conditions expéri- personnes qualifiées et expérimentées. Dans certains cas mentales (température, saturation de la cuve, etc.). (faux négatif, erreurs d’identification), les erreurs de lec- ture et anomalies d’analyse peuvent entraîner des consé- La phase de révélation permet de colorer les spots. quences majeures sur les usages et de fait sur la santé des L’identification des molécules est faite quand l’analyste bénéficiaires du dispositif. Le manipulateur porte la confirme que la migration et les révélations sont cohé- responsabilité des résultats qu’il donne. Il doit être rentes (spots des témoins et provenant de l’échantillon capable de reconnaître et d’expliquer les limites de sa à analyser à la bonne hauteur, de la bonne couleur) et méthode analytique, et d’utiliser le cas échéant les outils que les caractéristiques de la molécule détectée cor- ou dispositifs complémentaires. respondent à celle du témoin point pour point. RÉDACTION DU COMPTE-RENDU DE L’identification des molécules est faite quand RÉSULTAT toutes leurs caractéristiques sont vérifiées dans les deux systèmes de révélations (Dragendorff Le logiciel VOOZANOO héberge la plateforme et Marquis/Mandelin) versus témoin. Pour cer- utilisée par les collecteurs et les laboratoires taines molécules, il faudra également recourir à une pour partager les résultats en garantissant seconde migration dans une autre phase mobile (par l’anonymat et la confidentialité des données exemple pour confirmer la présence d’hydroxyzine dans et pour produire des statistiques en temps réel sur la cocaïne, qu’on pourrait facilement confondre avec leurs activités. La collecte des données s’appuie sur un alcaloïde avec une seule migration). Des exemples un accès par internet à une base de donnée unique de procédures à suivre en fonction de quelques subs- centralisée sur le web et hébergée de façon sécurisée tances recherchées sont donnés en annexe 4. par Epiconcept, hébergeur de données de santé (HDS) agréé. Chaque structure qui souhaite accéder à cette Il est indispensable de se procurer des témoins éta- plateforme signe une convention qui précise leurs rôles lons dont la composition est validée10. En l’absence de et responsabilités. témoin, on peut facilement confondre des molécules qui n’appartiennent pas à la même famille chimique (MDMA Afin d’assurer une traçabilité de toutes les actions sur et DXM, Lidocaïne et noscapine, amphétamines et anti- l’outil de collecte des données, chaque utilisateur a un histaminiques, etc.). La détection d’une tâche dans ce login et un mot de passe personnels. cas, même reconnue par le manipulateur, devra être interprétée comme « élément non identifié ». L’objectif Une fois le produit analysé, le manipulateur se du dispositif n’est pas de se substituer à un labo- connecte à son compte et remplit une première par- ratoire d’analyse toxicologique de pointe mais tie qui correspond au questionnaire de collecte réalisé bien de fournir des éléments de compréhension avec l’usager et l’intervenant (disponible en annexe 3). les plus précis possibles sur la composition de la 9 - Le Rf, ou « rapport frontal » est un chiffre compris entre 0 et 1 qui est coordonné par l’observatoire français des drogues et toxicomanie. Ce dis- représente la hauteur de migration de la molécule divisée par la hauteur de positif d’analyse de drogues est mis à disposition à des fins de veille sanitaire migration du solvant. et d’observation du marché des drogues. 10 - Les substances de références ou témoins étalons peuvent être fournies 12 - En accord avec le référentiel national de réduction des risques en direc- par le laboratoire assurant le contrôle qualité (voire Amélioration des capaci- tion des usagers de drogues qui garantit l’anonymat et la confidentialité aux tés analytiques par CCM et contrôle qualité). bénéficiaires des actions de RdR, et selon la loi « Informatique et Libertés » du 11 - Le système d’identification national des toxiques et substances (SINTES) 6 janvier 1978, modifiée par la loi du 6 août 2004. 20
Une fois la fiche renseignée, le laboratoire détruit le Une fois les différentes parties remplies, l’analyste questionnaire papier12. adresse un mail à la structure qui a réalisé la collecte du produit afin de l’informer que l’analyse a été réali- La seconde partie du recueil de données concerne les sée et saisie (aucun résultat d’analyse n’est trans- résultats de l’analyse. mis par mail pour des raisons de sécurité afin de • Remplir la date d’analyse. garantir la confidentialité des données). • Cocher si l’analyse a été impossible (explications possible dans la partie Commentaires). La structure de collecte peut uniquement consulter • Cocher parmi la liste, les produits identifiés. les résultats. Les structures d’analyse ont accès à tout • Cocher si un ou des produit(s) a/ont été détecté(s) moment à la modification de la fiche bénéficiaire, ce mais non-identifié(s). qui peut arriver en cas de doublon de numéro de kit, ou en cas d’analyses secondaires pour la confirmation Remplir, au besoin, la partie « Commentaires libres » : des résultats. • Si l’analyse a été impossible, en donner les raisons (tube sec, produit non-détectable en CCM, etc.) NETTOYAGE, RANGEMENT ET GESTION • Si le produit attendu n’a pas été détecté. DES DÉCHETS • Si il y a des adultérants, mettre un rappel sur la nature du.des produit(s) (exemple de messages en Pour les plaques CCM : Annexe 5). Rincer les plaques, les jeter à la poubelle. • Si une ou des substances ont été détectées mais non-identifiées. Pour les solvants organiques : Les règles de gestion et de stockage des déchets pro- Il est possible de télécharger à partir de la biblio- venant de solvants organiques peuvent varier en fonc- thèque propre au laboratoire des documents tels que tion des compagnies de traitement. Les laboratoires les messages de RdR à communiquer aux usagers ainsi sont responsables du traitement des déchets qu’ils que des compléments d’informations relatifs à des occasionnent et doivent mettre en place les mesures molécules spécifiques. Des exemples de ces messages qui s’imposent. Contacter une société, qui fournira le complémentaires sont donnés en annexe 5. matériel nécessaire en fonction de l’activité du labora- toire (type de produit et quantité utilisés). 21
Pour les échantillons et les témoins : En complément du suivi des recommandations issues Stocker les échantillons dans les tubes de prélèvement de l’évaluation, le programme XBT propose d’amélio- pendant 1 mois au congélateur (cette durée est don- rer les performances de la technique analytique en née à titre indicatif), au cas où une deuxième analyse mettant en place une démarche de contrôle qualité serait nécessaire. Conserver les témoins jusqu’à dispa- double : rition du signal dans un flacon en verre avec un bou- chon avec un joint en TPFE dans un congélateur. 1) Contrôle qualité externe en lien avec un labo- ratoire de toxicologie Les échantillons et les témoins sont détruits selon les a. Contrôle initial : au démarrage de l’interven- modalités de l’entreprise choisie. Il est conseillé de ne tion, un laboratoire de toxicologie envoie au nou- pas faire disparaître ces produits sans laisser de trace veau laboratoire qui rejoint le réseau une trentaine écrite. L’entreprise pourra par exemple fournir un docu- d’échantillons en aveugle et vérifie la sensibilité et la ment certifiant de la destruction. spécificité d’identification. b. Contrôle continu (2 fois par an) : une série 3.3. AMÉLIORATION DES CAPACITÉS d’échantillons est envoyée tous les 6 mois par un ANALYTIQUES PAR CCM ET laboratoire de toxicologie à l’ensemble des labo- CONTROLE QUALITÉ ratoires du réseau pour vérifier la sensibilité et la spécificité d’identification. En 2018, le laboratoire de toxicologie du CHU de Lille a évalué les méthodes par CCM utilisées dans le 2) Contrôle qualité interne réseau XBT. Les évaluateurs ont formulé les recomman- a. Durant les premiers mois, le nouveau labora- dations suivantes pour améliorer le dispositif : toire envoie systématiquement tous ses échantillons au laboratoire de référence pour que les analyses • Harmonisation des pratiques à partir des soient confirmées. modalités du laboratoire le mieux évalué. b. Chaque mois, les laboratoires du réseau sélec- Suite à cette recommandation, le présent référen- tionnent aléatoirement un ou plusieurs échantillon(s) tiel et une formation technique à l’utilisation de et les envoient à un autre laboratoire du réseau la méthode ont été développés. Les laboratoires choisi aléatoirement, pour confirmer que les résul- mettant en œuvre l’analyse par CCM sont invités à tats sont identiques. participer à la formation et suivre les étapes de ce référentiel. Lorsque la démarche de contrôle qualité en fait appa- raître le besoin, des mesures d’amélioration sont pro- • Mise à disposition des laboratoires de posées aux laboratoires du réseau (nouvelle participa- substances de références (témoins). tion à la formation par exemple). Les laboratoires ayant participé à l’évaluation ont désormais à leur disposition l’ensemble des subs- tances de référence ayant servi à l’évaluation. 22
RÉFÉRENCES : • Beauverie, P., & Le Vu, S. (2003, août). Analyse des drogues : tout est question de temps et ... de lien. Médecins du Monde (MdM). • Décret n°2005-347 du 14 avril 2005 approuvant le référentiel national des actions de réduction des risques en direction des usagers de drogue et complé- tant le code de la santé publique. • Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informa- tique, aux fichiers et aux libertés. • OFDT. (s. d.). SINTES : volet VEILLE. Consulté 18 octobre 2018, à l’adresse https://www.ofdt.fr/ enquetes-et-dispositifs/sintes/sintes-volet-veille/ • ONUDC. (2007). Méthodes recommandées pour la détection et le dosage de l’héroïne, de cannabinoïdes, de la cocaïne, de l’amphétamine, de la méthamphé- tamine et les dérivés amphétaminiques substitués au niveau du noyau aromatique dans les échantil- lons biologiques (Manuel à lu’sage des laboratoires nationaux) (p. 93). New York: ONUDC. Consulté à l’adresse https://www.unodc.org/documents/scientific/ ST_NAR_27_F.pdf 23
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