L'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi au Congrès de la SSO
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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 737 Le Congrès de la SSO a traité d’un seul sujet, L’ancien conseiller mais de première importance: la gérodon fédéral Adolf Ogi au tologie. Cette année encore, le congrès s’est trouvé en tête de la liste des priorités Congrès de la SSO de nombreux médecins-dentistes suisses. Texte: Daniel Nitschke, méd. dent., Bonstetten Photos: Martin Bichsel, photographe Connaissez-vous cette anecdote? «Le son mandat et sa présidence du Départe- conseiller fédéral Adolf Ogi et le président ment des transports et de l’énergie, en français François Mitterrand se rendent à particulier la décision de construire le Kandersteg dans un hélicoptère soudain tunnel de base du Gothard dans le pris dans de fortes turbulences. Mitter contexte des nouvelles lignes ferroviaires rand se tourne vers Ogi: ‹Est-ce qu’on est alpines (NLFA). perdu?› Ogi comprend alors que le Fran- L’ancien conseiller fédéral a rappelé com- çois lui propose de se tutoyer! (Sind wir ment, avant son élection au Conseil fédé- per du?)» Ce sont des anecdotes de ce ral, certains organes de presse l’avaient genre qui ont contribué à sa légende et stigmatisé comme «intellectuellement qui garantissent que l’on ne s’ennuie ja- pas à la hauteur». Il en avait été peiné. Il a mais avec Adolf Ogi. Ce fut donc le succès néanmoins réussi à gagner la confiance de de la SSO de l’avoir invité à prononcer la presse, de la population et de la classe une allocation au congrès. La dernière politique entre autres grâce à son style séance du samedi matin ne compte géné- inimitable. Il a poursuivi qu’en politique, L’exposé d’Adolf Ogi sur le «Leadership» a été ralement pas la plus nombreuse assis tout comme dans les entreprises, il y a des un point fort du Congrès de la SSO: «Etre un tance. Mais cette année, la salle était opportunités qui se présentent et puis leader, c’est motiver les autres pour accomplir comble! s’en vont. C’est dans ces moments qu’il une mission.» L’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi, faut agir, et vite. Adolf Ogi s’est exprimé 73 ans, a commencé son exposé par pour une philosophie de l’action. Mais quelques phrases en français, puis y est le «Do it», le «Je veux», doit être suivi tance que cette évolution pose à nos mé- revenu à réitérées reprises tout au long de d’une phase de fermeté. C’est le leadership decins-dentistes. son allocution. Alors que des personnali- qui importe, en plus des personnes et des «Nos aînés n’ont aujourd’hui plus grand- tés politiques UDC s’étaient vu critiquées missions. Après avoir assumé une fonc- chose de commun avec les personnes fra- il y a quelques semaines de ne pas com- tion, il faut rapidement exposer son style giles et vieillies que nous voyions encore prendre le français, Adolf Ogi ne pouvait de commandement. Commander, c’est sur les bancs de nos jardins publics il y a certainement pas se sentir visé… Il a parlé motiver les hommes pour une tâche, les une trentaine d’années.» C’est par ces de sa carrière et, surtout, des décisions enthousiasmer et les accompagner. Com- mots d’introduction que le Prof. Dr Chris difficiles qu’il avait dû prendre pendant mander, c’est toujours et encore réorga- tian Besimo, président de la commission niser. Il faut de surcroît faire d’avance scientifique du congrès, a ouvert la mani- confiance à son équipe. Autre caractéris- festation et souhaité la bienvenue aux tique d’un leader qui réussit: être prêt à quelque 1500 participants. Jamais aupara- servir soi-même: «Si tous les hommes du vant en Suisse n’avait eu lieu un congrès monde voulaient servir, notre monde se- si important consacré à la gérodontologie. rait différent, notre monde serait meil- Le sujet se trouvait placé auparavant sur leur!» un pied d’égalité avec les soins aux pen- sionnaires des maisons de retraite. Mais La gérodontologie en point de mire cela ne suffit pas, comme l’a souligné le D’habitude, la gérodontologie ne figure Prof. Besimo: il faut mettre plus d’accent qu’à l’ordre du jour des congrès de la So- sur les personnes âgées qui vivent encore ciété suisse de médecine dentaire pour chez elles. handicapés et personnes âgées (SGZBB). Cette année cependant, c’est la SSO qui «Limbifiez» votre vie! lui a consacré l’intégralité de son congrès Werner Tiki Küstenmacher (63 ans) s’est annuel. C’est à considérer comme un décrit lui-même en tant que «patient authentique message: la SSO accorde la âgé» tel que mentionné dans l’intitulé du Beat Wäckerle, président de la SSO, a pu annoncer au Congrès 2016 que le nombre des participants plus grande importance à notre popula- congrès. Ce pasteur évangélique, auteur avait battu un nouveau record. tion vieillissante et aux défis d’impor- et caricaturiste venu d’Allemagne, s’est SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
738 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE exprimé dans son exposé sur les émotions et il l’a illustré de dessins projetés en di- rect. «Lorsque nous vieillissons, ce sont les émotions négatives qui prennent le dessus», a-t-il expliqué. Pour les contrer, les jeunes médecins-dentistes possèdent un don tout aussi important que leurs re- marquables prestations médicales. Mal- heureusement, l’orateur a oublié au long de son exposé de nous dire de quel don il s’agissait! Message-clé: veiller à la mobi- lisation du système limbique lors de la communication. Les émotions ne doivent pas être refoulées, mais exprimées. Et c’est tout aussi important pendant les en- tretiens entre le médecin et son patient. Les gens ont trop tendance à vouloir res- ter concrets. Et il faut que l’intuition soit de la partie. Le public a beaucoup appré- cié l’exposé du pasteur Küstenmacher, no- tamment grâce aux amusants dessins qui En citant quelques faits d’évidence, la Prof. Pas Le Prof. Martin Schimmel a parlé de la santé ont illustré ses propos. L’orateur est ainsi qualina Perrig-Chiello a réglé leur compte à bucco-dentaire des personnes âgées dépendantes parvenu à contourner la devise de son quelques préjugés sur l’âge. en institutions. ouvrage: «Simplify your life!» dans sa re- cherche de solutions simples en réponse à des questions complexes. Tout comme de nombreuses années en bonne santé comme un fardeau alors qu’elles étaient le fait qu’il n’a pas le moins du monde devant eux. Simultanément, la vieillesse autrefois respectées. Mais l’âge a toujours abordé le thème du congrès! est encore repoussée, ne serait-ce que été abordé de manière ambivalente! par les personnes âgées elles-mêmes. L’oratrice en a donné pour preuve une Vieillir, ce n’est pas seulement être âgé Bien sûr, il en est toujours allé ainsi car fort intéressante sélection de citations La partie thématique du congrès a com- la vieillesse est quelque chose d’ambi- historiques. C’est ainsi que Socrate, déjà, mencé avec l’exposé de la Prof. Dr Pasqua valent. Il y a une euphorie de la vieillesse s’était exprimé de manière critique au lina Perrig-Chiello de Berne. Elle a expliqué qui s’oppose à une phobie de la vieillesse. sujet du conflit entre les générations. qu’aucune tranche de la vie n’était plus Euphorie en raison de l’enrichissement 2. L’âge serait synonyme de décadence chargée de mythes et de préjugés que la aux plans social et culturel, phobie devant cognitive et de capacités amoindries. vieillesse. C’est pourquoi il faut exposer les problèmes sociaux, démographiques Ceci est également partiellement exact, certains faits. Les habitants de la Suisse et personnels. mais seulement partiellement. Les forment une société de gens qui vivent L’oratrice s’est ensuite exprimée sur trois personnes âgées possèdent de vastes longtemps. Même après la survenue de importants préjugés: 1. Les personnes capacités cognitives et corporelles. Les l’âge de la retraite, nos aînés ont encore âgées seraient aujourd’hui considérées différences sont considérables d’une personne à l’autre. Nul doute que l’ap- prentissage tout au long de la vie soit à la fois possible et nécessaire. 3. La qualité de la vie diminuerait, les dépressions augmenteraient avec l’âge: c’est ici en- core un préjugé à considérer d’un point de vue différencié. En toute objectivité, la qualité de vie diminue effectivement en vieillissant, mais elle est souvent per- çue différemment au plan subjectif. Les dépressions surviennent plutôt dans le groupe d’âge des 30 à 45 ans. Cette por- tion de la vie est particulièrement mar- quée par la prise de grandes responsabi lités alors que c’est en général le cadre social qui conditionne la qualité de la vie à un âge avancé. Plus faible part des mises en institution des personnes dépendantes Werner Tiki Küstenmacher, pasteur évangélique, auteur et caricaturiste a plaidé pour que l’on fasse Le Prof. Dr Martin Schimmel a expliqué à preuve d’empathie également lors des entretiens entre le médecin et son patient. l’assistance la distinction fréquemment SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 739 présente dans la littérature entre le troi- «C’est pour vos jambes que vous êtes ici, munication, si elle doit être très claire, sième et le quatrième âge. Pendant le pas pour vos dents!» ne doit cependant pas se dérouler à trop troisième âge, il est encore possible de La Suisse compte actuellement 290 000 haute voix: il faut recourir à des phrases mener une vie exempte de handicaps et personnes de plus de 80 ans. La plupart simples et brèves tout en faisant preuve sans grandes limitations, en opposition d’entre elles vivent chez elles et leur état de beaucoup de patience. à la dépendance. Celle-ci commence de santé est étonnamment bon. C’est ce lorsque certaines activités ordinaires ne qu’a exposé Anja Ulrich, soignante à l’Hô- Comment organiser les soins de médecine peuvent plus être accomplies en toute pital universitaire de Bâle. Ce serait dû à dentaire aux personnes dépendantes? autonomie. La moitié des personnes de l’encadrement et aux soins. Il faut ici faire La Prof. Dr Frauke Müller de l’Université plus de 90 ans seraient concernées. Mais la distinction entre les soins à domicile de Genève compte parmi les infatigables ce ne sont que 25% des personnes dé- (Spitex), les soins au long cours en institu- combattantes au service d’une plus pendantes qui se trouvent dans des tion et les soins aigus en milieu hospi grande pondération de la gérodontologie homes. talier. Des problèmes inattendus sur- en Suisse. C’est dans ce rôle qu’elle s’est Au sujet des maisons de retraite, Martin viennent déjà dans le cadre des soins à déclarée très satisfaite de l’importance Schimmel a remarqué que l’on ne prend domicile pour ce qui est de la santé buc- accordée à ce thème par le congrès de pas suffisamment soin de l’hygiène buc- co-dentaire. Bien souvent, aucune me- cette année. Elle a affirmé pour com- cale et de l’hygiène des prothèses den- sure d’hygiène buccale ne peut être mencer que l’état de santé général des taires, ainsi que l’a relevé une étude me- administrée en raison du respect dû à pensionnaires des homes présentait un née en Finlande où, il y a 25 ans déjà, on l’autonomie des «clients» qui n’ac- facteur de risque pour leur santé bucco- recommandait une plus forte implication ceptent pas de soins, même lorsqu’ils dentaire. Et puis la situation financière des personnels soignants dans l’hygiène revêtent un caractère d’urgente nécessi- des patients est souvent inconfortable. bucco-dentaire des pensionnaires. Il se té. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant, car Ce qui importe tout particulièrement, trouve que l’attitude et l’intérêt des per- la bouche fait partie de la sphère intime c’est la reconnaissance que l’absence sonnels se sont améliorés dans ce do- du corps et, souvent, les patients ne s’at- de dents n’est pas synonyme d’absence maine. Il faut également observer que les tendent pas à ce que ce domaine fasse de pathologies orales. Celles-ci affectent pensionnaires des homes ont aujourd’hui partie de celui des soins. surtout les crêtes osseuses, les replis un plus grand nombre de leurs dents na- C’est dans de telles situations qu’il im- maxillaires et mandibulaires ainsi que turelles, mais que celles-ci se trouvent porte de créer un climat de confiance, a la langue. souvent en triste état. Ce sont surtout les souligné Anja Ulrich. Les personnes dépen- Mais comment donc mettre en œuvre le caries récurrentes, les pertes de dents, les dantes doivent se voir impliquées dans suivi médico-dentaire pour les pension- affections du parodonte et la prévalence une forme simplifiée d’incitations et naires des homes? Frauke Müller a évoqué des précarcinomes. Du point de vue de la d’encouragements aux soins dans le plusieurs possibilités pour y parvenir. 1. Le médecine dentaire, des difficultés parti- contexte de la stimulation basale. Il y a pensionnaire du home se rend au cabinet culières découlent de l’instabilité, de lieu, pour les patients atteints de dé- dentaire, ce qui est tout à fait positif car l’immobilité et de la dégradation des mence, de ne pas entrer directement en cela lui fait participer à la vie extérieure. facultés intellectuelles. contradiction avec eux. De plus, la com- De plus, c’est ainsi que les conditions de La Dr Sandra Oppikofer a parlé de la communica L’autonomie des clients des soins à domicile doit La Prof. Frauke Müller lutte infatigablement pour tion avec des personnes atteintes de démence. toujours être respectée lorsque l’on prodigue des une pondération accrue de la gérodontologie en soins d’hygiène bucco-dentaire a souligné Anja Suisse. Ulrich. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
740 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 60% des personnes de plus de 70 ans souffrent de polymorbidités, c’est-à-dire qu’elles présentent au moins deux affec- tions relevant de la médecine interne. Dans ce cadre, les maladies orales font in- tégralement partie de la polymorbidité. Déjà les caries constituent un problème chez les pensionnaires des homes, un problème auquel on n’a pas su faire face. A ceci s’ajoute un autre facteur négatif: le fait que la médecine dentaire ne soit plus prioritaire aux yeux des patients. En effet, les autres problèmes de santé ont trop de conséquence à leurs yeux. C’est pourquoi il est d’autant plus important que les mé- decins-dentistes ne perdent pas de vue les patients du quatrième âge. Il faut donc, de l’avis de Christian Besimo, une détection précoce aux plans médical et social ainsi qu’une mise en réseau interdisciplinaire. Il y a lieu également de déterminer si les Le sujet du Dr Christophe Graf traitait des défi Prof. Christian Besimo: «Les pensionnaires des patients peuvent encore répondre aux at- ciences de l’alimentation des personnes âgées. homes sont aujourd’hui plus âgés qu’il y a encore 20 ou 30 ans, et il leur reste un plus grand nombre tentes du médecin-dentiste en pratiquant de leurs dents naturelles.» une prévention orientée ressources. La polymorbidité en tant que risque pour travail sont les meilleures pour le méde- Ne pas perdre de vue les personnes la santé bucco-dentaire cin-dentiste. L’inconvénient, c’est le ni- dépendantes La polymorbidité se définit par la surve- veau élevé du travail d’organisation ainsi Voici ce que l’on observe si l’on compare nance simultanée de deux ou plus de que le fait que le cabinet dentaire doit être le sort des pensionnaires des homes d’au- deux maladies somatiques. Par tableaux spécialement équipé à partir d’un certain jourd’hui avec la situation d’il y a 20 ou cliniques pluridimensionnels par contre, niveau de déficit de la mobilité. 2. Le mé- 30 ans: les pensionnaires sont plus âgés on entend la survenance simultanée de decin-dentiste prodigue ses soins dans et nombre d’entre eux ont un plus grand plusieurs maladies relevant de différentes une pièce dans le home. Cette possibilité nombre de leurs dents naturelles qu’au- dimensions de la santé: par exemple une offre au médecin-dentiste de bonnes paravant, et aussi des implants. C’est sur- maladie somatique et une maladie psy- conditions, mais non idéales. Le patient tout le nombre des implants qui va nota- chique. Le Dr Daniel Grob, médecin chef du n’a pas besoin de transport compliqué blement augmenter à l’avenir comme l’a service de gériatrie de l’Hôpital de Waid, mais le grand inconvénient, ce sont les in- expliqué le Prof. Dr Christian Besimo au dé- a montré que la polymorbidité augmente vestissements considérables à la charge du but de son exposé. Comme certains des rapidement avec l’âge. La combinaison la home. 3. Le traitement est prodigué dans orateurs qui l’ont précédé à la tribune, plus fréquente réunit une arthrose et une un bus ambulance dentaire. Cette possibi- il a indiqué que la santé buccale ne s’était dépression. L’orateur a déclaré au sujet de lité représente une approche très pratique pas améliorée dans les institutions. Tout son influence sur la santé buccale: «Lors- qui offre de bonnes conditions de travail au contraire, l’incidence des infections au médecin-dentiste. Les inconvénients a même augmenté, ce qui serait dû au sont en relation avec les coûts élevés et nombre élevé de dents naturelles subsis- l’espace restreint. 4. Médecin-dentiste tantes. mobile. C’est une possibilité avantageuse Quels obstacles peut-on identifier en pour les soins au patient qui reste dans termes d’encadrement de médecine den- son cadre habituel et les possibilités de taire dans les institutions? Christian Besimo communication avec les personnels soi- a cité tout d’abord le manque d’équipe- gnants sont appréciées positivement. ments. A ceci s’ajoute le fait que les pres- Inconvénient: les options de traitement tations fournies sont insuffisamment sont limitées. 5. Hygiéniste dentaire itiné- rémunérées. Il en résulte deux probléma- rante. C’est également une possibilité tiques car le cabinet dentaire n’est pas avantageuse. Le nettoyage et la motiva- desservi pendant le travail à l’extérieur et tion sont rendus possibles à bon compte. ne génère en conséquence aucun chiffre Des études indiquent que le nombre des d’affaires. Par-dessus le marché, nom- urgences de médecine dentaire pourrait breux sont les médecins-dentistes qui se voir ainsi réduit dans les homes. Ce- sont dépassés par les défis de médecine Le Dr Daniel Grob a décrit le tableau clinique d’un pendant, la question de la responsabilité générale qu’ils constatent chez les pen- patient âgé de 88 ans qui a perdu son autonomie reste problématique et aucun diagnostic sionnaires des homes où les maladies en raison de sa mauvaise santé bucco-dentaire. fiable ne peut être posé. chroniques jouent un très grand rôle. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 741 qu’un patient a moins de neuf dents, ceci a une plus grande influence sur sa qualité de vie qu’une allergie, une hypotonie, voire même qu’un cancer. La santé bucco-den- taire joue donc un rôle essentiel.» Un quart de tous les patients hospitalisés en gériatrie sont sous-alimentés et plus de la moitié d’entre eux souffrent de patholo- gies cognitives, ce qui serait également la conséquence du mauvais état de leur den- tition. Celui-ci, selon Daniel Grob, se dété- riorerait chaque année davantage. L’orateur a décrit l’évolution de la maladie d’un patient en soins intensifs âgé de 88 ans. Devenu septique peu de temps avant sa sortie de l’hôpital en raison de l’état catastrophique de ses dents, il n’est sorti que six semaines plus tard réduit au stade de patient nécessitant des soins lourds. Daniel Grob estime que c’est sa mauvaise santé bucco-dentaire qui lui La xérostomie est souvent détectée trop tard Le Prof. Andreas Stuck a déclaré au sujet de la a valu de perdre son autonomie. Il ajoute selon le professeur Tuomas Waltimo. capacité de discernement: «On ne peut pas être que ce cas souligne encore sur un autre ‹un peu› capable de discernement!» aspect: la santé buccale est peu ressentie dans le public, tout comme auparavant. Même les médecins hospitaliers ne jette- raient qu’à peine un coup d’œil superficiel macie. Bien que la prise de médicaments de tête. Ensuite, le médecin-dentiste à la dentition de leurs patients. Il est pani- nombreux soit en quelque sorte la suite prescrit encore du Méfénacide après une quant de constater à quel point sont peu logique de toute polymorbidité, elle est extraction alors qu’il ne sait rien de la nombreux les patients âgés hospitalisés à cependant parfois inutilement poursui- prise d’Ibuprofène. Tout aussi problé avoir un médecin-dentiste de premier re- vie, voire renforcée. L’une des raisons de matique peut s’avérer la transition d’un cours. Ce serait essentiellement dû au fait cet état de fait serait le grand nombre des tableau de soins à un autre, ou bien le que les médecins-dentistes qui ont prati- groupes qui ont un intérêt à une consom- traitement par plusieurs spécialistes dif- qué pendant de longues années finissent mation élevée de médicaments, dont tout férents. Et puis les médicaments eux- par prendre leur retraite! Ces patients à un naturellement l’industrie pharmaceu- mêmes recèlent des risques: c’est ainsi âge très avancé ont donc souvent cessé de tique, mais aussi les pharmaciens eux- que même les spécialistes perdent toute pratiquer des contrôles réguliers. mêmes. La polypharmacie est en elle- vue d’ensemble lorsqu’il y a prise de plus même un important problème médical à de quatre médicaments différents. Il en Les risques de la «polypharmacie» l’origine de nombreux séjours en milieu va de même pour les patients lorsqu’ils Brigitta Voellmy, pharmacienne à l’EPF de hospitalier. Chez les personnes âgées pré- en ont plus de six dans la journée. Les Zurich, a parlé dans son intéressant expo- cisément, la moindre proportion d’eau patients polymorbides sont souvent très sé du sujet sous-estimé de la polyphar- dans le corps et donc le plus faible volume occupés par la prise de leurs médications de répartition des substances actives ag- tout au long de la journée à heures fixes. grave cette problématique. S’y ajoutent A la fin de son exposé, Brigitta Voellmy a des fonctions rénales et hépatiques dimi- renvoyé ses auditeurs à la liste Priscus des nuées et le ralentissement de l’élimina- 83 médicaments potentiellement inap- tion des médicaments qui en résulte. propriés pour les personnes âgées. Elle a Dans la doctrine, on parle de polyphar- cité des produits de substitution. macie à partir de la prise de trois à cinq médicaments. Votre patient est-il capable de discerne- Toutefois il y a encore une autre cause à ment? côté du diagnostic de différentes mala- Le Prof. Dr Andreas Stuck, spécialiste en gé- dies: les directives thérapeutiques sont riatrie de l’Hôpital de l’Ile à Berne, a parlé formulées spécifiquement pour chaque dans son exposé de l’importance de la dé- maladie. On perd ainsi la vue d’ensemble. mence pour la santé bucco-dentaire. Il Et puis nombreuses sont les personnes s’agit ici pour l’essentiel de la capacité de qui se soignent elles-mêmes sans savoir discernement. Elle revêt une très grande que certains des médicaments qu’elles importance car il ne faut pas placer sur prennent ont des effets cumulés. Ce pied d’égalité le désir exprimé par un «La polypharmacie est un grave problème risque est particulièrement présent avec patient et sa capacité de discernement. médical qui provoque de nombreuses hospitali sations», a souligné la pharmacienne Brigitta les analgésiques. On peut par exemple C’est son consentement éclairé (informed Voellmy. prendre de l’Ibuprofène contre les maux consent) qui est ici essentiel, à savoir la SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
742 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE capacité du patient d’évaluer le traite- nombre minimum de dents dont aurait ment et ses alternatives et de prendre en- besoin une personne âgée. Elle ne s’est suite une décision. Si le médecin-dentiste toutefois pas bornée à la seule alimen éprouve un doute sur la capacité de dis- tation car un faible nombre de dents a cernement, il peut demander au patient de nombreux autres effets. En effet, des d’énumérer les options de traitement et arcades dentaires réduites peuvent aggra- de les expliquer. S’il échoue, il faudra le ver les difficultés de déglutition dont considérer comme incapable de discerne- souffrent fréquemment les personnes ment selon Andreas Stuck. Cette apprécia- âgées. tion doit être claire: il n’y a pas «d’à peu Autre difficulté que rencontre le médecin- près capable» de discernement! En pré- dentiste: le fait que les patients sont moins sence d’un patient incapable, il y a lieu dérangés par la perte de leurs dents laté- d’obtenir le consentement éclairé de son rales que de leurs dents frontales. L’esthé- représentant légal dans le meilleur intérêt tique joue un rôle déterminant, la fonction du patient. Le plan de traitement pourra n’assumant souvent qu’un rôle seulement La Prof. Ina Nitschke a décrit le cercle vicieux de la alors être appliqué si tel est le cas. Si le subalterne. La satisfaction subjective du mauvaise alimentation et de la perte des dents. patient rejette le traitement, il ne doit patient est fréquemment difficile à dé pas se voir contraint, d’autant plus qu’un terminer, tout comme l’efficacité de la tel traitement sous contrainte serait diffi- mastication: les patients âgés se satisfont cilement réalisable. La priorité doit être souvent de la faible efficience de leur mas- Faut-il traiter les arcades dentaires donnée aux mesures visant à la réduction tication. raccourcies? du rejet par le patient ainsi que de ses On considère généralement que le Le nombre de dents manquantes chez les craintes. nombre des dents naturelles serait plus personnes âgées est en diminution en important que le nombre des dents rem- Suisse, tout comme la part des prothèses Relation entre performances de mastication placées. Le patient a une assez grande amovibles. Si l’on confectionne une pro- et aptitudes cognitives chance d’avoir un IMC normal lorsqu’il a thèse, c’est généralement plus tard dans Les relations entre la santé bucco-den- plus de 21 dents naturelles. Le risque de la vie que ce n’était le cas il y a encore taire et l’état général de santé ainsi dénutrition augmente lorsque ce nombre quelques années. Comme ce sont les mo- qu’avec le statut social et l’alimentation diminue. C’est pourquoi le médecin- laires qui sont affectées en premier lieu, ont déjà été mises en évidence par plu- dentiste est coresponsable de l’état nutri- on peut se poser la question de leur pré- sieurs études. A ceci s’ajoute le cercle tionnel de ses patients! L’important, c’est servation. La Prof. Dr Nicola Zitzmann a ren- vicieux d’une mauvaise alimentation et de parler de leur alimentation à ses pa- voyé à ce sujet au modèle original de Kay- de la perte des dents. Tous ces facteurs tients âgés lors des rappels, également en ser du «Shortened Dental Arch» avec des agissent en fin de compte sur la qualité raison du fait que les patients ne modi- dents jusqu’à la deuxième prémolaire et de vie. La Prof. Dr Ina Nitschke de Zurich, fient guère leur alimentation après la mise du «Extreme Shortened Dental Arch» a abordé dans son exposé la question du en place d’une prothèse améliorée. avec dentition jusqu’à la première pré- molaire. Les études ne parlent à ce sujet de troubles, dans le cas des arcades symé- triques, qu’à partir de moins de quatre éléments masticatoires postérieurs (dents après les canines) par maxillaire. En d’autres termes: une arcade dentaire rac- courcie jusqu’à la deuxième prémolaire est en principe suffisante. Il y a cependant des limitations en présence de trauma- tismes dentaires, de trouble de l’articula- tion temporo-mandibulaire ou de malpo- sitions. Finalement, ce qui importe, c’est de tenir compte du désir du patient, sans omettre d’évaluer l’ampleur du traite- ment, son caractère invasif et supportable ainsi que les possibilités d’adaptation du patient âgé. Il importe de réunir des conditions exemptes d’inflammation et de la moindre altération possible d’une prothèse préexistante. Ne pas considérer la gérodontologie comme un «mandat éthique» Le juriste Alois Kessler a parlé de l’obligation La Prof. Nicola Zitzmann a présenté un exposé C’est par un véritable feu d’artifice de sta- d’informer qui incombe au médecin-dentiste sur les prothèses fixes. vis-à-vis de ses patients âgés. tistiques et d’émotion que le Prof. Dr Chris toph Benz a ouvert la deuxième partie de SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 743 plus en plus d’importance. «Les méde- Des concepts pour les soins aux patients cins-dentistes champions du sang, de dépendants la fraise et du titane ont considéré la pré- L’orateur suivant a parlé ensuite d’une vention comme une discipline non aca- «exigence éthique»: le Dr Mohammad démique et ils se sont sentis rabaissés. Houshmand de Zurich veut que tous les Il n’y a toutefois aucune raison de croire patients bénéficient de soins de médecine que le grattage soit moins académique dentaire tout au long de leur existence. que le fraisage!» La prévention ne doit De nombreux patients parmi les 400 000 pas être vue comme une pièce rapportée qui vivent dans des homes ou qui bénéfi- à pratiquer ou à laisser pratiquer comme cient des soins à domicile ne peuvent pas un à-côté et avec mauvaise volonté. Tout se rendre dans un cabinet dentaire ou ne au contraire, il faut également tirer parti le peuvent qu’avec les plus grandes diffi- de toutes les possibilités ouvertes par ce cultés. C’est pourquoi nous avons besoin domaine de spécialisation. Christoph Benz d’un concept de traitements ayant lieu en a été clair à ce sujet: «Quand il s’agit de grande partie dans les institutions. L’ora- Le Dr Mohammad Houshmand a milité pour que chaque patient bénéficie de soins médicaux à screening parodontal, bien des médecins- teur fait ici la distinction entre une phase chaque moment de son existence. dentistes sont trop paresseux. Ils ne le d’examen, une phase thérapeutique et pratiquent tout simplement pas! Et c’est une phase de suivi, le tout encadré par encore pire lors du traitement subsé- des rappels à maillage serré. L’objectif est la matinée du vendredi. Le vice-pré- quent du parodonte.» Il a souligné qu’il la mise en place d’une bonne santé buc- sident de la Chambre fédérale allemande ne fallait pas commettre les mêmes er- co-dentaire et le passage à une situation des médecins-dentistes et de la Société reurs qu’aux Etats-Unis où la prévention bien maitrisée en ce qui concerne les allemande de gérodontologie a recouru a été pratiquement mise à l’écart. Résul- soins. Pour l’appuyer, des soignants se- à un langage clair et rafraîchissant pour tat: près de 40% des médecins-dentistes ront formés dans les homes en qualité de parler des évolutions de la médecine américains n’auraient pas assez de tra- Oral Health Care Managers (OHCM), une dentaire: «Précédemment, la prévention vail. La médecine dentaire doit aussi se mesure bien accueillie par le personnel et la restauration tiraient à la même redécouvrir pour la prise en charge des des institutions et par leurs directions. corde. Mais cela n’a tenu que tant que patients âgés. En Allemagne, chaque ca- Le fait que des concepts nouveaux sont la prévention en a été réduite à la portion binet dentaire traite en moyenne 71 pa- indispensables s’est vu confirmé par le congrue.» Aujourd’hui, la prévention tients dépendants. Ce serait tout à fait Dr Giorgio Menghini de Zurich. A la diffé- a pris de l’importance et il y a de la ba- déraisonnable d’un point de vue écono- rence de la gérodontologie, de notable- garre. Ce sont surtout les générations de mique de laisser ce secteur en friche. ment meilleures valeurs DMFT ont été médecins-dentistes qui n’ont pas grandi C’est pourquoi les médecins-dentistes relevées ces dernières décennies dans le avec une cupule de polissage et de la pâte doivent faire preuve d’une plus grande cadre des soins dentaires scolaires et des à polir qui se sont sentis menacés par la souplesse et se mettre résolument à la écoles de recrues. Ceci est également dû à prévention qu’ils voyaient prendre de prévention. des concepts bien élaborés (et intelligem- Prof. Christoph Benz: «Il n’y a aucune raison de Le Prof. Michael Bornstein a parlé des altérations Le but poursuivi par le traitement des personnes dé croire que ‹gratter› soit moins académique que des muqueuses avec l’âge. pendantes, c’est le contrôle des inflammations et de ‹fraiser›!» la douleur ainsi que le rétablissement de la capacité de mastication, a expliqué le Dr Giorgio Menghini. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
744 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE Le Prof. Patrick Schmidlin a incité ses consœurs Le Prof. Anton Sculean estime qu’il ne faut recourir Le Prof. Joannis Katsoulis a démoli le dogme selon et confrères présents à avoir le courage de suivre à l’extraction que lorsque la préservation de la lequel une prothèse amovible serait plus facile à des voies non conventionnelles dans leurs traite dent n’est ni possible, ni réaliste. nettoyer qu’une prothèse fixe. ments de médecine dentaire. ment mis en œuvre!). Le but poursuivi préservation de la dentition était souhai- ment et si la prothèse restait «à de- par les traitements prodigués aux per- table également à un âge avancé moyen- meure» pour de longues périodes, on sonnes dépendantes est avant tout de nant une compliance raisonnable. constatera un effet contraire avec des contrôler les inflammations, de maîtriser conséquences pathologiques pour les la douleur, de restaurer la capacité de Préserver des dents parodontalement muqueuses concernées. mastication et d’avoir ainsi dans l’en- compromises? Si l’on prévoit une prothèse amovible pour semble une action positive sur leur qualité Le Prof. Dr Anton Sculean de l’Université des patients partiellement édentés, il faut de vie. de Berne s’est prononcé dans son exposé veiller à disposer de quatre piliers disposés pour que l’on n’exclue pas d’emblée les Oser pratiquer des traitements non thérapies de résection du parodonte. conventionnels Tant que le pronostic n’est pas très défa- Tout traitement de médecine dentaire vorable, la résection parodontale n’a pas doit s’orienter en fonction de ce que le plus mauvaise presse que la pose d’im- patient peut supporter. Et l’on ne pense plants sur l’aire concernée. La perte de pas seulement à l’aspect physique, mais dents chez des patients présentant des aussi au cadre financier. Le Prof. Dr Patrick parodontopathies est moindre que la Schmidlin de l’Université de Zurich a de- perte d’implants selon une étude menée mandé à ses consœurs et confrères pré- par le Prof. Sculean lui-même. Le point sents d’avoir le courage de suivre parfois d’achoppement toutefois, ce sont des des voies non conventionnelles. Il a, entre coûts cinq fois plus élevés que dans le cas autres, montré le traitement d’une mo- de la pose d’implants. Cependant, la thé- laire supérieure au moyen d’une cou- rapie parodontale améliore le pronostic ronne CEREC, ce qui n’aurait rien eu à long terme des dents. Une extraction d’extraordinaire si aucune hémisection ne doit intervenir que lorsque la préser- n’avait été pratiquée auparavant. L’ora- vation des dents n’est plus possible ou teur a également montré un pont modé n’est plus réaliste. lisé en intrabuccal à l’aide de composite sur deux molaires ayant préalablement Prothèses dentaires pour personnes âgées subi une hémisection. Le principal pro- Peut-on réellement mieux nettoyer une blème de l’âge, c’est la récession d’aires prothèse amovible qu’une prothèse fixe? exposées sans fluorisation depuis de C’est à ce dogme que s’est attaqué le nombreuses années. Ces surfaces doivent Prof. Dr Joannis Katsoulis de Berne. Il a La Dr Teresa Leisebach a parlé des pièges qui sur viennent lors du traitement des personnes âgées: être comblées au moyen de composite et expliqué que tel était bien le cas, mais «Les personnes âgées n’ont que faire de titres non avec des matériaux de moindre qua- seulement si la prothèse amovible était comme ‹MDent Med UZH› ou autres abréviations lité. L’orateur a également précisé que la régulièrement nettoyée à fond. Autre- du même acabit!» SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 745 sonnes d’un grand âge. Les finances complexes s’opposent dans les pires aussi sont susceptibles de constituer une des cas au pédantisme et à la crainte du chausse-trappe. Contrairement à l’idée changement. François Höpflinger a ajouté largement répandue, une grande part de qu’après la retraite nombre de nos aînés nos aînés mènent une vie modeste. L’iné- rencontrent également des difficultés du galité des ressources augmente avec l’âge fait du manque d’intérêt pour ce qui ne ainsi que Teresa Leisebach l’a expliqué: les fait pas partie de la profession, la diffi- patients dépendent de plus en plus des culté d’accepter la perte de statut social prestations complémentaires lorsqu’ils et du cadre temporel quotidien habituel avancent en âge, car les soins représentent pour n’en citer que quelques exemples. une part importante de leur budget. «Les aînés doivent apprendre à se libé- rer des contraintes et à se laisser aller.» «Apprendre à vieillir, avec un grand cœur» Ils pourraient rattraper bien des choses L’âge et le travail ne sont que peu corré- laissées en plan et satisfaire des désirs. lés a affirmé le Prof. Dr François Höpflinger Malheureusement, ce sont bien souvent le samedi matin. Ce sociologue a expli- les projets qui sont aux abonnés ab- qué que les pertes de capacités dues à sents … des facteurs purement biologiques entre D’autres oratrices et orateurs se sont éga- 65 et 70 ans sont désormais l’exception. lement exprimés au Congrès 2016 de la Ce n’est qu’à un âge avancé que les ca- SSO: la Dr Sandra Oppikofer de l’Université pacités d’apprentissage et d’adaptation de Zurich sur la communication avec les Le sociologue Prof. François Höpflinger a dénoncé le diminuent perceptiblement. Le travail patients atteints de démence, le Dr Chris préjugé selon lequel il y aurait corrélation entre l’âge des personnes âgées n’est guère limité tophe Graf de Thônex sur l’alimentation et la diminution des performances: «Les capacités d’apprentissage et d’adaptation ne commencent à que par la moindre mobilité profession- déficiente des personnes âgées, le Prof. décliner notablement qu’à un âge très avancé.» nelle. D’autres facteurs limitatifs sont le Dr Tuomas Waltimo de l’Université de Bâle statut social et l’activité professionnelle sur la xérostomie, le Prof. Dr Michael Born cloisonnée pendant de longues années. stein de l’Université de Berne sur les alté- de manière symétrique. Accessoirement, Les facteurs positifs de cette classe d’âge rations des muqueuses avec l’âge ainsi des implants peuvent servir de piliers. tels que l’expérience, la loyauté et la que le juriste Alois Kessler de Schwyz sur le Dans le cas d’édentation complète, le trai- capacité d’apprécier des situations devoir d’informer du médecin-dentiste. tement standard de la mandibule doit si possible consister en une overdenture sur deux implants. On peut en toute sécurité recourir à des ancrages (en or, titane ou Adolf Ogi dans le rôle de la bonne fée alliages non ferreux) au lieu des boutons pression classiques. Dans les régions où la Adolf Ogi a joué samedi matin le rôle de la bonne fée pour le tirage au sort du «Prix crête est très atrophiée, on peut également participation SSO» décerné pour la première fois à l’occasion du Congrès de la SSO. Il envisager de recourir à une solution vissée visait à motiver le plus grand nombre possible de participants à assister également au sur deux implants ou plus. dernier jour des présentations. Beat Gontersweiler a été l’heureux gagnant d’un vélo électrique de marque Stromer (Thömus Veloshop). Sur la photo et de g. à d.: Thomas Les médecins-dentistes sont-ils préparés Binggeli de Thömus Veloshop, Beat Gontersweiler, l’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi, à recevoir des patients très âgés? Beat Wäckerle, président de la SSO, et Simon Gassmann, secrétaire de la SSO. La Dr Teresa Leisebach, médecin-dentiste cantonale de Zurich, s’est attaquée aux pièges des traitements des personnes âgées. L’agencement et l’équipement de nombreux cabinets dentaires en effet ne conviennent pas pour le traitement des patients très âgés. De plus, la tendance à l’enjolivement des désignations des pro- fessions rebute de nombreux patients: ils ne peuvent rien tirer d’intitulés tels que «MDent Med UZH» ou autres ésoté- rismes! Mais d’autres détails encore révèlent une faible empathie pour ce groupe d’âge. Par exemple, les fiches d’anamnèse sont fré- quemment d’une lecture difficile et il n’y a bien souvent pas de loupe au cabinet dentaire. Et puis le patient doit se voir expliquer clairement certaines notions de compréhension difficile pour des per- SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
746 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE La 20e édition de Dental Berne a été marquée De belles actions par une grande affluence de toute la branche à Dental Berne dentaire. 175 exposants se sont présentés lors de la plus importante foire-exposition de médecine dentaire en Suisse. Texte: Andrea Renggli, rédactrice SDJ Photos: Martin Bichsel, photographe En réalité, le tapis rouge était rose, du moins à l’expo Dental la branche dentaire ont pu attirer l’attention grâce à des actions Berne 2016. Il menait d’un seul trait de l’entrée de la halle remarquables». Bernexpo à la foire exposition dentaire, puis zigzaguait dans les Ueli Breitschmid, président de l’ASD, était tout aussi satisfait. Il a travées. 175 exposants se sont présentés sous leur meilleur jour. pu annoncer, dès l’ouverture de la foire exposition, un nouveau Et il y avait de quoi faire: de la live hypnose pour les patients timo- record du nombre de visiteurs avant même de couper le ruban rés à un chariot de glace jusqu’à un automate de jeu, moult appa- à l’entrée en compagnie de Beat Wäckerle, président de la SSO, reils à essayer et bien sûr toutes les nouveautés les plus récentes et de ses hôtes d’honneur: le directeur de la santé publique du avec les dernières innovations, produits et services, et sans ou- canton de Berne désigné Pierre-Alain Schnegg et le Dr Thomas blier d’innombrables cadeaux … Grichting, CEO du Groupe Mutuel d’assurances. Alors que Pierre-Alain Schnegg a souligné dans son allocution le rôle si Nombre record de visiteurs important du secteur de la santé dans la politique cantonale Un complet succès pour les organisateurs de Dental Berne 2016: (où la médecine dentaire est injustement sous-estimée de temps la Swiss Dental Events AG pour le compte de l’Association patro- à autre …), Thomas Grichting a évoqué les initiatives en faveur nale suisse de la branche dentaire (ASD). «Les exploitants des d’une assurance dentaire obligatoire déposées dans plusieurs stands se sont donné beaucoup de peine et ce qu’ils ont offert aux cantons. On s’est toujours, en Suisse, référé à la responsabilité visiteurs était exceptionnel», a remarqué Ralph Nikolaiski, orga- propre des patients et au rapport de confiance avec le méde- nisateur de la foire exposition. «Même de petites entreprises de cin-dentiste. C’est ainsi que les dépenses pour les soins buc- co-dentaires en Suisse sont encore contenues dans un cadre raisonnable. Nul doute que bien des problèmes feraient leur ap- parition si ces initiatives étaient acceptées. Le Groupe Mutuel 10 d’assurances les rejette car elles provoqueraient une augmenta- tion des coûts. Beat Wäckerle et Ueli Breitschmid se sont félicités de la symbiose entre la foire exposition et le Congrès de la SSO. Les échanges réciproques entre la médecine dentaire d’une part et la branche dentaire d’autre part sont en effet au bénéfice des deux parties. Les médecins-dentistes ont apprécié l’atmosphère si cordiale Les médecins-dentistes, assistants dentaires, assistants en pro- phylaxie, hygiénistes dentaires, techniciens dentaires et repré- sentants de la branche se sont tous réjouis de l’atmosphère de la foire exposition et de l’occasion qui leur était offerte de retrouver des connaissances. Près de 4500 visiteuses et visiteurs ont par- couru les stands pendant ces trois journées. L’équipe de Bernexpo a fait un travail remarquable. Le lieu d’exposition, Bernexpo, 9 SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 126 7/8 2016 P
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