C'est à Lire - Centre Antoine Lacassagne
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C’est à Lire JOURNAL DU CENTRE DE LUTTE CONTRE LE CANCER DE NICE N° SPÉCIAL 60 ANS 2021 : 60 ans du Centre Antoine Lacassagne et 30 ans de la protonthérapie 33 AVENUE DE VALOMBROSE| 06189 NICE CEDEX 2 TÉL. 04 92 03 10 00| FAX 04 92 03 10 10 |EMAIL : COMMUNICATION@NICE.UNICANCER.FR WWW.CENTREANTOINELACASSAGNE.ORG
4 LA CRÉATION DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE À NICE P4 LES 30 ANS DE LA PROTONTHÉRAPIE AVEC MEDICYC P11 LE CENTRE EN QUELQUES DATES P14 DE FORMIDABLES AVANCÉES EN ONCOLOGIE MÉDICALE 11 DEPUIS 30 ANS P18 L’ÉVOLUTION DE LA CHIRURGIE DES CANCERS DU 19 SEIN, AVEC 33 ANS DE RECUL ! P19 QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DES 36 ANNÉES PASSÉES AU CENTRE DANS MA SPÉCIALITÉ DE CHIRURGIE ORL ? P20 18 22 SOIXANTE ANS DE MÉDECINE NUCLÉAIRE AU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE P22 20 SOINS DE SUPPORT : DES PIONNIERS AUX ACTEURS D’AUJOURD’HUI P24 26 LA RECHERCHE AU CAL, CINQ DÉCENNIES : DE L’INTERDIT ABSOLU À L’INDISPENSABLE P26 TÉMOIGNAGE D’ANCIENS PATIENTS P28 24 TÉMOIGNAGES DE SALARIÉS P33 • 3 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
NAISSANCE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER La création du Centre Antoine Lacassagne à Nice par le Pr F.DEMARD, Directeur Honoraire QUAND VIENT LA CÉLÉBRATION DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE SON OUVERTURE EN 1961 ET ALORS QUE SA NOTORIÉTÉ ET SON RÔLE DE RÉFÉRENT DANS LE DOMAINE DES SOINS MAIS AUSSI DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE EN CANCÉROLOGIE SONT AUJOURD’HUI RECONNUS, IL N’EST PROBABLEMENT PAS INUTILE DE S’INTERROGER SUR LES ACTEURS ET LES DIVERSES ÉTAPES DE L’ÉDIFICATION, À NICE, DU CENTRE ANTOINE- LACASSAGNE, L’UN DES ACTUELS 18 CENTRES RÉGIONAUX DE LUTTE CONTRE LE CANCER EN ACTIVITÉ EN FRANCE. Auparavant, pour une meilleure compréhension de l’histoire de ces ment de leurs moyens personnels. derniers, un regard s’impose vers Ce doit être au contraire un travail PR FRANÇOIS DEMARD un passé déjà lointain qui nous ra- d’équipe, une œuvre collective DIRECTEUR GÉNÉRAL DU mène à la période de la première pourvue de moyens considérables CENTRE ANTOINE LACASSAGNE guerre mondiale et plus précisé- DE 1985 À 1996 et exigeant la coopération de nom- ment, en juin 1917, près de Reims, breux techniciens… » là où Claudius REGAUD, un jeune à cette période, du Ministère de médecin lyonnais, est à l’origine Voilà pourquoi, il y a maintenant l’Hygiène, de l’Assistance et de la d’une « Faculté de médecine sur le un siècle, sans réglementation ni, Prévoyance sociales. front ». Il s’agit de la célèbre infir- encore, de structuration juridique merie de Bouleuse dotée, en ma- précise, la création des centres ré- Mise en place par ce ministre, la tière d’urgence, d’un équipement gionaux anti-cancéreux fut recon- première « Commission du Cancer » perfectionné mais, aussi, d’une or- nue nécessaire dès le début des an- voit, ainsi, le jour en 1922 : elle est ganisation originale basée sur un nées 1920, basée sur ce modèle dirigée par Jean BERGONIÉ, un concept nouveau, la multidiscipli- où le traitement du cancer est per- radiologiste bordelais, qui indique narité médicale. Cette structure de çu comme une affaire d’équipes devant le Sénat, en juillet, que « ces soins allait révolutionner, dans un thérapeutiques : histopatholo- Centres que nous voulons créer temps pourtant bref (elle sera éva- gistes, chirurgiens, radiothérapeutes doivent être à la fois d’assistance, cuée et totalement détruite lors de doivent ainsi collaborer pour soi- d’enseignement et de recherche l’offensive allemande de mai 1918) gner au mieux les patients cancé- scientifique ». Cette Commission la prise en charge des blessés de reux. Cela tranche avec le système formule aussi, à l’unanimité, le vœu guerre. de soins en place et heurte, à l’évi- suivant : La guerre achevée et précisément dence, la logique de hiérarchie des « …considérant qu’il est nécessaire sur la base de l’expérience acquise disciplines. d’obtenir des crédits suffisants pour là en matière de pluridisciplinarité, organiser sans retard la lutte contre Claudius REGAUD va s’attacher au La naissance officielle « sur le le cancer, demande au Parlement développement d’un modèle inno- papier » des « Centres de Lutte de voter les crédits indispensables vant pour la prise en charge des tu- anticancéreuse » est actée sous à la création immédiate des Centres meurs malignes : l’impulsion de ceux que l’on a anti-cancéreux près les principales « Comme l’était la chirurgie de appelé les pères fondateurs, Facultés de France ». guerre, le traitement du cancer est Claudius REGAUD en premier lieu une affaire d’équipe thérapeutique. mais aussi Justin GODARD, Jean Le programme d’élaboration d’un Il est évident que le traitement des BERGONIÉ et le sénateur Paul tel réseau voulu par Jean BERGO- cancers ne pourrait pas être l’œuvre STRAUSS, ce dernier en charge, NIÉ est adopté par le Parlement qui de médecins isolés, pourvus seule- C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 4 •
NAISSANCE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER JEAN BERGONIÉ CLAUDIUS REGAUD PAUL STRAUSS vote, le 30 juin 1923, une loi accor- non seulement être fondée sur les Années 30 dant, pour certains des investisse- possibilités acquises dans l’état ac- Le 27 mars 1930, le Président ments lourds nécessaires (appareils tuel de la science, mais encore tenir de la République, Gaston DOU- de radiothérapie et achat de ra- le plus grand compte de la valeur MERGUE inaugure les nouvelles dium) des subventions sur les fonds comparée des moyens matériels et installations qui transforment, sur du Pari mutuel… des personnes qui seraient, dans proposition de Gustave ROUSSY, le cas envisagé, chargées d’exé- un anatomopathologiste, le service Les buts poursuivis sont précisés et cuter tel traitement ou tel autre Les anti-cancéreux situé dans l’hôpital peuvent se résumer de la façon sui- procédés de traitement des cancers Paul BROUSSE de Villejuif (devenu, vante : devant, dans de nombreux cas, être en 1925, Centre Régional contre le •Faciliter les recherches scienti- combinés ou associés dans un cer- cancer de la banlieue parisienne) fiques en ce qui concerne le can- tain ordre, il est souhaitable que les en un Institut de recherche et de trai- cer dans l’espoir d’en découvrir indications thérapeutiques soient tement, un ensemble de laboratoire un jour la cause établies par collaboration entre de recherches et un secteur hospi- •Mettre en œuvre les moyens sus- chirurgiens et radiothérapeutes ». talier autour d’un objet commun : ceptibles de perfectionner les Les réunions de concertation mul- le cancer. L’Institut Gustave-Roussy méthodes diagnostiques et de tidisciplinaire, obligatoire de nos était né ! traitement jours, sont, ici, en toute première Au total, à l’orée de la deuxième •Organiser la prophylaxie du gestation ! guerre mondiale, la France compte cancer en s’adressant à la fois au 15 centres anti-cancéreux dont au- public médical et au grand pu- Le Sénat, dans sa séance du 30 cun n’a été créé dans les mêmes blic. janvier 1925, a adopté une propo- conditions et dont, d’ailleurs, les sition de loi de Paul STRAUSS qui structures et les modes de fonc- Dans un rapport particulièrement attribue la personnalité civile à ces tionnement sont nécessairement prémonitoire, Claudius REGAUD Centres de lutte contre le cancer. disparates. souligne que « la complexité, le ca- Outre la Fondation Curie créée en ractère spécial, le prix élevé et la 1920 par Marie CURIE et Claudius Années 40 difficulté d’application des moyens REGAUD, structure de droit privée Survient la Libération avec, en août de traitement des cancers, la forme liée à l’Institut Pasteur et à l’univer- 1944, le transfert à Paris du gou- collective ou collaborative que re- sité de Paris, dix centres vont, ain- vernement d’Alger, et, parmi de vêt de plus en plus cette thérapeu- si, être créés entre 1923 et 1924 à multiples conséquences, l’arrivée tique sont des motifs puissants en Bordeaux, Lyon, Montpellier, Tou- d’un médecin militaire, le Docteur faveur de l’organisation en France louse, Strasbourg, Reims, Nantes, AUJALEU qui appartient au cabinet de Centres de lutte et de thérapeu- Rennes et Caen suivis par Angers et du Ministre de la Santé, Monsieur tique anti-cancéreuse » et il ajoute Marseille en 1925, Nancy en 1927 BILLOUX. Energique et déterminé, aussi que « ces Centres doivent être et Alger en 1928. Le centre an- il devient, en 1945, Directeur de avant tout parfaitement pourvus en ti-cancéreux de la région Nord, à l’Hygiène Sociale (future Direction moyens matériels et en personnel ». Lille, s’ajoute, enfin, à ces créations Générale de la Santé) qui a compé- Pour lui, « la décision à prendre et existe depuis le 15 janvier 1930. tence sur tout ce qu’on appelait, à pour chaque cas particulier doit cette époque, les maladies sociales • 5 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE dical, l’obligation de mettre en figure en annexe au rapport relatif place d’une véritable concertation au plan quadriennal d’équipement pluridisciplinaire. sanitaire établi par le directeur dé- partemental de la santé de Mar- Années 50 seille au début de 1953 ». Création du centre anti-cancéreux de Nice A Nice, tristement dépourvue à Dans ce bref rapport on retrouve, cette époque d’enseignement su- en effet, périeur, c’est ce même Docteur - que la « commission administrative AUJALEU, toujours Directeur de du centre hospitalier de Nice n’a l’Hygiène Sociale, qui transmet, en pris encore aucune délibération à août 1952, une lettre, que l’on peut ce sujet » qualifier de « fondatrice », au Pré- - que la « situation, localement, DR AUJALEU fet des Alpes-Maritimes. En voilà semble assez confuse » et que à savoir, outre le cancer, la tuber- les termes principaux : « L’augmen- « le corps médical ne semble pas culose, les maladies mentales et la tation progressive du taux de mor- avoir fait l’unanimité » protection maternelle et infantile et talité par cancer montre la nécessi- - et « qu’il ne semble pas qu’une donc les établissements de préven- té d’intensifier l’organisation de la décision ait pu s’orienter en ce tion et de soins correspondants. lutte contre le fléau et mes services qui concerne la possibilité des Caractéristique complémentaire, se proposent d’étudier les possi- concours locaux au point de vue ces structures, qu’il s’agisse des sa- bilités de création, dans le cadre financier » natoria ou des hôpitaux psychia- de l’ordonnance du 1er octobre Le Dr AUJALEU conclut ainsi son triques, sont, à l’instar des hôpitaux 1945 d’un nouveau centre anti- courrier au Dr PASCHETTA : « s’il militaires, dirigés par un médecin. cancéreux dont le siège serait fixé vous était possible de reprendre ce Et, donc, outre cette prérogative à Nice qui serait appelé à desser- projet sur le plan local, j’en serais spécifique, au ministère de la San- vir le département des Alpes-Ma- très heureux ». té, elles ne dépendent pas, comme ritimes et éventuellement la Corse. l’ensemble des hôpitaux publics, Il va de soi que la réalisation d’un Cette fois, et fort heureusement pour de la Direction des Hôpitaux, ce tel projet est en partie subordon- Nice et sa région, il sera entendu. qui peut expliquer, pour partie du né à l’apports de concours locaux moins, certaines oppositions épi- (départementaux ou communaux). Rappelons qu’à cette époque, s’il sodiques mais toujours vives dans La participation de l’Etat aux dé- n’y a pas de Faculté de Médecine les années qui vont suivre… penses afférentes à la construction à Nice, il n’en existe pas moins et à l’installation d’un établissement une vie médicale de qualité avec, Le Général de Gaulle, Président de lutte contre le cancer ne peut en notamment une médecine libérale du gouvernement provisoire de effet dépasser 50 %.... Je vous se- de bonne réputation. Son hôpital la République française, signe le rais obligé de bien vouloir apporter public, qui a encore une vocation 1er octobre 1945, l’Ordonnance un soin tout particulier à l’examen plus ou moins d’hospice, n’est clas- n°452221 qui dote les établisse- de cette affaire… ». sé que 2ème catégorie, 1er groupe ments anti-cancéreux, faisant donc Cette missive, comment est-ce pos- mais s’y développe, dans ce début partie de cette Direction de l’Hy- sible, n’aura, pourtant, aucune ré- des années 50, une excellente for- giène sociale, d’une organisation ponse, ne déclenchera aucune ac- mation pour les internes niçois (l’In- précise et originale caractérisée tion…. ternat de Nice existe depuis 1882, par : 22 ans après le rattachement à la -la capacité juridique des établis- Le 6 juin 1953, nouvelle lettre com- France) en médecine, notamment sements d’utilité publique avec parable du Dr AUJALEU, ici adres- dans les services de l’hôpital Pasteur une autonomie de gestion recon- sée à l’adresse privée du Docteur que dirigent les Docteurs Paul AU- nue Vincent PASCHETTA, électroradio- DOLY, Henri DUPLAY ou Lucien LA- - un statut spécifique pour les méde- logiste niçois, dont le nom lui a été PEYRE, mais aussi en chirurgie. Pour cins qui y exercent recommandé par un confrère de cette dernière, la qualité reconnue -un Conseil d’Administration prési- ses amis auquel il s’était ouvert de nationalement de l’enseignement dé par le Préfet l’échec de sa démarche. Dans ce prodigué par des Maîtres tels que - et un Directeur médecin qui a en nouveau courrier, il ne cache pas, les Docteurs Jean-Paul GRINDA main la double responsabilité à ainsi, que : « …cette affaire ne pa- ou Louis BARRAYA dispense leurs la fois médico-scientifique et ad- rait pas avoir progressé et le seul élèves, en fin d’études, et à l’ins- ministrative avec, sur le plan mé- renseignement qui me soit parvenu tar des internes des hôpitaux de C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 6 •
NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE ville de Faculté, d’un passage de- la mission d’entreprendre et de vant une commission nationale de mener à bien les pourparlers avec qualification. Nice est, ainsi, avec toutes les administrations intéres- Grenoble, la seule ville sans Faculté sées, la sécurité sociale, les hô- QUI SONT-ILS ? qui permet, après 5 ans d’Internat pitaux… L’objectif de cette petite local, d’obtenir la qualification en équipe ainsi constituée est de ré- chirurgie générale. aliser ce Centre, certes confor- mément aux règlements vigueurs, Revenons donc à ce projet de mais, également très important au Centre anti-cancéreux qui, malgré plan local, « en tenant compte des un intérêt évident, s’était, curieu- intérêts de chaque organisme ». sement, enlisé plus d’un an. Une concertation est, sans délai, organi- Voilà le duo fondateur constitué et sée par Vincent PASCHETTA. Elle dès lors les choses vont avancer réunit le Dr GUEUTAL, alors Direc- rapidement grâce à leur volonté teur Départemental de la Santé, le d’aboutir. 28 juillet autour du Maire, M. Jean MÉDECIN, de son premier adjoint, Et, dès novembre 1953, le proces- le Doyen LÉPINE, le Dr SIMON, sus de création d’un Centre An- Adjoint à la Santé et Président du ti-Cancéreux (CAC) à Nice est dé- Le Dr Vincent PASCHETTA est né le 13 Syndicat des Médecins, le Dr COS- cidé, après l’avis favorable de la avril 1904. Il est électroradiologiste des SA, Président du Conseil de l’Ordre Commission supérieure du cancer, hôpitaux de Nice et chef de service central des médecins ainsi que Mr VALEN- par le Ministère de la Santé. d’électroradiologie et du service du cancer TIN qui préside le Conseil d’Admi- de l’Hôpital St Roch. Son service comporte nistration des hôpitaux. Dans le cadre du programme de 43 lits avec un équipement moderne financement envisagé, il est stipu- Un mois et demi seulement, donc, lé que l’Etat donne 50 % pour les comprenant 2 appareils de radiothérapie après le courrier dépité venant du Centres nouveaux mais que son ef- et du radium pour la curiethérapie. ministère, tous ces principaux par- fort atteint 60 % lorsqu’il s’agit de C’est aussi un passionné de sa région tenaires du domaine vont, à l’una- la transformation de Centres exis- notamment un grand montagnard. Son nimité, émettre le vœu directement tants… ce qui souligne, donc, l’inté- intérêt pour la cancérologie est grand et adressé au ministre, en faveur de rêt de créer un Centre « virtuel » à St il sera, d’ailleurs quelques années plus la création effective, à Nice, sans Roch. Cela, bien sûr aussi, présente tard, à l’origine de la création du Comité retard, d’un « centre régional anti- l’avantage de limiter le financement des Alpes-Maritimes de la Ligue contre le cancéreux ». local puisque celui-ci passe à 15 % cancer. au lieu de 25 %. On devine, ici, la singulière éner- L’Etat préconise (et le demande aux gie et l’efficacité qui caractérisent hôpitaux de Nice) de procéder par la personnalité du Dr Vincent deux étapes : PASCHETTA car on retrouve, dans - le Centre hospitalier accepte de ce document de concertation, deux céder temporairement ses locaux Le Dr Pierre-Paul PRAT est né le 25 propositions constructives complé- consacrés aux malades cancéreux mentaires : moyennant un loyer fictif novembre 1906 à Nice. Il est le fils d’un - la première serait, d’ores et déjà, - le CAC les restituera à l’hôpital éminent chirurgien niçois, formé à Paris et de transformer en centre anti-can- après sa construction et son instal- brillant chirurgien des hôpitaux lui-même. céreux le service de cancérolo- lation définitive. Il est, lui aussi, également attiré par la gie et curiethérapie qu’il dirige à Des plans sont, ainsi, établis pour cancérologie et il vient sous l’égide de l’hôpital Saint Roch avec celui, la transformation des deux services l’OMS de passer trois mois au Memorial voisin, de chirurgie que dirige ainsi que des locaux de consulta- Sloan Kattering à New York. Le service le Dr Pierre-Paul PRAT, et cela tions spécifiques. qu’il dirige comporte 80 lits avec un bloc comme « première étape de réa- opératoire de deux salles. lisation de ce centre », La création du Centre de lutte - et la seconde, de se voir désigner contre le cancer de Nice est agréée comme futur directeur-radiothéra- par le Ministère par arrêté du 18 peute accompagné du Dr Pierre- octobre 1954. Paul PRAT comme chirurgien avec • 7 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE C’est le 17ème Centre créé en complète. BERT est désigné comme Architecte France. Conformément à leur en- Dans un courrier, daté du 5 avril et il bénéficiera du soutien de Mr gagement, Vincent PASCHETTA et 1955, Vincent PASCHETTA rap- LAUGIER, architecte de l’Hôpital Pierre-Paul PRAT démissionnent de porte ainsi certaines des craintes Pasteur qui a, d’ailleurs, entamé les leur centre hospitalier public dès exprimées : études préliminaires. leur entrée en fonction comme chefs - « certains médecins avaient peur de services de ce nouveau Centre que le CAC examine gratuitement Le premier devis de l’immeuble et anti-cancéreux en gestation. tous les malades inquiets et que les des installations afférentes est pré- cabinets médicaux se vident » … senté lors du Conseil d’Administra- Le 15 décembre 1954, le premier - les chirurgiens appartenant au tion du 23 mars1957 ; son coût total Conseil d’Administration du CAC, syndicat hospitalier pouvaient eux s’élève à 443.245.554 francs. complété à 9 membres, propose, redouter qu’un CAC soit en me- Un emprunt est engagé auprès à l’unanimité, que le Dr Vincent sure d’effectuer toutes les opéra- de la Caisse des Dépôts et Consi- PASCHETTA en soit le Directeur ; il tions du cancer et que leur service gnations d’un montant de 80 mil- sera nommé par arrêté du Ministre hospitalier (ou leur clinique) en lions de francs au taux d’intérêt de en date du 4 février 1955. pâtisse… 5.50 % ; cet emprunt est garanti par le Conseil Général des Alpes-Ma- Les premières difficultés Comme il se plait à le rapporter ici, ritimes. Plusieurs difficultés vont vite appa- « il a fallu agir avec prudence et di- raître. Elles concernent surtout la plomatie, avançant, reculant selon Devant l’ampleur d’un tel projet, le validité de la création de ce CAC les circonstances, heurtant de front duo initial devient un trio avec l’ar- à Nice et la difficulté de trouver un aucun intérêt ». rivée de Pascal OCCELLI, surveil- terrain compatible pour la construc- lant chef des services généraux du tion nouvelle prévue. Il n’empêche que l’autonomie, Centre Hospitalier de Nice lequel reconnue et accordée aux Centres se déclare heureux de collaborer à - d’abord la validité du concept et d’inévi- de lutte contre le cancer, est aussi la construction de ce futur CAC. Re- tables réticences jugée par certains, tel le Doyen cruté en vue de la création de son Certes, Marseille est une ville éloi- LÉPINE, susceptible de conduire service des achats en septembre gnée de l’agglomération niçoise et soit à un gaspillage financier soit 1949, et ce après une carrière de l’obligation d’y aller pour des trai- à une confusion dans l’activité des 17 ans dans la marine nationale, tements spécifiques représente et services de soins. M. Pascal OCCELLI sera proposé entraîne une perte de temps préju- à l’agrément ministériel comme Se- diciable à la guérison ainsi que des - ensuite concernant le terrain crétaire Administratif lors du Conseil frais élevés. La première option concerne le ter- d’Administration du Centre le 17 no- Néanmoins, on apprend qu’un rain dit « Musso », sis boulevard vembre 1958. délégué de la CRAM (semble-t- Pasteur, que la Mairie a décidé Il prend ses nouvelles fonctions le il téléguidé par le Pr Jean-Baptiste d’acheter et qui serait sa contribu- 24 juin 1959. PAOLI qui dirige le Centre anti- tion pour la construction du futur cancéreux de Marseille) s’est élevé Centre. Mais il faut entreprendre les Le Dr Vincent PASCHETTA de- contre la création d’un Centre à (longues) formalités d’expropriation mande également au Conseil d’Ad- Nice. Heureusement cette offensive du paysan qui cultive ce terrain… ministration de mars 1958 que le ne semble pas faire l’unanimité Cela est abandonné d’abord au Dr Pierre-Paul PRAT assure mainte- des marseillais ; le projet de Nice profit d’un autre terrain dit « Ti- nant les fonctions de Directeur Ad- reçoit, ainsi, un ferme soutien du ranty » mais ce sera une autre op- joint afin qu’il soit habilité, le cas Doyen Georges MORIN qui dirige tion qui sera finalement retenue : échéant, à remplacer le directeur. la faculté de médecine de Marseille elle est située dans l’enceinte même et du Pr DUBOULOZ qui déclare de l’hôpital Pasteur. C’est le terrain Les adjudications ont lieu en mai qu’il y a « largement la place pour de la Villa Colombo dont la démo- 1958 et comporte 12 lots, dont cer- deux ». lition posera l’épineux problème du tains gérés de gré à gré, pour un relogement des internes. montant qui s’élève à 292 millions Certains médecins du syndicat des de francs hôpitaux de Nice manifestent éga- C’est là cependant que sera lement et parfois vivement leur in- construit le nouveau Centre antican- Les travaux commencent par quiétude devant la perspective d’un céreux de Nice quelques surprises lors des fonda- nouveau centre à construire et cela tions liées à la présence inattendue dans un cadre d’indépendance Pour cette édification, Honoré AU- de rochers et de sources qui vont C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 8 •
NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE obliger à des travaux importants de consolidation. Ils vont se poursuivre durant l’an- née 1959 avec une première date prévue de livraison en juin 1960. Un nouvel emprunt de 120 millions soit 80 millions pour l’équipement et 40 millions pour un fond de roule- ment est lancé auprès de la CDC. Ces emprunts sont également ga- rantis par le Conseil Général des Alpes-Maritimes. Par lettre du 6 mai 1959 le Ministre de la Santé estime que le coût de l’équipement du Centre qui s’élève à 404.363.000 Frs est trop élevé et il demande qu’il soit ramené à 200 millions. L’équipement devra donc être réduit au matériel strictement indispensable à l’ouverture de l’éta- blissement ce qui revient notam- ment à n’équiper qu’une seule salle de radiologie et qu’une seule salle d’opérations… Durant l’année 1960 le planning des travaux est globalement res- pecté même si la date d’ouverture est, finalement, reportée au 1er jan- vier 1961. Années 60 Cette année d’ouverture se termine- Le Centre ouvre effectivement ses ra, en matière de confiance de la Deux hommes efficaces vont, à portes le 1er janvier 1961 avec population, sous des auspices plus cette période, intégrer et renforcer une équipe médicale encore mo- que favorables puisque 691 ma- l’équipe en place : deste à laquelle, outre le duo mé- lades auront bénéficié d’une hospi- - Monsieur Michel VACELET, âgé dical fondateur, participent le Doc- talisation pour leur prise en charge de 35 ans, adjoint à l’économe teur Michel ABBES, qui d’interne thérapeutique. du sanatorium Armand Bernard va devenir assistant de chirurgie La première appellation choisie de Menton, est nommé, le 11 juin et quelques médecins spécialistes pour dénommer ce nouvel éta- 1960, trésorier du CLCC. exerçant au Centre hospitalier de blissement hospitalier, à savoir - Monsieur Albert PIANCASTELLI, Nice qui apportent, à temps par- « Centre de Diagnostic et de Traite- ingénieur au Centre Hospitalier de tiel, une très efficace contribution. ment », correspond bien à la volon- Nice, qui a réalisé un énorme tra- L’équipe soignante est, elle aussi, té marquée par cette communauté vail durant la construction et l’ins- en devenir avec quelques figures médicale d’en faire un institut auto- tallation qui se termine est recruté attachantes telles que Mimi SEYTRE nome et performant dédié au dé- comme ingénieur responsable des et Gisèle LAVIGNE. Intermède per- pistage précoce, au diagnostic et à services techniques. sonnel : sur l’entremise du Docteur la prise en charge moderne des di- PRAT, le jeune étudiant en méde- verses thérapeutiques des cancers. La situation définitive des tra- cine de 3ème année à Marseille que vaux s’élève à un montant total je suis, déjà externe des Hôpitaux Son inauguration officielle sera de 410.647.210 francs, auquel il (c’était alors un concours ouvert à présidée par l’initiateur même de faut ajouter le matériel amortis- tous les étudiants en médecine !) sa création, le Dr AUJALEU, alors sable : cela situe, au final, le coût viendra, cette première année, as- Directeur général du Ministère de total de la construction et de l’équi- surer pour quelques semaines le la santé publique et se déroule le pement légèrement au-dessus de remplacement estival de Michel 7 juin 1962 en présence de nom- 600.000.000 francs. ABBES… breuses personnalités locales. • 9 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE ris et qui fut Professeur au Collège de France (où il succéda à Claude BERNARD en 1941), membre de l’Académie nationale de Médecine et de l’Académie des Sciences, Pré- sident de la Ligue nationale contre le cancer entre 1956 et 1971, il sut, en effet, solliciter et obtenir de la famille de cet éminent médecin et chercheur de renommée interna- tionale (il reçut en 1962 le Prix des Nations-Unis « pour l’ensemble de son œuvre accomplie au cours d’une longue carrière dans le do- maine du cancer ») que puisse être attribué, à titre d’hommage, son nom au Centre anti-cancéreux de Nice. Celui-ci acquiert alors, ain- Ce jour-là, se concrétise donc la d’enseignement, ses amphithéâtres si, son appellation définitive presti- création du Centre anti-cancéreux et sa bibliothèque, financés par gieuse de « Centre Antoine-Lacas- de Nice tel qu’il a été voulu par ses tiers par l’Education Nationale, la sagne ». fondateurs. ville de Nice et le département des Alpes-Maritimes, seront disponibles Son histoire au service de la popula- C’est un décret en date du 22 juillet en 1970. tion régionale perdure aujourd’hui ; 1965, trois ans plus tard, qui crée, elle se poursuit, jour après jour, de- à Nice, une Ecole Nationale de Dix années après l’inauguration du puis maintenant plusieurs décen- Médecine dont le premier Direc- Centre anti-cancéreux, c’est au nou- nies, dans la même philosophie qui teur, le Pr René BOURGEON, est veau directeur de l’établissement le privilégie à la fois la recherche et chargé d’élaborer le programme Professeur Claude LALANNE (qui a l’innovation scientifique (la proton- pédagogique et d’entreprendre succédé le premier janvier 1971 au thérapie des tumeurs en est, notam- la construction de la future Faculté Docteur Vincent PASCHETTA) qu’il ment, un bel exemple) mais aussi, sur un terrain situé dans l’enceinte appartiendra de mener une initia- la qualité et la disponibilité d’une même de l’Hôpital Pasteur, à proxi- tive qui va grandement contribuer équipe médicale, administrative et mité immédiate, donc, du nouveau à la renommée nationale et interna- technique dévouée à sa tache de centre anti-cancéreux. L’enseigne- tionale de son établissement. soins au seul bénéfice des patients. ment s’ouvre, officiellement, par Au décès brutal, courant avril sui- arrêté du 1er octobre 1968, dans vant, du Professeur Antoine LACAS- Professeur François DEMARD des locaux temporaires pour un SAGNE qui avait pris la succession Directeur Général peu plus de 400 postulants. La tour de Claudius REGAUD, en 1937, à du Centre Antoine Lacassagne Pasteur de 13 étages, ses niveaux la tête de l’Institut du radium à Pa- de 1985 à 1996 C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 10 •
HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC Les 30 ans de la protonthérapie MEDICYC par Pierre Mandrillon, physicien EN CE 17 JUIN 1991, IL Y A DONC 30 ANS, RÈGNENT UNE EFFERVESCENCE, UNE TENSION ET UN PROFOND SENTIMENT PARTAGÉ DE VIVRE UN ÉVÉNEMENT SI LONGTEMPS ATTENDU : LE FAISCEAU DE PROTONS DU CYCLOTRON MEDICYC EST PRÊT POUR RÉALISER PIERRE MANDRILLON LE PREMIER TRAITEMENT DE PROTONTHÉRAPIE EN FRANCE. Cet événement marque la fin d’une s’est engagée énergiquement dans En juillet 1977 se réunit à Saclay Odyssée singulière commencée 19 ce grand projet d’un cyclotron ori- un Conseil Scientifique présidé par ans plus tôt en février 1972 avec la ginal entièrement dédié aux appli- Jules Horowitz qui reconnaît la vali- rencontre entre Pierre Mandrillon, cations biologiques et médicales dité du concept et l’engagement ni- alors jeune attaché scientifique au et a maintenu une confiance sans çois d’un accélérateur de type cy- CERN à Genève, et Claude Lalanne faille envers l’équipe scientifique et clotron dédié à l’activité médicale. Directeur du Centre de Diagnostic technique niçoise. et de Traitement des Cancers de De 1978 à 1980 se constitue, Nice qui ne portait pas encore le Je présentais en 1976 un premier sous ma direction (alors détaché nom d’Antoine Lacassagne. Claude projet dénommé MEDICIS, le « IS » de l’IN2P3 du CNRS), une jeune Lalanne s’intéressait alors à la neu- rappelant l’objectif de la produc- équipe technique qui est accueillie tronthérapie (radiothérapie avec tion d’isotopes : « Trop florentin me au sein du CERN à Genève dans des neutrons) et envisageait l’ins- dit Claude Lalanne, nous appelle- la division du Synchro-cyclotron tallation d’un simple générateur de rons ce projet MEDICYC ». où elle trouva un savoir-faire ex- neutrons. J’évoquais alors l’époque pionnière de Berkeley avec les cir- constances de la naissance du cy- clotron et l’histoire unique des frères Lawrence : Ernest, l’inventeur pres- tigieux du cyclotron (Nobel de phy- sique 1939) et son frère John lui mé- decin. Ainsi alors que le cyclotron fut inventé pour la recherche fon- damentale en Physique, de ce fait ses applications en médecine furent quasi immédiates, notamment dans la radiothérapie des cancers. Le destin de MEDICYC s’est avéré particulièrement chaotique*, mais heureusement souvent marqué par la bonne Fortune. La Direction du Centre Antoine Lacassagne d’abord sous Claude Lalanne qui avait visi- té Berkeley, puis François Demard L’ÉQUIPE DE CONSTRUCTION DE MEDICYC DANS SES LOCAUX À CARROS (ALPES MARITIMES) *Pour plus d’informations cf « Dans l’œil du Cyclotron » L’Harmattan Éditeur 2016 (www.harmattan.fr) • 11 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC VISITE DU MAIRE DE NICE PENDANT LE MONTAGE DÉFINITIF DU CYCLOTRON MEDICYC ceptionnel et des conseils précieux termination de poursuivre ce grand vier 1987. par des techniciens et ingénieurs projet tel que voulu par l’unanimité En mai 1987 se réunit à Nice le de haut niveau puis, plus tard, des des 26 membres du Conseil Scien- 24ème Congrès Européen des Cy- mentors prestigieux tels que Fran- tifique exceptionnel réuni à Nice le clotrons (ECPM) sous la présidence cis Farley et les deux prix Nobel 17 mai 1985 et présidé par Yves effective d’un nonagénaire étince- Georges Charpak et Carlo Rubbia. Cachin, président de la Commis- lant, le Professeur John Lawrence sion Nationale des Cancers. qui prend acte de la future instal- Après la phase initiale de concep- L’autorisation définitive d’installa- lation définitive de MEDICYC (cf tion de MEDICYC, le Centre Lacas- tion est accordée au Centre Antoine photo ci-dessous). sagne décide en 1982 de financer Lacassagne par le Ministère de la Après l’obtention d’un permis de la construction de la pièce maitresse Santé par arrêté en date du 7 Jan- construire, accordé le 5 juin 1986, du cyclotron : l’électro-aimant de 130 tonnes permettant d’atteindre l’objectif d’une énergie voisine de 65 MeV pour un faisceau de protons. Il reçoit l’autorisation ex- ceptionnelle d’être provisoirement installé au CERN afin d’effectuer les indispensables campagnes de mesures magnétiques. Il y reste- ra jusqu’en février 1985 pour re- joindre des locaux industriels loués à Carros pour réaliser l’assemblage final de tous ses composants. Le 1er juillet 1985 le Pr François Demard succède à Claude Lalanne à la Direction du Centre avec la dé- CLAUDE LALANNE (AVEC LE MICRO), JOHN LAWRENCE, PIERRE MANDRILLON ET FRANÇOIS DEMARD C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 12 •
HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC les travaux de terrassement du fu- tur bâtiment d’accueil débutent en Janvier 1988 sur un terrain excep- tionnel situé sur la colline de la Lan- terne. Sa construction, sous la férule rigoureuse d’Alain Faraut (OTB), respectera les délais et les coûts prévisionnels et le cyclotron rejoin- dra son site définitif le 2 mars 1989. Commencent alors le montage final du cyclotron avec l’objectif priori- taire de la protonthérapie oculaire, l’étude du transport de faisceau par Francis Farley et la réalisation des voies de faisceau jusqu’à la salle de traitement. Les premiers essais d’injection du faisceau dans le cyclotron débutent en juin 1990 et le premier faisceau haute énergie est extrait du cyclo- ARRIVÉE SUR LE SITE DE LA LANTERNE LE 2 MARS 1989 tron le 3 décembre 1990. Le 26 avril 1991 le faisceau extrait est et avec une tolérance parfaite. DICYC, sa possibilité d’accélé- transporté, pour la première fois, Aujourd’hui, à côté du cyclotron rer différents types de particules à dans la salle de protonthérapie. MEDICYC, toujours en fonctionne- des énergies variables, permettent ment sans défaillance, a été instal- d’entrevoir des applications dans La première séance de protonthé- lée un nouvel accélérateur du type le domaine de la production des rapie réalisée en France a lieu à synchro-cyclotron supraconducteur radioisotopes pour la médecine, Nice 17 juin 1991 sous la direction (S2C2™) fruit de la collaboration activité déjà initiée à Nice pour la du Dr Pierre Chauvel, radiothéra- entre la société niçoise AIMA DE- production de Fluor 18 de 2002 à peute, assisté de deux physiciens VELOPPEMENT et la Société belge 2010. médicaux Nicole Brassard et Joel IBA. La haute énergie (226 MeV) Un exemple significatif fut la R&D Hérault. Elle concerne une patiente de ce prototype permet l’irradiation engagée en 2015 sur la possible de 57 ans habitant la région borde- des tumeurs profondes. production d’isotopes tels que le Lu- laise qui subira au total 4 séances tétium 177, aujourd’hui riche d’ave- d’irradiation successives sans aléa La particulière flexibilité de ME- nir pour la théranostique. Quant à la radiothérapie vers des particules plus lourdes que les pro- tons, la société AIMA DEVELOP- PEMENT étudie la possibilité d’ac- célérer des ions Helium permettant des irradiations plus précises et plus efficaces en profondeur. Un projet dénommé IThAC reposant sur un accélérateur très compact est ainsi en cours de développement. Pierre MANDRILLON Concepteur de MEDICYC et du S2C2™ (accélérateur du Proteus® One) et actuel PDG d’AIMA Développement SALLE DE TRAITEMENT DE PROTONTHÉRAPIE OCULAIRE • 13 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
LE CENTRE EN QUELQUES DATES 1ER JANVIER 1961 1961 - 1970 OUVERTURE DU CENTRE DE DR VINCENT PASCHETTA DIRECTEUR GÉNÉRAL DIAGNOSTIC ET DE TRAITEMENT (CONSTRUCTION DU BÂTIMENT A) 1989 1987 OUVERTURE DE L’HÔPITAL INAUGURATION LABORATOIRE DE JOUR ET D’UNE UNITÉ DE ONCO-PHARMACOLOGIE SOINS INTENSIFS 1989 17 JUIN 1991 1987-1989 PREMIER PATIENT TRAITÉ EN CONSTRUCTION DU BÂTIMENT C MISE EN PLACE DU CYCLOTRON FRANCE EN PROTONTHÉRAPIE SITE OUEST AV DE LA LANTERNE SUR LE SITE OUEST BASSE ÉNERGIE POUR UN ET TEST FAISCEAU MÉLANOME DE LA CHOROÏDE C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 14 •
LE CENTRE EN QUELQUES DATES 1970 - 1985 1971 8 JUIN 1962 PR CLAUDE LALANNE LE CENTRE DE DIAGNOSTIC ET DE INAUGURATION DIRECTEUR GÉNÉRAL TRAITEMENT DEVIENT LE CENTRE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE 1985 – 1996 1980 9 FÉVRIER 1977 PR FRANÇOIS DEMARD OUVERTURE DE LA INAUGURATION DE LA DIRECTEUR GÉNÉRAL FONDATION VINCENT PASCHETTA SURÉLÉVATION DU CENTRE (BÂTIMENT B) (BÂTIMENT A) 1994 1995 PREMIER PATIENT INCLUS 1996 – 2001 OUVERTURE DE L’UNITÉ PROTÉGÉE PR JEAN-NOËL BRUNETON DANS UNE ÉTUDE CLINIQUE VIA AU B4 POUR L’ACCUEIL DES DIRECTEUR GÉNÉRAL UNE STRUCTURE DÉDIÉE POUR PATIENTS EN ONCO-HÉMATOLOGIE LA RECHERCHE • 15 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
LE CENTRE EN QUELQUES DATES 2001 – 2009 PR JEAN-PIERRE GÉRARD 2006 2009 DIRECTEUR GÉNÉRAL CRÉATION DU DÉPARTEMENT DES EXTENSION DE SOINS DE SUPPORT LA RADIOTHÉRAPIE – BÂTIMENT B 2014 2014 – 2019 2013 ACQUISITION DE LA CONSOLATA, JOËL GUIGAY OUVERTURE MAISON D’ACCUEIL HOSPITALIÈRE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’HÔPITAL DE JOUR SOINS DE SUPPORTS 2016 2018 INAUGURATION DE L’INSTITUT 2017 OUVERTURE PLATEAU D’IMAGERIE CRÉATION DE L’UNITÉ DIAGNOSTIQUE ET INTERVENTIONNEL MÉDITERRANÉEN DE DE PHASES PRÉCOCES 3D AVEC L’ACQUISITION DE DEUX PROTONTHÉRAPIE TOMOSYNTHÈSES C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 16 •
LE CENTRE EN QUELQUES DATES 2009 – 2014 2011 2011 JOSÉ SANTINI LABELLISATION DE CENTRE DE CRÉATION DE L’INSTITUT DIRECTEUR GÉNÉRAL RECHERCHE CLINIQUE PAR LA UNIVERSITAIRE DE LA FACE ET DU DGOS, EN PARTENARIAT AVEC LE COU (IUFC) CHU DE NICE 2012 2012 INSTALLATION D’UNE 2012 OUVERTURE DE LA CLINIQUE DU SEIN QUI INSTALLATION D’ UNE CAMÉRA DEVIENDRA L’INSTITUT UNIVERSITAIRE TOMOTHÉRAPIE EN TEP EN MÉDECINE NUCLÉAIRE DU SEIN ET DE CANCÉROLOGIE RADIOTHÉRAPIE GYNÉCOLOGIQUE EN 2017 2019 CRÉATION DU DÉPARTEMENT D’EPIDÉMIOLOGIE, DE BIOSTATISTIQUE ET DES DONNÉES DE SANTÉ 2020 2020 852 PATIENTS INCLUS DANS DEPUIS 2019 65 982 CONSULTATIONS - PR EMMANUEL BARRANGER DES PROJETS DE RECHERCHE 843 SALARIÉS - 108 MÉDECINS - DIRECTEUR GÉNÉRAL PRÈS DE 1200 PROFESSIONNELS 6131 PATIENTS PRIS EN CHARGE - 197 LITS DE SANTÉ FORMÉS PAR LES EXPERTS DU CENTRE • 17 • C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S
EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE De formidables avancées en oncologie médicale depuis 30 ans Mais bien sûr, l’essentiel des pro- bouchera sur l’apparition d’autres grès a été réalisé avec l’arrivée de thérapies ciblées. thérapies innovantes des cancers. Enfin plus récemment encore sont Dans les années 90 seules deux apparues des anticorps qui visent options de traitements médicamen- à démasquer les cellules tumorales teux étaient proposées : la chimio- vis-à-vis de leur reconnaissance par thérapie et l’hormonothérapie dans le système immunitaire de l’orga- les cancers du sein et de la prostate. nisme et leur destruction par les lym- Une première porte fut ouverte avec phocytes tueurs. Ces médicaments l’arrivée de l’interleukine 2 à la fin ont permis de faire des progrès des années 90. C’était la première considérables dans certaines tu- immunothérapie, traitement efficace meurs jusqu’alors très résistantes aux dans certains cas mais très lourd et traitements classiques comme les difficile à utiliser. Mais le concept cancers du poumon, de la sphère d’immunothérapie était né. ORL ou urologiques. PR JEAN-MARC FERRERO Cette nouvelle ère thérapeutique A côté de ces développements thé- a vraiment vu le jour au tout début rapeutiques, l’analyse des gènes des années 2000 avec l’arrivée du des cellules tumorales nous a L’ÉVOLUTION DE L’ONCOLOGIE MÉDICALE premier anticorps monoclonal hu- conduit également à mieux com- A ÉTÉ CONSTANTE AU COURS DE CES manisé dans traitement du cancer prendre les mécanismes intimes de TRENTE DERNIÈRES ANNÉES. ELLE S’EST du sein. Ce traitement était dirigé la cellule cancéreuse et à mieux FAITE TANT AU NIVEAU DES TRAITEMENTS contre sa cible spécifique, le récep- identifier le pronostic de chaque tu- PROPOSÉS QUE DE LA PRISE EN CHARGE teur HER2. La révolution thérapeu- meur aboutissant au concept de mé- tique était en marche. Jusque-là, la decine personnalisée. Il s’agit d’éta- GLOBALE DES PATIENTS. JE SUIS ARRIVÉ chimiothérapie tuait les cellules can- blir une carte d’identité de chaque COMME MÉDECIN DES CENTRES DE LUTTE céreuses mais aussi beaucoup de tumeur afin d’adapter le traitement CONTRE LE CANCER EN 1991 AU CENTRE cellules saines, grâce ce nouveau adjuvant c’est-à-dire celui qui vise à ANTOINE LACASSAGNE. A CETTE ÉPOQUE traitement nous pouvions montrer éviter une récidive. Pour ce faire, le LA PLUPART DES TRAITEMENTS SE FAISAIT qu’un médicament pouvait n’être concept de « signature génomique » actif que sur des cellules malades qui tend à se généraliser permet de LORS DE PHASES D’HOSPITALISATION. : grâce au concept de « cible théra- faire du « sur mesure » pour chaque LE PATIENT RESTAIT PLUSIEURS JOURS À peutique ». A côté de la chimiothé- patient par rapport à la pathologie L’HÔPITAL. LES CHIMIOTHÉRAPIES ÉTAIENT rapie et de l’hormonothérapie, une qu’il présente. COMPLEXES, SOUVENT LONGUES, LES EFFETS troisième voie était possible : la thé- Le cancer n’est certes pas encore SECONDAIRES DIFFICILES À TRAITER, LE rapie ciblée. vaincu, mais la formidable éclo- A partir de là, l’essor des traitements sion de nouvelles thérapeutiques is- CONTEXTE ANGOISSANT ET LES SUCCÈS ciblés en fonction des mutations sues de la recherche, l’élaboration THÉRAPEUTIQUES BEAUCOUP PLUS RARES génétiques des cellules favorisant de combinaisons thérapeutiques, le QU’AUJOURD’HUI. l’apparition d’un cancer (oncogé- développement de nouveaux outils niques) représente l’un des princi- tels que les imageries métaboliques, En dix ans nous avons pu observer paux changements de paradigme pourront permettre une médecine l’explosion des traitements en am- en oncologie des 10 dernières an- de précision encore plus efficace et bulatoire (dans la journée), ce qui nées. De multiples altérations onco- moins toxique. Toutes ces raisons ex- a nécessité l’extension constante géniques ont été identifiées dans la pliquent l’enthousiasme des jeunes des capacités de l’hôpital de jour et plupart des tumeurs solides, y com- médecins et des chercheurs pour l’apparition du concept de soins de pris de l’enfant. Une grande partie cette spécialité que l’on appelle support qui englobe l’ensemble des des données, provenant notamment l’oncologie médicale au service de thérapies médicamenteuses ou pas, des programmes de caractérisation nos patients. visant à mieux prendre en charge les des informations génétiques des Pr Jean-Marc FERRERO conséquences physiques et psycho- cellules comme le Cancer Genome Chef du Département logiques des traitements. Atlas, reste à exploiter ce qui dé- d’Oncologie Médicale C ’ E ST À L I R E 6 0 A N S • 18 •
EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE L’évolution de la chirurgie des cancers du sein, avec 33 ans de recul ! D’abord réservée aux tumeurs de petite taille (
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