L'Euro leur monnaie, notre porblème?
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Le magazine du Nouveau mouvement européen Suisse nomes / N° 2/2010 L’Euro leur monnaie, notre porblème?
sommaire éditorial actualité Chère lectrice, cher lecteur Michael Fust: Consciemment, droit dans le mur ? D epuis peu, l’Europe est enfin redevenue d’actualité dans ce pays. De multiples contributions naie unique et les problèmes écono- miques de la zone euro. La question de savoir si une adhésion sans reprise : page 3 dans les médias et prises de position de l’euro est possible ne pourra être autour du rapport du Conseil fédéral clarifiée que lors de négociations section sur la politique européenne ont nour- d’adhésion. Un tel scénario est-il sou- Albert Tille: ri un intense débat. Certaines d’entre haitable ? Pour le Nomes, il n’y a pas Les Vaudois sont elles étaient prévisibles, d’autres dé- d’a priori dans cette affaire, étant en- europhiles cevantes ou plutôt réjouissantes. A l’évi- tendu que la question monétaire ne devrait : page 4 dence, elles ont fait apparaître les carences de pas faire échouer une éventuelle adhésion. la voie bilatérale, même si d’aucuns se com- Cela dit, le franc fort et les problèmes liés abattage de mythes plaisent dans le déni de réalité. Le Conseil à la politique monétaire et le taux de change L’arrogance nationale fédéral, lui, est lucide dans l’analyse mais in- sont un défi permanent pour l’économie sans borne de conséquent dans les conclusions, dès lors suisse. C’est pourquoi nous avons réalisé une Monsieur Wäfler qu’il s’en tient exclusivement à l’option bila- série de brèves interviews de personnalités de : page 5 térale (p.3). Toutefois, il serait faux de consi- différents milieux (pp. 7-11). Notre objectif dérer ce débat sur l’Europe comme une est de mieux connaître les répercussions de la projecteur marche à vide. Car il n’y a pas de doute qu’il faiblesse relative de l’euro sur notre écono- marquera de son empreinte les élections fédé- mie. Quel rapport demain entre rales d’octobre 2011. Au demeurant, les par- l’Euro et la Suisse ? tis politiques ont d’ores et déjà annoncé la Je vous souhaite une agréable lecture. : page 6 couleur… Dans son rapport, le Conseil fédéral ana- interview lyse pour la première fois l’option « adhésion Interview sur l’Euro assortie de dérogations ». Cela peut s’expli- : page 7 quer notamment par la position de la mon- Michael Fust international Et si la diversité devenait ch.spots plus qu’un principe ! : page 10 Sirop framboise Gotthard 2 Nous avions hâte de goûter aux liqueurs exquises Record du monde ! La Suisse se rapproche de yes et aux spécialités exotiques à des prix enfin abor- l'Europe ! Nous, les Suisses, avons bientôt termi- Eva Hirschi: dables. Et soudain, comme premier article offi- né la construction du tunnel du siècle (pour être L’UE doit être plus ciellement introduit suite à l'entrée en vigueur du précis, nous avons bientôt terminé la planification proche des citoyens principe du Cassis-de-Dijon, voici le sirop fram- et le financement, et pour ce qui est de la : page 13 boise qui fait son apparition dans les commerces construction, elle repose majoritairement sur les suisses ! Depuis début octobre, à la Migros, nous travailleurs des pays voisins de l'UE, élément dont lire pouvons nous en procurer pour 3 francs 50 au lieu il est peu question ici). Le message-clé du spec- Hans Peter Fagagnini: de 4 francs 80 les 1,5 litres. Mais le doux mélange tacle : la Suisse est solidaire envers l'Europe, elle «Notre Sonderfall n'est une spécialité ni des pays baltes, ni du pays paie des milliards de manière volontaire, et ce à nous tous» basque. Il s'agit d'une production suisse qui, avec n'est pas une profiteuse. Il est juste dommage : page 14 ses 10% de pur jus de fruit, respecte les normes que personne ne l'ait remarqué jusqu'à là. européennes, alors que les normes suisses exi- Pour les lignes d'accès se trouvant en Allemagne gent au moins 30% ! Nous pouvons nous réjouir : et en Italie, des déclarations d'intention ont été la dernière Migros explore d'autres possibilités ! Nous prononcées, mais les fonds nécessaires n'ont été : page 15 constatons d'ailleurs déjà la présence d'un nou- promis ni à Bruxelles, ni à Berlin, ni à Rome. Alors veau produit : un sirop de baies pour 3 francs 30. quoi ? « La joie persiste, nous avons le plus long Enfin ! (dg) tunnel du monde ! » (dg)
actualité Consciemment, droit dans le mur ? Par Michael Fust, secrétaire général Le Conseil fédéral entend poursuivre la voie bilatérale. Le rapport sur l’évaluation de la politique européenne de la Suisse livre une analyse nuancée de la situation actuelle, mais il reste timide et ne tire aucune conséquence politique. L a onférence de presse du Conseil fédéral de mi-août à propos de la politique européenne avait suscité une propres, en fonction du secteur concer- né. Il s'agit de la poursuite de la voie bi- latérale sans nouvel accord, de la pour- moins qu'il envisage diverses options. Tel n'est cependant pas le cas. En dehors de toute logique, il conclut de la manière grande attention de la part des médias. suite de cette voie avec développement suivante : « La voie bilatérale reste l’instrument le par la conclusion de nouveaux accords, « Compte tenu du bilan largement mieux à même de sauvegarder les intérêts de la mise en place d'un cadre institu- positif à ce jour de la voie bilatérale et de la Suisse à l’égard de l’UE ». Tel est le tionnel (« accord-cadre »), de l'adhé- du fait que la poursuite et le développe- message du Conseil fédéral qui a bénéfi- sion à l'EEE, de l'adhésion à l'UE et de ment des relations entre la Suisse et l’UE cié d'un large écho public. Le rapport sur l'adhésion à l'UE assortie de certaines est dans l’intérêt mutuel, le Conseil fédé- l'évaluation de la politique européenne dérogations (concernant l'euro par ral estime qu’un changement abrupt de de la Suisse n'a quant à lui presque pas eu exemple). stratégie n’est, actuellement, pas oppor- plus d'impact dans les médias, l'essentiel En guise de conclusion, un bilan de la tun […]. ». du message étant connu et les élections voie bilatérale est une nouvelle fois dres- Ainsi, bien que le Conseil fédéral re- fédérales approchant à grands pas. sé. Les buts de la politique européenne connaisse que la voie bilatérale est insuf- de la Suisse sont atteints grâce à ce dis- fisante, que certaines négociations en Une analyse nuancée… positif, en particulier en termes de pros- cours sont bloquées et que l'UE répète Le rapport est cependant riche en périté et de sécurité. Cette voie est en son insatisfaction face à ces accords sec- conclusions et mérite une attention par- outre appréciée et soutenue par le toriels, celui-ci n'en tire aucune consé- ticulière. La première partie se veut peuple. Le bilan est toutefois « nuancé » quence. Il souhaite seulement réactiver d'une part descriptive, elle pose le concernant les aspects touchant à la sou- la voie bilatérale par des « mécanismes contexte des relations entre la Suisse et veraineté et à l'autonomie de la Suisse. institutionnels ». Dans ce but, un groupe l'Union européenne, et d'autre part, elle Les négociations avec l'UE se sont consi- de travail bilatéral est actuellement char- apporte un jugement de la situation ac- dérablement compliquées. S'ensuit le gé de proposer des solutions. Reste à es- tuelle. Dans l'UE les changements cou- blocage de certains dossiers en cours. De pérer que l'opération réussisse à éviter 3 ronnés de succès et leurs effets sur la plus, le Conseil fédéral s'accorde sur le un blocage de la politique européenne, Suisse sont analysés, notamment avec fait que la position de la Suisse en tant au moins à court terme. La Suisse ne les nouveautés apportées par le Traité que pays tiers implique certains désa- peut plus se permettre de perdre à nou- de Lisbonne. Au moyen des trois cri- vantages, qui ont tendance à se renfor- veau une dizaine d'années. Le Conseil fé- tères du Rapport Europe 2006, les rela- cer. « A ce jour, ces objectifs ont été at- déral ne doit donc pas tarder à corriger tions helvético-européennes sont pas- teints dans une large mesure grâce à la le tir, sinon un « changement abrupt de sées au crible. Conclusion : « Les voie bilatérale, même si cette dernière stratégie » sera inévitable. Un tel chan- évolutions décrites [dans le présent cha- révèle certaines faiblesses, notamment gement aurait des conséquences impré- pitre] font clairement ressortir une éro- en termes d’influence sur des normes qui vues et l'écho public dont il jouirait ren- sion dans les marges de manœuvre dont touchent directement la Suisse, de limi- drait certainement toute solution dispose notre pays dans la conduite de tation en termes de souveraineté liées à profitable pour la Suisse impossible. Il ses relations avec l’UE au moyen de la reprise du droit de l’UE pour éviter s'agit donc non seulement d'une vision, l’instrument de la voie bilatérale. […] des situations défavorables, d’absence mais aussi et surtout d'une question La voie bilatérale et sectorielle suivie à d’accès complet au marché de l’UE ou d'anticipation et de clairvoyance. Si la ce jour a indiscutablement été couron- sur le plan de la sécurité juridique. » marge de manœuvre continue à s'éroder née de succès du point de vue de la dé- et la tendance négative persiste, la fense des intérêts nationaux. » …sans conséquences politiques maxime certes souvent rabâchée, mais Dans la deuxième partie, les diverses Au vu de cette analyse, nous pou- tout autant pertinente, « Gouverner, options possibles sont analysées une par vions attendre du Conseil fédéral qu'il c’est prévoir», prendra à nouveau tout une, avec leurs effets et leurs problèmes rectifie sa politique européenne, ou au son sens.
section Les Vaudois sont europhiles Par Albert Tille, membre de la section vaudoise du Nomes Deux députés vaudois membres du Nomes ont invité le gouvernement cantonal à prendre une position d’ouverture vers l’Europe. La réaction du Conseil d’Etat est positive. L e postulat déposé par Christa Markwalder, conseillère nationale et présidente du Nomes, a invité le Conseil fédéral à repenser la politique européenne de la Suisse. Dans Réactions de cinq députés, membres du nomes après le débat au Parlement vaudois. le canton de Vaud, une terre europhile, deux membres du Alessandra Silauri (VER) nomes ont fait une démarche similaire. Alessandra Silauri a A côté des difficultés que rencontrent aujourd’hui les bilatérales, le interpellé le Conseil d’Etat sur les risques et les limites pour Conseil d’Etat a relevé les aspects positifs de l’acquis des accords les cantons de la poursuite de la voie bilatérale. Plus contrai- passés avec l’UE. Je regrette qu’il n’ait donné aucun chiffre précis gnant, un postulat de François Cherix a demandé un engage- à ce sujet. Des données factuelles permettraient d’avoir un débat ment actif du gouvernement dans le débat européen en concer- plus objectif et moins émotionnel sur l’avantage qu’apporte notre tation avec les cantons partageant les mêmes visions. Vaud a rapprochement avec l’Europe, et la nécessité qu’il faut, par tous les une responsabilité particulière. Son président, Pascal Broulis moyens, continuer ce processus, car son interruption aurait de dirige la Conférence des gouvernements cantonaux. Or cet graves conséquences pour la prospérité de la Suisse. organe, créé en 1993 après le refus de l’EEE prend une impor- tance grandissante dans la définition de la politique étrangère Pierre zwahlen(SOC) de la Suisse. Le peuple vaudois s’est bien souvent montré, dans les votations l’un Les interventions Silauri et Cherix ont été accueillies posi- des plus européens parmi les cantons suisses. Le Conseil d’Etats tivement au sein du Grand Conseil. Par la voix de son prési- vaudois prend, lui aussi, une position européenne plus avancée que dent Pascal Broulis, le gouvernement a fait preuve d’ouver- le Gouvernement fédéral. Il indique qu’il faut élever le statut de l’ad- ture. Il reconnaît les avantages obtenus jusqu’ici par les hésion. Ce ne serait plus une simple « option à long terme », mais une bilatérales, notamment en matière d’éducation. Il fait en re- « alternative à moyen ou long terme ». vanche une analyse particulièrement critique du développe- ment des négociations avec l’UE et réclame l’ouverture d’un Raphaël Mahaim(VER) débat sur l’adhésion. Je suis un peu déçu que le gouvernement ne soit pas allé aussi loin que les Fribourgeois en faveur de l’adhésion. Le président Pascal – L es accords de Schengen-Dublin et la reprise de l’acquis Broulis a une position critique. Il dirige la Conférence des gouverne- 4 communautaire démontrent l’infime marge de manœuvre ments cantonaux et hésite à prendre une position de combat qui le laissée à la Suisse et aux cantons. mettrait mal à l’aise dans ses discussions avec les autres cantons. – Les nouveaux adhérents à l’UE sont de moins en moins en- clins à faire des concessions à la Suisse. François Cherix (SOC) – La voie bilatérale ne doit pas mener à une adhésion de Par mon postulat, je demande que, au-delà de sa déclaration posi- facto, sans droit de participation, ce qui semble de plus en tive, le Gouvernement fasse un bilan complet des intérêts du can- plus souvent être le cas dans le cadre du contexte actuel. ton dans la question européenne et qu’il constate que Vaud reste – Les bilatérales peuvent s’apparenter non pas à une négo- traditionnellement attaché à une politique d’ouverture. Après ce ciation librement consentie, mais à l’adhésion obligatoire bilan, il faut développer une véritable stratégie de communication de la Suisse aux conditions européennes. qui explique comment, sur la scène suisse, faire valoir la voix des – L’adhésion ne doit pas être un sujet tabou. Le Gouverne- Vaudoises et des Vaudois. ment vaudois rejoint donc, sur le fond, la position du Conseil d’Etat fribourgeois. Laurent Wehrli(RAD) Rapporteur sur le postulat Cherix Cette ferme position ne clôt pas le cheminement politique L’appui largement majoritaire au postulat Cherix, affirme qu’il est des interventions européennes dans le canton de Vaud. Le très important que les cantons se positionnent dans ce débat. Un gouvernement doit encore se prononcer sur les demandes for- nombre important de députés pense que l’on doit se rapprocher de mulées dans le postulat Cherix. l’Union. Mais cela ne signifie pas que le Grand Conseil Vaudois dirait « oui » si on le faisait voter aujourd’hui sur l’adhésion.
abattage de mythes L’arrogance nationale sans borne de Monsieur Wäfler à adhérer, elle serait extrêmement bienvenue; dans le cas « De nombreux fonctionnaires contraire, cela serait admis sans sourciller. Les relations de l'UE veulent nous attirer dans Suisse-UE, qui seraient considérées par les deux parties le piège de l'Union européenne » comme essentielles, devraient alors s'accommoder en fin de compte de la mise en œuvre de prémisses propres à réserver « Pourquoi de nombreux fonctionnaires de l'UE essaient- des traitements de faveur spécifiques dans la négociation et ils de piéger notre pays en forçant le rapprochement ? des exceptions en tous genres. d) La Suisse trouvera en tout Pour l'UE, le Modèle étatique suisse, avec son système de moment des interlocuteurs à Bruxelles – mais force est de codécision par voie de démocratie directe et sa responsa- constater qu'elle ne figure en aucun cas en haut de la liste bilisation citoyenne, assortie d'un ordre économique et institutionnel relativement efficace, est sujet à hérisser le des problématiques communautaires à traiter. poil et à offusquer. (…) Cela conduit les Euro-Bureau- crates à tenter de faire disparaître cet embarrassant «Mé- 2. La présomption nationale démesurée, qui ressort de l'article de M. Wäflers, est largement présente en Suisse. Elle sous- " morial helvétique » de la scène européenne et de le liqué- fier en le neutralisant et le rendant conforme, au moyen tend l’idée selon laquelle l'UE devrait apporter un soin par- du processus d'intégration. En même temps, l'UE re- ticulier au développement de nos relations, du fait que nous cherche de nouveaux sponsors solvables, afin d'apaiser sa ayons un statut de « second meilleur partenaire » – à tra- soif de financements à fond perdu. » duire comme suit: selon les statistiques, aucun autre pays Markus Wäfler, ancien Conseiller national, No de sep- tiers, hormis les Etats-Unis, ne consacre autant d'argent tembre 2010 de l'Organe officiel de l'Union démocratique pour le financement d'importations provenant des 27 Etats- fédérale « EDU-Standpunkt » Membres de l'UE. Cela semble en imposer, mais à y regar- der de plus près, politiquement, c'est aussi exploitable qu'insignifiant dans les termes: car chaque pays-membre de 1. Les « Euro-bureaucrates « se rendent chaque matin à leur l'UE exporte bien plus ses marchandises et services en direc- bureau bruxellois dans le seul but de manigancer de façon tion des autres pays du marché intérieur de l'Union qu'en obsessionnelle sur leur seul sujet de réflexion: «comment direction de pays tiers. Pour le total du commerce extérieur 5 pouvons-nous enfin contraindre la Suisse à intégrer l'Union d'une grande majorité des 27 pays-membres, marché inté- ? Dans le dédale des longs corridors du Berlaymont, on ne rieur et pays tiers confondus, les expor-tations vers la Suisse perçoit, jour après jour, que le murmure: LA SUISSE !, LA sont absolument marginales. Nous importons 3,9% du to- SUISSE !, LA SUISSE ! tal des expor-tations de l'Allemagne et figurons au 10ème Ce « Modèle suisse » à valeur mondiale - voire plus directe- rang de la «liste-exports« allemande; pour la France, 2,8% ment européenne, – dont parle M. Wäfler, procède d'une ar- de ses exportations, 4ème rang; pour l'Italie, 3,9% de ses rogance nationalisante aussi grotesque que risible. L'atti- exportations, rang 6; pour l'Autriche 3,7% des exporta- tude fondamentale de cette Institution n'a pas changé depuis tions, rang 4. Vis-à-vis de ces voisins, nous pouvons nous des décennies: a) Compte tenu de la situation géographique considérer comme de plus ou moins « bons clients ». Mais de la Suisse au cœur du Continent, celle-ci et l'UE se voient pour des pays-membres comme Malte (0,47%, rang 14), condamnés à coopérer étroitement au nom d'un intérêt ré- voire l'Estonie (0,2%, rang 22), comment pouvons-nous ciproque fondé sur une communauté d'innombrables sec- leur faire admettre une quelconque attitude bienveillante à teurs d'attache relevant du politique, de l'économique, du notre égard, en relation avec nos demandes de traitement social et du culturel. b) La culture politique, tout comme la spécial, dans le cadre des négociations économiques. capacité économique de la Suisse, sont reconnues et respec- tées; pour les autres pays européens, elles ne fournissent en 3. Et pour en venir à la « soif de financements à fond perdu » revanche aucun argument pour poser ce « modèle » sur un de l'UE, il est clair que l'adhésion de cette Suisse prospère piédestal et en faire une source de vénération quasi-reli- et cash-payer représenterait un plus évident: compte tenu gieuse, et de mise-à-genoux devant ce phénomène suisse des flux financiers assez obscurs passant de Bruxelles aux sans pareil… c) Dans le cas où la Suisse devrait se décider Etats-Membres et des Etats-Membres à Bruxelles, la Suisse 5 Zeilen Übersatz
projecteur L’avenir de l’euro et la Suisse Ces derniers temps, l’avenir de l’euro a fait les choux gras des médias. Au moment où la crise des dettes était à son comble, beaucoup de monde le qualifiait de construction défectueuse et le disait mourant. Sa situation précaire a même fait naître des doutes quant à sa pérennité jusque dans les rangs des partisans de l’adhésion. O r, grâce à une opération de Une petite histoire de l’euro viole depuis cette date délibérément le sauvetage mise en place en un L’euro, introduit en 1999 comme critère de stabilité des taux de change. temps record, l’Union européenne a monnaie virtuelle, est devenu, en 2001, Ce procédé est notoire et a (jusqu’à pré- réussi à éviter le pire et à rétablir la argent liquide. Aujourd’hui, l’euro est sent) été toléré par l’UE. En principe, la confiance. Afin de se prémunir contre la monnaie légale de quelque 329 mil- Suisse, elle aussi, serait tenue de re- de nouvelles catastrophes, les chefs de lions de personnes dans 16 des 27 Etats prendre l’euro en cas d’adhésion – d’au- gouvernement de l’Union ont décidé membres de l’UE. Il s’est établi comme tant qu’elle remplit normalement les de durcir les règles du Pacte de stabi- la deuxième monnaie de réserve au critères de convergence. Une période de lité et de croissance dont le non-res- monde. En 2011, l’Estonie deviendra le transition pour l’introduction ferait pect est considéré comme la principale 17e membre de la zone euro. La signa- concrètement l’objet de négociations raison de la crise des dettes. Ces me- ture à Maastricht du Traité sur l’Union d’adhésion. C’est également lors de sures permettront de pallier les imper- européenne, entré en vigueur le 1er no- telles négociations que pourrait être cla- fections du système et l’UE s’emploie- vembre 1993, fut à l’origine de l’euro. rifiée la question d’une clause d’exemp- ra à renforcer la coordination des Le traité prévoit que tous les Etats tion. Etant donné l’actuel endettement politiques économiques des Etats membres remplissant les soi-disant cri- de la zone euro, et les incertitudes qui y membres. De plus, certains points du tères de convergence sont en droit – ou sont liées, nombre d’experts estiment Traité de Lisbonne seront retouchés obligés – d’adopter l’euro. Lesdits cri- que la Suisse serait bien placée, le cas afin d’assurer une stabilité durable de tères sont la stabilité des prix, la stabi- échéant, pour négocier un opt out . la zone euro. Les éléments essentiels lité du budget, la stabilité à long terme Mais il n’y a pas de certitude absolue. des modifications sont connus : l’in- des taux d’intérêt et la stabilité des taux terdiction de la prise en charge réci- de change. Nombre de nouveaux Etats La stabilité de l’euro – un fac- proque des dettes entre Etats membres membres ne remplissant pas encore les- teur important pour la Suisse 6 est maintenue, l’union monétaire ne se dits critères, conservent leur monnaie Même pour un pays non membre transforme pas en une « union de nationale. comme la Suisse, l’avenir de l’euro est transferts ». Mais il est prévu de mettre d’une importance capitale. L’étroite im- en place un mécanisme de crise per- Adhérer sans reprise de l’euro ? brication économique dans la zone euro mettant de venir au secours d’Etats Certains pays tels que le Royaume- est l’évidence même. Raison pour la- membres de la zone euro, ce toutefois Uni, le Danemark et la Suède, tout en quelle le taux de change est une donnée à la condition que l’ensemble de la étant membres de l’UE depuis assez cruciale pour notre économie. Dans le zone soit menacé. Afin d’exclure la longtemps, n’ont pas repris l’euro. Dans contexte de la crise financière, la stabi- seule responsabilité du contribuable, le débat sur l’Europe en Suisse, ces cas lité et l’endettement relativement faible des créanciers privés et des banques de figure sont parfois cités comme mo- de notre pays ont eu pour effet d’appré- seront appelés à participer à un éven- dèles pour notre pays. Or, au moment cier le franc outre mesure par rapport à tuel redressement. L’ensemble de ces de la signature du Traité de Maastricht, l’euro et au dollar. La Banque nationale, réformes est destiné à renforcer à long le Royaume-Uni et le Danemark étaient en intervenant massivement sur le mar- terme la stabilité de l’union monétaire déjà membres de la Communauté et ob- ché des devises, a essayé sans grand suc- et de l’euro, une évolution qui ne peut tinrent une dérogation au traité, le soi- cès de stabiliser les taux de change. Voi- qu’être dans l’intérêt de la Suisse. Mais disant opt out. En revanche, la Suède là pourquoi nous avons demandé à il faut se faire à l’idée qu’une Union n’adhéra à l’UE qu’en 1995 et eût été différents acteurs et des milieux directe- européenne, plus fortement intégrée obligée de reprendre la monnaie unique. ment concernés, à travers de brèves in- au plan économique, sera à l’avenir La population suédoise s’étant, lors terviews, comment ils évaluent la situa- encore moins encline à faire des d’un référendum en 2003, exprimé tion actuelle et les répercussions sur concessions à des Etats tiers… contre l’introduction de l’euro, la Suède l’économie suisse. (mf)
interview Franc fort ne pose pas de problèmes aux PME Euro-interview avec Roland M. Rupp, Association Suisse des PME europa.ch: Il a été souvent écrit que beaucoup de PME Il est clair que le 10% des PME actives dans l’import/ orientées vers l’exportation connaissent des difficultés à cause export sont confrontées à l’Euro et tiennent une comptabi- de la force du Franc et pourraient être tentées de transférer lité correspondante. Par contre, que la facturation interne leur production dans la zone Euro. La Suisse doit-elle craindre ou autre soit effectuée en Euro, cela nous est totalement une perte de places de travail à cause du Franc fort ? inconnu. Roland M. Rupp: Non, en aucun cas. Seul 10% des entreprises suisses sont actives dans l’exportation et n’en sont L’introduction de l’Euro n’apporterait-elle pas aussi des pas dépendantes exclusivement non plus. La Suisse avantages concrets à la Suisse et à son économie ? offre comme lieu d’implantation de nombreux avan- Non ! La monnaie nationale a toujours ses avan- tages tels que des infrastructures fiables, une main tages. Il serait fondamentalement faux d’abolir la d’œuvre qualifiée, la paix du travail, etc. si bien qu’un monnaie, en gardant à l’esprit que certains États transfert à l’étranger ne se membres de l‘UE souhaite- justifie pas en raison d’un raient déjà revenir à leur Franc fort uniquement. «La vigueur du Franc, ne monnaie et que cela facilite- rait la gestion des finances Pour de petites entre- prises, il n’est pas toujours contraindra que peu de PME à publiques. On oublie sou- vent que les petites entre- possible de s’assurer contre se battre pour leur survie.» prises justement sont plutôt le risque de change. Quelles importatrices qu’exporta- possibilités ont les PME de trices. Celle qui a par s’accommoder des conséquences négatives d’un Franc fort ? exemple fixé ses prix au taux de change annuel de 1.55 à fin Offrez-vous une aide concrète en tant qu’association ? 2009 profite aujourd’hui d’une marge supplémentaire grâce Nous soutenons naturellement les PME en Suisse et colla- aux fluctuations de change. Les listes de prix ne sont pas ac- borons par conséquent avec des partenaires comme par tualisées durant l’année et une PME avec un volume d’impor- exemple le négociant de devises Wisenta SA. Une discussion tation de 100 000 EUR reçoit actuellement un bonus net de préalable à un départ à l’étranger suffit souvent à montrer le Fr. 20000. ‘ 7 danger des fluctuations monétaires, si bien que les mesures correspondantes (fixation de cours annuels, devise de paie- L’interview a été réalisée par écrit le 20 octobre. ment, conditions, etc.) peuvent être prises. De nombreux faiseurs d’opinion estiment que le Franc Roland M. Rupp suisse restera à un niveau élevé face à l’Euro à long terme. La Roland M. Rupp a fondé le Banque Nationale entend renoncer à des interventions mas- Réseau Suisse des PME en sives à l’avenir. Quelles possibilités voyez-vous pour faciliter 2006 et occupe le poste de vice- la survie des PME ? président de la direction géné- Je me répète. Seule une minorité de PME en Suisse sont me- rale de l’Association Suisse nacées uniquement par la force du Franc. La situation écono- des PME depuis 2008. mique de ces 2 dernières années en a frappé certaines beau- coup plus durement à cause de l’effondrement du chiffre d’affaires. Pour aider les PME, nous pouvons nouer certains contacts utiles et les soutenir en conséquence. L’Euro ne s’est-il pas établi depuis longtemps comme une (Photo: màd) monnaie parallèle, aussi auprès des petites et moyennes entre- prises, en tenant par exemple une comptabilité ou en signant des contrats de livraison sur le marché intérieur en Euro ?
interview Fédération suisse du Titel zu lang! tourisme conte sur Euro-interview avec Mario Lütolf, fédération suisse du tourisme (FST) europa.ch: Est ce que les conséquences de la hausse du météo. On voyage aussi plus souvent mais moins loin. Franc sont perceptible sur le tourisme suisse? Mario Lütolf: L’été 2010 montre jusqu'à présent (Mai On estime que le Franc restera encore pour une longue - Aout) une augmentation d’1.9% des touristes suisses et de période fort. Quelles conséquences peut en attendre la Suisse? 4% des touristes étrangers. Les principales sources de cette Nous estimons la baisse de la fréquentation de la zone progression sont les marchés asiatique et américain, mais aus- Euro à environ 5%. En été, cette perte est en grande partie si de nombreux marchés européens affichent une hausse. compensée par des visiteurs d’Outre-mer. Les emplois ne sont donc pas encore menacés. Pour contrebalancer le recul attendu de cinq pour- cent du nombre de visiteurs européens a été lancé Face au Franc, ce n’est pas seulement l’Euro qui est faible pendant la saison estivale des forfaits avec des prix mais aussi le dollar. Ainsi, au delà de l’Europe et par fixes. Ces 250 forfaits ont- exemple pour la Chine, la Suisse ils fait leur preuve ? est en comparaison plus chère. Nous en faisons un bi- «Les couts de bases suisses éle- Cela est il compenser par autre lan satisfaisant. Les offres ont été vite réservées. En vés et les offres haut de gamme, chose? Le tourisme en provenance majorité par les alle- mands, suivit des néer- même avec l’Euro comme mon- d’Asie et d’Amérique du Nord à fortement progressé au cours landais et des français. Il s’est pourtant avéré que naie nationale, aurait une de l’été 2010. Nous comptons dans le futur, sur une poursuite les clients n’ont pas consi- dérés ces offres comme influence sur les réservations.» de cette croissance notamment en provenance des marchés des surprises ou des inno- asiatique. La diversité de pro- vations, mais plutôt comme des promotions normales. Nous venance des touristes en Suisse est très grande ce qui permet continuerons donc à l’avenir à proposer des offres promo- au marché en forte croissance de compenser les marchés plus 8 6 Zeilen Übersatz tionnelles avec des prix fixes en Euros. en crise. Jusqu’a présent, la moitié des nuitées provenait de visiteurs de Les variations du taux de change constituent pour les offreurs la zone Euro. Par rapport à ses concurrents, par exemple l’Au- suisses un facteur d’insécurité. L’Euro comme monnaie natio- triche, la Suisse est devenu nettement plus cher. Attendez-vous nale ne constituerait il pas alors de gros avantages? cet hiver, une chute du nombre de touriste ? La question est hypothétique. L’avantage serait la compa- Cet été, nous avons constaté une très forte augmentation des touristes venant de marché hors de la zone Euro. La ve- nue de touristes de Chine, d’Inde, d’Australie mais aussi du Mario Lütolf Canada et des Etats Unis a pu compenser la diminution des touristes en provenance de pays de la zone Euro. Les tou- Mario Lütolf dirige la fédération ristes de la saison hivernale viennent pourtant principalement suisse du tourisme (FST) depuis d’Europe, et dans ce cas, la cours trop élevé du Franc suisse 2007, association faîtière du pourra conduire à une nette diminution de la fréquentation. tourisme suisse. La FST délivre différents labels de qualité et Pour les Suissesses et les Suisses, passer des vacances dans la s’investit dans les dossiers de zone Euro est pour le moment très avantageux. Attendez vous formation et de formation conti- aussi un recul du tourisme au sein de nos frontières ? nue. (Photo: màd) Les Suisses constituent des clients fidèles et loyaux. La ten- dance pour ces touristes évoluent néanmoins aussi dans le sens de réservation de dernières minutes et dépendante de la
economiesuisse reste confident Euro-Interview avec Rudolf Minsch, economiesuisse europa.ch: Economiesuisse représente, en tant qu'As- l'affaiblissement relatif de l'euro ? Devons-nous compter sociation faîtière, les préoccupations d'un nombre considé- avec une diminution massive du nombre des places de tra- rable de branches économiques très diversifiées. Lesquelles vail? parmi celles-ci souffrent le plus de la hausse conjoncturelle en La Suisse dispose d'une série de facteurs extrêmement po- Suisse ? sitifs liés aux possibilités de localisation: moindres charges Rudolf Minsch: En termes généraux, un franc suisse fiscales, mise à disposition de forces de travail de qualité, fort pèse sur toute l'industrie d'exportation. Une entreprise moindres taux d'intérêts, marchés du travail relativement dé- donnée est d'autant plus concernée qu'il y a moins de stimu- réglementés, stabilité politique, etc. Ce n'est pas pour rien lations en provenance de l'Etranger au niveau des importa- que la Suisse est reconnue comme le pays le plus compétitif tions d'une part et, d'autre part, que la demande est plus ou du Monde. Il est vrai que la force du franc va sporadiquement moins sensible par rapport au niveau des prix et à conduire à la perte de postes de travail: cependant, si les la contraction de débouchés suffisamment diversi- autres facteurs liés à la localisation restent intacts, j'ai fiés. Quelques entreprises ont de la peine, dans les pleine confiance en l'avenir de l'espace économique domaines de l'industrie textile, celle des machines suisse. Nous en arriverons certes à un démantèlement de et des fournisseurs autos, places de travail dans quelques à se positionner en véri- entreprises, mais d'autres tables concurrents face «Ce n’est pas pour rien que la places supplémentaires vont aux entrepreneurs être créées. d'autres pays. Le franc Suisse se présente comme le fort profite surtout aux branches de l'économie pays le plus compétitif du Monde» Une introduction de l'euro en Suisse n'apporterait-elle pas qui sont principalement également des avantages tan- importateurs. Il en va de même en ce qui concerne l'attracti- gibles à notre pays ? vité du franc fort pour le secteur de la haute finance.. Il est indéniable qu'une monnaie unique présente certains avantages: elle sous-tend la stabilité et la sécurité indispen- De nombreux analystes prévoient que le franc suisse, en sables à la planification économique et réduit le coût des tran- 9 comparaison de l'euro, va rester fort à long terme. C'est jus- sactions. De plus, l'introduction de l'euro impliquerait d'aller tement les PMEs qui sont les plus touchées, car pour elles, se au-delà du rattachement fixe. Mais, en premier lieu, il s'agi- 5 Zeilen Übersatz prémunir contre le risque de déstabilisation monétaire par rait d'une voie à sens unique, dans la mesure où aucune sor- des taux de change fluctuants est souvent impossible. Faut-il tie de la Zone Euro n'est agencée pour la Suisse. En second s'attendre à des délocalisations dans la Zone euro ? lieu, seule serait possible une introduction de l'euro dans le Notre économie, dans les années suivant l'introduction de cadre d'un processus d'adhésion et la mise en chantier de ce l'euro, a également dû s'accommoder d'un franc fort. Les an- nées 2006-2008, marquées par un fléchissement du franc, Rudolf Minsch peuvent être considérées comme des années d'exception. La est directeur économique et récente réévaluation n'a donc rien d'inhabituel. L'économie membre de la direction d'eco- suisse se doit de compenser la situation monétaire actuelle nomiesuisse. Il est responsable par un accroissement de la productivité. Cela peut se faire par du secteur "Politique écono- une délocalisation. La situation monétaire n'est qu'un critère mique", "Formation", "Santé". parmi d'autres en ce qui concerne les décisions à prendre en relation avec le choix du lieu. Ces derniers temps, on pouvait lire une quantité de com- (Photo: màd) mentaires sur l'accumulation des problèmes auxquels doit faire face notre industrie axée sur l'exportation: quelle pon- dération donnez-vous sur les conséquences à long terme de
interview Le problème c’est le franc fort et pas l’euro faible Euro-interview avec Hugo Bohny, expert financier et membre de la commission politique du Nomes europa.ch: Faisons le bilan du parcours de l’euro sous un titre accrocheur évoquant la force incontestée de la quelque neuf ans après son introduction. Pensez-vous que la monnaie unique, écrivait : (…) « entre-temps, même ceux qui crise de l’euro ne reflète qu’une faiblesse passagère ou s’agit- étaient sceptiques à l’égard du projet euro, en vantent désor- il d’ construction défectueuse de la monnaie unique ? mais les mérites ». Et le président de la BNS, Jean-Pierre Hugo Bohny: En l’espace de moins de dix ans, l’euro Roth, déclarait, un mois plutôt à Lausanne, que la BCE avait se présente aujourd’hui, depuis son introduction en 1999, réussi à transformer le chœur dissonant des monnaies euro- comme le deuxième système monétaire au monde. A l’heure péennes en une seule voix claire, celle de l’euro. « Une excel- actuelle, négocié à 1.39 par rapport au dollar, l’euro est plus lente nouvelle pour notre pays », Roth dixit. performant qu’au début de l’union monétaire où le ratio était de 1.18. Au fond, qu’est-ce qu’il faut en-tendre par «faiblesse Les proeuropéens sont toujours plus nombreux à postuler de l’euro » ? l’adhésion sans reprise de l’euro. Que pensez-vous de ce scé- Avant l’éclatement de la crise économique et fi- nario ? Serait-il souhaitable ? nancière, le marché financier de l’euro était même A l’heure actuelle, nous devons faire face à la force ex- plus performant que le marché du dollar. Ceux qui cessive du franc, non pas à la faiblesse de l’euro, comme attribuent les actuels problèmes de l’euro à une je viens de l’expliquer. Cette situation a obligé la Banque construction défectueuse, ignorent les alternati- nationale d’acheter des milliards d’euros, solution qui ves. Face à la crise finan- n’est guère compatible avec le cière des trois dernières années, les 15 monnaies « La reprise de l’euro permet- maintien de l’autonomie du franc. Que beaucoup de capi- consti-tuant l’union mo- nétaire, indépendamment trait d’éliminer les risques de taux européens affluent à nou- veau dans les banques suisses, du développement écono- mique des pays membres, fluctuations moné-taires ! » ne saurait être dans l’intérêt de notre économie. Notre marché 10 se seraient dissociées ne pourra pas les protéger à la l’une de l’autre, comme c’était souvent le cas autrefois quand longue. D’ailleurs, le fait que beaucoup de banques encoura- le dollar fluctuait. Les conséquences pour les économies na- gent ces mouvements de capitaux est en contradiction avec la tionales eussent été imprévisibles. Un marché commun, pri- politique de la Banque nationale et les besoins du secteur des sonnier de monnaies fluctuantes, serait une construction dé- exportations. fectueuse. L’idée d’une adhésion sans reprise de l’euro semble être motivée par des considérations électorales. A l’évidence, l’en- Qu’est-ce qui serait arrivé dans le secteur bancaire euro- gouement de la population pour la propre monnaie est basé péen si la Banque centrale européenne n’existait pas ? sur l’émotion, non pas sur la logique. Une telle solution nous Reconnaissons que la BCE a mieux maîtrisé la crise que les ferait en effet perdre des avantages. L’introduction du franc banques centrales d’autres importants systèmes monétaires. suisse, au milieu du 19e siècle, provoquait d’ailleurs aussi La question de savoir si les problèmes de l’euro sont de na- d’immenses émotions. ture passagère, dépend entre autre de l’évolution de la crise financière qui est loin d’être résolue. Que faut-il faire pour convaincre la population des avan- Il est entendu qu’on aurait tort de prendre à la légère les tages qu’apporterait l’introduction de l’euro à la Suisse ? problèmes causés par les politiques fiscales mal conçues des Ce qui manque, c’est une information objective, dépour- Etats membres. Il est difficile de dire si et dans quel laps de vue de toute émotion. Peut-être faudrait-il aussi faire ressor- temps on pourra remédier à la situation. Mais il n’y a pas de tir les inconvénients de la voie solitaire. doute que sans pressions de la part de l’UE, les efforts de re- dressement laisseront à désirer. Où voyez-vous les plus grandes chances pour la Suisse en Il y a trois ans, le 21 octobre 2007, la NZZ am Sonntag, cas de reprise de l’euro ?
europa.abc Pour l’industrie et le commerce, les risques de fluctuations Banque européene monétaires avec notre partenaire commercial le plus impor- tant seraient éliminés. C’est précisément la hausse du franc de d’investissement (BEI) ces derniers mois qui a fait apparaître l’importance de ces Avec le Traité de Rome fut créé un instru- risques. ment qui a pour principal but d’investir On ne cesse d’évoquer les taux d’intérêt bas en Suisse pour dans des projets au sein de l’UE tout en justifier l’autonomie monétaire. A ce jour, personne n’a pu garantissant un développement équilibré me convaincre de la pertinence de l’argument selon lequel des de l’espace communautaire. Les action- taux d’intérêt bas en tant que tels présentent un avantage. Des naires sont les 27 pays membres de l’UE ; taux d’intérêt bas signifient forte accumulation de capitaux le Conseil des gouverneurs est représenté et il est permis de se demander si nos dettes hypothécaires de par leurs ministres de l’économie. La BEI l’ordre de 700 milliards ne sont pas simplement le reflet d’un emprunte son capital essentiellement sur capital immobilier surévalué. Il est exact que des taux d’inté- les marchés financiers. Elle peut égale- rêt plus élevés, conséquence probable d’une reprise de l’euro, ment investir de son propre chef dans des pourraient faire baisser les valeurs immobilières. Politique- pays candidats à l’adhésion, voire dans ment, une telle évolution aurait l’avantage d’enrayer la cher- des pays en dehors de l’Europe té des loyers dont on se plaint. Des taux d’intérêt trop bas peuvent aussi encourager des allocations inopportunes de capitaux, comme entre autres Droit de pétition celles qui, au milieu de la première décennie de ce siècle, ont provoqué les crises de grandes entreprises (Swissair, Zurich, Tout citoyen de l’UE ou toute personne ré- Rentenanstalt) et la banqueroute (évitée) d’UBS. sidant dans un Etat membre peut adresser En fait, les conséquences pour les épargnants doivent être au Parlement européen une plainte ou une relevées comme le désavantage le plus frappant de taux d’in- requête dont l’objet doit porter sur des térêt trop bas. Ainsi, l’investissement sans risque de capitaux questions relevant des domaines de com- des caisses de pension est un problème lancinant. Le marché pétence de l’UE. La commission des péti- financier du franc suisse est trop petit pour les accueillir tous. tions du parlement examine chaque re- D’une manière générale, on peut dire que « l’îlot des taux quête et décide de la suite à donner à d’intérêt bas » est à l’origine du désavantage le plus patent cette dernière. pour notre assurance vieillesse, y compris le troisième pilier. Grâce à la reprise de l’euro s’ouvrirait un large marché finan- cier liquide, exempt de risques monétaires et garantissant des Cour des comptes taux d’intérêt plus élevés. La Cour des comptes instituée en 1975 et Les interviews ont été menées entre le 13 octobre et le 20 élevée au rang d’institution européenne 11 par écrit. en 1993 ayant son siège à Luxembourg a recueilli par Milena Caderas et Julien Chérault pour rôle d’examiner les comptes annuels de l’UE ainsi que la gestion financière des fonds communautaires ; elle présente son rapport annuel au Conseil de l’UE et au Parlement européen. Ses conclusions, souvent très critiques, sont accessibles au public et publiés intégralement dans le Journal officiel de l’UE. La Cour est com- posée d’un membre de chaque Etat membre de l’Union. Hugo Bohny 82, a travaillé pendant 36 ans pour la Guyerzeller Bank AG, Zurich, de 1977 à 1988 comme président de la direction et de 1989 à 1998 comme président du conseil d’administration. Il est membre de la commission politique du Nomes et domicilié à Feldmeilen.
yes L’UE doit être plus proche du citoyen : l’ initiative citoyenne européenne par Eva Hirschi, Tink.ch Redactrice et participante du Challenge 2010 Un pas en direction de la démocratie participative a été franchi : avec le Traité de Lisbonne a été instaurée l’Initia- tive citoyenne européenne. Elle doit permettre aux citoyennes et citoyens de l’Union de participer directement au processus de formation du droit. A l’heure actuelle, les milieux concernés discutent de l’élaboration de la loi res- pective. « Nous voulons créer un lien entre les décisions de l’UE et ses citoyens », a déclaré Alain Lamassoure, membre de la présidence du Parti populaire européen (PPE), à propos raux pour l’Europe), s’est notamment exprimé sur les pro- blèmes de sécurité par rapport à la collecte de signatures sur Internet. « Aujourd’hui, créer une deuxième adresse email ne de l’Initiative citoyenne européenne. Celle-ci permet à des ci- pas de problème pour pouvoir signer deux fois. » Il reconnaît toyens européens, au nombre d’un million au moins, et res- toutefois qu’une collecte de signatures avec papier et stylo né- sortissants d’un nombre significatif d’Etats membres, d’appe- cessi-terait trop de matériel. ler directement la Commission à soumettre une proposition Wolfgang Kowalsky de la Confédération des syndicats eu- sur des questions présentant pour eux un intérêt et relevant ropéens (CSE) a pu se référer à des expériences pratiques. « des domaines de compétence de l’UE. Après avoir examiné Lors d’un test en novembre 2006, nous sommes arrivés à la l’initiative, la Commission peut présenter une proposition de conclusion qu’il est plus simple et plus rapide de collecter les loi, sans toutefois y être contrainte. signatures sur papier », a-t-il déclaré. Il a ajouté que si l’on n’envoie qu’un courriel avec le lien respectif à l’initiative, la Pour les droits des citoyens plupart des gens ne réagissent même pas. En revanche, quand Le 1er décembre 2010, le règlement y relatif entrera en vi- on leur tend sous le nez papier et stylo, la situation change. gueur. Ainsi les citoyens de l’Union européenne pourront-ils A l’opposé, Marco Contiero de Greenpeace privilégie la pour la première fois participer au processus de formation du collecte de signatures en ligne : il estime que vérifier des si- 16 Zeilen Übersatz droit. Toutefois, avant que la loi puisse être mise en œuvre, le gnatures électroniques est moins coûteux. « En prenant les 12 Parlement européen et le Conseil des ministres doivent en mesures adéquates, on peut facilement garantir la protection fixer les règles générales et les procédures. C’est pourquoi une des données », a déclaré Contiero à propos de la question de audition a eu lieu à Bruxelles au mois de septembre, au cours savoir comment concilier efficience et protection des données de laquelle des politiques et des représentants de différentes dans une collecte de signatures. organisations ont pris position. « Nous voulons des instruments fiables et simples afin de répondre aux attentes des citoyens » a déclaré Maros Sefco- Challenge Europe 2010 vic, vice-président de la Commission européenne. Conny En août et septembre de cette année, la yes (Young European Reuter, secrétaire général du Réseau européen des organisa- Swiss) a organisé pour la sixième fois la manifestation « Challenge tions non gouvernementales, a ajouté que c’est la raison pour Europe ». Provoquer l’Europe était d’ailleurs l’objectif de 24 jeunes laquelle les partis politiques ne devraient pas pouvoir lancer intéressé(e)s à la politique, originaires de toute la Suisse. Afin de des initiatives. « Ici, ce sont les intérêts des citoyens qui sont les préparer au projet, les participant(e)s se sont rencontré(e)s en jeu », a-t-il dit. Olivier Hoedemann du Corporate Europe d’abord lors d’un séminaire régional, ensuite lors d’un séminaire Observatory craint cependant la formation d’un conglomérat national commun. Afin de pouvoir se frotter de tout près à la poli- de groupes d’intérêt et de lobbying. tique de l’UE, le groupe a séjourné en septembre une semaine à Bruxelles où la participation à l’audition au Parlement européen Efficience contre protection des données sur l’Initiative citoyenne européenne a constitué le point culmi- La manière de collecter et de vérifier les signatures d’une nant. De même, lors d’une visite à la Mission suisse auprès de l’UE, initiative a donné lieu à de vives discussions. Alexander Al- les participants ont rencontré des conférenciers de haut niveau varo, porte-parole des affaires intérieures de l’ALDEGroupe avec lesquels ils ont eu des discussions animées.(sr) au Parlement européen (Alliance des démocrates et des libé-
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