Formation - L'EUROPE R FORMER POUR L'EMPLOI - Debat Formation
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débat formation numéro 8 février 2011 FORMER POUR L’EMPLOI LE DOSSIER L’EUROPE CHERCHE LE CONSENSUS Mobilité Raccrochage Comment 1000 salariés scolaire: d’ARC International ont l’initiative France-Québec changé de métier
débat formation numéro 8 février 2011 Sommaire débat FORMER POUR L’EMPLOI LE DOSSIER L’EUROPE Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels : CHERCHE LE CONSENSUS confirmer l’essai en 2011 page 2 . Djamal Teskouk, président CGT du FPSPP Mobilité Raccrochage Comment 1000 salariés scolaire: d’ARC International ont l’initiative France-Québec changé de métier . Francis Da Costa, vice-président Medef du FPSPP . Marie Morel, sous-directrice des politiques de formation et de contrôle à la DGEFP Magazine édité par l’AFPA Association nationale pour la Formation Dossier Professionnelle des Adultes 13, place du général de Gaulle 93108 Emploi-Formation : L’Europe cherche le consensus page 6 Montreuil Cedex Formation à la scandinave, un idéal européen ? page 7 Directeur de la publication : Jean-Luc Vergne Éducation et formation, « un domaine d’action prioritaire » page 8 LEGO France ou le métissage européen page 9 Rédactrice en chef : Chantal Attané Innovation : trois millions de cols verts à l’horizon 2020 ? page 10 Tél. : 01 48 70 50 07 FSE et FEDER, partenaires financiers des projets page 11 chantal.attane@afpa.fr Mobilité internationale, un atout pour l’emploi page 13 Chef de rubrique : Danièle Ginisty Tél. : 01 48 70 51 77 daniele.ginisty@afpa.fr Perspective Rédaction : Éric Delon Raccrochage scolaire : l’initiative France-Quebec page 15 edelon@club-internet.fr La médiation au service des usagers de la formation page 16 Valérie Grasset-Morel valerie.grasset-morel@orange.fr Territoires, un creuset pour les innovations page 18 Sylvie Karsenty : Région Centre : Visas pour les savoirs de base page 20 sylvie.karsenty4@wanadoo.fr Philippe Masse : philippe.masse@afpa.fr ACTION Paul Santelmann paul.santelmann@afpa.fr Arc International : mille salariés ont changé de métier page 21 Philippe Tranchart philippe.tranchart@orange.fr A quoi sert la formation dans les PME ? page 23 Secrétariat de rédaction : Réseau ferré de France : la formation dans le sillon de la GPEC page 25 Calligrammes Infographie et Maquette : Jocelyne Reali Essentiel Photo de couverture : © Pascal Broze/Reporters-réa FPSPP : une première année au pas de charge page 27 Crédit photo : p.1 EVTA, p.3 Djamal Développer la formation en alternance, le grand chantier de Nadine Morano page 29 Tekouk, Opcalia, p.5 Marie Morel, Services à la personne : un label pour garantir les compétences des intervenants page 30 p.6 Source/Réa, fond Dossier Phovoir, p.7 (cubes)Pascal Broze/Réa, p.7 Michel Théry, p.8 Union européenne 2011, p.9 LEGO, p.10 Phovoir, p.12 Kiosque Studio sur sud, p.13 Jean-Claude Moschetti/REA, p.13 (valise)Union Européenne 2011, p.14 Union à lire, à voir... européenne 2011, p.15 OFQJ 2010, Nouveau site des maisons de l’emploi page 31 p.16 Phovoir, p.17 Jean-Baptiste Mariou, p.19 Paul Santelmann, p.20 Région L’image dans l’histoire de la formation des adultes page 31 Centre, p.21 et 22 Arc International, Éloge du carburateur page 32 p.23 Guillaume Trouvé, p. 24 Christine Robert, p.25 et 26 Phovoir, p.28 Jean- Baptiste Mariou, p.29 Dicom, p.30 Phovoir, p.31 AFPA/AVA, LE BLOC-NOTEs DE PHILIPPE CAïLA p.33 Jean-Baptiste Mariou. Dépôt légal : 8 février 2010 Les « sans-papiers » de l’Education nationale page 33 ISSN : 2107-4763
Construire l’espace commun de formation en Europe éditorial L’espace commun de formation pro- Certes, la pédagogie n’est pas un pro- fessionnelle reste un grand défi pour duit de marché : on ne peut pas se l’Europe. Chaque pays est convaincu contenter d’importer dans un pays une d’avoir un système parfait et se mé- méthode qui fonctionne bien dans un fie de ce qui pourrait le dérégler. autre. Pour autant, à quoi bon inventer Cette crainte couvre parfois des ar- ce qui existe déjà ? C’est pourquoi il rière-pensées protectionnistes : on est important de donner toute sa place se souvient comment la campagne à la gestion des connaissances. Ainsi, du référendum sur le projet de Traité il serait intéressant d’envisager la constitutionnel a exploité le fantasme création de pôles d’excellence euro- du plombier polonais censé envahir le péens, construits à partir des « bonnes marché du travail français… Elle vient pratiques » produites dans les diffé- aussi d’une confusion entre culture et rents pays et reconnues au niveau eu- formation. Être fier de sa culture ne ropéen. Ils valoriseraient, en les mu- justifie pas le maintien de systèmes tualisant, les savoir-faire particuliers de formation différents : sur le plan nationaux. Au vu des expériences professionnel, quelle différence y a-t- répertoriées, le pôle d’excellence de il entre un électricien grec, allemand la France pourrait être la formation ou danois ? Si on accepte l’Europe de formateurs. Cela contribuerait à dans son principe, il faut accepter de l’homogénéisation vers le haut des la construire ensemble, sans se sentir pratiques : un formateur ou une for- menacé. matrice pourrait exercer son métier dans son pays en se conformant sim- Construire l’espace commun de for- plement au processus national, mais mation en Europe n’est possible qu’en pourrait aussi acquérir en France une instaurant une réelle confiance entre compétence complémentaire au ni- les différents acteurs. Cela signifie veau européen. Construire l’Europe de qu’un patron espagnol doit pouvoir la formation sans parler des forma- se fier à la compétence de l’ouvrier teurs et des formatrices n’aurait, pour français qu’il envisage d’embau- moi, pas beaucoup de sens. cher. Il ne s’agit pas de couler tout le monde dans le même moule, mais par Tout cela exemple de mettre en place des ou- est peut-être tils de certification : chaque État doit utopique, veiller à la qualité de la formation sur mais l’utopie son territoire, en gardant toute liberté aide parfois sur la façon d’y parvenir. à avancer… Un autre élément essentiel serait de renforcer les liens entre emploi et formation professionnelle de manière plus cohérente, en utilisant plus ef- ficacement les fonds disponibles. La stratégie EU 2020, qui définit les ob- jectifs pour l’Europe autour d’initia- tives phare, permettra sans doute de renforcer cette cohérence. Tommaso Grimaldi Afin de mettre en place un climat de Secrétaire général de confiance et de rapprocher, dans la l’Association européenne pour pratique, les différentes actions, il est la formation professionnelle fondamental de mutualiser davantage. débat formation février 11 / numéro 8 P/1
débat interview Djamal Teskouk / Francis Da Costa Fonds paritaire de sécurisation Confirmer Après une première année au pas de charge, le FPSPP affichait, fin 2010, des résultats concluants. L’enjeu consiste désormais à confirmer l’essai. Les partenaires sociaux gestionnaires du fonds entendent bien donner une suite aux programmes engagés en 2010. L’État, cosignataire de la convention-cadre triennale sur l’affectation des ressources du FPSPP veillera, lui, à ce que les crédits débloqués arrivent bien à destination des publics prioritaires. En ce début d’année 2011, le climat semble apaisé entre les partenaires sociaux et l’État, malgré la confirmation d’un prélèvement de 300 M€ sur les ressources du fonds. Dans l’annexe financière 2011 à la convention-cadre, les deux partenaires se sont mis d’accord sur les priorités de cette année : l’insertion des jeunes, la lutte contre l’illettrisme, le retour à l’emploi des chômeurs et l’accompagnement des licenciements économiques. Le point avec, d’un côté, une interview croisée des président et vice-président du FPSPP et de l’autre, l’analyse de la DGEFP. FPSPP : « Agir de manière structurelle en faveur des demandeurs d’emploi et des salariés faiblement qualifiés. » Djamal Teskouk, président (CGT) du FPSPP Francis Da Costa, vice-président (Medef) du FPSPP Quel premier bilan faites-vous de la techniques a permis de rattraper une 336,2 M€ ont été versés aux OPCA/ mise en route du FPSPP ? part de ce retard. Les chiffres arrêtés au Opacif : 261,3 M€ aux OPCA, 56,3 M€ 31 décembre 2010 sont significatifs : aux Opacif au titre du CIF-CDI et 18,6 M€ Djamal Teskouk : Sa naissance aura - le montant des financements accor- au titre CIF-CDD (reliquats 2009). Dans le été laborieuse, puisqu’il n’a d’existence dés en 2010 s’élève à 407 M€ pour 136 même temps, le FPSPP a versé des fonds juridique que depuis le 16 mars 2010, projets présentés par les OPCA/Opacif réservés remboursables aux OPCA/Opacif date de publication au Journal offi- dans le cadre des treize appels à pro- pour un montant de 137,3 M€*. ciel de l’arrêté d’agrément, alors qu’il jets lancés par le FPSPP, sans comp- A la mi-janvier 2011, les appels à pro- était censé exister depuis le 1er jan- ter l’ajout courant janvier de 120 M€ jets avaient concerné plus de 173 000 vier. Heureusement, l’engagement des au titre de l’appel à projet « socle de salariés et 36 000 demandeurs d’em- femmes et des hommes qui composent compétences/illettrisme » ; ploi** pour 26 millions d’heures de for- ses instances paritaires et ses équipes - En ce qui concerne la péréquation, mation programmées. Pour être exhaustif, P/2 débat formation février 11 / numéro 8
des parcours professionnels (FPSPP) l’essai en 2011 ! il faut ajouter les demandeurs d’emploi actions de formation au bénéfice de ayant bénéficié de l’AFDEF (allocation salariés confrontés au chômage partiel en faveur des demandeurs d'emploi en ou encore pour des personnes en CTP formation) cofinancée par le FPSPP et (contrat de transition professionnelle) les bénéficiaires des mesures financées ou en CRP (convention de reclassement par la péréquation. personnalisé). En acceptant de financer des actions de formation alors même Le FPSPP apparaît-il d’ores et déjà que celles-ci se terminent après la fin comme un levier en faveur de la du CTP ou de la CRP, nous avons remé- sécurisation des transitions profes- dié à un « trou dans la raquette » et évité sionnelles ? toute rupture de financement pour les publics concernés. Il faudra, bien sûr, Djamal Teskouk Djamal Teskouk : Le FPSPP, créé par apprécier les retombées qualitatives président (CGT) l’accord national interprofessionnel (ANI) de ces investissements, mais quanti- du FPSPP. du 7 janvier 2009, s’inscrit dans la tativement, les premiers résultats sont continuité du FUP (Fonds unique de pé- encourageants. réquation). Outre sa mission première de péréquation, les partenaires sociaux Pouvez-vous mesurer l’impact du lui ont confié un rôle complémentaire : prélèvement par l’État, en 2011, de cofinancer des actions concourant à la 300 M€ sur les ressources du fonds ? qualification ou à la requalification des salariés et des demandeurs d’emploi. Il Djamal Teskouk : Le prélèvement d’un s’agit bien d’agir de façon structurelle tiers du budget du FPSPP n’est pas sans en faveur des demandeurs d’emploi et conséquences ! Ces 300 millions, ainsi des salariés de faible niveau de quali- que le stipule très clairement la loi de fication en mobilisant les dispositifs les finances 2011, combleront le désen- plus appropriés et en ciblant les sec- gagement de l’État de financements teurs professionnels ou les territoires précédemment à sa charge. Ils se tra- les plus exposés. La décision de renfor- duiront mécaniquement par une dimi- cer sensiblement la mutualisation des nution des formations de demandeurs Francis Da Costa fonds de la formation professionnelle d’emploi et de salariés (environ 150 000 vice-président (Medef) formations) puisque, confronté à la du FPSPP. des entreprises, au niveau national et interprofessionnel, a donné au FPSPP baisse de ses ressources, le FPSPP de- une capacité nouvelle d’orientation des vra réduire ses engagements. Mais le est posée, d’autant plus que la loi du politiques mises en œuvre par les OPCA plus grave, c’est l’atteinte au principe 24 novembre 2009 devait « légalement » par le biais de cofinancements de pro- même de la mutualisation qui, trans- mettre le FPSPP à l’abri de cette pra- grammes de formation. formée partiellement en impôt, voit sa tique en faisant de la convention-cadre légitimité affaiblie. le mode normal de relation entre l’État, Francis Da Costa : Dès janvier 2009, les partenaires sociaux et le FPSPP. sans attendre le vote de la loi du 24 Francis Da Costa : Outre ce prélève- novembre 2009, les partenaires so- ment mesurable en termes financiers, Djamal Teskouk : La loi oblige le ciaux ont ainsi mobilisé de façon im- c’est la question de la relation entre FPSPP à passer une convention avec l’État portante des fonds pour financer des les partenaires sociaux et l’État qui pour toute utilisation de ses ressources débat formation février 11 / numéro 8 P/3
débat interview Marie Morel financières, et c’est dans ce cadre Quelles pistes pour améliorer le Francis Da Costa : La simplification est qu’il construit des partenariats finan- fonctionnement et le pilotage du une de nos priorités. Beaucoup a été ciers et opérationnels au bénéfice des FPSPP ? fait, au cours des dernières années, en salariés et des demandeurs d’emploi termes de transparence, de rigueur de avec d’autres financeurs, notamment Djamal Teskouk : Un travail considé- gestion, mais aussi de réactivité et de les conseils régionaux. C’est dans cet rable a été effectué par le FPSPP en développement des services pour les esprit que le FPSPP a lancé un appel étroite collaboration avec les instances entreprises et les salariés. Il faut que le à projets pour favoriser des projets et les équipes techniques des OPCA et FPSPP, par ses modes d’interventions, territoriaux. des Opacif. Il faut, à court terme, donner offre une plus grande lisibilité des une suite aux programmes 2010 en dispositifs. Francis Da Costa : Dans des contextes évitant autant que possible le stop and budgétaires difficiles, il faut s’organi- go. En cours d’année, nous devrons Propos recueillis ser au mieux dans le respect des com- apprécier, sur des paramètres plus qua- Valérie Grasset-Morel pétences de chacun, et en veillant à litatifs, le travail accompli et, à partir de la complémentarité et au cumul des là, apporter les ajustements et les réo- * Le détail des opérations programmées par OPCA est consultable sur le site www.fpspp.org, rubrique moyens. Ce n’est que dans cette pers- rientations nécessaires. Ce ne sera pas « projets ». pective qu’on peut mener un jeu ga- chose aisée, car le contexte demeure ** Sans compter l'appel à projets "illettrisme" gnant-gagnant en faveur des salariés, instable avec la réforme des OPCA qui, des jeunes, des demandeurs d’emploi en 2011, et surtout en 2012, sera dans et des entreprises. sa phase la plus active. « Nous veillerons tous à ce que les fonds arrivent à destination » Marie Morel, sous-directrice des politiques de formation et de contrôle à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) Quel bilan faites-vous d’une année au titre des actions de professionnalisa- péréquation)* et le FPSPP. Ceci dit, il de fonctionnement du FPSPP ? tion (contrats ou périodes certifiantes ou faut maintenant confirmer l’essai en qualifiantes, CIF). mettant en œuvre les projets à hauteur Marie Morel : La convention-cadre conclue des budgets réservés aux organismes à entre l’État et le FPSPP le 15 mars 2010 Peut-on déjà affirmer qu’il a atteint ce titre, et dans les conditions fixées par a, au regard des engagements pris pour son objectif en direction des publics la loi et par le FPSPP. C’est un point im- l’année 2010, été mise en œuvre prioritaires ? portant à surveiller, car tant que ces fonds presque en totalité puisque 855 M€ ont d’ores et déjà été engagés sur les Marie Morel : Dans des délais extrême- 910 M€ prévus. ment courts, le FPSPP a su réorienter Concrètement, sur les treize appels à une partie des financements de la for- projets passés à ce jour [ à la mi-janvier mation professionnelle vers des actions Lire en complément NDLR ], selon les informations du FPSPP, et des publics prioritaires. Les OPCA ont l’article : environ 270 candidatures ont été reçues, a priori répondu présents si on en juge « FPSPP : une première année au 136 projets et 26 millions d’heures de par le nombre moyen de candidatures pas de charge » (p. 27), qui amorce formation programmés, 173 000 salariés reçues par appel à projets (presque 21) ; une réforme structurelle dont l'enjeu et 36 000 demandeurs d’emploi apparais- de même, le nombre d’OPCA bénéficiaires est la sécurisation des trajectoires sent comme bénéficiaires potentiels aux- de financements de la péréquation a professionnelles. quels s’ajoutent ceux des financements doublé entre le FUP (Fonds unique de P/4 débat formation février 11 / numéro 8
n’arrivent pas à destination, cela signifie adhérents et de leurs besoins en for- qu’ils n’ont pas été utilisés et donc que mation ; ceux-ci ne sont naturellement les prévisions des organismes ne se sont pas les mêmes, ni de même nature d’un pas concrétisées. secteur à un autre, et cela explique qu’un OPCA soit amené à se positionner sur tel Faut-il aller plus loin pour orienter appel à projets ou sur la péréquation. Par davantage les fonds vers les plus ailleurs, concernant les périodes de pro- fragiles ? fessionnalisation prises en charge dans le cadre des appels à projets, elles ne Marie Morel : La volonté d’orienter une représentent que 2,4 % des ressources partie des financements et actions vers du fonds en 2010. Il faut donc relativiser les demandeurs d’emploi est partagée la souplesse en question. Pour le reste, par l’État et les partenaires sociaux, les appels à projets ont été scrupuleu- Marie Morel Sous-directrice des politiques conscients que le système doit être mis sement examinés par les services du de formation et de contrôle plus sous tension que par le passé. Les FPSPP et ceux de la DGEFP, et je crois à la Délégation générale à l'emploi et à la formation besoins des territoires l’exigent. La crise pouvoir dire que le travail réalisé a été professionnelle (DGEFP). l’a mis en évidence avec un peu plus très méticuleux quant à l’examen des d’acuité. Cette volonté, inscrite dans la conditions d’éligibilité, ce qu’attestent loi, mérite d’être confirmée en 2011. Et bon nombre de candidats. Mais il est la volonté du législateur est bien de rec- normal que compte tenu des sommes en tifier certains défauts du système et de jeu, nous soyons garants, avec le FPSPP, de certaines actions ou projets, qui plus répondre aux secteurs ayant plus de be- de la bonne utilisation des fonds versés est dans le cadre d’une démarche assez soins que les autres, du fait de la socio- par les entreprises dans ce cadre. nouvelle pour les acteurs. logie de leurs adhérents et de moindres Il ne faut jamais oublier que les fonds moyens consacrés au développement de Nombre de branches et d’entreprises engagés le sont sur la base de prévi- la formation professionnelle. déplorent la fixation tardive du taux sions des organismes, et que le coût réel de contribution au FPSPP pour l’an- des actions est déterminé sur la base Des OPCA ne se sont pas positionnés née suivante… du « réalisé ». C’est dans une optique sur les appels à projets, préférant se de responsabilisation des acteurs que la reporter sur la péréquation, notam- Marie Morel : Cette difficulté ne nous réglementation a prévu de tenir compte ment pour obtenir des fonds pour a pas échappé. En effet, la réglemen- de ces taux d’annulation en défalquant les périodes de professionnalisa- tation prévoit que l’accord d’affectation, aux organismes la moyenne de leurs tion. Cela ne traduit-il pas le souhait résultant du taux et servant de base à erreurs d’appréciation sur les trois der- d’une plus grande souplesse d’accès la négociation de l’annexe financière, nières années pour le calcul de la pé- aux fonds du FPSPP ? soit applicable avant le 1er novembre réquation. Car un euro engagé pour un de chaque année. Or, il s’agit d’une organisme dont les prévisions ne sont Marie Morel : Deux chiffres : d’une part, 270 échéance et rien n’empêche les parte- pas réalisées est un euro de moins pour candidatures ont été reçues à ce jour par naires sociaux de proposer au ministre un organisme ayant établi ses prévisions le FPSPP, excédant souvent les budgets un taux de contribution plus tôt dans au plus près de la réalité. prévus ; tous confondus, 55 OPCA ont l’année, après avoir recueilli l’avis des répondu aux appels à projets, soit 57 % autres organisations d’employeurs et de Quelles sont les priorités de l’État d’entre eux. D’autre part, 15 OPCA béné- salariés. Une telle possibilité ne néces- pour 2011 ? ficient d’engagements financiers au titre site aucune adaptation réglementaire. de la péréquation de la professionnali- Marie Morel : La priorité de l’État est de sation en 2010, soit deux fois plus qu’en Le prélèvement de 300 M€ pourrait, faire en sorte que les fonds attribués le 2009. Par ailleurs, les 40 OPCA agréés d’après certains administrateurs, soient conformément à leur objet – la au titre du CIF se sont vu attribuer des entraîner la diminution de 150 000 qualification des demandeurs d’emploi fonds réservés en 2010. Ces quelques formations de salariés et deman- et des salariés parmi les plus menacés –, chiffres montrent une mise sous ten- deurs d’emploi. Qu’en pensez-vous ? et dans le respect des conditions légales sion du système et que les objectifs du et conventionnelles de mise en œuvre fonds permettent à une très grande Marie Morel : Sans discuter du bien- prévues. majorité d’organismes d’accompagner fondé d’une telle estimation, il est difficile leur politique de formation profession- à objectiver à ce stade, du fait des diffé- Propos recueillis nelle. Après, il est normal qu’un OPCA se rences de coût selon les actions, les pu- Valérie Grasset-Morel positionne auprès du FPSPP en fonction blics, etc. En outre, un tel raisonnement de ses besoins, des spécificités de ses ne tient pas compte du « taux de chute » *Le FUP a précédé le FPSPP. débat formation février 11 / numéro 8 P/5
dOSSIER EMPLOI-FORMATION l’Europe cherche Adoptée en mars dernier, la stratégie Europe 2020 vise « une croissance intelligente, durable et inclusive ». Éducation et formation professionnelle sont au premier rang, au travers de deux « initiatives phares ». « Jeunesse en mouvement » doit favoriser la mobilité et la modernisation de l’éducation et de la formation ». « Stratégie pour les nouvelles compétences et les nouveaux emplois » devra, de son côté, répondre à quatre priorités fondamentales : « Comment garantir à tous ceux qui veulent travailler qu’ils obtiendront un emploi ? Comment chacun de nous pourra- t-il acquérir et actualiser les compétences dont il a besoin pour les emplois d’aujourd’hui et de demain ? Comment améliorer le fonctionnement des marchés du travail ? Et enfin, comment créer de nouveaux emplois pérennes et de qualité ? » Plus généralement, les États membres devront décliner cinq grands objectifs quantifiés au niveau européen : porter le taux d’emploi des 20-64 ans à 75 % ; consacrer 3 % du produit intérieur brut (PIB) à des investissements Sommaire en recherche et développement ; respecter les objectifs de Emploi-Formation : l’Europe réduction des émissions de gaz à effet de serre ; réduire à cherche le consensus page 6 moins de 10 % le taux d’abandon de scolarité, et parvenir à Formation à la scandinave, un idéal européen ? page 7 un taux d’au moins 40 % de jeunes titulaires d’un diplôme ; Éducation et formation, « un domaine réduire de 25 % la pauvreté dans l’Union européenne (UE). d’action prioritaire » page 8 Développer une culture de mobilité transnationale fait LEGO France ou le métissage aussi partie des objectifs européens. Cette mobilité est européen page 9 très faible : en 2009, 2,4 % de la population de l’Union Innovation : trois millions de cols verts à l’horizon 2020 ? page 10 provenaient d’un autre État membre. FSE et FEDER, partenaires financiers Cela peut générer des déséquilibres quand des régions en des projets page 11 forte croissance connaissent des pénuries de compétences, Mobilité internationale, un atout pour l’emploi page 13 tandis que d’autres régions enregistrent un taux de chômage élevé et persistant. P/6 débat formation février 11 / numéro 8
le consensus Formation à la scandinave, un idéal européen ? Chef du département formation et certification au Centre d’étude et de recherche sur l’emploi et les qualifications (Céreq), Michel Théry compare les divers modèles de formation professionnelle européens. Il relève deux différences majeures : la place de l’État et le degré de séparation entre la formation initiale et la formation continue. Se dessine ainsi une sorte d’idéal européen de formation tout au long de la vie. Est-il possible de comparer les de Pôle Emploi, l’Unedic avait la charge systèmes de formation profession- de la formation des chômeurs indemni- nelle propres aux différents pays sés alors que le conseil régional se char- européens ? geait des demandeurs non indemnisés. Les situations sont très hétérogènes, Existe-t-il un modèle unique en même si l’on peut établir un clivage termes de financement ? entre des modèles où les systèmes de formation initiale et de formation conti- Là aussi, il existe presque autant de nue sont très séparés, comme en France, modèles que de pays et de contribu- et des systèmes unifiés, et donc beau- teurs (États, collectivités territoriales, coup plus proches de l’idéal européen entreprises, partenaires sociaux…). En de lifelong learning comme au Dane- Suède, par exemple, l’État finance, pour Michel Théry (CEREQ) : "Il existe presque mark. Dans ce pays, par exemple, les une part très significative, une forma- autant de modèles que de pays". actifs et les demandeurs d’emploi sont tion continue très diplômante et longue formés selon des dispositifs relativement dans le temps (souvent proche d’une an- similaires. En France, jusqu’à la création née), notamment pour les salariés dont débat formation février 11 / numéro 8 P/7
dOSSIER EMPLOI - FORMATION, L’EUROPE CHERCHE LE CONSENSUS l’entreprise s’est restructurée. En France, et la Tchéquie, puis un second groupe la formation de leurs salariés sont ce type de formation longue de type composé du Danemark, des Pays-Bas, équivalentes, quelle que soit la taille des CIF est non seulement rare mais réser- de l’Autriche, de la Norvège et de organisations. vée aux salariés « en emploi », et est en l’Allemagne. Le « peloton de queue » re- grande partie financée par l’entreprise. groupe des pays comme la Pologne, la Est-il utopique de tendre vers une Roumanie ou la Grèce. sorte de modèle européen, harmonisé Ne peut-on pas toutefois établir et efficace ? une sorte de palmarès en matière À quoi sont dus ces clivages ? d’efforts de formation en faveur des On pourrait imaginer, en guise d’idéal salariés ? À l’absence, dans certains pays, d’une européen, un modèle de formation pro- véritable tradition de formation profes- fessionnelle unifié, « tout au long de la Bien entendu, les salariés européens sionnelle continue, et principalement vie », « à la scandinave », qui dépasserait ne sont pas logés à la même enseigne. aux écarts, dans le tissu économique, les clivages formation initiale/formation L’enquête européenne de référence, entre petites et grandes entreprises, tra- continue, qui permettrait de reprendre car récurrente, Continuing Vocational ditionnellement beaucoup plus forma- des études à tout moment et de suivre Training Survey, distingue un certain trices que les structures de petite taille. des formations diplômantes. Même s’il nombre de groupes de pays selon di- En Grèce, par exemple, l’économie se s’agit d’un cliché, le modèle des pays du vers critères (part d’entreprises forma- caractérise par un tissu de petites entre- Nord a de multiples vertus en matière de trices, taux d’accès des salariés et durée prises familiales, les grandes entreprises formation professionnelle. moyenne des formations). On trouve en y sont rarissimes. À l’inverse, en Norvège, tête la Suède, la France, le Luxembourg les contributions des entreprises à Propos recueillis par Éric Delon Androulla Vassiliou Lászlo Andór commissaire européenne commissaire européen pour l’Emploi, pour l’Éducation, la Culture, le les Affaires sociales et l’Inclusion Multilinguisme et la jeunesse « La priorité est de permettre à chacun « Il est aujourd’hui plus crucial de travailler. Nous ne pouvons pas que jamais que tous les citoyens accepter un taux de chômage proche bénéficient d’une haute qualité de 10 %. La crise a balayé tout d’éducation et de formation pour progrès passé. Il est urgent les doter des compétences dont ils de réformer les marchés du travail, ont besoin pour trouver un emploi. de nous assurer que les compétences La formation tout au long de sont conformes à la demande et la vie doit devenir une réalité que les conditions de travail sont en Europe. » propices à la création d’emploi. Tous les citoyens européens bénéficieront des actions proposées, notamment les groupes vulnérables, tout particulièrement touchés par la crise. » Éducation et formation Panorama des compétences « Un domaine d’action Dans cette perspective, ils souhaitent mettre en place un panorama prioritaire » des compétences dans l’Union européenne : « Avec cet outil, la prévision des compétences requises à l’avenir sera améliorée, de sorte que les Européens disposeront plus sûrement de la Au sein de la Commission européenne, la formation professionnelle combinaison de compétences optimales en TIC, en entrepreneuriat est une compétence partagée par les commissaires Androulla et en langues, par exemple, pour renforcer leur adaptabilité et leur Vassiliou et László Andor, qui pilotent conjointement les initiatives employabilité », notent les deux commissaires. Le but est de mettre phare « Jeunesse en mouvement » et « Stratégie pour les nouvelles en évidence les métiers de demain, les compétences nécessaires compétences et les nouveaux emplois ». Celle-ci doit apporter des et les formations offrant des débouchés prometteurs. réponses à quatre questions fondamentales, expliquent les deux Ce panorama viendra fédérer les observations et analyses déjà commissaires : « Comment garantir à tous ceux qui veulent travailler réalisées aux niveaux européen, national ou régional, précise qu’ils obtiennent un emploi ? Comment chacun de nous pourra-t-il Androulla Vassiliou : « Il s’appuiera sur les projections à long acquérir et actualiser les compétences dont il a besoin pour les terme du Centre européen pour le développement de la formation emplois d’aujourd’hui et de demain ? Comment améliorer professionnelle (Cedefop) et des États membres, ainsi que sur une le fonctionnement des marchés du travail ? Et enfin, comment créer analyse des vacances d’emploi à court terme. Il dévoilera de nouveaux emplois pérennes et de qualité ? » Renforcer le lien les tendances émergentes dans les entreprises et les secteurs, entre le monde du travail et celui de l’éducation et de la formation grâce à des enquêtes et aux travaux des conseils sectoriels est un objectif crucial, soulignent les deux commissaires. européens pour l’emploi et les compétences. » P/8 débat formation février 11 / numéro 8
Lego France Ou le métissage Pour le groupe danois LEGO, la formation professionnelle fait partie de ses devoirs. La filiale française doit européen marier cette responsabilité d’entreprise érigée au rang de valeur et les obligations définies par la loi française en matière de formation. «L e groupe tient à faire de Lego un endroit idéal pour travailler. Nous sommes attentifs à l’épanouissement des salariés, dans leur intérêt comme dans celui de l’entreprise », explique Nathalie Mazo, responsable RH de Lego France. Une des caractéristiques de Lego Lego, c’est l’autonomie et la respon- Lors de sa création en 1932, Lego n’était que l’atelier d’un petit charpentier. Le groupe est sabilité dans le travail, ajoute-t-elle : aujourd’hui le cinquième fabricant de jouets du monde. Il emploie quelque 9000 salariés et vend « C’est une société exigeante, mais qui ses produits dans plus de 130 pays. Il possède des unités de production au Mexique, en Hongrie et en République Tchèque. Ses autres filiales ont des fonctions de commercialisation sur leur marché donne à chacun les moyens de réussir. » spécifique.« Seul le meilleur est assez bien », affirme la devise de Lego. Sur son site, le groupe La formation est un élément important insiste sur ses valeurs, et établit sa stratégie sur une base morale : « Notre politique explicite entend de cette politique : « Ce n’est pas pour se se conformer à la lettre comme à l’esprit de toutes les lois, règles et réglementations applicables conformer à des obligations légales que dans les pays dans lesquels nous travaillons. Notre activité est basée sur la confiance Lego fait de la formation : cette obli- des consommateurs et de la société en général. Cette confiance repose sur le fait que le groupe Lego agit toujours d’une manière légale, cohérente et éthique, et qu’il est perçu comme tel. » gation existe en France, mais pas dans de nombreux autres pays. » Le groupe considère que le développement des leur manager, ils peuvent s’inscrire à des sont divers. Les formations largement compétences de ses salariés est une né- formations à distance en bureautique ou déclinées sur une unité sont évaluées cessité : « Nous espérons que nos sala- en langues étrangères, mais aussi à des de manière formelle. Celles dispen- riés resteront avec nous et nous misons formations transversales présentielles sées à partir du catalogue en ligne du sur eux. Et même s’ils décident de nous confiées à des prestataires extérieurs : groupe sont jugées par les bénéficiaires : quitter, nous voulons qu’ils partent avec management, gestion du temps, déve- chacun peut faire savoir ce qu’il pense le meilleur bagage possible. » loppement personnel, etc. d’une session qu’il a suivie en publiant Structure d’une cinquantaine de per- ses commentaires sur le portail. Après « Agir de façon autonome sonnes, Lego France doit cependant concertation et choix de la formation dans un système complexe » faire entrer ce principe général dans le par le salarié et son manager, les for- Chaque salarié du groupe suit au moins cadre d’un plan de formation conforme mations individuelles sont évaluées de un stage par an, « idéalement, une for- aux obligations légales françaises. Cer- façon informelle, au travers d’échanges. mation transversale et une formation taines des formations proposées sur le Le but de ce dispositif est de développer plus individualisée, liée à la fonction portail du groupe peuvent y trouver leur la compétence des salariés, mais aussi occupée dans l’entreprise ou visant un place, mais celles dispensées à l’étran- leur capacité à faire des propositions et objectif de développement des compé- ger ne sont pas imputables au budget prendre des initiatives, observe Nathalie tences à moyen terme ». Le catalogue des formation. D’autres sessions sont spéci- Mazo : « Nos collaborateurs doivent être sessions ouvertes un peu partout dans le fiques à la filiale française : techniques capables d’agir de façon autonome dans monde à tous les salariés de n’importe de vente, évolutions de la législation un système complexe. » quelle filiale est accessible sur l’Intranet concernant les jouets électroniques, etc. du groupe. Sous réserve de l’accord de Les modes d’évaluation de ces formations Philippe Tranchart débat formation février 11 / numéro 8 P/9
dOSSIER EMPLOI - FORMATION, L’EUROPE CHERCHE LE CONSENSUS Innovation Trois millions de cols verts à l’horizon 2020 ? L’ambition affichée par la Commission européenne est de parvenir à « trois millions de travailleurs “ en col vert” à l’horizon 2020 ». Dans cet esprit, le projet DEVIN-VERT porté par l’AFPA et soutenu par le FSE entend promouvoir les métiers verts et écoconcevoir tous les parcours Le projet DEVIN-VERT (développement durable au service de l’économie verte) de formation. Une véritable révolution, pour rendre s’inscrit dans le volet central du FSE et dans son axe 4 de soutien à l’innovation et les cursus plus respectueux de l’environnement et à l’expérimentation de nouvelles pratiques. préparer les stagiaires à la dimension « développement durable » de leur métier. aussi préparer les stagiaires à l’émer- gence du développement durable qui sera, demain, une exigence pour tous les «B eaucoup de gens ont solaire et sur une rame de tramway. Ou métiers. » Un exemple : la profession de une fausse image des une assistante commerciale cherchant à conducteur routier, a priori aux antipodes métiers verts. Ils n’ima- réduire la consommation de fournitures. des métiers verts, peut intégrer la notion ginent pas que certains d’écoconduite, pour une baisse significa- métiers classiques se transforment et Écoconception des formations tive de la consommation de carburant et intègrent une dimension verte », rappelle Deuxième volet du projet : l’écoconcep- donc d’émission de CO2. La mixité et la Chantal Sartorio, directrice du projet DE- tion de tous les parcours de formation diversité des publics seront recherchées. VIN-VERT piloté par l’AFPA, avec l’appui proposés par l’AFPA. « Écoconcevoir nos L’écoconception vise tout à la fois à financier du Fonds social européen (FSE). formations, c’est à la fois agir sur la fa- rendre les formations plus performantes Le projet DEVIN-VERT (développement çon dont elles se déroulent et intégrer et plus attractives pour les stagiaires durable au service de l’économie verte) la dimension “développement durable” et à améliorer les conditions de travail s’inscrit dans le volet central du FSE et dans chacun des 300 métiers auxquels des formateurs. L’objectif est de réaliser dans son axe 4 de soutien à l’innovation nous préparons », explique Florent Lon- un premier travail d’écoconception sur et à l’expérimentation de nouvelles pra- guépée, directeur du développement l’ensemble des formations en 2011, tiques. DEVIN-VERT vise d’abord à ren- durable et de la RSE (responsabilité so- puis un travail beaucoup plus fin sur les forcer l’attractivité des métiers verts et à ciale des entreprises), en charge de ce 150 formations les plus importantes mieux les faire connaître : cent métiers volet. « Cette nouvelle approche prendra d’ici fin 2013. seront présentés sous un nouvel angle par exemple en compte des éléments Doté d’un budget total de 32,4 mil- au travers de clips de trois minutes. Ils comme la réduction de la consommation lions, dont 55 % apportés par le FSE, montreront par exemple un électroméca- d’énergie ou le remplacement de cer- DEVIN-VERT se déroulera sur trois ans. nicien et une électromécanicienne char- taines matières toxiques ou polluantes « C’est un projet d’envergure, un projet gés de la maintenance dans une centrale par des produits plus neutres. Elle devra transversal qui concerne, plus ou moins P/10 débat formation février 11 / numéro 8
FSE et FEDER Partenaires financiers des projets Les fonds de financements européens permettent d’infléchir les pratiques de formation dans le sens souhaité par les instances politiques de l’Union. Ils fonctionnent au rythme d’une programmation septennale. P directement, tous les salariés de l’AFPA », our la période 2007-2013, de l’Union. Chaque État membre définit souligne Chantal Sartorio. Tous ont suivi les fonds européens s’arti- un programme opérationnel septennal une formation à la relation-clients bap- culent autour de trois ob- en fonction de sa situation économique tisée « Afp’attitude ». D’autres sessions jectifs de : et sociale. Pour la France, le budget pré- concerneront la prise en main des nou- – « convergence » pour les régions en vu pour la période 2007-2013 s’élève à veaux outils, l’innovation, la RSE… Des retard de développement (ex., pour la 5,4 milliards d’euros. Les crédits sont sessions pour la prise en compte de la France, les DOM), financé conjointe- fortement déconcentrés dans les ré- mixité et des publics sous-représentés, ment par le FSE et le FEDER ; gions. 85 % des fonds financent des jugés prioritaires par domaines ou mé- – « compétitivité régionale et emploi » projets locaux qui correspondent à des tiers, seront conduites au fil du projet. pour les autres régions (FSE et FEDER) ; priorités territoriales. Le volet cen- D’autres actions ont pour objectif un – « coopération territoriale européenne », tral, soit 15 % des crédits, est alloué à pilotage politique et stratégique de la afin de favoriser les échanges interré- des actions d’envergure nationale dé- démarche. Après la direction de la RSE gionaux au sein de l’Union, notamment ployées sur au moins trois régions. créée en 2009, une direction de l’inno- entre régions transfrontalières (FEDER Les projets candidats à un soutien du vation est née en 2010. Un concour de seul). FSE doivent s’inscrire dans l’un de l'innovation en interne et des trophées ces quatre axes : stimuleront la créativité des salariés. Le FSE, principal financeur – adaptation des travailleurs et des en- Autre projet de l’AFPA candidat à l’appui des projets emploi et treprises au changement économique ; du FSE : DEVIN-TECH. Il permettra aux formation – accès à l’emploi pour les demandeurs stagiaires d’utiliser la culture numérique Le Fonds social européen est le prin- d’emploi ; à des fins professionnelles et aux forma- cipal instrument financier de l’Union – inclusion sociale par l’emploi et la teurs de mieux fédérer des communautés européenne pour favoriser le dévelop- lutte contre les discriminations ; professionnelles. pement de l’emploi, de la formation – développement du capital humain, et de l’insertion professionnelle. Il re- innovation et coopération transnationale. Sylvie Karsenty présente près de 10 % du budget total Les projets doivent être innovants et débat formation février 11 / numéro 8 P/11
dOSSIER EMPLOI - FORMATION, L’EUROPE CHERCHE LE CONSENSUS cofinancés par une autre source (l’État, L’emploi constitue un des objectifs affi- formation, ainsi que d’axes dédiés à une région, un acteur public ou privé), chés par ces programmes. « L’appui de l’urbain ou au rural. le FSE intervenant toujours en complé- la politique de cohésion, et en particu- Ainsi, 13,7 M€ octroyés par le FEDER ment pour faire plus ou mieux. lier du FEDER, en faveur de la compé- ont été mobilisés dans le cadre de En France métropolitaine, plus de titivité des territoires a ainsi vocation à l’amélioration de l’accès à l’emploi et de 33 000 projets ont été cofinancés de- soutenir des projets qui intègrent à la sa durabilité – les régions consacrant le puis le lancement de la programma- fois une dimension “compétitivité” et une plus de fonds du FEDER à cet objectif tion 2007-2013. Quelques exemples : dimension “ressources humaines”. » Les étant le Limousin (5 M€), Rhône-Alpes Tout en modernisant ses terminaux projets inscrits au titre des programmes (3,9 M€) et Midi-Pyrénées (1,8 M€). En portuaires, la société Dockers de Nor- opérationnels FEDER en faveur de l’em- Rhône-Alpes, ces fonds ont permis, par mandie a lancé un ambitieux plan de ploi et de l’inclusion sociale sont di- exemple, de créer une pépinière d’en- formation pour 89 % de ses salariés et vers : formation des chefs d’entreprise, treprises à destination d’entrepreneurs conforte l’emploi des dockers sans qua- études prospectives sur les nouveaux issus des banlieues. lification. besoins en formation liés à l’émergence Autre exemple : dans le cadre de l’amé- Pour anticiper les effets de la crise, de nouveaux enjeux (TIC, efficacité lioration de l’inclusion sociale des per- OPCALIA Rhône-Alpes et Bourgogne énergétique, gestion des ressources), sonnes défavorisées, 2,9 M€ du FEDER ont mis en place un programme bap- actions collectives de formation en ma- ont été mobilisés. Les trois régions tisé RESIST (Rhône et Saône solutions tière de gestion d’entreprise, de mana- consacrant le plus de fonds issus du et initiatives territoriales). Son objectif : gement et de démarche qualité… Si on FEDER à ce thème sont la Guadeloupe repérer des entreprises en situation de retrouve ces actions dans divers axes (1,6 M€), Midi-Pyrénées (397 K€) et les crise, identifier les salariés les plus vul- des programmes, elles relèvent géné- Pays-de-Loire (340 K€). Depuis 2007, nérables et leur proposer des parcours ralement de mesures destinées au sou- le FEDER a soutenu plus d’une centaine de formation qualifiants. tien des entreprises, au renforcement de projets portés par des pôles de com- En Alsace, le FSE a soutenu la dé- de la compétitivité et de l’innovation pétitivité ou des clusters régionaux. marche de formation de quatre salariés des territoires, à l’amélioration des res- candidats à la reprise d’une entreprise sources humaines et des conditions de Éric Delon de menuiserie. Les PME, cibles prioritaires du FEDER Créé en 1975 en vue de renforcer la cohésion économique et sociale euro- péenne, le Fonds européen de dévelop- pement régional (FEDER) intervient de manière non négligeable en faveur de la formation et de l’emploi. Les programmes opérationnels FEDER « compétitivité régionale et emploi » 2007-2013 sont principalement orien- tés vers le soutien des projets favorisant les démarches de R&D, l’innovation et l’esprit d’entreprise, le déploiement des infrastructures TIC et de leurs usages, les actions en faveur de l’environne- ment et de la prévention des risques. « Les PME sont la cible prioritaire identi- La campagne «J’avance avec l’Europe ! » vise à fiée pour l’actuelle période de program- faire mieux connaître mation, mais le FEDER soutient éga- les fonds européens. lement tous les types d’entreprises », rappelle Vincent Le Dolley, conseiller pour le développement régional et les politiques européennes à la DATAR (Dé- légation interministérielle à l’aména- gement du territoire et à l’attractivité régionale). P/12 débat formation février 11 / numéro 8
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