La collaboration, clé du succès - Admin.ch
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1 / 17 4 La collaboration, clé du succès 5 Chercher, trouver, neutraliser Spécialistes de l’élimination des munitions non explosées 8 L’armée apporte son aide Glissement de terrain dans le canton d’Uri 10 Epreuve d’endurance à la galloise Une médaille d’argent à la Cambrian Patrol
Editorial Chères lectrices, chers lecteurs, Vous avez entre les mains un prototype : ce numéro du magazine de Photo : CME la troupe armee.ch vous est remis dans le cadre d’un projet pilote vi- sant à promouvoir l’interdisciplinarité entre les armes. Sa lecture doit vous permettre de renforcer votre connaissance et votre compréhen- sion des autres fractions de troupes. A partir du 1er janvier 2018, l’ar- mée sera confrontée à des changements considérables : il va donc de soi que notre magazine, organe de communication de l’armée, reflète également ces changements. Actuellement, la forme définitive d’armee.ch fait encore l’objet de dis- cussions animées. Il est bien possible que le prochain numéro, et éven- tuellement celui d’après, subissent encore des modifications. Si vous avez des suggestions concernant la présentation du nouveau armee. ch, n’hésitez pas à nous en faire part. Même s’il ne nous est pas pos- sible, au vu des lignes directrices prescrites, de concrétiser toutes les idées qui nous sont soumises, nous nous réjouissons cependant de la participation de tous les membres de l’armée. Ce numéro, qui est le premier de l’année 2017, rend compte de di- verses activités de l’armée : au terme d’une instruction à Triengen (LU), la Formation d’application génie/sauvetage a par exemple fait exploser un immeuble désaffecté dans le cadre d’un exercice de mi- nage. En outre, lors d’un engagement réel, les Forces aériennes ont fourni rapidement de l’aide et fait preuve d’efficacité organisation- nelle ; durant plusieurs jours, elles ont en effet livré des marchan- dises de première nécessité aux habitants du village de Bristen (UR), qui s’était retrouvé coupé du monde suite à un glissement de terrain. Enfin, une délégation du Commandement des Forces spéciales (CFS) a montré, à l’occasion du Cambrian Patrol de l’Armée britannique, ce dont l’Armée suisse était capable. Si, lors de votre prochain service, vous assistez à un événement susceptible d’intéresser tous les membres de l’armée, nous serions disposés à publier un article sur le sujet dans le prochain numéro d’armee.ch. Pour toute suggestion, veuillez envoyer un courriel à : redaktion.kommv@vtg.admin.ch. En attendant vos propositions d’articles, je vous souhaite à toutes et à tous une agréable lecture ! Caspar Zimmermann Rédacteur en chef 2 armée.ch 1 / 17
Sommaire 2 Editorial 4 La collaboration, clé du succès Les prestations du groupe météo 7 5 Chercher, trouver, neutraliser Spécialistes de l’élimination des munitions non explosées 6 Des incendies de forêt combattus avec succès grâce au Bambi Bucket L’Armée suisse apporte son aide en cas de catastrophe 8 L’armée apporte son aide Glissement de terrain dans le canton d’Uri 5 Chercher, trouver, neutraliser 9 Exercice réussi Spécialistes de l’élimination des Cours de spécialistes sur fond de décombres munitions non explosées 10 Epreuve d’endurance à la galloise Une médaille d’argent à la Cambrian Patrol 12 WEF 2017 : une mission, quatre points de vue FOAP aide cdmt 30 14 Le concept de réciprocité généralisée Etude portant sur les chiens de service de l’Armée suisse 16 CHESS rend fit 17 Circonspection et clairvoyance Une journée dans la vie d’un brigadier 8 L’armée apporte son aide 18 Ondes dirigées et chars en exercice interarmes Glissement de terrain dans le canton d’Uri 19 Dernier cours de répétition en tant qu’unité soleuroise Le groupe d’artillerie 10 à la veille du DEVA Impressum « armée.ch », le magazine des militaires de l’Armée suisse, édition du Chef de l’Armée, paraît deux fois par année en français, italien et allemand Prochaine édition : 2/2017 Délai rédactionnel : 14.09.2017 10 Epreuve d’endurance à la galloise Parution : décembre 2017 Une médaille d’argent à la Cambrian Patrol Editeur : Communication Défense Direction de la rédaction : Communication Défense, rédaction, Stauffacherstr. 65/31b, 3003 Berne Traduction : Services de traduction du DDPS Mise en page et production : Centre des médias électroniques (CME), BLA Impression : Kromer Print AG, Lenzburg Changements d’adresse : Par écrit au chef de section de leur lieu de domicile Copyright : DDPS, domaine Défense Internet : www.armee.ch armée.ch 1 / 17 3
Rubriktitel La collaboration, clé du succès Les prestations du groupe météo 7 profitent à l’ensemble de l’armée. Des données météorologiques précises sont indispen- sables non seulement aux pilotes des Forces aériennes, mais aussi aux autorités civiles. En parallèle, le groupe de transmis- sion des Forces aériennes 5 exploite le réseau de télécommunication nécessaire au maintien de la capacité de conduite des états-majors et des corps de troupe. Dernier volet de la trilogie consacrée à la Formation d’application d’aide au commande- ment 30. Of spéc (cap) Stephan Schmucki, le réseau crypté interne, mais aussi compo- conçu au départ pour téléphoner en toute FOAP aide cdmt 30 ser des numéros externes de Swisscom ou sécurité sert de plus en plus à envoyer des même appeler des téléphones mobiles. Le données cryptées. Les différentes banques de données météo- réseau téléphonique public ne se prêtant pas rologiques de MétéoSuisse constituent la aux entretiens confidentiels, l’utilisateur est Collaboration entre les six groupes base de toutes les prestations des services averti par un bip lorsque la connexion n’est L’intégralité du système des Forces aériennes météorologiques. Elles sont complétées par pas cryptée. repose sur les prestations du groupe de trans- les observations effectuées par le groupe mission 5. Pendant le WEF par exemple, les météorologique 7 pendant son service dans Assurer la capacité de conduite unités de transport aérien déployées ainsi que les postes météorologiques et les stations de Le grand avantage du réseau RITM réside la centrale d’engagement des Forces aériennes radiosondage. Au final, cette densification dans son autonomie, grâce à laquelle les Forces (Air Operations Center, AOC) sont tributaires des données effectuée par la troupe permet aériennes peuvent continuer à communiquer du réseau RITM sur le plan tactique. Leurs d’obtenir des prévisions météo plus précises. en cas d’effondrement des réseaux de com- décisions sont basées sur les informations munication mobile et fixe. Au fil du temps, transmises via le RITM par les stations radar Des postes d’observation météorolo- les sollicitations n’ont cessé d’augmenter sur d’altitude fixes, les unités radar mobiles des giques comme stations de sondage ce système. Quant au FIS FA, il est devenu un Forces aériennes, le groupe de renseignement Les soldats et les cadres du groupe météoro- instrument de conduite incontournable, ca- des Forces aériennes et le groupe météorolo- logique 7 exploitent des postes d’observation pable de diffuser immédiatement les décisions. gique. En bref, le groupe de transmission 5 météorologiques situés généralement en alti- C’est pourquoi le réseau RITM est de plus est l’épine dorsale de la communication des tude ou en rase campagne. Toutes les heures, en plus utilisé pour le transfert de données. Forces aériennes et de ses unités d’appui. Les ils observent et relèvent les évolutions du L’évolution de l’utilisation du RITM peut être formations de milice de la FOAP aide cdmt 30 temps et en informent directement Météo- comparée à la transformation progressive du travaillent de concert pour établir une image Suisse au moyen d’un formulaire d’entrée téléphone mobile en smartphone : ce qui était de la situation aérienne dense et précise. de données. En général, ils communiquent aussi les données concernant la tempéra- ture, la force et la direction du vent ainsi que la pression atmosphérique et l’humidité de l’air. A cela s’ajoutent les informations recueillies quotidiennement par les stations de radiosondage au moyen de ballons-sondes pouvant s’élever jusqu’à une altitude de 35 km. Les données collectées sont analysées et interprétées dans les centrales météo par des météorologues de MétéoSuisse appelés prévi- sionnistes météo. Les résultats sont envoyés aux clients sous forme de bulletin météo. Le « Swisscom » de l’armée Photos : Sdt Milan Rohrer, Mediengruppe LVb FU 30 Le groupe de transmission des Forces aé- riennes 5 a pour mission d’établir, d’exploiter et d’entretenir un réseau de télécommunica- tion crypté. Il fournit aux Forces aériennes ce que Swisscom fournit au civil, en reliant les différents corps de troupe au moyen du réseau intégré de télécommunications militaires (RITM). De plus, il assure l’exploitation du réseau et la disponibilité opérationnelle du système de conduite et d’information des Forces aériennes (FIS FA). Le RITM permet le transfert crypté de la voix et des données Le groupe de transmission des Forces aériennes 5 exploite les systèmes de transmission et d’in- par téléphone ou par fax. Les utilisateurs formation FEBEKO, FIS FA et RITM. Le groupe météo 7 établit les prévisions météorologiques à peuvent ainsi communiquer entre eux via court et à long terme, et il fait office de conseiller météo des Forces aériennes. 4 armée.ch 1 / 17
Rubriktitel Spécialistes de l’élimination des munitions non explosées Chercher, trouver, neutraliser Les munitions non explosées (communément appelées ratés), les munitions trouvées, les champs de mines, les engins explosifs improvisés ou les dépôts de munitions représentent des dangers qui doivent être écartés. Cette tâche incombe au commandement chargé du déminage et de l’élimination des munitions non explosées (DEMUNEX) de l’Armée suisse. Ainsi, chaque année, en Suisse, quelque 600 cas de ratés sont annoncés aux spécialistes de l’élimination des munitions non explosées (EMUNEX), lesquels agissent également dans le cadre de la promotion de la paix, principalement en Afrique et dans les Balkans. Actuellement, une équipe EMUNEX se prépare à Thoune en vue d’un engagement au Kosovo. Eve Hug, Comm D d’armes sécurisée. » Lui et son équipe ont acquis, lors de leur instruction de base, des « Un riverain a vu des individus au compor- connaissances détaillées sur la fabrication, tement suspect en train de cacher une caisse le fonctionnement et les effets de diverses dans un endroit difficile d’accès, entre des munitions, détonateurs et explosifs. Dans buissons et des monticules de terre. » C’est ce domaine, le commandement DEMUNEX ainsi que commence le scénario préparé pour dispose, à Spiez, d’un service d’archives com- l’instruction d’une équipe EMUNEX sur la portant un fichier général. Celui-ci contient place d’armes de Thoune. Les quatre hommes des croquis et des informations sur tous les qui la constitue ont, depuis longtemps dé- types connus de munitions et d’explosifs, jà, suivi l’instruction de base d’une année. car il est absolument essentiel d’identifier Parmi eux, certains ont déjà été envoyés en avec certitude un objet suspect pour pouvoir mission. Actuellement, ils suivent ce que l’on le mettre hors d’état de nuire et assurer la appelle une instruction axée sur l’engage- sécurité. ment (IAE). Ils seront bientôt envoyés au « L’équipe EMUNEX change de lieu d’observa- Kosovo où ils agiront au profit de la KFOR L’équipe dessine une esquisse du terrain. tion. Les soupçons se font de plus en plus précis. pour garantir la liberté de mouvement des L’étape suivante est l’appréhension exacte du troupes de maintien de la paix. nées de pratique qu’il est possible de se per- problème et l’appréciation de la situation. » « Un spécialiste EMUNEX est sur le toit d’un fectionner pour devenir expert en engins En plus d’un véhicule blindé d’engagement, véhicule blindé d’intervention et observe les explosifs improvisés (c’est-à-dire spécialiste le détachement EMUNEX est équipé d’une environs avec des jumelles. Il n’a, jusqu’ici, du désamorçage de bombes artisanales) et en tenue de protection robuste pour son expert rien remarqué de suspect. » La fonction de munitions spécialisées. et d’un robot démineur moderne. Cet équi- spécialiste EMUNEX exige de l’endurance. Chaque spécialiste est soumis à une évalua- pement est utilisé lors de la phase d’approche Elle est aussi extrêmement risquée : un simple tion poussée avant même son instruction de de l’objet suspect et lors de sa neutralisation. faux pas peut entraîner la mort ! L’instruction base. L’instruction militaire mise à part, il Toute l’opération prévue par le scénario dure de base liée à cette fonction dure, à elle seule, doit aussi avoir des connaissances linguis- des heures – comme c’est d’ailleurs le cas un an. Elle est ensuite suivie de plusieurs tiques approfondies, d’excellentes capacités dans un engagement réel. Le directeur de engagements – tous précédés d’une IAE. Ce en mathématiques, une bonne condition l’exercice reste confiant, persuadé que son n’est qu’après avoir acquis une expérience physique et effectuer un apprentissage pro- équipe réussira la mission qu’il lui a confiée. suffisante en engagement et quelques an- fessionnel dans le domaine technique. « Alors qu’il scrute les environs à la jumelle, le spécialiste EMUNEX aperçoit quelque chose de suspect ressemblant à un fil piège. De toute évidence, ce fil révèle la présence d’une cache armée.ch 1 / 17 5
L’Armée suisse apporte son aide en cas de catastrophe Des incendies de forêt combattus avec succès grâce au Bambi Bucket Un Super Puma de l’armée peut déverser en une fois 2500 litres d’eau grâce à un récipient spécial en matériau souple appe- lé Bambi Bucket. Ces dernières années, l’armée a montré à maintes reprises qu’elle dispose, avec ce récipient, d’un moyen efficace reconnu au plan international pour lutter contre les incendies de forêt. Début 2017 également, l’armée a mené à la demande de plusieurs cantons des engagements pour combattre de tels incendies. Ruth van der Zypen, Comm D Différents corps de sapeurs-pompiers ain- ainsi que le Bambi Bucket, un gigantesque si que des hélicoptères de la REGA et les récipient en matériau souple de fabrication En avril 2017, nombre de régions de Suisse, collaborateurs d’une entreprise privée sont canadienne. Ces récipients de couleur orange et notamment celles près de la frontière ita- intervenus ; cela ne s’est toutefois pas avéré sont utilisés dans plus de cent pays, dont les lienne, ont été touchées pendant plusieurs suffisant, si bien que les autorités civiles ont Etats-Unis et l’Australie, pour éteindre les semaines par des incendies de forêt. L’armée sollicité l’aide de l’armée. Ainsi, les hélicop- incendies de forêt. a fourni rapidement, sur demande des auto- tères de l’Armée suisse ont été appelés à la rités cantonales et en coordination avec la rescousse pour localiser les foyers d’incendie Le Tessin, théâtre du plus grand Région territoriale compétente, l’appui aé- et combattre le feu. Là où il a fallu recourir engagement rien nécessaire ainsi que diverses prestations à ces appareils pour maîtriser les incendies La situation dans le sud du canton était parti- logistiques pour les travaux d’extinction. de forêt, l’armée a engagé les Super Puma culièrement difficile à cause de sa complexité Einsatz Waldbrand "GERSAU 17" 11.04.-13.04.2017 Einsatz Waldbrand " MALOJA 17" 22.04.-24.04.2017 Einsatz Waldbrand "CRANS-MONTANA" 20.04.2017 Waldbrand Grafique : Comm D VALCHIAVENNA (ITA) 19.04.-24.04.2017 Einsatz "TESSIN 17" 11.04.-01.05.2017 Photo : Rescue Media L’hélicoptère de l’armée largue de l’eau au-dessus de la zone en feu. 6 armée.ch 1 / 17
Rubriktitel Photo : Rescue Media et de sa durée ; c’est ce qu’a confirmé le res- ponsable de l’engagement aérien au Tessin, le colonel Martin Hösli, commandant de la base aérienne de Locarno. Lors de l’engagement, il a d’ailleurs déclaré : « Nous sommes fiers de pouvoir contribuer, grâce à notre base aérienne située au sud des Alpes, à une ex- tinction rapide des incendies de forêt. Il s’agit d’une mission extraordinaire de par sa durée et elle n’est pas sans difficultés. Le personnel et l’organisation interne sont soumis à rude épreuve. Par ailleurs, les organisations impli- quées ont dû communiquer en italien, un défi supplémentaire à relever pour les équipages ! » Les hélicoptères de l’armée – entre un et trois Super Puma – ont effectué quelque 760 rotations. Ils ont transporté des pièces d’équipement pour les soldats du feu, détecté des feux couvrants avec des caméras infra- rouges et déversé plus de 1600 tonnes d’eau sur les régions sinistrées. Ryan Pedevilla, chef de la section armée et protection civile du canton du Tessin, l’a confirmé : « La colla- boration avec l’armée s’est remarquablement bien déroulée. » Photo : DDPS Des engagements spéciaux pour les pilotes Michael Fürstenberg de l’escadrille 1 à Payerne était un des pilotes en- gagés. Le mardi 11 avril dans la soirée, il a reçu un appel téléphonique lui demandant de se préparer à un engagement à Faido dès le lende- main matin. Les interventions de lutte contre les incendies de forêt sont très exigeantes à cause de leur durée, jusqu’à huit heures sans interrup- tion, et des conditions extrêmes dans lesquelles elles se déroulent ; « On sent la chaleur du feu monter jusqu’à l’hélicoptère », a rapporté Michael Fürstenberg. Les pilotes doivent faire montre d’une bonne coordination et suivre précisément les instructions. Jusqu’à cinq hélicoptères peuvent en effet survoler simultanément la même zone. Avec le récipient d’eau d’extinction Bambi-Bucket, l’hélicoptère peut puiser dans les lacs et les cours d’eau locaux. armée.ch 1 / 17 7
Glissement de terrain dans le canton d’Uri L’armée apporte son aide Dimanche 5 mars 2017, le village de Bristen (UR) se retrouve coupé du reste du monde : la seule route permettant d’y accéder a été ensevelie par un glissement de terrain, rendant toute circulation impossible. Mandatée par les autorités civiles, l’armée apporte son soutien dans le cadre de l’aide militaire en cas de catastrophe afin de garantir l’approvisionne- ment de la population. Elle met notamment à disposition des hélicoptères pour le transport aérien de marchandises. Photos : DDPS A la suite de l’ensevelissement de la route, il ne restait dans un premier temps que l’héliportage comme solution pour acheminer des marchandises. Michelle Steinemann, Comm D cident donc de faire appel à l’armée dans le cadre de l’aide militaire en cas de catastrophe. Dimanche soir, vers 22h, un glissement de terrain se produit sur la Mardi 7 mars, l’Etat-major de conduite de l’armée reçoit une de- route menant à Bristen. Un pan de terre s’affaisse sur une dizaine de mande en ce sens de l’office de la protection de la population et des mètres, ensevelissant les voies de communication situées en contre- affaires militaires du canton d’Uri. Grâce à une prise de décision ra- bas. Dès lors, l’unique accès au village est coupé. Le seul moyen de pide et à une collaboration efficace, l’armée est en mesure de four- s’y rendre est d’emprunter un chemin pédestre difficile ; le trajet dure nir son aide dès le lendemain matin et le premier transport de mar- une trentaine de minutes. Afin de garantir l’approvisionnement de chandises par voie aérienne peut avoir lieu l’après-midi même. Les la population en marchandises d’usage courant, il s’avère nécessaire bénéficiaires, comme l’épicier du village, sont informés du lieu et de de recourir à des hélicoptères. Les autorités civiles concernées dé- l’heure de livraison. Le transport de personnes est quant à lui assu- mé par une entreprise de transport aérien civile. Les tâches ont été clairement réparties et la bonne collaboration entre entreprises pri- vées, protection civile, armée et population est grandement appré- ciée par toutes les parties impliquées. Au début de l’engagement, il était prévu d’effectuer deux vols par jour durant trois semaines au maximum. Dans ce contexte, le chef d’engagement des Forces aériennes et le responsable de la pro- tection civile du canton d’Uri devaient réévaluer la situation au jour le jour. Cette communication directe a permis une certaine flexibi- lité au regard des besoins en constante évolution de la commune. En cas d’urgence, il était ainsi possible d’intervenir immédiatement et, grâce à l’aménagement d’une place d’atterrissage éclairée, des vols de nuit auraient également été envisageables. Durant la semaine qui a suivi le glissement de terrain, l’armée a ainsi livré quelque 100 kg de pain, six cageots de viande, 250 kg de produits frais divers et 250 kg de lait. Elle a également assuré le transport de 18 sacs postaux, ainsi que du postier qui assurait la distribution, et de 10 kg de matériel des- tiné au service de soins à domicile. Les conteneurs vides étaient récu- pérés lors des vols retours. Par ailleurs, pour faciliter le transport de personnes et de marchandises, la commune a décidé de remettre en service le funiculaire. Cette mesure a constitué un immense soula- L’armée collabore avec des entreprises civiles pour le transport gement et l’armée a pu mettre un terme à sa prestation d’appui après aérien de marchandises. une semaine déjà. 8 armée.ch 1 / 17
Rubriktitel Cours de spécialistes sur fond de décombres Exercice réussi Le cours de spécialistes annuel portant sur l’emploi des explosifs dure deux semaines. Les chefs de section des troupes de sauvetage y apprennent à planifier, calculer et réaliser le minage de bâtiments. Un test pratique est effectué à la fin de l’instruction. D’après le tas de décombres qui en a résulté, l’exercice de cette année peut être considéré comme totalement réussi. Michelle Steinemann, Comm D cile de découper le bois pour le retirer et l’explosion aurait dispersé les morceaux trop loin à la ronde, ce qui doit évidemment être évité. En ce début du mois de mars, nombreux étaient les curieux venus as- A la fin des deux semaines de cours, l’heure de vérité a sonné : sister à l’exercice final du cours de spécialistes à Triengen (LU). Ob- les participants ont-ils bien préparé l’opération ? Et les spectateurs se- jectif : procéder à la démolition contrôlée d’une ferme abandonnée. ront-ils satisfaits du résultat ? L’exercice terminé, personne n’a été dé- Durant deux semaines, les instructeurs de l’école de sauvetage 76 ont çu : l’explosion a eu exactement l’effet escompté et le public a salué la enseigné aux officiers comment planifier le minage d’un bâtiment, performance par des applaudissements nourris. effectuer les calculs nécessaires et mener l’opération. Cette année, Quant à l’amas de décombres qui en a résulté, il a servi de sup- des officiers allemands, belges, français et autrichiens se trouvaient port à un autre exercice des troupes de sauvetage, engagées pour re- à nouveau parmi les participants. La technique enseignée doit leur trouver des mannequins placés dans la maison avant que cette der- permettre de réaliser l’opération de dynamitage en toute autonomie. nière ne s’effondre. Il ne s’agit pas de faire exploser une maison aux quatre vents mais d’assurer qu’elle s’écroule comme prévu. En Suisse, ce type d’opéra- Photos : M. Steinemann tions de minage de haute précision est utilisé principalement dans le cadre d’interventions de sauvetage de personnes, par exemple lors- qu’un bâtiment s’est effondré suite à une tempête. D’autres méthodes sont utilisées par les forces armées lors d’engagements visant un ob- jectif différent. C’est le cas au Mali, par exemple, où des bâtiments sont détruits pour préparer le terrain à des opérations de combat. La démolition contrôlée d’un objet nécessite une bonne prépa- ration et des calculs précis. L’effet recherché doit être obtenu en en- gageant le moins de matière explosive possible. Après avoir affiné les calculs, quelque 30 kg de plastite ont été utilisés, soit une réduction de 6 kg par rapport aux premières estimations. Le plastite est l’explosif le plus utilisé à l’armée. Il peut être manipulé, plié et coupé comme de la pâte à modeler. Ces propriétés expliquent pourquoi on le nomme aus- si plastic. Avant de procéder au minage de la ferme, la compagnie de sapeurs de construction 2/4 du bataillon d’aide en cas de catastrophe 2 a procédé au démontage de la grange attenante. En effet, il est fa- Visite de l’objet après la destruction par explosif. armée.ch 1 / 17 9
Rubriktitel Une médaille d’argent à la Cambrian Patrol Epreuve d’endurance à la galloise Les monts Cambriens sont une série de massifs qui s’étend de la chaîne des Brecon Beacons au sud du Pays de Galles au mont Snowdon au nord du pays. Les conditions de vie y sont rudes, le terrain est difficile et le climat froid et humide. Au mi- lieu de cette région se trouve Sennybridge, une base de l’armée britannique. Sennybridge est le point de départ de l’exercice de patrouille annuel auxquels prennent part des soldats professionnels, des réservistes et des militaires étrangers invités. Les performances de la patrouille suisse lui ont permis de décrocher une médaille d’argent. Capitaine Cyrill Baumann, chef d’équipe CFS Auprès du Cavalry Regiment Une étape importante du Cambrian Patrol consiste à séjourner au- La Cambrian Patrol est une course d’orientation mettant à l’honneur près d’une unité hôte, une host unit, quelques jours avant l’exer- le métier d’explorateur/éclaireur. Son objectif est de tester et de ren- cice. L’équipe du CFS a été affectée au Household Cavalry Regiment forcer les compétences techniques et tactiques des participants. Des- (HCR), une formation mécanisée d’exploration, riche en tradition, tiné en principe aux soldats professionnels de l’armée britannique, stationnée près de Londres. Le HCR a apporté son soutien, notam- l’exercice est rude. Les exigences physiques sont également élevées, ment en instruisant les membres de l’équipe suisse au SA-80 Enfield, en raison de sa durée, de la distance de marche, du dénivelé et de la le fusil d’assaut standard des forces armées britanniques et l’arme charge à transporter. Invitée par l’armée britannique à participer à imposée pour la Cambrian Patrol. L’accueil réservé à l’équipe suisse l’exercice 2016, une équipe suisse du Commandement des Forces spé- et la collaboration avec le HCR témoignent de l’esprit de camarade- ciales (CFS) a répondu présent à l’appel. Elle a ainsi pu acquérir une rie exceptionnel entre les soldats des deux nations. Les hôtes britan- expérience précieuse dans l’exploration en terrain rural. niques ont ainsi assuré un encadrement logistique et technique solide. Une préparation ciblée Epreuve d’endurance L’équipe suisse sélectionnée pour la Cambrian Patrol au terme de Après quatre jours de préparation auprès de l’unité hôte, l’équipe trois entraînements hors du service à Payerne, à Walenstadt et à Bir- suisse a pris le départ de la Cambrian Patrol 2016 aux côtés de celle mensdorf se composait d’éclaireurs parachutistes, de grenadiers du HCR, à Sennybridge. Par des conditions météorologiques et to- d’exploration et de grenadiers tireurs d’élite issus des différentes for- pographiques difficiles, l’équipe suisse s’est arrêtée à onze postes où mations de milice du CFS. Le profil requis pour la Cambrian Patrol elle a dû accomplir diverses missions. Comme attendu, le terrain correspond à celui des explorateurs/éclaireurs et des tireurs d’élite était très vallonné, entrecoupé de nombreux cours d’eau, de pâtu- du CFS. Il a donc suffi de rafraîchir les connaissances des soldats. rages clôturés et de haies épaisses. Rares étaient les maisons qui ap- L’équipe a veillé à sa propre préparation. Les membres de l’équipe paraissaient çà et là. ont aussi bénéficié de l’aide de partenaires externes, notamment des Les déplacements tactiques requis par la Cambrian Patrol ont spécialistes du Centre de compétences NBC-DEMUNEX qui ont coûté beaucoup de temps. L’objectif premier était de ne pas se faire donné une instruction aux dispositifs explosifs ou incendiaires non repérer. On ne savait jamais si, quand et sous quelle forme l’adver- conventionnels. La préparation au sein du CFS en Suisse a été suivie saire allait se montrer. d’une instruction axée sur l’engagement auprès d’une unité du pays Après environ 24 heures d’exercice, les participants ont dû tra- hôte, le Royaume-Uni. verser un cours d’eau alors que la température de l’air avoisinait L’équipe suisse au premier poste. 10 armée.ch 1 / 17
Rubriktitel les 0 °C. A l’endroit choisi, la distance à franchir était d’environ 70 m bien physiquement que techniquement. L’équipement des éclaireurs et la température de l’eau proche de 15 °C. parachutistes et grenadiers était généralement adéquat. Au terme de 70 km de marche en terrain difficile avec un équi- pement pouvant peser jusqu’à 40 kg et 50 heures de veille, les parti- Préparer l’avenir cipants sont arrivés à bout de la Cambrian Patrol. Ils ont ensuite été La Cambrian Patrol est un exercice qui apporte une réelle plus-value conduits à Sennybridge, où ils ont pu prendre une douche bien mé- au CFS. Les tâches à résoudre correspondent au profil des prestations ritée et un petit-déjeuner copieux. Epuisés mais heureux, ils ont en- imposé aux capteurs du CFS. Les procédures d’engagement, le niveau fin dormi un peu. d’instruction et l’équipement peuvent ainsi être testés selon un scénario authentique et comparés à ceux d’autres forces armées. L’échange Bilan d’expérience entre les membres de forces armées étrangères constitue La Cambrian Patrol n’est pas une course de patrouille dans le sens la cerise sur le gâteau, comme à toutes les rencontres internationales. usuel du terme, avec un classement et des médailles en métal précieux La comparaison directe a montré que le CFS est généralement sur la pour les trois meilleures patrouilles. La performance y est évaluée bonne voie concernant la sélection de ses membres, les procédures avec un système de points et récompensée selon le taux de réussite. d’engagement, l’instruction, l’équipement et la conduite. Elle a toutefois L’équipe du CFS a réalisé une excellente performance qui lui a valu mis en évidence que le processus de suivi de l’action nécessitait des une médaille d’argent. Elle a ainsi égalé la performance de l’équipe améliorations à apporter progressivement. La première étape est de suisse lors de la précédente édition, qui était issue de la brigade blin- participer à la Cambrian Patrol 2017. Cette patrouille sera décisive dée 1 et avait aussi décroché une médaille d’argent. pour confirmer ou infirmer les expériences faites et, le cas échéant, Dotée d’un fondement solide grâce à son instruction de base prendre des mesures. Comme chaque exercice, la Cambrian Patrol vise et bien préparée grâce aux entraînements physiques individuels et également à tester la disponibilité et à révéler une éventuelle nécessité aux modules de formation techniques-tactiques suivis en commun, d’agir. Accessoirement, les soldats se réjouissent d’obtenir un bon l’équipe suisse avait toutes les cartes en main pour la Cambrian Pa- retour sur leur performance et ils prennent du plaisir à la patrouille. Par trol 2016. Les expériences acquises par les participants de l’année pré- ailleurs, c’est un honneur de représenter l’Armée suisse à un exercice cédente et, notamment, le soutien du CFS, de l’attaché de défense à international. Londres et de l’unité hôte avaient déjà jeté les bases du succès. La pa- trouille de 2016 a fait preuve d’une forte motivation et était prête aussi HONOR – MODESTIA – UNITAS Photos : CFS Les militaires s’entraînent à franchir un cours d’eau en Suisse. Entraînement alpin pendant l’instruction dans la région d’Ascona. Un militaire du HCR fait passer un test de manipulation du SA-80. Le terrain d’exercice dans les Brecon Beacons au sud du Pays de Galles, avec vue sur le cours d’eau qui a dû être franchi tactiquement. armée.ch 1 / 17 11
FOAP aide cdmt 30 WEF 2017: une mission, quatre points de vue Cette année également, les formations de milice de la Formation d’application de l’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) ont accompli leur service en faveur de la surveillance de l’espace aérien. L’engagement du WEF se déroulait pour la dernière fois dans son articulation actuelle, en testant simultanément la nouvelle organisation mise en place dans le cadre du développe- ment de l’armée (DEVA). Quatre membres de la FOAP aide cdmt 30 font part de leurs impressions sur cet engagement. Le sdt Iseli observe un mouvement aérien Of spéc (cap) Cédric Sapey, groupe Médias FOAP aide cdmt 30 « Pour la première fois, nous avons la charge de quatre systèmes dif- férents. C’est une situation nouvelle, voire un véritable défi pour mes Les formations de milice de la FOAP aide cdmt 30 engagées cette an- collègues d’état-major responsables de la planification du matériel et née pendant le WEF étaient placées sous la direction du groupe météo des opérations », explique le cap Spenger. Un officier météo ne connaît 7. Le radar tactique d’aviation (TAFLIR) ainsi que certaines compa- pas forcément les besoins d’une section TAFLIR, d’où la nécessité gnies de renseignement et unités de conduite de la guerre électro- d’une préparation minutieuse avant le service. « Les regroupements nique des Forces aériennes ont participé à l’engagement aux côtés réalisés pour cet engagement constituent pratiquement une répéti- des compagnies météorologiques. Cette configuration a constitué un tion générale pour les groupes de renseignement des Forces aériennes essai grandeur nature pour les nouveaux groupes de renseignement qui seront créés dans le cadre du DEVA », renchérit Spenger. A l’ave- des Forces aériennes dans le cadre du DEVA. En effet, dès le 1er jan- nir, toutes les fonctions d’aide au commandement seront représen- vier 2018, certains groupes actuels de la FOAP aide cdmt 30 seront tées au sein des deux nouveaux groupes de renseignement, de la mé- réunis au sein des nouveaux groupes de renseignement des Forces téo à la guerre électronique en passant par le renseignement et l’appui aériennes 1 et 2. à la centrale d’engagement des Forces aériennes. Un défi supplémen- taire est constitué par l’étendue géographique. Cette année, le groupe Une répétition générale pour le DEVA est réparti dans presque toute la Suisse. « Cela complique naturelle- Le capitaine Oliver Spenger, S1 à l’état-major du groupe météo 7, effec- ment le soutien aux différentes compagnies » précise le cap Spender. tue sa ronde de contrôle d’un poste à l’autre. Ce qui ressemble à une ins- pection pour certains militaires sert plutôt à proposer des solutions à la « On attend plus de chacun » troupe en cas de problème, par exemple dans le domaine du matériel. Le Le lieutenant Marvin Harms de la compagnie météorologique 73 ef- cap Spenger analyse les risques sur chaque emplacement en accordant fectue sa ronde de contrôle dans un poste météo perché au sommet une attention particulière à tous les éléments susceptibles de mettre en d’une montagne. La compagnie météorologique exploite aussi des danger la sécurité de la troupe ou la mission. Il vérifie aussi si les mesures stations de sondage. Certains détachements météo transmettent des correctives ordonnées lors de la précédente visite ont bien été prises. bulletins météo aux utilisateurs sur place. Le lt Harms constate avec 12 armée.ch 1 / 17
Photos : sdt Milan Rohrer, FOAP aide cdmt 30 Le cap Spenger en conversation avec le lt Harms Le lt Harms dans le poste d’observation météorologique satisfaction que tout se déroule bien jusqu’à présent dans les postes et qu’aucune perte de matériel n’est à déplorer. Mais les effectifs sont un peu limités cette année. « Par conséquent, on attend plus de cha- cun. Les postes d’observation météorologique mesurent la vitesse et la direction du vent, la température, l’humidité de l’air, le point de rosée, la hauteur totale de neige ou encore la limite de la cou- verture nuageuse et les transmettent heure par heure. Les données recueillies par la milice viennent compléter celles de MétéoSuisse et contribuent à affiner les prévisions météorologiques locales, of- frant ainsi aux troupes en service les meilleures informations pos- sibles pour leur prise de décision. Les principaux bénéficiaires de ces prestations sont les escadrilles de transport aérien chargées du transfert de VIP entre Kloten et Davos ainsi que la formation d’en- gagement sol (fo eng sol). Un travail d’équipe L’app chef Flepp lors de la préparation du bulletin météorologique Dans la vallée, à l’écart de la route principale, bien camouflé dans une pente, se trouve un poste de renseignement des Forces aé- riennes. Ici, le soldat Severin Iseli, soldat de renseignement auprès « Notre travail est important » de la compagnie de renseignement des Forces aériennes 63, observe L’appointé-chef Gion Flepp de la compagnie météorologique 73 tra- les mouvements aériens avec ses camarades et les annonce immé- vaille dans un petit bureau de la formation d’engagement sol, qui est diatement à la centrale d’engagement des Forces aériennes. Ces in- subordonnée au commandant de la région territoriale 3. C’est ici que formations sont une pièce importante du grand puzzle de la sur- sont rassemblées les données météorologiques provenant des diffé- veillance de l’espace aérien inférieur. En effet, la topographie rend rents postes météo et les prévisions de l’état-major spécialisé de Mé- les radars «aveugles» dans certaines vallées, créant ainsi des zones téoSuisse. Sur cette base, l’appointé-chef Flepp et son groupe pré- d’ombre que le soldat de renseignement doit pallier. Le sdt Iseli parent un bulletin météo quotidien destiné à être présenté au rapport souligne à quel point il peut faire froid dans un poste de renseigne- de situation de la formation d’engagement sol. Ce rapport succinct ment, surtout la nuit. Cette année, des températures allant jusqu’à d’une à trois minutes informe la direction de l’engagement sur la si- moins 26°C ont été mesurées à son poste. Le plus dur, c’est d’avoir tuation météorologique générale et l’avertit d’éventuels dangers na- les pieds froids et de subir l’effet du froid sur le mental. Comment turels susceptibles d’entraver la mission (températures extrêmes, fait-il pour supporter des températures aussi extrêmes ? « Il faut bou- danger d’avalanche, verglas). «Toute annonce de températures noc- ger régulièrement, porter de nombreuses couches de vêtements et turnes très basses, comme les -26°C de cette semaine, est prise très surtout consommer des aliments riches en matière grasse. » Le tra- au sérieux par la direction de l’engagement et intégrée dans la plani- vail en équipe est important pour le mental: le groupe fonctionne fication subséquente des opérations », explique l’appointé-chef Flepp, comme une famille. Par exemple, tout le monde se donne beaucoup avant d’ajouter : « lors d’une mission réelle telle que celle-ci, on sent de peine à cuisiner, « car chacun connaît l’importance de la nourri- vraiment que notre travail est important. » ture pour ceux qui sont dehors », confie le sdt Iseli. armée.ch 1 / 17 13
Etude portant sur les chiens de service de l’Armée suisse Le concept de réciprocité généralisée Dans le magazine «armée.ch», nous avons coutume de rédiger des articles basés directement sur les expériences vécues dans le cadre du service militaire, car ils sont en premier lieu destinés aux membres de l’armée. Cette fois, nous avons offert une tribune à une experte issue du monde civil: Nastassja Gfrerer, doctorante en biologie auprès de l’Institut d’écologie et d’évolution de l’Université de Berne (UniBe), s’est rendue à la place d’armes de Sand-Schönbühl où elle a observé le comportement des chiens de service de l’Armée suisse. Ses conclusions ont été publiées dans le magazine «uniaktuell» de l’UniBe, disponible en ligne. Ruth van der Zypen, Comm D réalisées par la division Ecologie comportementale de l’UniBe. Or, l’étendue des mécanismes de coopération dans le règne animal n’est De tout temps, les êtres humains ont élevé et dressé des chiens afin pas encore bien appréciée ; cela signifie que nous ne connaissons pas qu’ils leur rendent certains services, comme défendre un périmètre, les racines évolutives de la « générosité » dont nous faisons preuve protéger d’autres animaux, rechercher des objets perdus ainsi que lorsque nous avons auparavant bénéficié d’une faveur. des personnes disparues ou prêter une assistance. L’étude réalisée par l’Institut d’écologie et d’évolution montre dans quelle mesure Le chiens de service de l’Armée suisse aident leurs parte- les chiens coopèrent également avec leurs congénères. naires à obtenir de la nourriture Ce présupposé a constitué le point de départ d’une étude sur les chiens Etres humains et animaux : mêmes mécanismes de de service de l’Armée suisse, dont les résultats viennent d’être pu- coopération ? bliés dans le magazine spécialisé « Scientific Reports ». Le test mis au Les êtres humains se montrent plus coopératifs lorsqu’ils ont aupara- point dans ce contexte visait à déterminer si les chiens qui ont obte- vant bénéficié de l’aide des autres : on parle alors de solidarité ou de nu de l’aide afin d’accéder à de la nourriture étaient ensuite disposés réciprocité. Cette disposition accrue à coopérer peut être affichée soit à rendre la pareille à d’autres chiens. envers l’individu qui a préalablement apporté son aide ou alors en- vers tout autre membre de la société. Nous sommes par exemple plus Photo : mise à disp enclins à céder le passage à un autre usager de la route lorsque nous avons nous-mêmes déjà bénéficié d’une telle faveur. Ce phénomène est appelé, en termes spécialisés, la réciprocité généralisée. Des réactions généralisées de ce type ont également été obser- vées chez les rats bruns, comme l’ont démontré de précédentes études Photo : mise à disp Nastassja Gfrerer a obtenu en 2013 son master en biologie à l’Université de Berne. Depuis 2014, elle est doctorante auprès de Michael Taborsky, professeur à la division Ecologie comportementale. Son travail est en outre suivi par le professeur Hanno Würbel de VetSuisse. En plus de ses recherches fondamentales sur la coopération dont font preuve les chiens de service de l’Armée suisse, elle étudie l’influence de la castration chimique sur les prestations de ces animaux et organise régulièrement à la caserne des entraînements visant à socialiser les chiens. Nastassja Dans un premier temps, les chiens ont été entraînés à tirer sur Gfrerer est soutenue financièrement par l’Armée suisse ainsi que par une corde pour permettre à leurs partenaires durant le test, placés la fondation Haldimann, la fondation Margaret et Francis Fleitmann et la dans des cages voisines, d’accéder à de la nourriture. A ce stade, les fondation Albert Heim. chiens pourvoyeurs de nourriture ne recevaient aucune récompense pour le service rendu. Dans un second temps, les rôles étant inversés, Contact : ils pouvaient toutefois bénéficier du même service de la part de leurs Nastassja Gfrerer (née Rieder) partenaires respectifs. Les chiens sélectionnés pour cette expérience Université de Berne Institut d’écologie et d’évolution étaient tous des mâles, sans aucun lien de parenté et n’ayant jamais été nastassja.rieder@iee.unibe.ch en contact avant le test. La décision de coopérer ou non devait en effet reposer uniquement sur le vécu des chiens lors de l’expérience même. 14 armée.ch 1 / 17
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