Les lieux du visible - Ville de Houilles
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les lieux du visible d s ie r o s e ag p d o iq e g u La Graineterie Centre d’art municipal 27, rue Gabriel-Péri 78800 Houilles 01 39 15 92 10 lagraineterie.ville-houilles.fr
sommaire l’exposition 7 les artistes 9 repères 13 pistes éducatives 27 lexique 33 bibliographie 36 infos pratiques 39
le dossier au fil des saisons Au fil des saisons est un dispositif qui permet de créer une relation suivie, pédagogique sur une année, entre vos groupes, le centre d’art et sa programmation d’art contemporain. En lien avec vos envies et vos objectifs, l’équipe de La Graineterie conçoit avec vous un projet sur-mesure à l’année, composé d’allers-retours entre les actions de La Graineterie et le travail réalisé dans vos établissements respectifs. Outre des propositions privilégiées Conçu en direction de l’ensemble des équipes éducatives comme des visites ciblées, des ateliers, des rencontres avec des artistes (enseignant•e•s, encadrant•e•s et responsables de centres de loisirs, ou des professionnels de l’art, vous êtes conseillé·e·s et accompagné·e·s associations et professionnel•les•s), le dossier pédagogique est un outil sur vos projets (pistes de réflexions ou d’ateliers à mener, informations d’aide à la visite qui s’articule autour de différentes séquences. sur le matériel, bibliographies, références artistiques ou historiques, prêts Il valorise certains enjeux saillants des expositions temporaires et d’ouvrages…). Une façon d’entrer au plus près de la création et de varier les les met en correspondances avec les objectifs pédagogiques des expériences de vos groupes. programmes. Cette saison les questions de volume et d’espace seront au cœur de Ce dossier vous permet également de préparer votre visite, de cibler la programmation artistique, nous amenant à parler de scénographie. le propos général de l’exposition et de faire le lien avec les grandes Les notions de stratégies spatiales et de systèmes d’accroche serviront thématiques de l’histoire des arts. ainsi de fil rouge tout au long des expositions. Des pistes d’ateliers offrent la possibilité de prolonger certains axes de Au fil des saisons c’est aussi une exposition à La Graineterie. l’exposition ou certaines facettes du travail d’un artiste. Les groupes inscrits au dispositif participent à la conception de l’exposition La Galerie est à nous ! au sein du centre d’art. Ce document est téléchargeable depuis le site de La Graineterie. Elle se compose d’une sélection de réalisations et de projets que chaque groupe a mis en œuvre durant l’année. Du choix des œuvres exposées à l’appréhension de leur scénographie, ils découvriront les étapes de prépa- ration d’un tel événement. contact Élise Receveur Chargée de médiation & d’action culturelle la contacter
les lieux du visible l’exposition Avec Nicolas Floc’h, Agnès Geoffray, Renaud Patard & Timothée Schelstraete. Commissariat Maud Cosson Voir est une évidence, un besoin, un désir. Si l’œil offre une des entrées royales vers le réel, ce n’est pas seulement pour ce qu’il nous permet véritablement de « voir » mais plutôt pour tout ce qu’il nous permet de percevoir. Notre vision est limitée par nature ; Nous captons le réel par le biais d’une combinaison de différents phénomènes physio- logiques et psychologiques non perceptibles qui compensent et corrigent les capacités premières de l’œil. Nous percevons par exemple un large panorama mais ne voyons net que sur un angle très réduit de celui-ci, le reste étant perçu par saccades et agrégé par le cerveau, grand ordonnateur de ce qui nous apparait du visible. Son intervention convoque des récepteurs visuels, auditifs et kinesthésiques, mais également intellectuels et mémoriels, ouvrant la voie à une perception multi-canaux de notre environnement. À cette appréhension complexe du visible, singulière à chaque individu, s’allie une appétence pour le dépassement de soi et la découverte. L’expression « avoir un œil de lynx » rappelle à cet Nicolas Floch, Initium Maris (détail), 2020 © Nicolas Floch, ADAGP 2020, 6 7
égard l’admiration envers des capacités physiques extraordi- À cet endroit naît le croisement d’histoires, de cultures, de naires, ici l’acuité visuelle d’un certain Lyncée, cousin de Castor mémoires et de croyances individuelles comme collectives. et Pollux, pilote du navire Argo. La légende raconte que son Son dernier projet intitulé Les chutes, montré pour la première fois regard perçant pouvait voir à travers les nuages et les murs… à La Graineterie, poursuit ces recherches prenant comme point Émerge ici le désir commun, élevé parfois au rang de fascina- de départ la photographie de la préface du livre Les chutes de tion, de nos sociétés antiques comme contemporaines, pour ce Joyce Carol Oates ; y figure l’extrait du journal d’un médecin de qui est dissimulé, hors de portée du regard, de la compréhen- la fin du XIXe qui fait mention des effets de l’hydracropsychisme, sion ou de l’expérience. L’inconnu déstabilise au point de vouloir un état morbide où l’appel du vide exerce une force telle qu’un en dessiner les moindres contours. individu peut finir par se jeter dans les chutes du Niagara. Sui- L’exposition Les lieux du visible évoque en filigrane les méca- vant les ressorts du suspens catastrophique, procédé narratif nismes de réception, de perception et de projection en marche cher à l’artiste, ce projet associe les photographies de plusieurs lors de l’exploration de ce qui nous entoure. Volontairement plu- documents qui, chacun par leur nature et leur origine différente, ridisciplinaire, ce projet réunit quatre artistes qui, à un moment vient s’agréger aux notions portées par cette préface ; drame, donné de leur processus créatif, sondent l’image, entendue tourmente, abandon, disparition, dissolution des corps. Ici, tout comme la captation ou la représentation momentanée d’un converge en un récit libre d’où la tragédie émerge sans jamais environnement, d’une situation. Aux frontières du visible et être montrée. de l’invisible, de la figuration et de l’abstraction, du réel et du Si les œuvres d’Agnès Geoffray s’attachent en grande par- fantasmé, c’est dès lors tout un langage iconographique sur tie à une reconstruction fictionnelle de la réalité soulevant la l’inaccessibilité et sa révélation qui se lit à travers leurs photo- question « à quoi croyons-nous ? », celles de Nicolas Floc’h graphies, installations, sculptures, dessins et peintures. et de Timothée Schelstraete interrogent ce que nous regar- C’est dans une posture affirmée d’iconographe qu’Agnès dons et de quelle(s) façon(s) nous le faisons. Limitant tous Geoffray étudie, façonne et réactive des images issues de deux leurs palettes chromatiques à dessein, ils s’intéressent répertoires et de temporalités pluriels : faits divers, mytholo- autant à l’observation qu’à la représentation d’un lieu com- gie, mondes littéraire, scientifique ou artistique nourrissent une mun, le paysage : urbain chez Timothée Schelstraete, natu- démarche qui, à l’instar de notre appréhension physiologique rel pour Nicolas Floc’h. Renouvelant de son approche singu- du visible, fonctionne par association, reconstruction et distan- lière ce classique de l’histoire de l’art, chacun témoigne à sa ciation. L’artiste fait le choix d’une figuration systématique, loin façon, de ce qui s’offre à son regard, positionnant au centre de toute volonté illustrative. Marquée par une tension sourde, de sa relation avec le réel le rapport direct à un lieu précis. ses œuvres usent de référentiels visuels et/ou textuels aussi Pour l’un et l’autre, l’expérience vécue naît d’une immersion ; palpables qu’insaisissables, assez précis a priori pour guider l’image photographique comme picturale devient le moyen le spectateur sur des territoires connus, et assez distants par de révéler avec objectivité l’étendue subjective d’un instant T. ailleurs pour ouvrir la voie à une étendue d’interprétations. Nicolas Floc’h livre des photographies et sculptures fidèles, 8 9
témoins de ses nombreuses plongées sous-marine, en apnée sonde des lieux en des moments précis, puisant dans l’instan- ou en bouteille, à la rencontre de paysages immergés non loin tanéité du regard. Tout chez lui exprime une relation curieuse des côtes. Inaccessibles de fait à la plupart d’entre nous, ces et empirique au monde. Captations imparfaites, points de vue paysages constituent un écosystème complexe, dit productif, fragmentaires, reflets, rayons lumineux irradiant la surface, capable de favoriser des habitats et de développer la vie. À occultations… Tous ces phénomènes traversent le répertoire distance des stéréotypes qui encadrent habituellement le genre visuel et la recherche picturale de l’artiste dont découlent des documentaire et notre imagerie collective en la matière, Nico- productions aux frontières de l’abstraction et de la figuration. las Floc’h mène une approche artistique et engagée qu’il par- Dans une recherche constante de porosité et d’hybridation tage avec des scientifiques à qui ce milieu est souvent réservé. entre l’image et la peinture, ses œuvres se construisent par Questionnant les modes de représentation, son inventaire rend strates successives alternant transferts sur toile d’impressions compte de la pluralité d’un milieu encore assez méconnu dont laser et gestes picturaux plus ou moins recouvrant. Structurée la biodiversité est aujourd’hui en proie à de lourdes transforma- par une grille plus ou moins perceptible et des formats précis tions ; mais il témoigne également d’un corps aux prises directes qui contraignent le développement de l’image, la surface de la avec son environnement, un corps soumis aux contraintes de la toile entièrement investie offre une immersion dans la matière plongée, un corps curieux de ce que le temps disponible et la autant qu’une projection vers un hors champ indissociable. Une lumière naturelle filtrée dans les fonds lui laisseront capter. À façon assumée de questionner ce que l’on regarde et comment La Graineterie il présente, entre autres, de nouveaux tirages on le regarde. Pour Les lieux du visible Timothée Schelstraete au carbone de prises de vue réalisées principalement en Bre- poursuit ses recherches autour des notions de surface, de tagne. Des tirages intenses pensés en grands et petits formats, fenêtres, d’ouvertures ou encore d’occultations qu’ils confrontent expérimentant la matière, une autre des facettes primordiales aux espaces de La Graineterie dans un dialogue ouvert avec des recherches de l’artiste. les autres artistes et avec une liberté d’accrochage qui lui est Cette entrée par la matière est en jeu aussi dans le travail de propre. Timothée Schelstraete pour qui le visible passe autant par le Si la perméabilité des sphères intimes et publiques, indivi- pictural que l’image. Renaud Patard et lui considèrent l’image duelles ou collectives parcourent les œuvres d’Agnès Geof- photographique comme le premier témoin de leur relation avec fray et de Timothée Schelstraete, elle est tout aussi prégnante ce qui les entoure ; elle documente cette rencontre avant de dans la démarche de Renaud Patard qui se focalise sur les devenir une source de réflexion et de formes. L’un et l’autre formes de l’inaccessibilité dans nos sociétés. Les frontières et ancrent ainsi leurs démarches dans un quotidien urbanisé, les obstacles, matériels comme immatériels, environnent nos architecturé, socialisé qu’ils explorent au gré de leurs pérégrina- quotidiens et l’histoire de nos civilisations. Que nous nous les tions. Un quotidien dont ils cherchent à révéler les saillies et les imposions à nous-mêmes ou aux autres, qu’ils nous soient accidents. Si Renaud Patard s’attache moins aux lieux qu’aux imposés par une forme de pouvoir, ces phénomènes dévoilent situations et aux actions qui s’y déroule, Timothée Schelstraete le besoin de maîtriser les limites d’un espace commun et 10 11
d’un autre, intime. L’artiste collecte alors dans ces manifes- objets et ces architectures de confinement, d’emprisonnement, tations quotidiennes, des formes et des images avant de les d’exclusion, de repli et de mise à distance, Renaud Patard choi- recomposer avec une distanciation formelle et intellectuelle. sit de se tourner vers des issues possibles, la création de lieux Son ensemble d’œuvres intitulé Custodes puise ainsi son voca- communs qui remettraient au centre l’humain. bulaire graphique et sculptural dans la centaine de prises de Qu’elles s’attachent à des lieux, objets ou situations, à des vue de réparations d’urgence de vitres de voiture croisées récits, des actes ou des croyances les œuvres présentées ici, dans les rues. Réalisées le plus souvent avec une économie de témoignent toutes, entre objectivité et subjectivité du pouvoir moyens, ces « pansements » réaffirment le besoin de recréer évocateur d’une expérience précise. Avoir vu, n’est-ce pas avoir par un film protecteur, même précaire, une délimitation avec vécu ? le dehors. Une série de dessins et de collages ainsi qu’une Maud Cosson sculpture au format imposant en découlent. Réinterprétant la réalité, ces œuvres autonomes s’émancipent de leurs réfé- rents, libres de s’afficher et de réécrire une nouvelle histoire. Avec Renaud Patard, la relation au visible bascule au cœur de nos actes : que laissons-nous voir des autres et de nous- mêmes ? Le visible ne se limiterait plus à ce qui nous est donné à voir, incluant les hors-champs et ce que l’on nous cache. Son œuvre 30200 fait ainsi directement sens dans ce contexte, créée en écho aux enjeux actuels et passés de l’architecture carcérale, qui visent, entre autres, la stimulation d’une connexion mentale des détenus contraints avec le monde extérieur. La création d’espaces « extérieurs » fait partie de ses réflexions mais pour certains architectes, le pouvoir évocateur des odeurs pourrait aussi jouer ce rôle. Dès lors, l’artiste reprend pour sa sculpture la symbolique architecturale du Panthéon d’Agrippa, - seul bâtiment antique multiconfessionnel avec une coupole à ciel ouvert -, décrit par Marguerite Yourcenar comme une hutte d’où s’échappe la fumée des plus anciens foyers humains. Dans la cave de La Graineterie, cette petite coque de béton pensée comme un écrin étanche en apparence, pourrait alors bien, au fil du temps, laisser traverser les effluves de « gazon coupé » qu’elle renferme. Face aux débats sociaux que provoquent ces 12 13
les artistes Agnès Geoffray Née en 1973. Vit et travaille à Aubervilliers. Dès son commencement, l’œuvre d’Agnès Geoffray s’est fondée sur une réflexion portant sur le statut de l’image, sur la manière dont les images nous parviennent, sur leur potentiel fictionnel, sur leur puissance de vérité et de falsification. Agnès Geoffray a été en résidence à la Rijksakademie à Amsterdam et pensionnaire à la Villa Médicis, Académie de France à Rome. Ses travaux ont été présentés dernièrement au Frac Auvergne à Clermont-Ferrand, au Jeu de Paume à Paris, et au Centre Pompidou Metz. Elle a exposé notamment au Kunsthaus à Zurich, à la Kunsthalle Wien à Vienne, au Mac Val à Vitry-sur-Seine, au Centre de la Photographie à Genève, au Centre Photographique d’Île-de-France à Pontault-Combault et aux Rencontres de la photographie en Arles. Site internet de l’artiste Agnès Geoffray, Choreography (extrait), 2016 14 Projection de diapositives 15
Nicolas Floc’h Né en 1970. Vit et travaille à Paris. Artiste maritime, Nicolas Floc’h porte un vif intérêt à la mer depuis son enfance. Elle est son champ d’observation et de recherche de prédilection. Il est plongeur professionnel et a été marin. Depuis une dizaine d’années, son approche artistique et scientifique est centrée sur la représentation des habitats sous-marin, tels que les récifs artificiels, les paysages en mutation et l’écosystème propre à ce milieu. Diplômé de l’école d’art de Glasgow, il enseigne à l’EESAB, école euro- péenne supérieure d’art de Bretagne. Ses œuvres sont exposées dans des lieux d’art contemporain (musées, FRAC, centres d’arts…) en France et à l’Étranger. Ses créations ne pourraient voir le jour sans les processus collaboratifs qu’il développe. Il travaille mains dans la main avec des scientifiques notamment. Site internet de l’artiste Timothée Schelstraete Né en 1985. Vit et travaille à Paris. Timothée Schelstraete peint d’après ses photographies. Cet emploi de l’image mécanique, découpée directement dans le monde, pourrait donner l’illusion d’une adéquation ou d’une plénitude. Sauf que. Ces surfaces sombres recadrant encore le sujet à l’intérieur du tableau réaffirment le caractère performatif du geste de prise de vue – jamais donné, toujours choisi. Timothée Schelstraete ponctionne le réel, focalisant sur ces petits riens d’une banalité désarmante, ces détails qui, en psychanalyse, deviennent le point qui condense la trame obscure. Il a exposé récemment à la Galerie Duchamp, centre d’art contemporain d’Yvetôt, à la Borne à Orléans, à la Haus der Kunst de Palerme ou encore à la Galerie Jeune Création de Pantin Site internet de l’artiste Renaud Patard Né en 1977. Vit et travaille à Paris. L’inaccessibilité est un moteur, une fortification génératrice de formes, d’images, de frustrations inespérées. La liberté spatiale de l’individu et les mécanismes par lesquels la société en limite l’exercice, révèlent ce langage inattendu. Entre zones floues, obstacles et frontières élastiques, mes réali- sations explorent des issues pour ne plus appartenir aux considérations dominantes en laissant parfois le spectateur entre méfiance et acceptation Formé à l’école des beaux-arts de Cergy, puis à la Syracuse University de New York, Renaud Patard a exposé dans plusieurs lieux d’art en France et à l’étranger et récemment à la London ArtRooms, à la Galerie du Tableau à Marseille, au Frac Franche-Comté de Besançon, à l’Atelier Boisson à Marseille Site internet de l’artiste 16 17
reperes L’exposition Les lieux du visible Ce dossier dédié à l’« image- interroge, au détour d’univers et document » nous permet de formes variées, des démarches d’aborder certains aspects de d’artistes dans lesquelles la la Street photography en lien question de l’image et de ses avec notamment les démarches différents statuts est prégnante. de Timothée Schelstraete et Le parcours d’œuvres permet Renaud Patard notamment. ici de sonder l’image, d’en Courant majeur, la Street interroger sa source, d’y observer photography place au premier le parti pris de l’artiste dans la plan la ville comme objet de construction, le détournement et représentation. L’esthétique de la réappropriation de celle-ci. l’instantanéité et la figue du flâneur Le dossier valorise ici les sont réinvestis. Certains aspects démarches des artistes invités du travail de Renaud Patard & dans lesquelles les différentes Timothée Schelstraete s’inscrivent dimensions de l’image sont en jeu. dans cette lignée. Renaud Patard, Mixed Custode 1, 2020 18 19
L’image-document ne se soucie qu’assez peu de la Pour Lisette Model (1901-1983), question du tri de ses images et photographe américaine d’origine de la réalisation des épreuves, autrichienne, la photographie au début du 20e qu’il délègue habituellement à permet avant tout de traquer les une tierce personne. Il affirme aspects d’une réalité en perpétuel ouvertement sa volonté de désa- changement. À partir de sa série siècle craliser ces étapes du protocole La Promenade des Anglais (1934) comme si, au final, il préférait se à Nice - son ensemble le plus consacrer uniquement à l’acte connu -, le style Model se met en photographique en tant que tel. place et l’on découvre notamment [...]. de riches oisifs qui prennent le La photographie de rue ou « Street point permanente, interrogent La particularité de Garry Wino- soleil affalés sur leur chaise. Le Photography » est une pratique de les courants dominants en grand réside également dans le magazine communiste Regards, la photographie en extérieur, dans photographie de son époque positionnement qu’il adopte par qui publia les images en 1935, des situations spontanées et dans [...]. Mais avec le temps, ceux-ci rapport au réel qu’il capture à considérait ce travail comme des lieux publics comme la rue, les sont devenus une référence travers son appareil. Il appartient contestataire, car s’opposant à parcs, les plages ou les manifes- pour les nouveaux photographes à une génération pour qui les la bourgeoisie. Mais l’œil de la tations. Initiée par l’artiste Walker cherchant à échapper au carcan principes du photojournalisme photographe ne s’est pas arrêté Evans, son histoire a été marquée de l’ancienne école. d’avant-guerre, ou tels qu’ils ont au mode de vie des classes aisées par des photographes comme Source, consultée le 14/01/2021 été érigés par la figure tutélaire et ses clichés révèlent également Robert Frank, Lee Friedlander, Garry d’Henri Cartier-Bresson, semblent les habitants pauvres des rues de Winogrand, William Klein, Bruce Incontestablement, Garry désormais périmés. En effet, Paris ou les désargentés du quartier Gilden, Joel Meyerowitz, Lisette Winogrand fait partie du Panthéon Garry Winogrand n’a pas la new-yorkais de Lower East Side. Model et plus récemment Vivian de la photographie américaine, prétention de délivrer l’essence Maier. au même titre que Walker Evans même de la réalité, ou de resti- ou Robert Frank qu’il admirait tuer la vérité de chaque être ou Photographiant de manière profondément. Les images de de chaque situation qu’il photo- instinctive, audacieuse et directe, Les débuts de la photographie Garry Winogrand ont notamment graphie. Il déclare d’ailleurs au elle produit des images sans de rue aux États-Unis peuvent forgé notre vision de Manhattan, de sujet de sa pratique: «Le fait de concession mais chargées être mis en parallèle avec ceux Long Island, de New York, et plus photographier une chose change d’humanité qui lui confèrent une du jazz en musique, tous deux généralement, des Etats-Unis. Garry cette chose. Je veux voir à quoi place à part dans le courant exprimant franchement une Winogrand, figure emblématique ressemble une chose quand de la Street Photography qui représentation de la vie quoti- de la « street photography » elle est photographiée». On ne se développe à New York dienne. [...]. américaine, aura parcouru les rues décèle donc aucun réalisme chez pendant les années quarante. Un de ses photographes les de New York et sillonné les États- lui: le référent et son image ne «Photographier avec vos tripes», plus éminents, Robert Frank, Unis à partir de la fin des années concordent pas nécessairement. avait-elle coutume de dire à ses faisait partie du mouvement 1950. Le prolifique photographe se La chose photographiée et élèves – parmi lesquels figure vibrant tourné vers les Noirs- fait ainsi l’observateur amusé ou l’image photographique ne sont Diane Arbus. Source, consulté le 13/01/2021 américains et les contre-cultures. ironique des mutations du monde pas forcément analogues ou Il s’est fait connaître en partie contemporain. strictement homogènes. Source, consulté le 13/01/2021 grâce à son livre célèbre, Les Américains, dans lequel ses Garry Winogrand apparaît images brutes, sans mise au comme un photographe atypique qui, tout au long de sa carrière, 20 21
L’image-satellite « Au fil de mes errances j’ai fini Le document scientifique sentation des paysages naturels en par survoler la prison anglaise de faisant le constat que le paysage avec Renaud Patard Dovegate dans le West Midlands avec Nicolas Floc’h est très peu considéré et représenté et fus immédiatement saisi par dans l’image sous-marine. Son Les œuvres de Renaud Patard l’histoire que racontait cette archi- Depuis 2010, l’artiste amorce un travail d’observation mené depuis s’articulent autour de la notion de tecture carcérale, par l’intensité et travail sur le milieu sous-marin et longtemps révèle la transformation lieu dans lesquelles il réexploite la précision de cette géométrie qui notamment sur les récifs artificiels importante de ces paysages. Il notamment le plan et l’image satel- s’inscrivait dans le paysage sans (habitats marins immergés). L’œuvre s’agit pour l’artiste de les montrer lite. À partir de ces images-sources, que l’on puisse s’en rendre compte Structures productives concerne les pour ainsi constituer « un référent », il interroge les formes des prisons, depuis le sol. habitats naturels, les « paysages un « inventaire ». des temples religieux… […] Expérimentant dès 2011 avec productifs » : le fond, les algues, le dessin graphite l’élaboration les coraux, les roches, la surface Dans le paysage sous-marin il L’artiste utilise l’image satellite de nouveaux territoires, j’ai redi- et bien sûr l’habitat principal que existe des villes et des villages, depuis une dizaine d’années pour mensionné et greffé, avec l’outil constitue la colonne d’eau, c’est-à- de véritables architectures appréhender le monde qui l’entoure. numérique, les espaces verts et dire les masses d’eau peuplées de avec leurs règles d’urbanismes. Elle lui permet d’observer avec terrains de sport issus de mes micro-organismes constituant la Couramment appelées « récifs distance et recul les territoires et archives pour créer des aires base du vivant dans les océans. artificiels », ces éléments ainsi mieux saisir comment ceux-ci d’affranchissement les plus impro- L’ensemble de ces habitats forment souvent construits en béton sont se structurent. bables qu’il soit. » ainsi le paysage, un paysage formé en quelques années colonisés Pour l’œuvre Autotélos#3, l’artiste a Renaud Patard, extrait de l’entretien de « ce qui est sous l’étendue par la flore et la faune qui les entrepris un travail d’accumulation mené par le Centre d’art - du regard ». Entre 2010 et 2015, transforment en sculptures/ de captures d’écrans de plusieurs La Graineterie, lundi 14 décembre Nicolas Floc’h travaille presque architectures vivantes. Ces centaines de prison pour constituer 2020. exclusivement sur cette question « structures productives » sont in fine son propre répertoire de des récifs artificiels. Puis il a parfois plus performantes que formes. commencé à s’intéresser à la repré- le milieu naturel. Elles proposent Renaud Patard, Auto-telos #3 (détail), 2019. Crayons de couleur gras sur papier, 125 x 75 cm Nicolas Floc’h, Vue de l’exposition au Frac Bretagne, Rennes. Structures productives, récifs artificiels, sculptures, 2012/2017 ; photographies, 2011-2017. Photo © : Nicolas Floc’h. 22 23
sur un même site des volumes 3- concevoir et réaliser des transformation de ce territoire à des images [...]. d’habitations et des espaces de sculptures-récifs dont les formes part entière. Les photographies réalisées par vie correspondant à l’ensemble répondent aux informations Ses campagnes photographiques, l’artiste sur 45 sites dans les îles du cycle de développement de scientifiques et formelles récol- à mi-chemin entre préoccupation et zones côtières, couvrant une différentes espèces. Une chaîne tées. Ces sculptures ne sont pas artistique et scientifique, témoignent région allant de Saint-Nazaire alimentaire complète et protégée forcément immergées, elles ont de son exploration des différentes à Saint-Malo, constitueront peut alors se mettre en place. [...]. une double destination : l’espace façades maritimes du littoral. un fonds photographique d’un Le projet en cours est à la croisée d’exposition en tant que sculpture Dans la même veine, la série Initium ensemble de vues panoramiques de l’art contemporain et de la et l’espace marin en tant que Maris (2018-2021) permet notam- des paysages sous-marins recherche scientifique. [Il vise à] : récif écologiquement fonctionnel. ment d’approcher les paysages breton à un instant T. Ce fond 1- établir une classification des Source sous-marins et leurs transforma- photographique (composé de Ce projet initié en 2010 à reçu le « soutien pour différentes typologies de récifs une recherche artistique » du CNAP. Il est mené tions à l’ouest entre Saint-Malo et fichiers bruts) sera disponible artificiels existants dans le en lien avec des chercheurs: Sylvain Pioch Saint-Nazaire ainsi qu’au Japon. pour la recherche. Les images (Université de Montpellier 3), Philippe Lenfant monde, en constituant une base (Université de Perpignan), Gérard Veron et Yves sélectionnées par Nicolas Floc’h de données en volume et sous Hénocque (Ifremer), Francois Simard (IUCN), Initium Maris est une expédition seront présentées lors d’exposi- forme d’installation. Sandrine Ruitton (M.I.O), Hideyuki Takahashi artistique menée par Nicolas tions [...]. (NRIFE). 2- établir un corpus d’images Floc’h en dialogue avec des Source, consulté le 13/01/2021 donnant à voir les familles de L’artiste Nicolas Floc’h élabore une équipes scientifiques et récifs en situation, c’est-à-dire recherche liée à la représentation citoyennes, le long des côtes et les modes de colonisation par la du milieu sous-marin en s’attachant îles bretonnes, [...], qui a pour faune et la flore. aux notions d’exploitation et de objet de représenter les espaces sous-marins à une époque où le changement climatique génère des bouleversements majeurs au sein des écosystèmes. Les photographies sur les paysages et habitats marins permettent de constituer une représentation inédite de l’ensemble d’un territoire à une époque donnée (2018/2021) avec la variété des paysages mais aussi les activités humaines qui s’y inscrivent depuis le point de vue sous-marin : l’aquaculture, la pêche, les ouvrages portuaires ou offshores, l’archéologie sous- marine… Un consortium scientifique définit de manière simultanée un proto- cole scientifique qui, en venant s’adjoindre au protocole de prise de vue de Nicolas Floc’h, rend Nicolas Floc’h, Paysages productifs, Initium Maris, Aber Wrac’h, 2019. © ADAGP, Paris, 2020. possible une contextualisation 24 25
L’imagerie vernaculaire avec champ du journalisme et celui de intégré à mon travail. Même si glacis, les couches se superposent la photographie d’art. Déclinant j’ai plutôt tendance à me définir entre procédé mécanique et inter- Timothée Schelstraete ses sujets dans des séries, il comme peintre, mon processus ventions plus gestuelles. a constitué depuis le début de travail actuel repose sur le Tout ça est une manière de me L’artiste Timothée Schelstraete peint des années 1970 un important transfert d’images imprimées sur poser la question de l’original, de d’après ses propres photographies. corpus photographique, au la toile et donc sur mes propres l’aura.» Cet emploi de l’image mécanique, travers duquel il se révèle être un photographies. J’utilise pour ça des Timothée Schelstraete, extrait de découpée directement dans le chroniqueur précis et laconique impressions laser que je viens coller l’entretien mené par le Centre d’art monde donne à ses images une des loisirs ou des modes de au liant acrylique, dont ne subsiste - La Graineterie, mardi 15 décembre sensation de trouble, de dualité consommation et de communica- ensuite que le toner. Le liant est 2020 entre fiction et réalité. tion tels qu’ils se pratiquent dans transparent et je retrouve l’idée de Son travail s’inscrit dans la lignée divers endroits du monde. Proche de la photographie vernaculaire, du style de la photographie dite genre de photographie dite « vernaculaire, c’est-à-dire d’une Timothée Schelstraete, 2012131, 2020 amateur » qui prend pour sujet photographie banale, authentique Toner, acrylique et aérosol sur toile, la vie quotidienne, sans intention et sans prétention artistique, 240 x 180 cm artistique énoncée. La photographie les observations de Martin Parr vernaculaire deviendra un sujet fourmillent de détails et captent, à part entière avec des profes- avec une distance teintée d’ironie, sionnels comme Walker Evans et des situations qui semblent être Martin Parr. Les photographies tant des mises en scène que des de l’Amérique en crise dans les prises de vue instantanées. Source, consulté le 13/01/2021 années 1930 de Walker Evans, ses projets publiés dans le magazine Timothée Schelstraete ponctionne Fortune dans les années 1940 et le réel, sélectionne finement 1950 et son « style documentaire » certains détails puis leur confère ont influencé des générations de une valeur disproportionnée en photographes et d’artistes. Ses modifiant leur échelle notamment. images traduisent les obsessions de Timothée Schelstraete ne cesse l’artiste : l’architecture des bords de ainsi de nous emmener vers cette route, les devantures de magasins, limite de la perception, là où le les enseignes, les signes typogra- détail se fonde dans une peinture phiques, les visages. grand format et restitue à celui-ci sa part de mystère. Doté d’un regard redoutablement « J’ai longtemps utilisé la photogra- acéré, le photographe britannique phie, les images, comme source. Martin Parr (*1952, Epsom, La peinture est pour moi le moyen Royaume-Uni) a donné au genre de rendre tangible une image, du reportage photographique une touchable, mesurable. dimension nouvelle. Parr, membre Au fur et à mesure a germé l’idée de l’agence photographique de me servir de la photographie non Magnum, présente indifférem- plus comme source / document, ment ses photographies dans le mais comme matériau directement 26 27
L’image d’archive avec qu’elles abordent la problé- matique de la rectification de Agnès Geoffray l’événement – simple fait divers ou marqueur historique. On pense L’œuvre d’Agnès Geoffray s’articule très vite aux photographies de autour d’une recherche portant sur l’époque stalinienne, retouchées le statut de l’image photographique, au fil des trahisons, disparitions sur la réception et la perception des subites, changements politiques. images, ainsi que sur leur potentiel On songe aussi aux photogra- fictionnel. phies retouchées du régime de Kim Jong Un. L’ensemble L’image d’archive tout comme photographique procède de la l’image-document à portée perte, du manque, de l’absence. historique font l’objet d’un travail La série photographique est de récupération qui alimentent un fondée sur la réappropriation travail d’ajustement, de montage, de d’images d’archives, Agnès retouche et de décontextualisation. Geoffray manipule jusqu’à Si Agnès Geoffray est photographe, leur donner une autre réalité. Agnès Geoffray, sans titre, série Incidental Gestures, 2012. 33 x 48 cm une partie de son iconographie s’est L’image est retouchée, falsifiée, constituée sans la photographie, réinventée. [...]. Les modifications réparation du visage d’une nom publié entre avril 1940 et par la récupération d’images d’ar- apportées par Agnès Geoffray « gueule cassée » de la Première mars 1945 par le parti nazi. chives dont elle n’est pas l’auteur. concernent donc autant la ques- Guerre mondiale (Gueule cassée Jamais diffusé en Allemagne, le Dans son corpus d’œuvres, on tion de la falsification que celle, I et Gueule cassée II), lévitations magazine a cependant été édité retrouve ainsi des images qu’elle autant utopique que poétique, simulées d’une femme et d’un en vingt langues différentes [...]. collecte et qu’elle utilise telles de l’assentiment conféré aux homme en substitution de leurs Dans chaque numéro, outre des quelles ou en leur apportant de événements douloureux auxquels pendaisons par gommage de photoreportages en noir et blanc, subtiles modifications, des images une volonté de réécriture délicate la corde (Laura Nelson et Amer deux feuillets étaient imprimés manquantes ou des œuvres sans de l’Histoire voudrait pouvoir Green) [...]. en couleur. Ce sont ces feuillets Source, consulté le 13/01/2021 images élaborées à partir de textes. apporter réparation. La série Inci- que Christian Boltanski a isolés. On comprend que le travail de dental Gestures, comme son nom Par une manipulation minimale, L’artiste contemporain Christian en dégrafant simplement les l’artiste ne se limite pas à de la en donne l’indice, insiste sur la Boltanski illustre également cette production d’image mais s’ouvre question des « gestes fortuits », exemplaires et en ne conservant utilisation de l’archive dans la que les doubles pages contenant plus largement à la question de ce des gestes inopinés, inattendus, création plastique. Dans ses œuvre, qui peut faire image. accidentels. Dès lors, la question les images en couleur, il obtient l’archive est réactualisée et permet une juxtaposition immédiate des consiste à comprendre ce qui est d’interroger notre monde et notam- fortuit et de quels gestes il s’agit : thématiques contenues dans les ment la question des médias et de numéros : guerre, technologie Série Incidental Gestures gestes de falsification opérés sur la propagande. [...] la série Incidental Gestures les images, geste étrange de la et industrie militaires côtoient regroupe seize photographies femme dont le visage est tourné Christian Boltanski, par exemple, le divertissement, les sports, la [...] collectées, montées et retou- vers l’arrière, geste iconoclaste, éclaire d’un nouveau regard la culture, etc. [...] Contrairement à chées par l’artiste. Ces retouches geste iconophile, geste de propagande nazie. Signal 1 est ce qui prime en archivistique, ce posent autant la question de la réparation… Toute la série repose une décontextualisation des n’est pas le contexte de produc- position éthique du photographe sur un principe semblable : planches du magazine du même tion des documents seul qui fait sens mais son articulation à une 28 29
réflexion présente au travers par la saisie du « Maintenant » de la démarche de l’utilisateur. par l’ « Autrefois » au sein d’une [...] Elle rend lisible le propos constellation. La notion de initial des documents masqué rencontre est alors fondamentale par l’agencement mis en œuvre puisque la connaissance du par les propagandistes tout en passé ne peut surgir « comme interrogeant notre présent. [...] Ce un éclair » , nous dit Walter questionnement renvoie direc- Benjamin, qu’à l’intersection entre tement à ce que nous dit Walter l’Autrefois d’un objet historique et Benjamin du fait historique qui ne le Maintenant capable d’en faire surgit qu’à titre posthume, lorsque une lecture qui en reconfigure les le passé est saisi par une époque possibilités. particulière. L’archive peut ici Source : BENJAMIN (Walter), « Thèses sur le concept d’histoire » , op. cit., p. 442. être comprise comme moyen de représentation du passé qui nous donne accès à une autre conception de même passé. Source Pour mieux saisir le rôle et l’émer- gence de l’archive dans la sphère artistique, on peut également se tourner vers Walter Benjamin. Selon le philosophe et historien d’art Walter Benjamin (1892- 1940), l’historicité des objets se situe moins dans leur contexte d’émergence qu’au moment de leur actualisation. Selon lui, « ce qui distingue les images des « essences » de la phénoméno- logie, c’est leur marque historique [qui] n’indique pas seulement qu’elles appartiennent à une époque déterminée, elle indique surtout qu’elles ne parviennent à la lisibilité qu’à une époque déterminée ». Le fait ne devient pas historique parce qu’il est pris dans une suite de causes et d’effets mais 30 31
pistes educatives Autour de l’exposition Les lieux du visible, nous vous proposons deux axes de visites et de prolongement en classe : Parcours thématique n°1 : Œuvre et technique (conseillé pour le cycle 1 et 2) Parcours thématique n°2 : L’œuvre et son référent 32 33
réfléchir : pour préparer la visite, les questions à se poser Cycle 1 [de 3 à 6 ans] Cycle 2 [de 6 à 9 ans] & cycle 3 [de 9 à 11 ans] autour des œuvres en 2D Reprise possible des questions du cycle 1 • Quelle est la différence entre une autour du médium œuvre en 2D et 3D ? • Quelles sont les différents types • Face à quel(s) type(s) d’œuvre(s) signification de l’œuvre ? d’œuvres qui sont en deux dimen- suis-je confronté•e• ? Comment • Une œuvre a-t-elle toujours un sions ? nommer cette œuvre ? sens ? • L’image en 2D fait-elle appel • De quelle façon suis-je • L’artiste a-t-il apporté une principalement à nos yeux, à notre sollicité•e• ? Par la vue ? Mon modification à l’image-source / au corps ? corps est-il invité au déplace- document initial ? ment ? autour de la référence • Quel dispositif est mis en place Collèges & Lycées : [de 12 à 18 ans] Reprise possible des questions des • À quoi cette œuvre fait-elle et de quelle manière cette œuvre cycles 2 & 3 référence ? Y a-t-il une référence, m’interpelle ? un univers dans lequel une image • Comment peut-on différencier une une œuvre, une référence est issue/se rapporte ? photographie d’une peinture ? • Quel a été le geste de l’artiste • Puis-je rapprocher cette œuvre autour de la référence, de l’Histoire d’une autre œuvre/ ou d’un autre à partir d’une image-source ? de l’art et des techniques L’artiste a-t-il apporté une mouvement de l’Histoire de l’art ? modification à l’image-source / au • Est-ce que les artistes • Quel est le thème/le sujet de cette document initial ? d’aujourd’hui sont influencés par œuvre, et puis-je faire un lien avec d’anciens artistes ou d’autres une autre œuvre plastique ou une autour des différentes dimensions personnages/faits de l’histoire ? autre œuvre littéraire ? de l’image Être influencé est-ce pareil que • Qu’est-ce qui rend cette œuvre copié ? Quand on crée une œuvre unique/singulière ? • Quels sont les différentes missions de l’image ? L’image existe-t-elle (un dessin, une poésie etc.), quand l’artiste revisite les codes de dans d’autres contextes ; dans une part d’inspiration est-elle l’Histoire de l’art différents domaines de connais- possible ? sance, d’application ? • Qu’est-ce qu’une œuvre origi- • Quels sont les fondements de la nale ? Qu’est-ce qu’une copie ? peinture, de la photographie ? • Comment un artiste aujourd’hui autour de la signification d’une peut-il jouer avec les codes de la œuvre peinture ou de la photographie ? • Quelles peuvent-être les intentions de l’artiste dans cette œuvre ? Suis-je en accord ou au contraire ébranlé•e• par cette œuvre ? • Est-ce que le titre de l’œuvre peut m’apporter des précisions sur la 35
agir : des pistes d’ateliers pour mieux appréhender l’image et ses dimensions Cycle 1 : décontextualise-toi ! Cycle 2 : transfert et réappropriation de l’iconographie classique Observer, transférer, pour mieux s’approprier les images Dans cet atelier, il est proposé L’enjeu de l’atelier est d’amener à l’enfant de se réapproprier sa chacun à « agir » sur son portrait L’enjeu de l’atelier est d’amener À partir d’un thème choisi par propre photographie, en jouant avec par des gestes de découpe, de chaque enfant à réaliser sa propre l’enseignant (la nature, la peur…), elle et en l’immisçant dans différents collage ou de coloriage et de trans- création plastique en intégrant l’enseignant peut rechercher des contextes. poser son image dans différents dans sa composition une sélection œuvres illustrant la thématique contexte (travail de décontextuali- d’images anciennes issues de choisie. L’atelier doit permettre à Public : de 3 à 5 ans sation). l’Histoire de l’art. l’enfant de visualiser différentes manières d’exprimer et de repré- Nombre de séance : 2 séances Public : dès 4 à 8 ans senter un thème défini en amont. Nombre de séance : de 2 à 3 Dans un premier temps, l’enfant Matériel à réunir : feuilles de dessin séances peut réaliser une composition en en format raisin, ciseaux, colles. lien avec le sujet, dans laquelle deux Matériel à réunir : feuilles A4 de fragments d’images extraites de papier bureau, crayon HB, carton l’Histoire de l’art viendront s’arti- plume A4 par enfant pour contrecol- culer. Le transfert d’image se fera ler, feuilles de Canson format raisin via le papier carbone et le dessin au blanche, photocopies de repro- crayon sur une feuille blanche (de ductions anciennes (au moins deux type papier à dessin). images différentes par enfant). Une fois les fragments d’images transférés, l’enfant est libre de travailler la couleur avec le pastel sec par exemple. Exemple de portrait déstructuré 36 37
Cycle 3 et collège : changement d’échelle Cet atelier répond à certaines L’enjeu de l’atelier est de travailler dimensions du travail de l’artiste sur la notion de fragment et de Timothée Schelstraete, notamment détail. Il est proposé à chacun dans son attention au détail, au d’isoler un détail ponctionné sur fragment qu’il traduit au sein de des photographies qu’ils auraient compositions picturales grand préalablement prises. format. Ce détail doit ensuite faire l’objet d’un travail d’agrandissement. Au Nombre de séance : 3 séances départ, on pourra travailler au minimum crayon puis au marqueur. Matériel à réunir : crayons, feuilles Une fois le changement d’échelle de dessin format raisin, peinture effectué, il s’agira de retranscrire acrylique (palette restreinte de noir cet objet en peinture sur un au gris). support capable d’accueillir une représentation en grande dimension (rouleau de papier grand format par exemple). Exemple d’atelier 38 39
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