DECLARATION DE VANCOUVER1 A L'ISSUE DU 15 CONGRES DE L'UIAPPA2 POUR UNE APPROCHE UNIFIEE DE L'ATMOSPHERE
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DECLARATION DE VANCOUVER1 A L’ISSUE DU 15° CONGRES DE L’UIAPPA2 POUR UNE APPROCHE UNIFIEE DE L’ATMOSPHERE Les congrès mondiaux de l’Union Internationale des APPA sont le creuset de l’actualisation des principales tendances de la recherche et des développements des politiques, et permettent de dégager les principaux enjeux et perspectives du futur. Les déclarations émanant des précédents congrès ont mis en avant, et chaque fois plusieurs années avant qu’ils ne deviennent des sujets communs de préoccupation, des thèmes tels que le changement climatique, l’Arctique, le transport à longue distance des pollutions, et l’intégration des politiques en matière de pollution atmosphérique et de changement climatique. La présente déclaration approuvée à l’issue du quinzième congrès mondial de l’UIAPPA à Vancouver en septembre 2010, va encore plus loin. Elle reflète la conviction que les enjeux environnementaux globaux sont devenus de plus en plus pressants et préoccupants dans la période récente, et qu’un triple changement de paradigme dans l’approche des questions de qualité de l’air et leurs relations à l’environnement global est devenu nécessaire, urgent, et envisageable. Le Message de Vancouver Le thème central du congrès – Assurer un développement durable pour un monde avide de ressources – cernait l’enjeu principal de cette décade et posait le décor d’un large panorama scientifique et politique des problèmes atmosphériques. Le choix de la ville de Vancouver pour accueillir ce congrès illustrait pleinement le rôle actuel des mutations urbaines dans les politiques environnementales. Vancouver peut revendiquer un succès certain dans sa course au titre de ville parmi les plus respectueuses de l’environnement dans le monde. Sous de multiples angles, elle a posé les bases d’un développement plus durable, dans une approche « bottom up » en démontrant ainsi la pertinence et le 1 Traduction Française proposée par Jean-Marie RAMBAUD, trésorier de l’UIAPPA, vice-président de l’APPA 2 Union Internationale des Associations pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique ième Déclaration de Vancouver à l’issue du 15 congrès de l’IUAPPA- 2010 1
poids des initiatives locales. Vancouver, avec à la fois ses atouts et ses handicaps, peut être considérée comme leader dans le développement durable. Mais ce qu’elle accomplit, comme d’autres villes par ailleurs, est emblématique à d’autres titres. Elle montre que même dans un monde affamé de ressources nouvelles, on peut encore assurer un développement durable. Ce contexte a été pour notre congrès une source d’encouragement et d’espoir. Le succès de l’action locale ne doit cependant pas occulter la nécessité de faire face aux grands enjeux environnementaux globaux, toujours en toile de fond, et qui au bout du compte déterminent à leur tour le succès des politiques locales. Le Canada, quand bien même il fait figure de pionnier, à l’instar de Vancouver, dans la lutte pour la préservation de l’environnement, n’en doit pas moins faire face, comme le reste du monde, à des problèmes considérables dont l’UIAPPA pense qu’ils ne seront pas résolus sans de profonds changements dans les politiques actuelles pour la qualité de l’air et plus largement pour la préservation de notre atmosphère. Au Canada comme ailleurs, les politiques touchant à l’atmosphère impactent les écosystèmes et la biodiversité des multiples façons, notamment dans la fragile région Arctique. Alors que la pollution de l’air ne présente peut-être plus un risque aussi sévère que par le passé pour la santé humaine dans les zones urbaines, les émissions en provenance de diverses parties du monde mettent en péril croissant les régions arctiques, leurs habitants et leurs écosystèmes. Penser globalement et agir localement n’est plus suffisant. Nous devons aussi agir globalement. L’UIAPPA a tiré de ses travaux de Vancouver la conclusion que trois types de changement de paradigme dans les politiques en matière de qualité de l’air et plus largement en ce qui concerne notre atmosphère s’avèrent nécessaires, d’actualité et praticables : - Une nouvelle approche des impacts des pollutions atmosphériques sur les écosystèmes et la biodiversité - Une nouvelle approche des changements climatiques, à même de compléter la centration actuelle sur les effets à long terme de la diminution des émissions de CO2 par des initiatives plus larges visant à une intégration des politiques « air » et « climat » et concernant d’autres éléments de forçage radiatif comme l’ozone, le méthane et le carbone suie, qui apporteraient à la fois des gains pour la santé et une atténuation du réchauffement dans le court terme - Enfin, en support à ces deux premières évolutions, un nouvel effort pour renforcer les dispositifs et institutions permettant une coopération internationale sur les problématiques de pollution atmosphérique. POLLUTION ATMOSPHERIQUE ET ECOSYSTEMES Le message délivré au congrès par le secrétaire exécutif de la convention sur la biodiversité rappelait à tous que 2010 était l’année internationale de la biodiversité. Il soulignait à point nommé le niveau difficilement concevable de dégradation des écosystèmes et de perte d’espèces constaté actuellement, avec des espèces disparaissant mille fois plus vite qu’aux rythmes normaux. L’urgence de la prise en compte de ce phénomène constitue le premier changement de paradigme que l’UIAPPA juge nécessaire. ième Déclaration de Vancouver à l’issue du 15 congrès de l’IUAPPA- 2010 2
Les impacts des pollutions atmosphériques sur les écosystèmes et les services qu’ils apportent sont profonds et indéniables. Ils comprennent la perte de fertilité des sols, par exemple, due aux dépôts acides, la réduction du rendement des cultures vivrières, et des modifications des populations de plantes et des fonctions qu’elles remplissent, par exemple pour épurer l’atmosphère et pour la séquestration du carbone. La pollution atmosphérique affecte également la valeur culturelle des paysages par exemple par son impact sur la forêt. Ce sont les dommages causés aux forêts, aux lacs et à la vie aquatique qui ont été à l’origine des premières préoccupations sur les pollutions transfrontières en Europe du Nord, et mis en évidence la nécessité d’une réaction internationale concertée. L’étroitesse de ces liens est désormais de plus en plus reflétée par le développement de la bio-indication, notamment lichénique. Le déclin mondial de la biodiversité, dont le rythme s’accroit de manière si préoccupante, tient à la fois aux effets directs sur les espèces et aux effets indirects par la modification des milieux qui les hébergent. Alors même que les organisations internationales et les gouvernements s’efforcent de convenir de mesures pour limiter le déclin, les pressions sur les écosystèmes dus au développement économique, avec son cortège de pollutions et de modifications de l’usage des sols, s’intensifient en proportion de la croissance de la demande en ressources. Si la qualité de l’air a jusqu’à présent constitué un exemple réussi des politiques environnementales, ses axes prioritaires doivent aujourd’hui être révisés en fonction de ces « nouveaux » enjeux. L’accent mis dans les dernières décennies sur la santé humaine a eu des effets très positifs et les progrès accomplis doivent être poursuivis. Il serait cependant bon de considérer désormais également les impacts sur les écosystèmes en ce qu’ils seraient susceptibles d’avoir éventuellement un impact encore plus grand sur le bien-être que sur la santé proprement dite, par la réduction des bénéfices de la biodiversité, la réduction de la sécurité alimentaire en liaison avec les dommages aux cultures, et par l’altération des services écosystémiques dont les communautés humaines dépendent. Prenant appui sur la déclaration du secrétariat de la convention sur la biodiversité, l’UIAPPA recommande que la communauté « air » promeuve le développement d’un partenariat mutuellement constructif avec les scientifiques et décideurs politiques qui œuvrent pour la protection de la biodiversité. Parallèlement, l’UIAPPA enjoint les gouvernements de tous pays de prendre mieux en compte la valeur des services écosystémiques par une évaluation des coûts et bénéfices des changements d’utilisation des sols et par la maîtrise des développements susceptibles d’entraîner un accroissement des pollutions. Les impacts des niveaux actuels de pollution sur la biodiversité devraient être surveillés en permanence. CHANGEMENT CLIMATIQUE ET MAITRISE DES POLLUTIONS ATMOSPHERIQUES Outre leurs effets directs sur la santé et l’environnement, divers éléments de pollution atmosphérique accélèrent le réchauffement climatique. L’ozone troposphérique n’occasionne pas seulement des décès prématurés, des effets sur la santé et des dommages pour les cultures. Il est aussi responsable de l’équivalent de près d’un tiers du réchauffement dû au CO2. Les émissions de méthane contribuent à celles de l’ozone, mais représentent également de l’ordre d’un tiers de l’équivalent du forçage dû au ième Déclaration de Vancouver à l’issue du 15 congrès de l’IUAPPA- 2010 3
CO2. Le carbone suie compte pour le dernier tiers et est responsable d’une part substantielle des impacts sanitaires des particules. En conséquence, l’UIAPPA considère qu’un second changement de paradigme dans les politiques pour la qualité de l’air est nécessaire pour assurer une plus étroite intégration des politiques « air » et « climat » et développer des approches co-bénéficiaires. En particulier, un contrôle plus étroit des sources d’émission de méthane, d’ozone et de carbone suie pourrait avoir un effet important de refroidissement en même temps qu’un impact salutaire sur la santé humaine et les systèmes agricoles. Qui plus est, dans la mesure où ces polluants, contrairement au CO2, ont des durées de vie dans l’atmosphère courtes, leur contrôle procurerait un effet tampon de refroidissement rapide pour les quelques prochaines décennies critiques par rapport aux atténuations escomptées à long terme du réchauffement du au CO2 passé et futur. Ceci est particulièrement critique pour des régions sensibles comme l’Arctique, qui a connu un réchauffement double de celui du reste de la planète dans les dernières décennies, et pour l’Himalaya, qui perd rapidement une part importante de sa couverture de neige et de glace. Sur le long terme, la limitation des émissions de CO2 reste la clef du contrôle des évolutions climatiques, mais une gestion stratégique de la qualité de l’air peut aider à différer et à modérer des pics de réchauffement dangereux. Des politiques « air » et « climat » intégrées pourraient ainsi aider à atténuer les changements climatiques avant que les efforts pour limiter les émissions de CO2 ne portent leurs fruits. De telles politiques seraient également bénéfiques pour la santé et l’environnement. En conséquence, l’UIAPPA appelle les Etas, réunis au sein des Nations Unies, de son Programme pour l’Environnement et de touts autres programmes ou agences, à promouvoir une initiative internationale d’envergure en direction des polluants a effet réchauffant sur le court terme pour que soient intégrées les politiques « air » et « climat » dans une même « politique de l’atmosphère ». Au vu des présentations réunies à l’occasion de ce congrès, l’UIAPPA estime que les progrès en cette direction sont nécessaires, urgents et réalisables. LA COOPERATION INTERNATIONALE Aucun des enjeux ci-dessus ne pourra être abordé avec succès sans un troisième changement de paradigme : le renforcement conséquent des cadres de coopération internationale en matière de pollution atmosphérique. Si la gestion de la qualité de l’air a constitué l’une des plus grandes réussites des politiques environnementales, elle reste cependant bien en deçà de ce qu’elle devrait être au plan international. D’importantes initiatives ont été développées ces récentes années, pour traiter de l’ozone stratosphérique ou des COP, mais il n’y a toujours pas de cadre international pour la gestion de l’ozone troposphérique et des particules ; pas de liaisons entre les politiques « air » et « climat » ; pas de communauté de parole pour la qualité de l’air comme le GIEC en offre une pour le climat ; pas de loi de l’atmosphère comme il y a une loi de la mer. ième Déclaration de Vancouver à l’issue du 15 congrès de l’IUAPPA- 2010 4
Les communications faires au congrès, reflétant notamment les travaux convergents du « Global Atmospheric Pollution Forum » (Forum sur la pollutions atmosphérique globale), du PNUE sur l’impact du carbone suie et de l’ozone, et du groupe de travail sur le transport hémisphérique des pollutions atmosphériques ouvrent la possibilité d’un changement d’échelle dans les contenus et l’efficacité de la coopération internationale sur les pollutions atmosphériques. Ceci nous amène à considérer que nous sommes parvenus à un tournant décisif en la matière. Une nouvelle « loi » de l’atmosphère est nécessaire, ou à tout le moins un nouveau cadre de coopération sur la pollution atmosphérique et le changement climatique aux niveaux régional, hémisphérique et global. Cela ne devrait pas nécessiter de changements radicaux pour les institutions et programmes actuels, et notamment pour les deux principaux dans ce domaine : la convention sur les pollutions transfrontières et le PNUE. L’UIAPPA en est venue à la conclusion qu’il est temps pour la convention sur les pollutions transfrontières et le Programme des Nations Unis pour l’Environnement, avec le soutien de l’OMS et autres organismes pertinents, de dégager conjointement les éléments d’un cadre global plus performant pour la gestion des problématiques de pollutions atmosphérique, offrant des dispositifs intégrés et économiquement efficaces pour gérer les changements atmosphériques évaluer les objectifs et négocier les stratégies de contrôle. De telles évolutions pourraient offrir une nouvelle plateforme, plus puissante, pour progresser dans le sauvetage des écosystèmes en déclin et prévenir des évolutions climatiques catastrophiques. ième Déclaration de Vancouver à l’issue du 15 congrès de l’IUAPPA- 2010 5
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