Le pouvoir de la Wallonie - L'économie wallone vue par 14 experts : Fairebel
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MARS 2019 FR.PLANET-BUSINESS.BE
Le pouvoir de la Wallonie
L'économie wallone
vue par 14 experts :
« Si on prend en compte son
© PHOTO : KRIS VAN EXEL
historique, la Wallonie est
vraiment sur le bon chemin. »
WE ARE TRANSFORMING WALLONIA
Secteur du Economie Administration Territoire Compétences
numérique numérique numérique numérique numériques
2 ❘ FR.PLANET-BUSINESS.BE MEDIAPLANET
MICE
Découvrez les atouts de
INTRODUCTION
la Wallonie en matière
de tourisme d'affaires.
P09
« La Wallonie doit se
donner un pacte sociétal
Producteurs laitiers
Erwin Schöpges,
à moyen et long terme »
président d'une
coopérative, nous en dit
plus sur le lait durable.
P18
Les atours de la Wallonie sont loin d’avoir atteint
leur apogée, comme l’indiquent à la fois les progrès
réalisés ces dernières années et les potentialités fr.planet-business.be
encore trop peu valorisées. Le point avec
Philippe Suinen, Président de la CCI Wallonie.
un contexte volontaire de développement
durable (glocalisation);
Philippe ❚ ❚ une gouvernance qui accorde de plus en
Suinen plus d’importance à la lisibilité et à la sim-
Président plification administratives, en ce compris la
transparence du service public. Encore plus d'informations sur les produits issus
CCI Wallonie
du terroir wallon sur notre site.
Des points à améliorer
Bien sûr, l’ensemble du tableau présente des
touches moins positives ou encore moins
abouties. Prenons le manque d'adéquation LE POUVOIR DE LA WALLONIE ❘ MARS 2019
Prenons quelques exemples : entre offre et demande d’emploi ainsi que
la qualité de l’enseignement. Sans oublier
Managing Director: Leoni Smedts
❚ ❚ la logistique, avec la capacité d’attraction la perception collective de l’entreprise et Head of Production: Daan De Becker
et d’accueil dans ce secteur, marquée de de l’acte d’entreprendre: quand l’entreprise Production Manager: Nicolas Mascia
succès et en appelant d’autres à l’échelle de y sera mieux considérée, la Wallonie ira Digital Manager: Stijn Rosiers
notre superbe position géographique et de mieux. Business Developer: Tim Beck
la disponibilité, à améliorer, de terrains, de Project Manager: Océane Bassani ❙ Tel: +32 2 325 66 58
services et de partenariats; Voir plus loin E-mail: oceane.bassani@mediaplanet.com
2019 est l’année de presque toutes les Rédaction: Philippe Van Lil ❙ Olivier Clinckart
❚ ❚ la R&D et l’innovation, véritable moteur élections et la force de l’imprévisible doit Maria-Laetitia Mattern
de la Wallonie sur base notamment de la amener la Wallonie à voir plus loin que Lay-out: i Graphic ❙ E-mail: info@i-graphic.be
belle histoire des pôles de compétitivité et l’échéance d’une législature. Elle doit
Print: Roularta ❙ Distribution: Trends-Tendances
de l’implication forte du secteur privé et des se doter, au niveau de toutes ses parties
autorités wallonnes. On sait qu’un effort prenantes (partenaires sociaux, société Mediaplanet contact information: Tel: +32 2 421 18 20
supplémentaire est à fournir tant en aval civile, partis démocratiques, acteurs de la E-mail: redaction.be@mediaplanet.com ❙ D/2019/12.996/8
(recherche fondamentale) qu’en amont recherche et de la formation,...), d'un pacte
(valorisation des projets de recherche); sociétal à moyen et long terme ,fait d’objec-
tifs, de comportements et d’actions pour
SUIVEZ-NOUS
❚ ❚ l’externalisation, ponctuée par les récents les atteindre, d’indicateurs de réalisation et
très beaux scores des entreprises et de de procédures objectivées d’évaluation. Les /Mediaplanet @MediaplanetBE
l’AWEX quant à la croissance de nos expor- défis ne manquent pas, par exemple : conci-
tations et des investissements étrangers; lier respect de l’entreprise et climat social Mediaplanet Belgium Mediaplanetbe
constructif, modernité et dignité humaine,
❚ ❚ une aptitude à concilier et donner un effet identité et internationalisation, etc. Bref, Mediaplanet
multiplicateur à cette externalisation et à un développement durable, inclusif et
la valorisation du potentiel endogène, dans attractif. ■
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MEDIAPLANET FR.PLANET-BUSINESS.BE ❘ 5
« Il faut aménager le cadre juridique relatif aux vols de drones »
Les drones ne sont pas que des réseau de chemin de fer, d’exploitations réaliste s’il faut contrôler l’état d’une ligne à
gadgets de loisir. De nombreux agricoles et forestières. « Grâce à des cap- haute tension sur des dizaines de kilomètres !
domaines professionnels y teurs spécifiques, on surveille par exemple De même, il est nécessaire de créer des zones
Étienne recourent aussi. Étienne Pourbaix, l’état des plantes dans un champ, pratique- de tests libres en Région wallonne ; les
Pourbaix Directeur de Skywin, nous parle du ment m2 par m2. Ceci permet de n’appliquer développeurs wallons sont actuellement
Directeur développement de la filière. les traitements qu’aux endroits strictement obligés de tester leurs nouvelles solutions à
Skywin nécessaires », explique Étienne Pourbaix. Saint-Trond, en Flandre, voire à l’étranger »,
Texte : Philippe Van Lil conclut notre interlocuteur. ■
Un rôle de facilitateur
Historiquement, le pôle de compétitivité Skywin assure une mission de facilita- EN COLLABORATION AVEC
Skywin a contribué à l’essor de l’aéronau- teur : elle permet aux entreprises d’entrer
tique et du spatial en Wallonie. Depuis l’an en contact entre elles ou avec des centres de
" Il est nécessaire de créer dernier, s’y est ajouté le secteur émergent
des drones à usage professionnel. Il englobe
recherche et des universités afin de dévelop-
per de concert des solutions innovantes. L’ob-
des zones de tests libres les appareils eux-mêmes mais aussi les jectif est aussi de professionnaliser la filière.
pour les vols de drones en technologies associées telles que les cap- Il reste aujourd’hui à aménager le cadre
teurs et les logiciels de contrôle au sol. Les juridique. « Actuellement, le vol de drones
Région wallonne. drones sont notamment utilisés pour la n’est autorisé que si le pilote maintient une
surveillance de lignes à haute tension, du vue directe sur l’appareil… une exigence peu skywin.be
« Le secteur des drones est en plein développement économique »
CAP Innove a créé l’incubateur Patrick Mascart, « outre les services d’un solaires sur le toit est également envisagé.
ID2Move, un centre d’expertise incubateur classique (espaces de bureaux, L’accent sera également mis sur le recyclage
pour les drones et les systèmes salles de réunions...), des zones de tests des batteries et autres combustibles utilisés
Patrick
autonomes. Patrick Mascart, à la intérieur-extérieur et divers équipements pour les drones. » De quoi aborder efficace-
Mascart
tête du projet, nous en dit plus. de haute technologie viendront compléter ment l’avenir d’une technologie aux applica-
Responsable l’ensemble ». tions multiples allant de la maintenance d’in-
incubateur Texte : Olivier Clinckart frastructures (éoliennes, lignes à haute ten-
ID2Move Un secteur en plein essor sion...) à l’analyse de sols pour l’agriculture ou
« La mission première de cet incubateur, basé Le secteur des drones est en plein dévelop- au transport de colis et de matériel médical. ■
dans le zoning sud de Nivelles, est de réunir pement économique : « Une étude chiffre à
tout l’écosystème du drone wallon et belge, en 400 millions d’euros la rentabilité possible EN COLLABORATION AVEC
offrant un espace aux pilotes ainsi qu’aux por- en Belgique. Tous les pays européens en ont
" Une étude chiffre teurs de projet, startups et entreprises mais
aussi aux universités, pour les aider à dévelop-
compris l’importance et la nouvelle régle-
mentation de l’U.E. permettra de mieux se
à 400 millions d’euros la per la recherche », explique Patrick Mascart. positionner par rapport à la concurrence
rentabilité possible du secteur Le besoin de créer de telles passerelles se assez forte avec la Chine et les États-Unis. »
faisait sentir, afin que les différents acteurs ID2Move se veut aussi éco-responsable : « Le
des drones en Belgique. concernés puissent se rencontrer et échan- bâtiment principal va être entièrement
ger dans une infrastructure encadrée par rénové, avec un choix de matériaux bien
du personnel qualifié. De plus, précise étudié. Un projet d’installation de panneaux capinnove.be
« Aider les entreprises à organiser l’innovation en interne »
Innovatech propose aux PME L’asbl offre aussi un accès à son réseau de par- Comme le résue notre interlocuteur,
wallonnes une large panoplie de tenaires techniques et économiques : universi- « l’objectif ultime est que l’entreprise puisse
services d’accompagnement en vue tés, centres de recherches ou autres entreprises être capable d’organiser son innovation
Laurent de développer l’innovation. Le point disposant des connaissances pertinentes… Elle en interne. Cela demande d’établir une
Letellier avec son directeur, Laurent Letellier. apporte également son aide dans la recherche confiance réciproque permettant d’aller plus
Directeur de fonds qui diminueront le risque financier. loin et plus vite dans la mise en place, pas à
Innovatech Texte : Philippe Van Lil pas, de plans d’action, le tout en adéquation
Relation de confiance avec les moyens d’une petite entreprise ». ■
Lors du développement ou de l’améliora- Le coaching des PME est assuré par un pool
tion d’un produit ou service, Innovatech d’ingénieurs bénéficiant d’une expertise EN COLLABORATION AVEC
apporte une aide précieuse aux PME. Elle dans divers secteurs de l’industrie : chimie,
analyse en effet les risques d’échecs tech- mécanique, agro-alimentaire, etc. Les PME
" Beaucoup d’entreprises nologiques. Mais pas seulement… Il s’agit
aussi d’évaluer l’adéquation du projet à ses
peuvent aussi s’appuyer sur le juriste d’In-
novatech pour évaluer les questions liées à la
ont des difficultés à faire la ressources internes - techniques, humaines propriété intellectuelle et sur son service de
promotion de leurs innovations et financières -, la manière dont l’entreprise communication. Laurent Letellier : « Beau-
entend attaquer son marché cible et l’orga- coup d’entreprises qui innovent ont des dif-
auprès de leur public cible. nisation à mettre en place pour exécuter sa ficultés à mettre en avant leurs innovations
stratégie de développement. par rapport à leurs cibles identifiées .» innovatech.be
L’essentiel pour
entreprendre en Wallonie
Le 1890.be, la porte d’entrée régionale d’information et d’orientation
pour les entrepreneurs et porteurs de projets en Wallonie
Porteurs de projet, indépendants ou chefs de PME wallons ont à présent
un dispositif d’information et d’orientation à leur disposition : le www.1890.be.
La SOWALFIN, a mis en place un dispositif à l'intention des entrepreneurs pour
répondre à toutes les questions qu'ils peuvent se poser, depuis la naissance du
projet jusqu'à la transmission de l'entreprise : à la recherche d’un comptable ou
d’un guichet d’entreprise, comment obtenir un permis ou un crédit, quelles
sont les aides disponibles, gestion du personnel, problèmes juridiques… toute
demande liée à la vie professionnelle de l’entrepreneur.
Le site 1890.be répond à la plupart des questions simples grâce à un guide
interactif et un moteur de recherche. Si l'interrogation persiste, le numéro
d’appel 1890 est disponible du lundi au vendredi de 12:00 à 19:00. Des
personnes spécialement formées sont au bout du fil. Soit l'information peut
être donnée directement, soit, si c'est plus concret ou plus compliqué, l'entre-
preneur sera orienté vers un des partenaires du 1890 : l’Awex, le Forem,
l’IFAPME, un guichet d’entreprises, etc…. Il ne reçoit pas un simple numéro
général à appeler, mais directement les coordonnées d'un expert au sein des
organismes associés. Un formulaire de contact est également disponible sur
le site internet avec réponse garantie dans un délai de 2 jours ouvrables.
Ce dispositif a pour objectif une meilleure orientation de chaque entrepreneur
(ou candidat-entrepreneur) en fonction de sa situation et poursuit l’ambition
d’être le premier point de contact à destination des PME wallonnes.
WWW.1890.BE
Innovation Methods Provider
MÉTHODES
DES
POUR INNOVER
EFFICACEMENT
Startups & Entreprises
WWW.ENGINE-CW.BE
MEDIAPLANET FR.PLANET-BUSINESS.BE ❘ 7
Un apprentissage win-win pour les jeunes et les entreprises
Partout en Wallonie, l’IFAPME organise des formations à une multitude de métiers. Organisées sur le
principe de l’alternance, elles allient cours en centres et formations pratiques en entreprises. Texte : Philippe Van Lil
L
’an dernier, l’IFAPME comptait plus un jeune qui se familiarise à l’esprit de l’en- métier est en perte de vitesse ! En comparai-
de 17 000 apprenants, jeunes et treprise, mais en plus elle peut décider de son, on a beaucoup de mal à les attirer vers les
moins jeunes, dans ses 16 centres l’engager à plus long terme. métiers de la construction. »
de formations. Comme le souligne L’IFAPME développe diverses solutions pour Pour faire face à ce phénomène, l’IFAPME
Nicole Roland
Nicole Roland, Administratrice favoriser les contacts entre jeunes et entre- propose aux jeunes et aux entreprises des
générale de l’institut, « ces jeunes arrivent en Administratrice preneurs. Exemple : du « speed-jobing », sur solutions rapides et sur mesure. Mise en
moyenne à 17 ans et 9 mois. C’est très tard, Générale IFAPME le modèle du « speed-dating » ; chaque jeune a place récemment, une opération de com-
ce qui signifie qu’ils ont déjà doublé dans cinq minutes pour se présenter aux entrepre- munication ciblée a permis par exemple
l’enseignement traditionnel. » L’institut neurs présents. « En nous consacrant quelques d’attirer 40 jeunes en 36 heures à des postes
wallon leur offre un panel de formations qui heures, un entrepreneur voit ainsi des dizaines de voiristes et de conducteurs d’engins de
couvre pas moins de 200 métiers, en ce com- de candidats et peut très vite signer une conven- chantier au bénéfice d’une entreprise de
pris ceux liés à l’environnement ou des filières tion de stage avec l’un ou l’autre », résume Nicole construction. ■
innovantes comme le numérique. Au passage, Roland. Autre possibilité : l’entreprise accueille
notre interlocutrice insiste sur l’importance
de casser les stéréotypes : « Les jeunes filles " L’alternance permet au un jeune en son sein pendant une semaine pour
vérifier s’il convient, le tout sans frais.
EN COLLABORATION AVEC
doivent éviter les filières où il n’y a pas d’em- jeune de se familiariser à
ploi. Dans la construction, le carrelage est un l’esprit de l’entreprise et Une structure réactive
métier d’art, par exemple. » De nos jours, bien des métiers sont en pénu-
au patron d'envisager un rie de main-d’œuvre. À ce titre, l’administra-
Favoriser les contacts engagement à long terme. trice générale relève qu’il existe un problème
Pour une entreprise, la formation en alter- dans l'alignement des demandes des jeunes
nance constitue aussi une belle opportu- et de celles des entreprises : « Beaucoup de
nité. Non seulement elle forme à un métier jeunes se dirigent vers la vente alors que ce ifapme.be
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MEDIAPLANET FR.PLANET-BUSINESS.BE ❘ 9
▲ ▲ ▲ Une des spécificités de la Wallonie, c’est ce réseau de petite hôtellerie de tradition qui s’est équipé pour le tourisme d’affaires. © PHOTOS : WBT-ANIBAL TRÉJO, DAVID SAMYN, WBT-J.P. REMY
« En Wallonie, le tourisme riches en activités nautiques, balades dans
les bois, parcours aventure, etc. La province
du Brabant wallon offre pour sa part, en
d’affaires prend la forme
plus de riches infrastructures hôtelières, de
nombreuses possibilités de balades à vélo. Et
à côté de cet aspect nature, la vie culturelle y
est également très active, notamment dans
de meetcentive »
les villes de Mons, de Charleroi ou encore de
Liège qui sont de plus en plus dynamiques. »
Et après ?
« S’il est déjà très qualitatif, le tourisme
wallon devra malgré tout relever des défis
Pourquoi voyager à l’autre bout de la planète quand le dépaysement vous pour continuer à s’améliorer et à se déve-
attend à quelques kilomètres ? Une nature luxuriante, une gastronomie lopper », souligne Olivier Daloze. « C’est
notamment le cas au niveau des infrastruc-
fine, des activités en tous genres : Olivier Daloze, Directeur Partenariats tures : à la vitesse à laquelle les technolo-
et Commercialisation de Wallonie Belgique Tourisme vous dit tout sur le gies évoluent, elles doivent s’adapter en
permanence aux demandes de plus en plus
tourisme d’affaires en Wallonie. Texte : Maria-Laetitia Mattern high tech des entreprises. »
Olivier Daloze ajoute que, « à l’heure
actuelle, la notion de durabilité et d’écologie
est plus que jamais un enjeu indéniable. Le
large éventail d’activités disponibles. La Wallonie, c’est trendy tourisme d’affaires n’échappe pas à la règle
« Le premier pilier est essentiel », explique L’époque des grands congrès d’une semaine à et les lieux qui évoluent dans ce sens-là ont
Olivier Daloze. « L’une des spécificités de l’étranger est révolue : aujourd’hui, les entre- une corde en plus à leur arc et sont de plus
Olivier Daloze
notre région, c’est tout ce réseau de petite prises préfèrent les séjours plus courts et en plus privilégiés. »
Directeur hôtellerie wallonne de tradition qui s’est plus proches de chez eux. Mais le besoin de Enfin, comme le souligne Olivier Daloze,
Partenariats et équipé au fil du temps en matière de tou- motiver le personnel et de favoriser la cohé- « la mobilité est un autre défi : la Wallo-
Commercialisation risme d’affaires – connexion wifi, salle de sion des équipes reste toujours très présent et nie, située au cœur de l’Europe, possède
de WBT
réunion, écrans, etc. – tout en conservant primordial dans la gestion d’une entreprise. une position très intéressante et straté-
son cachet. Ce terreau d’hôtellerie locale Dans ce contexte, « la mise au vert est idéale gique. Elle est desservie par les aéroports
implique aussi une gastronomie et des dans notre région et peut stimuler l’entre- de Zaventem, Charleroi et Liège, détient
produits de qualité, non négligeable dans prise : changer d’air est bénéfique pour la un très bon réseau routier, à la croisée des
S
un contexte de réunions ou de rencontres réflexion sur un projet ! Certains établis- chemins entre la France, l’Allemagne et
elon Olivier Daloze « en Wallo- privilégiées dans les voyages d’affaires. sement se vendent d’ailleurs comme étant les Pays-Bas. En revanche, les lieux isolés
nie, le tourisme d’affaires prend Ensuite, notre patrimoine historique et des lieux de déconnexion, sans réseau, des tels que les châteaux ou autres ne sont pas
la forme de meetcentive : on mêle culturel est très riche : nous détenons havres de paix où l'on peut se concentrer sur suffisamment accessibles en transports en
l’utile à l’agréable, les réunions énormément de lieux qu’on appelle des un projet », explique Olivier Daloze. « Pour commun. Pour y accéder, il faut soit une
aux loisirs. Même si notre région « special venue », dans lesquels il est pos- cette mise au vert, la Wallonie recèle de voiture soit des bus organisés. Nous tra-
compte des infrastructures de congrès de haute sible d’organiser des réunions, colloques ou pépites : l’Ardenne, la province du Luxem- vaillons donc sur ces différents points afin
qualité (notamment le WCCM à Mons, le Palais autres. De nombreux châteaux wallons sont bourg, la région de Spa et ses Hautes-Fagnes, de relever les défis et d’accentuer le rayon-
des Congrès de Liège, etc.), notre core business accessibles à la location, comme le Château les forêts du Sud namurois. Ces régions sont nement de la Wallonie. » ■
est constitué d’un mix entre séminaires et Bayard ou la ferme de la Ramée. Il y a aussi
activités loisirs, team building, etc. Notre clien- des cadres qui sortent du commun, comme EN COLLABORATION AVEC
tèle est essentiellement belge, wallonne et les Grottes de Han, où il est possible de pri-
flamande, et partiellement néerlandaise, alle- vatiser certaines salles et d’organiser des
mande ou française. » événements. Enfin, nous ne sommes pas en
reste en matière d’activités, que ce soit dans
Tradition, histoire et divertissement des lieux connus ou d’exception. Énormé-
Le tourisme d’affaires en Wallonie repose sur ment de sociétés d’événementiel organisent
trois piliers : des lieux équipés tout en étant des activités de team building sur mesure
rustiques et axés gastronomie, une histoire pour les entreprises : rafting, compétition
et un riche patrimoine culturel ainsi qu’un de quad, escape room ou autres. » meetinwallonia.be
10 ❘ FR.PLANET-BUSINESS.BE MEDIAPLANET
Table ronde :
Les défis d’une
Wallonie gagnante
La Wallonie bénéficie de multiples atouts économiques : secteurs à la pointe,
recherche de renommée mondiale, aides multiples aux entreprises…
Le 26 février, Mediaplanet a réuni pas moins de quatorze acteurs concernés
au premier plan par le déploiement de notre tissu entrepreneurial.
Texte : Philippe Van Lil
❚ ❚ Quel regard portez-vous sur l’état
actuel de notre économie et sur
notre potentiel entrepreneurial ?
Willy Borsus : « Dans bien des secteurs, la
Wallonie est aujourd’hui à la pointe : la
santé, les sciences du vivant, l’agroalimen-
taire, etc. Autres forces : le tissu extrême-
ment important de nos PME - plus de 99 % un territoire relativement petit : de grands
de nos entreprises - et une tendance à plus comme de petits acteurs, une recherche d’ex-
de désir d’entreprendre. En revanche, nous cellence et des formations de pointe dans les
avons encore certaines faiblesses : la part universités, des sociétés de support - manda-
de l’activité publique et parapublique reste taires en brevet, logistique spécialisée dans
proportionnellement plus importante que le vivant, etc. Si cet écosystème constitué
dans les régions de certains pays qui nous est une force, rien n’est cependant jamais
entourent ; notre taux de chômage, sin- acquis. Vu la rudesse de la compétition inter-
gulièrement celui des jeunes, reste extrê- nationale, la recherche dans ce secteur doit
mement inquiétant malgré des tendances continuer à être soutenue financièrement
positives, la croissance de nos PME reste en par les pouvoirs publics. »
deçà de ce qu’elle pourrait être ; bien qu’en
Philippe Mattart Jean-Sébastien Walhin
développement, l’internationalisation de P. Delcomminette : « Nos entreprises réa-
nos activités doit encore grandir. » Directeur Général Apaq-W Directeur Communication AFSCA lisent en moyenne 70 % de leur chiffre d’af-
faires à l’exportation. En 2018, nos expor-
Pascale Delcomminette : « Au niveau inter- tations ont crû de plus de 8 % ! Côté défis,
national, notamment grâce à la stratégie de on constate une triple concentration - géo-
spécialisation intelligente traduite par les
pôles de compétitivité, un soutien structu- " La promotion de nos " Les produits wallons graphique, de taille et sectorielle : les gros
chiffres à l’exportation sont réalisés essen-
rel particulier a été déployé à l’égard des sec- produits agricoles et d’hier, d’aujourd’hui tiellement par les grandes entreprises ; 78 %
teurs à haute valeur technologique. Résul- horticoles est un enjeu et de demain valent la des exportations sont orientées vers l’Union
tat : depuis 2006, la croissance à l’expor- européenne ; trois des cinq premiers pro-
tation de ces secteurs s’est accrue : +5,8 % fondamental pour notre peine d’être connus à duits exportés sont issus du secteur de la
contre 4,2 % seulement en moyenne au économie. l’international. santé, comme souligné par Sylvie Pon-
niveau de la zone Euro. Beau constat ! » chaut. »
Sylvie Ponchaut : « À lui seul, le secteur Aubry Lefèbvre : « L’une des forces de la Wal-
Biotech et Pharma représente quelques lonie reste son territoire, que ce soit par les
50 000 emplois en Wallonie et 27 % des expor- forêts, les champs, l’agriculture, l’activité
tations. Et il a encore tout pour croître sur industrielle ou le logement. Des évolutionsMEDIAPLANET FR.PLANET-BUSINESS.BE ❘ 11
© PHOTOS : KRIS VAN EXEL
positives sont en marche, comme le nouveau Jacques Dehalu : « La mobilité est également L’agence est là entre autres pour aider les ventes, etc. Cela appelle des compétences
code de l’aménagement du territoire. Le S.D.T. un point important pour nos entreprises. petites entreprises à respecter l’ensemble très différentes de celles du créateur. Il est
visant à réduire l’artificialisation des terres Depuis 2010, plus d’un milliard d’euros a de ces règles, qui peuvent paraître un peu nécessaire d’aider les startups lors de ce pas-
- limitation de l’urbanisation - est actuelle- été investi dans nos routes et autoroutes. compliquées pour un artisan. » sage à l’échelle. Par ailleurs, nous avons des
ment en réflexion. Celle-ci nécessite toute- Actuellement, nous sommes au rythme de acteurs industriels très forts dont il s’agit
fois une période de transition en raison des 250 millions d’investissements par an pour Philippe Mattart : « La promotion de nos de favoriser la collaboration et les synergies
nombreuses démarches préalables à sa mise leur réhabilitation et leur entretien. Toute- produits agricoles et horticoles est égale- avec les startups en termes de réseau, de
en place. Globalement, l’un des défis essen- fois, cela ne résoudra pas tous les problèmes ment un enjeu fondamental pour notre capital, de programmes, d’innovation pour
tiels de la Wallonie est son arsenal législatif : il de mobilité. Même mises à trois bandes de économie. La moitié du territoire wallon qu’elles deviennent des scale-up. »
manque de constance. Or, un investisseur en circulation, nos autoroutes ne se dévelop- correspond à l’appareil de production de
a besoin et non de contraintes toujours plus peront pas à l’infini. C’est pourquoi d’autres l’agriculture, ce qui est considérable. La Thierry Nollet : « Nous lançons un plaidoyer
nombreuses, que ce soit en matière de fiscalité initiatives voient le jour, comme la mise en moitié de cette superficie agricole utile est pour que les politiques situent un peu
immobilière, d’urbanisme, de performance place d’un accompagnement du trafic au représentée par des produits de l’élevage. mieux le rôle sociétal qu’est amené à jouer
énergétique des bâtiments, etc. Selon moi, on travers de technologies pointues. L’objectif En termes d’élevage bovin, la Wallonie a un au quotidien un acteur comme GROUP S
se focalise par exemple beaucoup trop sur la est notamment d’atteindre une meilleure niveau d’autosuffisance de l’ordre de 150 % auprès de milliers d’indépendants, de star-
surperformance du bâti neuf, au détriment fluidité du trafic, une plus grande sécurité et doit donc trouver des débouchés pour ce ters et d’entreprises. Nous apportons de la
des 97 % du parc wallon… qui sont une véri- - grâce par exemple à la détection auto- qui excède ses propres besoins. » sécurisation en soutenant, en encadrant
table passoire énergétique ! » matique des incidents -, une information et coachant les porteurs de projets ; nous
accrue des usagers, le tout en phase avec les David Valentiny : « On constate une appé- offrons un multiservice et des outils de gui-
Clemens Scholzen : « Si on prend en compte préoccupations environnementales. » tence à l’entreprenariat réellement marquée dance et d’accompagnement ; nous garan-
son historique, la Wallonie est vraiment sur le et de nombreux écosystèmes de création par- tissons une sécurité juridique et sommes
bon chemin. Nous manquons cependant de Jean-Sébastien Walhin : « Les demandes tout en Wallonie. C’est extrêmement moti- moteur de changement dans des transi-
patience, de confiance et de positivisme. Mal- de diversification ou d’innovation sont vant et enthousiasmant. Toutefois, peu d’en- tions importantes comme le passage au
gré des éléments positifs comme le Tax Shift ou omniprésentes dans l’alimentaire. L’agence treprises entrent dans une phase de crois- numérique, la régionalisation… »
un pouvoir d’achat constant depuis des années, constitue un véritable levier au développe- sance importante, passent de la startup à la
la confiance des ménages wallons est plus ment de ces entreprises. Elle accompagne, scale-up. Ces entreprises sont ici confrontées
faible que celle des ménages flamands. De plus, sur le plan réglementaire, les petites struc- à de nouvelles questions liées au leadership,
selon une étude sur l’attractivité de la Belgique tures qui innovent, se développent ou au recrutement, au financement -en ce com-
au niveau des investisseurs, la Flandre score à exportent. Dans l’alimentaire, la très grande pris attirer des investisseurs étrangers -, aux Lisez la suite du débat en
51 % et la Wallonie… à 10 % seulement ! » majorité des législations est européenne. aspects légaux, au référencement Web, aux pages 12-13 et 14-15. 12 ❘ FR.PLANET-BUSINESS.BE MEDIAPLANET
Willy Borsus Fabian Collard Thierry Nollet
Ministre-Président de la Wallonie CEO Idelux Director External Relations & Legal Services Group S
" Le tissu extrêmement " Les entreprises wallonnes " Il faut continuer à œuvrer pour
important de nos PME constitue disposent d’un important réseau hisser le statut des indépendants à la
notre principale force. d’acteurs en mesure de les soutenir. hauteur du statut des salariés.
❚ ❚ La recherche et l’innovation intègrent la dimension de l’innovation
sont également des points forts dans leur politique d’internationalisation
de la Wallonie… des entreprises. À l’instar de la Wallonie qui
poursuit dans cette même voie via une poli-
Nicolas Pecher : « Je considère le biotope tique d’internationalisation de tout notre
wallon de l’innovation comme un cercle écosystème innovant. Notre rôle de veille
vertueux. On y observe tout d’abord un et de connecteurs de partenaires technolo-
grand nombre d’entrepreneurs, porteurs giques est donc essentiel. »
de projets, qui veulent innover et créer de
la valeur. On y trouve les pouvoirs publics, J.-C. Noben : « Les patrons d’entreprises
dont la Région Wallonne (DGO6), qui ont souvent le nez dans le guidon. Ils n’ont
apportent un support économique très pas vraiment le temps ni les ressources
substantiel à ces startups. On pense notam- nécessaires pour pouvoir se consacrer à
ment aux chèques propriété intellectuelle l’innovation. Celle-ci est nécessaire pour
et aux subventions brevets, des éléments faire évoluer les technologies, les métiers et
déterminants dans la stratégie de crois- les entreprises. Petit bémol : 20 centres de
sance des startups. On y voit en outre un recherches agréés, plus ceux des universités
ensemble d’investisseurs qui comprend
des organismes de financement publics
et des hautes écoles, cela fait beaucoup pour
la Wallonie. Il serait sans doute nécessaire Flandre
ou privés, des Business Angels et des Ven- de réorganiser tout cela pour être encore
ture Capitalists prêts à soutenir ces entre- plus efficace. »
preneurs. L’ensemble de ce système fonc-
tionne de manière très efficace. » D. Valentiny : « Les grandes entreprises sont
plus lentes que les plus petites à innover.
Jean-Claude Noben : « En matière de Elles ont dès lors intérêt à s’inspirer des
recherche, la Wallonie jouit d’une renom- nouvelles méthodologies des startups, très
mée mondiale. Nous disposons d’une ving- proches de leur marché. Cette proximité La Wallonie est
sur le bon chemin
Wallonie
taine de centres de recherche agréés ainsi permet de se rendre compte rapidement
que de centres de recherche au sein des uni- de la pertinence d'une idée, du potentiel
versités et des hautes écoles. Notamment qu'à une idée à naître un nouveau modèle mais il reste du travail.
en matière de recherche appliquée, tous d’affaire. De même, les PME ont beaucoup à
ces centres, qui ont chacun leur spécificité gagner à utiliser les outils des startups pour Selon une étude sur l’attractivité
et leur domaine d’application, soutiennent innover. » de la Belgique au niveau des
l’activité des entreprises wallonnes, de la investisseurs, la Flandre score à 51 %
grande industrie à la petite société. » P. Mattart : « Dans l’agriculture wallonne,
et la Wallonie à 10 % seulement.
l’innovation se traduit par la diversification
P. Delcomminette : « De plus en plus d’ac- et de nouveaux modes de production. J’en-
teurs importants du commerce mondial tends par là l’accession d’une partie de la pro-MEDIAPLANET FR.PLANET-BUSINESS.BE ❘ 13
Clemens Scholzen Sylvie Ponchaut Aubry Lefèbvre
CEO CBC Managing Director Biowin Administrateur Délégué Thomas & Piron Bâtiment
" Il serait intéressant de concentrer " Le gouvernement a un rôle clé " Simplifier et rationaliser les
les systèmes d’aides à l’entrepreneuriat dans le développement de la politique structures wallonnes permettrait de
afin de les rendre plus lisibles. entrepreneuriale de la région. stimuler le développement économique.
duction à des cahiers des charges (AOP, IGP) matière de digitalisation, d’innova- Fabian Collard : « Les entreprises wallonnes N. Pecher : « Au début, il y a un entrepreneur
et à des référentiels de qualité différenciée tion et de recherche. Ces aides doivent disposent d’un important réseau d’acteurs qui crée une startup dans un domaine tech-
nous permettant de déployer des avantages constituer un véritable levier décision- en mesure de les soutenir, quels que soient nologique. Pour cette startup, l’obtention
concurrentiels par rapport à d’autres régions. nel dans un domaine considéré comme leurs besoins : formation, accompagnement, d’un brevet est un élément essentiel pour
Ce potentiel d’innovation est en outre com- important pour la vie de l’entrepreneur. innovation,infrastructures, etc. Les entre- convaincre des investisseurs de la solidité
patible avec les impératifs du développe- Il faut d’autant plus cibler les aides qu’à preneurs du secteur high-tech, par exemple, de son projet. Cependant, le capital limité
ment durable, pour autant évidemment que partir de 2024, nous devrons faire face à y recourent fréquemment. En revanche, de départ de la plupart des startups ne per-
les réflexes de consommation privilégient le la décroissance de la solidarité fédérale du fait qu’ils sont souvent logés au sein de met pas de couvrir les frais liés à l’obtention
local et la production liée au sol.» et à la diminution progressive des sou- petites structures familiales, les secteurs d’un brevet, qui peuvent comprendre un
tiens européens, notamment, à travers plus traditionnels, comme l’agroalimentaire, avis de brevetabilité, un avis de liberté d’ex-
J.-S. Walhin : « L’AFSCA accompagne les les fonds structurels et la politique de le bois et la construction, ne connaissent ploitation, et la rédaction et le dépôt d’une
entreprises qui innovent, par exemple avec cohésion. Ensuite, il faut aussi continuer pas nécessairement toujours ces acteurs et, demande de brevet. Le chèque propriété
la viande maturée. Si la diversification est à simplifier, rationaliser et accélérer les donc, n’y font pas appel. Or, on trouve aussi intellectuelle peut couvrir 75 % des frais liés
importante pour les petites entreprises, elle aides et les structures d’aides. Certaines des niches d’innovation importantes au sein à l’avis de brevetabilité et de liberté, et la
l’est donc aussi pour nous. Nous les accom- structures, indirectement financées par des petites entreprises de ces secteurs. Elles subvention brevet peut couvrir jusqu’à 50 %
pagnons dans leurs nouvelles idées, envies la Région, sont concurrentes entre elles ! » ont donc tout intérêt à se faire accompagner des montants liés à l’obtention d’un brevet.
ou besoins. » et à bénéficier de conseils opportuns, notam- Ces aides de la Région wallonne rendent
J.-C. Noben : « Au niveau des subsides, c’est ment en ce qui concerne l’environnement, l’obtention de brevets accessible aux star-
vrai que c’est un peu la jungle. Le secteur l’urbanisme, les bâtiments et le numérique. » tups. Dans les six à neuf mois du dépôt, une
❚ ❚ Les aides sont-elles toujours technologique fait quelque part excep- opinion officielle est émise, fournissant une
efficaces ? tion : tout y est très bien structuré. En S. Ponchaut : « À l’échelle régionale, les sys- information de poids pour convaincre les
matière d’accompagnement, je prendrai tèmes d’aides publiques doivent être plus financiers d’apporter les fonds nécessaires à
C. Scholzen : « Si j’étais aujourd’hui un l’exemple d’une société pharmaceutique efficaces et plus agiles. Par exemple, le délai la croissance de l’entreprise. Voilà le cercle
investisseur étranger arrivant en Wal- rencontrée il y a une dizaine d’années. entre le moment où un entrepreneur dépose vertueux bouclé ! »
lonie, je ne saurais pas très bien à qui Il s’agissait d’une petite entreprise, avec son dossier et celui où il reçoit l’argent est
m’adresser tant les aides disponibles sont un marché de niche et une vingtaine de trop long. Il s’agit enfin aussi de convaincre Benoit Hucq : « En matière de subsides, le
éparpillées. Il serait intéressant de les collaborateurs. Le patron voulait oser les universités et centres de formation de numérique bénéficie des chèques entre-
concentrer un peu plus. J’en veux pour quelque chose de nouveau dans son métier mieux tenir compte de la nature des diffé- prises. Ceux-ci permettent le soutien et
preuve que, dans ma banque, j’emploie : intégrer des pièces en matière plastique rents besoins en formation du secteur. » l’accompagnement à la transformation
des gens pour aider les entreprises à trou- dans des machines en inox. Nous l’avons numérique, sur la base d’un dossier qui est
ver des subsides. C’est assez malheureux accompagné dans ce processus. Résultat : P. Delcomminette : « Nos aides doivent viser la accepté dans les huit jours ouvrables. De
puisque cela veut dire que les gens ne les il a réussi à imposer le plastique partout diversification des exportations et la profes- plus, un guichet unique 1890.be centralise
trouvent pas eux-mêmes alors qu’ils sont dans son secteur d’activité, ce qui a permis sionnalisation de nos entreprises. Cela passe les sources d’information pour tous les
faits pour eux. » d’augmenter les possibilités offertes par par un programme d’actions bien ciblé et par entrepreneurs. »
les machines et de les vendre plus cher. un accompagnement via nos centres régio-
W. Borsus : « Que ce soit en matière de Aujourd’hui, cette société emploie 60 per- naux et conseillers économiques et com-
moyens budgétaires ou de structures, sonnes, poursuit sa croissance et génère du merciaux avec plus de 120 marchés couverts, Lisez la suite du débat en
il faut cibler les aides, par exemple en bénéfice. » dont deux tiers hors Europe. » pages 14-15. 14 ❘ FR.PLANET-BUSINESS.BE MEDIAPLANET
Jacques Dehalu Benoit Hucq Pascale Delcomminette
Directeur Général SOFICO Directeur Général Agence du Numérique Administratrice Générale AWEX
" Le secteur des routes participe " Nous devons encore progresser " La Wallonie développe une
au défi du numérique par la mise à en matière de compétences et de politique d’internationalisation de
disposition du réseau de fibre optique. talents liés au numérique. tout notre écosystème innovant.
P. Delcomminette : « Nous devons réfléchir ciblant les besoins, on aide les entreprises à les questions influant sur leur santé comme la D. Valentiny : « Au niveau du digital, une
entre acteurs de développement écono- se diversifier. Par exemple, savoir produire nutrition et la pratique du sport. » mécanique vertueuse est enclenchée. Tou-
mique à un décloisonnement beaucoup plus un étiquetage conforme est essentiel pour tefois, le digital ne signifie pas automatique-
fort pour que chaque institution devienne une entreprise. Cela demande des connais- J.-S. Walhin : « À côté des milliers de ment « innovation », même si elle en consti-
un guichet unique qui aiguille vers le bon sances des législations, et nous les vulgari- contrôles ou analyses réalisés chaque jour tue une partie importante. Il semble impor-
interlocuteur. Le guichet 1890, la simplifica- sons efficacement. » pour garantir une assiette sûre, l’AFSCA tant de maintenir un travail sur la créativité
tion de nos aides et le principe de confiance apporte aussi une autre aide efficace. Elle et la capacité d’innovation au sens large. »
sont des réponses à ces défis. » dispose d’une cellule d’accompagnement
❚ ❚ Que fait-on précisément qui forme les petites entreprises et encadre F. Collard : « Je regrette que le développe-
P. Mattart : « En décembre dernier, nous pour accorder la formation aux certaines initiatives groupées. Elle aide les ment numérique concerne beaucoup plus
avons créé un dispositif très attendu par besoins de nos entreprises ? entreprises dans des secteurs aussi variés les villes que le monde rural. On évoque
les producteurs : un business club qui a que l’élevage d’escargots, la viande matu- la 5G, alors que certaines communes
rassemblé, lors de son lancement, quelque W. Borsus : « C’est un enjeu important de rée et les fromages au lait cru. Globale- restent confrontées à des zones blanches et
150 participants. Il comprend des adminis- pouvoir articuler plus directement la for- ment, nous formons gratuitement quelque grises. La connectivité est essentielle pour
trations partenaires comme l’AWEX et des mation avec les besoins de l’activité écono- 10 000 personnes par an. Les produits accroître le développement et l’attractivité
producteurs désireux d’être soutenus pour mique, notamment vers des métiers d’ave- wallons d’hier, d’aujourd’hui et de demain des territoires ruraux et attirer des inves-
explorer de nouveaux marchés, en Flandre nir ou en pénurie. » valent la peine d’être connus à l’internatio- tisseurs. C’est également dans les zones
et à l’étranger. » nal. Il suffit d’aller aux États-Unis pour se rurales que le numérique a du sens, là où des
T. Nollet : « Nous assurons une vocation péda- rendre compte que la Belgique est d’abord produits de niche peuvent économiser des
C. Scholzen : « Nous avons développé un outil gogique envers nos clients en délivrant des et avant tout connue pour ses denrées ali- déplacements. Le numérique au service de
permettant aux entrepreneurs, en particu- programmes de formation garantissant aux mentaires, telles que son chocolat et ses la non-mobilité en quelque sorte. »
lier les agriculteurs et les PME, de vérifier la employeurs une pleine autonomie d’action gaufres. »
pérennité de leur projet au niveau de la dura- sur des questions managériales, sociojuri- B. Hucq : « L’attractivité du territoire doit être
bilité environnementale, sociale et écono- diques, fiscales et relationnelles. Avec des en effet renforcée en termes de connectivité
mique. Ce scan détermine les points forts et clients comme le Forem et l’IFAPME, nous ❚ ❚ Quel est l’impact de la - mobile ou non -, d’équipements et de fibre
les points faibles. Il leur permet par exemple participons à l’élaboration de projets de digitalisation pour nos entreprises ? optique. La connectivité mobile a connu des
ensuite de se positionner s’ils désirent inves- réinsertion professionnelle. Nous bâtissons progrès ces dernières années, mais beaucoup
tir dans leur entreprise ou la transmettre. » également d’importantes synergies avec le B. Hucq : « En Wallonie, le numérique se déve- reste encore à faire au niveau de la connecti-
monde académique. L’humain restant notre loppe de plus en plus, tant du côté des usages vité fixe et de la fibre optique. »
D. Valentiny : « Il existe aussi, comme c’est priorité, nous garantissons la paix sociale du citoyen que des entreprises. Il constitue
le cas chez Engine, des programmes d’ac- auprès des entreprises et avons pu contrer ainsi une opportunité pour plus de business, y A. Lefèbvre : « Même dans des secteurs
compagnement permettant aux candidats certains projets d’entreprise trop préjudi- compris au-delà des frontières via e-commerce. aussi traditionnels que l’immobilier et la
au scale-up de se mettre en ordre de bataille ciables à l’emploi. Nous étendons nos services Nous devons néanmoins encore progresser en construction, la digitalisation et le numé-
avant d’aller trouver des investisseurs pour au particulier en apportant des réponses sur matière de compétences et de talents informa- rique confèrent une grande valeur ajoutée.
des levées de fonds. » le numérique, la mobilité, les questions liées tiques ou liés au numérique. La transformation Par exemple, les outils de monitoring per-
à la motivation du personnel et à l’équilibre des métiers par le numérique nécessite une mettent de suivre les consommations éner-
J.-S. Walhin : « Deux tiers de nos formations vie professionnelle-vie privée, au bien-être adaptation de la formation, tant au niveau de gétiques dans le temps et de réaliser de l’en-
sont faites à la suite d’une demande. En jusqu’à la conscientisation des travailleurs sur l’enseignement obligatoire que professionnel. » tretien préventif. Ils répondent de ce fait àVous pouvez aussi lire
