LE RENOUVEAU DE LA GAUCHE AMÉRICAINE - Revue des Deux ...
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ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS LE RENOUVEAU DE LA GAUCHE AMÉRICAINE ■ NIELS PLANEL ■ “U ne France suffit ! (1) » C’est ainsi que le journaliste du New York Times Roger Cohen exprimait en mars dernier son insatisfaction à voir le nouveau président des États-Unis défendre un étatisme à la française. La contre-révolution initiée par Barack Obama est salutaire, écrivait-il, mais pas ses dépenses monstrueuses, qui marquent le retour en force d’un intervention- nisme rarement vu en trente ans. Et de la Brookings Institution, qui se demandait : « L’Amérique est-elle la nouvelle France ? », au magazine Time qui expliquait en septembre 2008 « Comment nous sommes devenus les États-Unis de France » jusqu’au budget passé en 2009, censé, selon un critique, marquer la « France-ification » du pays, cette référence régulière à l’Hexagone trouve son origine dans une réflexion plus large liée au renouveau de la gauche aux États- Unis et à la réémergence, dans son sillage, d’un gouvernement fort. Indéniablement, le mouvement progressiste américain a retrouvé des couleurs, et les débats de ce type, qui sont nés de l’élection du président démocrate, en témoignent. 52 1001ET&REF007.indd 52 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Mais si le cycle conservateur initié par Ronald Reagan en 1981 semble achevé, le Parti démocrate n’en revient pas moins de fort loin et doit encore démontrer son aptitude à gouverner avec succès. De fait, en 2000, le parti de l’âne était anéanti par des républicains qui ne se cachaient plus de vouloir établir une « majorité permanente ». Au sortir des années Clinton, les démocrates se sentaient comme aliénés. La prospérité qu’elles ont générée était certes indiscutable. Mais, réforme de l’État-providence, budget à l’équilibre, libre- échange, déréglementation financière et autres initiatives en faveur du monde des affaires, les « Rubinomics » – du nom de l’influent secrétaire au Trésor Robert Rubin – ont été loin de déplaire aux conservateurs, et de satisfaire des progressistes désorientés par cette « troisième voie ». Un establishment démocrate fatigué et obsédé par le pouvoir les a lassés. Et l’échec du discours populiste d’Al Gore lors de l’élection de 2000 devait doucher leurs espoirs, reléguant le Parti démocrate à l’opposition pour six ans. Pourtant, comme l’explique avec talent le journaliste du New York Times Matt Bai (2), c’est durant cette période de crise identitaire que plusieurs éléments se sont mis en place pour concourir à une profonde rénovation des idées démocrates. Tout d’abord, la création, souvent financée par de grandes for- tunes américaines comme George Soros, de think tanks de gauche, à l’instar du très actif Center for American Progress – dont le fon- dateur, John Podesta, a géré la transition entre George W. Bush et Barack Obama – ou de l’Economic Policy Institute – dont l’un des plus fameux économistes, Jared Bernstein, est devenu conseiller du vice-président Joe Biden – a beaucoup contribué à renouveler l’argu- mentaire des progressistes et à nourrir des programmes politiques pointus. Le volontarisme politique a également été remis au goût du jour quand des citoyens des quatre coins du pays ont envahi la Toile au fil des ans pour faire part de leur malaise face à la dérive de l’establishment démocrate. L’apparition d’une blogosphère « libérale » – de gauche, au sens américain – qui a su rivaliser avec les talk-shows conservateurs et qui a pu mobiliser fonds et foules a été un pilier essentiel de la renaissance démocrate, comme l’a démontré Barack Obama au cours de sa campagne. Et des sites comme MyDD.com, DailyKos et MoveOn sont également devenus 53 1001ET&REF007.indd 53 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine des véhicules d’idées capables de rallier les électeurs et de défier l’ordre établi. Mais pas seulement. C’est l’ancien et audacieux candidat à la présidentielle Howard Dean qui a contribué à mettre le feu aux poudres. Lors de l’élection de 2004, déclarant représenter « l’aile démocrate du Parti démocrate », usant de l’Internet en pionnier et allant à contre-courant des conformistes dans son parti, il rompt de manière décisive avec l’establishment, alors incarné par John Kerry. Opposant notoire à la guerre en Irak et en faveur d’une couverture maladie universelle, Howard Dean était l’icône des liberals amé- ricains. En un sens, Barack Obama n’a fait que capitaliser sur ses acquis lors du duel qui l’a opposé à Hillary Clinton – une autre figure de l’establishment. Devenu ensuite secrétaire général du parti de l’âne, Howard Dean a également initié une autre révolution lors des élections de mi-mandat, en 2006, au travers de la « stratégie des cinquante États », qui consistait à répartir des fonds et des stratèges démocrates dans toute l’Amérique, pour consolider leurs positions sur le long terme, et non pas à cibler uniquement quelques États- clés sur le court terme. Autre artisan influent de la victoire des démocrates à la Chambre des représentants en 2006, Rahm Emanuel avait beaucoup critiqué cette idée, qui s’est pourtant révélée fructueuse – et qui a été également reprise par M. Obama. Pour détruire l’emprise du Parti républicain sur plusieurs circonscriptions, le pugnace Emanuel avait décidé d’y présenter des candidats centristes et populistes. Signe des temps, après sa victoire à la présidentielle de 2008, M. Obama a offert le poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche au centriste Emanuel ; le liberal Howard Dean ne s’est rien vu proposer. Mais indéniablement, l’un des facteurs majeurs dans le succès des démocrates au Congrès et à la Maison-Blanche reste la prési- dence de George W. Bush, qui a épuisé l’Amérique, terni son image à l’étranger, et s’est rendue coupable d’incompétence en envahissant l’Irak, en ne sachant comment gérer les méfaits de l’ouragan Katrina et en contribuant à faire naître l’orage économique qui a détruit des millions d’emplois et élargi davantage encore les fractures depuis l’éclatement de la crise. De 2001 à 2006, en contrôlant tout à la fois la Maison-Blanche et le Congrès pour la première fois en cinquante ans, la droite américaine a pu révéler son vrai visage au monde. 54 1001ET&REF007.indd 54 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Son intégrisme et son acharnement à refuser une politique plus humaine en matière d’immigration ont également achevé d’éloigner les modérés et les Hispaniques. De fait, la faillite morale, politique et économique de la « révolution conservatrice » semble avoir discré- dité la droite pour de longues années. Doué d’une discipline de fer, le charismatique outsider Barack Obama en campagne n’avait plus qu’à bâtir sur cette somme d’élé- ments pour s’imposer dans les urnes (3). Une Amérique à gauche ? Pour autant, aujourd’hui encore, les États-Unis sont plus conservateurs que l’Europe sur bien des aspects et restent attachés au système capitaliste ; parler d’une Amérique « à gauche » peut donc laisser songeur. Toutefois, elle n’est déjà plus la nation de Ronald Reagan, ou celle qui a voté deux fois pour George W. Bush. C’est ce qu’a bien compris M. Obama, qui, plus qu’en politique, a pour ainsi dire regardé l’Amérique en parfait sociologue et en démographe averti pour formuler ses propositions lors de la cam- pagne – et continue à le faire aujourd’hui à la Maison-Blanche. Les travaux des politologues Ruy Teixeira et John Judis, qui ont entrevu dès 2002 « l’émergence d’une majorité démocrate » (4) avant la fin de la décennie, ont été à l’avant-garde de cette prise de conscience d’une évolution de l’électorat américain vers la gauche, favorisée par des facteurs démographiques, géographiques, écono- miques et politiques, mais temporairement freinée, selon eux, par le choc du 11 Septembre. Au terme d’une longue enquête reprenant vingt ans de sondages, l’institut Pew lui-même a conclu dès le début de la campagne présidentielle que le paysage politique favorisait les démocrates sur de nombreux aspects (5). Et si, en dépit des appels à la réconciliation lancés par M. Obama, les États-Unis restent un pays polarisé, Ruy Teixeira a relevé (6) que les élections de 2008 ont vu les démocrates marquer des points auprès des groupes les plus dynamiques au plan démo- graphique, à commencer par les jeunes et les minorités – l’avenir de la société américaine. La nouvelle coalition progressiste se compose également de femmes, de Blancs diplômés et/ou aisés et d’ouvriers. 55 1001ET&REF007.indd 55 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Seuls les électeurs les plus religieux ou les plus âgés continuent à soutenir les républicains. Depuis son élection, M. Obama continue à courtiser les minorités hispanique et afro-américaine, notamment au travers d’interviews accordées à leurs médias. Son souhait de nommer Sonia Sotomayor, femme et Hispanique, à la Cour suprême a relevé de cette politique de séduction. Et son statut d’icône politique pour les jeunes et les classes diplômées est plus que consacré. Ce réalignement devrait contribuer à solidifier les gains des démocrates au fil des ans, d’autant que les circonscriptions élec- torales devraient être redessinées en leur faveur dans la foulée du recensement de 2010. Géographiquement, la carte électorale s’est d’ailleurs déjà restructurée en faveur des démocrates, et en 2012, Obama entend la consolider dans le Sud-Ouest – notamment en Arizona, où il pense avoir perdu en 2008 parce que son rival John McCain en était le sénateur. Pour l’heure, seul reste donc acquis aux républicains le Sud réactionnaire – en mettant de côté la Floride, acquise à M. Obama en 2008. Et ceci, alors même que les Américains qui déclarent être républicains n’ont jamais été aussi peu nombreux en vingt-six ans – seulement 20 % en octobre 2009, pour 33 % de démocrates et 42 % d’indépendants, selon un sondage Washington Post-ABC News Poll. Notons que le nombre d’individus se déclarant indépendants n’a cessé de croître. Depuis les années quatre-vingt, les Américains n’ont en effet jamais été totalement acquis à un parti plus qu’un autre au point de vouloir lui offrir une majorité permanente, don- nant régulièrement la Maison-Blanche ou les chambres du Congrès aux adversaires du parti en place. Cependant, ils restent aujourd’hui plus proches des démocrates, l’attrait de Barack Obama restant fort. C’est bien la frange modérée de l’électorat qui a porté ce dernier au pouvoir en 2008 : le plébiscite pour des réformes a été clair, mais sans placer l’Amérique à gauche de la gauche sur l’échiquier politique. Un an après l’élection, s’ils regardent avec un rien de sus- picion des politiques démocrates jugées très coûteuses et intrusives, ils sont 83 % d’indépendants à déclarer ne pas faire confiance aux républicains pour prendre les bonnes décisions. C’est pourquoi ce groupe reste une cible privilégiée du parti de l’âne. Et c’est aussi la raison pour laquelle le président Obama a décidé de remettre ces 56 1001ET&REF007.indd 56 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Américains ordinaires au centre du débat sur l’avenir d’un modèle américain décimé par une crise du capitalisme financier sans pré- cédent depuis 1929, un débat d’une richesse inégalée qui se joue à gauche. Effusion d’idées au sein de la gauche, néant intellectuel à droite C’est sans doute la figure de proue de la gauche américaine Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, qui a le mieux redéfini la philosophie de son mouvement ainsi que ce que les acceptions de « libéral » et de « progressiste » recouvrent aujourd’hui dans leur sens américain : « Les liberals sont ceux qui croient dans les institutions qui limitent l’inégalité et l’injustice. Les progressives sont ceux qui participent, explicitement ou implicitement, à une coalition poli- tique qui défend et tente d’élargir ces institutions. (7) » Pour autant, il reste difficile, aujourd’hui encore, d’étiqueter précisément la philosophie politique du président. Surpris par la question d’un journaliste du New York Times, qui lui demandait s’il était « socialiste », M. Obama l’avait d’ailleurs rappelé sur son cellu- laire pour manifester son étonnement face à une telle idée. Le poids des indépendants étant ce qu’il est, M. Obama apparaît plus pragma- tique qu’attaché à une idéologie. Exceptionnellement, en mars 2009, il s’est décrit comme un « nouveau démocrate », en référence au courant modéré en faveur du libre-échange et d’une diplomatie musclée, et dont la figure la plus populaire est restée Bill Clinton. Il a alors également déclaré être un « démocrate pro-croissance » (8). M. Obama est sans conteste au nombre de ces démocrates de centre gauche qui croient en les vertus de l’économie de mar- ché. Mais, dans la lignée de Franklin Roosevelt et de son New Deal apporté en réponse à la crise de 1929, il se pose en réformiste qui veut sauver le capitalisme de lui-même – et non pas l’abolir – et s’appuie fermement sur l’État pour cela. Lors de la campagne, il a répété à plusieurs reprises croire au capitalisme, à l’esprit d’entre- prise et à l’économie de marché, et, une fois élu, a même précisé : « Si le marché fonctionnait bien, personne ne serait plus heureux que moi d’en rester au dehors. » 57 1001ET&REF007.indd 57 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Mais, confronté aux souffrances des Américains, aux frac- tures de la société, M. Obama semble parfois regarder son pays en social-démocrate européen. Il n’est sans doute pas vain de rappeler qu’à la différence de beaucoup de dirigeants du monde industrialisé, M. Obama a côtoyé les plus démunis, ceux dont il prétend améliorer le sort. La misère de Chicago, la corruption qui gangrène l’Afrique ou l’Asie, une banqueroute personnelle (après une élection perdue en 2000) et les prêts à rembourser, ce sont là des expériences qu’il a vécues et qui ont forgé son existence en retour. Et on l’oublie sans doute aujourd’hui mais, activiste dans les quartiers pauvres de Chicago, puis avocat et sénateur dans l’Illinois, où il a défendu des idées libérales, M. Obama vient bien de la gauche de l’échiquier politique. Enfin, métis ayant voyagé aux quatre coins du monde avant même ses 30 ans, il est aussi un pur produit de la mondia- lisation. C’est ce qui fait de lui un outsider à même de réformer la machine politique américaine – précisément parce qu’il a évolué loin de son cœur, Washington. Mais le moindre des paradoxes n’est pas que, pour ce faire, M. Obama ait rempli ses équipes d’anciens cadres de l’Administra- tion Clinton. Or, si le personnage reste immensément populaire, l’héritage de Bill Clinton – déréglementation, budget à l’équilibre, réforme de l’État-providence – est davantage critiqué. Car la crise du capitalisme financier prend aussi racine dans certaines des politiques mises en œuvre au cours de sa présidence. On lui reproche (9) aujourd’hui d’avoir pris certaines initiatives, notamment d’avoir abrogé en 1999 le Glass-Steagal Act, qui avait créé une séparation nette entre banques de dépôt et banques d’investissements en 1933, et d’avoir échoué à réglementer les produits dérivés, instruments financiers opaques qui ont donné à l’industrie financière la solidité d’un château de cartes. De son côté, ancien chantre de la rigueur budgétaire, Robert Rubin a d’ores et déjà fait amende honorable dans les pages du New York Times (10), expliquant qu’il fallait faire face à la crise actuelle en réformant le système financier et en mobilisant des ressources conséquentes – et tant pis pour l’orthodoxie budgé- taire tant que la croissance ne sera pas revenue ! Ce proche de Wall Street qui avait plaidé avec ferveur pour l’abrogation du Glass-Steagal Act dès le milieu des années quatre-vingt-dix et a 58 1001ET&REF007.indd 58 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine favorisé l’essor de la finance continue à avoir de l’influence à la Maison-Blanche, puisque nombre de ses protégés, à commencer par l’actuel secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, ou l’un des prin- cipaux conseillers économiques, Lawrence Summers, eux-mêmes familiers du monde des affaires, dominent l’équipe économique de M. Obama. Fondateur du Hamilton Project, groupe de réflexion de centre gauche établi en 2006 à la Brookings Institution, Robert Rubin a pu recycler ses idées en prenant également toute la mesure du phénomène de mondialisation. De ce groupe sont notamment issus Peter Orszag, directeur du Budget à la Maison-Blanche, Jason Furman, membre du Council of Economic Advisers du président, ou encore Douglas Elmendorf, qui succède à M. Orszag à la tête du Congressional Budget Office. Or, les « Obamanomics » tirent pour une bonne part leurs racines des politiques proposées par ce courant centriste, dont la philosophie pourrait se résumer à cette idée que, « alors que les marchés libres [free markets] sont la pierre angulaire de la croissance économique, une action robuste du gouvernement est nécessaire en vue de soutenir et de compléter les forces du marché et d’aider au partage des gains de la croissance de manière plus étendue » (11). Pour ces progressistes, le marché est bien la source prin- cipale de croissance. Mais, conscients du creusement des inéga- lités, ils entendent armer les individus pour qu’ils puissent faire face à la compétition mondiale – plutôt que de les abandonner à eux-mêmes, comme l’a fait la droite depuis Reagan –, les inci- ter à épargner, les aider à rebondir face aux échecs, et mettre en œuvre une fiscalité progressive pour partager les richesses et lutter contre les disparités. En défendant le concept de sécurité écono- mique – investissement dans l’éducation, couverture maladie, lutte contre le réchauffement climatique, réforme du chômage, etc. –, ils entendent permettre aux individus de prendre des risques et de faire face à la mondialisation, et stimuler la croissance. Et, pour ce courant, c’est l’État qui doit intervenir pour réglementer et mettre en œuvre ces politiques. Mais nombreux sont ceux qui tirent à boulets rouges sur la philosophie de ces centristes. Paul Krugman, qui a ses colonnes hebdomadaires au New York Times, est l’un des plus fins critiques des propositions de Barack Obama, l’accusant notamment de vou- 59 1001ET&REF007.indd 59 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine loir revenir à l’instant t précédant l’éclatement de la tempête éco- nomique, sans aller plus loin dans sa transformation de l’économie et de la finance. Avec l’avènement de la présidence Obama, le Times est d’ailleurs devenu une plate-forme qui confronte les idées de la gauche américaine. Joseph Stiglitz, autre Nobel d’économie, s’est pour sa part emporté contre « l’ersatz de capitalisme » (12) que tente d’imposer, selon lui, M. Obama. La blogosphère libérale n’est pas en reste, et le chantier de la réglementation financière est celui qui a fait naître les plus violentes divergences entre centristes et radicaux. Il reste qu’un Congrès aux mains des démocrates devrait faciliter la tâche du président, d’autant qu’il s’est entouré de col- laborateurs qui en maîtrisent les ressorts. Mais même au sein de l’organe législatif, le débat reste passionné. Ainsi, si la Chambre des représentants reste dominée par sa speaker, la libérale Nancy Pelosi, les blue dogs democrats, des élus démocrates de circonscriptions conservatrices, n’hésitent pas à tempérer les ardeurs budgétaires de M. Obama. Car les ambitions du président ont un coût faramineux, comme en témoigne le déficit américain, à l’encontre de l’ortho- doxie budgétaire défendue par ces autres centristes. Plus encore, le Sénat de Harry Reid, chef de la majorité démocrate, compte aussi des figures comme Ben Nelson, du Nebraska, le plus conservateur à gauche, qui arrivent à faire pencher les lois en faveur des centristes, ou le socialiste déclaré Bernie Sanders. M. Obama se doit donc de choyer le Congrès pour faire avancer son agenda, et ne se prive pas de le faire en établissant des relations individuelles avec de nombreux législateurs – et en tâchant d’avoir le dernier mot sur les projets des deux chambres. Le soutien modéré du président sur les enjeux sociaux en irrite également plus d’un dans les groupes concernés (homosexuels, pro- avortement, etc.). Et les associations de protection des droits de l’homme sont pour leur part très critiques de voir M. Obama prolon- ger certaines politiques de son prédécesseur. Cette renaissance démocrate se nourrit évidemment d’un déclin manifeste de la droite. La gauche clintonienne ou blairiste s’est construite à l’intérieur d’un cycle conservateur instauré par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Celle que M. Obama essaie de mettre en place s’établit sur les décombres de la droite américaine. 60 1001ET&REF007.indd 60 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Paradoxalement ce sont les auteurs conservateurs Ross Douthat et Reihan Salam qui ont tôt vu à quoi la gauche américaine pour- rait bien ressembler – avec ou sans M. Obama –, prophétisant (13) qu’« une combinaison de la gauche populiste et du centre néolibé- ral [au sens américain] (14) pourrait émerger comme la prochaine majorité politique aux États-Unis [...]. Ce libéralisme d’un nouveau genre marierait un centrisme d’économie de marché des années Clinton à un renouveau pour une social-démocratie de type euro- péen, le vieux rêve de la gauche américaine ». Et c’est bien cette forme de « France-ification » qui est fustigée aujourd’hui (15). Seu- lement, ils sont conscients que leur parti a perdu son emprise sur la classe moyenne et n’offre actuellement aucune alternative. De fait, la droite américaine est sortie pulvérisée de l’élection de 2008, au point que les républicains n’arrivent plus même à donner une résonance sérieuse au terme « socialisme », il y a encore peu une insulte qui a effrayé des générations d’Américains depuis l’époque du maccarthysme. Au reste, depuis sa nomination, et au nom d’un esprit « bipar- tisan », M. Obama a accueilli de nombreux républicains dans son camp. En réalité, les modérés sont progressivement « convertis » en démocrates pour affaiblir un Parti républicain ainsi transformé en un simple parti du Sud. La nomination du gouverneur Jon Huntsman au poste d’ambassadeur en Chine a privé la droite d’un leader poten- tiel. En avril, le choix du sénateur Arlen Specter de changer de parti, convaincu qu’être un républicain modéré ne lui permettrait plus de gagner les primaires de son parti en Pennsylvanie, a reflété la radicalisation du mouvement conservateur. L’ancien secrétaire d’État Colin Powell, qui avait apporté son soutien à M. Obama peu avant son élection, a également dénoncé l’influence qu’exerce l’aile droite du parti sur les républicains. Et la modérée Olympia Snowe est la seule républicaine du Sénat à avoir fait des efforts réels en faveur de la réforme de la santé. Il ne reste guère que le stratège Karl Rove, le leader répu- blicain Newt Gingrich, l’ancien vice-président Dick Cheney, la chaîne Fox ou l’animateur de radio Rush Limbaugh pour défendre l’héritage discrédité de George W. Bush. Et le Sénat lui-même ne compte aujourd’hui presque plus que des républicains aux positions extrêmes qui sont bien loin de séduire l’opinion. 61 1001ET&REF007.indd 61 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine “Une nouvelle fondation” pour la socio-économie américaine Le président contre-révolutionnaire n’est pas seulement occupé à défaire la « révolution conservatrice » initiée par Reagan. Comme tant d’autres nations industrialisées, l’Amérique fait aujourd’hui face à un monde interdépendant, dans lequel fabriquer une voiture ou facturer un service coûte moins cher ailleurs, et il faut donc voir au- delà de la simple sortie de crise. Son agenda progressiste se veut être un programme moderne, à même de générer prospérité et sécu- rité économique dans l’Amérique de demain. Car M. Obama a bien compris qu’« après avoir mondialisé le monde pendant cinquante ans, l’Amérique va devoir se mondialiser », selon la formule du jour- naliste Fareed Zakaria, dont il est un lecteur. Son projet porte donc aussi sur l’avenir de la société post- industrielle, sur une « nouvelle fondation pour la croissance et la prospérité », et la classe moyenne se retrouve en son cœur. S’ins- pirant des idées du Hamilton Project, qui suggère que « la question n’est pas de savoir si l’intégration économique mondiale progressera rapidement mais si les États-Unis feront partie de ce processus et en obtiendront les bénéfices conséquents » (16), ses réformes semblent faites sur mesure pour attaquer de front le phénomène de mondia- lisation, et non pas le remettre en cause (17). Interrogé sur sa vision de l’avenir, M. Obama a expliqué : « Je pense que l’économie post-bulle que je décris est celle dans laquelle l’on restaure un équilibre entre la production de marchandises et l’offre de services […]. Nous n’allons pas retourner à une économie où l’industrie manufacturière représente une aussi large part que dans les années quarante, tout simplement à cause de la robotisation et des avancées technologiques » (18). M. Obama a répété à plusieurs reprises son souhait de créer une économie qui honore la dignité du travail et récompense l’inno- vation. Pour lui, les individus doivent garder coûte que coûte la maî- trise de leur destin en échange de leur labeur – « l’assistanat » ayant été répudié par la philosophie politique de Bill Clinton et de Tony Blair dans les années quatre-vingt-dix. Dans le domaine de l’éducation, le président est pour le moins ambitieux : « En 2020, l’Amérique aura de nouveau la plus impor- 62 1001ET&REF007.indd 62 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine tante proportion de diplômés du supérieur dans le monde », a-t-il déclaré devant le Congrès en février 2009. Après tout, plus de la moitié de la force de travail américaine est actuellement peu ou pas diplômée. Or, mettre l’accent sur une main-d’œuvre très éduquée revient précisément à la soustraire à une compétition directe avec les ouvriers chinois, dans cette fuite en avant perpétuelle qu’est la course à l’innovation : c’est, typiquement, la société IBM cédant sa division « PC » au chinois Lenovo pour se concentrer sur le conseil, la sous-traitance et la mise au point de logiciels. En février, M. Obama avait précisé : « Dans une économie mondialisée dans laquelle la compétence la plus appréciée que vous pouvez vendre est votre savoir, une bonne éducation n’est plus seulement un chemin vers les opportunités – c’est un préalable. » Il s’agit donc pour le gouver- nement de mettre en place des programmes prenant en charge les Américains de la petite enfance à l’université. En proposant à ses compatriotes une assurance-maladie digne de ce nom – cette réforme est restée une priorité sur son agenda –, M. Obama ne souhaite pas seulement réparer une anomalie au coût humain absurde ; il permet également aux entreprises, qui ont à assumer les coûts croissants de la couverture de leurs employés, de devenir plus compétitives, et aux salaires de ne plus être rongés par elle. Ainsi, la prise en charge de l’assurance de ses employés n’a certainement pas été un petit facteur dans la faillite de General Motors. Les compétiteurs étrangers n’ont pas ce problème, l’influent sénateur démocrate Max Baucus ayant été jusqu’à observer que « les entreprises [américaines] ne peuvent rivaliser sur le marché mon- dial, les coûts de l’assurance-maladie étant si élevés » (19). D’où le soutien du monde des affaires à une réforme de la santé. Or, si elle se révèle être un succès, cette réforme devrait réellement renouveler la confiance des Américains dans leur gouvernement et tirer le pays davantage vers la gauche. Grâce à une économie plus verte, les États-Unis pourraient rompre cette dépendance qui pousse Washington à emprunter des sommes colossales à la Chine pour acheter du pétrole aux Saou- diens, et créer une multitude d’emplois pour « cols verts ». Ce souci d’indépendance face au reste du monde se double aussi de l’idée bien comprise que le réchauffement climatique ne peut être com- battu que globalement, non pas à l’échelle d’une nation. 63 1001ET&REF007.indd 63 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Alors que la productivité est en hausse depuis les années soixante-dix, les salaires ne cessent de stagner. Les progressistes ont compris que lorsque 1 % de la population s’accapare plus de 20 % de la richesse du pays, avec un niveau d’inégalités aujourd’hui digne de celui des années vingt, que les puissants ont des capacités d’arbitrage et de négociation sans commune mesure avec celles des travailleurs, il faut redistribuer les richesses en augmentant les impôts sur les plus riches – sans doute en retrouvant le niveau d’impo- sition de l’ère Clinton – et s’employer à renforcer les syndicats. Et M. Obama entend également prendre des mesures pour favoriser le commerce équitable et sanctionner les délocalisations réalisées pour le simple profit. Un traitement humain de la question de l’immigration est indispensable, sans doute via une régularisation des sans-papiers. Car une économie américaine dynamique continuera à avoir besoin de main-d’œuvre et de talents. Et une bonne réforme devrait lui assurer la fidélité de l’électorat hispanique, notamment dans l’Ouest, le Sud-Ouest et en Floride. Enfin, le président américain a déjà commencé à investir dans les infrastructures du pays via son plan de relance et son budget, et entend soutenir la recherche et le développement, ainsi que l’exten- sion du réseau Internet aux quatre coins de l’Amérique. En dépit de leur inspiration centriste, le vernis social des réformes de Barack Obama est loin de se résumer à une fine pelli- cule, et les fonds colossaux mobilisés à cet effet en sont la meilleure preuve. Robert Reich, ancien secrétaire au Travail de Bill Clinton, a bien vu (20) pourquoi les « Obamanomics » reposaient en grande partie sur les investissements publics : « Dans une économie mon- dialisée, le capital va là où il peut faire les meilleures affaires sur le globe. Cela signifie que le capital et les emplois vont vers les pays qui peuvent promettre d’importants rendements, soit parce que la main-d’œuvre est peu chère et les taxes et la réglementation limitées, ou soit parce que la main-d’œuvre est hautement produc- tive – éduquée, en bonne santé et soutenue par des infrastructures modernes », explique-t-il. M. Reich relève qu’au cours des vingt-cinq dernières années, l’Amérique s’est tournée vers la première option – une « recette pour de bas salaires et un plus faible niveau de vie pour bien des Américains », qui a généré un accroissement des inégalités. 64 1001ET&REF007.indd 64 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Mais il observe que « la seule ressource qui soit vraiment enracinée dans une économie nationale est son peuple – ses talents, ses idées, son aptitude à collaborer, ainsi que les systèmes de transport et de communication qui lient entre eux les individus », précisant que tout le reste – capital, technologie, design, usines et équipements – se déplace avec une étonnante facilité autour du globe. D’où l’idée de M. Obama d’infléchir la tendance et d’investir aujourd’hui dans le peuple américain. Un défi de taille s’est pourtant invité à la dernière minute dans son agenda : superviser et réglementer les activités d’une industrie financière opaque, protéger les consommateurs et restaurer la confiance pour que la capacité de prêter des banques, ces veines du capitalisme, soit préservée. Mais c’est là aussi une tâche ardue, quand plus d’un tiers des profits réalisés aux États-Unis le sont dans la finance et qu’il n’est pas de nouveau modèle prêt à remplacer l’actuel. Les compromis sont inévitables. Et la bataille de la régle- mentation ne peut être elle aussi que globale. Autant de réformes qui doivent générer à terme confiance et prospérité. Pour les mener de front, le dirigeant américain doit égale- ment rebâtir la confiance des citoyens en l’État fédéral après trente ans d’attaques des conservateurs, pour qui le gouvernement n’était « pas la solution, mais le problème », et déviant pour ce faire de la vision de Bill Clinton, contraint de déclarer en 1996 que l’ère du « big govern- ment » était finie. Car Barack Obama croit en l’activisme du gouverne- ment pour sortir son pays de la crise. Si, depuis son fameux discours de 2004, il rappelle en effet que les Américains n’attendent pas du gouvernement qu’il résolve tous les problèmes et que les individus doivent se prendre en charge, il estime pour autant que ces derniers sont liés par une responsabilité mutuelle et que l’État reste donc là pour préserver cette idée que n’importe qui peut gravir toujours plus haut les marches de la société. Empruntant au langage de la Bible, il a souvent exprimé sa vision du lien social en affirmant : « Je suis le gardien de mon frère, le gardien de ma sœur. » À ce titre, il entend œuvrer à la mise en œuvre d’un « gouvernement iPod », une adminis- tration du XXIe siècle efficace et transparente, aux services tout aussi simples d’emploi que le petit baladeur d’Apple, et fondée sur certains principes de l’économie comportementale et sur le concept de « gou- vernance collaborative ». 65 1001ET&REF007.indd 65 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine Un renouveau durable ? Ce vaste projet de transformation de la société vient à un certain prix. De fait, au plan des enjeux de société, le mutisme du dirigeant démocrate est parfois comme assourdissant. Sur la ques- tion de l’avortement, M. Obama n’a pu qu’appeler les uns et les autres à cesser de se diaboliser mutuellement dans un discours en mai 2009, et si le Parti démocrate soutient ce droit, il souhaite qu’il ne soit exercé que dans le moins de cas possibles. Aux premiers cris des républicains, un programme pour la contraception que devait financer le plan de relance de février 2009 a été retiré presto. De même, l’appui du président aux homosexuels, qui l’ont pour- tant massivement plébiscité lors de l’élection, reste limité. Le port d’armes n’est pas en question, la plate-forme démocrate d’août 2008 ne remettant pas en cause le deuxième amendement à la Constitu- tion, qui le légitime (21). La peine de mort n’est pas même un sujet d’actualité : le président n’y est pas opposé. En fait, patriote, attaché à sa foi, bon père de famille, M. Obama reflète une image qui séduit les conservateurs, et il se garde bien de raviver à aucun moment les « guerres culturelles » qui ont déchiré son pays – et coûtent en capital politique : une polémique liée au sort des homosexuels dans l’armée (« Don’t ask, don’t tell ») avait ainsi freiné l’élan réformateur de Bill Clinton en 1993. Dans son essai politique, l’Audace d’espérer, M. Obama a dédié tout un chapitre aux « valeurs », expliquant que les démo- crates se devaient de reconquérir un terrain abandonné aux conser- vateurs. D’où cette stratégie, qui permet au président de neutraliser les guerres culturelles et de faire progresser son agenda économique avec un large soutien – et d’isoler les républicains et de rallier à lui le précieux électorat indépendant. Mais cela s’accompagne également de la conviction que, dans une société américaine où les fractures grèvent les couches populaires, celles-ci sont bien obligées de se rattacher à certains principes – un jugement qui, lorsqu’il avait été repris dans les médias au cours de la campagne, avait paru condes- cendant. L’emprise conservatrice sur les questions morales est-elle profonde ? Non, si l’on considère que les Américains nés au début des années quatre-vingt et après – la « millenium generation » – se 66 1001ET&REF007.indd 66 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine révèlent être beaucoup plus tolérants que leurs aînés sur ces mêmes enjeux. Et l’on parle là d’une génération de démocrates en puis- sance : en 2008, ils ont voté à 66 % pour Barack Obama – contre 32 % pour son rival républicain. Cette génération ajoute 4,5 millions d’individus à l’électorat chaque année. Ce n’est donc qu’une ques- tion de temps avant que les valeurs de la génération la plus large, la plus diverse et, peut-être, la plus tolérante de l’histoire du pays ne se diffusent davantage. L’Amérique est aujourd’hui très, trop, fracturée pour ne pas virer à gauche. Mais quatre ou huit années suffiront-elles à voir naître cette société que Barack Obama a entrepris de sculpter ? Parvien- dra-t-il à dompter le phénomène de mondialisation ? Recueillera-t-il rapidement le bénéfice de ses réformes ? Parviendra-t-il même seu- lement à les mettre en œuvre ? L’intéressé n’est pas dupe : « Rien n’est plus dur en politique que de faire quelque chose qui coûte de l’argent maintenant pour en retirer les bénéfices dans vingt ans », a-t-il affirmé. Au reste, le New Deal de Roosevelt n’avait pas porté ses fruits rapidement, mais avait posé les bases d’une longue pros- périté. Et la débâcle des démocrates en 1994 ne doit pas faire oublier que ce renouveau de la gauche américaine ne sera durable que si les réformes de Barack Obama sont d’abord couronnées de succès : un système de santé qui demeurerait médiocre, ou une économie qui resterait atone, une dette qui deviendrait incontrôlable auraient des conséquences redoutables, augurant peut-être d’un retour au centre droit. Mais le cruel accroissement des inégalités et les dangereux ratés du capitalisme financier peuvent être un tremplin pour les mouvements progressistes à travers la planète. Avec audace et gra- vité, Barack Obama a été le premier à en donner l’exemple. 1. Roger Cohen, « One France is enough », The New York Times, 4 mars 2009. 2. Matt Bai, The Argument. Billionaires, Bloggers, and the Battle to Remake Demo- cratic Politics, Penguin Press, 2007. 3. Pour plus de détails, voir Niels Planel Sur les pas d’Obama. Le renouveau de la gauche américaine (Hachette Littératures, 2009), 1re partie : « Cette campagne qui a changé l’Amérique ». 4. John Judis et Ruy Teixeira, The Emerging Democratic Majority, Scribner, 2002. 5. « Trends in political values and core attitudes : 1987-2007. Political landscape more 67 1001ET&REF007.indd 67 17/12/09 11:52
ÉTUDES, REPORTAGES, RÉFLEXIONS Le renouveau de la gauche américaine favorable to democrats », enquête publiée par l’institut Pew le 22 mars 2007. 6. Ruy Teixeira, « New progressive America. Twenty years of demographic, geogra- phic, and attitudinal changes across the country herald a new progressive majo- rity », enquête publiée par le Center for American Progress en mars 2009. 7. Paul Krugman, The Conscience of a Liberal, Norton & Company, 2007, p. 268. 8. Jonathan Martin et Carol E. Lee, « Obama: I am a New Democrat », Politico, 10 mars 2009. 9. Peter Baker, « The mellowing of William Jefferson Clinton », in The New York Times, 31 mai 2009. 10. Robert Rubin et Jared Bernstein, « No more economic false choices », in The New York Times, 3 novembre 2008. 11. Jason Furman et Jason E. Bordoff (sous la direction de), Path to Prosperity: Hamilton Project Ideas on Income Security, Education and Taxes, Brookings Insti- tution, 2008, p. 3. 12. Joseph Stiglitz, « Obama’s ersatz capitalism », The New York Times, 1er avril 2009. 13. Ross Douthat et Reihan Salam, Grand New Party: How Republicans Can Win the Working Class and Save the American Dream, Doubleday, 2008, p. 9-10. 14. « Neoliberal » fait ici référence au mouvement politique initié dans les années 1960 qui défend tout autant des idées favorisant la justice sociale que l’impor- tance de la croissance économique. 15. Leur intuition n’est pas mauvaise. Dans The Conscience of a Liberal, Paul Krugman ne cite-t-il pas la France en exemple quand il s’agit de lutter contre les inégalités ? Idem pour le système de santé français : « Help is on the way », The New York Times, 5 juillet 2009. 16. Jason Furman et Jason E. Bordoff, op. cit., p. 7. 17. C’est d’ailleurs au travers d’un discours très peu connu, prononcé à l’occasion de l’inauguration du Hamilton Project, que Barack Obama a exprimé ses pensées sur le sujet de manière adamantine, se déclarant alors même être « de gauche ». Cf. « Res- toring America’s promise of opportunity, prosperity and growth », 5 avril 2006. 18. David Leonhardt, « After the Great Recession », The New York Times, 3 mai 2009. 19. Max Baucus, « Crisis isn’t too strong a word », Politico, 4 mai 2009. 20. Robert Reich, « Is Obamanomics conservative or revolutionary? », in Salon, 16 mars 2009. 21. Plate-forme démocrate présentée en août 2008, section « Firearms » (http:// s3.amazonaws.com/apache.3cdn.net/8a738445026d1d5f0f_bcm6b5l7a.pdf). ■Consultant établi à Washington, Niels Planel est l’auteur de Sur les pas d’Obama. Le renouveau de la gauche américaine (Hachette Littératures, 2009). 68 1001ET&REF007.indd 68 17/12/09 11:52
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