Le SpécialiSte CONNAISSEZ-VOUS LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ? - FMSQ
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le Spécialiste Vol. 20, no HS-1 | Septembre 2018
CONNAISSEZ-VOUS
LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ?
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Sommaire
Partez à la découverte La prévention, Explorer l’infiniment petit :
de la médecine spécialisée 5 pour un avenir en santé 23 pour une médecine de précision 36
Une rencontre avec la présidente
de la FMSQ 7
Guérir autrement : La technologie au service
tout est possible 27 des structures du corps humain 42
Un tour d’horizon de la médecine Soigner l’âme 30
spécialisée au Québec 11
Le nouveau visage
de la médecine spécialisée 48
Vaincre l’impossible 32
L’amélioration de
la qualité de vie 18
Le médecin résident,
un acteur méconnu 53
Édition HORS SÉRIE
Ce numéro hors série de la publication Le Spécialiste Ce numéro est tiré à 18 000 exemplaires POSTE‑PUBLICATION
a été produit par la direction des Affaires publiques et et est imprimé par Imprimerie F.L. Chicoine Contrat de vente 40063082
des Communications.
POUR NOUS JOINDRE DÉPÔT LÉGAL
ÉQUIPE DE PRODUCTION RÉDACTION 3e trimestre 2018
Dominic Armand, infographiste 514 350‑5021 Bibliothèque nationale du Québec
France Cadieux, conseillère en publicité ISSN 1206‑2081
communications@fmsq.org
Patricia Kéroack, responsable des éditions
PUBLICITÉ Les articles portant signature n’engagent que leur
Françoise Pontbriand, terminologue-réviseure
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
514 350‑5274 auteur ; il en est de même pour le contenu de chaque
COLLABORATEURS AUX TEXTES fcadieux@fmsq.org publicité. Le contenu ne peut être reproduit sans
Brïte Pauchet, Josée Descoteaux, Marie‑Claude Éthier, magazinelespecialiste.org l’autorisation écrite de l’éditeur. Tous droits réservés.
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
Micheline Fréchette et Renée Senneville. Fédération des médecins spécialistes du Québec
2, Complexe Desjardins, porte 3000
COMITÉ ÉDITORIAL
C. P. 216, succ. Desjardins,
Dre Sylviane Forget, Dr J. Marc Girard, LES ANNONCEURS DE CE NUMÉRO
Montréal (Québec) H5B 1G8
Me Sylvain Bellavance et Dr Raynald Ferland.
514 350‑5000 • Desjardins 2
La FMSQ désire remercier toutes les directions des • Sogemec Assurances 3 et 26
communications des CISSS-CIUSSS, des facultés de • RBC Banque Royale 6
médecine et des établissements qui ont fourni des • MultiD 55
informations ou des images pour ce numéro hors série. • Financière des professionnels 56
4
PARTEZ À LA
DÉCOUVERTE DE LA
MÉDECINE SPÉCIALISÉE
Savez-vous ce qu’est la médecine spécialisée en 2018 ? Savez-vous ce que
font les médecins spécialistes ? Vous en avez certainement une petite
idée. Avec les avancées de la science, où en sommes-nous aujourd’hui ?
Voilà pourquoi vous gagnerez à en savoir plus à la lecture de ce numéro
hors série du magazine Le Spécialiste, le magazine officiel de la Fédération
des médecins spécialistes du Québec. Un numéro que nous avons
I
préparé pour vous aider à mieux comprendre la médecine spécialisée.
l se dit beaucoup de choses sur la médecine spécialisée en 1936. Depuis cette date, le ministère a changé 4 fois de nom et,
au Québec. Le dossier de la rémunération des médecins en 82 ans, 24 tenants de 3 partis politiques différents ont occupé
a fait disparaître tous les bons coups que nous, méde- le poste de ministre, chacun ayant sa propre vision du ministère
cins spécialistes, faisons au quotidien. Nous savons qu’il et... ses impératifs liés à la plateforme électorale de son parti !
existe un immense problème quant à l’accessibilité, il faut
maintenant y trouver des solutions. Nous ne pouvons le Voilà pourquoi on dit que la santé est intimement liée à la
faire seuls puisque notre système public de santé est admi- politique et que les deux sont indissociables. Dans ce numéro
nistré par le ministère de la Santé. Nous ne pouvons avoir hors série, la Fédération des médecins spécialistes du Québec a
aucune action directe sur la gestion des budgets hospitaliers, voulu profiter du contexte actuel où « tout le monde commente
notre rôle est de soigner les patients selon les normes de la santé » et sortir du volet syndical pour montrer ce qu’est la
pratiques les plus récentes et d’inf luencer les gestionnaires médecine spécialisée et ce que font les quelque 10 000 médecins
qui nous permettent d’accéder aux plateaux techniques spécialistes québécois : ils soignent leurs patients, ils font évoluer
dans les délais requis. les connaissances scientifiques par leurs activités de recherche,
ils enseignent pour assurer la relève et ils occupent aussi des
Il est facile de critiquer ouvertement les médecins sur la place fonctions administratives au sein des universités et des hôpitaux.
publique, un jeu habilement mené par les politiciens, tous partis
politiques confondus. Ces critiques souvent acerbes et sans fon- Beaucoup s’impliquent dans divers groupes, causes et mouve-
dement nuisent énormément au moral des troupes. Les jeunes ments pour faire de la prévention ou pour transmettre une partie
médecins spécialistes, hommes et femmes, en ont assez de se de leurs connaissances au public ; d’autres collaborent avec des
faire traiter de paresseux parce qu’ils ne travaillent pas 80 heures chercheurs de domaines qui n’ont rien à voir avec la médecine
par semaine. Or, lorsqu’on se tourne du côté des bénéficiaires, et révolutionnent ensemble les traitements disponibles ; d’autres,
de ceux qui ont été malades ou qui ont reçu les soins requis encore, ont mis au point des outils pour vulgariser les informa-
par leur état de santé, ces patients (ainsi que les membres de tions médicales et aider les patients à mieux vivre avec leur
leur famille, leurs accompagnateurs ou leurs proches aidants) maladie. Voilà seulement quelques-unes des activités témoignant
se disent très satisfaits des services médicaux spécialisés reçus1. concrètement du profond engagement des médecins en matière
Aussi, lorsque nous participons aux colloques internationaux, de santé. Chose certaine, ce sont tous de véritables passionnés
nous sommes en mesure de constater que nous sommes extrê- que vous avez avantage à mieux connaître.
mement performants quant aux soins que nous prodiguons une
fois le patient « entré dans le système ». Alors, comment expliquer Ce numéro vous présente quelques-uns de ces médecins, his-
cette divergence d’opinions ? toire de vous faire découvrir ou de vous permettre de mieux
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
connaître ce qu’est véritablement la médecine spécialisée au
Au Québec, les grandes orientations, la planification de l’orga- Québec, et porte sur ce qui tient le plus à cœur aux médecins
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
nisation du réseau incombent principalement au ministère de spécialistes : votre santé.
la Santé et des Services sociaux. Les ministres qui se succèdent
ayant chacun leur vision de la santé, il n’est pas surprenant que
le réseau ait connu autant de réformes et de réorganisations
depuis la création du premier ministère québécois de la Santé, Diane Francœur, M.D., FRCSC, MHCM
1
Dans un sondage Léger effectué pour le compte de la FMSQ en 2016, 64 % des répondants ont indiqué que l’accès aux soins spécialisés était insatisfaisant (66 % dans le même
sondage repris en 2017). Cependant, lorsqu’on a demandé aux répondants s’ils avaient consulté un médecin spécialiste au cours des derniers mois, 93 % d’entre eux se sont
déclarés satisfaits des soins reçus (2016). 5
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CONNAISSEZ-VOUS LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ?
UNE RENCONTRE AVEC
D DIANE FRANCŒUR,
re
PRÉSIDENTE DE LA FMSQ
Dre Francœur, pourquoi procréation (des problèmes de fertilité sités québécoises ! Ces deux années où
avez-vous ressenti le besoin aux suivis de grossesses à risque et aux j’ai côtoyé les médecins gestionnaires de
de publier ce numéro hors bébés prématurés), aux besoins adaptés tous ces grands centres américains ont été
série de votre magazine ? aux populations particulières (je pense pour moi une révélation : remettons notre
L’engagement des médecins spécialistes à par exemple, à toutes les spécialités qui système sur les rails et permettons à nos
l’amélioration du système de santé gagne à s’adressent aux enfants, du grand préma- jeunes de retrouver cette fierté qui a été
être mieux connu. Vous savez, les citoyens turé jusqu’à l’adolescent, de la chirurgie déterminante dès le début de ma carrière
connaissent trop peu le rôle des médecins aux troubles du spectre de l’autisme) et et qui a guidé mes choix professionnels.
spécialistes et leur contribution sans limite aux soins prodigués en gériatrie, aux mala-
aux soins de santé au Québec. Ce numéro dies dégénératives qui deviennent des Qu’est-ce que les gens devraient
est donc une occasion de souligner leur maladies chroniques. Je pense aussi au mieux comprendre du rôle
apport exceptionnel en matière de soins cancer, qui peut se présenter à tout âge des médecins spécialistes ?
de santé, de présenter des aspects peu et qui, bientôt, touchera une personne Les médecins spécialistes interviennent
connus de leur travail et de brosser un sur deux. On pourrait dire que c’est un lorsque les soins de première ligne
portrait plus équilibré et complet de la peu grâce au travail des médecins spé- demandent une expertise approfondie.
profession. Nous parlons depuis long- cialistes et de leurs équipes que les gens Ce n’est pas à nous de faire la prévention
temps la langue de la pertinence et de vivent plus longtemps et qu’ils survivent et le dépistage : notre rôle est plutôt d’agir
la performance : nous devons choisir les à des maladies graves comme le cancer. à titre d’expert pour déterminer, avec les
bons professionnels de la santé avec qui autres professionnels, les normes de
travailler dans des équipes multidiscipli- Qu’est-ce que les gens pratique. Nous espérons que la prise en
naires où chacun aura son autonomie. gagneraient à savoir au sujet de la charge prévue de la première ligne nous
Après tout, comme nous collaborons médecine spécialisée au Québec ? permettra de retourner les patients dans
de façon significative à leur formation, Peu de gens réalisent à quel point la qua- leur GMF avec les recommandations pour
nous sommes à même de constater qu’ils lité de la médecine spécialisée au Québec leur médecin de famille. Ceci permettra
sont compétents. est excellente. Je viens de terminer une de diminuer les délais d’attente pour les
maîtrise en gestion des soins de santé consultations spécialisées, tout en libérant
Ce que les gens doivent savoir aussi, c’est (Health Care Management) à Harvard les patients suivis en deuxième ligne qui
que les médecins spécialistes sont des où j’ai eu, à plusieurs reprises, l’occasion ne réussissaient pas à obtenir une prise
professionnels dévoués qui ne comptent de défendre notre système public de en charge de première ligne.
pas leurs heures. Notre journée de santé devant des leaders internationaux
travail va bien au-delà de l’horaire des convaincus que nous étions étouffés par Notre travail consiste à bien informer
rendez-vous dans nos cliniques : il y a les les délais d’attente. J’ai pu constater que les patients et leur entourage pour qu’ils
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
gardes, les multiples réunions, les appels nos indicateurs de qualité sont très per- puissent comprendre les avantages et les
à faire et à retourner, les dossiers à col- formants, notamment en ce qui concerne inconvénients des soins que nous pro-
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
liger, l’enseignement, etc. Les médecins l’obésité, les taux de mortalité, la qualité posons et ensuite prendre une décision
spécialistes ajoutent régulièrement des des soins, l’antibiovigilance et l’antibio- éclairée. Nous devons à la fois fournir les
cas urgents à même leur heure de lunch gouvernance, des indicateurs de santé renseignements utiles de la manière la
s’il le faut, n’hésitent pas à venir en aide qui montrent que les patients québécois plus objective et la plus factuelle possible
à un collègue, qu’ils soient de garde ou reçoivent les soins que leur état exige, sans tenter de vendre du bonheur, tout en
non. Ils sont présents à des moments clés qu’ils vivent mieux et plus longtemps. faisant preuve de compassion. Dans des
de la vie des gens. Il suffit pour le consta- Et surtout, que la formation médicale situations difficiles, comme lorsqu’il est
ter de penser à tout ce qui touche à la est de très haut niveau dans nos univer- question de bébés qui naîtront avec une 7
grande prématurité, on me demande sou- mais elles sont aussi seules lorsqu’il y a C’est le règne de l’anecdote plus que celui
vent : « Vous docteure, que feriez-vous ? » des problèmes. Tout comme les gens de la recherche de fond. Une nouvelle
Ma réponse est toujours la même : « Je âgés qui se retrouvent stationnés dans en déplace une autre à une vitesse sans
ne vous le dirai pas, puisque la décision des centres, laissés entièrement à eux- précédent, et cela se fait aux dépens des
vous appartient. Posez-moi toutes les mêmes. C’est d’une grande tristesse. sujets plus complexes. La face de l’actualité
questions que vous voulez pour que Ils n’ont personne pour les représenter a beaucoup changé.
je puisse m’assurer que vous avez bien ou même les défendre.
compris, mais c’est à vous de décider. Quant aux médecins, ils ont trouvé très
Je ne connais pas vos valeurs person- Comment voyez-vous difficile d’être autant dénigrés qu’ils l’ont
nelles, votre famille ou votre culture. » votre rôle en tant que été par les médias au début de l’année
Notre rôle est de respecter les choix des présidente de la FMSQ ? (notamment en ce qui concerne la couver-
gens, sans les juger et, bien évidemment, Mon rôle consiste à défendre le travail des ture médiatique très négative entourant la
en respectant les normes de pratique médecins spécialistes, et les négociations hausse de l’enveloppe de rémunération).
acceptables. Par exemple, un patient relatives à leur rémunération ne sont Le doctor bashing a atteint des sommets
demandant une chirurgie non indiquée qu’une infime partie de ce travail. Je dois sans précédent. Quand les médecins m’en
se la verra refuser. veiller à ce que les médecins soient en parlent, je leur dis toujours de prendre
mesure de pratiquer dans des conditions un peu plus de temps avec leurs patients,
Qu’aimeriez-vous améliorer acceptables en matière de ressources car la compassion et l’empathie sont les
en matière de médecine humaines et matérielles. Sinon, c’est seuls antidotes au dénigrement. Je les
spécialisée au Québec ? malheureusement le patient qui en subit encourage à revoir la liste des patients
L’accessibilité aux soins constitue l’enjeu les contrecoups. Les équipes de soutien qu’ils ont vus cette journée-là et de se
principal en médecine spécialisée au sont-elles en place ? Les équipements rappeler de tous ceux qui sont repartis
Québec. Une partie du problème réside sont-ils au rendez-vous ? Les budgets avec le sourire. Je leur dis aussi d’éviter
encore dans la gestion des rendez-vous. sont-ils adéquats ? Les patients ont-ils d’écouter les bulletins de nouvelles.
Avec tous les outils informatiques dispo- accès aux soins dans des délais raison- La vérité est devant nous, nos patients
nibles dans une perspective d’intelligence nables ? On entend souvent des patients se sont nos plus grands thérapeutes !
artificielle, nous devrions être en mesure plaindre que leur opération a été remise
de faire mieux. L’effervescence de l’IA à plus tard : c’est souvent parce qu’il y a Parlant d’information, existe‑t-il
est malheureusement passée devant les eu une mauvaise planification, qu’il s’agisse un moyen pour aider le
hôpitaux sans s’y arrêter. Nous devons d’un manque de personnel, d’accès aux public à mieux s’informer ?
aussi travailler sur la pertinence des plateaux techniques ou de temps opéra- Il existe une multitude de moyens pour
consultations et sur la priorisation des toire, d’un bris d’équipement ou autres. obtenir de l’information sur la santé,
délais d’attente. C’est le travail que nous Si, à ce moment-là, nous constatons que mais l’enjeu est de trouver des références
avons amorcé avec les CRDS qui passent les médecins pourraient opérer, mais que fiables. Internet n’est pas toujours une
à la « phase 2 » dès septembre. l’administration de l’hôpital refuse d’« ouvrir source d’information digne de confiance.
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
des lits » ou une salle au bloc opératoire, C’est bien d’être informé, mais on peut
Qu’avez-vous observé au cours alors j’interviens là où il le faut. C’est parfois se diagnostiquer quelques maladies
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
de vos 25 ans de pratique ? beaucoup plus qu’une question de sous. imaginaires à force de naviguer sur le web.
Ce qui me touche beaucoup, c’est la Autrefois, les gens étaient très passifs en
solitude de plus en plus grande des Que pensez-vous de la ce qui concerne leur santé. Aujourd’hui,
gens. Des mères qui accouchent seules, représentation des médecins ils sont plus éduqués et mieux informés,
des personnes en fin de vie qui n’ont spécialistes dans les médias ? et c’est une excellente nouvelle. Dr Google
personne pour les accompagner, c’est de Nous faisons les frais de la nouvelle en n’est pas toujours performant dans ses
plus en plus fréquent. La science permet continu. La vitesse a changé la façon dont diagnostics, la prudence est donc requise.
8 aux femmes d’avoir des enfants seules, l’information est traitée par les médias.
CONNAISSEZ-VOUS LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ?
De manière générale, les sites gouverne- Que nous réserve l’avenir en Vous êtes la première femme
mentaux sont une source crédible d’in- matière de médecine spécialisée ? élue à la présidence de la FMSQ.
formation sur la santé, car ils ne sont pas L’intelligence artificielle va transformer Que pensez‑vous de l’apport des
influencés par l’industrie pharmaceutique. notre façon de soigner, notamment en femmes dans un rôle de direction ?
D’autre part, plusieurs sociétés savantes matière d’aide à la décision et de pres- Les femmes sont reconnues pour ne pas
se donnent souvent la mission d’éduquer cription des médicaments. Par contre, lâcher le morceau. Moi-même, je me consi-
le grand public, de faire des dépliants d’in- elle n’évincera pas l’intervention humaine : dère tenace, pour ne pas dire, intense !
formation sur les opérations chirurgicales, la médecine est une affaire de commu- Je sais ce qui se passe dans nos centres
les maladies chroniques et les différents nication et, peu importe les innovations hospitaliers. Je connais bien les diverses
traitements. Certaines sociétés savantes technologiques, elle le sera toujours. associations médicales affiliées à la Fédération,
sont beaucoup plus actives comme celles leurs enjeux et leurs besoins, et je suis à
qui concernent la santé de la femme et La télémédecine et les télésoins prendront l’écoute de leurs problèmes. Les femmes
des enfants. Il y a aussi les centres hos- aussi de l’expansion. D’ailleurs, dans ma sont maintenant presque à parité en méde-
pitaliers, comme l’Institut de cardiologie spécialité médicale, nous surveillons déjà cine spécialisée : 45 % des spécialistes en
de Montréal ou les CHU, les fondations des grossesses à risque à l’aide de cette pratique active sont des femmes. On a fait
qui se consacrent à la recherche médi- technique. Ainsi, des gens qui vivent dans des pas de géant depuis qu’elles ont pu
cale, comme la Société canadienne du des régions éloignées peuvent avoir accès être admises dans les facultés de médecine
cancer ou la Fondation des maladies du à des soins de qualité, tout comme les du Québec, au début du XXe siècle. À la
cœur et de l’AVC pour n’en nommer que médecins qui œuvrent en région peuvent Fédération, les femmes sont très actives et
quelques-unes, qui publient des fiches offrir certains soins spécialisés parce présentes partout, que ce soit au conseil
d’information et d’éducation en santé. qu’ils sont accompagnés pendant toute d’administration, à la tête d’une direction
l’intervention par un médecin spécialiste ou de leur association médicale.
Les gens peuvent aussi trouver de l’infor- d’un grand centre.
mation digne de confiance dans les sites En tant que femme, je dois aussi défendre
qui détiennent la certification Health On On le fait déjà pour la thrombolyse, le fait que les femmes travaillent différem-
the Net (HON) ; autrement dit, de l’infor- une intervention visant à désagréger les ment. Elles accordent un peu plus de temps
mation qui a été vérifiée par des profes- caillots dans les vaisseaux sanguins lors à leurs patients et tentent de conserver
sionnels de la santé. Enfin, j’encouragerais d’un AVC. On sait qu’une telle intervention un équilibre entre leur vie professionnelle
les gens à faire très attention aux forums doit être faite dans les heures qui suivent et personnelle, et ce, même si elles se le
de discussion où chacun s’érige en expert. un AVC, et ceux qui doivent parcourir font parfois reprocher. Malheureusement,
Certains cas complexes font peur et auront de grandes distances pour consulter un elles doivent constamment justifier le
pour effet d’augmenter les craintes du médecin courent le risque de ne pas fait qu’elles ne travaillent pas comme les
patient plutôt que de le rassurer. être soignés dans les délais prescrits. hommes, et c’est dommage parce que nous
La téléthrombolyse peut justement les sommes tout aussi compétentes qu’eux.
Par contre, le soutien apporté par les aider. Le médecin du centre régional En général, les femmes préparent mieux
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
groupes de patients est, lui, extrême- obtient l’assistance d’un neurologue leur dossier, tandis que les hommes, eux,
ment efficace et aidant. Au début de ma pendant toute la thrombolyse. Tout est prennent plus de risque. L’équilibre dans
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
pratique, j’ai eu la chance de travailler fait et pensé en fonction des besoins du une équipe est primordial et la complé-
en étroite collaboration avec la Société patient. Offrir les meilleurs soins, c’est mentarité, une carte maîtresse. Cela dit,
canadienne d’hémophilie qui proposait une préoccupation constante chez les je ne vous dirai pas combien de fois je me
ces groupes d’entraide. J’ai vraiment médecins spécialistes. suis fait « prescrire un caryotype » (étude
apprécié l’engagement des familles et ai de chromosomes) dans ma carrière malgré
toujours participé à leur réunion annuelle mes talons hauts, parce que j’adore les
avec grand plaisir. situations complexes où il faut prendre
des risques ! 9
La Fédération des médecins spécialistes du Québec a pour
mission de défendre et de soutenir les médecins spécialistes de
ses associations affiliées œuvrant dans le système public de
santé, tout en favorisant des soins et des services de qualité
pour la population québécoise.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec
regroupe les spécialités suivantes :
Anatomopathologie Hématologie et oncologie Obstétrique et gynécologie
pédiatrique
Anesthésiologie Oncologie gynécologique
Immunologie clinique
Biochimie médicale Oncologie médicale
et allergologie
Cardiologie (adulte Ophtalmologie
Maladies infectieuses
ou pédiatrique)
Oto‑rhino‑laryngologie et
Médecine d’urgence
Chirurgie cardiaque chirurgie cervico‑faciale
Médecine d’urgence
Chirurgie colorectale Pathologie générale
pédiatrique
Chirurgie générale Pathologie hématologique
Médecine de l’adolescence
Chirurgie générale oncologique Pathologie judiciaire
Médecine de soins intensifs
Chirurgie générale pédiatrique (adulte ou pédiatrique) Pédiatrie
Chirurgie orthopédique Médecine du travail Pédiatrie du développement
Chirurgie plastique Médecine interne Pneumologie (adulte
ou pédiatrique)
Chirurgie thoracique Médecine interne générale
Psychiatrie
Chirurgie vasculaire Médecine maternelle et fœtale
Psychiatrie de l’enfant
Dermatologie Médecine néonatale et de l’adolescent
Endocrinologie et métabolisme et périnatale
Psychiatrie légale
Endocrinologie gynécologique Médecine nucléaire
de la reproduction Radiologie diagnostique
Médecine physique
et de l’infertilité et réadaptation Radio‑oncologie
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
Gastro‑entérologie Microbiologie médicale Rhumatologie
Génétique médicale Néphrologie Santé publique et
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
médecine préventive
Gériatrie Neurochirurgie
Urologie
Gérontopsychiatrie Neurologie
Hématologie Neuropathologie
10
fmsq.orgCONNAISSEZ-VOUS LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ?
UN TOUR D’HORIZON
DE LA MÉDECINE
SPÉCIALISÉE AU QUÉBEC
Depuis l’arrivée des premiers colons, les rares médecins établis en Nouvelle-France étaient à la fois
chirurgiens et... barbiers ! Ce n’est qu’aux XVIIIe et XIXe siècles que sont apparues les premières
spécialisations de la profession médicale (chirurgie, ophtalmologie-oto-rhino-laryngologie, gynécologie,
par exemple). L’avènement d’outils, de méthodes et d’appareillages plus sophistiqués a permis aux
C’
médecins d’approfondir leurs connaissances dans un secteur précis d’activité et de s’y spécialiser.
est à l’Hôpital général de Montréal que
sont embauchés les premiers médecins
spécialistes. Il s’agit des Drs William Osler,
pathologiste, et Frank Buller, ophtalmo-ORL,
tous deux embauchés en 1876, suivis de
Dr A.-A. Foucher, lui aussi ophtalmo-ORL, en 1880. La méde-
cine spécialisée s’implante graduellement dans les hôpitaux
jusqu’aux années 1940, moment où elle connaît un essor
important. En 1950, le Collège des médecins et chirurgiens de
la province de Québec, l’ancêtre du Collège des médecins du
Québec tel qu’on le connaît aujourd’hui, reconnaît 23 spéciali-
tés médicales et chirurgicales : allergie, anesthésie-réanimation,
cardiologie, chirurgie générale, chirurgie orthopédique, chirur-
gie plastique, dermatologie, gastro-entérologie, gynécologie,
médecine interne, microbiologie médicale, neurochirurgie,
neurologie, neuropsychiatrie, obstétrique, ophtalmologie,
oto-rhino-laryngologie, pathologie clinique, pédiatrie, physiatrie,
radiologie diagnostique, radiothérapie et urologie. Au cours
des ans, d’autres spécialités seront reconnues par le Collège ;
en décembre 2015, il en reconnaîtra 60.
de créer une seule organisation qui serait incorporée selon la
Naissance de la FMSQ Loi des syndicats professionnels. Cinq ans plus tard, au terme
Le premier ministère s’occupant précisément de la santé voit de nombreuses rencontres portant sur les revendications de
le jour en 1936 sur l’initiative de Maurice Duplessis. À cette chaque spécialité médicale, 10 associations créent la Fédération
époque, les hôpitaux sont principalement gérés par des des médecins spécialistes du Québec.
congrégations religieuses ou des organisations privées et l’État
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
veut avoir le loisir de mettre en place des stratégies d’hygiène, Devant le succès obtenu par leurs confrères ayant participé à sa
de santé publique et d’inspection sanitaire. En 1960, année où création, plusieurs associations se joignent à la FMSQ au cours
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le gouvernement fédéral planifie la mise en place d’un système des années suivantes. Rassemblant d’abord 3 500 membres
universel d’assurance maladie, les Libéraux de Jean Lesage provenant de 22 associations médicales affiliées en 1966,
amorcent de grands changements dans le domaine de la santé. la Fédération des médecins spécialistes du Québec représente
Craignant l’étatisation de la médecine et l’imposition du sala- aujourd’hui plus de 10 000 médecins spécialistes, de 59 dis-
riat, les médecins s’organisent en associations sectorielles pour ciplines reconnues par le Collège des médecins, représentés
défendre leurs droits. En 1961, un neurologue de l’Hôpital par 35 associations médicales affiliées. La spécialité de la méde-
Maisonneuve, Dr Raymond Robillard, propose de rassembler cine familiale est représentée par la Fédération des médecins
toutes les associations sectorielles de médecins spécialistes et omnipraticiens du Québec. 11Noms des associations médicales affiliées à la FMSQ Moyenne
Nombre total Hommes Femmes
et nombre de membres (en pratique active*) au 20 août 2018 d’âge
Association des allergologues et immunologues du Québec 68 42 26 52
Association des anesthésiologistes du Québec 732 443 289 47
Association des cardiologues du Québec 465 345 120 52
Association des chirurgiens cardio-vasculaires et thoraciques du Québec 60 54 6 56
Association des chirurgiens vasculaires et endovasculaires du Québec 42 30 12 51
Association des dermatologistes du Québec 186 71 115 50
Association des gastro-entérologues du Québec 252 156 96 48
Association des médecins biochimistes du Québec 59 39 20 55
Association des médecins endocrinologues du Québec 156 61 95 51
Association des médecins généticiens du Québec 32 13 19 51
Association des médecins gériatres du Québec 85 30 55 47
Association des médecins hématologues et oncologues du Québec 288 153 135 50
Association des médecins microbiologistes infectiologues du Québec 208 108 100 50
Association des médecins ophtalmologistes du Québec 330 191 139 51
Association des médecins psychiatres du Québec 1 175 549 626 52
Association des médecins rhumatologues du Québec 120 51 69 50
Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec 109 87 22 51
Association des médecins spécialistes en médecine préventive du Québec 193 87 106 56
Association des néphrologues du Québec 201 100 101 50
Association de neurochirurgie du Québec 72 57 15 50
Association des neurologues du Québec 285 170 115 50
Association des obstétriciens et gynécologues du Québec 503 175 328 50
Association des pathologistes du Québec 233 116 117 50
Association des pédiatres du Québec 682 233 449 49
Association des physiatres du Québec 75 38 37 51
Association des pneumologues de la province de Québec 268 169 99 50
Association des radiologistes du Québec 629 363 266 48
Association des radio-oncologues du Québec 136 61 75 45
Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec 114 72 42 49
Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec 155 114 41 48
Association des spécialistes en médecine interne du Québec 618 359 259 46
Association des urologues du Québec 156 124 32 51
Association d’orthopédie du Québec 376 306 70 50
Association d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec 233 154 79 51
Association québécoise de chirurgie 517 329 188 48
* Ces nombres ne comprennent pas les médecins qui sont en congé de maladie ou d’invalidité, de maternité ou de paternité ou pour formation complémentaire ni les nouveaux
médecins qui n’ont pas encore soumis une demande de paiement d’honoraires à la RAMQ.
Qu’est-ce que la médecine spécialisée ? un gynécologue pour passer une cytologie (test PAP) à moins
La question peut paraître rudimentaire, mais il est important qu’un médecin de première ligne en ait fait la demande pour
de bien comprendre cet aspect pour savoir de quel côté se une raison bien précise (antécédents médicaux particuliers,
tourner quand se manifeste un problème de santé. La médecine interactions médicamenteuses, etc.).
spécialisée regroupe, comme son nom l’indique, des services
spécialisés ou pointus. Différences entre les deuxième,
troisième et quatrième lignes
On entend souvent parler de médecine de première ligne, Les médecins spécialistes sont ceux que l’on consulte pour des
et même de deuxième, troisième et quatrième lignes. La pre- soins dits de deuxième, troisième ou quatrième lignes. Prenons
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
mière ligne est la porte d’entrée dans le système de santé. un exemple : un enfant tombe sur le ciment et se cogne la tête.
On y consulte des médecins omnipraticiens, des médecins de Sur le coup, rien à signaler, tout va bien. Quelques heures plus
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
famille, des urgentologues, des infirmières praticiennes spé- tard, il se plaint de violents maux de tête. Sa mère l’emmène
cialisées et d’autres professionnels qui peuvent demander des sans attendre à l’hôpital où un médecin de première ligne
examens complémentaires, notamment des optométristes et l’examine et remarque une dilatation anormale des pupilles.
des audiologistes. Les examens systématiques ou de suivis à D’après l’examen initial, le médecin suspecte une commotion
l’urgence, les suivis généraux de santé, le dépistage de cer- cérébrale, mais sait qu’il peut aussi s’agir d’une infection bac-
taines maladies (cholestérol, diabète, cancer du col de l’utérus, térienne. Puisque le diagnostic nécessite des examens plus
troubles de la vue ou d’audition, etc.) sont effectués par les poussés, il demande que l’enfant passe une radiographie et des
12 professionnels de la première ligne. Inutile donc d’exiger de voir tests de laboratoire. Le rapport d’examen radiologique est luCONNAISSEZ-VOUS LA MÉDECINE SPÉCIALISÉE ?
par un radiologiste (un médecin spécialiste dit de deuxième Nom de la spécialité ou
Durée minimale
de la formation
ligne) qui décèle un épanchement sanguin et recommande une de la surspécialité médicale
postdoctorale
prise en charge urgente par un neurologue pédiatrique (troi- Anatomopathologie 60 mois
sième ligne). Ce dernier confirme la lecture du radiologiste : Anesthésiologie 60 mois
l’enfant a un caillot au cerveau et doit être opéré d’urgence. Biochimie médicale 60 mois
Cardiologie (adulte ou pédiatrique) 72 mois
Normalement, ce n’est pas un chirurgien général ni un neu-
Chirurgie cardiaque 72 mois
rochirurgien qui en fera l’ablation, mais un neurochirurgien Chirurgie colorectale 72 mois
pédiatrique (quatrième ligne). Après l’intervention chirurgi- Chirurgie générale 60 mois
cale, le neurologue pédiatrique fait un suivi régulier de l’enfant Chirurgie générale oncologique 84 mois
Chirurgie générale pédiatrique 84 mois
jusqu’à son rétablissement complet. Par la suite, l’enfant est
Chirurgie orthopédique 60 mois
suivi par son médecin de famille qui, au besoin, peut bénéficier Chirurgie plastique 60 mois
du soutien du neurologue pédiatrique. Cet exemple montre Chirurgie thoracique 84 mois
succinctement les différences entre chaque ligne de spécia- Chirurgie vasculaire 60 mois
Dermatologie 60 mois
lisation qu’on appelle surspécialité. Chacune d’elle nécessite
Endocrinologie et métabolisme 60 mois
une formation complémentaire de 12 à 36 mois, en plus de la Endocrinologie gynécologique
formation liée à la spécialité elle-même. 84 mois
de la reproduction et de l’infertilité
Gastro-entérologie 60 mois
Génétique médicale 60 mois
Gériatrie 60 mois
Gérontopsychiatrie 84 mois
Hématologie 60 mois
Hématologie/oncologie pédiatrique 72 mois
Immunologie clinique et allergologie 60 mois
Maladies infectieuses 60 mois
Médecine d’urgence 60 mois
Médecine d’urgence pédiatrique 60 mois
Médecine de l’adolescence 60 mois
Médecine de soins intensifs (adulte ou pédiatrique) 60 mois
Médecine du travail 60 mois
Médecine interne 60 mois
Médecine interne générale 72 mois
Médecine maternelle et fœtale 84 mois
Médecine néonatale et périnatale 60 mois
Médecine nucléaire 60 mois
Médecine physique et réadaptation 60 mois
Microbiologie médicale 60 mois
Prenons un autre exemple. Votre enfant rêve de devenir Néphrologie 60 mois
fertologue ; autrement dit, se spécialiser en médecine de la Neurochirurgie 72 mois
Neurologie 60 mois
reproduction et en traitement de l’infertilité. Il vous demande Neuropathologie 60 mois
quelles études permettent d’y arriver. Il doit d’abord faire ses Obstétrique et gynécologie 60 mois
études de médecine (au moins 48 mois) et obtenir son Medicinae Oncologie gynécologique 84 mois
Doctor (M. D.) ; puis, poursuivre des études postdoctorales en Oncologie médicale 60 mois
Ophtalmologie 60 mois
obstétrique et gynécologie (au moins 60 mois) et réussir les
Oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale 60 mois
examens de certification du Collège royal des médecins et Pathologie générale 60 mois
chirurgiens du Canada (CRMCC – l’organisme qui définit les Pathologie hématologique 48 mois
normes en matière de formation médicale postdoctorale). Par la Pathologie judiciaire 72 mois
NUMÉRO HORS SÉRIE I SEPTEMBRE 2018
Pédiatrie 60 mois
suite, il devra suivre une formation surspécialisée en endocri-
Pédiatrie du développement 72 mois
nologie gynécologique de la reproduction et de la fertilité (au Pneumologie (adulte ou pédiatrique) 60 mois
LE SPÉCIALISTE I VOLUME 20
moins 24 mois) et réussir l’examen de certification de cette Psychiatrie 60 mois
surspécialité. Votre enfant devra donc étudier au moins 11 ans Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent 72 mois
Psychiatrie légale 72 mois
à l’université pour que son rêve devienne réalité.
Radiologie diagnostique 60 mois
Radio-oncologie 60 mois
Plusieurs médecins ajoutent une formation complémentaire Rhumatologie 60 mois
(fellowship) qu’ils effectuent à l’étranger, et ce, pour aller cher- Santé publique et médecine préventive 60 mois
cher une expertise pointue qui profitera à l’ensemble de la Urologie 60 mois
* Une description de chacune des spécialités et des surspécialités médicales se trouve
population. Ces formations durent quelques années. sur le portail de la Fédération au fmsq.org. 13Sachez qu’une fois ses études terminées, le médecin doit L’organisation des soins spécialisés
parfaire sa formation en l’adaptant à ses besoins particuliers et Les médecins spécialistes qui travaillent en milieu clinique œuvrent
aux exigences de la profession. C’est ce qu’on appelle le déve- en cabinet (8 %), en centre hospitalier (71 %) ou dans une com-
loppement professionnel continu (DPC). Le médecin peut ainsi binaison des deux (21 %). C’est le ministère de la Santé et des
découvrir ou maîtriser l’application de nouvelles technologies Services sociaux (MSSS) qui est responsable de l’organisation
ou de nouveaux moyens de traitement, en apprendre davan- générale et de la répartition des médecins en centres hospita-
tage sur l’évolution de la recherche et de ses toutes dernières liers selon des critères précis, dont les besoins populationnels,
perspectives, sur l’émergence de nouvelles maladies, et plus les activités de recherche et d’enseignement, et autres. La FMSQ
encore. Pour ce faire, le médecin spécialiste est invité à parti- travaille de concert avec le MSSS pour l’élaboration des plans
ciper à des congrès scientifiques, des cours, des échanges avec d’effectifs médicaux (PEM), qui déterminent le nombre de
des sommités et des chercheurs émérites ; il peut aussi donner spécialistes requis dans chaque établissement de soins (centres
des conférences, rédiger des travaux de recherche, comparer hospitaliers universitaires, hôpitaux régionaux, centres de réa-
les diagnostics et les moyens de traitement qu’il utilise avec ceux daptation, instituts, etc.).
de ses pairs, et bien plus. En fin de compte, c’est le patient qui
bénéficie de toutes les connaissances et les habiletés acquises Les médecins sont des travailleurs autonomes ; mais, pour tra-
au fil du temps par son médecin spécialiste. vailler au sein d’un établissement de santé, ils doivent d’abord
obtenir des « privilèges », c’est-à-dire un document décrivant ce
Innovations en DPC qu’ils peuvent effectuer comme pratique (clinique, recherche,
La FMSQ est un acteur incontournable dans la formation conti- temps opératoire, etc.) au sein de cet établissement et ce que
nue de ses membres. Elle a non seulement conçu de nombreux l’on attend d’eux (enseignement clinique, charges administratives,
cours d’appoint destinés aux médecins spécialistes, mais aussi etc.). Ce contrat lie les parties pendant un laps de temps précis.
des outils permettant de cibler les besoins de formation et de
répondre aux exigences relatives au maintien des compétences. La féminisation de la médecine au Québec
Les médecins spécialistes ont accès à une foule d’informations, Longtemps réservé aux hommes, le diplôme de médecin est
de webinaires, de cours de formation entièrement gratuits et remis pour la première fois à une femme, Octavia Grace Ritchie-
accessibles en tout temps sur sa plateforme d’apprentissage England, par la Faculté de médecine de l’Université Bishop’s
en ligne MÉDUSE, à des activités de formation en salle, à un College, en 1891. Au tournant du siècle, la Faculté de médecine
grand congrès annuel axé sur l’interdisciplinarité (le partage de de Bishop est fusionnée à celle de
connaissances entre les diverses spécialités médicales) ou à l’ap- McGill, obligeant cette dernière
prentissage par simulation (avec des mannequins haute-fidélité à prendre position quant aux
ou d’autres moyens interactifs permettant une rétroaction), etc. efforts entrepris par l’institution de
Lennoxville. McGill mettra quelques
Récemment, la Fédération a lancé le Programme de rétroaction années avant d’ouvrir aux femmes
personnalisée sur la pratique (PRPP), qui permet au médecin les admissions en médecine.
d’obtenir une rétroaction de ses patients ou de ses collègues
sur son travail. Cet outil permet au médecin spécialiste de véri- L’arrivée des femmes en médecine
fier, par exemple, si les explications qu’il donne à ses patients s’est faite graduellement. En 1972,
sont bien comprises. Si ce n’est pas le cas, il peut revoir sa façon de tous les médecins inscrits auprès du
d’expliquer ou trouver un autre moyen pour y arriver (dépliant Collège des médecins, 6,5 % étaient
informatif, affiche explicative, modèle, etc.). des femmes ; en 2012, elles comptaient
pour 40,4 % des effectifs. Du côté
Il faut savoir que le Québec est un chef de file en matière d’in- des médecins spécialistes, en 2002,
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dépendance professionnelle. Les normes mises en place depuis elles étaient 29 % ; en 2012, 37 %.
quelques années par le Conseil québécois de développement La parité est presque atteinte
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professionnel continu des médecins sont très strictes. Ces normes en 2018 : aujourd’hui, 45 % des
empêchent toute ingérence ou influence provenant de l’industrie membres de la FMSQ sont des
pharmaceutique. Un médecin ne peut donc plus être « invité » à femmes. Les données actuelles
un congrès aux frais d’une entreprise ou bénéficier de quelque montrent que les femmes en pra-
avantage que ce soit, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis et tique active sont plus nombreuses
en Europe. que les hommes chez les 40 ans et moins, ainsi sommes-nous
en droit de penser qu’il y aura plus de femmes que d’hommes
14 en médecine au cours des prochaines années.Vous pouvez aussi lire
