Les caisses de pension suisses 2012 - Site des 60plus@csem ...

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Les caisses de pension suisses 2012 - Site des 60plus@csem ...
SC2 9301f 09.12
                  Les caisses de pension
                  suisses 2012
                  Résultats de l’enquête
                  Données, analyses et articles concernant :
                  – Se protéger en période de crise
                     monétaire
                  – La stratégie de placement dans la pré­
                     voyance professionnelle sur-obligatoire
                  – Plus de transparence pour le camp
                     des actifs
                  – IAS19 et pressions au « de-risking »
Swisscanto – leader de la gestion d’actifs

Swisscanto figure parmi les plus grands promoteurs de
fonds de placement, gérants de fortune et prestataires de
solutions pour la prévoyance professionnelle et privée
en Suisse. Cette entreprise commune des Banques Canto-
nales Suisses gère pour les clients une fortune de 52,2
milliards de francs suisses et emploie 390 col­laborateurs
en Suisse, à Londres, à Francfort-sur-le-Main, à Milan et à
Luxembourg (situation au 30 juin 2012).

En tant que spécialiste confirmé, Swisscanto développe
des solutions de placement et de prévoyance de pre-
mière qualité pour des investisseurs privés, des entreprises
et des institutions. En tant que promoteur de fonds,
Swisscanto est régulièrement primé au niveau national et
international. Swisscanto est en outre connu pour son
rôle de pionnier dans le domaine des placements durables
et pour son étude «Les caisses de pension suisses»
publiée chaque année.

www.swisscanto.ch

                                                               Impressum
                                                               Editeur          Swisscanto Asset Management SA, Waisenhausstrasse 2, 8021 Zurich
                                                               Rédaction        Peter Wirth, Forum de prévoyance
                                                               Commandes        Tél. 058 344 44 70, sales_services@swisscanto.ch

                                                               Swisscanto Asset Management SA, septembre 2012

                                                               Disclaimer
                                                               Les informations contenues dans ce document ont été réunies avec le plus grand soin par Swisscanto Asset Management SA. Les informations et opinions
                                                               ­proviennent de sources fiables. Bien que la procédure soit caractérisée par une grande rigueur professionnelle, Swisscanto Asset Management SA ne fournit
                                                                aucune garantie quant à l’exactitude, à l’intégralité et à l’actualité des indications fournies. Swisscanto Asset Management SA décline toute responsabilité
                                                                quant aux décisions d’investissement fondées sur le présent document. Les informations qu’il contient ne constituent une offre que dans la mesure où elles sont
                                                                expressément désignées comme telle. Ce document ne peut être utilisé à des fins publiques ou commerciales sans autorisation préalable écrite de Swisscanto
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                                                               © Swisscanto Asset Management SA
Sommaire

           Présentation de l’étude                                                              4

           Dr Gérard Fischer
           Comment rétablir la confiance?
           Proposition pour assainir la prévoyance professionnelle                              5

           Hanspeter Konrad
           Regard tourné vers l’avenir
           Renforcer la prévoyance professionnelle                                              8

           Thomas Härter, Peter Bänziger
           Se protéger en période de crise monétaire
           Vaut-il la peine de pratiquer le hedging ?                                          11

           Jürg Stahl
           Le choix de la stratégie de placement dans la prévoyance professionnelle sur-obligatoire
           L’inachevée15

           Patrick Spuhler
           Loi sur le financement des institutions de prévoyance de droit public
           Plus qu’un compromis mollasson                                                      19

           Christina Ruggli
           Aucune envie de faire du ping-pong avec la CHS                                      21

           Daniel Meyer
           Financement de la propriété du logement et 2e pilier
           Critères plus rigoureux pour l’octroi d’hypothèques                                24

           Dr Alfred Bühler, Dr Marco Jost
           Taux de couverture exposé aux risques
           Plus de transparence pour le camp des actifs                                        25

           Peter Zanella
           Rendements insuffisants, IAS19 et pressions au « de-risking »
           En quête d’une flexibilité accrue                                                   28

           Résultats de l’enquête

           L’enquète Swisscanto
           Résultats de l’enquête 2012                                                         32

           Les participants à l’enquête
           Liste des institutions participantes                                               63

                                                                                                 3
Présentation de l’étude

L’enquête « Les caisses de pensions suisses » de Swisscanto      En complément aux résultats de l’enquête, les personnes
en est à sa douzième édition. Elle recense des données           ­suivantes ont apporté de précieuses contributions tech-
­importantes relatives à la structure, aux prestations et aux     niques :
 placements de capitaux ainsi qu’au taux de couverture            • Dr Gérard Fischer, CEO Groupe Swisscanto
 et à la performance.                                             • Dr Alfred Bühler, associé PPCmetrics SA ; Dr Marco Jost,
                                                                     expert en assurances de pension PPCmetrics SA
Le but est d’offrir aux institutions participantes des instru-    • Hanspeter Konrad, directeur de l’Association suisse des
ments de comparaison, de direction et de décision afin que           institutions de prévoyance (ASIP)
les milieux intéressés de la prévoyance, de la politique          • Thomas Härter, Chief Strategist Swisscanto Asset Mana-
et de la science disposent de bases permettant d’aborder             gement ; Peter Bänziger, Responsable Asset Manage-
de manière fondée les questions de prévoyance profes­                ment/CIO Groupe Swisscanto
sionnelle.                                                        • Daniel Meyer, Financial Engineering, Immobilier, Banque
                                                                     cantonale de Zurich
Ces mêmes objectifs sont également poursuivis par l’Asso-         • Christina Ruggli, directrice de la surveillance LPP et des
ciation suisse des institutions de prévoyance (ASIP), à la-          fondations des deux Bâles ainsi que Présidente de la
quelle sont mises à disposition les données des institutions         Conférence des autorités cantonales de surveillance
de prévoyance qui y ont donné leur accord.                        • Patrick Spuhler, expert en assurances de pension dipl.
                                                                     féd. ; Swisscanto Prévoyance SA Bâle
De vifs remerciements s’adressent à toutes les caisses            • Jürg Stahl, Conseiller national
­participantes, à leurs directeurs et à leurs conseils de fon­    • Peter Wirth, Directeur Forum de prévoyance
 dation pour leur disponibilité à fournir les données et          • Peter Zanella, Towers Watson, Director, Retirement
 à répondre aux questions d’actualité relatives aux thèmes          ­Services, Suisse
 de la prévoyance.
                                                                 En publiant ces données, Swisscanto se propose de four-
Il convient également de remercier l’ASIP pour son sou-          nir un service non seulement aux milieux spécialisés de la
tien et les membres du comité consultatif qui se sont impli-     ­prévoyance professionnelle, mais aussi aux responsables
qués dans l’établissement du questionnaire et en ont              politiques, aux médias et au grand public intéressé. Nous
­influencé la conception par de nombreuses propositions           nous sentons encouragés par les nombreuses réactions
 et des critiques utiles. Il s’agit de :                          ­positives à l’étude qui nous incitent également à nous amé-
 • Heinrich Leuthard, Banque Cantonale Schwyzoise                  liorer sans cesse.
 • Susanne Jäger, Caisse de pension d’Argovie
 • Hanspeter Konrad, Association suisse des institutions         Swisscanto vous souhaite une intéressante lecture. Nous
   de pension (ASIP)                                             vous remercions par avance de tous vos commentaires, sug-
 • Christoph Ryter, Caisse de pensions Migros/Association        gestions et critiques.
   suisse des institutions de pension (ASIP)
 • Dr. Peter Schnider, Editions EPAS, Prévoyance profes­         Swisscanto Asset Management SA
   sionnelle et assurances sociales SA                           Septembre 2012
 • Dieter Stohler, Caisse fédérale de pensions Publica
 • Andreas Zingg, Secteur Entreprises chez Swiss Life

4
Comment rétablir la confiance ?

Proposition pour assainir la prévoyance professionnelle

                                                                  d’autres. La méfiance est encore avivée par les recettes dif-
                                                                  férentes proposées par les experts. Lorsque, dans leur
                                                                  rôle de contribuables, les salariés doivent en plus assainir
                                                                  des institutions de prévoyance de droit public, ou que
                                                                  leur propre institution de prévoyance est obligée de prendre
                                                                  des mesures rigoureuses alors que d’autres caisses en si­
                        Dr Gérard Fischer,                        tuation comparable n’estiment pas qu’il soit urgent d’agir, la
                        CEO du groupe Swisscanto                  méfiance grandit encore davantage.

Malgré de bonnes prestations, la prévoyance                       De surcroît, les faibles taux et les faibles rendements sur les
­professionnelle est sous le feu des critiques. La                marchés des capitaux empêchent le gâteau de grossir, si
 transparence est insuffisante, et les paiements de               bien qu’en fin de compte, on assiste surtout à des réaffecta-
 transfert occultes et indésirables suscitent l’in­               tions entre divers groupes d’ayants droit. En vérité, la situa-
 quiétude. Si les caisses étaient rigoureusement sé-              tion est dans l’impasse et alimente divers brouets (politiques).
 parées selon les deux groupes de destinataires –
 actifs et rentiers –, de nombreux problèmes actuels              Beaucoup de chiffres et peu de transparence
 pourraient être résolus et la confiance vacillante               Le législateur insiste sur la « professionnalisation » afin de
 pourrait être rétablie.                                          mieux maîtriser la complexité de la réalisation. Il souhaite une
                                                                  réduction du nombre des institutions de prévoyance. Celles-
Dans la presse, la prévoyance professionnelle en Suisse a         ci doivent mieux mettre en œuvre des règles de plus en plus
une réputation moins bonne que ses performances. Les              complexes. Or, ce que l’on oublie, c’est que cette approche
­rentiers obtiennent leurs prestations ponctuellement et pour     enterre les institutions de prévoyances en tant qu’ins­titutions
 la plupart à un niveau qui dépasse nettement le chiffre ini­     de partenariat social, que le respect de toutes les prescrip-
 tialement visé de 60% du dernier revenu. Grâce à la faible       tions est loin de garantir des prestations sûres et de qualité et
 inflation, le pouvoir d’achat des rentes à long terme est lar-   que s’il est vrai que les institutions de prévoyance de grande
 gement préservé. Les assurés en activité payent leurs cotisa-    taille peuvent parfois se tromper, elles creusent en cas de
 tions dans des institutions de prévoyance qui bénéficient        ­sinistre un trou financier nettement plus profond.
 pour la plupart d’un financement solide, et lorsque les capi-
 taux font défaut, des mesures sont prises, parfois avec des      Le débat autour du bon taux de couverture est intéressant. En
 subventions massives de la part des employeurs.                  effet, le « taux de couverture consensuel » reprend un grand
                                                                  nombre d’hypothèses relatives aux prestations nominales à
Malgré tout, divers problèmes récurrents provoquent l’inquié-     fournir par rapport au montant et à la durée, ainsi qu’aux
tude chez les assurés, qui se demandent si leur rente est         rendements réalisables jusqu’au moment des versements. Or,
­encore garantie. Les images du procès pour corruption à la       toutes ces variables sont grevées d’in­certitudes considérables.
 BVK de Zurich sont le dernier exemple en date d’un abus
 de position de confiance commis par des responsables d’une       Malgré ce grand nombre de variables estimées, on calcule
caisse de pension, de mèche avec des tiers. Dans le passé,        un taux de couverture avec un, voire deux chiffres après
d’autres exemples, dont les incidents ont été tirés au clair      la virgule. Il n’est donc guère surprenant que les avis et les
 et ont débouché sur des poursuites menées avec une vigueur       intérêts à cet égard divergent. Comment rendre tout cela
 modérée, avaient déjà ébranlé la confiance, non seulement        plus compréhensible ? Une possibilité simple consiste à dis-
 envers les responsables de caisses de pension, mais aussi        socier l’avis des assurés en activité de celui des rentiers.
 envers l’efficacité de la surveillance.
                                                                  Des divergences d’intérêts
Par nature, personne ne déborde d’enthousiasme face à des         Les assurés en activité versent des cotisations pour financer
mesures d’assainissement ou à l’abaissement des presta-           leurs prétentions futures. Dans le régime en primauté des co-
tions vieillesse promises. La résistance s’accroît lorsque l’on   tisations, le total des cotisations du salarié et de l’employeur,
a l’impression que certains profitent plus du système que         augmenté des rendements réalisés et déduction faite des

                                                                                                                                 5
coûts, donne en principe le capital d’épargne. Si une institu-     en comble sa politique de placement du jour au lendemain,
tion de prévoyance versait à tous ses assurés leur capital         ou bien commencer dès avant son départ en retraite à
d’épargne lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite, elle ne      ­réduire les risques de placement afin d’éviter une baisse sur-
pourrait pas présenter de découvert. Une telle « caisse             prenante de son capital d’épargne juste avant sa retraite.
­d’actifs » pourrait ainsi escompter sans difficulté des rende-
 ments attendus plus élevés. Si ceux-ci n’étaient pas obtenus,     Nous savons que ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui
 le capital d’épargne des assurés serait moins élevé. En           dans les caisses de pension. Au contraire, les taux d’intérêt
 cas de perte, une réduction du capital d’épargne devrait          techniques auxquels les prestations futures sont capitalisées
 également être admissible.                                        sont calculés avec un taux uniforme pour tous, et ce taux
                                                                   « erroné » dans les deux cas sert à déterminer une réserve
La situation est différente pour les bénéficiaires de rentes. Au   mathématique pour les rentes allouées. Si celle-ci est insuf­
moment d’atteindre l’âge de la retraite, une rente nominale        fisante, on ne procède pas à une adaptation de la rente,
est fixée. Dès lors, les prétentions sont de facto garanties.      mais on prend simplement de l’argent de la « caisse des ac-
Avec des placements à délais congruents en emprunts sûrs,          tifs » pour couvrir la « perte sur les retraites ». Si par la suite,
en l’occurrence principalement des emprunts d’Etat de la           la « caisse des rentiers » connaît une nouvelle perte, les ac-
Confédération, les rentes promises peuvent être financées et       tifs sont à nouveau priés de passer à la caisse, dans le cas
il n’existe pas non plus de risque de placement si le risque       le plus bénin sous forme d’une baisse des intérêts versés,
de défaillance du débiteur disparaît. A cet égard, les rende-      ou sinon par le biais de mesures d’assainissement.
ments actuels déterminent le capital nécessaire, ou inverse-
ment, le capital disponible permet de déterminer le niveau         Les conséquences ne sont pas inoffensives, puisque des ré­af­
auquel fixer la rente.                                             fectations ont lieu à grande échelle. Les jeunes salariés de-
                                                                   vraient éviter les employeurs comptant de nombreux rentiers
Vu les taux d’intérêt actuellement faibles pour les emprunts       dans leur institution de prévoyance, tandis que les salariés
obligataires sûrs, il est clair que les rentes devraient être      de plus de 55 ans assurés dans une caisse ayant des pro­
­nettement moins élevées que celles qui sont attribuées aujour­    mes­ses de prestations élevées et un grand nombre de salariés
 d’hui. Le taux de conversion devrait se situer bien au-des-       jeunes pourraient courir le risque d’une réduction de leurs
 sous de 6%. Une telle « caisse de rentiers » n’aurait pas de      prestations de vieillesse en cas de changement.
 risque de placement, et seule l’estimation de la longévité
 pourrait entraîner des différences relativement modestes. Le      Un autre exemple d’effet indésirable est celui des employeurs
 taux de couverture serait « immunisé » (une notion venant         qui versent obligatoirement à leurs nouveaux retraités la
 de la gestion des portefeuilles d’emprunts) en cas de concor-     partie surobligatoire du capital d’épargne sous forme de ca-
 dance parfaite entre placements et engagements de paie-           pital. Ils résolvent ainsi en premier lieu leur problème de
 ment, et la caisse aurait toujours un taux de couverture de       comptabilisation au bilan selon la norme IAS19, qui prescrit
 100%. Celui-ci correspondrait d’ailleurs au taux de couver-       l’obligation d’inscrire au bilan les engagements de pré-
 ture dit « économique ».                                          voyance de l’employeur.

De l’épargne à la désépargne                                       En résumé, on peut constater que le 2e pilier est bien conçu,
La séparation fictive d’une institution de prévoyance en une       mais que les réglages de détail du système ne sont géné­
« caisse d’actifs » et une « caisse de rentiers » montre que       ralement plus appropriés. Les réaffectations ne sont pas
le débat sur le « bon » taux de couverture est toujours néces-     transparentes et ne tiennent guère compte des différences
sairement une question de structure des assurés de l’insti­        de ­besoins. Il en découle des restrictions dans la liberté
tution de prévoyance.                                              de mouvement factuelle des salariés âgés ainsi que des al-
                                                                   locations de capitaux qui sont loin d’être optimales.
 Il montre en outre qu’au moment du départ en retraite,
 lorsque l’assuré en activité passe du « mode épargne » au         Bases du réajustement du système de prévoyance
 « mode désépargne », des choses décisives doivent se              Comment réorganiser le système de prévoyance sur des bases
­produire. Livré à lui-même, l’assuré devrait revoir de fond       saines ? La mesure la plus simple consisterait à séparer nette-

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ment la gestion pour les assurés en activité et pour les béné-    + Disparition des incitations erronées dues à la norme IAS19,
ficiaires de rentes. Tant les engagements que les placements        si les caisses de rentiers ne sont plus liées à l’employeur.
devraient être comptabilisés et inscrits au bilan de façon sé-      Pour les entreprises, la question des engagements IAS dis-
parée. Les taux de couverture des deux groupes d’ayants             paraît pour l’essentiel, ou tout au moins se réduit aux
droit devraient alors être comptabilisés séparément avec des        ­engagements légaux liés à la caisse des actifs, dans la
taux d’intérêt techniques différents, tout comme tous les paie-      mesure où l’entreprise employeuse n’a plus d’engage-
ments de transfert d’un groupe d’ayants droit à l’autre. Cela        ments légaux ou « moraux » (constructive obligations) en-
rendrait notamment transparentes les pertes sur les retraites.       vers sa caisse de rentiers.
                                                                  + Changement de poste à nouveau possible, même peu
La présentation de comptes distincts pour les caisses d’actifs       avant le départ en retraite, sans inconvénients financiers
et les caisses de rentiers à l’intérieur d’une même institution      au moment de la retraite.
de prévoyance et l’obligation de l’équilibre financier créent     + Transparence des coûts pour les frais administratifs, très
des besoins différents. Les placements pour les deux volets          différents pour les actifs et pour les rentiers.
de la caisse devraient être différents, en raison des différen­   + Prestations différentes des caisses d’actifs toujours possi­
ces dans la capacité à prendre des risques.                          bles pour les salariés avec des cotisations de l’employeur.
                                                                  + Visibilité et nécessité de financer les coûts des départs en
L’obligation de transparence créerait les conditions permet-         retraite anticipée en cas de suppression de postes.
tant d’une part de rendre visible la problématique, qui varie     + Possibilité de créer des options d’adhésion pour les tra-
d’une caisse à l’autre, et devrait d’autre part aboutir auto-        vailleurs indépendants.
matiquement à une adaptation non seulement des place-
ments, mais aussi des prestations.                                En revanche, on rencontrerait les inconvénients suivants:
                                                                  – Charges supplémentaires pour la gestion de caisses dis-
Répartition en caisses d’actifs et caisses de rentiers              tinctes
Si l’on poussait cette réflexion jusqu’à son terme, on abou­      – Adaptation de la législation et questions à tirer au clair
tirait même à une subdivision des institutions de prévoyance        en liaison avec les caisses de rentiers, par exemple
en caisses d’actifs et caisses de rentiers.                         ­liquidation, financement des mesures d’assainissement,
                                                                     responsabilité du fonds de garantie, etc.
Les avantages et inconvénients sont manifestes. Les effets        – Mécanismes de sélection à définir en cas de libre choix
positifs sont les suivants:                                          de la caisse de rentiers.
+ Politique de placement appropriée par rapport au cercle         – Disparition de la solidarité (obligatoire) entre actifs et ren-
  des destinataires. Les placements peuvent être axés sur la         tiers.
  capacité de risque des actifs ou des rentiers (rendements
  ou sécurité). Importante marge de manœuvre pour la              Résumé
  mise en place des plans de prestations.                         Les besoins des actifs et ceux des rentiers ne sont pas iden-
+ Nécessité de faire adopter les paiements de transfert ex-       tiques. Les institutions de prévoyance peuvent dès aujour­
  plicites par le Conseil de fondation ; ces paiements de-        d’hui représenter de façon séparée les engagements concer­
  viennent visibles. Disparition des « solidarités » imposées.    nant les actifs et ceux pour les rentiers, ce qui est avantageux
+ Les représentations des rentiers au Conseil de fondation        dans l’optique d’une discussion et de décisions objectives.
  de la caisse des rentiers deviennent utiles et possibles.       Un engagement de la part de la surveillance, ou le cas éché­
+ Possibilité de changer entre caisses de rentiers si aucune      ant du législateur, pourrait sans difficulté créer cette trans-
  contribution de l’employeur n’est versée.                       parence pour l’ensemble des institutions de prévoyance.
+ Les employés qui doivent obligatoirement percevoir le
  ­capital lors du départ en retraite peuvent adhérer à une       Dans un deuxième temps, une séparation en caisses desti-
   caisse de rentiers et ne sont pas tributaires d’assurances,    nées aux assurés en activité et caisses destinées aux rentiers
   qui présentent des inconvénients sur le plan des coûts         apporterait davantage de transparence et de sécurité et
   en raison des règles de fonds propres et des intérêts à        ­rétablirait la confiance dans la prévoyance professionnelle.
   verser sur le capital propre.

                                                                                                                                 7
Regard tourné vers l’avenir

Renforcer la prévoyance professionnelle

                                                                   tives qu’elle publie régulièrement (juin 2012), en faveur de
                                                                   systèmes obligatoires tels que le 2e pilier en Suisse. L’impor-
                                                                   tance de la prévoyance professionnelle pour la prévoyance
                                                                   vieillesse reste d’ailleurs considérable. En 2010, selon l’Of-
                                                                   fice fédéral de la statistique, 2265 caisses de pension assu-
                                                                   raient quelque 3,7 millions d’actifs, payaient des prestations
                         Hanspeter Konrad,                         (rentes et capital) à environ 1 million de bénéficiaires et gé-
                         lic. iur. avocat, Directeur de l’ASIP     raient une fortune d’une valeur totale de l’ordre de CHF 620
                                                                   milliards. Cela correspond à 113% du produit intérieur brut.
Ces derniers mois, les déclarations négatives à pro-
pos de la prévoyance professionnelle se sont ac­                   Le système de prévoyance par capitalisation revêt une
cumulées, surtout sous l’effet de l’évolution actuelle             grande importance pour l’économie publique et la politique
de l’économie et des marchés financiers. On a le                   sociale. Les caisses de pension, avec leurs placements sur
sentiment que rien ne plaide en faveur du dévelop-                 le marché financier, apportent une contribution au dévelop-
pement de la prévoyance professionnelle. Il convient               pement économique. La prévoyance professionnelle contri-
de corriger ce sentiment, qui ne correspond pas à                  bue largement à la prévoyance vieillesse/survivants et inva-
la réalité.                                                        lidité. Les caisses de pension ne sont pas des institutions
                                                                   anonymes. Elles sont dirigées selon le partenariat social et
Il est nettement plus prometteur de reconnaître les atouts         doivent garantir que les objectifs de rendement et de résul-
de la prévoyance professionnelle, de les analyser et de            tats décidés soient bel et bien réalisés. A juste titre, les assu-
s’employer à continuer à les développer que de rester obnu-        rés – qui ont investi une part prédominante de leur avoir
bilé par ses faiblesses. En diffusant en permanence une am-        d’épargne dans la caisse de pension – s’interrogent sur la
biance de fin du monde ou de décadence, on s’empêche               sécurité de leurs prestations et la solidité des caisses de
de voir les points forts de la prévoyance professionnelle tout     pension. Ces considérations sous-tendent d’ailleurs la cam-
en inquiétant les assurés. Nous devons davantage mettre            pagne d’information et de sensibilisation de l’ASIP « Avec
en exergue la manière dont les caisses de pension four-            nous – pour nous » (cf. www.avec-nous-pour-nous.ch). Il
nissent leurs prestations et relèvent leurs défis, même dans       s’agit de renforcer la sécurité, la confiance, l’efficience et la
un contexte difficile.                                             transparence en vue de résoudre les problèmes en com-
                                                                   mun. Les assurés veulent investir leurs avoirs de prévoyance
Dans le cadre de l’enquête Swisscanto auprès des caisses           en toute sécurité et savoir qu’ils sont placés de façon pro­
de pension, des données importantes sont régulièrement             fessionnelle. Il est donc capital de protéger la fortune de pré-
­publiées sur les caisses de pension suisses. Ainsi, l’étude ré-   voyance constituée, qui appartient aux assurés.
 cente donne des indications sur la suite de l’évolution (cf.
 résultats de l’enquête 2012). Ces données fournissent des ar-     Le système est capable de faire face aux risques
 guments précieux pour le débat politique, mais aussi pour         Il ne fait pas de doute que les crises actuelles des finances,
 les organes dirigeants responsables des diverses caisses de       de la dette et de l’Euro ainsi que le contexte de faiblesse
 pension.                                                          des taux d’intérêt sont sources de préoccupations et renfor-
                                                                   cent les appels à la réforme de la prévoyance profession-
Un facteur de succès de la politique sociale                       nelle, mais elles ne la mettent pas en danger dans ses fonde-
Une comparaison du système suisse avec d’autres systèmes           ments. Il faut souligner qu’il n’est pas utile de se focaliser
montre que le système de prévoyance par capitalisation             uniquement sur la performance à court terme en fin d’année.
­représente un facteur de succès de la politique sociale. La       Même si les taux de couverture en fin d’année baissent en
 Suisse peut être fière de son système des trois piliers, qui      raison de pertes de placement massives, cela ne signifie
 est admiré et copié à l’étranger, justement parce qu’il com-      pas pour autant que la stabilité du système de la prévoyance
 bine solidarité entre les générations et responsabilité in­       professionnelle soit menacée. Etant donné que les rende-
 dividuelle. Pour couvrir les lacunes de rentes qui menacent,      ments futurs sur le capital ne sont jamais connus à l’avance,
 par exemple, l’OCDE plaide elle aussi, dans les Perspec-          notre système financé selon la méthode de la capitalisa-

8
tion est toujours soumis au risque de rendement. Personne            forcer et consolider les structures actuelles. La prévoyance
ne peut dire aujourd’hui si l’évolution négative actuelle aura       professionnelle fondée sur le partenariat social continue
aussi des incidences négatives à long terme. Les mouve-              à représenter un système qui fonctionne. Malgré tout, la
ments de l’économie et des marchés échappent quasiment               conscience de la nécessité d’assurer une gestion des caisses
à toute prévision.                                                   de pension transparente et efficace sur le plan des coûts
                                                                      doit être avivée et les faiblesses structurelles dans le domaine
Nul ne conteste que la prévoyance par capitalisation est             du financement et des prestations doivent être éliminées. Les
­tributaire d’une croissance de l’économie et en particulier du      conditions cadres légales applicables à la gestion de la
 bon fonctionnement du marché financier sur lequel les               ­fortune de prévoyance constituée collectivement sont essen-
 ­rendements des capitaux nécessaires peuvent être réalisés.          tielles.
  Mais l’évolution financière doit être observée sur une pé-
  riode prolongée. La stabilité du 2e pilier découle d’une stra-     Le système de la prévoyance ne doit plus être aménagé
  tégie de placement axée sur le long terme et largement             avec des facteurs extérieurs au marché et se mélanger de
  ­diversifiée. Il est donc nécessaire de faire à tout moment un     plus en plus à des éléments de la méthode de la répartition.
 bond intellectuel entre le cours du jour, la réaction à             Il est donc nécessaire d’agir dans le domaine du taux de
 court terme, et une approche à long terme avec un horizon           conversion LPP. Les partenaires sociaux et les responsables
 de placement éloigné. De ce fait, les caisses de pension            politiques doivent ficeler un paquet global montrant com-
 peuvent également profiter d’une éventuelle reprise des mar-        ment adapter le taux de conversion dans le contexte d’en-
 chés financiers. Dans ce contexte, les principes de la sécu-        semble. L’abaissement du taux de conversion LPP est une
 rité, du rendement, de la répartition des risques et de la liqui-   mesure nécessaire pour sécuriser durablement la prévoyance
 dité doivent être pondérés de façon optimale. Pour cela,            professionnelle. Dans le même temps, une adaptation des
 les investissements en actions et dans l’immobilier, en actifs      paramètres cadres doit garantir la réalisation du but constitu-
 réels productifs, sont également tout à fait bien choisis.          tionnel du « maintien du niveau de vie antérieur », c’est-à-
                                                                     dire un but de prestation de quelque 60% du dernier salaire
Poser des jalons à temps                                             brut pour une carrière de cotisations intégrale.
Force est de concéder que les jalons doivent être posés
à temps. On peut donc se demander combien de temps les               Néanmoins, un examen rétrospectif montre que le but initial
décisions politiques peuvent se faire attendre. La réforme           dans le domaine de la LPP (le respect de la règle d’or, à
de l’assurance invalidité AI engagée (trop) tard est un              ­savoir des intérêts versés sur les avoirs de vieillesse d’un
exemple dissuasif à cet égard. Le dialogue instauré par le            montant correspondant au taux d’évolution des salaires no-
Conseil fédéral avec le rapport sur l’avenir du 2e pilier et le       minaux) a été nettement dépassé entre 1985 et 2011 : la
processus législatif qui a suivi dans l’AVS et la prévoyance          ­rémunération a été d’environ 1,3% supérieure à l’évolution
professionnelle offrent la chance de poser aujourd’hui des             des salaires nominaux. L’avoir de vieillesse d’un assuré
jalons importants dans la politique de la prévoyance suisse            ­aujourd’hui âgé de 51 ans ayant un plan LPP minimal de-
d’une manière réfléchie et mieux coordonnée que dans                    puis 1985 est d’environ 15% supérieur à ce qu’il serait
le passé.                                                               ­selon l’application de la règle d’or.

Il faut souligner que le système en place n’a pas besoin d’une        Taux de conversion et mesures
révolution. La conception des trois piliers a fait ses preuves       ­d’accompagnement
et doit être conservée. Aucune adaptation fondamentale du             Malgré tout, un abaissement du taux de conversion dans le
système n’est nécessaire, par exemple transfert des pondé­            domaine LPP doit être assorti de mesures d’accompagne-
rations de la prévoyance professionnelle à l’AVS, même pas            ment pour garantir que soit atteint le but de prestations au
temporairement par le biais de mesures d’accompagnement               moment de l’âge ordinaire du départ à la retraite. Parmi
­portant sur le premier pilier. D’autres thèmes tels que l’intro-     les mesures d’accompagnement dont on dispose figurent la
duction d’un libre choix individuel de la caisse de pension           baisse de la déduction de coordination, le relèvement des
pour les salariés, par exemple, ne doivent pas être poursui-          contributions d’épargne, la prolongation des années de co-
vis. Au contraire, il convient de créer une base pour ren­            tisation ou une combinaison de ces propositions. Notons

                                                                                                                                    9
que le niveau du taux de conversion dépend également                    La question de savoir si une adaptation dans les caisses de
de l’âge de la retraite. Plus celui-ci est fixé à un niveau élevé,      pension enveloppantes doit aller de pair avec des mesures
plus le taux de conversion est élevé lui aussi.                         d’accompagnement doit être tranchée par l’organe de di-
                                                                        rection suprême – mais dans le domaine du minimum légal,
Dans ce contexte, un relèvement de l’âge ordinaire de la                elle doit l’être par les responsables politiques (si le taux de
­retraite constitue tout à fait une option permettant d’éviter une      conversion devait continuer à être fixé par le Parlement).
 baisse de l’objectif de prestations initial. Il est souhaitable
 de définir comme base un âge ordinaire de départ à la                  Conclusion
 ­retraite, d’entente avec l’AVS. Dans l’assurance obligatoire,         Le 2e pilier en Suisse apporte une contribution capitale à
  l’âge LPP se recoupe aujourd’hui avec l’âge AVS (65 ans                la prévoyance vieillesse, survivants et invalidité. Il fonc-
  pour les hommes et 64 ans pour les femmes). Mais sur                   tionne bien et fournit ses prestations aux assurés. Pour que
  le plan réglementaire, la marge de manœuvre des caisses               son succès puisse se poursuivre, les conditions cadres
  de pension (à partir d’un âge minimum de 58 ans) ne de-               ­légales et politiques pour la gestion de la fortune de pré-
  vrait pas être restreinte. En outre, la possibilité de flexibiliser    voyance constituée collectivement ainsi que le comporte-
  l’âge de la retraite vers le haut et vers le bas doit être ren-        ment des personnes impliquées sont des facteurs décisifs. Il
  forcée.                                                                convient de tout faire pour que les institutions de prévoyance
                                                                        autonomes continuent à pouvoir assumer leurs tâches,
Il convient également de discuter des moyens d’amortir                  sous leur responsabilité propre, pour le bien des assurés.
à court terme les répercussions d’un abaissement rapide du
taux de conversion LPP pour les assurés se trouvant à
peu de temps de la retraite. Dans ce contexte se pose par
exemple la question de savoir si cela doit se faire par le
biais d’un pool tel que le fonds de garantie. Il est probléma-
tique de procéder à une compensation par le biais de
l’AVS en cas d’abaissement immédiat du taux de conversion
pour préserver l’objectif de prestations. Cette argumenta-
tion méconnaît le fait que l’AVS aura sans doute fort à faire
pour combattre les effets démographiques à partir de
2020.

10
Se protéger en période de crise monétaire

Vaut-il la peine de pratiquer le hedging ?

                                                                  Avec la crise du crédit dans la zone euro, l’assurance offerte
                                                                  par le CHF a été largement payante : le CHF s’est apprécié
                                                                  jusqu’à atteindre 1.0075 par rapport à l’EUR. Une exposition
                                                                  envers le CHF a été princièrement récompensée précisé­
                                                                  ment au moment où pratiquement tous les autres placements
                                                                  risqués perdaient massivement de leur valeur. Une partie
                         Thomas Härter, Chief Strategist,         de ces gains a été à nouveau détruite par l’introduction d’un
                        ­Asset Management                         seuil minimal de 1.20 CHF/EUR décidée par la BNS.

                                                                  Pour les caisses de pension suisses, la première question
                                                                  qui se pose est de savoir dans quelle mesure il convient de
                                                                  couvrir les risques de change en général. En d’autres
                                                                  termes : quel est l’indice de référence optimal pour les mon­
                                                                  naies ? Et la deuxième question est la suivante : comment
                         Peter Bänziger, Chief Investment         devrait se présenter la couverture actuelle des devises dans
                        ­Officer, Swisscanto                      les circonstances actuelles ?

La crise monétaire qui dure déjà depuis deux ans                   Actions et obligations
et les pressions à l’appréciation qu’elle exerce                   De façon générale, les obligations en monnaies étrangères
sur le franc suisse ont mis les questions de hedging               réagissent plus fortement aux variations de change que les
au cœur des préoccupations des investisseurs ac-                   actions étrangères. C’est pourquoi le hedging des monnaies
tifs sur le plan international, et donc des caisses de             sur les obligations diminue en particulier la volatilité jusqu’à
pension suisses. Les auteurs examinent les effets                  50%. Ainsi, la prise de risques de change pour les obliga­
qui en découlent sur les portefeuilles en actions et               tions, même en présence d’une prime de risque positive, n’est
en obligations et tentent d’apporter une réponse                  pas suffisamment rémunérée. Dans la plupart des cas, il
à la question de savoir comment tenir compte à                    vaut mieux utiliser la réduction de volatilité obtenue par le
l’heure actuelle des mesures de stabilisation de la               hedging des monnaies sur les emprunts étrangers pour
Banque nationale.                                                 ­exploiter la prime de risque traditionnelle sur les actions ou
                                                                  les risques de crédit. Le graphique 1 confirme cette thèse
Traditionnellement, le franc suisse a toujours été une mon­       à l’exemple du JP Morgan Global Government Bond Index
naie qui profitait des incertitudes et qui s’appréciait lorsque   avec hedging en CHF et du même indice sans cette cou­
la valeur de tous les autres placements risqués chutait.          verture.

En raison de cette utile fonction d’assurance et conformé­        Il apparaît clairement que les emprunts étrangers avec
ment aux modèles d’évaluation théoriques, les rendements          ­couverture présentent les caractéristiques de loin les plus at­
des positions longues en CHF étaient légèrement négatifs           trayantes sur le plan de la répartition des rendements, en
par rapport à pratiquement toutes les autres monnaies              particulier s’agissant de la volatilité nettement plus faible des
sur le plan des attentes. En dehors des périodes de crise,           rendements. L’apparition plus fréquente de rendements
il valait généralement un peu mieux, du strict point de             ­extrêmes, la volatilité nettement plus élevée des rendements
vue des rendements, ne pas procéder à une couverture                 et les rendements moyens plus faibles militent très claire­
des risques de change en CHF.                                      ment, du point de vue d’un investisseur en CHF, en faveur
                                                                   d’un hedging des emprunts étrangers. Le graphique 2
                                                                   ­présente les réductions des deux indices (reculs de cours)
                                                                    en comparaison.

                                                                                                                                 11
Graphique 1 : Evolution des emprunts étrangers                             L’appréciation du CHF par suite du statut de « safe haven »
avec et sans couverture depuis janvier 1998                                qui existait encore à l’époque et qui a entraîné à partir de
                                                                           mai 2010 des pertes massives sur les emprunts étrangers
           En CHF                                                          non couverts en donne un épouvantable exemple. En juillet
     160                                                                   2011, il a finalement fallu subir des pertes de 21,5% qui
     150                                                                   n’ont toujours pas été récupérées à ce jour (par rapport à la
     140                                                                   situation en mai 2011) ! Pendant ces périodes troubles, ceux
     130
                                                                           qui avaient investi en emprunts couverts sur le plan des
                                                                           monnaies n’ont dû subir une perte maximale que de 3,3%,
     120
                                                                           qui a pu être compensée dès le mois d’août 2011.
     110

     100
                                                                           Pour les actions, l’affaire est moins nette. Les coûts et les
     90
                                                                           chiffres d’affaires de la plupart des entreprises ne peuvent
     80                                                                    pas clairement être affectés à une seule monnaie, contraire-
           98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
                                                                           ment aux paiements de coupons d’un emprunt. En outre,
                          ■ Hedged         ■ Unhedged
                                                                           de nombreuses entreprises se protègent elles-mêmes contre
                                                   avec            sans    les risques de change. Une entreprise cotée aux Etats-Unis
 JPM GBI                                      couverture      couverture
                                                                           en USD, qui a sa structure de coûts principale aux Etats-
 Rendement moyen annualisé                         3,32%          3,03%
                                                                           Unis et exporte dans le monde entier, gagne par ailleurs en
 Volatilité annualisée                             3,07%          8,07%
 Asymetrie1                                        –0,08            0,78   compétitivité sur les prix et obtient davantage de recettes
 Aplatissement 2                                    0,08            3,09   en devises lorsque l’USD se déprécie. Au contraire, la dépré-
 Recul de cours maximal                            4,26%         21,47%    ciation de l’USD n’apporte aucun avantage aux investis-
 « Maximum Time to recover » en années 3                2,3          2,7
                                                                           seurs en emprunts en USD basés en Suisse. C’est pourquoi
                                                                           la réduction de la volatilité par le hedging des positions
                                                                           en actions est moindre, tout en restant significative. Le gra-
Graphique 2 : Evolution de la réduction des                                phique 3 montre l’évolution de l’indice MSCI du marché
­emprunts étrangers avec et sans hedging des                               mondial des actions sans et avec couverture en CHF, étant
 monnaies depuis 1998                                                      entendu que le hedging n’a été effectué que pour l’évolution
                                                                           du cours de l’indice, mais pas pour les dividendes (nos
           En %                                                            propres calculs).
      0
                                                                           Nota bene : les pertes subies depuis le krach technologique
      –5                                                                   de 2000 par les investisseurs en actions sans hedging
                                                                           ayant le CHF comme monnaie de base n’ont été rattrapées
     –10
                                                                           à aucun moment jusqu’ici. Cela signifie que le point de
     –15
                                                                           ­départ de la réduction pour un tel investisseur est l’année
                                                                            2000, alors que l’investisseur qui avait procédé au hed-
     –20                                                                    ging des monnaies a pu compenser ses pertes, ne serait-ce
                                                                            que temporairement, si bien que l’on peut prendre pour
     –25                                                                    lui comme point de départ de la réduction la plus récente
           98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
                                                                            la crise des subprimes en 2007. Jusqu’ici, ses pertes n’ont
                          ■ Hedged         ■ Unhedged
                                                                            pas non plus été compensées. Le graphique 4 compare les
                                                                            réductions pour les investisseurs en actions en CHF avec
                                                                            et sans hedging.

12
Graphique 3 : Indice MSCI des actions mondiales                             La nette réduction de volatilité et les meilleures propriétés
avec et sans couverture en CHF                                              historiques en matière de réduction peuvent également faire
                                                                            apparaître comme avantageux un hedging des monnaies
          En CHF                                                            pour la quote-part en actions. Pour les investisseurs en CHF,
   500                                                                      une analyse quantitative purement rapportée au passé
   450                                                                      aboutit au résultat suivant: si l’on optimise une fonction d’uti-
   400                                                                      lité IRAR4, l’optimiseur veut couvrir les deux quotes-parts
   350                                                                     à 100% pour une allocation prescrite à 50% en emprunts et
   300                                                                     50% en actions. Or, il est nettement plus indispensable de
   250                                                                     protéger la quote-part en emprunts étrangers que celle en
   200                                                                     actions. Nous considérons comme acceptable, pour fixer un
   150                                                                     benchmark efficace, à titre d’approximation pragmatique
   100                                                                     à un hedge ratio optimal, de couvrir à 100% les obligations
    50                                                                     en monnaie étrangère et seulement entre 0% et 20% les
              93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
                                                                           ­actions de la quote-part étrangère.
                            ■ Hedged       ■ Unhedged

                                                   avec            sans    Le graphique 5 compare l’évolution de divers balanced-
 MCSI World                                   couverture      couverture
                                                                           benchmarks, qui sont tous investis à 50% en actions et
 Rendement moyen annualisé                         6,06%          6,02%
                                                                           à 50% en obligations. Le benchmark optimal à titre rétros-
 Volatilité annualisée                            14,37%          17,45%
 Asymetrie1                                        –0,81           –0,60   pectif n’investit qu’en tranches avec hedging. Le bench-
 Aplatissement 2                                    1,29            0,33   mark pragmatique couvre intégralement la quote-part en
 Réduction maximale                               51,31%          57,94%   emprunts, mais y renonce pour la quote-part en actions.
 « Maximum Time to recover » en années 3                6,8         11,8

Graphique 4 : Comparaison de la réduction                                  Graphique 5 : Comparaison de performance
de l’indice MSCI actions mondiales en CHF                                  de divers balanced-benchmarks

          En %                                                                      En %
      0                                                                       150

                                                                              140
   –10
                                                                              130
   –20
                                                                              120

   –30                                                                        110

                                                                              100
   –40
                                                                               90
   –50
                                                                               80
                                                                                     98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
   –60
              93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11              ■ Indice Balanced optimal : couverture totale
                                                                                    ■ Indice Balanced sans couverture
                            ■ Hedged       ■ Unhedged                               ■ Indice Balanced couverture uniquement pour les obligations

                                                                                                                                                   13
Graphique 6 : Surévaluation d’environ 12%                                           Graphique 7 : Surévaluation d’environ 14%
du CHF par rapport à l’EUR                                                          du CHF par rapport à l’USD

           En CHF                                                                              En CHF
     1.7                                                                                 2.0

     1.6                                                                                 1.8

                                                                                         1.6
     1.5
                                                                                         1.4
     1.4                                                                   1.34
                                                                                         1.2                                                                   1.12
     1.3
                                                                                         1.0
     1.2                                                                                 0.8                                                                   0.98
                                                                           1.20

     1.1                                                                                 0.6
            00   01   02   03    04   05   06   07   08      09   10    11                      00   01    02   03   04   05   06    07   08     09   10    11

           ■ Taux de change jusqu’au 31.07.2012                                                ■ Taux de change jusqu’au 31.07.2012
           ■ Parité de pouvoir d’achat jusqu’au 30.06.2012                                     ■ Parité de pouvoir d’achat jusqu’au 30.06.2012
                                                              Source : Datastream                                                                 Source : Datastream

De façon générale, pour une caisse de pension qui n’a ap-                           nous jugeons acceptable, par exemple, un hedging des
pliqué jusqu’ici aucune stratégie de hedging des monnaies, il                       ­emprunts en EUR à 80% seulement. En raison de l’accolage
est recommandé, dans la situation actuelle, de réduire les                           du CHF à l’EUR, le CHF a tendance à se déprécier par
risques de change mal rémunérés sur la quote-part en obli-                           ­rapport à l’USD lorsque les placements risqués perdent de
gations et à la place, d’augmenter d’autant la quote-part                             leur valeur. Ainsi, du moins temporairement, la fonction
en actions (pour un même risque global). En effet, les risques                        de « safe haven » s’est transformée en son contraire. Si la
sur les actions sont rémunérés à long terme, et le moment                             crise du crédit dans la zone euro continuait à s’aggraver,
d’intervention à long terme sera sans doute avantageux en                             l’USD devrait s’apprécier par rapport au CHF. Dans ce
raison des évaluations attrayantes, surtout en Europe. A titre                        contexte, nous considérons également qu’une couverture
alternatif, il faudrait aussi envisager d’épuiser la prime de                         à seulement 80% serait acceptable.
risque de crédit ou d’augmenter la quote-part de l’immobilier.

 Le hedging des monnaies dans la situation                                          1   Le coefficient d’asymétrie est une mesure de la symétrie d’une réparti­
                                                                                        tion de fréquence. Les répartitions à droite donnent un coefficient
­actuelle
                                                                                        d’asymétrie négatif. Inversement, les répartitions à gauche donnent un
 Passons désormais à la deuxième question : comment de-                                 coefficient d’asymétrie positif. La répartition à gauche se caractérise
 vrait se présenter le hedging des monnaies dans les circons-                           par l’apparition fréquente de rendements négatifs très importants.
 tances actuelles ? Une caisse de pension qui veut réaliser                         2   Le coefficient d’aplatissement (kurtosis) d’une répartition exprime le fait
                                                                                        de savoir si cette répartition est plus ou moins « aplatie » par rapport
 un rendement supplémentaire par une stratégie active en
                                                                                        à une répartition normale.
 de­vises par rapport au benchmark de monnaies doit tenir                           3   Temps maximal requis pour que l’investisseur récupère la valeur de sa
 compte de l’évaluation actuelle du CHF et de la crédibilité de                         mise initiale lorsqu’il a investi au plus mauvais moment.
 la limite inférieure de 1.20 par rapport à l’EUR. Les gra­                         4   Une fonction d’utilité mesure la «chance» d’un investisseur. Un investis-
 phiques 6 et 7 montrent que le CHF présente une surévalua-                             seur ayant une fonction d’utilité IRAR est d’autant plus satisfait
                                                                                        – que son rendement est élevé, et
 tion de l’ordre de 10% par rapport à l’EUR et de 14% par                               – que la volatilité est faible, et
 rapport à l’USD. Etant donné qu’il existe une surévaluation                            – que l’asymétrie est forte (probabilité de rendements positifs extrême-
 du CHF pratiquement par rapport à toutes les monnaies,                                    ment élevés et faible probabilité de rendements extrêmement
 et que le plancher se maintiendra très vraisemblablement                                 ­négatifs) et
                                                                                        – que la répartition des rendements est peu aplatie.
 pendant au moins un an, les investisseurs peuvent envisager
                                                                                        La maximisation d’une fonction d’utilité IRAR a l’avantage de tenir
 une quote-part de hedging plus faible par rapport au bench-                            compte de façon adéquate des moments plus élevés de la répartition
 mark de monnaies – surtout par rapport à l’EUR. Ainsi,                                 des rendements de portefeuille.

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