Les Geeks Héros (pop) des temps modernes - afeccav

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Les Geeks Héros (pop) des temps modernes - afeccav
Appel à communications

                            Les Geeks
        Héros (pop) des temps modernes
Colloque organisé par Fabien Delmas, Hélène Valmary, Justine Nicollin et Alexandros
      Tsopotos pour le groupe de recherches POPPART – LePOPestPARTout

               Université Paris-Est Marne-la-Vallée (Université Gustave Eiffel)
                                       29-30 mai 2020

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Les Geeks Héros (pop) des temps modernes - afeccav
En tant qu’archétype, le geek et ses diverses déclinaisons (le fanboy, le nerd, le
cyberpunk, le nolife) est emblématique du cinéma américain contemporain du point de vue
thématique, historique et systémique. Plus généralement, à l’heure de la mondialisation, de la
multiplication des supports, des réseaux de diffusion et des accès à l’information la place de
plus en plus prégnante du geek dans le paysage cinématographique et télévisuel américain
rend compte d’une sorte d’âge d’or de la pop culture triomphante et d’un moment où est
reconsidérée la hiérarchie entre la culture savante (« high culture ») et populaire (« low
culture »).
        S’ils sont apparus dans les années 1960-1970 et qu’ils ont prospéré dans les années
1980-1990, c’est bien dans les années 2000 et grâce à la comédie que les geeks et les fanboys
ont conquis leurs lettres de noblesse. Ils ont alors cessé d’être des faire-valoir ou de brillants
mais maladroits adjuvants (des sidekicks) pour porter sur leurs frêles épaules la responsabilité
du continuum narratif. Ce glissement et cette évolution de leur nature primaire ont eu lieu
grâce, notamment, au producteur et réalisateur Judd Apatow avec la série Freaks and Geeks
(Paul Feig, 1999-2000, NBC), et les films 40 ans, toujours puceau (The 40 Year-Old Virgin,
Judd Apatow, 2005), Supergrave (Superbad, Greg Mottola, 2007) ou En cloque mode
d’emploi (Knocked Up, Judd Apatow, 2007).
        L’arrivée massive de ces nouveaux personnages a également correspondu avec
l’émergence d’une génération d’acteurs gravitant autour d’Apatow et dont l’image finit par se
confondre avec celle du fanboy. Parmi ces nouveaux acteurs figurent Seth Rogen, Jonah Hill,
Jay Baruchel, Justin Lang, Christopher Mintz-Plasse ou Michael Cera.
        Les geeks apparaissent comme des inadaptés. A l’instar des héros du film Fanboys
(Kyle Newman, 2009), ils peinent à s’insérer dans la vie active. Ils sont vendeurs de bandes
dessinées, livreurs de pizzas, artistes frustrés reconvertis malgré eux en vendeurs de voitures.
Pas de famille à charge, peu de responsabilités, une vie sentimentale problématique. Ils ont,
au fil du temps, accumulé sur les mythologies modernes et populaires (Star Wars, Star Trek,
Le Seigneur des anneaux, les héros des univers Marvel et DC Comics) un savoir
encyclopédique qui ne trouve aucune application, ni valorisation concrète dans le monde qui
est le leur, qui est le nôtre. Les geeks ne se cantonnent pas à un genre particulier. Initialement
montrés comme des personnages de comédies, ils sont, par exemple, présents et essentiels
dans l’œuvre et les thrillers de David Fincher1. On peut également remarquer que le Spider-

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 On songe ainsi à Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal dans Zodiac, 2007), Lisbeth Salander (Rooney Mara dans
Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes / The Girl with the Dragon Tattoo, 2011) et bien sûr à
Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg dans The Social Network, 2010)

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Les Geeks Héros (pop) des temps modernes - afeccav
Man du Marvel Cinematic Universe2 est un geek et que cette caractéristique lui permet de
venir à bout de certaines situations : dans Captain America Civil War, sa connaissance de Star
Wars lui permet de faire tomber à terre Ant-Man devenu géant ; dans Avengers : Infinity War,
c’est Alien qui lui apporte la solution pour éjecter un extra-terrestre d’un vaisseau spatial.
       Don Quichotte modernes, les geeks sont surtout devenus l’un des symboles majeurs de
la pop culture contemporaine. Structurellement, leur caractérisation et leur trajectoire
semblent sous-tendues par une stratégie pop qui oscille entre deux logiques. Premièrement, la
stratification référentielle, synonyme d’accumulation, de multiplication et d’hétérogénéité des
références, consiste en l’accumulation pêle-mêle et quasi-simultanée des modèles culturels.
Cette approche n’implique pas nécessairement de hiérarchisation préalable et confère à la
mode et à l’immédiateté une primauté affirmée. Dès lors, le récit filmique ou sériel pourrait
être assimilé à un collage. Cette approche met en exergue l’essence de ce qu’est l’art pop tel
qu’il a pu être conceptualisé par Lawrence Alloway. Elle confirme également l’existence d’un
cinéma pop tel qu’il fut défini par Pierre Berthomieu3 et Renan Cros.
       Deuxièmement, la naturalisation des codes et des motifs culturels consiste en
l’adaptation à un contexte narratif singulier d’éléments renvoyant à l’histoire du pop. La
référence, la citation littérale ou détournée, la convocation de modèles chargés de sens par la
culture populaire contribuent ainsi à l’établissement d’une réflexivité. Le détournement de
modèles solidement établis est conforme à la tradition parodique qui parcourt la comédie
américaine et à laquelle appartiennent Mel Brooks qui, avec La Folle histoire de l’histoire de
l’espace (Space balls,1987), pastiche Star Wars, ou encore Jim Abrams qui, dans Hot Shots 2
(Hot Shots ! Part Deux), en 1993, organise un duel au sabre laser entre le Président des Etats
Unis et Saddam Hussein.
       La détermination du geek en tant qu’archétype correspond également à l’avènement
d’une génération de cinéastes, de scénaristes, de producteurs, de showrunners qui se
réclament du cinéma populaire américain des années 1970–1980, soit le début de la
démocratisation d’une conception d’une pop culture décomplexée et mondialisée. Cette
période voit s’affirmer le blockbuster comme nouveau paradigme économique et
cinématographique et de nouveaux canons, ou modèles, assimilables aux œuvres de Steven
Spielberg, Robert Zemeckis, John McTtiernan, John Hughes, James Cameron et George
Lucas. Quelques noms de cinéastes geeks surgissent alors spontanément. J.J. Abrams se

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  Tom Holland dans Captain America : Civil War (frères Russo, 2016), Spider-Man Homecoming (Jon Watts,
2017), Avengers Infinity War (frères Russo, 2018), Spider-Man Far From Home (Jon Watts, 2019).
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  Pierre Berthomieu, Hollywood. Le Temps des mutants, Pertuis, Rouge Profond, 2013

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revendique comme un héritier du spectacle hollywoodien tel qu’il s’est épanoui dans les
années 1970-1980, revisitant avec déférence et tendresse les rencontres du troisième type
spielbergiennes (Super 8, 2011), relançant la franchise Star Trek et supervisant la troisième
trilogie Star Wars (2015-2019). Seth MacFarlane, le créateur des séries Family Guy (Fox,
1999), American Dad ! (Fox puis TBS, 2005) s’est fait connaître pour son esprit et son
humour aussi vif que mordant. Enfin, Kevin Smith, s’est quant à lui érigé en cinéaste
ouvertement geek et s’adressant aux geeks. Les héros de son cinéma sont des inadaptés qui
ont grandi entre les rayonnages des boutiques de bandes dessinées et les parkings de grandes
surfaces où ils se retrouvent pour boire, s’échanger des VHS et parler de jeux vidéo. Ces
vitteloni américains vivent encore dans les garages aménagés de leurs parents et pratiquent en
groupe leur sport préféré : l’herméneutique d’œuvres pop, des comics aux films de science-
fiction. Adorateurs de Star Wars ou de superhéros, ils se plaisent à décortiquer et à
surinterpréter. Ils évaluent, comparent, testent et s’érigent en observateurs avertis de la culture
populaire. A leur manière, ils sont des héros des temps modernes.
       Enfin, on pourra s’interroger d’un point plus pédagogique ou méthologique sur les
questions que posent à la fois le fait de travailler sur des objets issus de la popculture et le fait
d’être des enseignants et des chercheurs geeks. Le geek baigne dans un monde de références
qui s’étendent du jeu vidéo au cinéma en passant par les séries télévisées ou encore les bandes
dessinées, monde dans lequel il est immergé depuis plusieurs années : est-ce que l’analyse et
la transmission des connaissances nécessaires à l’appréhension de ces univers immersifs
auxquels collègues ou étudiants peuvent être résolument étrangers nécessitent l’invention
d’outils particuliers (informatiques, vidéographiques) ou l’utilisation de matériaux nouveaux
(les videos ludiques de youtubeurs, les podcasts de fans) ? De manière plus générale, on
pourra se demander comment parler à l’université d’objets d’amour, ce que sont souvent les
univers pop dans lesquels les geeks se reconnaissent, d’objets avec lesquels on entretient
souvent une relation très intime qui peut sembler loin de toute objectivité scientifique ?

       Organisé par le groupe de recherches POPPART (LePOPestPARTout), les 29 et 30
mai 2020 à l’Université Paris Est Marne-la-Vallée, ce colloque sera la conclusion d’une
première année consacrée à l’étude de la pop culture et à ses principaux phénomènes. Il a pour
objectif de fixer à travers la figure forte et archétypale du geek, une réflexion autour des
enjeux que cristallisent la pop culture contemporaine et le cinéma populaire. Les
communications de 40 minutes pourront porter sur les sujets suivants :

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-   des études de cas consacrées à une œuvre (film, série, clip musical), un genre ou un
       cinéaste.
   -   des études dédiées à la réception et à l’analyse sociologique des phénomènes pop au
       cinéma ou dans les séries télévisées.
   -   des propositions de théorisation et de conceptualisation de la pop culture.
   -   des propositions concernant les enjeux pédagogiques et méthodologiques propres aux
       objets pop et aux enseignants geeks.

Ce colloque ne s’adresse pas qu’aux chercheuses et aux chercheurs en études
cinématographiques. Notre réflexion collective se veut interdisciplinaire.
Les propositions de communication d’environ 1500 signes (espace compris), accompagnées
d’un titre provisoire et d’une bibliographie de 5-6 lignes, sont à faire parvenir avant le 15
mars 2020 aux adresses suivantes : fabiendelmas24@gmail.com, atsopotos@hotmail.com,
helene.valmary@unicaen.fr

Comité scientifique :
Fabien Delmas, LISAA-CCAMAN, Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Stella Louis, LISAA-CCAMAN, Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Justine Nicollin, LISAA-CCAMAN, Université Paris-Est Marne-la-Vallée
David Peyron, IMSIC, Université Aix-Marseille
David Roche, RIRRA21, Université Paul Valéry-Montpellier 3
Alexandros Tsopotos, docteur en Etudes cinématographiques
Hélène Valmary, LASLAR, Université de Caen Normandie

Bibliographie indicative
Beaujouan Nicolas, Geek : la revanche, Paris, Robert Laffont, 2013
Berthomieu Pierre, Hollywood. Le temps des mutants, Pertuis, Rouge profond, 2013
                   Hollywood moderne. Le temps des voyants, Pertuis, Rouge profond, 2011
Martel Frédéric, Mainstream : enquête sur cette culture qui plait à tout le monde, Paris,
Flammarion, 2010
Mémeteau Richard, Pop culture. Réflexions sur les industries du rêve et l’invention des
identités, Paris, Editions de la découverte, 2014
Peyron David, Culture Geek, Limoges, Fyp Editions, 2013

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