Les navires-hôpitaux en renfort dans la lutte contre la pandémie aux États-Unis

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Les navires-hôpitaux en renfort dans la lutte contre la pandémie aux États-Unis
TRIBUNE n° 1165
Les navires-hôpitaux en renfort
dans la lutte contre la pandémie
aux États-Unis
Quentin NOUGUÉ               Diplômé d’Iris Sup’ en Master 2 Géopolitique et Prospective, Master 2 en développe-
                             ment économique et gestion du risque maritime à Lille 2.

A
        près des semaines de confine-
        ment quasi généralisé, l’Europe
        occidentale entrevoit l’espoir
d’un ralentissement de la propagation
du coronavirus, alors que les États-Unis
connaissent, au contraire, une accéléra-
tion. New York représente désormais un
septième des cas américains (134 000                          USNS Comfort en 2009
personnes infectées sur un total d’envi-               (Spc. Landon Stephenson, US NAvy)
ron 770 000) et le taux d’infection y est
8 à 10 fois plus élevé que dans le reste du pays (1). Pour soulager les hôpitaux saturés
de la ville, les autorités fédérales ont dépêché sur place, le 30 mars 2020, l’un de
leurs deux navires-hôpitaux, le USNS Comfort. Son frère jumeau, l’USNS Mercy, a
rejoint pour sa part Los Angeles (2).
        Un navire-hôpital est un bâtiment spécialement construit, transformé ou
aménagé dans le but de porter secours à des blessés, malades et/ou naufragés. En
vertu de la Convention de Genève du 12 août 1949, il ne peut pas être attaqué ni
capturé. Le personnel sanitaire a droit à la même protection. Le signe distinctif de
protection de ce type de navires est l’emblème de la Croix-Rouge (ou du Croissant-
Rouge) sur une coque peinte en blanc. Par ailleurs, un navire-hôpital ne doit pas
être doté d’armement. La plupart de ces bâtiments sont mis en œuvre par des
marines militaires.
       Anciens pétroliers construits en 1976 par la National Steel and
Shipbuilding Company et convertis en navire-hôpital dix ans plus tard, les

(1) NEWBURGER Emma, « US tops more than 750,000 cases as Trump says he will use DPA to increase medical swabs »,

CNBC, 19 avril 2020 (www.cnbc.com/2020/04/19/coronavirus-live-updates.html).
(2) GROIZELEAU Vincent, « Les navires hôpitaux américains rejoignent Los Angeles et New York », Mer et Marine,

30 mars 2020.

                                    www.defnat.com - 22 avril 2020
                                                                                                                   1
Les navires-hôpitaux en renfort dans la lutte contre la pandémie aux États-Unis
USNS Mercy et USNS Comfort sont respectivement entrés en service en 1986
    et 1987 au sein du Military Sealift Command (commandement du transport mari-
    time militaire). Ils disposent chacun à leur bord de 12 blocs chirurgicaux, 4 salles
    de radiologie, une clinique dentaire, 80 lits de soins intensifs ainsi que 920 autres
    médicalisés. L’ensemble, à pleine capacité, peut être mis en œuvre par
    1 200 membres du personnel médical, l’équipage normal des navires étant consti-
    tué de 62 marins (3).

    Des symboles historiques de la diplomatie navale américaine
             On pourrait légitimement croire que le rôle de l’US Navy se limite à des
    opérations de soutien militaire à l’étranger, à la lutte contre la piraterie ou encore
    à celle contre le terrorisme en mer. Mais elle dépense aussi plusieurs centaines de
    millions de dollars (au moins 25 M pour l’Asie) pour envoyer des navires-hôpitaux
    dans des pays pauvres généralement en manque de structures de santé fiables (4).
            Ce type de missions permet aux États-Unis de soigner leur image à l’étran-
    ger pour un coût, malgré tout, relativement modeste. « Nous tissons des liens de
    confiance et instaurons de nouvelles façons de communiquer » expliquait en 2012
    l’ancien commandant de la flotte américaine dans le Pacifique, l’amiral Cecil
    Haney. « C’est plus qu’une simple assistance technologique, c’est culturel. Il s’agit
    d’instaurer de la confiance avec des pays qui partagent nos valeurs » (5).
            À ce jour, plus de 550 000 patients ont été soignés à bord de ces deux
    navires. En 2019, le USNS Comfort a entrepris une tournée humanitaire de 5 mois
    en Amérique latine, en Amérique centrale et dans les Caraïbes. En 2018, c’est
    l’USNS Mercy qui a visité plusieurs nations d’Asie du Sud-est dont l’Indonésie, la
    Malaisie et le Vietnam, pour prodiguer des soins à des milliers de personnes (6).
            Les États-Unis ont réellement pris conscience de l’importance de ces
    actions philanthropiques lorsqu’ils ont fourni une assistance humanitaire aux
    populations victimes du tsunami de 2004. Un sondage réalisé par l’institut de
    recherche Pew Global Attitudes Project a montré que la cote de popularité des
    Américains en Indonésie, pays majoritairement musulman, avait ainsi bondi de 15
    à 38 % entre 2003 et 2005 grâce à leur aide. L’US Navy a inauguré peu après le
    programme Pacific Partnership dont les principaux objectifs sont d’apporter une
    assistance humanitaire et une aide au développement aux États du Pacifique, ainsi
    que d’améliorer l’interopérabilité des différentes forces militaires de la zone. Au

    (3) Ibidem.
    (4) US Navy Humanitarian Assistance in an Era of Austerity, Report of the CSIS Global Health Policy Center,
    mars 2013 (https://csis-prod.s3.amazonaws.com/).
    (5) « La Marine américaine fait de la diplomatie humanitaire », Challenges, 14 septembre 2012 (www.challenges.fr/).
    (6) DOORNOBS Caitlin, « Navy’s hospital ships will remain afloat despite talks of scrapping one to cut costs », Stars

    and Stripes, 21 juin 2018 (www.stripes.com/).

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Les navires-hôpitaux en renfort dans la lutte contre la pandémie aux États-Unis
TRIBUNE
Japon, près de 85 % des personnes interrogées disaient avoir une opinion favorable
des États-Unis, après avoir bénéficié de leur aide matérielle massive lors du tsunami
de 2011 (opération Tomodachi) (7).

Les navires-hôpitaux engagés sur le sol américain
dans la lutte contre le coronavirus

        Bien qu’habituellement engagés à l’étranger, ces navires interviennent
parfois sur le territoire américain pour faire face à des situations de crise majeure.
Le USNS Comfort a ainsi été déployé à New York au lendemain des attentats du
11 septembre 2001, puis quatre ans plus tard au large des côtes de la Louisiane
pour venir en aide aux sinistrés du cyclone Katrina. Après l’ouragan Maria qui
avait durement frappé Porto Rico en 2017, il avait fait « machine avant toute » afin
d’arriver très vite sur place (8).

        Basés respectivement sur les côtes Est et Ouest des États-Unis, les USNS
Comfort et Mercy ont été donc déployés pour accueillir des patients civils non
atteints par le coronavirus, soit autant de lits libérés dans les structures médicales
terrestres au profit des patients contaminés. La situation a quelque peu évolué le
8 avril puisque le président américain Donald Trump a autorisé le navire-hôpital
stationné à New York à réceptionner des malades infectés par le Covid-19 (9).

        Parallèlement, le coronavirus s’est répandu au sein des forces armées du
pays. De nombreux cas ont été signalés dans des bases navales et autres implanta-
tions terrestres, mais aussi à bord de navires dont certains étaient en opérations. Le
cas le plus emblématique est le porte-avions USS Theodore Roosevelt qui a ainsi dû
rejoindre rapidement l’île de Guam après qu’une centaine de marins sur un total
de 4 220 ont été testés positifs au Covid-19 (le 13 avril, un marin en est décédé).
L’affaire s’est transformée en polémique quand une lettre alarmante envoyée à sa
hiérarchie par le commandant du navire, Brett Crozier, a fuité dans la presse, cette
correspondance ayant été envoyée en copie à une trentaine de personnes. L’officier
a dans la foulée été relevé de son commandement par le secrétaire à l’US Navy,
Thomas Modly, lui-même contraint à la démission la semaine dernière (10).

(7) WIKE Richard, « Does Humanitarian Aid Improve America’s Image? », Pew Research Center, 6 mars 2012

(www.pewresearch.org/global/2012/03/06/does-humanitarian-aid-improve-americas-image/).
(8) O’MAHONY Olivier, « Le USNS Comfort, un navire-hôpital pour aider New York à traverser l’épidémie », Paris Match,

30 mars 2020 (www.parismatch.com/).
(9) ZIEZULEWICZ Geoff, « The USNS Comfort is Now Taking Covid-19 Patients. Here’s What to Expect. », The New York

Times Magazine, 8 avril 2020 (www.nytimes.com/).
(10) STARR Barbara, « Sailor aboard USS Theodore Roosevelt dies of coronavirus », CNN International, 13 avril 2020

(https://edition.cnn.com/2020/04/13/politics/theodore-roosevelt-sailor-coronavirus/index.html).

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Les autres navires-hôpitaux dans le monde
            À l’instar des États-Unis, la
    Chine a développé sa propre diplomatie
    humanitaire en mer avec le lancement
    en 2008 du navire-hôpital Daishan Dao,
    aussi connu sous le nom de Peace Ark
    (« Arche de la paix ») qui dispose à son
    bord de 300 lits médicalisés et de 8 salles    USNS Mercy et Daishan Dao ou Peace Ark en 2014
    d’opération. Depuis cette époque, il a                   (Pyoung K. Yi, US Navy)
    effectué plus d’une dizaine de missions
    humanitaires et médicales dans les pays
    d’Asie du Sud, du Proche-Orient et d’Afrique de l’Est. « Historiquement, les puis-
    sances qui veulent s’affirmer comme des puissances internationales recourent à ce
    genre de moyens » résume Rony Brauman, ex-président de Médecins sans frontières
    (MSF) devenu professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. « Ce n’est pas
    nouveau, mais ici, c’est un peu plus saillant, parce que cela vient d’un pays autori-
    taire que l’on n’attend pas forcément à cet endroit » (11).
             La Royal Navy (Marine royale
    britannique) arme un bâtiment compa-
    rable, le RFA Argus (28 000 t, 178 m et
    70 lits) qui ne répond cependant pas à la
    définition stricte du navire-hôpital puis-
    qu’il est équipé d’un armement défensif.
    Au début du mois d’avril, il a appareillé
    de sa base de Davenport pour rejoindre          RFA Argus (Dave Sherfield, Ministry of Defence)
    les Caraïbes où il participera aux opéra-
    tions sanitaires contre le Covid-19, mais sera aussi prépositionné dans la région
    avant la saison cyclonique, qui s’étend généralement de mai à novembre (12).
             En France, aucun véritable navire-hôpital n’a été construit. En revanche,
    de nombreux bâtiments de la Marine nationale à vocation logistique – 3 pétroliers
    ravitailleurs (BCR), 4 Bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) –
    ou opérationnelle – les 3 porte-hélicoptères amphibies (PHA : ex-Bâtiment de
    projection et de commandement), le porte-avions Charles de Gaulle – disposent
    de capacités hospitalières significatives. C’est le cas du PHA Tonnerre qui a été
    mobilisé le 21 mars 2020 pour transporter des malades du coronavirus depuis la
    Corse vers le continent et ainsi désengorger les hôpitaux de l’île (13). Les PHA sont

    (11) DEGLISE Fabien, « Un navire-hôpital pour soigner l’image de la Chine », Le Devoir, 17 septembre 2014, Montréal

    (www.ledevoir.com/monde/asie/418615/un-bateau-hopital-pour-soigner-l-image-de-la-chine).
    (12) GROIZELEAU Vincent, « Les Britanniques envoient l’Argus aux Caraïbes », Mer et Marine, 6 avril 2020.
    (13) « Douze malades évacués de Corse par un porte-hélicoptères de la Marine nationale », Ouest-France, 22 mars 2020

    (www.ouest-france.fr/).

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TRIBUNE
 Pays           Navires-hôpitaux

 Brésil         • U-16 Doutor Montenegro
                • U-18 Oswaldo Cruz
                • U-19 Carlos Chagas
                –> Ces navires-hôpitaux interviennent uniquement sur les fleuves du pays. Mesurant environ 50 m cha-
                cun, ils disposent de plusieurs salles opératoires et de cliniques dentaires.
 Chine          • Arche de Paix (entré en service en 2008)
                –> Ce navire mesure environ 178 m de long et pèse plus de 14 000 t.
                • Nankang et Nanyun 833
                –> Anciens navires cargo de l’armée chinoise – classe Qiongsha – reconvertis en navires-hôpitaux au début
                des années 1990, ils font partie de la flotte du Pacifique Sud.
                • Project 320 Ob’ Class
                –> Ancien navire-hôpital russe racheté par la Chine en 2007.

 Espagne        • Juan de la Cosa (entré en service en 2006)
                • Esperanza del Mar (entré en service en 2001)
                –> Ces deux navires-hôpitaux dépendent exclusivement du ministère du Travail. Mesurant chacun 97 m,
                ils peuvent recevoir 17 patients à leur bord et une trentaine de naufragés.

 États-Unis • USNS Comfort (entré en service en 1987)
            • USNS Mercy (entré en service en 1986)
            –> Anciens pétroliers de la classe San-Clemente reconvertis en navires-hôpitaux.

 Indonésie      • KRI Dr Soeharso
                –> Ancien bâtiment de débarquement reconverti en navire-hôpital en 2007, il a été utilisé pour évacuer
                plusieurs dizaines de passagers indonésiens du paquebot Diamond Princess au Japon. Il peut, en principe,
                recevoir 2 000 patients à son bord et dispose d’une cinquantaine de personnels médicaux.
 Pérou          • BAP Puno (ancien navire à passagers reconverti en navire-hôpital en 1976)
                –> Exclusivement employé sur le lac Titicaca. D’une longueur de 30 m, il peut accueillir une dizaine de
                patients.

 Russie         • Irtysh (entré en service en 1990)
                • Yenisey (entré en service en 1981)
                • Svir (entré en service en 1989)
                –> Ces navires-hôpitaux sont tous issus de la classe Ob’. D’une longueur de 152 m, ils disposent chacun
                de 7 salles d’opération et d’une centaine de lits médicalisés.
 Vietnam        • Khánh Hòa 01 (entré en service en 2013)
                –> Ce navire-hôpital est chargé de prodiguer des soins aux militaires, aux habitants et pêcheurs de l’archi-
                pel de Truong Sa. Il est doté de 20 lits et d’une équipe permanente de 12 médecins.

                     Sources : Equasis, RussianShips.info, China Defense Blog, Vietnam News agency

bien adaptés pour cette mission grâce à un hôpital moderne extensible (69 lits,
2 blocs opératoires) et aux moyens de transport qu’ils peuvent mettre en œuvre
(hélicoptères et flottille embarquée via le radier). Outre-mer également, le prési-
dent français Emmanuel Macron a annoncé, dans le cadre de l’opération Résilience,
l’envoi des deux autres PHA – Dixmude et Mistral – pour renforcer la lutte contre
cette épidémie (14).

(14)   « Coronavirus : l’armée appelée en renfort en Outre-mer », France Info, 26 mars 2020 (www.francetvinfo.fr/).

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Enfin, dans le domaine civil, l’ONG lausannoise Mercy Ships (« Navires de
    l’espoir ») affrète depuis 1978 des navires-hôpitaux qui sillonnent les côtes des pays
    démunis, notamment en Afrique, pour prodiguer gratuitement des soins à la
    population. L’African Mercy (n° OMI 7803188) est actuellement, avec ses 80 lits
    et son équipe permanente d’une centaine de médecins, l’embarcation la plus
    importante de cette flotte (15).

    L’avenir incertain des navires-hôpitaux américains
             Mais ces deux navires ne suscitent plus la même unanimité qu’autrefois, en
    particulier auprès du haut commandement militaire américain qui a cherché en
    2018 à décommissionner l’un d’eux. En cause, des coûts d’entretien prohibitifs
    dans un contexte de restriction budgétaire, un âge particulièrement avancé et une
    taille trop importante pour pouvoir intervenir efficacement partout (69 000 t et
    10 m de tirant d’eau). « Ce sont indéniablement de magnifiques navires, mais ils
    sont obsolètes » confiait l’ancien vice-amiral Michael Cowan, 34e Surgeon General
    de l’US Navy (chef des services de santé de la marine des États-Unis). « Il est abso-
    lument nécessaire de repenser le modèle actuel en privilégiant des unités médicales
    de plus petite taille » (16). À la place, l’US Navy envisageait de répartir le soutien
    médical à travers plusieurs bâtiments existants, comme sur ses Expeditionary Fast
    Transport (des catamarans à grande vitesse en service depuis 2012 : 10 en service
    sur les 14 prévus, 2 étant en construction). Par ailleurs, dans le cadre du renouvel-
    lement d’une partie de sa flotte de transport vieillissante, la marine américaine a
    lancé le programme CHAMP (Common Hull Auxiliary Multi-Mission Platform) qui
    prévoit, à partir d’une plateforme unique, la construction de plusieurs bâtiments
    multi-usages, dont un plus spécifiquement dédié aux missions médicales. Sa livrai-
    son serait prévue aux alentours de 2036-2037 (17).
             De son côté, le Congrès américain s’est formellement opposé à la mise à la
    retraite anticipée des deux navires, arguant qu’ils constituaient toujours un formi-
    dable outil de soft power à l’étranger (18). Par exemple, au Vietnam, les dimensions
    imposantes de l’USNS Mercy avaient fortement impressionné les représentants
    politiques locaux qui étaient venus l’accueillir. Au cours d’une récente conférence
    de presse à la Maison-Blanche, le Président américain a même déclaré vouloir
    construire deux navires-hôpitaux du même type, sans pour autant donner de
    détails sur la date de lancement du projet, ni son financement (19). w

    (15) Site de l’association Mercy Ships (https://mercyships.fr/).
    (16) TREVITHICK Joseph, « The Navy Tried to Retire its Two Huge COVID-19 Fighting Hospital Ships Two Years
    Ago », The War Zone, 31 mars 2020 (www.thedrive.com/).
    (17) LARTER David, « The US Navy’s hospital ships in the COVID-19 fight badly need replacing », Defense News,

    1er avril 2020 (www.defensenews.com/).
    (18) Ibidem.
    (19) WOLFGANG Ben, « Military may build two more hospital ships, Trump says », The Washington Times, 1er avril 2020

    (www.washingtontimes.com/news/2020/apr/1/navy-may-build-two-hospital-ships-trump-says/).

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