Ombres blanches - 123 programme sept./oct. 2016 - www.ombres-blanches.fr librairie en ligne
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ombres blanches www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville 123 programme sept./oct. 2016
l e s r e n c o n t r e s d’ombres blanches mère avec fils 3 Continuer jeudi 8 septembre/18 h samedi 24 septembre/16 h jeudi 6 octobre/18 h 30 Médiathèque Cabanis C. Amalvi, Ombres et lumières Institut Cervantès M. Cherfi, Ma part de gaulois du Sud de la France p. 26 Manuel Vicent, J.-L.-G. Sanchez p. 13 samedi 24 septembre/17 h 30 Tranvía a la Malvarrosa LAURENT MAUVIGNIER jeudi 8 septembre/18 h Didier Goupil, Traverser la p. 10-11 mercredi 28 septembre à 18 h Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél.: 05 34 45 53 33. E-mail : info@ombres-blanches.fr Internet : http://www.ombres-blanches.fr Festival Biz’art, Dominique Roux Seine p. 12-13 jeudi 6 octobre/20 h 30 Au théâtre Garonne « Les photographes voyageurs » lundi 26 septembre/18 h Michaël Prazan, Vichy, la Rencontre avec Laurent Mauvignier autour de son dernier roman Continuer paru aux éditions p. 29 Médecins Sans Frontières mémoire empoisonnée p. 36 de Minuit. samedi 10 septembre/17 h 30 Secourir sans périr p. 27 vendredi 7 octobre/16 h 30 M. Merlin-Dhaine, Vouloir voler mardi 27 septembre/18 h Qiu Xiaolong, L’inspecteur Chen LAURENT MAUVIGNIER né aujourd’hui, elle est décidée à Une voiture qui passait par là met p. 4-5 G. Dunant, Charlotte Delbo p. 17 en 1967 est romancier et auteur empêcher son fils, Samuel, de som- en fuite les brigands ; Djamila et lundi 12 septembre/17 h 30 p. 20 vendredi 7 octobre/18 h de pièces de théâtre, l’ensemble de brer sans rien tenter. Elle a ce projet Bektash, un jeune couple Kirghize, Classiques au détail p. 38-39 mercredi 28 septembre/18 h Vernissage exposition son œuvre, intégralement publiée fou de partir plusieurs mois avec invitent Sibylle et Samuel chez eux. mardi 13 septembre/18 h Théâtre Garonne éd. Frémok p. 38-39 aux éditions de Minuit, est cou- lui à cheval dans les montagnes du Ce faux départ romanesque n’évite A. Surre-Garcia, Man Trobat L. Mauvignier, Continuer p. 3 vendredi 7 octobre/18 h 30 ronnée de nombreux prix. Citons Kirghizistan, afin de sauver ce fils pas pour autant le drame, et c’est p. 22 jeudi 29 septembre/18 h Florent Guénard, La démocratie notamment : Loin d’eux (1999), qu’elle perd chaque jour davan- tout l’art de Laurent Mauvignier mercredi 14 septembre/18 h K. Beffa, György Ligeti p. 32 universelle p. 30 Apprendre à finir (2000), Seuls tage, et pour retrouver, peut-être, le que de nous faire tourner les pages, Valentine Goby, Un paquebot jeudi 29 septembre/20 h 30 vendredi 7 octobre/20 h 30 (2004), Dans la foule (2006), Des fil de sa propre histoire. il signe ici un véritable page-turner, dans les arbres p. 4 A. Muñoz Molina, Comme Alain Didier-Weill hommes (2009), Ce que j’appelle en ne nous plongeant pas tant dans jeudi 15 septembre/18 h l’ombre qui s’en va p. 19 Qu’est ce que le surmoi ? p. 35 oubli mis en scène en 2012 par Jeunesse l’extraordinaire de l’aventure que Philippe Gabéran vendredi 30 septembre/18 h samedi 8 octobre/16 h Denis Podalydès à la Comédie-Fran- d’aujourd’hui dans l’ordinaire de la vie. Conti- Oser le verbe aimer p. 31 L. Miano, Crépuscule Dédicaces éd. Frémok p. 38-39 çaise puis par le chorégraphe Ange- «Avec Autour du monde, Laurent nuer est un roman sur les rapports vendredi 16 septembre/18 h du tourment p. 7 samedi 8 octobre/16 h lin Preljocaj à la Biennale de danse Mauvignier avait signé une circum- mère-fils, aussi bien l’amour que J.-P. Dubois, La succession p. 11 samedi 1er octobre/16 h Gilles Cantagrel de Lyon. En 2012, il fait également navigation fictionnelle sautant d’un l’incommunicabilité, l’auteur qui vendredi 16 septembre/20 h 30 M. Quintanilha, Talc de verre 30 ans Passion baroque p. 33 paraître Tout mon amour, une méridien à un autre, passant d’une a terminé le livre « dix jours avant Gérard Pommier, Féminin, p. 36-37 samedi 8 octobre/18 h pièce créée la même année par le existence à une autre avec pour fil la mort de Bowie » y parle de cette révolution sans fin p. 34 samedi 1er octobre/16 h Vincent Borel, Fraternels p. 10 collectif Les Possédés au Théâtre rouge le tsunami de Fukushima. jeunesse d’aujourd’hui un peu samedi 17 septembre/11 h Pierre Le Coz, L’Europe lundi 10 octobre/17 h 30 Garonne. Autour du monde est Les premières pages de Continuer perdue se raccrochant à la noir- Vernissage exposition et la profondeur p. 30-31 Classiques au détail p. 38-39 Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi son dernier roman paru en 2014. nous projettent à nouveau hors de ceur radicale faute d’idéal. […] En D. Delbreil p. 18 samedi 1er octobre/17 h 30 mardi 11 octobre/18 h nos climats, au Kirghizistan : une génial capteur d’âme, Mauvignier samedi 17 septembre/15 h Marcus Malte, Le garçon p. 9 C. Montalbetti, La vie est faite Continuer mère et un fils adolescent parmi rend leur complexité à des êtres à Dédicaces L. Van Poucke p. 40 lundi 3 octobre/18 h de ces toutes petites choses p. 5 Sibylle, à qui la jeunesse promet- leurs tentes et leurs chevaux se font la banalité apparente, transforme la samedi 17 septembre/17 h 30 Albert Serra, Le cinéma mercredi 12 octobre/18 h tait un avenir brillant, a vu sa vie se aborder par des types agressifs. Ils poussière du monde en or, en tré- Louis Arbus, La médecine légale et la littérature p. 25 Emmanuel Venet, Marcher défaire sous ses yeux. Comment en demandent à la femme ce qu’elle sor d’humanité.» n à Toulouse p. 26-27 mardi 4 octobre/17 h droit, tourner en rond p. 12 est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle fiche là, « seule » dans la nature. Les Extrait, Sean J. Rose, lundi 19 septembre/17 h Paul Preston, Espagne 1936-1945 jeudi 13 octobre/18 h pu laisser passer sa vie sans elle ? Si vacances équestres, on le sent, vont Livres Hebdo I. Morgensztern p. 38-39 p. 24 Ivan Jablonka, Laëtitia p. 21 elle pense avoir tout raté jusqu’à virer à la tragédie. Mais sauvés ! mardi 20 septembre/18 h mardi 4 octobre/19 h vendredi 14 octobre/18 h P. Montebello, P.-A. Miquel, Lecture autour de Rose Régis Jauffret, Cannibales p. 8 Métaphysiques cosmomorphes Ausländer, Pays Maternel samedi 15 octobre/17 h p. 28 p. 8-9 Dédicaces F. Campoy, Alexandra mercredi 21 septembre/18 h mercredi 5 octobre/16 h David-Neel p. 20-21 C. Minard, Le grand jeu p. 6 C. Noacco, Morâr d’amôr lundi 17 octobre/17 h jeudi 22 septembre/18 h p. 22-23 I. Morgensztern p. 38-39 J.-L. Comolli, Daech, le cinéma mercredi 5 octobre/18 h mardi 18 octobre/18 h et la mort p. 37 Éric Vuillard, 14 juillet p. 14 W. Gianinazzi, André Gorz vendredi 23 septembre/18 h jeudi 6 octobre/18 h p. 34-35 J.-B. Del Amo & Tristan Garcia V. del Arból & A. Sáinz de la mercredi 19 octobre/18 h Règne animal & 7 p. 15 Maza, Toutes les vagues de C. Delaume, Les sorcières vendredi 23 septembre/20 h 30 l’océan & Les muselés p. 16 de la République p. 6-7 Lecture concert, Le chant des brûlés p. 23 Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de : samedi 24 septembre/11 h Café Psy, Serge Vallon p. 38-39 à l’extérieur rayon jeunesse café littéraire BD
4 après le sanatorium en gravitation 5 Un paquebot dans les arbres La vie est faite de ces toutes petites choses VALENTINE GOBY CHRISTINE MONTALBETTI mercredi 14 septembre à 18 h mardi 11 octobre à 18 h Rencontre avec Valentine Goby autour de son dernier roman Un paquebot dans les arbres paru Rencontre avec Christine Montalbetti autour de la parution de son roman La vie est faite aux éditions Actes Sud. de ces toutes petites choses aux éditions P.O.L. VALENTINE GOBY est née en ruiné par les soins tandis que le auraient pu être ses seules obses- CHRISTINE MONTALBETTI Rapport aux choses On assiste à l’éblouissement d’une 1974 et a notamment écrit Qui placement des enfants fait voler la sions, Mathilde lutte sans relâche est romancière et l’auteur aux édi- Dans le ciel de Floride, le 8 juillet sortie extravéhiculaire. On profite touche à mon corps je le tue (Gal- famille en éclats, l’entraînant dans pour réunir cette famille en tions P.O.L de : Journée américaine 2011, s’élève la dernière navette de la facilité neuve avec laquelle limard, 2008). Chez Actes Sud, elle la spirale de la dépossession. En détresse, et préserver la dignité de (2009), L’évaporation de l’oncle habitée. Ce sont les quatre astro- on se déplace en impesanteur, publie en 2013 Kinderzimmer, ce début des Trente Glorieuses au ses parents, retirés dans ce sana- (2011), Love hôtel (2013), Plus rien nautes de la « Mission finale », par propulsion, en ondulant. Et, à très remarqué par les lecteurs et la nom parfois trompeur, la Sécurité torium, modèle architectural des que les vagues et le vent (2014). Sandra, Fergie, Doug et Rex, qui voir les astronautes flotter ainsi, critique. Après Baumes, paru dans sociale protège presque exclusive- années 1930, ce grand paquebot Elle écrit aussi pour le théâtre : s’envolent vers la Station spatiale parmi les objets qui profitent de la la collection « Essences » (Actes ment les salariés, et la pénicilline blanc niché au milieu des arbres. Baba court dans les paysages a été internationale. Le roman raconte moindre occasion pour voleter, on Sud, 2014), Un paquebot dans les ne fait pas de miracle pour ceux À travers un roman solaire, porté mis en espace par Philippe Calva- cette dernière mission. C’est une repense aux lois de la gravité qui arbres est son douzième roman. qui par insouciance, méconnais- par le regard d’une adolescente rio au Festival de Hérisson (2008), aventure spatiale, avec son sus- nous régissent, et à notre rapport Depuis 2005,Valentine Goby com- sance ou dénuement tardent à rebelle heurtée de plein fouet L’Avare impromptu par Nicolas pense et ses risques, c’est aussi un aux choses. On peut alors relire pose parallèlement une œuvre solliciter la médecine. À l’âge où par le réel, Valentine Goby pour- Lormeau à la Comédie française roman sur le sentiment des der- le titre, qui apparaissait d’abord importante pour la jeunesse. les reflets changeants du fleuve, la suit son travail sur le corps dans dans le cadre des « Petites formes » nières fois. On y vit le suspense du comme la surprise d’un contre- conquête des bois et l’insatiable l’Histoire, le rôle des femmes face (2009). En 2009, Denis Podaly- départ. On y découvre tout le petit emploi malicieux pour désigner Roman solaire désir d’être aimée par son père à l’adversité, leur soif de liberté. n dès crée Le Cas Jekyll, au Théâtre monde au sol qui concourt au lan- une aventure spatiale : La vie est Au milieu des années 1950, National de Chaillot. cement, et dont le roman croque faite de ces toutes petites choses Mathilde sort à peine de l’enfance les figures ; puis la vie sur la Sta- est aussi une manière de reporter quand la tuberculose envoie son Vouloir voler tion spatiale. Comment s’endor- notre attention de l’héroïsme tant père et, plus tard, sa mère au sana- mir, quand le corps ne pèse plus conté vers ce qu’il y a de tout sim- torium d’Aincourt. Cafetiers de La MARTINE MERLIN-DHAINE rien ? On apprend à prendre une plement sensible dans notre façon Roche-Guyon, ils ont été le cœur samedi 10 septembre à 17 h 30 douche avec les moyens du bord, d’exister. Parce qu’au fond, là-haut battant de ce village des boucles Rencontre avec Martine Merlin-Dhaine autour de son roman Vouloir voler (Grasset). Débat animé à cuisiner dans l’espace, à courir, comme sur Terre, ce dont il s’agit, de la Seine, à une cinquantaine avec Eliette Brunel. harnaché, sur un tapis roulant. On c’est toujours de bouger, d’attra- de kilomètres de Paris. Doué y suit les réveils en musique, on y per, de toucher, c’est de l’enthou- pour le bonheur mais totalement MARTINE MERLIN-DHAINE sur un chantier, et qu’elle conti- on ne sait pas grand-chose sinon éprouve la nostalgie des repas sur siasmante et primordiale matéria- imprévoyant, ce couple aimant est a enseigné en tant que profes- nue de vouer aux gémonies. qu’elle a travaillé comme socio- Terre, on se souvient d’entraîne- lité de notre relation au monde. n sionnelle au sein d’une équipe D’ailleurs, Alenya ne décolère logue à la fac de Toulouse et ments dans les neiges de Russie. de sociologues pendant plus de jamais. Elle vitupère tout. La cité qu’elle vient d’écrire, en se glis- vingt ans à l’Université Tou- de la banlieue parisienne qu’elle sant sans forcer dans le corps louse-Jean Jaurès. Aux éditions habite, ses boulots précaires, d’un enfant empêché, un roman de l’Harmattan, elle est notam- son mari disparu et même son qui donne le vertige. Une fable ment l’auteur de Rayé de la carte. fils handicapé, lequel la com- moderne, plutôt, qui s’ouvre par Chantier du barrage de Mérowé pare à une panthère piégée dans un terrible accident de la route sur la 4e cataracte du Nil (2013), un filet et la résume très bien : et ne cesse ensuite, par paliers, de Al Bean, Rock’n’roll sur l’océan des Tempêtes (détail). Les masques sont silencieux, « Son alcool, c’est sa rage. » Plus monter vers le ciel. Pour décrire Chroniques familiale au fil du sa mère fulmine, plus Tonio se cette lente ascension, Mar- XXe siècle (2014). claquemure. Il n’a pas vraiment tine Merlin-Dhaine ne cherche « TONIO A 13 ANS. Il ne marche le choix, cloué qu’il est sur son jamais à faire joli ni à émouvoir. Paul Gauguin, Jeunes lutteurs (détail). ni ne parle. Il a perdu l’usage fauteuil roulant, enfermé dans Sa prose est brutale, concassée, de ses jambes à la naissance et un petit appartement dont il ne révoltée, hachurée par d’énigma- sa voix depuis que son père est sort jamais, sinon en voltigeant tiques tirets. Elle brise des baies parti. Son père, c’est Eduardo Da sur la Toile, condamné à observer vitrées et des idées reçues sur le Costa, ouvrier dans le bâtiment, en plongée le monde réel par la handicap. Elle cherche la pureté, d’origine portugaise, qui aurait fenêtre et à voir défiler ses hallu- et la trouve. Elle aussi finit par été écrasé, à en croire sa femme, cinations sur un mur imaginaire. voler. » n Alenya, par une plaque de béton […] De Martine Merlin-Dhaine, Jêrome Garcin, Nouvel obs
6 vers les cimes dîts de femmes 7 Le grand jeu Crépuscule du tourment CÉLINE MINARD LEONORA MIANO mercredi 21 septembre à 18 h vendredi 30 septembre à 18 h Rencontre avec Céline Minard autour de dernier roman Le grand jeu paru aux éditions Payot Rivages. Rencontre avec Leonora Miano autour de son roman Crépuscule du tourment paru aux éditions Grasset. CÉLINE MINARD est l’auteur comme si ce n’est une réponse, magistral en même temps que de plusieurs romans dont, aux édi- un récit en miroir de Faillir être profondément moral puisque LÉONORA MIANO est née en deux recueils de textes courts sensualité, ce roman choral, tions Denöel : Le Dernier Monde flingué. Il n’est pas là encore ques- sollicitant de son lecteur de se 1973 à Douala, au Cameroun. C’est et un texte théâtral. Son dernier porté par une langue sculptée en (2007), Bastard Battle (2008), So tion que de solitude, de déserts, montrer lui aussi à la hauteur, ne dans cette ville qu’elle passe son roman La saison de l’ombre est orfèvre, restitue un monde d’au- long, Luise (2011) et plus récem- d’errances et de lignes d’horizon. l’abaissant jamais. Comme son enfance et son adolescence, avant paru chez Grasset. Son œuvre est tant plus mystérieux qu’il nous est ment aux éditions Rivages Faillir Simplement, d’un livre à l’autre, le héroïne dont le refuge se dresse de s’envoler pour la France en travaillée par des thématiques liées étranger… et d’autant plus fami- être flinguée (2013). Elle est consi- rapport au réel, c’est-à-dire d’abord au-dessus du vide, elle prend un 1991, afin d’y entamer des études aux expériences subsahariennes lier qu’il est universel. n dérée aujourd’hui comme l’une le rapport à autrui, semble s’être risque, un risque magnifique. Un universitaires. Elle vit aujourd’hui et afrodescendantes. À travers des des voix les plus originales de la encore opacifié en même temps risque nécessaire.» n à Paris et a publié six romans aux personnages dont elle a à cœur de littérature contemporaine. Dans que gagnant presque en puissance Extrait, Olivier Mony, éditions Plon, citons notamment : faire saillir l’individualité, l’auteur Le grand jeu une femme décide métaphysique, le récit se tourne Livres Hebdo L’intérieur de la nuit (2005), interroge l’impact de la grande his- de s’isoler dans un refuge accro- plus vers la fable, le conte. Contours du jour qui vient (2006) toire sur la petite. ché à la paroi d’un massif monta- Il ne reste rien dans ce livre de et Les Aubes écarlates (2009), gneux. Elle s’impose la solitude, ce qui peut faire écran à force Quatre femmes ainsi qu’un entraînement physique de la rencontre, au face-à-face De nos jours, quelque part en et spirituel intense. Elle cherche, immémorial entre l’homme et Les sorcières de la République Afrique subsaharienne, au dans cette mise à l’épreuve, à savoir la nature. L’art de Céline Minard Cameroun peut-être, quatre comment vivre. Mais sa rencontre étant de savoir maintenir son CHLOÉ DELAUME femmes s’adressent suc- inattendue avec une ermite boule- récit à cette hauteur-là, à cette mercredi 19 octobre à 18 h cessivement au même verse ses plans. ascèse, au dépouillement qu’il Rencontre avec Chloé Delaume autour de son dernier roman Les sorcières homme : sa mère, la exige. Elle est dans le paysage litté- de la République paru aux éditions du Seuil. (Voir bulletin suivant). femme à laquelle il a La femme raire d’aujourd’hui « la femme des tourné le dos parce qu’il des hautes solitudes hautes solitudes » (comme James CHLOÉ DELAUME née en 1973 Le Parti du Cercle a imposé ses l’aimait trop et mal, celle « Ce Grand jeu montagnard et Salter écrivit un jour L’homme à Paris, est écrivain et perfor- règles. L’expérience a très mal qui partage sa vie parce mystérieux peut aussi être lu des hautes solitudes). C’est assez meuse. Elle a écrit plus d’une tourné. Mais comment faire la qu’il n’en est pas épris, vingtaine de livres, en variant lumière sur ce règne éphémère sa sœur enfin. À celui les registres et les genres. Citons et probablement sanglant, alors qui ne les entend pas, notamment aux éditions Galli- qu’une amnésie collective a été toutes dévoilent leur mard, en folio : Les mouflettes décidée par référendum au terme vie intime, relatant d’Atropos (2002), Le cri du de cette page d’histoire, en 2020 ? parfois les mêmes épi- sablier (2001) et plus récemment Une amnésie appelée le Grand sodes d’un point de aux éditions du Seuil Dans ma Blanc, approuvée à l’unanimité vue différent. Chacune maison sous terre (2009), Une par la population. C’est pour fait entendre un phrasé femme avec personne dedans juger cette douloureuse paren- particulier, une culture et (2012), Où le sang nous appelle thèse que s’ouvre un maxi-procès une sensibilité propres. (2013). Elle a été pensionnaire à dans ce qui fut longtemps le Stade Elles ont en commun, Ferdinand Hodler, La femme courageuse (détail). la Villa Médicis en 2011-2012. de France et qui abrite désormais néanmoins, une blessure DES CHOSES, pas belles, se sont le Tribunal du Grand Paris. Nous secrète : une ascendance passées, en France, entre 2017 sommes en 2062. À la barre, la inavouable, un tourment et 2020. Les femmes, par la main Sibylle, prophétesse de la révolu- identitaire reçu en héritage, de déesses grecques surgies de tion des femmes. Pièces à convic- une difficulté à habiter leur l’Olympe, ont pris le pouvoir tion à l’appui, elle déroule le fil féminité… Les épiphanies de détenu par les hommes depuis des de sa mémoire, et la généalogie la sexualité côtoient, dans leurs millénaires. L’Apocalypse, pré- des événements. Petit à petit, on récits, des propos sur la grande dite pour décembre 2012, n’a pas découvre la réalité de ces années histoire qui, sans cesse, se glisse eu lieu. Les déesses sont venues se très spéciales. n dans la petite. D’une magnifique mélanger à la société française.
8 une dévoration un ravissement 9 Cannibales Le garçon RÉGIS JAUFFRET MARCUS MALTE vendredi 14 octobre à 18 h samedi 1er octobre à 17 h 30 Rencontre avec Régis Jauffret autour de son dernier roman Cannibales paru aux éditions du Seuil. Rencontre avec Marcus Malte autour de son dernier roman qui vient de paraître aux éditions Zulma : Le garçon. RÉGIS JAUFFRET est l’auteur Amour épistolaire alors et s’affermit entre les deux de nombreux romans, dont Clé- Noémie est une artiste-peintre femmes, qui finissent par nouer MARCUS MALTE est né en dans une contrée aride du sud de être, hélas, constituée l’existence : mence Picot (Verticales, 1999), de vingt-quatre ans. Elle vient de des liens diaboliques et projeter 1967. Il est l’auteur de plusieurs la France. Du monde, il ne connaît nombre de ravages et quelques Univers, univers (Verticales, rompre avec un architecte de de se débarrasser du fils et ex- romans et recueils de nouvelles que sa mère et les alentours de leur ravissements.» Puis la guerre, l’ef- 2003), Asiles de fous (Gallimard, près de trente ans son aîné avec amant. Elles imaginent même de le notamment publiés aux éditions cabane. Nous sommes en 1908 froyable carnage, paroxysme de la 2005), Microfictions (Gallimard, lequel elle a eu une liaison de dévorer cuit à la broche au cours Gallimard, Zulma et Syros Jeunesse. quand il se met en chemin d’ins- folie des hommes et de ce que l’on 2007), Lacrimosa (Gallimard, quelques mois. Le roman débute d’un infernal banquet. En réalité, On a comparé son univers roma- tinct. nomme la civilisation. 2008), Sévère (Seuil, 2010), par une lettre adressée par Noé- ce roman parle d’amour. Les deux nesque à ceux de Jim Thompson, Alors commence la rencontre avec Itinéraire d’une âme neuve qui Claustria (Seuil, 2012), La Bal- mie à la mère de cet homme : femmes sont des amoureuses pas- David Goodis ou Harry Crews… les hommes : les habitants d’un s’éveille à la conscience au gré du lade de Rikers Island (Seuil, elle s’y excuse d’avoir rompu. sionnées. La vieille dame a appelé Avec la force et la maîtrise déjà hameau perdu, Brabek l’ogre des hasard et de quelques nécessités, 2014). Une correspondance s’amorce son fils du nom du seul homme affichées dans La Part des chiens Carpates, philosophe et lutteur ponctué des petits et grands sou- qu’elle ait jamais aimé, et qui est (2003), et Garden of love (2007), de foire, l’amour combien charnel bresauts de l’Histoire, Le Garçon mort accidentellement avant leur Marcus Malte nous fascine par avec Emma, mélomane lumineuse, est à sa façon singulière, radicale, mariage. Noémie, elle, est une « col- la violence et la tendresse de ses à la fois sœur, amante, mère. « C’est drôle, grave, l’immense roman de lectionneuse d’histoires d’amour », romans, par le charme au sens fort un temps où le garçon commence l’épreuve du monde. n toujours à la recherche de l’idéal. que donne aux rêves la puissance à entrevoir de quoi pourrait bien Au fil des lettres que, de son côté, des mots. Citons également Les il échange avec les deux protago- Harmoniques (Gallimard, 2011) et nistes, le fils et ex-fiancé exprime Fannie et Freddie (Zulma, 2014). toute la passion qu’il éprouve toujours pour Noémie. Un roman Âme neuve d’amour épistolaire, donc, dans la Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le plus belle tradition du genre. n garçon est un être quasi sauvage, né Rose Ausländer : « Pays maternel » J. LAJARRIGE, S. NEUBERT mardi 4 octobre à 19 h. Avec le Goethe-Institut Conférence-lecture autour de Rose Ausländer : « Pays maternel ». Présentation par Jacques Lajarrige, enseignant-chercheur à l’Université Jean Jaurès/CREG, lecture : Christian Thorel, Stefanie Neubert. La conférence sera suivie du vernissage de l’exposition « Pays maternel » de Jodd von Schaffstein, à partir de 20 h au Goethe-Institut. Max Ernst, La liberté détruite par l’absence (détail). CONTEMPORAINE de Paul BOULEVERSÉ par les poèmes Celan et Nelly Sachs, Rose Aus- de Rose Ausländer, l’artiste alle- August Macke, Three Nudes Outdoors (détail). länder est l’une des figures mand Jodd von Schaffstein a créé majeures de la littérature alle- en 1999 un cycle de peintures qui mande du XXe siècle. Son recueil reflète son passage à la peinture Pays maternel, écrit en 1977, est transformelle pour laquelle il composé de poèmes d’inspiration se sert de cendre, bitume, gra- autobiographique, d’une grande phite et de poudre de pigments simplicité : « Ma patrie est morte/ « comme s’il recréait l’image du Ils l’ont réduite/En cendre// Je monde dans ses fondements » vis/dans mon pays maternel/Le (Valerio Dehò). Vernissage en verbe ». présence de l’artiste. n
10 fable ou dystopie ? réconciliation 11 Fraternels La succession VINCENT BOREL JEAN-PAUL DUBOIS samedi 8 octobre à 18 h vendredi 16 septembre à 18 h Rencontre avec Vincent Borel autour de son dernier roman Fraternels paru aux éditions Rencontre avec Jean-Paul Dubois autour de son roman La succession paru aux éditions de l’Olivier. Sabine Wespieser. JEAN-PAUL DUBOIS est né en il est complètement inadapté mari et femme dans la grande 1950 à Toulouse où il vit actuelle- au monde. Même le jaï-jaï, cette maison commune. En outre, cette ment. Journaliste, il commence par variante de la pelote basque dont famille semble, d’une manière ou écrire des chroniques sportives la beauté le transporte et qu’il d’une autre, vouée passionnément dans Sud-Ouest. Après la justice pratique en professionnel, ne par- à sa propre extinction. Paul doit et le cinéma au Matin de Paris, il vient plus à chasser le poids qui maintenant se confronter à l’his- devient grand reporter en 1984 pèse sur ses épaules. L’appel du toire tragique de son ascendance, pour Le Nouvel Observateur. Il consulat de France lui annonçant se résoudre à vider la demeure. examine au scalpel les États-Unis la mort de son père le pousse à Jusqu’au moment où il tombe sur et a livré des chroniques publiées affronter le souvenir d’une famille deux carnets noirs tenus par son en deux volumes aux Éditions de qu’il a tenté en vain de laisser der- père. Ils lui apprendront quel sens l’Olivier : L’Amérique m’inquiète rière lui. Car les Katrakilis n’ont donner à son héritage. Avec La (1996) et Jusque-là tout allait bien rien d’une famille banale : le grand- Succession, Jean-Paul Dubois nous en Amérique (2002). Il est l’auteur père, Spyridon, médecin de Staline, livre une histoire bouleversante de nombreux romans et a notam- a fui autrefois l’URSS avec dans ses où l’évocation nostalgique du ment obtenu des prix pour Ken- bagages une lamelle de cerveau du bonheur se mêle à la tristesse de nedy et moi (Seuil, 1996) et Une dictateur ; le père,Adrian, médecin la perte. On y retrouve intacts son vie française (Éditions de l’Olivier, lui aussi, était un homme insen- élégance, son goût pour l’absurde 2004). sible, sans vocation ; l’oncle Jules et la liste de ses obsessions. n et la mère, Anna, ont vécu comme Goût pour l’absurde Paul Katrakilis vit à Miami depuis VINCENT BOREL né à Gap en fils illégitime, patron de la firme quelques années. Il a beau y avoir 1962, est journaliste et romancier. Opié, conceptrice de l’Ifon, et connu le bonheur, rien n’y fait : Il est notamment l’auteur d’Un numéro 1 européen de l’énergie. curieux à l’opéra (Actes Sud, De ce monde qui va à sa perte, 2006) et aux éditions Sabine Wes- sur fond de course effrénée au JEUDI 6 OCTOBRE À 18 H 30 pieser de Baptiste (2002), son pre- profit, d’inégalités sociales verti- À L’INSTITUTO CERVANTES mier « portrait musical », consacré gineuses et de désastres écolo- Dans le cadre du Festival Cinespaña rencontre à 18 h 30 avec l’écrivain à Jean-Baptiste Lully, Mille regrets giques, Vincent Borel dresse un Manuel Vicent et le réalisateur José Luis García Sánchez. La rencontre sera (2004), un roman qui déjouait les portrait électrique, féroce et hallu- précédée à 16 h 30 de la projection du film Tranvía a la Malvarrosa de José intégrismes dans un XVIe siècle ciné.Tout pourrait continuer long- Luis García Sánchez mondialisé, Antoine et Isabelle temps encore, pour le plus grand Cycle un auteur un film : En général les relations entre cinéma et littérature (2010) et Richard W (2013), un avantage d’une petite minorité, sont un peu tendues : le romancier n’apprécie pas le réalisateur et viceversa. roman-portrait à l’intérieur du si le romancier ne décidait pas, Dans le cas de Tranvia a la Malvarrosa il n’y a pas de rivalité mais de la com- corps de Richard Wagner. lui aussi, d’inverser le processus, plicité entre deux amis : l’écrivain Manuel Vicent et le réalisateur José Luis et d’embarquer ses personnages García Sánchez. Les scénaristes, García Sánchez et Rafael Azcona, admiratifs Roman-monde dans une réjouissante utopie, qui du roman, ont décidé de le porter au cinéma. En cette nuit du 18 juin, sur le est tout l’enjeu de ce stupéfiant 16 h 30 : Film, Tranvía a la Malvarrosa de José Luis García Sánchez mont Valérien, l’Ifon 11 du jeune roman. Espagne, 1997. 107 min. Liberto Rabal, Ariadna Gil. François-Joseph de la Fistinière Un vibrant éloge au pouvoir de À Valence, dans les années 50, Manuel, un jeune provincial arrive à la ville est fin prêt à filmer son proprié- la fiction que ce roman-monde, pour suivre des études de Droit. taire dans une position attenta- mené tambour battant par un 18 h 30 : Rencontre avec l’écrivain Manuel Vicent et le réalisateur José Luis toire à l’honneur de sa famille écrivain qui jamais ne doute de la García Sánchez Manuel Vicent est journaliste, il écrit dans El País depuis 1981 ; de militaires. Afin d’enrayer la capacité de ses personnages d’al- en tant qu’écrivain il a publié de nombreux romans, des essais, du théâtre et propagation virale de la vidéo, le ler au bout de leurs désirs. n des biographies. Parmi les œuvres traduites en français, citons notamment patriarche appelle au secours son La ballade de Caïn, La mort boit dans un grand verre et Service des urgences.
12 éclaircissements intégration 13 Marcher droit, tourner en rond Ma part de gaulois EMMANUEL VENET MAGYD CHERFI mercredi 12 octobre à 18 h jeudi 8 septembre à 18 h Rencontre avec Emmanuel Venet autour de la parution de son roman Marcher droit, tourner en rond À la Médiathèque Cabanis aux éditions Verdier. Rencontre avec Magyd Cherfi autour de la parution de son recit Ma part de gaulois aux éditions Actes Sud EMMANUEL VENET est psy- exagérer les vertus de la défunte. chiatre, il vit à Lyon où il est né en Parallèlement, il rêve de vivre dant il me semble qu’il serait plus MAGYD CHERFI a été le Identité était réuni pour cette égalité des 1959. Il est notamment l’auteur aux avec Sophie Sylvestre un amour sain de préférer la vérité au men- parolier du groupe toulousain « Dire que j’écris me gêne, com- droits tant chérie. La promesse éditions Verdier des livres : Précis sans nuages ni faux-semblants, et songe, et que l’humanité devrait Zebda avant de se lancer dans plexe d’ancien pauvre, d’ex-fils- d’une fraternité vraie semblait de médecine imaginaire (2005), d’écrire un Traité de criminologie plutôt s’attacher à dessiller les cré- la chanson en solo : Cité des d’immigré, d’épisodique schizo- frémir. Pourtant la rencontre de la Ferdière, psychiatre d’Antonin domestique. Par chance, il aime dules et à punir les profiteurs qui étoiles, 2004 ; Pas en vivant phrène car j’suis devenu français. France et de sa banlieue n’a pas Artaud (2006) et Rien (2013). aussi la solitude. entretiennent le climat de dupli- avec son chien, 2007. Aux édi- J’ai du mal à écrire car je m’écris et eu lieu, elle n’a toujours pas vu la « Le syndrome d’Asperger, atypie cité et de tromperie dans lequel, tions Actes Sud il a publié un m’écrire c’est saisir une plaie par lumière car l’exception française Syndrome du développement appartenant pour notre plus grand malheur, premier recueil de récits, Livret les deux bouts et l’écarter un peu persiste, celle d’être français et de d’Asperger au spectre de l’autisme et qui res- notre espèce baigne depuis la nuit de famille en 2004 et La Trempe plus. La plume m’a séparé de mes devoir le devenir… » Avec gravité Atteint du syndrome d’Asperger, semble à l’idée que je me fais du des temps.» n en 2007 rassemblés en un Babel compagnons d’infortune, tous ces et autodérision, Ma part de Gau- l’homme qui se livre ici aime la surhomme nietzschéen, me rend Extrait de Marcher droit en 2011. « Mohamed » de ma banlieue nord lois raconte les chantiers perma- vérité, la transparence, le scrab- asociognosique, c’est-à-dire inca- tourner en rond. hachés menus par une société qui a nents de l’identité et les impasses ble, la logique, les catastrophes pable de me plier à l’arbitraire des rêvé d’un « vivre ensemble » sans en de la république. Souvenir vif et aériennes et Sophie Sylvestre, conventions sociales et d’admettre payer le prix. Je raconte une fêlure brûlant d’une réalité qui persiste, une camarade de lycée jamais le caractère foncièrement relatif Traverser la Seine identitaire, un rendez-vous man- boite, bégaie, incarné par une voix revue depuis trente ans. Farouche de l’honnêteté. Je suis tout à fait qué. C’était l’année 1981, la gauche unique, énergie et lucidité intactes. ennemi des compromis dont s’ac- prêt à reconnaître mes déficiences DIDIER GOUPIL arrivait au pouvoir la besace pleine Mix solaire de rage et de jubilation, commode la socialité ordinaire, dans ce domaine, d’autant qu’elles samedi 24 septembre à 17 h 30 de l’amour des hommes et les pre- Magyd Cherfi est ce produit made il souffre, aux funérailles de sa me donnent droit à une pension Rencontre avec Didier Goupil autour de son roman Traverser la Seine paru miers Beurs accédaient au bac. Le in France authentique et hors grand-mère, d’entendre l’officiante modeste mais bienvenue. Cepen- aux éditions du Serpent à plume. bac, une anecdote pour les Blancs, normes : nos quatre vérités à lui un exploit pour l’indigène. Tout tout seul ! n DIDIER GOUPIL est né à Paris le son. N’éteignait pas le poste, et vit à Toulouse depuis 2011. Il car elle ne l’éteignait jamais, est l’auteur de recueils, de nou- ni quand elle dormait ni même velles (Maleterre, Absent pour quand elle sortait, mais elle en le moment) et d’une dizaine de réduisait le volume au minimum, romans. Concepteur de spectacles à la limite de l’audible. Raqqa… (Brûlez Le Louvre ou Cellule Sanaa… Les hommes songeait- K, printemps 2010, spectacles elle, ressemblaient chaque jour d’écriture numérique présentés davantage à ces vers de farine qui à la Cave poésie et à la Média- s’empoisonnent à distance dans thèque Cabanis), il a collaboré le sac qui les enferme avant même Charles Gleyre, Les Illustions perdues (détail). au festival de la Correspondance que la nourriture ne commence à de Grignan de 2003 à 2013 et a leur manquer. » longtemps animé des résidences La narratrice, qui a depuis des d’écriture en milieu scolaire ou décennies sa chambre au Ritz, urbain. Les tiroirs de Visconti, s’est fatiguée du monde. Au fil de est paru chez Naïve Livres en ses souvenirs, elle se remémore 2013. En 2015, il a publié Jour- Calder, Hemingway, la princesse nal d’un caméléon (Le serpent à de Noailles et la folie des hommes plumes). qui s’est cristallisée à Auschwitz. « SEULS la dérangeaient, aux Par petits tableaux se dépeint un changements d’heure, les bulle- monde qui a aujourd’hui perdu tins d’informations. Paris… Pal- sa consistance. n myre… Madame baissait alors
14 vers la révolution littérature en partage 15 14 juillet Qu’est-ce que le roman ? ÉRIC VUILLARD JEAN-BAPTISTE DEL AMO, TRISTAN GARCIA mercedi 5 octobre à 18 h vendredi 23 septembre à 18 h Rencontre avec Éric Vuillard autour de son dernier livre 14 juillet paru aux éditions Actes Sud. Rencontre avec Jean-Baptiste Del Amo et Tristan Garcia autour des romans Règne animal et 7 (prix inter 2016), tous deux publiés aux éditions Gallimard. ÉRIC VUILLARD né en 1968 à une importance démesurée. On victorieux ce jour-là, il fallait égale- Lyon est écrivain et cinéaste. Il a nous raconte la prise de la Bastille ment fouiller les archives, celles de JEAN-BAPTISTE DEL AMO reflet d’une violence ancestrale. Malicieux réalisé deux films, L’homme qui du point de vue de ceux qui n’y la police, où se trouve la mémoire est né à Toulouse. Ancien pension- Seuls territoires d’enchantement, « Évidemment, le chiffre 7 n’est pas marche et Mateo Falcone. Il est étaient pas ; et qui vont devenir des pauvres gens. naire de la villa Médicis à Rome en l’enfance, celle d’Éléonore, la choisi par hasard : 7, comme les l’auteur de Conquistadors (Léo nos représentants. Ils n’y étaient L’Histoire nous a laissé un compte 2010-2011. Son œuvre est publiée matriarche, celle de Jérôme, le der- bottes de sept lieues, comme les Scheer, 2009), La bataille d’Occi- pas et ne souhaitaient d’ailleurs et une liste : le compte est de 98 aux éditions Gallimard. Citons : Une nier de la lignée, et l’incorruptible sept péchés capitaux… Le livre dent (2012), Congo (2012) et plus pas que la Bastille tombe. Ils firent morts parmi les assaillants ; et la éducation libertine (2008) dont liberté des bêtes parviendront- de Garcia a des allures de conte récemment Tristesse de la terre même tout pour l’empêcher. Mais liste officielle des vainqueurs de le roman aborde le thème de la elles à former un rempart contre de fées morbide et sent le soufre, (2014). ils ont laissé des témoignages. Car la Bastille comporte 954 noms. bisexualité masculine à travers son la folie des hommes ? Règne ani- tout en s’interrogeant sur l’impor- ces gens-là savaient écrire. Il fallait Il m’a semblé que la littérature personnage principal, Le sel (2010) mal est un grand roman sur la tance de la religion. À la fois com- Redonner vie donc retrouver les relations des devait redonner vie à l’action, un texte contemporain situé dans dérive d’une humanité acharnée à plexe dans sa réflexion finale et à l’action gens ordinaires, s’appuyer sur le rendre l’événement à la foule et le port de Sète et Pornographia dominer la nature, et qui dans ce limpide dans sa lecture, 7 reprend « De la Bastille, il ne reste rien. La récit personnel de leur participa- à ces hommes un visage. À une (2013) où il raconte une errance combat sans pitié révèle toute sa notamment l’une des obsessions démolition du bâtiment com- tion à l’émeute du 14 Juillet. Il fal- époque où un peuple se cherche, hallucinée dans la nuit d’une ville sauvagerie, et toute sa misère. de l’auteur, les promesses non mença dès la nuit du 14 juillet lait éviter tout surplomb, afin de ne où il apparaît sur certaines places tropicale dans un univers à la fois TRISTAN GARCIA est philo- tenues. Celles des jeunes qui 1789. De l’événement, nous avons pas écrire un 14 Juillet vu du ciel. de temps à autre, il n’est peut-être sensuel et violent. Une version en sophe et romancier né en 1981 à s’engageaient à changer le monde, les récits du temps. Les députa- En m’en tenant aux récits mépri- pas inutile de raconter comment espagnol, accompagnée de photo- Toulouse. Il est l’auteur d’un pre- pour finalement rentrer vite dans tions de notables qui se rendirent sés, écartés, j’ai voulu me fondre le peuple a surgi brusquement, et graphies d’Antoine d’Agata, est édi- mier roman La meilleure part le rang dès leurs débuts dans l’âge à la citadelle et les délibérations dans la foule. Et puisque c’est bien pour la première fois, sur la scène tée chez Cabaret Voltaire en 2014. des hommes (Gallimard, 2008) et adulte. Malicieux, le jeune roman- de l’Hôtel de Ville y prennent le grand nombre anonyme qui fut du monde.» n a publié depuis Mémoires de la cier se nourrit de toutes les littéra- Dérive Jungle (Gallimard, 2010), Forme tures pour faire sa pelote : un peu Règne animal retrace, du début à et objet : un traité des choses (PUF, de thriller et de fantastique, un peu la fin du vingtième siècle, l’histoire 2011), En l’absence de classement d’irrationnel pour surprendre, un d’une exploitation familiale vouée final (Gallimard, 2012), Les corde- peu de rationnel afin de réfléchir à à devenir un élevage porcin. Dans lettes de Browser (Denoël, 2012), la condition humaine qui, semble- cet environnement dominé par Faber. Le Destructeur (Gallimard t-il, a du souci à se faire. Mais on l’omniprésence des animaux, cinq 2013). Son dernier roman, 7 est le sait que Tristan Garcia maîtrise générations traversent le cata- récit fantastique d’une humanité aussi le sens de l’humour.» n clysme d’une guerre, les désastres qui tourne volontairement le dos à Christine Ferniot, Télérama économiques et le surgisse- la vérité et préfère se raconter des Hubert Robert, La Bastille, dans les premiers jours de la démolition (détail). Bart van der Leck, Labour (détail). ment de la violence industrielle, histoires.
16 noir d’espagne noir de chine 17 Toutes les vagues de l’océan Il était une fois l’inspecteur Chen VICTOR DEL ARBÓL, ARO SÁINZ DE LA MAZA QIU XIAOLONG jeudi 6 octobre à 18 h vendredi 7 octobre à 16 h 30 Rencontre avec les écrivains Victor del Arból auteur de Toutes les vagues de l’océan et avec Aro Sáinz Rencontre avec Qiu Xiaolong autour de la parution de son roman Il était une fois l’inspecteur Chen de la Maza, auteur de Les muselés, romans récemment publiés aux éditions Actes Sud. En partenariat aux éditions Liana Levi. La rencontre est organisée à l’occasion du festival Polars du Sud qui avec le festival Polars du Sud. se déroule à Toulouse du 7 au 9 octobre 2016. VICTOR DEL ARBÓL est né à coauteur de compilations QIU XIAOLONG naît à Shan- ghai. Dans son nouveau poste, il cache-t-il parmi les envieux ? Chen, Barcelone en 1968.Après avoir étu- de contes traditionnels. Il ghai en 1953. Durant la Révolution est intrigué par le meurtre de Fu, qui finit par le démasquer, est titu- dié l’Histoire, il travaille dans les ser- a également été éditeur, culturelle, son père est la cible des propriétaire d’un commerce de larisé inspecteur presque malgré vices de police de la communauté traducteur et conseiller Gardes rouges et lui-même est privé fruits de mers florissant, qui lui lui. N’oublions pas qu’à l’époque, autonome de Catalogne. Dans la en narration de plusieurs d’école. Il apprend seul l’anglais et aussi a été publiquement humilié le Parti assignait les postes sans collection Actes noirs ont paru ses auteurs. Dans le monde se passionne pour la littérature et spolié. Parce qu’il s’identifie que l’intéressé ait son mot à dire… romans La Tristesse du samouraï de l’édition il a travaillé anglo-américaine, en particulier à lui il enquête. La victime vivait Le cheminement du personnage (2012), La Maison des chagrins dans beaucoup de genres l’œuvre de T.S. Eliot. Il poursuit ses Cité de la Poussière Rouge et avait fétiche de Qiu Xiaolong s’inscrit (2013) et Toutes les vagues de (roman noir, littérature recherches à Saint-Louis, aux États- reçu, après la Révolution, une dans une période de l’histoire l’océan (2015). jeunesse, biographies…). Unis, et décide de s’y installer défi- importante indemnisation qui atti- chinoise qui a marqué les esprits Actuellement il s’est nitivement après les événements rait les convoitises. Le coupable se et la vie de l’auteur lui-même. n Cartes du passé lancé dans la série de de Tian’anmen. Il est l’auteur des Gonzalo Gil reçoit un message romans noirs consa- nouvelles du cycle de la Poussière qui bouleverse son existence : sa crés à l’inspecteur Milo Rouge et de neuf romans policiers. sœur, de qui il est sans nouvelles Malart dont le premier depuis de nombreuses années, tome El asesino de La Personnage fétiche a mis fin à ses jours dans des cir- Pedrera (Le bourreau Pendant la Révolution culturelle, constances tragiques. Et la police de Gaudi) a été publié Chen Cao, adolescent, entend les la soupçonne d’avoir auparavant en 2014. Gardes rouges qualifier son père assassiné un mafieux russe pour de « monstre noir ». Sa famille est venger la mort de son jeune fils. Ce Barcelone persécutée. Cependant, à la fin de qui ne semble alors qu’un sombre Dans une intrigue cette sombre période, il parvient à règlement de comptes ouvre une magistralement tenue obtenir un diplôme de littérature voie tortueuse sur les secrets de jusqu’à la dernière comparée à l’université de Pékin Gao Jianfu, Les os des morts s’affligent depuis longtemps des malheurs de la nation. (détail). l’histoire familiale et de la figure page, orchestrant et on le charge de traduire un mythique du père, nimbée de non- pressions politiques, manuel de procédures américain dits et de silences. énigmes maçon- dans un commissariat de Shan- Sur fond de pression immobi- niques, mœurs dissolues et presse lière et de mafia russe, l’enquête à sensation, Le Bourreau de qui s’ouvre aujourd’hui à Barce- Gaudí plantait l’envers du décor lone rebat les cartes du passé. La d’une cité unanimement saluée Rendez-vous les 7, 8 et 9 octobre 2016 pour la 8e édition chance tant attendue, pour Gon- pour sa beauté et sa prouesse du Festival Toulouse Polars du Sud ! zalo, d’ébranler la statue du com- architecturale. Une «Ville des pro- Au programme de nombreuses nouveautés mandeur, de connaître l’homme diges » terriblement moderne et et animations pour découvrir le polar sous pour pouvoir enfin aimer le père. effroyablement archaïque. Ébranlé toutes ses formes ! Toutes les vagues de l’océan par la conclusion de l’enquête du déferlent dans cette admirable Bourreau de Gaudi, Milo Malart, Toulouse Polars du Sud organise chaque année le Festival International des fresque d’un XXe siècle dantesque inspecteur pugnace et intuitif, Littératures Policières dans le quartier populaire du Mirail à Toulouse, lieu porteur de toutes les utopies et de reprend du service dans une Bar- d’échanges et de croisement des cultures notamment des peuples du Sud en toutes les abjections humaines. celone en noir et blanc, pétrifiée proposant au public des rencontres, des débat et des animations littéraires et transie, asphyxiée par la crise. Il avec des écrivains et des éditeurs indépendants encore mal connus aux côtés ARO SÁINZ DE LA MAZA né à traque les démons qui terrorisent de ceux que la notoriété a confirmés. Cette 8e édition du festival est parrainée Barcelone en 1959, est auteur pour la ville en essayant de faire taire par l’auteur chinois Qiu Xiaolong. Il sera entouré d’un très beau plateau inter- les jeunes et les moins jeunes. Il a ceux qui hantent ses pensées. n national. également écrit des essais et est
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