Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel - Hymne Dimanche 6 mai 2018 - 16h30

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Hymne
Los Angeles Philharmonic
    Gustavo Dudamel
  Dimanche 6 mai 2018 – 16h30

Grande salle Pierre Boulez – Philharmonie
WEEK-END LEONARD BERNSTEIN

Voici presque cent ans (le 25 août 1918 exactement) que naissait Leonard
Bernstein : « Peu de compositeurs captent l’esprit de leur temps et deviennent
la voix iconique de leur époque, écrit John Mauceri. Bernstein trouva sa
“voix” au début des années 1940 et porta le son de l’Amérique urbaine
de l’époque de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux mouvements paci-
fistes des années 1970 et à la chute du mur de Berlin et du communisme
en Europe. » Cet Américain d’origine juive ukrainienne a exploré tous les
styles et les genres, passant des uns aux autres avec une aisance manifeste,
et élaborant un corpus artistique d’une grande diversité, où se côtoient les
pièces les plus célèbres (on pense évidemment à West Side Story) et les moins
connues.

Le week-end que lui consacre la Philharmonie est l’occasion d’entendre (et
de voir) en ciné-concert le film d’Elia Kazan On the Waterfront, pour lequel
il tissa en 1954 – et ce fut la seule fois qu’il écrivit spécialement pour le
cinéma – une bande originale remarquée : le critique du Time parlait ainsi en
1957 d’un « nouveau ton dans la musique de Bernstein, une sorte de pureté
étonnamment vive qui semblait naître d’un noyau brûlant d’originalité ».

Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic élabore un double
programme. Le premier s’articule autour de l’Amérique, avec Amériques de
Varèse, qui fut inspiré par la rencontre du compositeur avec les sonorités
du West Side de Manhattan – le même West Side qui sera, une trentaine
d’années plus tard, le théâtre des affrontements entre Jets et Sharks de
l’« histoire » de Bernstein. Le second fait dialoguer la Symphonie n° 9 de
Beethoven – que Bernstein a dirigée et enregistrée avec joie à de multiples
reprises (« Je ne suis jamais fatigué de sa musique, disait-il. Elle exprime une
universalité de pensée, de fraternité humaine, de liberté et d’amour ») – et
les Chichester Psalms du compositeur américain. Mises en musique de la Bible
hébraïque, ces derniers se rattachent à l’inspiration religieuse de Bernstein,
une inspiration dont le Sirba Octet et Isabelle Georges font également le fil
conducteur de leurs concerts en mêlant aux musiques de comédies musi-
cales des musiques traditionnelles yiddish.
Week-end leonard bernstein

              Vendredi 4 mai                               Samedi 5 mai
19h00                          renContre    17h00                       ConCert éduCatif

naissance de la cOmédie                     musicals
musicale américaine                         ConCert performanCe
riChard SChmouCler et Cyrille lehn          cOnservatOires d’Île-de-france - musiciens
                                            du sirBa Octet - isaBelle GeOrGes
20h30                             ConCert

Bernstein,                                  20h30                 ConCert Symphonique

du Shtetl à New-York                        GustavO dudamel
sirBa Octet                                 amériqueS
isaBelle GeOrGes, chant, claquettes
                                            lOs anGeles PhilharmOnic
richard schmOucler, violon 1
                                            GustavO dudamel, direction
laurent manaud-Pallas, violon 2
                                            Esa-Pekka Salonen, Pollux (commande
claude GirOn, violoncelle
                                            du Los Angeles Philharmonic et du Barbican
Bernard cazauran, contrebasse
                                            Centre – création française)
david Gaillard, alto
                                            Edgard Varèse, Amériques
PhiliPPe BerrOd , clarinette
                                            Dmitri Chostakovitch, Symphonie n° 5
christOPhe henry, piano
iurie mOrar, cymbalum
Répertoire traditionnel yiddish
et pièces de Harold Arlen, George
Gershwin, Richard Rodgers, Jerry Bloch,
Irving Berlin, Lew Pollack, Sholom
Secunda et Leonard Bernstein
Dimanche 6 mai
15h00                               Ciné-ConCert

On the waterfrOnt
Orchestre natiOnal d’Île-de-france
ernst van tiel, direction
Leonard Bernstein
On the Waterfront
Film d’Elia Kazan
Coproduction Orchestre national d’Île-de-France,
Philharmonie de Paris
                                                            aC t ivit é S Ce week-end
On the waterfront © 1954, Renewed 1982 Columbia
Pictures Industries, Inc.
Une Récréation musicale est proposée à 16h             Samedi
aux enfants de 3 à 10 ans dont les parents assistent   Le Lab à 11h
au concert. 8€ par enfant, réservation conseillée.     I love BernsteIn

16h30                            ConCert voCal
                                                       Visite-atelier du Musée à 15h
                                                       les musIques de fIlm
GustavO dudamel
hymne
                                                       dimanChe
lOs anGeles PhilharmOnic                               Un dimanche en orchestre à 14h
lOndOn symPhOny chOrus                                 leonard BernsteIn
GustavO dudamel, direction
Julianna di GiacOmO, soprano
Jennifer JOhnsOn canO, mezzo-soprano
JOhn hOliday, contre-ténor
michael KöniG, ténor
sOlOman hOward, basse
matthew hamiltOn, chef de chœur
Leonard Bernstein, Chichester Psalms
                                                                  C ollè ge
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 9
                                                              musiq ues de f ilms
« Hymne à la joie »                                              Avec Patrick Niedo

                                                       Jeudi 17 mai – 15h
                                                       de Broadway à Hollywood

                                                       Jeudi 24 mai – 15h
                                                       BernsteIn sIde story :
                                                       ses comédIes musIcales
PROGRAMME

Leonard Bernstein
Chichester Psalms

ENTR ACTE

Ludwig van Beethoven
Symphonie no 9 « Hymne à la joie »

Los Angeles Philharmonic
London Symphony Chorus
Gustavo Dudamel, direction
Julianna Di Giacomo, soprano
Jennifer Johnson Cano, mezzo-soprano
John Holiday, contre-ténor
Michael König, ténor
Soloman Howard, baryton-basse
Matthew Hamilton, chef de chœur

Victoria Songwei Li, soprano*
Anne Reilly, mezzo-soprano*
Florian Panzieri, ténor*
William Pedersen, basse*

* Solistes supplémentaires, issus de la Guildhall School of Music de Londres (Chichester Psalms
 de Bernstein)

Fin du concert vers 18H35.

Retrouvez le livret en page 32.
LES ŒUVRES

Leonard Bernstein (1918-1990)
Chichester Psalms, pour chœur mixte, garçon soprano et orchestre

I. Psaume 108 (verset 2) – Psaume 100
II. Psaume 23 – Psaume 2 (versets 1-4)
III. Psaume 131 – Psaume 133 (verset 1)

Composition : 1965.
Commande : du révérent Walter Husser.
Dédicace : « Au Dr. Cyril Solomon, avec gratitude ».
Création : le 15 juillet 1965, au Philharmonic Hall, à New York, par les Camerata Singers,
John Bogart et l’Orchestre Philharmonique de New York, sous la direction
de Leonard Bernstein.
Éditeur : Boosey & Hawkes.
Effectif : 3 trompettes, 3 trombones – percussions – 2 harpes – cordes.
Durée : environ 20 minutes.

Pendant la saison 1964-1965 de l’Orchestre Philharmonique de New
York, Bernstein avait pris un congé pour se consacrer à la composition.
Il avait alors entrepris d’écrire une comédie musicale tirée de la pièce
de Thornton Wilder The Skin of Our Teeth. Mais le projet n’avait pas pu
aboutir, et cette année sabbatique aurait pu être un désastre si elle n’avait
pas été sauvée par la commande d’une œuvre religieuse émanant du
révérend Walter Husser, doyen de la cathédrale Chichester, en Angleterre.
Habitué à reprendre des esquisses abandonnées ou d’anciennes parti-
tions dans de nouvelles réalisations, Bernstein n’eut aucun mal à recycler
une partie de la musique de The Skin of Our Teeth ainsi que des passages
coupés du Prologue de West Side Story. Utiliser des matériaux initiale-
ment prévus pour Broadway, temple du divertissement musical, pour
composer une œuvre sacrée peut paraître surprenant, mais Bernstein
considérait que ce qu’il composait n’était pas définitivement enfermé dans
un genre. De plus, il était conforté dans sa démarche par Walter Husser,
qui lui avait laissé toute liberté et l’avait même encouragé à mettre « un
soupçon de West Side Story » dans la musique.

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De son côté, Bernstein avait demandé à ce que les textes de l’œuvre
soient chantés en hébreu – une requête qui ne rencontra pas la moindre
opposition en dépit du fait que l’œuvre devait être jouée dans un
édifice chrétien. Il choisit alors de mettre en musique trois psaumes,
chacun associé à un des trois mouvements (100, 23, 131), ainsi que des
versets de trois autres psaumes (108, 2, 133) comme commentaires.
Les textes sont confiés à un chœur mixte et à un soliste garçon, mais
Bernstein a toujours souhaité que le chœur soit entièrement composé
de voix d’hommes – les registres soprano et alto étant confiés à des voix
d’enfants. L’orchestre comprend trois trompettes, trois trombones, des
percussions, un ensemble de cordes et deux harpes. Le choix des deux
harpes peut s’expliquer par la présence de l’instrument dans le premier
verset chanté de l’œuvre, « Réveillez-vous, harpe ! », tiré du psaume 108,
mais aussi comme une référence au roi David, le roi musicien représenté
avec une harpe, et qui aurait mis en musique le psaume 23. Ce psaume est
utilisé dans le second mouvement, où les deux harpes accompagnent la
voix d’enfant. En composant les Chichester Psalms, Bernstein avait aussi
probablement à l’esprit A Ceremony of Carols de Benjamin Britten, pour
chœur d’enfants et harpe, une œuvre qu’il affectionnait particulièrement.

Comme ce sera également le cas pour Mass, qui verra le jour en 1971,
Bernstein avait envisagé cette œuvre sacrée dans un esprit œcuménique
dont témoigne le choix des psaumes. En effet, seul le psaume 131
contient une référence explicite à Israël, et les psaumes 23 et 100 sont
fréquemment utilisés dans la religion chrétienne. De plus, l’extrait du
psaume 133 qui conclut l’œuvre sous-entend la coexistence pacifique
de tous les peuples et de toutes les cultures, et l’acceptation de toutes
les fois : « Vois comme est bonne / Et combien plaisante / La réunion de
frères / Bien ensemble. »

Loin des musiques expérimentales et sérielles de l’époque, Bernstein
composa une musique qu’il décrivit comme « la pièce tonale en si bémol
majeur la plus accessible que j’ai jamais écrite ». Le style musical des
Chichester Psalms est particulièrement éclectique. On y entend, entre
autres, des références au jazz, à la musique liturgique juive, à Bach et
aux grands compositeurs romantiques de Beethoven à Mahler et, bien
sûr, aux musiques de Broadway. Si les fréquents déplacements d’accents

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et les changements métriques font penser à Copland et à Stravinski, le
langage harmonique rappelle parfois celui de Chostakovitch avec ses
dissonances dans un contexte tonal, tout particulièrement dans l’interlude
orchestral qui ouvre le troisième mouvement. Lors de la création à la
cathédrale de Chichester comme lors de l’avant-première qui eut lieu à
New York quelques jours avant, l’œuvre reçut un accueil très enthousiaste
du public et de la critique.

Max Noubel

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie no 9 en ré mineur op. 125 « Hymne à la joie »

I. Allegro, ma non troppo, un poco maestoso
II. Molto vivace
III. Adagio molto e cantabile
IV. Presto

Composition : achevée en février 1824.
Création : le 7 mai 1824, à Vienne, sous la direction de Michael Umlauf,
avec la collaboration du violoniste Ignaz Schuppanzigh.
Effectif : soprano, alto, ténor, baryton solistes – chœur mixte – piccolo, 2 flûtes,
2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 2 trompettes,
3 trombones – timbales, cymbales, triangle – cordes.
Durée : environ 70 minutes.

Pendant les douze années qui ont séparé la Symphonie no 8 (1812) de
la Neuvième, Beethoven a médité divers projets, lesquels ont fini par
converger dans cette somme de styles symphoniques et vocaux édifiée
avec une rare cohérence. Le compositeur a désiré mettre en musique
l’Ode à la joie de Schiller (1759-1805) dès ses 22 ans, en 1792 ; le poète a
d’ailleurs été prévenu en 1793, par un ami, qu’un certain « Ludwig van B. »,
très talentueux, caressait cette idée. Le musicien, en réalisant son rêve
sur le tard, a eu l’audace de couronner une symphonie par cette grande
cantate ajoutée, et il a fusionné dans son œuvre tous ses idéaux, sa
psychologie tourmentée, sa volonté de fer, sa générosité sans bornes.

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La Symphonie no 9 est la synthèse non seulement d’un style artistique
personnel, mais d’une vie ; d’où son côté emblématique et son impact
qui semble inépuisable.

Le thème musical proprement dit de l’« Hymne à la joie » figure déjà
dans un ouvrage antérieur de Beethoven, la Fantaisie pour piano, chœur
et orchestre op. 80 (1808), qui est souvent considérée comme une
étude préparatoire de la Symphonie no 9 ; par ailleurs, l’idée de confier
à un chœur une louange à la liberté, à l’amour, à la fraternité a déjà
été accomplie par le compositeur dans la scène finale qu’il a ajoutée à
Fidelio en 1814 : l’opéra se termine, comme la Symphonie no 9, à la façon
d’un oratorio. La symphonie, créée avec des moyens qui paraîtraient
aujourd’hui insuffisants, a rencontré immédiatement l’adhésion du public.
Beethoven se tenait debout aux côtés du chef Umlauf, il suivait son travail
tout en restant muré dans sa surdité. Après le dernier accord, l’assistance
a manifesté un enthousiasme énorme, et c’est l’alto Caroline Unger qui a
gentiment pris le compositeur par le bras pour qu’il se retourne et voie
la salle en délire.

Le premier mouvement, empli d’une énergie concentrée et sombre,
suit un plan de sonate régulier mais qui semble coulé dans le bronze ;
l’exposition se passe de la traditionnelle reprise, la coda rappelle tout un
pan du développement, et l’ensemble se perçoit comme un flux, toujours
braqué face à l’adversité, et toujours porté par un souffle de grandeur.
L’œuvre commence dans un décor mystérieux de quartes et de quintes
qui semble présider aux origines du monde. Dans un crescendo, ce dessin
se resserre dramatiquement et laisse exploser le thème principal, un
unisson de stature titanesque. Le deuxième thème est entrepris sur une
idée tendre et conjointe qui pressent, comme une vague utopie, le futur
« Hymne à la joie », mais bientôt tout un chapelet d’idées secondaires
le conduit à un climat d’insistance et de détermination qui ressemble
déjà à un développement. Celui-ci, ouvert par un retour du décor de
quartes initial, comporte en son centre un remarquable fugato à trois
entrées, dont la noble allure rappelle son homologue dans le deuxième
mouvement de la Symphonie no 3. En tête de la réexposition, l’introduc-
tion, devenue terrible avec ses timbales qui tonnent pendant plus d’une
minute (trente-huit mesures), est un cataclysme, véritable point culminant

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du morceau. Enfin la coda invite une idée nouvelle et magnifique, une
marche funèbre en crescendo, dont la dignité accablée évoque encore
l’« Eroica ».

Le scherzo, le seul dans les symphonies beethovéniennes à être placé en
deuxième position, est un tourbillon de danse, tout frémissant d’intelli-
gence et de caractère. Dans un tempo haletant, la mesure à trois temps
se bat en réalité à un temps. La péremptoire introduction n’hésite pas à
laisser éclater les timbales seules ; puis le thème principal se déclenche
comme une farandole en cinq entrées fuguées : thème dionysiaque,
protéen dans sa bondissante allégresse avec cet arrière-goût furieux si
typique de Beethoven, coupé de silences humoristiques ou de sursauts
qu’assurent décidément les timbales. Cette trame de notes piquées,
précise et infatigable, veut relier tous les êtres dans sa ronde et aspire
déjà à l’universalité : certains passages du finale reprendront ce style.
La partie scherzo, plus vaste et complexe qu’il ne paraît, est en fait une
forme sonate. Dans le trio central, très idyllique et à deux temps, de
nombreux pupitres se partagent à tour de rôle une petite chanson aussi
conjointe et aussi simple que l’« Hymne à la joie » ; les effets répétitifs et
doux dessinent des horizons vallonnés analogues à ceux de la Symphonie
« pastorale ».

    « Nous savons que vous avez écrit une grande composition
    de musique sacrée où vous avez immortalisé les émotions
    d’une âme pénétrée et transfigurée par la puissance
    de la foi et l’éblouissement de la lumière surnaturelle.
    Nous savons que la couronne de vos grandes symphonies
    s’est enrichie d’une fleur immortelle. »
                      Lettre ouverte de trente musiciens envoyée à Beethoven,
                                                        Vienne, 26 février 1824

L’admirable et long Adagio peut être considéré comme le fondateur et
le modèle de ceux que signeront, notamment, Bruckner ou Mahler plus
tard. Il met en présence deux thèmes, en majeur tous les deux, qui seront
variés tour à tour : le premier, d’une sérénité crépusculaire et un peu

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mélancolique, est chanté essentiellement par les cordes, mais rencontre
d’émouvants échos du côté des clarinettes et bassons ; le deuxième,
indiqué andante moderato, est plus fluide et chaleureux. Les transitions
entre les épisodes sont d’une lenteur et d’un imprévu magiques. Dans
sa première variation, le thème principal est délayé en doubles croches
de violons avec un accompagnement en pizzicati ; sa structure, toujours
pourvue d’échos, est parfaitement reconnaissable. La variation – unique –
du deuxième thème laisse celui-ci presque intact, en le confiant aux bois,
dans une sorte de valse aérienne. Un intermède, fausse variation, semble
s’interroger, maintenu sur une expectative perplexe ; il prépare le véritable
retour du premier thème, dans sa deuxième version, aisée et affectueuse :
entre les bois d’un côté et les violons de l’autre, il se superpose à sa propre
variation avec une richesse très gratifiante pour l’oreille. La coda, consi-
dérable, est introduite par deux sonneries, comme un appel au réveil, où
retentissent les trompettes qui s’étaient tues jusque-là. Après un surcroît
de variantes lointaines et ornementales, une majestueuse cadence conclut
cette page emplie d’idéalisme, d’amour et de tendre gravité.

Le finale est aussi fameux pour son utilisation pionnière de la voix
dans le répertoire symphonique que pour son message humaniste.
Le musicien n’a retenu en définitive que trente-six vers sur la centaine
de Schiller : « Il a choisi les strophes les plus grandioses, nous indique
André Boucourechliev ; la Joie, belle étincelle des Dieux, est celle de
l’amitié, de l’amour, de la fraternité universelle, de la foi. Beethoven s’est
si bien approprié le poème, il en a si bien coupé, interverti, enchaîné
les vers qu’il ne s’agit plus d’un poème de Schiller, mais d’un poème de
Beethoven. » Quant à « l’Élysée » dont la Joie est la fille, ce n’est pas
un paradis lointain mais une réalisation de l’idéal sur terre, grâce à la
vaillance et à la solidarité des femmes et des hommes. Le compositeur
insiste particulièrement sur les huit premiers vers, porteurs du thème
célébrissime, qui revient régulièrement comme un refrain ou comme un
sujet de variation ; cette mélodie apparemment si simple et si facile à
retenir, futur hymne européen, lui a coûté de nombreux tâtonnements.

Ce finale comporte quatre grandes parties : une exposition instrumen-
tale puis une exposition vocale, toutes deux centrées sur le thème de
l’hymne, qui est traité en variations ; une troisième section sur le thème

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« L’art et la vérité y célèbrent leur plus brillant triomphe,
    et on aurait raison de dire : nec plus ultra ! Qui peut à jamais
    dépasser ces hauteurs inexprimables ? »
                      Critique anonyme de l’Allgemeine musikalische Zeitung,
                              Leipzig, compte-rendu du concert du 7 mai 1824

de l’embrassement (« Seid umschlungen, Millionen ») ; et enfin une impor-
tante coda. Deux pôles stylistiques y cohabitent en bonne intelligence :
une frénésie païenne héritée du scherzo, et une solennité religieuse à la
Haendel. L’une et l’autre font l’objet de fugues suprêmement brillantes.
L’exposition orchestrale commence par ce que Wagner surnommait « la
fanfare de l’effroi », jetée sur une brutale dissonance. Un récitatif bourru
de violoncelles et contrebasses s’interrompt de temps à autre pour
laisser surgir des citations des mouvements antérieurs, comme un index
de cette symphonie : l’aube du premier volet, les bonds du deuxième,
un soupir du troisième… que suit une esquisse de l’« Hymne à la joie ».
Celui-ci est enfin énoncé, dans toute la longueur de ses cinquante-six
mesures, aux cordes graves, chant d’autant plus captivant qu’il a été
préparé par tout ce suspense. D’après ses notations sur le manuscrit,
Beethoven rejette l’une après l’autre, comme obsolètes, les formules
des mouvements précédents puis, à côté de l’hymne, il s’écrie : « Ah, le
voici, il est trouvé, joie ! »

L’exposition vocale commence comme un décalque de la précédente ;
quand le baryton solo proclame : « Mes amis, cessons nos plaintes !
Qu’un cri joyeux élève aux cieux nos chants de fêtes et nos accords
pieux ! », les paroles ne sont pas de Schiller mais de Beethoven, qui,
selon son habitude, conçoit et réfléchit tout haut jusque dans son œuvre
même. Dans cette deuxième partie, la variation la plus amusante de
l’hymne est celle, alla marcia, dite « turque » à cause de sa sympathique
quincaillerie de percussions, grosse caisse, triangle, cymbales : le ténor
et le chœur d’hommes nous invitent à avancer, fiers comme des soleils,
dans l’espace. La familiarité de ton, le côté à la fois militaire et plébéien
sont un apport très franc de Beethoven dans la sphère symphonique :
il ne dédaigne pas la musique de la rue et s’adresse à tout un chacun.

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« Seid umschlungen, Millionen » [« Qu’ils s’enlacent tous les êtres »] est
une section globalement plus lente et d’une haute dévotion ; c’est là que
la Symphonie no 9 affirme sa vocation de messe déiste et laïque, dont le
pendant sacré, exactement contemporain, est la Missa solemnis (1822).
Le thème est annoncé par les voix d’hommes et les trombones avec une
quasi-sévérité qui emprunte au chant grégorien. Un sommet purement
magique est atteint sur l’évocation de la voûte étoilée : l’empilement des
instruments et des voix, du grave à l’aigu sur un seul accord suspensif et
doux, nous fait littéralement lever la tête vers un brouillard cosmique où
les astres planent en tremblant. Soudain, les voix féminines, énergiques
comme des flèches de lumière, déclenchent un fugato qui entrelace les
deux thèmes de l’embrassement et de la joie. La coda porte à un sommet
d’incandescence dionysiaque l’esprit de la danse. Elle commence par un
développement très rapide du thème de l’embrassement ; puis, après
une ultime et splendide invocation à la joie par tout le chœur, rempli de
gratitude, l’orchestre conclut dans une flambée rythmique très enlevée.

Isabelle Werck

                                  15
Le saviez-vous ?

La symphonie avec voix

Considérée comme un genre instrumental, la symphonie n’exclut
pourtant pas les voix. Songeons à la Neuvième de Beethoven, l’un des
piliers du répertoire pour orchestre : quatre voix solistes et un chœur
entonnent l’Ode à la joie de Schiller dans son monumental finale. L’idée
de couronner l’œuvre par un apogée vocal se retrouve chez Mendelssohn
dans la Symphonie no 2 « Lobgesang », Liszt dans la Faust-Symphonie
(dont les dernières minutes, seulement, requièrent un ténor et un chœur
d’hommes) et la Dante-Symphonie (un chœur de femmes ou d’enfants
chante le texte du Magnificat), Chostakovitch dans ses Symphonies no 2
et no 3. Mais parfois, les voix se glissent dans plusieurs mouvements.
C’est le cas de Roméo et Juliette de Berlioz (sous-titré « symphonie
dramatique »), des Symphonies no 2 et no 3 de Mahler.

A-t-on encore la sensation d’écouter une symphonie ? Les mouvements
chantés se rattachent en effet à l’univers de la cantate, de l’oratorio, de
l’opéra ou du lied (Mahler a d’ailleurs inclus dans ses Symphonies no 2 et
no 4 des morceaux initialement conçus comme des lieder indépendants).
La confusion s’accroît encore lorsque les voix sont présentes tout au
long de l’œuvre : Symphonie no 8 de Mahler, Symphonie de psaumes de
Stravinski, Symphonies no 13 et no 14 de Chostakovitch, Symphonies no 7
« Les Sept Portes de Jérusalem » et no 8 « Lieder der Vergänglichkeit » de
Penderecki (1996 et 2005). Alors, pourquoi les compositeurs choisissent-
ils l’intitulé de « symphonie » ? Sans doute parce que l’orchestre reste
le socle de l’œuvre. Peut-être aussi parce qu’ils appréhendent le terme
dans son acception étymologique, revendiquée par Berio dans sa propre
Sinfonia (1968) : « Accord, ensemble de sons. »

Hélène Cao

                                     16
Les COMPOSITEURs

Leonard Bernstein                                 qui deviendra l’un de ses plus grands
Travailleur infatigable, pianiste                 amis et son correspondant le plus
prodigieux, baguet te des plus                    fidèle. À Harvard, il étudie la compo-
grands orchestres américains et                   sition avec Walter Piston et Edward
européens, mais aussi poète, auteur               Burlingame Hill, et rencontre deux
et pédagogue, Leonard Bernstein a                 autres compositeurs : Roy Harris et
laissé une empreinte indélébile dans              William Schuman. Tous s’accordent
l’histoire musicale du xxe siècle. Il est         à dire que Leonard Bernstein est
particulièrement connu pour être                  fait pour la direction d’orchestre ;
l’auteur de la partition de West Side             un avis bientôt partagé par Dimitri
Story, sommet de la comédie musicale              Mitropoulos, directeur musical du New
joué aujourd’hui encore plus d’un                 York Philharmonic, qu’il rencontre en
millier de fois par an dans le monde              1938. Après l’échec de sa candida-
entier. Bernstein naît à Lawrence,                ture à la Juilliard School, il postule à
Massachusetts, le 25 août 1918, de                Philadelphie, au Curtis Institute, où il
parents russes immigrés. Il découvre              est accepté. À la suite d’une répétition
la musique lorsque sa tante Clara,                qu’il dirige au Festival de Tanglewood,
alors en instance de divorce, décide              il est remarqué par Artur Rodziński, qui
d’envoyer son piano droit dans la                 lui propose un premier poste d’assis-
maison familiale où grandit le jeune              tant. Cette relation avec Rodziński
homme. Selon de nombreux témoins,                 devient rapidement tumultueuse, mais
le jeune Leonard a un sens musical                Bernstein saisit avec gourmandise
inné, et même si, à 16 ans, et de son             la chance de sa vie : remplaçant au
propre aveu, il n’a pas encore mis les            pied levé un Bruno Walter souffrant,
pieds dans une salle de concert, la               il dirige le Philharmonique de New
musique éclaire déjà son quotidien.               York pour la première fois. Grâce à la
On raconte par exemple que lors d’un              retransmission en direct à la radio et à
camp de vacances pour adolescents, il             une critique éblouissante en première
interprète passionnément le rôle-titre            page du New York Times, Bernstein
du Carmen de Bizet avec perruque                  accède immédiatement à la notoriété.
et robe noire. Cet humour et cette                Son style exubérant, sa jeunesse et sa
légèreté ne le quitteront jamais. Il faut,        fougue plaisent au public, et, dans ces
à ce titre, noter que le tout premier             premiers instants de célébrité, il est
opus de son catalogue est une série               même auditionné par la Paramount
de mélodies nommée… I Hate Music!                 pour interpréter Tchaïkovski dans un
Étudiant, il entre à Harvard, où il fait          film hollywoodien. De 1945 à 1948,
la connaissance d’Aaron Copland,                  il dirige le New York City Symphony ;
                                             17
en 1953, il devient le premier chef         fin de sa vie le voit redoubler encore
américain à être sollicité par la Scala     d’activité, enchaînant les tournées
de Milan pour une version de Médée          internationales, les sessions d’enregis-
portée par Maria Callas. En 1959,           trement, les émissions et les ouvrages.
il devient directeur artistique de          En 1989, il dirige la Symphonie no 9 de
l’Orchestre Philharmonique de New           Beethoven à Berlin pour célébrer la
York, poste qu’il occupe durant une         chute du mur. Lors d’un ultime concert
décennie. À côté de ses activités de        à Tanglewood, il dirige la Symphonie
chef, il compose avec talent des œuvres     no 7 de Beethoven et les Four Sea
symphoniques comme Jeremiah                 Interludes de Britten. Quelques jours
(1941), The Age of Anxiety (1948-1949)      après avoir annoncé qu’il ne dirigerait
et Kaddish (1963), des pièces pour          plus, il décède dans son appartement
Broadway (Peter Pan, Wonderful Town,        de l’Upper West Side de Manhattan,
West Side Story), des ballets (Fancy        le 14 octobre 1990.
Free), des opéras (Trouble in Tahiti)
et des pièces sacrées. Bernstein a          Ludwig van Beethoven
systématiquement inséré des éléments        Les dons musicaux du petit Ludwig
propres à la culture américaine dans        van Beethoven inspirent rapidement
ses compositions, comme des rythmes         à son père, ténor à la cour du prince-
et des harmonies puisées dans le jazz,      électeur de Cologne, le désir d’en
le boogie-woogie ainsi que la blue          faire un nouveau Mozart ; ainsi, il
note « gershwinienne », dont il use         planifie dès 1778 diverses tournées…
avec générosité. Il reste également         qui ne lui apportent pas le succès
fidèle à la culture hébraïque, tout en      escompté. Au début des années 1780,
témoignant un intérêt pour le catho-        l’enfant devient l’élève de l’organiste
licisme. Mass (1971) est ainsi un bel       et compositeur Christian Gottlob
exemple de sa manière d’entremêler          Neefe, qui lui fait notamment découvrir
plusieurs cultures, genres, inspirations    Bach. Titulaire du poste d’organiste
et textures sonores. Leonard Bernstein      adjoint à la cour du nouveau prince-
est aussi un pédagogue qui n’a jamais       électeur, Beethoven rencontre le comte
hésité à dialoguer avec son public,         Ferdinand von Waldstein, qui l’introduit
que ce soit autour de l’expérience du       auprès de Haydn en 1792. Le jeune
concert ou en utilisant les médias qui      homme quitte alors définitivement les
ont évolué en même temps que sa             rives du Rhin pour s’établir à Vienne ; il
carrière. Avec différentes formations, il   suit un temps des leçons avec Haydn,
enregistre une discographie immense,        qui reconnaît immédiatement son
de près de cinq cents albums. Son           talent (et son caractère difficile), mais
travail sur les œuvres de Mahler est        aussi avec Albrechtsberger ou Salieri,
particulièrement reconnu et admiré. La      et s’illustre essentiellement en tant

                                        18
que virtuose, éclipsant la plupart           en 1803, est représenté sans succès
des autres pianistes. Il rencontre à         en 1805 ; il sera remanié à plusieurs
cette occasion bon nombre de ceux            reprises pour finalement connaître
qui deviendront ses protecteurs, tel         une création heureuse en 1814. La fin
le prince Karl Lichnowski, le comte          des années 1810 abonde en œuvres
Razoumovski ou le prince Franz               de premier plan, qu’il s’agisse des
Joseph Lobkowitz. La fin du siècle voit      Quatuors « Razoumovski » op. 59, de
Beethoven coucher sur le papier ses          la Symphonie no 5 ou de la Symphonie
premières compositions d’envergure :         n o 6, élaborées conjointement
ce sont ainsi les Six Quatuors à cordes      et créées lors d’un concert fleuve
op. 18, par lesquels il prend le genre       en décembre 1808. Cette période
en main, et les premières sonates pour       s’achève sur une note plus sombre,
piano, dont la huitième, « Pathétique »,     due aux difficultés financières et aux
mais aussi le Concerto pour piano            déceptions amoureuses. Peu après
no 1, parfaite vitrine pour le virtuose,     l’écriture, en juillet 1812, de la fameuse
et la Symphonie no 1, créés tous deux        « Lettre à l’immortelle bien-aimée »,
en avril 1800 à Vienne. Alors que            dont l’identité n’est pas connue
Beethoven est promis à un brillant           avec certitude, Beethoven traverse
avenir, il souffre des premières attaques    une période d’infertilité créatrice.
de la surdité. La crise psychologique        Malgré le succès de certaines de ses
qui en résulte culmine en 1802 lorsqu’il     créations, malgré l’hommage qui lui
écrit le Testament de Heiligenstadt,         est rendu à l’occasion du Congrès
lettre à ses frères jamais envoyée et        de Vienne (1814), le compositeur
retrouvée après sa mort, où il exprime       se heurte de plus en plus souvent
sa douleur et affirme sa foi profonde        à l’incompréhension du public. Sa
en l’art. La période est extrêmement         surdité dorénavant totale et les procès
féconde sur le plan compositionnel,          à répétition qui l’opposent à sa belle-
des œuvres comme la Sonate pour              sœur pour la tutelle de son neveu Karl
violon et piano « À Kreutzer » faisant       achèvent de l’épuiser. La composition
suite à une importante moisson de            de la Sonate « Hammerklavier »,
pièces pour piano (sonates nos 12 à 17 :     en 1817, marque le retour de
« Quasi una fantasia », « Pastorale »,       l’inspiration. La décennie qu’il reste
« La Tempête »…). Le Concerto pour           à vivre au compositeur est jalonnée
piano no 3 en ut mineur inaugure la          de chefs-d’œuvre visionnaires que
période « héroïque » de Beethoven,           ses contemporains ne comprendront
dont la Symphonie n° 3, créée en             en général pas. Les grandes œuvres
avril 1805, apporte une illustration         du début des années 1820 (la Missa
éclatante. L’opéra attire également          solemnis, qui demanda à Beethoven un
son attention : Fidelio, commencé            travail acharné, et la Symphonie no 9,

                                        19
qui allait marquer de son empreinte       s’éteint à Vienne en mars 1827 ; parmi
tout le xix e siècle et les suivants)     l’important cortège qui l’accompagne
cèdent ensuite la place aux derniers      vers sa dernière demeure se tient l’un
quatuors et à la Grande Fugue pour        de ses admirateurs de longue date,
le même effectif, ultimes productions     Franz Schubert.
d’un esprit génial. Après plusieurs
mois de maladie, le compositeur

                           Les INterprètes

Julianna Di Giacomo                       York Philharmonic, l’Orchestre
La soprano Julianna Di Giacomo            Philharmonique d’Israël et l’Orchestre
compte parmi les jeunes sopranos          National de France, ainsi que lors de
lyrico-spinto les plus prometteuses       nombreuses tournées avec Gustavo
du moment. Son vaste répertoire           Dudamel, le Los Angeles Philharmonic
comprend les rôles-titres de Tosca et     et l’Orchestre Symphonique Simón
de Suor Angelica de Puccini, Norma        B o lí v ar. N é e à S a nt a M o nic a
de Bellini, Leonora (Le Trouvère,         (Californie), Julianna Di Giacomo est
Verdi), Amelia (Un bal masqué,            diplômée du célèbre programme
Verdi), Maddalena (Andrea Chénier,        Merola de l’Opéra de San Francisco
Giordano), Elisabetta (Don Carlos,        et du programme de formation de
Verdi), Desdémone (Otello, Verdi),        l’Opéra de Santa Fe.
Lucrezia (I due Foscari, Verdi), Lina
(Stifellio, Verdi), Elena (Les Vêpres     Jennifer Johnson Cano
siciliennes, Verdi), Nedda (Paillasse,    Dotée d’une formidable présence
Leoncavallo), et Valentine (Les           scénique et d’une profondeur
Huguenots, Meyerbeer). On a pu            d’interprétation servies par un timbre
l’applaudir sur des scènes aussi          de velours, la mezzo-soprano Jennifer
prestigieuses que le Metropolitan         Johnson Cano est lauréate de la bourse
Opera de New York, l’Opéra de San         Richard Tucker (2012) et du prix George
Francisco, la Scala de Milan, le Teatro   London (2014). Elle a été sélectionnée
dell’Opera de Rome, le Théâtre de la      pour le programme Jeune Artiste
Fenice de Venise, le Mai musical de       Lindemann du Metropolitan Opera
Florence, la Bayerische Staatsoper de     en 2008, et a remporté le premier prix
Munich, le Teatro Real de Madrid et le    des Young Concert Artist International
Gran Teatre del Liceu de Barcelone.       Auditions en 2009. Jennifer Johnson
En concert, elle s’est produite avec      Cano a participé à plus d’une centaine
les Wiener Philharmoniker, le New         de représentations au Metropolitan
                                      20
Opera, récemment engagée pour               Jeremiah de Bernstein avec les
incar ner Ber si, Emilia, Hansel,           orchestres symphoniques d’Atlanta,
Meg Page, Mercedes, Nicklausse,             Phoenix et Charlotte, le Requiem de
Wellgunde et Waltraute. On a pu             Mozart avec le San Diego Symphony
l’applaudir dans des rôles tels que         Orchestra ainsi que pour la Rhapsodie
Donna Elvira (Don Giovanni, Mozart) au      pour alto de Brahms et la Symphonie
Boston Lyric Opera, dans le rôle-titre      no 9 de Beethoven avec le New Haven
de Carmen de Bizet au Boston Lyric          Symphony Orchestra. En juillet 2018,
Opera, Orphée (Orphée et Eurydice,          Jennifer Johnson Cano incarnera Emilia
Gluck) au Des Moines Metro Opera,           (Otello, Verdi) avec le Los Angeles
Diane (La Calisto, Cavalli) au Cincinnati   Philharmonic au Hollywood Bowl, sous
Opera et Marguerite (La Damnation de        la direction de Gustavo Dudamel.
Faust, Berlioz) au Tucson Symphony.
Elle a collaboré avec un grand nombre       John Holiday
de chefs d’orchestre parmi lesquels         Doté d’un timbre riche et expressif, le
on peut citer James Levine, Yannick         contre-ténor John Holiday interprète
Nézet-Séguin, Franz Welser-Möst,            avec un succès croissant un répertoire
Manfred Honeck, Marin Alsop, Robert         allant de Giulio Cesare de Haendel
Spano, Osmo Vänskä et Andrew Davis.         aux créations contemporaines telles
Au cours de la saison précédente,           que Flight de Jonathan Dove. Il s’est
elle a fait ses débuts en Europe lors       vu attribuer le prix Marian Anderson
d’une tournée d’El Niño de John Adams       du Kennedy Center for the Performing
avec le compositeur et le London            Arts et du Washington National Opera.
Symphony Orchestra, et avec Markus          Sa saison 2017-2018 s’est ouverte avec
Stenz et le Radio Filharmonisch Orkest      ses débuts à l’Opera de Philadelphie,
au Concertgebouw d’Amsterdam. En            où il a incarné John Blue dans la
2017-2018, la mezzo-soprano incarne         première mondiale de We Shall Not
Orphée avec l’Opera Theatre de              Be Moved de Daniel Bernard Roumain,
Saint Louis, et Finoreille dans une         mis en scène par Bill T. Jones, produc-
version concert de La Petite Renarde        tion également programmée à l’Apollo
rusée de Janáček avec l’Orchestre           Theater de New York et à l’Opéra
Symphonique de la Radio Bavaroise           national des Pays-Bas d’Amsterdam.
et avec le Cleveland Orchestra.             Notons également sa prise de rôle
En concert avec orchestre, elle est         dans Flight de Dove (Le Réfugié), qui
engagée pour la Symphonie no 9 de           marque également ses débuts avec la
Beethoven en tournée avec le Los            compagnie Des Moines Metro Opera.
Angeles Philharmonic, Le Messie de          John Holiday débute en récital au
Haendel avec le New York Philharmonic       Terrace Theater du Kennedy Center, et
et le Colorado Symphony Orchestra,          interprète Le Messie de Haendel avec

                                        21
le Saint Paul Chamber Orchestra. Avec       (Ariane à Naxos, Strauss), Jimmy
le Los Angeles Philharmonic et Gustavo      Mahoney (Grandeur et décadence
Dudamel, il est engagé pour les             de la ville de Mahagonny, Weill),
Chichester Psalms de Bernstein à Los        Andreï Khovanski (La Khovantchina,
Angeles et en tournée au Carnegie Hall      Moussorgski), Grigori/Le Prétendant
de New York, à la Philharmonie de Paris     (Boris Godounov, Moussorgski) et
et au Barbican Centre de Londres. John      Sergueï (Lady Macbeth de Mzensk,
Holiday vient de participer à la création   Chostakovitch). Michael König s’est
de Paradise Interrupted de Huang Ruo        récemment produit à la Semperoper
dans divers festivals (Spoleto Festival     de Dresde en concert et dans une
USA, Lincoln Center Music Festival et       nouvelle production de Doktor Faust
Singapore Arts Festival). En concert,       de Busoni à Munich, dans Léonore
on a pu l’applaudir dans Le Messie          de Beethoven avec l’Orchestre de
avec le Nashville Symphony, dans les        la Radio de Munich, dans Ariane à
Chichester Psalms avec le Phoenix           Naxos, et aux États-Unis en concert
Symphony ainsi qu’en Tolomeo dans           dans Das klagende Lied de Mahler
Giulio Cesare avec le Boston Baroque.       avec le San Francisco Symphony
Au cours de l’été 2017, il a retrouvé le    Orchestra. Le ténor a fait ses débuts à
Glimmerglass Festival pour ses débuts       la Scala de Milan dans Der Freischütz
dans le rôle-titre de Serse de Haendel.     en octobre 2017. Pour cette saison,
                                            ses projets l’amènent à interpréter
Michael König                               Siegmund au Théâtre du Capitole de
Heldentenor germano-canadien,               Toulouse, Florestan à Stuttgart et la
Michael König se produit dans les           Symphonie no 9 de Beethoven avec
meilleures maisons d’opéra, engagé à        le Los Angeles Philharmonic dirigé
l’Opéra national de Paris, la Staatsoper    par Gustavo Dudamel au Walt Disney
de Hambourg, l’Opéra de Francfort,          Concert Hall et en tournée. Il a colla-
la Staatsoper de Berlin, la Bayerische      boré avec les plus grands orchestres,
Staatsoper de Munich, au Liceu              parmi lesquels le London Philharmonic
de Barcelone et au Teatro Real de           Orchestra, le London Symphony
Madrid. Son timbre et sa présence           Orchestra, le London Philharmonia,
scénique remarquables font de lui           les Berliner Philharmoniker, les
un artiste très recherché dans des          Bamberger Symphoniker, l’Orchestre
rôles tels que Florestan (Fidelio,          Symphonique Yomiuri du Japon,
Beethoven), Max (Der Freischütz,            l’Orchestre Symphonique de la Radio
Weber), Lohengrin, Siegmund (La             Suédoise, l’Orchestre de la Fondation
Walkyrie, Wagner), Erik (Le Vaisseau        Gulbenkian de Lisbonne, l’Orchestre
fantôme, Wagner), L’Empereur (La            Symphonique de Montréal et les
Femme sans ombre , Strauss), Bacchus        Wiener Symphoniker. Il a travaillé avec

                                        22
de chefs aussi renommés que Christian        Carolina Opera, et Madame Butterfly
Thielemann, Andris Nelsons, Daniel           de Puccini au Santa Fe Opera. En
Barenboim, Gennadi Rozhdestvensky,           concert, il interprète pour la première
Hartmut Haenchen, Kent Nagano,               fois Hunding (La Walkyrie, Wagner)
Sebastian Weigle… Né à Mutlangen             au Festival de musique de Miami,
( Allemagne), Michael König a                et se joint à Gustavo Dudamel et
commencé sa carrière au sein de la           à l’Orchestre Symphonique Simón
maîtrise de la paroisse St. Michael de       Bolívar dans une tournée en Asie avec
Schwäbisch Gmünd et s’est formé au           des représentations de la Symphonie
Conservatoire de Mannheim auprès de          no 9 de Beethoven. Soloman Howard
Rudolf Piernay.                              est revenu au Metropolitan Opera la
                                             saison dernière pour des représenta-
Soloman Howard                               tions d’Aida sous la direction de Marco
Récemment diplômé du Domingo-                Armiliato et Daniele Rustioni, ainsi
Cafritz Young Artist Program de              que dans des représentations phares
l’Opéra national de Washington, un           de la Symphonie no 9 de Beethoven
programme du Centre John F. Kennedy          avec Christoph Eschenbach et le
pour les arts de la scène, Soloman           National Symphony Orchestra, et avec
Howard reçoit des éloges de la presse        Gustavo Dudamel dirigeant l’Orchestre
pour ses performances sur les grandes        Symphonique Simón Bolívar (Palau
scènes d’opéra et de concert du              de la música catalana à Barcelone,
monde. La voix du chanteur basse est         Elbphilharmonie de Hambourg,
décrite comme « sonore » par le New          Musikverein de Vienne…).
York Times, « surhumaine » par The
Denver Post, et comme « un triomphe »        Gustavo Dudamel
par The Guardian. Sa saison 2017-2018        Fort d’une renommée d’excellence
présente des débuts internationaux           dans les domaines de la musique
de premier plan sur trois continents :       symphonique comme de l’opéra,
il interprète Timur (Turandot, Puccini)      Gustavo Dudamel est porté par une
avec le San Francisco Opera, dirigé          profonde croyance en la puissance
par Nicola Luisotti ; Le Roi (Aida, Verdi)   unificatrice de la musique. Il occupe
au Théâtre royal de Madrid, et Le            actuellement les fonctions de directeur
Commandeur (Don Giovanni, Mozart)            musical de l’Orchestre Symphonique
au Teatro Municipal de Santiago au           Simón Bolívar du Venezuela et de
Chili. Parmi les autres performances         directeur musical et artistique du Los
notables de sa saison, citons Aida de        Angeles Philharmonic. Cet artiste
Verdi au Washington National Opera,          engagé imprime sa marque aussi bien
dans une production de Francesca             sur les grandes scènes internatio-
Zambello, Rigoletto de Verdi au North        nales que dans les salles de classe,

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les cinémas, sans oublier les plates-         activement des projets tels que Big
formes numériques du monde entier.            Noise en Écosse, Superar à Vienne,
Gustavo Dudamel est fréquemment               SerHacer à Boston et El Sistema Suède,
invité aux côtés des meilleures forma-        avec lequel il a lancé un Orchestre
tions internationales. En 2017-2018,          de l’Avenir rassemblant des jeunes
il sillonne l’Europe avec les Berliner        des cinq continents pour le concert
Philharmoniker, et mène les Wiener            des prix Nobel en 2017. Les enregis-
Philharmoniker en tournée sur le conti-       trements, les retransmissions et les
nent américain. Cette saison est égale-       innovations numériques occupent
ment celle de son retour à l’opéra avec       une place essentielle dans son action
une nouvelle production de La Bohème          en faveur de l’accès universel à la
de Puccini, qu’il dirige à l’Opéra national   musique. On lui doit la production
de Paris. En 2017, Gustavo Dudamel a          indépendante d’un enregistrement
été le plus jeune chef de l’histoire à        Wagner disponible exclusivement en
diriger le Concert du Nouvel An des           téléchargement, d’une intégrale des
Wiener Philharmoniker. 2017-2018              symphonies de Beethoven destiné à
marque sa neuvième saison au poste de         l’apprentissage numérique ainsi qu’une
directeur musical et artistique du Los        retransmission de deux ballets de
Angeles Philharmonic. Sous sa direc-          Stravinski avec l’Orchestre Symphonique
tion, l’orchestre a considérablement          Simón Bolívar en coopération avec
accru la portée de ses initiatives locales    le Digital Concert Hall des Berliner
avec des projets phares tels que le           Philharmoniker. Gustavo Dudamel s’est
YOLA (Youth Orchestra Los Angeles),           vu remettre le Cultural Achievement
inspiré du célèbre El Sistema et de           Award de l’Americas Society ainsi
sa conception de la musique comme             que le prix Leonard Bernstein par la
facteur de progrès social. Directeur          Longy School of Music récompensant
musical depuis dix-neuf ans du projet         l’ensemble de sa carrière et ses efforts
El Sistema au Venezuela, Gustavo              de promotion de la musique dans la
Dudamel reste attaché à sa vision             société. Nommé Musicien de l’année
d’une musique capable de créer des            2013 par Musical America, il a égale-
ponts et de transformer les vies. Il          ment été cité dans le Hall of Fame du
défend l’association de la musique            Gramophone. La Fondation Gustavo
et des arts, fondamentale selon lui           Dudamel a été créée en 2012 dans le
dans l’éducation des jeunes du monde          but de promouvoir le droit d’accès à la
entier. Élargissant ses horizons, il a        musique comme un droit de l’homme,
travaillé à de nombreuses occasions           véritable catalyseur d’apprentissage,
avec El Sistema Japon et l’Orchestre          d’intégration et de changement social
Philharmonique des Jeunes de Sendai           (gustavodudamel.com et dudamel-
suite au tsunami de 2011, et soutient         foundation.org).

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Los Angeles Philharmonic                   communauté vaste et diverse. Parmi
Sous la direction passionnée de son        ses nombreuses réalisations éduca-
directeur musical et artistique Gustavo    tives, citons le Youth Orchestra Los
Dudamel, le Los Angeles Philharmonic       Angeles, inspiré d’El Sistema. Avec
défend un répertoire foisonnant            le YOLA, le Los Angeles Philharmonic
mêlant ouvrages de référence et            et ses partenaires locaux organisent
découvertes audacieuses. Que ce            un prêt d’instruments ainsi qu’un
soit à Los Angeles ou en tournée,          programme intensif de cours et de
l’orchestre – reconnu comme l’un des       soutien à l’intention de près de huit
meilleurs au monde – joue un rôle          cents étudiants de milieux défavorisés,
moteur avec une programmation              leur permettant grâce à un suivi de
originale à l’image de son art et de ses   plusieurs années d’entrer au collège et
convictions, interprétée dans le cadre     de devenir des citoyens, dirigeants et
traditionnel du concert comme au sein      acteurs du changement à part entière.
de la collectivité. 2017-2018 marque       L’orchestre se produit également en
la quatre-vingt-dix-neuvième saison        tournée, régulièrement invité à New
de l’orchestre. Chaque saison, plus        York, Paris et Tokyo. Le Los Angeles
de deux cent cinquante concerts sont       Philharmonic a été associé interna-
donnés ou présentés par l’orchestre        tional du Barbican Centre de Londres
dans ses deux lieux emblématiques          depuis 2009. La première tournée de
que sont le Walt Disney Concert Hall       l’ensemble date de 1921, et l’orga-
et le Hollywood Bowl. Au cours de la       nisation de tournées annuelles de
saison d’hiver, qui compte environ cent    la saison 1969-1970. L’orchestre
soixante-cinq concerts au Walt Disney      propose un vaste catalogue de
Concert Hall, l’orchestre organise         concerts disponibles en ligne, dont
festivals, résidences d’artistes et        le premier concert classique complet
autres programmes thématiques.             paru en vidéo sur iTunes. En 2017, le
L’engagement de l’ensemble envers le       Los Angeles Philharmonic et son chef
répertoire contemporain y est évident,     lauréat, Esa-Pekka Salonen, ont été
que ce soit dans sa passionnante série     nominés pour le Grammy Award de
Green Umbrella ou à l’occasion de          la meilleure compilation classique
ses nombreuses commandes. Depuis           pour leur enregistrement en direct
2003, le Los Angeles Philharmonic a        des 200 Motels de Frank Zappa.
pour résidence le Walt Disney Concert      Le Los Angeles Philharmonic a été
Hall. L’engagement de l’orchestre          fondé en 1919 par William Andrews
envers la ville de Los Angeles dépasse     Clark Jr, millionnaire et musicien
le cadre traditionnel du concert et        amateur qui a ainsi donné à la ville
vise les écoles, les églises et d’autres   son premier orchestre symphonique
centres de proximité au sein de cette      permanent. Son premier directeur

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