Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel - Hymne Dimanche 6 mai 2018 - 16h30
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Hymne Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel Dimanche 6 mai 2018 – 16h30 Grande salle Pierre Boulez – Philharmonie
WEEK-END LEONARD BERNSTEIN Voici presque cent ans (le 25 août 1918 exactement) que naissait Leonard Bernstein : « Peu de compositeurs captent l’esprit de leur temps et deviennent la voix iconique de leur époque, écrit John Mauceri. Bernstein trouva sa “voix” au début des années 1940 et porta le son de l’Amérique urbaine de l’époque de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux mouvements paci- fistes des années 1970 et à la chute du mur de Berlin et du communisme en Europe. » Cet Américain d’origine juive ukrainienne a exploré tous les styles et les genres, passant des uns aux autres avec une aisance manifeste, et élaborant un corpus artistique d’une grande diversité, où se côtoient les pièces les plus célèbres (on pense évidemment à West Side Story) et les moins connues. Le week-end que lui consacre la Philharmonie est l’occasion d’entendre (et de voir) en ciné-concert le film d’Elia Kazan On the Waterfront, pour lequel il tissa en 1954 – et ce fut la seule fois qu’il écrivit spécialement pour le cinéma – une bande originale remarquée : le critique du Time parlait ainsi en 1957 d’un « nouveau ton dans la musique de Bernstein, une sorte de pureté étonnamment vive qui semblait naître d’un noyau brûlant d’originalité ». Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic élabore un double programme. Le premier s’articule autour de l’Amérique, avec Amériques de Varèse, qui fut inspiré par la rencontre du compositeur avec les sonorités du West Side de Manhattan – le même West Side qui sera, une trentaine d’années plus tard, le théâtre des affrontements entre Jets et Sharks de l’« histoire » de Bernstein. Le second fait dialoguer la Symphonie n° 9 de Beethoven – que Bernstein a dirigée et enregistrée avec joie à de multiples reprises (« Je ne suis jamais fatigué de sa musique, disait-il. Elle exprime une universalité de pensée, de fraternité humaine, de liberté et d’amour ») – et les Chichester Psalms du compositeur américain. Mises en musique de la Bible hébraïque, ces derniers se rattachent à l’inspiration religieuse de Bernstein, une inspiration dont le Sirba Octet et Isabelle Georges font également le fil conducteur de leurs concerts en mêlant aux musiques de comédies musi- cales des musiques traditionnelles yiddish.
Week-end leonard bernstein Vendredi 4 mai Samedi 5 mai 19h00 renContre 17h00 ConCert éduCatif naissance de la cOmédie musicals musicale américaine ConCert performanCe riChard SChmouCler et Cyrille lehn cOnservatOires d’Île-de-france - musiciens du sirBa Octet - isaBelle GeOrGes 20h30 ConCert Bernstein, 20h30 ConCert Symphonique du Shtetl à New-York GustavO dudamel sirBa Octet amériqueS isaBelle GeOrGes, chant, claquettes lOs anGeles PhilharmOnic richard schmOucler, violon 1 GustavO dudamel, direction laurent manaud-Pallas, violon 2 Esa-Pekka Salonen, Pollux (commande claude GirOn, violoncelle du Los Angeles Philharmonic et du Barbican Bernard cazauran, contrebasse Centre – création française) david Gaillard, alto Edgard Varèse, Amériques PhiliPPe BerrOd , clarinette Dmitri Chostakovitch, Symphonie n° 5 christOPhe henry, piano iurie mOrar, cymbalum Répertoire traditionnel yiddish et pièces de Harold Arlen, George Gershwin, Richard Rodgers, Jerry Bloch, Irving Berlin, Lew Pollack, Sholom Secunda et Leonard Bernstein
Dimanche 6 mai 15h00 Ciné-ConCert On the waterfrOnt Orchestre natiOnal d’Île-de-france ernst van tiel, direction Leonard Bernstein On the Waterfront Film d’Elia Kazan Coproduction Orchestre national d’Île-de-France, Philharmonie de Paris aC t ivit é S Ce week-end On the waterfront © 1954, Renewed 1982 Columbia Pictures Industries, Inc. Une Récréation musicale est proposée à 16h Samedi aux enfants de 3 à 10 ans dont les parents assistent Le Lab à 11h au concert. 8€ par enfant, réservation conseillée. I love BernsteIn 16h30 ConCert voCal Visite-atelier du Musée à 15h les musIques de fIlm GustavO dudamel hymne dimanChe lOs anGeles PhilharmOnic Un dimanche en orchestre à 14h lOndOn symPhOny chOrus leonard BernsteIn GustavO dudamel, direction Julianna di GiacOmO, soprano Jennifer JOhnsOn canO, mezzo-soprano JOhn hOliday, contre-ténor michael KöniG, ténor sOlOman hOward, basse matthew hamiltOn, chef de chœur Leonard Bernstein, Chichester Psalms C ollè ge Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 9 musiq ues de f ilms « Hymne à la joie » Avec Patrick Niedo Jeudi 17 mai – 15h de Broadway à Hollywood Jeudi 24 mai – 15h BernsteIn sIde story : ses comédIes musIcales
PROGRAMME Leonard Bernstein Chichester Psalms ENTR ACTE Ludwig van Beethoven Symphonie no 9 « Hymne à la joie » Los Angeles Philharmonic London Symphony Chorus Gustavo Dudamel, direction Julianna Di Giacomo, soprano Jennifer Johnson Cano, mezzo-soprano John Holiday, contre-ténor Michael König, ténor Soloman Howard, baryton-basse Matthew Hamilton, chef de chœur Victoria Songwei Li, soprano* Anne Reilly, mezzo-soprano* Florian Panzieri, ténor* William Pedersen, basse* * Solistes supplémentaires, issus de la Guildhall School of Music de Londres (Chichester Psalms de Bernstein) Fin du concert vers 18H35. Retrouvez le livret en page 32.
LES ŒUVRES Leonard Bernstein (1918-1990) Chichester Psalms, pour chœur mixte, garçon soprano et orchestre I. Psaume 108 (verset 2) – Psaume 100 II. Psaume 23 – Psaume 2 (versets 1-4) III. Psaume 131 – Psaume 133 (verset 1) Composition : 1965. Commande : du révérent Walter Husser. Dédicace : « Au Dr. Cyril Solomon, avec gratitude ». Création : le 15 juillet 1965, au Philharmonic Hall, à New York, par les Camerata Singers, John Bogart et l’Orchestre Philharmonique de New York, sous la direction de Leonard Bernstein. Éditeur : Boosey & Hawkes. Effectif : 3 trompettes, 3 trombones – percussions – 2 harpes – cordes. Durée : environ 20 minutes. Pendant la saison 1964-1965 de l’Orchestre Philharmonique de New York, Bernstein avait pris un congé pour se consacrer à la composition. Il avait alors entrepris d’écrire une comédie musicale tirée de la pièce de Thornton Wilder The Skin of Our Teeth. Mais le projet n’avait pas pu aboutir, et cette année sabbatique aurait pu être un désastre si elle n’avait pas été sauvée par la commande d’une œuvre religieuse émanant du révérend Walter Husser, doyen de la cathédrale Chichester, en Angleterre. Habitué à reprendre des esquisses abandonnées ou d’anciennes parti- tions dans de nouvelles réalisations, Bernstein n’eut aucun mal à recycler une partie de la musique de The Skin of Our Teeth ainsi que des passages coupés du Prologue de West Side Story. Utiliser des matériaux initiale- ment prévus pour Broadway, temple du divertissement musical, pour composer une œuvre sacrée peut paraître surprenant, mais Bernstein considérait que ce qu’il composait n’était pas définitivement enfermé dans un genre. De plus, il était conforté dans sa démarche par Walter Husser, qui lui avait laissé toute liberté et l’avait même encouragé à mettre « un soupçon de West Side Story » dans la musique. 8
De son côté, Bernstein avait demandé à ce que les textes de l’œuvre soient chantés en hébreu – une requête qui ne rencontra pas la moindre opposition en dépit du fait que l’œuvre devait être jouée dans un édifice chrétien. Il choisit alors de mettre en musique trois psaumes, chacun associé à un des trois mouvements (100, 23, 131), ainsi que des versets de trois autres psaumes (108, 2, 133) comme commentaires. Les textes sont confiés à un chœur mixte et à un soliste garçon, mais Bernstein a toujours souhaité que le chœur soit entièrement composé de voix d’hommes – les registres soprano et alto étant confiés à des voix d’enfants. L’orchestre comprend trois trompettes, trois trombones, des percussions, un ensemble de cordes et deux harpes. Le choix des deux harpes peut s’expliquer par la présence de l’instrument dans le premier verset chanté de l’œuvre, « Réveillez-vous, harpe ! », tiré du psaume 108, mais aussi comme une référence au roi David, le roi musicien représenté avec une harpe, et qui aurait mis en musique le psaume 23. Ce psaume est utilisé dans le second mouvement, où les deux harpes accompagnent la voix d’enfant. En composant les Chichester Psalms, Bernstein avait aussi probablement à l’esprit A Ceremony of Carols de Benjamin Britten, pour chœur d’enfants et harpe, une œuvre qu’il affectionnait particulièrement. Comme ce sera également le cas pour Mass, qui verra le jour en 1971, Bernstein avait envisagé cette œuvre sacrée dans un esprit œcuménique dont témoigne le choix des psaumes. En effet, seul le psaume 131 contient une référence explicite à Israël, et les psaumes 23 et 100 sont fréquemment utilisés dans la religion chrétienne. De plus, l’extrait du psaume 133 qui conclut l’œuvre sous-entend la coexistence pacifique de tous les peuples et de toutes les cultures, et l’acceptation de toutes les fois : « Vois comme est bonne / Et combien plaisante / La réunion de frères / Bien ensemble. » Loin des musiques expérimentales et sérielles de l’époque, Bernstein composa une musique qu’il décrivit comme « la pièce tonale en si bémol majeur la plus accessible que j’ai jamais écrite ». Le style musical des Chichester Psalms est particulièrement éclectique. On y entend, entre autres, des références au jazz, à la musique liturgique juive, à Bach et aux grands compositeurs romantiques de Beethoven à Mahler et, bien sûr, aux musiques de Broadway. Si les fréquents déplacements d’accents 9
et les changements métriques font penser à Copland et à Stravinski, le langage harmonique rappelle parfois celui de Chostakovitch avec ses dissonances dans un contexte tonal, tout particulièrement dans l’interlude orchestral qui ouvre le troisième mouvement. Lors de la création à la cathédrale de Chichester comme lors de l’avant-première qui eut lieu à New York quelques jours avant, l’œuvre reçut un accueil très enthousiaste du public et de la critique. Max Noubel Ludwig van Beethoven (1770-1827) Symphonie no 9 en ré mineur op. 125 « Hymne à la joie » I. Allegro, ma non troppo, un poco maestoso II. Molto vivace III. Adagio molto e cantabile IV. Presto Composition : achevée en février 1824. Création : le 7 mai 1824, à Vienne, sous la direction de Michael Umlauf, avec la collaboration du violoniste Ignaz Schuppanzigh. Effectif : soprano, alto, ténor, baryton solistes – chœur mixte – piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales, cymbales, triangle – cordes. Durée : environ 70 minutes. Pendant les douze années qui ont séparé la Symphonie no 8 (1812) de la Neuvième, Beethoven a médité divers projets, lesquels ont fini par converger dans cette somme de styles symphoniques et vocaux édifiée avec une rare cohérence. Le compositeur a désiré mettre en musique l’Ode à la joie de Schiller (1759-1805) dès ses 22 ans, en 1792 ; le poète a d’ailleurs été prévenu en 1793, par un ami, qu’un certain « Ludwig van B. », très talentueux, caressait cette idée. Le musicien, en réalisant son rêve sur le tard, a eu l’audace de couronner une symphonie par cette grande cantate ajoutée, et il a fusionné dans son œuvre tous ses idéaux, sa psychologie tourmentée, sa volonté de fer, sa générosité sans bornes. 10
La Symphonie no 9 est la synthèse non seulement d’un style artistique personnel, mais d’une vie ; d’où son côté emblématique et son impact qui semble inépuisable. Le thème musical proprement dit de l’« Hymne à la joie » figure déjà dans un ouvrage antérieur de Beethoven, la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op. 80 (1808), qui est souvent considérée comme une étude préparatoire de la Symphonie no 9 ; par ailleurs, l’idée de confier à un chœur une louange à la liberté, à l’amour, à la fraternité a déjà été accomplie par le compositeur dans la scène finale qu’il a ajoutée à Fidelio en 1814 : l’opéra se termine, comme la Symphonie no 9, à la façon d’un oratorio. La symphonie, créée avec des moyens qui paraîtraient aujourd’hui insuffisants, a rencontré immédiatement l’adhésion du public. Beethoven se tenait debout aux côtés du chef Umlauf, il suivait son travail tout en restant muré dans sa surdité. Après le dernier accord, l’assistance a manifesté un enthousiasme énorme, et c’est l’alto Caroline Unger qui a gentiment pris le compositeur par le bras pour qu’il se retourne et voie la salle en délire. Le premier mouvement, empli d’une énergie concentrée et sombre, suit un plan de sonate régulier mais qui semble coulé dans le bronze ; l’exposition se passe de la traditionnelle reprise, la coda rappelle tout un pan du développement, et l’ensemble se perçoit comme un flux, toujours braqué face à l’adversité, et toujours porté par un souffle de grandeur. L’œuvre commence dans un décor mystérieux de quartes et de quintes qui semble présider aux origines du monde. Dans un crescendo, ce dessin se resserre dramatiquement et laisse exploser le thème principal, un unisson de stature titanesque. Le deuxième thème est entrepris sur une idée tendre et conjointe qui pressent, comme une vague utopie, le futur « Hymne à la joie », mais bientôt tout un chapelet d’idées secondaires le conduit à un climat d’insistance et de détermination qui ressemble déjà à un développement. Celui-ci, ouvert par un retour du décor de quartes initial, comporte en son centre un remarquable fugato à trois entrées, dont la noble allure rappelle son homologue dans le deuxième mouvement de la Symphonie no 3. En tête de la réexposition, l’introduc- tion, devenue terrible avec ses timbales qui tonnent pendant plus d’une minute (trente-huit mesures), est un cataclysme, véritable point culminant 11
du morceau. Enfin la coda invite une idée nouvelle et magnifique, une marche funèbre en crescendo, dont la dignité accablée évoque encore l’« Eroica ». Le scherzo, le seul dans les symphonies beethovéniennes à être placé en deuxième position, est un tourbillon de danse, tout frémissant d’intelli- gence et de caractère. Dans un tempo haletant, la mesure à trois temps se bat en réalité à un temps. La péremptoire introduction n’hésite pas à laisser éclater les timbales seules ; puis le thème principal se déclenche comme une farandole en cinq entrées fuguées : thème dionysiaque, protéen dans sa bondissante allégresse avec cet arrière-goût furieux si typique de Beethoven, coupé de silences humoristiques ou de sursauts qu’assurent décidément les timbales. Cette trame de notes piquées, précise et infatigable, veut relier tous les êtres dans sa ronde et aspire déjà à l’universalité : certains passages du finale reprendront ce style. La partie scherzo, plus vaste et complexe qu’il ne paraît, est en fait une forme sonate. Dans le trio central, très idyllique et à deux temps, de nombreux pupitres se partagent à tour de rôle une petite chanson aussi conjointe et aussi simple que l’« Hymne à la joie » ; les effets répétitifs et doux dessinent des horizons vallonnés analogues à ceux de la Symphonie « pastorale ». « Nous savons que vous avez écrit une grande composition de musique sacrée où vous avez immortalisé les émotions d’une âme pénétrée et transfigurée par la puissance de la foi et l’éblouissement de la lumière surnaturelle. Nous savons que la couronne de vos grandes symphonies s’est enrichie d’une fleur immortelle. » Lettre ouverte de trente musiciens envoyée à Beethoven, Vienne, 26 février 1824 L’admirable et long Adagio peut être considéré comme le fondateur et le modèle de ceux que signeront, notamment, Bruckner ou Mahler plus tard. Il met en présence deux thèmes, en majeur tous les deux, qui seront variés tour à tour : le premier, d’une sérénité crépusculaire et un peu 12
mélancolique, est chanté essentiellement par les cordes, mais rencontre d’émouvants échos du côté des clarinettes et bassons ; le deuxième, indiqué andante moderato, est plus fluide et chaleureux. Les transitions entre les épisodes sont d’une lenteur et d’un imprévu magiques. Dans sa première variation, le thème principal est délayé en doubles croches de violons avec un accompagnement en pizzicati ; sa structure, toujours pourvue d’échos, est parfaitement reconnaissable. La variation – unique – du deuxième thème laisse celui-ci presque intact, en le confiant aux bois, dans une sorte de valse aérienne. Un intermède, fausse variation, semble s’interroger, maintenu sur une expectative perplexe ; il prépare le véritable retour du premier thème, dans sa deuxième version, aisée et affectueuse : entre les bois d’un côté et les violons de l’autre, il se superpose à sa propre variation avec une richesse très gratifiante pour l’oreille. La coda, consi- dérable, est introduite par deux sonneries, comme un appel au réveil, où retentissent les trompettes qui s’étaient tues jusque-là. Après un surcroît de variantes lointaines et ornementales, une majestueuse cadence conclut cette page emplie d’idéalisme, d’amour et de tendre gravité. Le finale est aussi fameux pour son utilisation pionnière de la voix dans le répertoire symphonique que pour son message humaniste. Le musicien n’a retenu en définitive que trente-six vers sur la centaine de Schiller : « Il a choisi les strophes les plus grandioses, nous indique André Boucourechliev ; la Joie, belle étincelle des Dieux, est celle de l’amitié, de l’amour, de la fraternité universelle, de la foi. Beethoven s’est si bien approprié le poème, il en a si bien coupé, interverti, enchaîné les vers qu’il ne s’agit plus d’un poème de Schiller, mais d’un poème de Beethoven. » Quant à « l’Élysée » dont la Joie est la fille, ce n’est pas un paradis lointain mais une réalisation de l’idéal sur terre, grâce à la vaillance et à la solidarité des femmes et des hommes. Le compositeur insiste particulièrement sur les huit premiers vers, porteurs du thème célébrissime, qui revient régulièrement comme un refrain ou comme un sujet de variation ; cette mélodie apparemment si simple et si facile à retenir, futur hymne européen, lui a coûté de nombreux tâtonnements. Ce finale comporte quatre grandes parties : une exposition instrumen- tale puis une exposition vocale, toutes deux centrées sur le thème de l’hymne, qui est traité en variations ; une troisième section sur le thème 13
« L’art et la vérité y célèbrent leur plus brillant triomphe, et on aurait raison de dire : nec plus ultra ! Qui peut à jamais dépasser ces hauteurs inexprimables ? » Critique anonyme de l’Allgemeine musikalische Zeitung, Leipzig, compte-rendu du concert du 7 mai 1824 de l’embrassement (« Seid umschlungen, Millionen ») ; et enfin une impor- tante coda. Deux pôles stylistiques y cohabitent en bonne intelligence : une frénésie païenne héritée du scherzo, et une solennité religieuse à la Haendel. L’une et l’autre font l’objet de fugues suprêmement brillantes. L’exposition orchestrale commence par ce que Wagner surnommait « la fanfare de l’effroi », jetée sur une brutale dissonance. Un récitatif bourru de violoncelles et contrebasses s’interrompt de temps à autre pour laisser surgir des citations des mouvements antérieurs, comme un index de cette symphonie : l’aube du premier volet, les bonds du deuxième, un soupir du troisième… que suit une esquisse de l’« Hymne à la joie ». Celui-ci est enfin énoncé, dans toute la longueur de ses cinquante-six mesures, aux cordes graves, chant d’autant plus captivant qu’il a été préparé par tout ce suspense. D’après ses notations sur le manuscrit, Beethoven rejette l’une après l’autre, comme obsolètes, les formules des mouvements précédents puis, à côté de l’hymne, il s’écrie : « Ah, le voici, il est trouvé, joie ! » L’exposition vocale commence comme un décalque de la précédente ; quand le baryton solo proclame : « Mes amis, cessons nos plaintes ! Qu’un cri joyeux élève aux cieux nos chants de fêtes et nos accords pieux ! », les paroles ne sont pas de Schiller mais de Beethoven, qui, selon son habitude, conçoit et réfléchit tout haut jusque dans son œuvre même. Dans cette deuxième partie, la variation la plus amusante de l’hymne est celle, alla marcia, dite « turque » à cause de sa sympathique quincaillerie de percussions, grosse caisse, triangle, cymbales : le ténor et le chœur d’hommes nous invitent à avancer, fiers comme des soleils, dans l’espace. La familiarité de ton, le côté à la fois militaire et plébéien sont un apport très franc de Beethoven dans la sphère symphonique : il ne dédaigne pas la musique de la rue et s’adresse à tout un chacun. 14
« Seid umschlungen, Millionen » [« Qu’ils s’enlacent tous les êtres »] est une section globalement plus lente et d’une haute dévotion ; c’est là que la Symphonie no 9 affirme sa vocation de messe déiste et laïque, dont le pendant sacré, exactement contemporain, est la Missa solemnis (1822). Le thème est annoncé par les voix d’hommes et les trombones avec une quasi-sévérité qui emprunte au chant grégorien. Un sommet purement magique est atteint sur l’évocation de la voûte étoilée : l’empilement des instruments et des voix, du grave à l’aigu sur un seul accord suspensif et doux, nous fait littéralement lever la tête vers un brouillard cosmique où les astres planent en tremblant. Soudain, les voix féminines, énergiques comme des flèches de lumière, déclenchent un fugato qui entrelace les deux thèmes de l’embrassement et de la joie. La coda porte à un sommet d’incandescence dionysiaque l’esprit de la danse. Elle commence par un développement très rapide du thème de l’embrassement ; puis, après une ultime et splendide invocation à la joie par tout le chœur, rempli de gratitude, l’orchestre conclut dans une flambée rythmique très enlevée. Isabelle Werck 15
Le saviez-vous ? La symphonie avec voix Considérée comme un genre instrumental, la symphonie n’exclut pourtant pas les voix. Songeons à la Neuvième de Beethoven, l’un des piliers du répertoire pour orchestre : quatre voix solistes et un chœur entonnent l’Ode à la joie de Schiller dans son monumental finale. L’idée de couronner l’œuvre par un apogée vocal se retrouve chez Mendelssohn dans la Symphonie no 2 « Lobgesang », Liszt dans la Faust-Symphonie (dont les dernières minutes, seulement, requièrent un ténor et un chœur d’hommes) et la Dante-Symphonie (un chœur de femmes ou d’enfants chante le texte du Magnificat), Chostakovitch dans ses Symphonies no 2 et no 3. Mais parfois, les voix se glissent dans plusieurs mouvements. C’est le cas de Roméo et Juliette de Berlioz (sous-titré « symphonie dramatique »), des Symphonies no 2 et no 3 de Mahler. A-t-on encore la sensation d’écouter une symphonie ? Les mouvements chantés se rattachent en effet à l’univers de la cantate, de l’oratorio, de l’opéra ou du lied (Mahler a d’ailleurs inclus dans ses Symphonies no 2 et no 4 des morceaux initialement conçus comme des lieder indépendants). La confusion s’accroît encore lorsque les voix sont présentes tout au long de l’œuvre : Symphonie no 8 de Mahler, Symphonie de psaumes de Stravinski, Symphonies no 13 et no 14 de Chostakovitch, Symphonies no 7 « Les Sept Portes de Jérusalem » et no 8 « Lieder der Vergänglichkeit » de Penderecki (1996 et 2005). Alors, pourquoi les compositeurs choisissent- ils l’intitulé de « symphonie » ? Sans doute parce que l’orchestre reste le socle de l’œuvre. Peut-être aussi parce qu’ils appréhendent le terme dans son acception étymologique, revendiquée par Berio dans sa propre Sinfonia (1968) : « Accord, ensemble de sons. » Hélène Cao 16
Les COMPOSITEURs Leonard Bernstein qui deviendra l’un de ses plus grands Travailleur infatigable, pianiste amis et son correspondant le plus prodigieux, baguet te des plus fidèle. À Harvard, il étudie la compo- grands orchestres américains et sition avec Walter Piston et Edward européens, mais aussi poète, auteur Burlingame Hill, et rencontre deux et pédagogue, Leonard Bernstein a autres compositeurs : Roy Harris et laissé une empreinte indélébile dans William Schuman. Tous s’accordent l’histoire musicale du xxe siècle. Il est à dire que Leonard Bernstein est particulièrement connu pour être fait pour la direction d’orchestre ; l’auteur de la partition de West Side un avis bientôt partagé par Dimitri Story, sommet de la comédie musicale Mitropoulos, directeur musical du New joué aujourd’hui encore plus d’un York Philharmonic, qu’il rencontre en millier de fois par an dans le monde 1938. Après l’échec de sa candida- entier. Bernstein naît à Lawrence, ture à la Juilliard School, il postule à Massachusetts, le 25 août 1918, de Philadelphie, au Curtis Institute, où il parents russes immigrés. Il découvre est accepté. À la suite d’une répétition la musique lorsque sa tante Clara, qu’il dirige au Festival de Tanglewood, alors en instance de divorce, décide il est remarqué par Artur Rodziński, qui d’envoyer son piano droit dans la lui propose un premier poste d’assis- maison familiale où grandit le jeune tant. Cette relation avec Rodziński homme. Selon de nombreux témoins, devient rapidement tumultueuse, mais le jeune Leonard a un sens musical Bernstein saisit avec gourmandise inné, et même si, à 16 ans, et de son la chance de sa vie : remplaçant au propre aveu, il n’a pas encore mis les pied levé un Bruno Walter souffrant, pieds dans une salle de concert, la il dirige le Philharmonique de New musique éclaire déjà son quotidien. York pour la première fois. Grâce à la On raconte par exemple que lors d’un retransmission en direct à la radio et à camp de vacances pour adolescents, il une critique éblouissante en première interprète passionnément le rôle-titre page du New York Times, Bernstein du Carmen de Bizet avec perruque accède immédiatement à la notoriété. et robe noire. Cet humour et cette Son style exubérant, sa jeunesse et sa légèreté ne le quitteront jamais. Il faut, fougue plaisent au public, et, dans ces à ce titre, noter que le tout premier premiers instants de célébrité, il est opus de son catalogue est une série même auditionné par la Paramount de mélodies nommée… I Hate Music! pour interpréter Tchaïkovski dans un Étudiant, il entre à Harvard, où il fait film hollywoodien. De 1945 à 1948, la connaissance d’Aaron Copland, il dirige le New York City Symphony ; 17
en 1953, il devient le premier chef fin de sa vie le voit redoubler encore américain à être sollicité par la Scala d’activité, enchaînant les tournées de Milan pour une version de Médée internationales, les sessions d’enregis- portée par Maria Callas. En 1959, trement, les émissions et les ouvrages. il devient directeur artistique de En 1989, il dirige la Symphonie no 9 de l’Orchestre Philharmonique de New Beethoven à Berlin pour célébrer la York, poste qu’il occupe durant une chute du mur. Lors d’un ultime concert décennie. À côté de ses activités de à Tanglewood, il dirige la Symphonie chef, il compose avec talent des œuvres no 7 de Beethoven et les Four Sea symphoniques comme Jeremiah Interludes de Britten. Quelques jours (1941), The Age of Anxiety (1948-1949) après avoir annoncé qu’il ne dirigerait et Kaddish (1963), des pièces pour plus, il décède dans son appartement Broadway (Peter Pan, Wonderful Town, de l’Upper West Side de Manhattan, West Side Story), des ballets (Fancy le 14 octobre 1990. Free), des opéras (Trouble in Tahiti) et des pièces sacrées. Bernstein a Ludwig van Beethoven systématiquement inséré des éléments Les dons musicaux du petit Ludwig propres à la culture américaine dans van Beethoven inspirent rapidement ses compositions, comme des rythmes à son père, ténor à la cour du prince- et des harmonies puisées dans le jazz, électeur de Cologne, le désir d’en le boogie-woogie ainsi que la blue faire un nouveau Mozart ; ainsi, il note « gershwinienne », dont il use planifie dès 1778 diverses tournées… avec générosité. Il reste également qui ne lui apportent pas le succès fidèle à la culture hébraïque, tout en escompté. Au début des années 1780, témoignant un intérêt pour le catho- l’enfant devient l’élève de l’organiste licisme. Mass (1971) est ainsi un bel et compositeur Christian Gottlob exemple de sa manière d’entremêler Neefe, qui lui fait notamment découvrir plusieurs cultures, genres, inspirations Bach. Titulaire du poste d’organiste et textures sonores. Leonard Bernstein adjoint à la cour du nouveau prince- est aussi un pédagogue qui n’a jamais électeur, Beethoven rencontre le comte hésité à dialoguer avec son public, Ferdinand von Waldstein, qui l’introduit que ce soit autour de l’expérience du auprès de Haydn en 1792. Le jeune concert ou en utilisant les médias qui homme quitte alors définitivement les ont évolué en même temps que sa rives du Rhin pour s’établir à Vienne ; il carrière. Avec différentes formations, il suit un temps des leçons avec Haydn, enregistre une discographie immense, qui reconnaît immédiatement son de près de cinq cents albums. Son talent (et son caractère difficile), mais travail sur les œuvres de Mahler est aussi avec Albrechtsberger ou Salieri, particulièrement reconnu et admiré. La et s’illustre essentiellement en tant 18
que virtuose, éclipsant la plupart en 1803, est représenté sans succès des autres pianistes. Il rencontre à en 1805 ; il sera remanié à plusieurs cette occasion bon nombre de ceux reprises pour finalement connaître qui deviendront ses protecteurs, tel une création heureuse en 1814. La fin le prince Karl Lichnowski, le comte des années 1810 abonde en œuvres Razoumovski ou le prince Franz de premier plan, qu’il s’agisse des Joseph Lobkowitz. La fin du siècle voit Quatuors « Razoumovski » op. 59, de Beethoven coucher sur le papier ses la Symphonie no 5 ou de la Symphonie premières compositions d’envergure : n o 6, élaborées conjointement ce sont ainsi les Six Quatuors à cordes et créées lors d’un concert fleuve op. 18, par lesquels il prend le genre en décembre 1808. Cette période en main, et les premières sonates pour s’achève sur une note plus sombre, piano, dont la huitième, « Pathétique », due aux difficultés financières et aux mais aussi le Concerto pour piano déceptions amoureuses. Peu après no 1, parfaite vitrine pour le virtuose, l’écriture, en juillet 1812, de la fameuse et la Symphonie no 1, créés tous deux « Lettre à l’immortelle bien-aimée », en avril 1800 à Vienne. Alors que dont l’identité n’est pas connue Beethoven est promis à un brillant avec certitude, Beethoven traverse avenir, il souffre des premières attaques une période d’infertilité créatrice. de la surdité. La crise psychologique Malgré le succès de certaines de ses qui en résulte culmine en 1802 lorsqu’il créations, malgré l’hommage qui lui écrit le Testament de Heiligenstadt, est rendu à l’occasion du Congrès lettre à ses frères jamais envoyée et de Vienne (1814), le compositeur retrouvée après sa mort, où il exprime se heurte de plus en plus souvent sa douleur et affirme sa foi profonde à l’incompréhension du public. Sa en l’art. La période est extrêmement surdité dorénavant totale et les procès féconde sur le plan compositionnel, à répétition qui l’opposent à sa belle- des œuvres comme la Sonate pour sœur pour la tutelle de son neveu Karl violon et piano « À Kreutzer » faisant achèvent de l’épuiser. La composition suite à une importante moisson de de la Sonate « Hammerklavier », pièces pour piano (sonates nos 12 à 17 : en 1817, marque le retour de « Quasi una fantasia », « Pastorale », l’inspiration. La décennie qu’il reste « La Tempête »…). Le Concerto pour à vivre au compositeur est jalonnée piano no 3 en ut mineur inaugure la de chefs-d’œuvre visionnaires que période « héroïque » de Beethoven, ses contemporains ne comprendront dont la Symphonie n° 3, créée en en général pas. Les grandes œuvres avril 1805, apporte une illustration du début des années 1820 (la Missa éclatante. L’opéra attire également solemnis, qui demanda à Beethoven un son attention : Fidelio, commencé travail acharné, et la Symphonie no 9, 19
qui allait marquer de son empreinte s’éteint à Vienne en mars 1827 ; parmi tout le xix e siècle et les suivants) l’important cortège qui l’accompagne cèdent ensuite la place aux derniers vers sa dernière demeure se tient l’un quatuors et à la Grande Fugue pour de ses admirateurs de longue date, le même effectif, ultimes productions Franz Schubert. d’un esprit génial. Après plusieurs mois de maladie, le compositeur Les INterprètes Julianna Di Giacomo York Philharmonic, l’Orchestre La soprano Julianna Di Giacomo Philharmonique d’Israël et l’Orchestre compte parmi les jeunes sopranos National de France, ainsi que lors de lyrico-spinto les plus prometteuses nombreuses tournées avec Gustavo du moment. Son vaste répertoire Dudamel, le Los Angeles Philharmonic comprend les rôles-titres de Tosca et et l’Orchestre Symphonique Simón de Suor Angelica de Puccini, Norma B o lí v ar. N é e à S a nt a M o nic a de Bellini, Leonora (Le Trouvère, (Californie), Julianna Di Giacomo est Verdi), Amelia (Un bal masqué, diplômée du célèbre programme Verdi), Maddalena (Andrea Chénier, Merola de l’Opéra de San Francisco Giordano), Elisabetta (Don Carlos, et du programme de formation de Verdi), Desdémone (Otello, Verdi), l’Opéra de Santa Fe. Lucrezia (I due Foscari, Verdi), Lina (Stifellio, Verdi), Elena (Les Vêpres Jennifer Johnson Cano siciliennes, Verdi), Nedda (Paillasse, Dotée d’une formidable présence Leoncavallo), et Valentine (Les scénique et d’une profondeur Huguenots, Meyerbeer). On a pu d’interprétation servies par un timbre l’applaudir sur des scènes aussi de velours, la mezzo-soprano Jennifer prestigieuses que le Metropolitan Johnson Cano est lauréate de la bourse Opera de New York, l’Opéra de San Richard Tucker (2012) et du prix George Francisco, la Scala de Milan, le Teatro London (2014). Elle a été sélectionnée dell’Opera de Rome, le Théâtre de la pour le programme Jeune Artiste Fenice de Venise, le Mai musical de Lindemann du Metropolitan Opera Florence, la Bayerische Staatsoper de en 2008, et a remporté le premier prix Munich, le Teatro Real de Madrid et le des Young Concert Artist International Gran Teatre del Liceu de Barcelone. Auditions en 2009. Jennifer Johnson En concert, elle s’est produite avec Cano a participé à plus d’une centaine les Wiener Philharmoniker, le New de représentations au Metropolitan 20
Opera, récemment engagée pour Jeremiah de Bernstein avec les incar ner Ber si, Emilia, Hansel, orchestres symphoniques d’Atlanta, Meg Page, Mercedes, Nicklausse, Phoenix et Charlotte, le Requiem de Wellgunde et Waltraute. On a pu Mozart avec le San Diego Symphony l’applaudir dans des rôles tels que Orchestra ainsi que pour la Rhapsodie Donna Elvira (Don Giovanni, Mozart) au pour alto de Brahms et la Symphonie Boston Lyric Opera, dans le rôle-titre no 9 de Beethoven avec le New Haven de Carmen de Bizet au Boston Lyric Symphony Orchestra. En juillet 2018, Opera, Orphée (Orphée et Eurydice, Jennifer Johnson Cano incarnera Emilia Gluck) au Des Moines Metro Opera, (Otello, Verdi) avec le Los Angeles Diane (La Calisto, Cavalli) au Cincinnati Philharmonic au Hollywood Bowl, sous Opera et Marguerite (La Damnation de la direction de Gustavo Dudamel. Faust, Berlioz) au Tucson Symphony. Elle a collaboré avec un grand nombre John Holiday de chefs d’orchestre parmi lesquels Doté d’un timbre riche et expressif, le on peut citer James Levine, Yannick contre-ténor John Holiday interprète Nézet-Séguin, Franz Welser-Möst, avec un succès croissant un répertoire Manfred Honeck, Marin Alsop, Robert allant de Giulio Cesare de Haendel Spano, Osmo Vänskä et Andrew Davis. aux créations contemporaines telles Au cours de la saison précédente, que Flight de Jonathan Dove. Il s’est elle a fait ses débuts en Europe lors vu attribuer le prix Marian Anderson d’une tournée d’El Niño de John Adams du Kennedy Center for the Performing avec le compositeur et le London Arts et du Washington National Opera. Symphony Orchestra, et avec Markus Sa saison 2017-2018 s’est ouverte avec Stenz et le Radio Filharmonisch Orkest ses débuts à l’Opera de Philadelphie, au Concertgebouw d’Amsterdam. En où il a incarné John Blue dans la 2017-2018, la mezzo-soprano incarne première mondiale de We Shall Not Orphée avec l’Opera Theatre de Be Moved de Daniel Bernard Roumain, Saint Louis, et Finoreille dans une mis en scène par Bill T. Jones, produc- version concert de La Petite Renarde tion également programmée à l’Apollo rusée de Janáček avec l’Orchestre Theater de New York et à l’Opéra Symphonique de la Radio Bavaroise national des Pays-Bas d’Amsterdam. et avec le Cleveland Orchestra. Notons également sa prise de rôle En concert avec orchestre, elle est dans Flight de Dove (Le Réfugié), qui engagée pour la Symphonie no 9 de marque également ses débuts avec la Beethoven en tournée avec le Los compagnie Des Moines Metro Opera. Angeles Philharmonic, Le Messie de John Holiday débute en récital au Haendel avec le New York Philharmonic Terrace Theater du Kennedy Center, et et le Colorado Symphony Orchestra, interprète Le Messie de Haendel avec 21
le Saint Paul Chamber Orchestra. Avec (Ariane à Naxos, Strauss), Jimmy le Los Angeles Philharmonic et Gustavo Mahoney (Grandeur et décadence Dudamel, il est engagé pour les de la ville de Mahagonny, Weill), Chichester Psalms de Bernstein à Los Andreï Khovanski (La Khovantchina, Angeles et en tournée au Carnegie Hall Moussorgski), Grigori/Le Prétendant de New York, à la Philharmonie de Paris (Boris Godounov, Moussorgski) et et au Barbican Centre de Londres. John Sergueï (Lady Macbeth de Mzensk, Holiday vient de participer à la création Chostakovitch). Michael König s’est de Paradise Interrupted de Huang Ruo récemment produit à la Semperoper dans divers festivals (Spoleto Festival de Dresde en concert et dans une USA, Lincoln Center Music Festival et nouvelle production de Doktor Faust Singapore Arts Festival). En concert, de Busoni à Munich, dans Léonore on a pu l’applaudir dans Le Messie de Beethoven avec l’Orchestre de avec le Nashville Symphony, dans les la Radio de Munich, dans Ariane à Chichester Psalms avec le Phoenix Naxos, et aux États-Unis en concert Symphony ainsi qu’en Tolomeo dans dans Das klagende Lied de Mahler Giulio Cesare avec le Boston Baroque. avec le San Francisco Symphony Au cours de l’été 2017, il a retrouvé le Orchestra. Le ténor a fait ses débuts à Glimmerglass Festival pour ses débuts la Scala de Milan dans Der Freischütz dans le rôle-titre de Serse de Haendel. en octobre 2017. Pour cette saison, ses projets l’amènent à interpréter Michael König Siegmund au Théâtre du Capitole de Heldentenor germano-canadien, Toulouse, Florestan à Stuttgart et la Michael König se produit dans les Symphonie no 9 de Beethoven avec meilleures maisons d’opéra, engagé à le Los Angeles Philharmonic dirigé l’Opéra national de Paris, la Staatsoper par Gustavo Dudamel au Walt Disney de Hambourg, l’Opéra de Francfort, Concert Hall et en tournée. Il a colla- la Staatsoper de Berlin, la Bayerische boré avec les plus grands orchestres, Staatsoper de Munich, au Liceu parmi lesquels le London Philharmonic de Barcelone et au Teatro Real de Orchestra, le London Symphony Madrid. Son timbre et sa présence Orchestra, le London Philharmonia, scénique remarquables font de lui les Berliner Philharmoniker, les un artiste très recherché dans des Bamberger Symphoniker, l’Orchestre rôles tels que Florestan (Fidelio, Symphonique Yomiuri du Japon, Beethoven), Max (Der Freischütz, l’Orchestre Symphonique de la Radio Weber), Lohengrin, Siegmund (La Suédoise, l’Orchestre de la Fondation Walkyrie, Wagner), Erik (Le Vaisseau Gulbenkian de Lisbonne, l’Orchestre fantôme, Wagner), L’Empereur (La Symphonique de Montréal et les Femme sans ombre , Strauss), Bacchus Wiener Symphoniker. Il a travaillé avec 22
de chefs aussi renommés que Christian Carolina Opera, et Madame Butterfly Thielemann, Andris Nelsons, Daniel de Puccini au Santa Fe Opera. En Barenboim, Gennadi Rozhdestvensky, concert, il interprète pour la première Hartmut Haenchen, Kent Nagano, fois Hunding (La Walkyrie, Wagner) Sebastian Weigle… Né à Mutlangen au Festival de musique de Miami, ( Allemagne), Michael König a et se joint à Gustavo Dudamel et commencé sa carrière au sein de la à l’Orchestre Symphonique Simón maîtrise de la paroisse St. Michael de Bolívar dans une tournée en Asie avec Schwäbisch Gmünd et s’est formé au des représentations de la Symphonie Conservatoire de Mannheim auprès de no 9 de Beethoven. Soloman Howard Rudolf Piernay. est revenu au Metropolitan Opera la saison dernière pour des représenta- Soloman Howard tions d’Aida sous la direction de Marco Récemment diplômé du Domingo- Armiliato et Daniele Rustioni, ainsi Cafritz Young Artist Program de que dans des représentations phares l’Opéra national de Washington, un de la Symphonie no 9 de Beethoven programme du Centre John F. Kennedy avec Christoph Eschenbach et le pour les arts de la scène, Soloman National Symphony Orchestra, et avec Howard reçoit des éloges de la presse Gustavo Dudamel dirigeant l’Orchestre pour ses performances sur les grandes Symphonique Simón Bolívar (Palau scènes d’opéra et de concert du de la música catalana à Barcelone, monde. La voix du chanteur basse est Elbphilharmonie de Hambourg, décrite comme « sonore » par le New Musikverein de Vienne…). York Times, « surhumaine » par The Denver Post, et comme « un triomphe » Gustavo Dudamel par The Guardian. Sa saison 2017-2018 Fort d’une renommée d’excellence présente des débuts internationaux dans les domaines de la musique de premier plan sur trois continents : symphonique comme de l’opéra, il interprète Timur (Turandot, Puccini) Gustavo Dudamel est porté par une avec le San Francisco Opera, dirigé profonde croyance en la puissance par Nicola Luisotti ; Le Roi (Aida, Verdi) unificatrice de la musique. Il occupe au Théâtre royal de Madrid, et Le actuellement les fonctions de directeur Commandeur (Don Giovanni, Mozart) musical de l’Orchestre Symphonique au Teatro Municipal de Santiago au Simón Bolívar du Venezuela et de Chili. Parmi les autres performances directeur musical et artistique du Los notables de sa saison, citons Aida de Angeles Philharmonic. Cet artiste Verdi au Washington National Opera, engagé imprime sa marque aussi bien dans une production de Francesca sur les grandes scènes internatio- Zambello, Rigoletto de Verdi au North nales que dans les salles de classe, 23
les cinémas, sans oublier les plates- activement des projets tels que Big formes numériques du monde entier. Noise en Écosse, Superar à Vienne, Gustavo Dudamel est fréquemment SerHacer à Boston et El Sistema Suède, invité aux côtés des meilleures forma- avec lequel il a lancé un Orchestre tions internationales. En 2017-2018, de l’Avenir rassemblant des jeunes il sillonne l’Europe avec les Berliner des cinq continents pour le concert Philharmoniker, et mène les Wiener des prix Nobel en 2017. Les enregis- Philharmoniker en tournée sur le conti- trements, les retransmissions et les nent américain. Cette saison est égale- innovations numériques occupent ment celle de son retour à l’opéra avec une place essentielle dans son action une nouvelle production de La Bohème en faveur de l’accès universel à la de Puccini, qu’il dirige à l’Opéra national musique. On lui doit la production de Paris. En 2017, Gustavo Dudamel a indépendante d’un enregistrement été le plus jeune chef de l’histoire à Wagner disponible exclusivement en diriger le Concert du Nouvel An des téléchargement, d’une intégrale des Wiener Philharmoniker. 2017-2018 symphonies de Beethoven destiné à marque sa neuvième saison au poste de l’apprentissage numérique ainsi qu’une directeur musical et artistique du Los retransmission de deux ballets de Angeles Philharmonic. Sous sa direc- Stravinski avec l’Orchestre Symphonique tion, l’orchestre a considérablement Simón Bolívar en coopération avec accru la portée de ses initiatives locales le Digital Concert Hall des Berliner avec des projets phares tels que le Philharmoniker. Gustavo Dudamel s’est YOLA (Youth Orchestra Los Angeles), vu remettre le Cultural Achievement inspiré du célèbre El Sistema et de Award de l’Americas Society ainsi sa conception de la musique comme que le prix Leonard Bernstein par la facteur de progrès social. Directeur Longy School of Music récompensant musical depuis dix-neuf ans du projet l’ensemble de sa carrière et ses efforts El Sistema au Venezuela, Gustavo de promotion de la musique dans la Dudamel reste attaché à sa vision société. Nommé Musicien de l’année d’une musique capable de créer des 2013 par Musical America, il a égale- ponts et de transformer les vies. Il ment été cité dans le Hall of Fame du défend l’association de la musique Gramophone. La Fondation Gustavo et des arts, fondamentale selon lui Dudamel a été créée en 2012 dans le dans l’éducation des jeunes du monde but de promouvoir le droit d’accès à la entier. Élargissant ses horizons, il a musique comme un droit de l’homme, travaillé à de nombreuses occasions véritable catalyseur d’apprentissage, avec El Sistema Japon et l’Orchestre d’intégration et de changement social Philharmonique des Jeunes de Sendai (gustavodudamel.com et dudamel- suite au tsunami de 2011, et soutient foundation.org). 24
Los Angeles Philharmonic communauté vaste et diverse. Parmi Sous la direction passionnée de son ses nombreuses réalisations éduca- directeur musical et artistique Gustavo tives, citons le Youth Orchestra Los Dudamel, le Los Angeles Philharmonic Angeles, inspiré d’El Sistema. Avec défend un répertoire foisonnant le YOLA, le Los Angeles Philharmonic mêlant ouvrages de référence et et ses partenaires locaux organisent découvertes audacieuses. Que ce un prêt d’instruments ainsi qu’un soit à Los Angeles ou en tournée, programme intensif de cours et de l’orchestre – reconnu comme l’un des soutien à l’intention de près de huit meilleurs au monde – joue un rôle cents étudiants de milieux défavorisés, moteur avec une programmation leur permettant grâce à un suivi de originale à l’image de son art et de ses plusieurs années d’entrer au collège et convictions, interprétée dans le cadre de devenir des citoyens, dirigeants et traditionnel du concert comme au sein acteurs du changement à part entière. de la collectivité. 2017-2018 marque L’orchestre se produit également en la quatre-vingt-dix-neuvième saison tournée, régulièrement invité à New de l’orchestre. Chaque saison, plus York, Paris et Tokyo. Le Los Angeles de deux cent cinquante concerts sont Philharmonic a été associé interna- donnés ou présentés par l’orchestre tional du Barbican Centre de Londres dans ses deux lieux emblématiques depuis 2009. La première tournée de que sont le Walt Disney Concert Hall l’ensemble date de 1921, et l’orga- et le Hollywood Bowl. Au cours de la nisation de tournées annuelles de saison d’hiver, qui compte environ cent la saison 1969-1970. L’orchestre soixante-cinq concerts au Walt Disney propose un vaste catalogue de Concert Hall, l’orchestre organise concerts disponibles en ligne, dont festivals, résidences d’artistes et le premier concert classique complet autres programmes thématiques. paru en vidéo sur iTunes. En 2017, le L’engagement de l’ensemble envers le Los Angeles Philharmonic et son chef répertoire contemporain y est évident, lauréat, Esa-Pekka Salonen, ont été que ce soit dans sa passionnante série nominés pour le Grammy Award de Green Umbrella ou à l’occasion de la meilleure compilation classique ses nombreuses commandes. Depuis pour leur enregistrement en direct 2003, le Los Angeles Philharmonic a des 200 Motels de Frank Zappa. pour résidence le Walt Disney Concert Le Los Angeles Philharmonic a été Hall. L’engagement de l’orchestre fondé en 1919 par William Andrews envers la ville de Los Angeles dépasse Clark Jr, millionnaire et musicien le cadre traditionnel du concert et amateur qui a ainsi donné à la ville vise les écoles, les églises et d’autres son premier orchestre symphonique centres de proximité au sein de cette permanent. Son premier directeur 25
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