Marketing l'immobilier - de - Dunod
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Marketing de l’immobilier Fabrice LARCENEUX n Hervé PARENT Préface de Laurent Batsch
Conseiller éditorial: Christian Pinson, professeur à l’Insead Maquette de couverture : Chloé Lerebours http://graphi-chlo.blogspot.com/ Illustrations de converture: • Gold keys for the new dream home © Ana Vasileva – Fotolia.com • Yellow house and summer garden © Romman – Fotolia.com • Immeuble parisien © Julien Gremillot – Fotolia.com © Dunod, 2014 5 rue Laromiguière, 75005 Paris www.dunod.com ISBN 978-2-10-070819-2
Préface Pour deux raisons au moins, les hypothèses de la théorie économique ren contrent quelques difficultés à s’adapter au secteur de l’immobilier. La pre mière tient à la très grande hétérogénéité des biens : on ne rencontre pas souvent deux logements comparables en tous points. Cette diversité induit une seconde caractéristique applicable cette fois aux résidents : il leur est difficile de se forger une représentation a priori du bien qu’ils recherchent. Ils abordent le marché avec une certaine idée de leur besoin, mais celle-ci évolue au fil de la confrontation avec le marché de l’offre. Ainsi la rationalité du demandeur de logement n’est pas intrinsèque, elle émerge dans le cours de la procédure de recherche. Justement, le marketing va au-delà de la modélisation micro-économique du consommateur, il tient compte de facteurs clés liés à la structure de la distribution ou au comportement des acheteurs. Le marketing sort du monde idéalisé des courbes d’offre et de demande, pour intégrer les aspérités des marchés réels et la complexité des déterminants d’achat. C’est pourquoi ce traité de marketing de l’immobilier était tant attendu. Fabrice Larceneux et Hervé Parent l’ont fait. Il fallait un chercheur de Dauphine et un professionnel curieux pour s’aventurer au croisement du marketing et de l’immobilier. Ensemble, ils ont rédigé un ouvrage rigoureux, très éloigné des sempiternels guides de l’acheteur ou du vendeur. Il y a désormais le « Larceneux & Parent ». Laurent Batsch Président de l’Université Paris-Dauphine III
Prologue Le marketing immobilier ou l’avenir des professionnels Les agents immobiliers et les administrateurs de biens vivent en France deux bouleversements historiques. C’est d’abord leur marché qui a changé du tout au tout, bien loin d’une crise qui ralentirait provisoirement l’économie nationale et affecterait par priorité l’immobilier résidentiel. Les fondamentaux ne seront plus jamais comme avant. Le décrochage structurel entre la valeur des biens et les reve nus des ménages ne se résoudra plus par l’augmentation des rémunérations, en tout cas au cours des vingt ans qui viennent. La distribution du crédit aux particuliers, sous l’effet de normes prudentielles drastiques, n’aura plus dans les temps qui viennent la vigueur qu’elle a eue ces dernières années. Les prix, quoi que certains en disent, deviennent la variable d’ajustement majeure. Le déficit, avec lequel on ne peut pas vivre, ne permettra plus avant longtemps à l’aide publique de servir d’amortisseur pour les ménages. Finis, les déduc tions, les réductions, les prêts à taux zéro généreux… Les professionnels voient leur environnement modifié de fond en comble. Au même moment, la loi ALUR transfigure la donne réglementaire des professionnels. Elle les contraint à plus de transparence, plus d’information, plus de rigueur, plus de valeur ajoutée, plus de discipline. En cela, elle traduit l’air du temps et les attentes des ménages. Quoi qu’il en soit, les enjeux du V
Marketing de l’immobilier logement le méritaient. Après bien des remous politiques, la profession comprend qu’à la clé de ces contraintes, il y a la réhabilitation et l’estime. J’ai le sentiment que ces deux phénomènes, l’un économique, l’autre juridique, expriment la même réalité actuelle : le besoin de la prééminence du marketing, c’est-à-dire d’un sens des services qui place le produit et le consommateur au cœur de tout. Clairement, les périodes qui ont précédé n’ont pas rendu nécessaire cette approche. Des conditions économiques plus fastes jadis, moins austères naguère, un soutien public puissant, un accès au financement privé aisé nous ont empêchés de penser. Il n’est que temps de le faire. Apporter plus au client, lui simplifier le logement, l’apaiser, jusqu’à l’ingénierie financière, jusqu’à l’accompagnement pratique, jusqu’à la gestion consécutive à une acquisition. Être son partenaire, son complice, au-delà des obligations légales, sans attendre les jours meilleurs qui ne revi endront pas. Je suis sûr en outre, contre tous les oracles, que les professionnels ont deux victoires à en attendre : une augmentation de leur taux de pénétration, quand l’Internet menace toutes les fonctions d’intermédiation, et une sau vegarde de leurs honoraires, quand toutes les professions consentent à une érosion sans fin de leur rétribution. Il me semble même, pour former la relève des professionnels en exercice, qu’il faut attendre de cette mutation copernicienne du plaisir, car il y en a à forcer et ressentir la reconnaissance de ses clients. Le marketing comme destin en quelque sorte. Henry Buzy-Cazaux Président de l’Institut du management des services immobiliers (IMSI) VI
Table des matières Préface par Laurent Batsch III Prologue par Henry Buzy-Cazaux V Chapitre introductif 1 Le logement, de 11 % à 25 % du revenu 2 Le prix, une variable cruciale 5 La révolution internet dans le secteur 6 Marketing et spécificité du marketing de l’immobilier 7 Organisation de l’ouvrage 9 Partie 1 n Analyse de la demande et comportement des acheteurs et des vendeurs Chapitre 1 n Les facteurs psychosociologiques de l’achat d’un logement15 Les déterminants internes du processus d’achat 18 Les facteurs externes du processus d’achat 35 Chapitre 2 n Comment l’acheteur potentiel prend-il sa décision ? 59 Exploration du processus de décision individuel 60 Pourquoi est-il difficile de concilier les points de vue des acheteurs et des vendeurs ? 105 La prise de décision dans le couple 117 VII
Marketing de l’immobilier Partie 2 n Analyse de l’offre et des pratiques des professionnels de l’immobilier Chapitre 3 n Le marketing des agents immobiliers 135 Métier et missions des agents immobiliers 135 Le positionnement marketing des agences 164 La stratégie de recherche de mandats 172 La stratégie de commercialisation des biens 181 Chapitre 4 n Le rôle d’Internet pour le marketing de l’immobilier 193 Impact d’Internet sur le métier d’agent immobilier 193 La communication de l’agence immobilière sur Internet 197 Internet pour les annonces immobilières 203 Le site Internet de l’agence immobilière 220 Éléments de prospective 227 Chapitre 5 n Étude de marché immobilier 233 Méthodologie d’étude de marché immobilier 233 Les enquêtes terrain 260 Annexes Annexe 1 n Les grands acteurs du marché immobilier français 271 Le logement social 271 Les investisseurs institutionnels 272 Les bailleurs privés 272 Les administrateurs de biens et syndics de copropriété 273 Les promoteurs et aménageurs 274 Annexe 2 n Les conditions d’obtention d’une carte professionnelle 275 Remerciements 277 Index 279 VIII
Chapitre introductif L’agent immobilier ne produit aucun bien et vend un produit qu’il ne pos sède pas. Il offre un service ponctuel. Ce professionnel de l’immobilier est un intermédiaire qui entre en concurrence avec ses collègues pour trouver des mandats et les revendre. Comme tout intermédiaire, il tire son revenu d’un défaut d’ajustement sur un marché où le vendeur ne rencontre pas facilement l’acheteur. En outre, il rassure ces acteurs économiques (ache teurs et vendeurs), caractérisés par un manque d’expertise, d’expériences et de temps disponible pour mener à bien la transaction. Dans ce marché imparfait où les biens sont hétérogènes (les biens immobiliers sont très dif férents entre eux), l’agent immobilier a un rôle économique utile en contri buant à faciliter les transactions : offrir visibilité et assistance au vendeur, visites et informations à l’acheteur (estimation des prix, évaluation de la qualité du bien, compétences juridiques, etc.). Vendeurs et acheteurs sont en demande d’une offre proposée par l’agent immobilier. Agent immobilier offre Vendeur Acheteur demande demande Figure I.1 – L’agent immobilier : un intermédiaire qui produit une offre 1
Marketing de l’immobilier Puisqu’aucun bien n’est identique ou standardisé et que peu d’acheteurs ont les mêmes préférences, cette situation oblige l’agent à renouveler, pour chaque transaction, un diagnostic des attentes et un accompagnement de l’acheteur et du vendeur jusqu’à la signature finale. Comprendre le travail de l’agent immobilier est l’objectif de plusieurs champs disciplinaires : des analyses économiques où l’on considère qu’il apporte une information pertinente et utile aux acheteurs et vendeurs, optimisant ainsi le fonctionnement des marchés1. La qualité du service apporté est alors l’élément clé qui justifie la présence des agents immobi liers sur le marché. Des analyses sociologiques sur la valorisation des espaces ensuite : l’activité de l’agent immobilier est explorée selon les man dats qu’il détient et les secteurs qu’il privilégie dans au sein de champs sociaux donnés. Des analyses géographiques enfin où l’agent immobilier est vu comme un représentant d’une certaine communauté ethnique, sociale, culturelle ou autre2. L’approche marketing, ancrée dans la psycho logie et la pratique des différents acteurs, est encore peu développée. C’est l’objet de cet ouvrage. Le logement, de 11 % à 25 % du revenu Pour un acheteur, comme pour un vendeur, une transaction immobilière n’est pas une transaction classique : c’est un achat (ou une vente) fortement impli quant, risqué financièrement, psychologiquement et symboliquement, qui ne se déroule que peu de fois dans une vie. Elle nécessite généralement pour l’acheteur un emprunt sur de nombreuses années et implique toute la famille. La part des propriétaires est fonction du nombre de personnes composant le foyer. Ainsi, pour les ménages de 1 ou plus de 6 personnes, la proportion de propriétaires est inférieure à la moyenne, mais cette proportion culmine pour les ménages composés de 4 personnes. Ces familles sont ainsi les plus enclines à devenir propriétaires. 1. Yinger J. (1981). « A Search Model of Real Estate Broker Behavior », American Economic Review, 71, 591‑605. 2. Teixeira C. et Murdie R. (1997). « The role of ethnic real estate agents in the residential re location process : a case study of Portuguese homebuyers in suburban Toronto », Urban Geography, 18, 6, 497‑520. 2
CHAPITRE INTRODUCTIF Depuis vingt ans les dépenses consacrées au logement ont crû de manière régulière1 : le poids de ces dépenses dans le budget des ménages est passé de 18 % en 1986 à plus de 23 %. Aujourd’hui la dépense moyenne par loge ment s’élève à environ 9 800 euros par ménage. La dépense courante moy enne d’un propriétaire (11 400 euros) est supérieure de 37 % à celle d’un locataire du secteur libre et de 73 % à celle d’un locataire du parc HLM. Les ménages ne sont cependant pas égaux devant ce sacrifice financier. Le poids budgétaire du logement décroît régulièrement et rapidement à mesure que l’on s’élève dans l’échelle des niveaux de vie et que le nombre de per sonnes par foyer augmente (cf. figure I.2). Habillement Loisirs et culture Autres biens et services Alimentation (hors alcool) Transports Logement 0 5 10 15 20 25 % © Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit. Couple sans enfant Couple avec enfant(s) Personne Seule Famille monoparentale Source : INSEE, 2009. Figure I.2 – Postes budgétaires selon le type de ménage Malgré le coût que cela représente, les candidats à l’achat sont toujours plus nombreux. On observe une croissance constante qui accompagne celle de la démographie. Le parc de résidences principales est composé de maisons pour 57 % et d’appartements pour 43 %. 61 % de ces résidences principales ont été acquises par leurs habitants. Toujours considéré comme une valeur refuge, il constitue désormais les deux tiers du patrimoine des Français. 1. Accardo J., Bugeja F. (2009). « Le poids des dépenses de logements depuis 20 ans », Cin quante ans de consommation en France, INSEE. 3
Marketing de l’immobilier Tableau I.2 – Structure des ménages et statut d’occupation 1 pers. 2 pers. 3 pers. 4 pers. 5 pers. 6 pers. Total ou plus Propriétaires 49 % 68 % 62 % 70 % 63 % 49 % 61 % Locataires non 34 % 20 % 21 % 16 % 16 % 20 % 24 % HLM Locataires HLM 18 % 11 % 16 % 14 % 20 % 31 % 15 % Locataire 5% 1% 1% 1% 1% 1% 2% logement meublé Total (milliers) 8 612 8 847 3 917 3 314 1 248 479 26 416 Tableau I.3 – Structure des logements (INSEE) 2001 2006 2012 Nombre En % Nombre En % Nombre En % (en milliers) (en milliers) (en milliers) Résidences 24 421 83 % 26 047 84 % 27 680 83 % principales Individuel 13 690 47 % 14 685 47 % 15 725 47 % Collectif 10 732 37 % 11 361 37 % 11 955 36 % Logements 1 977 7 % 1 949 6 % 2 359 7 % vacants Individuel 884 3 % 917 3 % 1 109 3 % Collectif 1 093 4 % 1 032 3 % 1 249 4 % Résidences 2 931 10 % 3 064 10 % 3 153 10 % secondaires Individuel 1 791 6 % 1 887 6 % 1 819 5 % Collectif 1 140 4 % 1 177 4 % 1 334 4 % Ensemble 29 329 31 060 33 192 des logements 4
CHAPITRE INTRODUCTIF Les décisions d’achat ne sont pas régulièrement réparties au cours des années : de 750 000 acquisitions par an au début des années 2000, le nombre de transactions s’est stabilisé pour atteindre un pic de 810 000 transactions en 2007, avant de connaître une chute brutale à 577 000 transactions en 2009, pour remonter à 680 000 en 2013. Le marché immobilier est un marché cyclique où les périodes haussières alternent avec les périodes baissières, à la fois en termes de nombre de décisions d’achat et de prix de marché acceptés par les acteurs. Ces évolutions tiennent compte, bien entendu, de la solvabilité des ménages acquéreurs, du nombre d’offres et de demandes de biens, des prix demandés, du temps disponible pour acheter ou vendre, etc. En 2013, 18 % seulement des ménages sont en accession à la propriété. Le nombre de primo-accédants a connu une diminution de 16,7 % sur 10 ans malgré les différentes aides. D’après l’INSEE, l’activité immobilière des ménages représente 275 mil liards d’euros soit 92,5 % de l’ensemble de l’activité immobilière nationale. Les acquisitions de logements anciens réalisés par les ménages en représen tent près des deux tiers comme l’indique le tableau ci-après. Tableau I.4 – Structure des achats en moyenne annuelle En milliers Ancien Neuf Avec crédit 58 % 27 % Sans crédit 10 % 5 % Total 68 % 32 % © Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit. Source : INSEE. Le prix, une variable cruciale En immobilier, on parle souvent des prix comme indicateur fondamental du bon ou mauvais moment pour acheter. L’immobilier est alors tantôt symbole d’une valeur refuge d’un investissement « père de famille », tantôt reflet d’une bulle spéculative pour des acheteurs irrationnels. Toutes les interprétations sont possibles. Le fait est que, d’après le commissariat général au développement durable, les prix de l’immobilier rapportés aux revenus des ménages ont connu trois grandes phases : ils sont restés stables de 1965 à 2000, puis ont connu une très forte croissance jusqu’à doubler 5
Marketing de l’immobilier en 2007 par rapport à 2000. Depuis cette période, les prix rapportés aux revenus ont plus que doublé en quinze ans, avant de se stabiliser, au plus haut en 2007. Un prix considéré comme élevé est un avantage comme un inconvénient : c’est un attrait car une valorisation du patrimoine, et un coût pour les ménages, notamment pour les primo-accédants. Mais le sacrifice qu’il induit chez l’acheteur est accepté dans la mesure où l’achat d’un logement n’est pas considéré comme un acte de consommation, mais comme un investisse ment : l’acquisition de son logement est perçue comme un moyen de ne pas gaspiller un loyer, même si cette analyse n’est pas toujours rationnelle (il peut exister des placements plus sûrs, plus rentables, un loyer peut permettre un niveau de confort supérieur, etc.). La révolution Internet dans le secteur Si le secteur immobilier est l’objet de nombreuses analyses conjoncturelles (tantôt haussières, tantôt baissières), l’activité des professionnels de l’immobilier est surtout témoin d’une révolution structurelle qui boule verse les pratiques. Avec le développement d’Internet, la « rente de situa tion » dont bénéficiaient les agents immobiliers est aujourd’hui remise en cause : acheteurs et vendeurs ont la possibilité de se mettre rapidement et efficacement en contact les uns avec les autres et ces acteurs peuvent acqué rir plus facilement des informations, devenant ainsi plus experts et exi geants. Cette mutation impose aux professionnels de repenser fortement leur positionnement et leur réelle valeur ajoutée, notamment en comparaison avec des transactions de particuliers à particuliers et les nouveaux entrants que sont les agences à bas coûts (low cost), les organismes financiers, etc. Cette réflexion du positionnement stratégique doit se mener tant vis-à-vis des acheteurs que vis-à-vis des vendeurs. Outre leurs compétences tech niques, les professionnels doivent s’adapter à ces évolutions en améliorant leurs connaissances du mécanisme de décision des acteurs, leur expertise dans l’accompagnement jusqu’à la signature et leur professionnalisme dans la qualité de service rendu. 6
CHAPITRE INTRODUCTIF Marketing et spécificité du marketing de l’immobilier Ne bénéficiant que de peu de revenus récurrents, les résultats financiers des agences immobilières dépendent largement de la qualité de leur approche marketing et des ventes réalisées. À la fois stratégique et opérationnel, le marketing de l’immobilier recouvre un ensemble de techniques, de méth odes et de moyens dont disposent les agents immobiliers pour prévoir, influ encer et satisfaire les besoins des acheteurs et vendeurs potentiels. Il consiste en la recherche d’un subtil équilibre entre la mise en place de bonnes pra tiques, d’un potentiel d’innovation, d’un bon relationnel et de méthodes analytiques et formalisées. Comme le marketing en général, le marketing de l’immobilier est à la fois une science, un art et une philosophie d’entreprise. C’est une disci pline scientifique qui se nourrit de différentes sciences humaines et sociales (psychologie, psychologie sociale, sociologie, anthropologie, économie, géographie, etc.) accumulant ainsi de nombreuses connaissances sur le comportement des acteurs et sur l’efficacité des techniques marketing. C’est, au quotidien, un art qui est fait d’expériences, de bon sens et de vision. Enfin, c’est une philosophie de toute l’agence et de ses actions, tournées vers la satisfaction des clients et l’optimisation de stratégie commerciale. Les questions de l’encadré ci-après doivent être par exemple celles que se formulent régulièrement les professionnels de l’immobilier. Des éléments de réponses se trouvent au sein de chaque chapitre. Le marketing des agents immobiliers est un marketing d’intermédiaires : © Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit. la mise en œuvre d’une stratégie marketing efficace nécessite d’identifier les réels freins et motivations des acheteurs d’une part et des vendeurs poten tiels d’autre part afin d’en déduire les leviers d’actions possibles les plus per tinents à activer. Ainsi, une gestion commerciale performante repose sur une connaissance approfondie : – de la demande, c’est-à-dire des acheteurs et des vendeurs potentiels ; – des stratégies pertinentes pour y répondre au mieux. Dans ce contexte, des chercheurs et des professionnels ont réfléchi à de nou velles manières de penser le marketing et de comprendre le comportement de l’acheteur, du vendeur ou des agents immobiliers. Cet ouvrage a donc pour ambition de fournir à la fois des connaissances, des outils de réflexion et une vision des pratiques (actuellement mises en œuvre ou potentiellement utiles) à tous ceux qui s’intéressent au marketing de l’immobilier. 7
Marketing de l’immobilier Quelques questions dont les réponses se trouvent dans les chapitres Chapitre 1 Pourquoi est-il si difficile pour l’acheteur de prendre une décision ? Que signi fie réellement acheter son logement ? Quel est le rôle de la famille dans la décision d’achat ? Pourquoi l’adresse est-elle si importante ? Pourquoi certains logements a priori fonctionnels ne conviennent pas aux acheteurs ? Chapitre 2 Comment Internet a-t-il transformé les recherches et la prospection pour les acheteurs ? Pourquoi ne sont-ils pas toujours rationnels ? Pourquoi l’attitude envers un bien dépend des autres biens présentés ? Pourquoi une décision si importante est parfois prise en quelques secondes, sur la première impres sion ? Qu’est-ce que cela implique pour les agents immobiliers ? Chapitre 3 Quelles sont les différentes missions de l’agent immobilier ? Comment peut- on segmenter la demande ? Comment les agents peuvent-ils se positionner ? Quelles sont les bonnes stratégies dans la recherche de mandats ? Dans la commercialisation des biens ? Chapitre 4 Comment Internet change-t-il les stratégies de diffusion des annonces ? Comment peut-on augmenter l’efficacité des annonces ? L’utilisation du web 2.0 et des réseaux sociaux est-elle pertinente ? Est-ce réellement utile de réali ser un site dédié à l’agence ? Chapitre 5 Comment l’agent immobilier peut-il améliorer ses connaissances ? Quelles sources d’information peut-il rechercher et pour quel objectif ? Comment comprendre les différents prix et les différentes méthodes utilisées ? Quels sont les types d’enquêtes qu’il est possible de mettre en place pour recueillir de l’information ? 8
CHAPITRE INTRODUCTIF Le cœur de l’analyse, et le fil conducteur de cet ouvrage, concerne les comportements des agents (acheteurs, vendeurs et professionnels) et le mar keting sur le marché de l’ancien dans le cas d’un achat de résidence princi pale par des particuliers. Cependant certains développements ne se limitent pas à ce cadre et sont valables pour d’autres cas de figure (le processus de prospection est similaire dans le cas de recherche de location, l’utilisation d’Internet se généralise pour le neuf, etc.), tandis que d’autres traitent spéci fiquement de certains champs a priori non couverts : une section est consa crée à l’immobilier d’entreprise et une partie des études de marché concerne la construction de logements neufs. Organisation de l’ouvrage Cet ouvrage est original à plus d’un titre. Il traite d’un sujet, le marketing immobilier, encore très peu étudié malgré l’importance de l’immobilier en termes psychologiques, économiques et stratégiques pour différents acteurs. Il est volontairement coécrit par un chercheur et un professionnel, ayant des visions complémentaires, car il a un double objectif : – d’une part, fournir des grilles d’analyse, des concepts novateurs, et faire état de ce que les différentes recherches mondiales en marketing, en psychologie, en économie et d’autres disciplines peuvent apporter pour mieux comprendre le comportement de l’acheteur potentiel et son processus de décision, et donc pour donner des bases scientifiques per © Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit. tinentes aux stratégies marketing ; – d’autre part, proposer aux professionnels des outils et une vision d’ensemble des enjeux qui se dessinent et des pistes pour y répondre afin d’aborder ce marché de manière plus professionnelle et plus experte, en s’inspirant des meilleures pratiques. Ce faisant, cet ouvrage est construit autour de la rencontre entre les acteurs (surtout les acheteurs et dans une moindre mesure les vendeurs) et un agent immobilier comme l’indique la figure I.3. L’entreprise est l’agence immobilière représentée par l’agent immobilier. Il propose une offre de services aux acheteurs et vendeurs, qui constituent la demande. Une première partie s’attache ainsi à analyser les freins et moti vations de la demande via les deux premiers chapitres. Une seconde partie 9
Marketing de l’immobilier analyse plus spécifiquement les spécificités des pratiques de l’offre, donc des agents immobiliers. Ch. 1 - Facteurs Partie 1 psycho-sociologiques Analyse de la demande Acheteur (et vendeur) Ch. 2 - Processus de décision potentiel ACHAT DU LOGEMENT Ch. 3 - Marketing Professionnel Partie 2 de l’agent immobilier de l’immobilier Analyse de l’offre Ch. 4 - Rôle d’Internet Ch. 5 - Etudes de marché Figure I.3 – Structure de l’ouvrage Dans le premier chapitre, il est question des facteurs psycho-sociologiques qui expliquent l’existence d’un terreau favorable à l’achat. D’une part, les facteurs psychologiques gouvernent la dimension identitaire : quelles sont les implications du « j’habite donc je suis ». Ces analyses conduisent à définir les quelques fonctions de bases que doit remplir un logement pour les ache teurs. D’autre part, les facteurs plus sociologiques intègrent l’influence de la famille, notamment via les différentes évolutions et les implications en termes de logements. Ces facteurs intègrent aussi des éléments tels le voisi nage et l’entre-soi, ou l’effet de la classe sociale et des pratiques culturelles sur l’appréciation d’un logement. Ces développements permettent de présenter un ensemble de fonctions implicitement recherchées dans un logement. Dans un deuxième chapitre, l’attention est portée sur le processus de déci sion en tant que tel, une fois que la décision de déménager a été prise. Tout d’abord celui de l’acheteur potentiel seul : quatre phases permettant de com prendre son achat final. Puis une analyse spécifique explore pourquoi il est difficile de concilier les points de vue des acheteurs et des vendeurs, notam ment sur le prix d’échange et la notion d’aversion aux pertes. Les acteurs n’ont pas la même perception des gains qu’ils peuvent réaliser et des pertes qu’ils vont subir au cours d’une transaction. Enfin, l’achat d’un bien immo bilier étant rarement le seul fait d’un individu, les zones d’expertise de 10
CHAPITRE INTRODUCTIF l’homme et de la femme et les stratégies d’influence au sein d’un couple sont mises en évidence. Dans la seconde partie, un troisième chapitre explore plus spécifique ment le marketing des agents immobiliers en présentant les métiers et les missions, le positionnement marketing des agences immobilières et les deux stratégies à mener de concert : la stratégie de recherche de mandats en direc tion des vendeurs et la stratégie de commercialisation des biens en direction des acheteurs. Un quatrième chapitre expose en quoi Internet révolutionne le travail des professionnels de l’immobilier. En effet, Internet est devenu le premier sup port de communication immobilière et il peut être pensé à deux niveaux pour optimiser le travail d’intermédiation commerciale des agents immobilier : pour les annonces immobilières d’une part et pour l’agence immobilière elle- même d’autre part. Enfin, un cinquième chapitre s’intéresse aux études de marché mises en œuvre dans le secteur immobilier : il s’agit de bien maîtriser la méthodolo gie, de connaître les sources d’informations utiles, les valeurs et les prix des biens immobiliers et finalement les enquêtes de terrain. 11
P a rt i e 1 Analyse de la demande et comportement des acheteurs et des vendeurs
Chapitre 1 Les facteurs psychosociologiques de l’achat d’un logement À vendre : petit pavillon proche du centre-ville avec jardin. À quoi ce type d’annonce correspond-il ? Pourquoi est-on susceptible d’être intéressé ? Quels sont les enjeux conscients ou inconscients expliquant la décision d’un acheteur potentiel lorsqu’il déclare « j’ai le coup de cœur » ou « je ne m’y vois pas » ? Qu’est-ce qui le pousse à vouloir être propriétaire de son logement ? Le besoin d’acquérir un logement est un phénomène assez récent. C’est une donnée culturelle liée à la définition de famille qui a émergé au sein de la bourgeoisie française au milieu du xviiie siècle1. Avec le développement de la société industrielle, le travail est extériorisé en dehors de l’espace de vie et l’État commence à prendre à sa charge les soins médicaux et la formation : la maison devient un refuge pour la famille nucléaire. L’accession à la propriété de ce refuge se développe avec les années de prospérité et le développement des crédits logements dans les années 1950. 1. Hareven T.K. (1983). « Review Essay : Origins of the “Modern Family” in the United States », Journal of Social History, 17, 2, 339‑344. 15
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