Mémoire pour les consultations prébudgétaires organisées en prévision du budget fédéral de 2021 - Présentation au Comité permanent des finances

 
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Mémoire pour les consultations prébudgétaires organisées en prévision du budget fédéral de 2021 - Présentation au Comité permanent des finances
Mémoire pour les consultations
prébudgétaires organisées en
prévision du budget fédéral de 2021
Présentation au Comité permanent des finances
Présenté par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada

Date : 7 août 2020
Liste des recommandations
  •   Recommandation 1 : Le Collège Royal recommande que le gouvernement fédéral crée un fonds
      d’urgence spécial pour renforcer la capacité des systèmes de soins de santé provinciaux et
      territoriaux à faire face à la demande accumulée à la suite de la COVID-19.

  •   Recommandation 2 : Le Collège royal recommande au gouvernement fédéral d’accélérer le plan
      visant à avoir un pays connecté en veillant à ce que toute la population du Canada ait accès à un
      service Internet haute vitesse fiable d’ici 2025, et de fournir un soutien financier supplémentaire
      aux provinces et aux territoires, afin qu’ils puissent développer une infrastructure de soins virtuels
      et accorder des remboursements appropriés pour les services de soins virtuels rendus.

  •   Recommandation 3 : Le Collège Royal recommande que le gouvernement fédéral fournisse un
      nouveau financement ciblé et soutenu aux gouvernements provinciaux et territoriaux afin de
      soutenir les programmes de santé des médecins et d’autres services de bien-être existants pour
      les professionnels de la santé, d’accorder des congés de maladie payés aux médecins, chirurgiens
      et autres personnes qui ne bénéficient pas de tels avantages et de contribuer à couvrir les coûts
      des soins de santé liés au travail des médecins, chirurgiens et autres prestataires de soins.

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                                   Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada
Introduction
Le gouvernement du Canada doit être applaudi pour sa réponse aux besoins de la société en général et
du système de santé qui a été en première ligne pendant la pandémie.
Les investissements spéciaux dans le système de soins de santé doivent être maintenus afin de ne pas
mettre en danger la santé et le bien-être des patients et ceux qui s’occupent d’eux. Le Collège royal
aimerait attirer l’attention sur les problèmes qui ont été provoqués par la pandémie et qui n’ont pas
encore été abordés par le gouvernement du Canada. Notamment, notre mémoire invite le gouvernement
du Canada à faire maintenant des investissements ciblés pour :
• aborder l’impact de la mise en attente des soins;
• accélérer la mise en œuvre des soins virtuels;
• prendre soin des personnes qui nous soignent.

Aborder l’impact de la mise en attente des soins
Un système de soins de santé productif et efficace mène à une productivité accrue, à la création et à la
rétention d’emplois de haute qualité et à l’innovation, stimulée par les meilleurs et les plus brillants
esprits au Canada et dans le mondei. Nos systèmes de santé doivent disposer des ressources appropriées
pour leur relance et pour faire face à la demande accumulée en raison de la pandémie de COVID-19. Plus
de 300 000 interventions chirurgicales ainsi que d’innombrables tests diagnostiques et d’autres formes
de soins ont été reportés à cause de la pandémie. Ces changements exacerbent souvent l’état de santé
de ceux dont les soins ont été mis en attente en raison de la pandémie.

Il est également important de reconnaître que bon nombre de nos établissements de soins de santé sont
également des centres d’enseignement pour les futurs médecins et chirurgiens du Canada. Les résidents
et les étudiants en médecine ont besoin de temps pour apprendre et perfectionner leurs compétences. Si
les hôpitaux et les établissements de soins de santé doivent soutenir les résidents et autres étudiants, des
ressources supplémentaires, comme du temps en salle d’opération, seront nécessaires pour leur offrir des
expériences éducatives de qualité en même temps que le système traite le flux de patients dont les soins ont
été mis en attente.

   Par conséquent, le Collège royal recommande que le gouvernement fédéral crée un fonds d’urgence
   spécial pour renforcer la capacité des systèmes de santé provinciaux/territoriaux à :

    ▪   augmenter les services aux patients comme les chirurgies, les diagnostics, les soins contre le cancer et
        d’autres traitements;
    ▪   fournir aux médecins et aux autres intervenants l’accès à un approvisionnement stable d’ÉPI,
        d’équipement médical, de médicaments et d’autres ressources;
    ▪   s’assurer que les établissements d’enseignement peuvent remplir leurs mandats d’éducation et de soins aux
        patients;
    ▪   fournir des ressources aux établissements de soins de longue durée qui sont au cœur du système de suivi
        des soins afin qu’ils puissent dispenser des services de qualité et sûrs.

Accélérer la mise en œuvre des soins virtuels

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                                      Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada
Les soins virtuels ont été privilégiés pendant la pandémie pour remplacer le modèle traditionnel de soins
aux prestataires de premiers soins de contacter des spécialistes pour des questions cliniques
pertinentes – ont montré leur capacité à réduire les temps d’attente, à améliorer la prestation de soins
primaires, à réduire les orientations inutiles, à améliorer l’accès aux soins spécialisés et la satisfaction des
patients, et à réduire les coûtsii iii. La télémédecine s’est aussi avérée jouer un rôle essentiel dans le
système de soins de santé canadien, en particulier pendant la pandémieiv.

À l’avenir, les soins virtuels :

•   permettront d’atténuer la demande accrue de soins continus à domicile et en établissement à mesure
    que la population vieillit et de résoudre les problèmes d’accès pour les personnes vivant dans des
    communautés rurales et éloignées;
•   auront un impact positif sur l’environnement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre
    causées par les déplacements des patients pour se rendre à leurs rendez-vous médicaux et les
    charges connexes sur les établissements médicaux par rapport au volume de patients; et
•   feront en sorte que les 10 000 résidents en médecine et en chirurgie qui sont les futurs médecins du
    Canada continuent d’avoir accès à l’éducation et à la formation, en particulier pendant la pandémie.
Les provinces et les territoires ont pu constater les avantages des soins virtuels, en particulier pendant la
pandémie, et ont introduit une rémunération des professionnels de la santé pour les services de soins
virtuels; il est essentiel que ces mesures ne soient pas temporaires et qu’elles soient plutôt intégrées en
tant que modèles de soins soutenus et dotés de ressources adéquates.

Le gouvernement fédéral doit être applaudi pour son engagement à investir dans l’infrastructure afin
d’assurer un accès fiable à Internet haute vitesse pour toutes les personnes vivant au Canada, mais cet
engagement doit être accéléré. Sans Internet à haute vitesse fiable, les soins virtuels sont sérieusement
compromis, voire impossibles.

    Par conséquent, le Collège Royal recommande que le gouvernement fédéral :

       ▪    accélère le plan du gouvernement du Canada pour avoir un pays connecté en veillant à
            ce que toutes les personnes au Canada aient accès à l’Internet haute vitesse fiable d’ici
            2025;

       ▪    fournisse un soutien financier supplémentaire aux provinces et aux territoires afin qu’ils
            puissent développer l’infrastructure de soins virtuels et fournir les remboursements
            appropriés pour les services de soins virtuels rendus.

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Prendre soin des personnes qui nous soignent

                « En tant qu’anesthésiologiste, la pandémie de la COVID-19 a entraîné un certain
                nombre de défis très stressants pour nous tous.

                Nous avons dû rapidement veiller à disposer de protocoles pour traiter les patients avec
                le peu de connaissances que nous avions sur le SRAS-CoV-2 tout en maintenant la
                sécurité des médecins, de nos résidents et des autres membres du personnel. Au cours
                des premières semaines, nous avons éprouvé de l’angoisse en sachant que les
                équipements de protection individuelle (EPI) étaient en rupture de stock et que nous
                devions faire face à des problèmes systémiques à long terme dans le système de soins
                de santé, tels que le manque de personnel infirmier dans certaines unités, le nombre
                insuffisant de lits, entre autres. Il y a aussi le stress financier – lorsque les procédures
                médicales non urgentes ont été arrêtées, nos revenus se sont retrouvés à 10 à 20 % des
                niveaux d’avant la COVID-19.

                Nous sommes des médecins, mais nous sommes aussi des patients. Nous avons les
                mêmes préoccupations que tous les Canadiens. Beaucoup d’entre nous ont des
                problèmes de santé qui pourraient signifier un mauvais pronostic si nous étions infectés
                par la COVID-19. Nous éprouvons aussi la crainte de ramener la maladie à la maison, en
                particulier lorsqu’il y a des nouveau-nés ou des parents âgés. Il y a aussi ceux d’entre
                nous qui attendent aussi une biopsie, une endoscopie, une mammographie. »

                Claudia Gomez, M.D., FRCPC.

La COVID-19 a imposé un fardeau et un stress accrus à de nombreux professionnels de la santé, y
compris aux médecins. Ils sont en première ligne pour faire face :

•   à une charge de travail accrue et à la complexité des soins associés à la pandémie et la mise en
    attente de traitements;
•   à des problèmes d’approvisionnement en équipement médical; et
•   au risque continu d’infection qui a nécessité l’auto-isolement de leurs familles et de leurs collègues.

À la suite de l’épidémie de 2003 du syndrome respiratoire aigu (SRAS), les études ont révélé des niveaux
élevés de détresse émotionnelle parmi les professionnels de la santé en raison de facteurs comme

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l’isolement, la préoccupation pour la famille, le stress au travail et la stigmatisation sociale en raison
d’une exposition potentiellev.

Nous devons mettre en place des programmes de bien-être et de soutien de haute qualité pour les
professionnels de la santé. Les provinces ont mis en place leurs programmes respectifs et, récemment, le
gouvernement fédéral a lancé le programme Espace Mieux-être Canada. Ces programmes doivent être
maintenus et renforcés, car les médecins et d’autres intervenants sont de plus en plus exposés au risque
d’épuisement professionnel alors qu’ils doivent faire face à une charge de travail accrue en s’occupant
des patients atteints de COVID-19 et en même temps faire face à une accumulation croissante de soins
qui ont été mis en attente. Nous devons prendre soin de ceux qui nous tiennent à cœur.

   Par conséquent, le Collège Royal recommande que le gouvernement fédéral :

   Fournisse un nouveau financement ciblé et soutenu aux gouvernements provinciaux et
   territoriaux pour :

       ▪   soutenir les programmes de santé des médecins et d’autres services de bien-être
           existants pour les professionnels de la santé;

       ▪   fournir un congé de maladie payé aux médecins, aux chirurgiens et à d’autres
           personnes qui n’ont pas de tels avantages;

       ▪   aider à couvrir les coûts de soins de santé liés au travail pour les médecins, les
           chirurgiens et d’autres fournisseurs de soins de santé.

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Protégeons la santé des patients et des prestataires maintenant et à l’avenir
Les professionnels de la santé de première ligne, les administrateurs et les décideurs de nos systèmes de
soins de santé ont été mis à rude épreuve et ont dû réagir avec urgence, ingéniosité et collaboration en
ces temps sans précédent. Le moment est venu de poursuivre ces efforts et d’améliorer collectivement la
manière dont nous dispensons les soins de santé aux patients d’aujourd’hui et de demain. Nous
souhaitons grandement avoir l’occasion de discuter des possibilités de collaboration sur ces questions et
sur d’autres, et de soutenir le gouvernement du Canada dans ses efforts de planification d’un système de
santé post-COVID-19 tout en relevant les défis persistants de cette pandémie.

i
   Milieux de travail sains, 12 mai 2010, extrait de https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/systeme-soins-
sante/ressources-humaines-sante/strategie/milieux-travail-sains.html.
ii
    Deloitte comme évaluateur tiers objectif, OntarioMD Phase 1 : Provincial eConsult Initiative Benefits Evaluation
Study, 31 août 2015, extrait de https://www.ontariomd.ca/documents/econsult/eco
sultbenefits%20evaluation_final_report_20151030.pdf.
iii
    C. Liddy, C. Deri Armstrong, F. Mckellips, E. Keely, A comparison of referral patterns to a multispecialty
eConsultation service between nurse practitioners and family physicians: The case for eConsult, J Am Assoc.
Infirmière Pract. 28(3), p. 144 à 150, 2016, extrait de https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25965249/.
iv
    R.P. Jones, Ottawa doctors embrace telemedicine as Nunavut sees 1st COVID-19 case, 4 mai 2020, Extrait de
https://www.cbc.ca/news/canada/ottawa/ottawa-nunavut-inuit-telemedicine-covid19-1.5553764.
v
    Maunder et coll., Long-term Psychological and Occupational Effects of Providing Hospital Healthcare during SARS
Outbreak, Emerg Infect Dis. 12(12), p. 1924-1932, extrait de
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3291360/.

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