N 61 TENDANCES ÉCONOMIQUES - Analyse et prévisions conjoncturelles - Iweps
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L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique TENDANCES ÉCONOMIQUES 2 0 N° 61 Analyse et prévisions 2 conjoncturelles 1
COLOPHON Les Tendances économiques présentées ci-dessous ont été élaborées par : Sébastien BRUNET Frédéric CARUSO Marc DEBUISSON Matthieu DELPIERRE Didier HENRY Evelyne ISTACE Virginie LOUIS Olivier MEUNIER Régine PAQUE Vincent SCOURNEAU Valérie VANDER STRICHT Sous le conseil scientifique de Vincent BODART, Institut de recherches économiques et sociales (IRES-UCL) Éditeur responsable : Sébastien Brunet (Administrateur général, IWEPS) Création graphique : Déligraph Mise en page : Snel Grafics SA, Vottem www.snel.be Dépôt Légal : D/2021/10158/7 Reproduction autorisée, sauf à des fins commerciales, moyennant mention de la source. IWEPS Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique Route de Louvain-La-Neuve,2 5001 BELGRADE - NAMUR Tél : 32 (0)81 46 84 11 http ://www.iweps.be info@iweps.be 2
TABLE DES MATIÈRES 5 PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES DE LA WALLONIE POUR LA PÉRIODE 2020-2021 11 CONTEXTE INTERNATIONAL 2.1. La croissance mondiale......................................................................................... 12 2.2. La situation conjoncturelle des États-Unis et de la Zone euro...................................................................................................... 16 2.3. Les risques sur le scénario de reprise de l’économie internationale............................................................................ 23 2.4. La politique monétaire, l’évolution des taux longs et le marché des changes.................................................................................. 24 29 TENDANCES ÉCONOMIQUES EN WALLONIE 3.1. L’activité économique............................................................................................ 30 CAHIER3.2. Le commerce extérieur........................................................................................ 39 3.3. La demande intérieure......................................................................................... 45 3.3.1. Les ménages................................................................................................. 45 3.3.2. Les entreprises.............................................................................................. 52 3.3.3. Le secteur public......................................................................................... 59 3.4. L’évolution de l’emploi.......................................................................................... 60 Analyses terminées le 25 mars 2021 3 Tendances économiques no 61
4 Tendances économiques no 61
CHAPITRE 1 PERSPECTIVES MACRO-ÉCONOMIQUES DE LA WALLONIE POUR LA PÉRIODE 2020-2021 5 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
abreuvé les banques commerciales de li- Une crise et des réactions quidités et sont intervenues directement sans précédent sur les marchés financiers afin d’endiguer une crise de confiance qui menaçait d’am- L’année 2020 a vu l’économie mondiale se plifier la dépression économique. contracter au rythme le plus sévère enre- Sur le plan macroéconomique, pendant la gistré depuis la Deuxième Guerre mondiale. première vague de la pandémie, la préser- D’après le FMI, le nombre de pays ayant af- vation des capacités productives et du pou- fiché un recul de l’activité a atteint un re- voir d’achat des ménages a permis ensuite, cord. L’économie wallonne n’a pas dérogé à lors de l’assouplissement progressif des me- la règle, avec une contraction estimée du sures à partir de la fin mai, en Belgique et PIB de l’ordre de -6% en moyenne annuelle. plus généralement en Europe, que s’amorce En raison de la dégradation de la situation un vif rebond de l’activité économique tout sanitaire et des mesures drastiques prises au long des mois d’été. Cette embellie esti- par les gouvernements pour en limiter l’im- vale puise une partie de sa vigueur dans la pact sur le système de santé, l’ensemble relance très soutenue des activités indus- des indicateurs conjoncturels dans les éco- trielles et des échanges commerciaux inter- nomies occidentales se sont effondrés vers nationaux, portée d’abord par le rebond pré- des niveaux jamais atteints au cours du coce de l’économie chinoise. Les printemps de l’année dernière. Le blocage exportations et les investissements des en- brutal des activités de production et de treprises wallonnes se sont ainsi redressés consommation a été très largement répan- de manière spectaculaire au cours de l’été. du, tant sectoriellement que géographi- L’économie wallonne a aussi profité l’été der- quement, si bien que l’ensemble des com- nier du report d’une partie considérable des posantes externes et internes de la dépenses des ménages, « empêchées » demande se sont inscrites en recul sévère lors des semaines de confinement strict. Dès en Wallonie au cours du deuxième tri- lors, la plupart des secteurs wallons ont bé- mestre 2020. On estime ainsi que le PIB néficié d’un rebond remarquable de l’activité s’est replié de -11% par rapport au trimestre au troisième trimestre de l’an dernier, de précédent (après déjà une baisse de -3% au sorte que nous estimons que le PIB a crû de premier trimestre). Face à cette situation de +11% sur une base trimestrielle. La récupéra- crise inédite, les principales économies tion du niveau de l’activité demeurait encore avancées ont adopté des politiques mas- incomplète, mais l’économie wallonne sem- sives de soutien aux ménages et aux entre- blait alors sur une trajectoire favorable de prises, permettant d’éviter ce qui aurait pu reprise qui aurait pu permettre de combler devenir un véritable glissement de nos so- assez rapidement le retard de production et ciétés vers l’abîme. D’une part, des mesures de consommation accusé au printemps. budgétaires d’une ampleur sans précédent se sont attachées à maintenir la viabilité fi- Cette expérience récente sous-tend notre nancière des entreprises à court de ren- scénario d’une reprise soutenue de l’écono- trées et à préserver au mieux l’emploi et les mie au cours des prochains mois, lorsque la revenus des ménages. En Belgique, cela situation sanitaire aura pu se stabiliser plus s’est traduit notamment par un accès facili- durablement. Néanmoins, force est de té des entreprises et des indépendants aux constater que ce scénario de reprise a été dispositifs de chômage temporaire et de mis entre parenthèses, en Wallonie comme droit-passerelle, ainsi que par des aides di- plus globalement en Europe, à la suite des rectes aux entreprises dont l’activité était à rebonds épidémiques successifs. En effet, l’arrêt ou fortement ralentie par la crise sa- la recrudescence de la pandémie à l’au- nitaire. D’autre part, les politiques moné- tomne et le durcissement des règles d’en- taires ont joué un rôle fondamental. Les diguement ont douché les espoirs d’une principales banques centrales ont en effet récupération rapide de l’activité. Alors que 6 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
le secteur industriel, moins affecté par les un retournement de situation d’ici l’été, lors- mesures restrictives, a pu poursuivre son qu’une bonne part de la population adulte redressement, une grande partie des ser- aura pu être vaccinée. vices, qui reposent davantage sur une inte- En dépit du caractère balbutiant de la re- raction sociale, ont de nouveau souffert des prise à très court terme, les perspectives de fermetures imposées mais aussi d’une croissance économique pour les trimestres adaptation des habitudes de consomma- à venir semblent donc globalement bien tion. Le PIB de la Zone euro s’est ainsi à nou- plus favorables qu’elles ne l’étaient encore veau contracté au dernier trimestre de 2020 il y a quelques mois. Un ensemble de fac- et devrait enregistrer une nouvelle diminu- teurs plaident pour une reprise écono- tion au premier trimestre de cette année. mique soutenue dès l’instant où la situation En Wallonie, la réouverture de certains com- sur le plan sanitaire se sera apaisée, à merces, à la suite de la levée progressive du l’image de ce qui s’était produit à l’été 2020. confinement de l’automne, n’a probable- Ainsi, sur le plan international, les premiers ment pas empêché un recul du niveau de résultats tangibles de la vaccination à l’activité au quatrième trimestre, d’autant grande échelle sont à présent apparents, plus que la production industrielle régionale au moins dans les pays les plus avancés s’est tassée en toute fin d’année. En outre, le dans la campagne. Par ailleurs, la relance maintien à l’arrêt de tout un pan de l’écono- budgétaire monstre adoptée par Washing- mie, prévu a minima jusqu’au mois de mai ton devrait stimuler l’activité économique 2021 (concernant les secteurs de l’horeca, du américaine et constituer un solide soutien loisir et de l’événementiel notamment), que au développement du commerce interna- renforce la nouvelle suspension de l’activité tional. Les pays membres de la Zone euro des métiers dits « de contact » et les nou- se sont eux aussi accordés sur un plan de velles restrictions imposées aux commerces relance européen, auquel s’ajoutent les « non essentiels » pendant quatre semaines plans nationaux, comme ceux importants à partir du 27 mars, devrait affaiblir la crois- adoptés par la France ou l’Allemagne, et qui sance économique sur l’ensemble du pre- devraient contribuer à relancer la dyna- mier semestre de cette année. mique des échanges industriels intra-euro- péens, avec des conséquences favorables pour les exportations wallonnes que nous La vaccination offre anticipons en deuxième partie d’année. aujourd’hui des perspectives plus crédibles de reprise Reportée, la relance de la Nos économies mènent actuellement une demande devrait quand véritable course contre la montre. Dans les même se confirmer au semaines à venir, la tension devrait rester troisième trimestre en intense entre la progression des cam- Wallonie pagnes de vaccination, dont dépendent les calendriers d’assouplissement des me- En Wallonie, la préservation de l’emploi et sures en place, et la recrudescence des du pouvoir d’achat apporte un socle à la re- nouvelles infections et des hospitalisations. lance de la demande intérieure, tandis que De la synthèse de ces deux forces antago- les cessations d’activités sont restées très nistes, découlera le rythme auquel l’activité limitées jusqu’à présent. Outre une dégra- économique évoluera au cours des toutes dation soudaine de la situation sanitaire, le prochaines semaines. Si, pour l’heure, la retrait précoce des politiques publiques de progression du virus tient la corde dans soutien, à l’instar de ce qui avait été observé cette course terrible, les espoirs sont à pré- après la crise financière de 2008-2009, sent grands de pouvoir assister en Europe à constitue un risque pour notre prévision. 7 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
Notre scénario retient donc l’hypothèse que dustrielle tend à se normaliser. Cependant, l’emploi et les activités contraintes conti- les pertes prolongées de chiffre d’affaires nueront à être aidés au cours des prochains ont érodé les fonds propres des entreprises mois, considérant que l’effort qui reste vrai- alors que les possibilités de recours à l’em- semblablement à fournir est faible par rap- prunt bancaire s’amenuisent, particulière- port à celui consenti jusqu’ici. ment en Wallonie où le risque de faillite (et donc de défaut) demeure plus élevé. Les dispositifs publics de maintien de l’em- ploi et de l’activité, comme le chômage La reprise attendue de la demande régio- temporaire ou le droit-passerelle pour les nale s’inscrit dans un redressement généra- indépendants, ont contribué à la mise sous lisé sur le plan national et international mais cloche du marché du travail. Elles ont été son rythme est essentiellement dicté par prolongées jusqu’à la mi-2021. En parallèle, les progrès de la vaccination. Le renforce- les signes d’une redynamisation potentielle ment des mesures de confinement décidé apparaissent, tant dans l’intérim, qu’au ni- fin mars ne devrait pas modifier fondamen- veau des postes vacants et des opportuni- talement ce scénario. En effet, cet incré- tés d’emploi. Par ailleurs, les prévisions ment aux mesures touchant le plus nette- d’emploi que formulent les chefs d’entre- ment les services reposants sur un contact prise en Wallonie se sont sensiblement re- direct avec la clientèle se veut temporaire. levées : dans la construction, d’abord, dans La rigueur de ce tour de vis, bien moins l’industrie, ensuite, puis dans les services marqué qu’au printemps 2020, est du même aux entreprises et même dans le commerce ordre que lors du reconfinement de l’au- récemment, avant l’annonce des dernières tomne. Son impact sur le PIB demeurerait mesures. Plus généralement, les indices de ainsi limité. En outre, dans de nombreux la confiance des entrepreneurs se sont re- secteurs, les méthodes de production ou dressés depuis l’automne. de vente se sont déjà largement adaptées aux exigences de distanciation sociale. En- Au cours des prochains mois, les pertes fin, des effets de report sur le troisième tri- d’emplois et de revenus devraient dès lors mestre pourraient atténuer l’impact de ces rester limitées, favorisant un raffermisse- récentes restrictions, dans un contexte ca- ment progressif de la confiance des ractérisé par une épargne forcée impor- consommateurs wallons. Dans les en- tante et une relance budgétaire forte. quêtes mensuelles de la BNB, les ménages se sont finalement montrés peu inquiets de La consommation privée devrait dès lors se leur situation financière tout en relevant leur renforcer en deuxième partie d’année, intention d’épargne. Leurs inquiétudes se compensant partiellement les privations portaient surtout sur la situation macroéco- encore concédées ce printemps. Néan- nomique générale et le chômage. Les pre- moins, cette évolution attendue ne donne- mières se sont largement estompées au rait lieu qu’à une reprise partielle (+3,0%) sur deuxième semestre de 2020, les secondes l’ensemble de l’année, en raison d’un taux ont commencé à s’atténuer depuis le début d’épargne des ménages encore élevé au de l’année 2021. cours des prochains mois (14,9% en moyenne en 2021). Profitant d’un acquis de La reprise des investissements des entre- croissance déjà important, les investisse- prises semble, elle, déjà s’être en partie en- ments des entreprises progresseraient, clenchée au cours du deuxième semestre eux, de +7,5% en 2021 (après un recul de de 2020, encouragée par une politique -8,0% l’année passée). d’aide résolue aux entreprises et l’améliora- tion des perspectives économiques inter- Quant à la demande extérieure, bien qu’elle nationales. L’incertitude a reflué, les antici- soit stimulée par les perspectives interna- pations de la demande par les chefs tionales, sa progression devrait encore se d’entreprise wallons se sont raffermies et révéler modérée en ce début d’année. En l’utilisation des capacités de production in- effet, la demande intérieure demeure en- 8 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
core fragile dans un premier temps chez risation très nette des situations vécues par nos partenaires européens, en particulier différentes catégories d’acteurs. Ainsi, peut- en France, et les difficultés d’approvisionne- on relever la situation financière précaire ment ne sont pas encore aplanies. Par ail- des petites entreprises, que ne connaissent leurs, les échanges avec le Royaume-Uni pas les grandes entreprises qui bénéficient devraient d’abord ralentir, contrecoup du d’opportunités de financement souvent rebond qui résultait de l’anticipation du plus favorables pour faire face à la crise. Les Brexit en 2020. La croissance des exporta- catégories professionnelles ont également tions s’intensifierait en deuxième partie été touchées de manière très différenciée d’année, portant leur croissance annuelle à par la crise. D’un côté, certains ménages ont +6,0% sur l’année 2021. Endéans l’année, la connu une réduction substantielle de leur croissance de trimestre à trimestre des im- pouvoir d’achat, que ce soit via une perte portations pourrait dépasser celle des ex- d’emploi ou une réduction de leur activité portations en raison du rebond sensible de (chômage temporaire ou fermeture pour la demande intérieure wallonne. Mais sur les indépendants). Tandis que d’un autre l’ensemble de l’année, la contribution nette côté, une grande part des ménages, géné- de la demande extérieure au PIB devrait ralement parmi les plus qualifiés, ont pu s’avérer positive (+0,5 point de PIB). poursuivre leur activité à domicile (télétra- Suivant ce scénario, la croissance écono- vail) sans perte de revenu. Enfin, la dimen- mique en Wallonie s’établirait à +4,1% en 2021. sion du genre est aussi une ligne de démar- En fin d’année, le PIB de la Wallonie se trou- cation durant cette crise. verait à environ 1% du niveau qui était le sien Les politiques de sortie de crise devraient deux ans plus tôt. Cette croissance de l’acti- ainsi se fonder non sur une amélioration vité économique devrait s’accompagner moyenne mais s’attaquer à la correction de d’une timide progression de l’emploi (+0,1%). ces différences, afin de rétablir plus de jus- Outre son caractère incomplet, la reprise tice sociale et d’assurer une meilleure co- pourrait également se révéler asymétrique. hésion sociale, déterminants indispen- La crise a en effet mis en lumière une pola- sables à la prospérité de nos sociétés. 9 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
Tableau 1.1. : Affectation du PIB : prévisions du taux de croissance annuel en volume 2020 2021 Zone Zone Belgique Wallonie Belgique Wallonie euro euro Dépenses de consommation finale privée -8,0 -8,7 -7,2 3,0 4,0 3,0 Dépenses de consommation finale des administra- 1,2 -0,9 -0,9 2,9 1,9 1,9 tions publiques Formation brute de capital fixe -8,3 -7,8 -7,4 5,5 9,1 8,6 des entreprises, indépendants et ISBL - -8,2 -8,0 - 8,0 7,5 des ménages - -8,1 -6,5 - 10,4 5,0 des administrations publiques - -4,6 -6,0 - 12,8 13,2 Variation des stocks1 -0,3 0,8 -0,5 0,3 0,0 0,1 Exportations nettes de biens et services 1 -0,4 -0,5 -0,1 0,6 0,3 0,5 Exportations 3 -9,4 -5,7 -4,2 7,5 6,0 6,0 Importations 3 -9,2 -5,1 -4,6 6,6 5,6 5,6 Produit intérieur brut aux prix du marché 2 -6,8 -6,3 -5,9 3,9 5,0 4,1 Emploi -1,6 0,0 0,0 -0,2 0,3 0,1 (1) Contribution à la croissance annuelle du PIB (hors solde du commerce interrégional pour la Wallonie). (2) Variation annuelle corrigée pour les jours ouvrables. (3) Y compris les échanges intra-Zone euro pour 2021 Sources : Zone euro : 2020 Eurostat ; 2021 Banque centrale européenne (mars 2021) et OCDE (mars 2021) ; PIB (dif- férence avec OCDE : -0,1 point). Données ICN et estimations IWEPS pour la Belgique et la Wallonie. Prévisions arrêtées le 25 mars 2021 10 Tendances économiques no 61 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
CHAPITRE 2 CONTEXTE INTERNATIONAL 11 Tendances économiques no 61 Contexte international
2.1 LA CROISSANCE MONDIALE L’économie mondiale montre une résilience sé à la baisse l’ampleur de la récession plus forte qu’attendu face à l’épidémie de mondiale de l’année dernière, maintenant Covid-19. Cette dernière a cependant para- estimée à -3,4%, contre -4,2% encore en dé- lysé des pans entiers de l’activité sur tous cembre. les continents depuis plus d’un an. Les pré- La crise sanitaire aura détourné la croissance visions de croissance du PIB mondial éta- de l’économie mondiale de sa trajectoire en- blies par les organismes internationaux ne core envisagée fin 2019. Le PIB mondial au cessent d’être revues à la hausse. L’Organi- deuxième trimestre de cette année devrait sation de coopération et de développement déjà revenir au niveau enregistré avant la économiques (OCDE) prévoit maintenant crise (quatrième trimestre 2019). En fin 2022, (mars 2021) une croissance mondiale de la croissance mondiale aura toutefois perdu +5,6% en 2021, contre seulement +4,2% en 2,5 points par rapport aux prévisions de l’OC- décembre dernier. De même, l’OCDE a révi- DE de novembre 2019 (cf. graphique 2.1). Graphique 2.1 : Évolution du PIB mondial (indice 100 = 4e trimestre 2019) 110 108 106 104 102 100 98 96 Prévisions OCDE novembre 2019 94 Prévisions OCDE mars 2021 92 90 2019.IV 2020.I 2020.II 2020.III 2020.IV 2021.I 2021.II 2021.III 2021.IV 2022.I 2022.II 2022.III 2022.IV Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire mars 2021 – Calculs : IWEPS 12 Tendances économiques no 61 Contexte international
Tableau 2.1 : Croissance du PIB mondial et des principales économies entre 2019 et 2022 (glissement annuel en %) 2019 2020 2021 2022 Monde 2,7 -3,4 5,6 4,0 États-Unis 2,2 -3,5 6,5 4,0 Zone euro 1,3 -6,8 3,9 3,8 Allemagne 0,6 -5,3 3,0 3,7 France 1,5 -8,2 5,9 3,8 Italie 0,3 -8,9 4,1 4,0 Espagne 2,0 -11,0 5,7 4,8 Royaume-Uni 1,4 -9,9 5,1 4,7 Japon 0,7 -4,8 2,7 1,8 Chine 6,1 2,3 7,8 4,9 Inde 1 4,2 -7,4 12,6 5,4 Afrique du Sud 0,2 -7,2 3,0 2,0 Argentine -2,2 -10,5 4,6 2,1 Brésil 1,1 -4,4 3,7 2,7 Russie 1,3 -3,6 2,7 2,6 1 Année fiscale Sources : OECD.stat, complété par OECD, Economic outlook, december 2020 (2019), OCDE (2021), Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire mars 2021, Éditions OCDE, Paris (2020 et prévisions 2021-22) Deux éléments, le redémarrage rapide de déployé des plans d’investissement en in- l’économe chinoise et les plans de relance frastructure accompagnés d’une politique hors normes américains (cf. section 2.2.1 Les monétaire accommodante. De plus, la pan- États-Unis), soutiennent une reprise mon- démie a été rapidement enrayée, ce qui a diale plus précoce et plus forte que ce permis à l’activité de reprendre. La produc- qu’annonçaient les prévisions il y a quelques tion et les exportations se sont rapidement mois. envolées. La machine de production chinoise s’est remise en marche pour ré- La résistance de l’économie chinoise déjà pondre à la forte demande pour certains mentionnée dans notre précédente édition types de produits au niveau mondial (maté- s’est confirmée. Le PIB chinois est le seul riel médical, composantes informatiques…). parmi les zones économiques importantes Même si les indicateurs PMI Caixin, qui anti- à ne pas avoir reculé en 2020 : sa croissance cipent l’activité tant dans les services que a atteint l’année dernière +2,3%. Première dans l’activité manufacturière, sont moins touchée par la pandémie, la Chine a été hauts qu’en fin d’année dernière, ils in- aussi le premier pays à redresser son éco- diquent encore largement une expansion nomie. Pour alimenter la reprise, le gouver- de ces secteurs d’activité dans les prochains nement chinois, suivant sa recette habi- mois. Le PIB chinois devrait enregistrer une tuelle lors de difficultés conjoncturelles, a hausse de +7,8% en 2021. 13 Tendances économiques no 61 Contexte international
Graphique 2.2 : Évolution du commerce mondial (indice 100 = juin 2019) 150 140 Commerce mondial Exportations Asie émergente (hors Chine) 130 Exportations Zone euro Exportations USA 120 Exportations Chine 110 100 90 80 70 60 2019.06 2019.08 2019.10 2019.12 2020.02 2020.04 2020.06 2020.08 2020.10 2020.12 Source : Centraal Planbureau (NL) – Calculs : IWEPS Les autres économies asiatiques bénéfi- treindre sa production en février et en mars, cient de ce regain de l’activité chinoise et de l’OPEP+ (OPEP et dix autres pays produc- la reprise de la demande mondiale. Bien teurs, dont la Russie) voulant réduire les que les chaînes d’approvisionnement ne stocks excédentaires de pétrole. Les prix soient pas totalement rétablies et que la lo- devraient toutefois, selon le Consensus Fo- gistique des transports souffre encore du recasts, tourner en moyenne autour de 62 désordre occasionné sur les échanges par dollars en 2021 et 2022, et si ce scénario est la pandémie, les exportations des pays asia- respecté, l’impact sera limité sur l’inflation tiques émergents sont en forte hausse. des autres économies. La demande chinoise en matières pre- Au-delà des économies asiatiques et des mières a également poussé à la hausse pays producteurs de matières premières, leurs prix, enclenchant également un sou- c’est toute l’économie mondiale qui redé- tien important aux économies des pays pro- marre plus rapidement qu’anticipé. Les indi- ducteurs. Les prix du pétrole se sont rapide- cateurs JP Morgan sur l’économie mondiale, ment redressés, le cours du Brent de la Mer tirés des enquêtes auprès des directeurs du Nord atteignant les 70 dollars le baril dé- d’achats, montrent des différences moins but mars. La hausse de la demande mon- marquées entre l’activité manufacturière et diale n’est cependant pas la seule cause de celle des services. Ces différences étaient cette envolée. Du côté de l’offre, l’Arabie beaucoup plus marquées à l’automne der- Saoudite a une nouvelle fois décidé de res- nier. Cependant, les indicateurs manufactu- 14 Tendances économiques no 61 Contexte international
Graphique 2.3 : Évolution mensuelle du cours du Brent en dollar par baril 120 100 80 60 40 20 0 2014.01 2015.01 2016.01 2017.01 2018.01 2019.01 2020.01 2021.01 Source : U.S. Energy Information Administration (EIA) – Calculs : IWEPS riers de l’économie mondiale atteignent ac- l’inverse, dans les services, les indices JP tuellement des niveaux historiquement Morgan sont à peine revenus à leur niveau élevés. Les nouvelles commandes d’expor- d’avant la crise, mais les nouvelles com- tations dans l’industrie manufacturière, se- mandes à l’exportation dans ce secteur lon ces mêmes enquêtes JP Morgan, enre- restent en dessous des 50 points, confir- gistrent de hauts niveaux en février. À mant toujours leur recul attendu. 15 Tendances économiques no 61 Contexte international
2.2 LA SITUATION CONJONCTURELLE DES ÉTATS-UNIS ET DE LA ZONE EURO une campagne de vaccination rapide et effi- 2.2.1 Les États-Unis cace, devrait regonfler la confiance des mé- nages. Au dernier trimestre 2020, la croissance du Venant s’ajouter aux 2 200 milliards déblo- PIB américain était de +1,0% par rapport au qués en mars 2020, en décembre dernier, le trimestre précédent. Cette bonne perfor- Consolidated Appropriations Act a apporté mance traduit la forte résilience de l’écono- 900 milliards supplémentaires pour soutenir mie américaine à la pandémie de Covid-19, la relance. Un chèque de 600 dollars par alors que les États-Unis sont un des pays personne a notamment été octroyé. Toute- les plus touchés. L’économie a été impac- fois, tant que la confiance des ménages tée dès le premier trimestre (-1,3% au pre- américains ne se rétablit pas, une grande mier par rapport au trimestre précédent). Au partie des sommes allouées aux ménages deuxième, le PIB a enregistré une chute de gonflera leur épargne. En janvier, malgré -9,0%. Mais dès le troisième trimestre, s’est une augmentation sur un mois de 11,0% en dessiné un rebond spectaculaire de +7,5%. taux annuel du revenu disponible réel des Au cours des deux derniers trimestres, Américains, les dépenses réelles de toutes les composantes de la demande in- consommation n’ont enregistré qu’une aug- térieure sont reparties à la hausse y compris mentation de +2,0% (rythme annuel), le taux l’investissement. Par contre, le commerce d’épargne atteignant un nouveau sommet extérieur pesait sur la croissance. Sur l’en- avec 20,5% (33,7% en avril). semble de l’année 2020, le PIB n’a reculé que de -3,5%. En ce début d’année 2021, un nouveau plan de relance historique, pour un montant sup- L’économie américaine, en ce début d’an- plémentaire de 1 900 milliards de dollars, a née, semble toujours sur le chemin d’une re- été voté. Il va doper la croissance de l’écono- prise vigoureuse. Les enquêtes auprès des mie américaine. Selon l’OCDE, les milliards directeurs d’achats, tant des services que de prévus, représentant 8,5% du PIB, devraient l’industrie manufacturière (PMI), atteignent entraîner une envolée du PIB de 3 à 4% sup- des niveaux historiques, anticipant une re- plémentaires entre le deuxième trimestre de prise forte de l’activité. Celle-ci devrait pous- 2021 et le trimestre correspondant de 2022. ser à la reprise des investissements. Le cinquième de la somme prévue prend la Toutefois, selon les enquêtes de l’Université forme d’un chèque pour les ménages. du Michigan, la confiance des ménages res- Ce plan a des conséquences bénéfiques tait faible encore en février, les craintes du au-delà de l’économie américaine. L’OCDE chômage étant encore bien présentes. Ce estime jusqu’à 0,5 point la croissance sup- dernier s’élevait toujours à 6,2% en février, plémentaire qu’il engendrera sur les PIB après un sommet de 14,8% en avril 2020. chinois et européens jusqu’en 2022. La Pour rappel, il n’était que de 3,5% en février Banque centrale européenne (en mars) est 2020. Même si 12,9 millions d’emplois nets moins optimiste et table sur un apport du ont été créés entre mai 2020 et février 2021, plan de relance américain de 0,3 point à la les mois de mars et d’avril 2020 avaient croissance européenne, dont 0,2 point en connu une destruction record de 22,4 mil- 2022. lions d’emplois nets. L’OCDE prévoit maintenant une croissance Le gouvernement américain a mis sur pied de l’économie américaine de +6,5% cette un énorme plan de relance qui, conjugué à année et de +4,0% en 2022. 16 Tendances économiques no 61 Contexte international
Depuis le début de l’année toutefois, sont 2.2.2 La Zone euro apparus plusieurs éléments qui éclair- cissent quelque peu les perspectives de Avec l’expansion de la pandémie de Co- l’économie européenne. vid-19 au deuxième trimestre, la Zone euro • Premièrement, les bonnes nouvelles sur aura connu le plus fort recul de son PIB de- le front médical. L’apparition de vaccins puis la Deuxième Guerre mondiale. L’activi- homologués permet d’avancer les dates té s’est effondrée de -11,6% au deuxième de sortie de la pandémie en Europe à la trimestre par rapport au premier. Ce dernier fin de l’été, même si les débuts de la enregistrait déjà un recul de -3,8% avec le campagne semblent poussifs dans cer- confinement intervenu à la mi-mars dans tains pays européens. nombre de pays européens. • Deuxièmement, en plus des plans natio- Cependant, au troisième trimestre, un rebond naux de soutien à l’économie, comme en important a comblé une partie de la chute : Allemagne ou en France, un accord a pu +12,5% par rapport au deuxième trimestre. Il a être conclu entre les États membres sur été porté par toutes les composantes de la l’enveloppe de 1 800 milliards consacrée demande, particulièrement les investisse- au soutien des économies. Au sein de ments (+13,9%) et la consommation privée cet accord, le Program Nextgenera- (+14,1%), les ménages ayant puisé dans leur tion-EU couvre 750 milliards dans les- épargne forcée. Malheureusement, la re- quels s’inscrit le Plan sur la Relance et la crudescence de l’épidémie à l’automne a de Résilience. Les plans nationaux ne nouveau freiné l’activité sur les derniers mois doivent être déposés que fin avril. Dès de l’année, le PIB accusant un nouveau recul lors, ils ne sont pas encore intégrés dans de -0,7% (avec un recul notable de la consom- les prévisions conjoncturelles euro- mation des ménages de -3,0%). Mais si, à la fin péennes de ce début d’année. Ces bud- de l’année dernière, le reconfinement partiel a gets importants viennent s’ajouter aux touché surtout les services, la construction et politiques de soutien de la Banque cen- l’industrie poursuivaient leur redressement. trale européenne (BCE) déjà en cours, En janvier, la production dans la construction notamment de rachats nets d’actifs pro- n’était plus que de -1,9% inférieure à son ni- longés jusque fin mars 2022 et dont les veau de janvier 2020. Quant à la production montants ont été augmentés. Tous ces dans l’industrie, elle dépassait en janvier de plans sont une bonne nouvelle en termes +0,1% son niveau d’un an auparavant. de demande attendue mais également Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB de la pour un soutien à la confiance des Zone euro a reculé de -6,8%, soit une dimi- agents. Ils devraient avoir des effets d’en- nution beaucoup plus importante que lors traînement sur l’investissement des en- de la crise de 2009 (-4,5%). treprises. Depuis notre dernière édition, l’ampleur de • Troisièmement, l’inflation reste très mo- la récession en 2020 s’est toutefois révélée dérée : +0,9% en février selon l’estimation moins importante que prévu, traduisant la flash d’Eurostat (+1,2% en excluant l’éner- résilience de l’économie européenne. Au gie) alors que des effets techniques tem- mois d’octobre dernier, le recul du PIB en poraires ont poussé à la hausse, comme 2020 était encore estimé à -8,3%. les changements du panier de consom- mation pendant la crise ou la fin de la Cependant, dans ces premiers mois de l’an- baisse de la TVA en Allemagne. Les pré- née 2021, la recrudescence du nombre de visions tablent encore sur une croissance contaminations dans de nombreux pays a faible de l’inflation en 2021 et 2022. contraint à de nouveaux confinements par- tiels qui ont pesé sur l’activité. Selon la BCE, • Enfin, l’accord sur le Brexit a été signé fin le premier trimestre devrait se solder par un 2020, même si des points doivent encore nouveau recul de -0,4% du PIB. faire l’objet de négociations ultérieures. 17 Tendances économiques no 61 Contexte international
Cet accord tant attendu lève une partie travail. Nombre de personnes sont en effet des incertitudes qui pesaient sur l’éco- découragées par l’accès difficile à celui-ci nomie européenne puisque les échanges dans le contexte de la pandémie. De plus, ne seront pas frappés par des mesures les mesures de chômage temporaire décré- tarifaires (droits de douane et/ou quo- tées par les gouvernements prendront fin tas). Néanmoins, la sortie du Royaume- selon un calendrier non déterminé actuelle- Uni du marché unique induit une série de ment. Ces incertitudes ont pesé sur le moral barrières dites « non tarifaires », si bien des ménages alors que la détérioration du que la Commission estime que le Brexit marché du travail pourrait être moins forte coûtera quand même 0,5 point à la crois- qu’anticipée, comme le montrent les prévi- sance européenne d’ici la fin 2022. Le sions des organismes internationaux. Si on Royaume-Uni, quant à lui, perdrait -2,25 suit les données de l’indicateur flash d’Eu- points de croissance. rostat sur la confiance des ménages en mars, elle serait revenue à des niveaux Du côté des ménages, la confiance a stagné proches de sa moyenne de long terme. Une depuis l’automne, les ménages craignant amélioration de la confiance des ménages une forte détérioration du marché du travail soutiendra la consommation privée, celle-ci dans les prochains mois. Le taux de chô- pourra être alimentée également par les mage était de 8,1% en janvier 2021, après importants excédents d’épargne accumu- s’être élevé à 8,7% en juillet 2020. Sa diminu- lés en 2020. Le taux d’épargne des ménages tion est lente. Il est loin d’avoir rejoint son était de 17,3% au quatrième trimestre (contre niveau d’avant la crise (7,4% en décembre 24,6% au deuxième). En fin d’année dernière, 2019) et, actuellement, il est difficile d’éva- il était encore supérieur de 4,4 points à celui luer l’importance des retraits du marché du du dernier trimestre 2019. Graphique 2.4 : Évolution des indicateurs de confiance issus des enquêtes auprès des ménages et des entreprises dans la Zone euro 3,0 Confiance des chefs d'entreprises dans l'industrie 2,0 Confiance des consommateurs 1,0 0,0 -1,0 -2,0 -3,0 -4,0 2007.01 2009.01 2011.01 2013.01 2015.01 2017.01 2019.01 2021.01 Source : Directorate General for Economic and Financial Affairs (DG ECFIN) – Calculs : IWEPS 18 Tendances économiques no 61 Contexte international
La situation des entreprises dépend de la na- cités de production au premier trimestre de ture de leur activité, les entreprises de ser- cette année (77,7%) n’est pas encore revenu vices étant beaucoup plus pénalisées que au niveau du quatrième trimestre 2019 l’industrie. Toutes bénéficient de prêts garan- (81,0%), les entreprises manufacturières tis par l’état, mais au quatrième trimestre pourraient relancer progressivement leurs 2020, les banques ont durci les conditions plans d’investissement à mesure que la de- d’accès aux crédits. Seules les entreprises mande se raffermit dans le courant de l’an- manufacturières ont vu leurs perspectives née 2021. À l’inverse, l’indice des services très fortement s’améliorer selon les enquêtes reste en deçà de la limite des 50 points sépa- auprès des directeurs d’achats (PMI Markit) : rant l’expansion du recul de l’activité. En 63,0 points en mars selon l’estimation flash, mars, il n’atteint que 48,8 points, toujours se- rejoignant les sommets de 2018. L’activité in- lon l’estimation flash, ce secteur étant parti- dustrielle est soutenue par une hausse des culièrement touché par les mesures de commandes et des exportations. Au mois de confinement et de distanciation sociale. Au janvier, comme nous le mentionnons plus total, l’indice composite de l’activité en Zone haut, la production a déjà rejoint son niveau euro vient cependant de sortir du rouge : 52,5 d’avant la crise (+0,1% par rapport à janvier points en mars (estimation flash), contre en- 2020). Même si le taux d’utilisation des capa- core 48,8 points en février. Graphique 2.5 : Évolution attendue du PIB de la Zone euro et des États-Unis entre 2019 et 2022 (indice 100 = 4e trimestre 2019) 110 105 100 95 90 Zone euro - 19 pays Etats-Unis 85 80 2019.IV 2020.I 2020.II 2020.III 2020.IV 2021.I 2021.II 2021.III 2021.IV 2022.I 2022.II 2022.III 2022.IV Sources : Zone euro BCE, mars 2021, USA : profil trimestriel du Consensus forecasts, mars 2021 adapté aux prévisions annuelles OCDE mars 2021 tenant compte du plan de relance américain– Calculs : IWEPS 19 Tendances économiques no 61 Contexte international
Toutes ces nouvelles permettent d’envisa- soutenue devrait être observée, dans un ger le bout du tunnel. La BCE prévoit un re- contexte de rattrapage d’une partie de la bond important de la croissance au deu- demande latente qui n’a pas pu se concréti- xième trimestre de cette année (+1,3% par ser jusqu’alors (dépenses de loisirs, tou- rapport au premier). La consommation des risme, horeca…) et bien entendu de mise en ménages devrait progressivement re- place des divers plans de relance à l’échelle prendre à partir du deuxième trimestre de internationale. Sur l’ensemble de l’année cette année à mesure que les incertitudes 2020, selon l’OCDE, le PIB de la Zone euro disparaîtront et que la levée des mesures devrait enregistrer une croissance de +3,9% de confinement progressera. Le regain de (+4,0% selon la BCE). La reprise devrait se confiance qui est attendu devrait leur per- poursuivre à un rythme très soutenu durant mettre de puiser largement dans leur une bonne partie de l’an prochain, si bien épargne. Leur investissement en logement qu’en 2022 l’OCDE prévoit une croissance devrait suivre le même chemin. Au second du PIB en moyenne annuelle d’un niveau semestre, une croissance particulièrement comparable à celui de cette année. Les principales économies de la Zone euro Les différentes économies européennes la santé retrouvée de l’industrie et aux dé- n’ont pas été toutes touchées de la même penses de consommation de biens (plus façon par l’épidémie. La structure même que de services), le PIB allemand a pu des économies des différents pays en- croître encore de +0,3%. traîne également un positionnement diffé- Si, en ce début d’année, l’économie alle- rent face à la reprise. mande souffre encore de la faiblesse de la Allemagne demande de ses partenaires et des pertur- bations dans l’offre, elle bénéficiera à partir Après dix ans de croissance, le PIB alle- du deuxième trimestre d’une embellie de mand a reculé de -5,3%1. L’activité manu- son activité industrielle. Les carnets de com- facturière, fleuron de l’économie alle- mandes sont en effet bien remplis et la mande, a chuté l’année dernière de -10,4%, confiance des industriels élevée. Dans ce cli- touchée par les perturbations dans les mat, aidé de plus par les mesures de soutien chaînes d’approvisionnement et une faible du gouvernement aux entreprises, l’investis- demande. L’investissement a reculé de sement pourrait commencer à reprendre. -3,5% en 2020, dont -12,5% en machines et Une fois la confiance des ménages raffer- équipements2. Quant aux ménages, selon mie, la consommation privée devrait bénéfi- le rapport de la Commission européenne, cier de l’épargne accumulée. Sur l’ensemble ils ont vu leurs salaires diminuer de -0,4%, de l’année 2021, l’économie allemande de- après avoir connu une hausse de +2,9% en vrait croître de +3,0%. La croissance cette an- 2019. La consommation privée s’est réduite née devrait cependant être freinée par une de -6,0% malgré une hausse légère des re- inflation plus importante que dans la Zone venus avec les mesures de soutien à l’em- euro, +2,3% selon la Commission, due à un ploi mises en place. Selon l’OCDE, le taux effet de rebond mécanique lié à la fin d’une d’épargne aurait bondi à 16,6% en 2020 période de TVA réduite et à de nouvelles (contre 10,9% en 2019). taxes sur l’énergie. Le PIB allemand revien- Après une chute de -9,7% au deuxième tri- dra à son niveau du quatrième trimestre mestre par rapport au premier, l’assouplis- 2019 au premier trimestre 2022. sement des restrictions et la reprise du France commerce extérieur ont permis au PIB d’enregistrer une croissance de +8,5% au La France a été particulièrement touchée troisième. Au quatrième trimestre, grâce à par l’épidémie de Covid-19 et ses consé- 1 PIB prix et calendrier ajustés (Statistisches Bundesamt). Sans l’effet calendrier, -5,0%. 2 PIB prix ajustés (Statistisches Bundesamt). 20 Tendances économiques no 61 Contexte international
quences économiques. Le PIB a reculé Même si les restrictions sanitaires conti- l’année dernière de -8,2%. Le deuxième tri- nuent de peser sur l’activité, 2021 s’ouvre mestre a enregistré une baisse de -13,5% sur de meilleures perspectives. Le secteur par rapport au premier, qui reculait déjà de de la construction et surtout l’industrie, -5,9%. Le redressement au troisième tri- secteur important en Italie, ont maintenu mestre a été spectaculaire (+18,5%), mais la un niveau d’activité élevé. Selon les en- recrudescence de l’épidémie au quatrième quêtes Markit auprès des directeurs trimestre et le reconfinement partiel ont d’achats, le secteur manufacturier enre- pesé sur l’activité économique et, contrai- gistre des indices très élevés : 56,9 points, rement à l’Allemagne, le PIB s’est de nou- au plus haut depuis 37 mois, et 54,8 points veau réduit de -1,4%. Une diminution pour la construction. Au total, l’indice com- moindre devrait être observée au premier posite dépasse les 50 points en février, trimestre de cette année avec une frontière indiquant la hausse de l’activité, consommation et une activité des services avec 51,4 points, contre 48,8 points pour toujours moroses. les services. Ces derniers sont particulière- ment pénalisés dans l’activité touristique À partir du deuxième trimestre, l’économie très importante en Italie. La part élevée de devrait bénéficier d’une levée progressive touristes provenant de pays hors Europe des restrictions et aussi des effets du Plan sanctionnera encore l’économie italienne national de relance de 100 milliards d’eu- pour la seconde partie de l’année. ros. Les mesures de chômage partiel et le fonds de solidarité pour les entreprises et Soutenu par les plans à l’investissement les indépendants sont maintenus encore dans le logement (Superbonus 110%) ou pendant le premier semestre 2021. Le deu- dans les entreprises (Tranzione 4.0, crédits xième semestre devrait enregistrer les ef- d’impôt à l’investissement) et par la reprise fets du Plan de relance dont le montant mondiale qui renforcera sa demande au- s’élève à 1,6% du PIB cette année, dont près de l’industrie italienne, le PIB italien 0,7% financé par le gouvernement via le devrait croître de +4,1% en 2021, subissant Plan européen « La facilité pour la reprise l’effet du recul du quatrième trimestre et la résilience ». Une accélération de la 2020. Le retour au niveau d’activité du qua- consommation et des exportations est trième trimestre 2019 n’est pas annoncé également attendue. avant 2023. Sur l’ensemble de l’année 2021, la crois- Espagne sance du PIB devrait atteindre +5,9%. L’éco- L’Espagne a été le pays où l’économie a nomie française ne devrait pas rejoindre connu le plus fort recul en 2020 : -11,0%. son niveau du quatrième trimestre 2019 Comme l’Italie, après deux premiers tri- avant la fin de cette année. mestres qui ont vu chuter le PIB de respec- Italie tivement -5,3% et -17,9% par rapport au tri- mestre précédent, un rebond important a Premier pays européen touché par la pan- été observé au troisième trimestre : +16,4%. démie, l’Italie a enregistré en 2020 une Le quatrième trimestre, contrairement à chute de son PIB de -8,9%. Après un recul l’Italie, a poursuivi son redressement avec trimestriel de son PIB de -5,5% et -13,0% au +0,4%. Si, dès le mois d’août, des mesures premier et au deuxième trimestre 2020, de reconfinement partiel ont été prises l’activité a fortement rebondi au troisième dans plusieurs régions, elles ont été moins (+15,9%) récupérant ainsi les trois quarts de sévères qu’ailleurs en Europe. son recul. Malheureusement, la reprise de l’épidémie dans les derniers mois de l’an- Au début 2021, la recrudescence du née et les mesures de restrictions consé- nombre de cas a entraîné des mesures cutives ont de nouveau entraîné une forte plus restrictives dans beaucoup de ré- diminution de l’activité de -1,9%. gions. En février, les indices de l’industrie 21 Tendances économiques no 61 Contexte international
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