N 61 TENDANCES ÉCONOMIQUES - Analyse et prévisions conjoncturelles - Iweps

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N 61 TENDANCES ÉCONOMIQUES - Analyse et prévisions conjoncturelles - Iweps
L’Institut wallon de l’évaluation,
        de la prospective et de la statistique

TENDANCES ÉCONOMIQUES
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                                                   0
N° 61
            Analyse et prévisions                  2
            conjoncturelles
                                                   1
COLOPHON
Les Tendances économiques présentées ci-dessous ont
été élaborées par : Sébastien BRUNET
                    Frédéric CARUSO
                    Marc DEBUISSON
                    Matthieu DELPIERRE
                    Didier HENRY
                    Evelyne ISTACE
                    Virginie LOUIS
                    Olivier MEUNIER
                    Régine PAQUE
                    Vincent SCOURNEAU
                    Valérie VANDER STRICHT

Sous le conseil scientifique de Vincent BODART, Institut de
recherches économiques et sociales (IRES-UCL)

Éditeur responsable : Sébastien Brunet
                      (Administrateur général, IWEPS)

Création graphique : Déligraph

Mise en page :       Snel Grafics SA, Vottem
                     www.snel.be

Dépôt Légal :        D/2021/10158/7

Reproduction autorisée, sauf à des fins commerciales,
moyennant mention de la source.

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                            Institut wallon de l’évaluation, de la
                                 prospective et de la statistique

                                 Route de Louvain-La-Neuve,2
                                    5001 BELGRADE - NAMUR

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                                                  info@iweps.be

2
TABLE DES
MATIÈRES

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        PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES
        DE LA WALLONIE POUR LA PÉRIODE 2020-2021

 11     CONTEXTE INTERNATIONAL
                       2.1. La croissance mondiale......................................................................................... 12
                       2.2.	La situation conjoncturelle des États-Unis
                             et de la Zone euro...................................................................................................... 16
                       2.3.	Les risques sur le scénario de reprise
                             de l’économie internationale............................................................................ 23
                       2.4.	La politique monétaire, l’évolution des taux longs
                             et le marché des changes.................................................................................. 24

29      TENDANCES ÉCONOMIQUES EN WALLONIE
                       3.1. L’activité économique............................................................................................ 30
      CAHIER3.2. Le commerce extérieur........................................................................................ 39
         3.3. La demande intérieure......................................................................................... 45
        		    3.3.1. Les ménages................................................................................................. 45
        		    3.3.2. Les entreprises.............................................................................................. 52
        		    3.3.3. Le secteur public......................................................................................... 59
         3.4. L’évolution de l’emploi.......................................................................................... 60

        Analyses terminées le 25 mars 2021

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    Tendances économiques no 61
CHAPITRE 1
PERSPECTIVES MACRO-ÉCONOMIQUES DE
LA WALLONIE POUR LA PÉRIODE 2020-2021

                                                                                   5
                             Tendances économiques no 61
         Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
abreuvé les banques commerciales de li-
    Une crise et des réactions                    quidités et sont intervenues directement
        sans précédent                            sur les marchés financiers afin d’endiguer
                                                  une crise de confiance qui menaçait d’am-
L’année 2020 a vu l’économie mondiale se          plifier la dépression économique.
contracter au rythme le plus sévère enre-         Sur le plan macroéconomique, pendant la
gistré depuis la Deuxième Guerre mondiale.        première vague de la pandémie, la préser-
D’après le FMI, le nombre de pays ayant af-       vation des capacités productives et du pou-
fiché un recul de l’activité a atteint un re-     voir d’achat des ménages a permis ensuite,
cord. L’économie wallonne n’a pas dérogé à        lors de l’assouplissement progressif des me-
la règle, avec une contraction estimée du         sures à partir de la fin mai, en Belgique et
PIB de l’ordre de -6% en moyenne annuelle.        plus généralement en Europe, que s’amorce
En raison de la dégradation de la situation       un vif rebond de l’activité économique tout
sanitaire et des mesures drastiques prises        au long des mois d’été. Cette embellie esti-
par les gouvernements pour en limiter l’im-       vale puise une partie de sa vigueur dans la
pact sur le système de santé, l’ensemble          relance très soutenue des activités indus-
des indicateurs conjoncturels dans les éco-       trielles et des échanges commerciaux inter-
nomies occidentales se sont effondrés vers
                                                  nationaux, portée d’abord par le rebond pré-
des niveaux jamais atteints au cours du
                                                  coce      de    l’économie     chinoise.  Les
printemps de l’année dernière. Le blocage
                                                  exportations et les investissements des en-
brutal des activités de production et de
                                                  treprises wallonnes se sont ainsi redressés
consommation a été très largement répan-
                                                  de manière spectaculaire au cours de l’été.
du, tant sectoriellement que géographi-
                                                  L’économie wallonne a aussi profité l’été der-
quement, si bien que l’ensemble des com-
                                                  nier du report d’une partie considérable des
posantes externes et internes de la
                                                  dépenses des ménages, « empêchées »
demande se sont inscrites en recul sévère
                                                  lors des semaines de confinement strict. Dès
en Wallonie au cours du deuxième tri-
                                                  lors, la plupart des secteurs wallons ont bé-
mestre 2020. On estime ainsi que le PIB
                                                  néficié d’un rebond remarquable de l’activité
s’est replié de -11% par rapport au trimestre
                                                  au troisième trimestre de l’an dernier, de
précédent (après déjà une baisse de -3% au
                                                  sorte que nous estimons que le PIB a crû de
premier trimestre). Face à cette situation de
                                                  +11% sur une base trimestrielle. La récupéra-
crise inédite, les principales économies
                                                  tion du niveau de l’activité demeurait encore
avancées ont adopté des politiques mas-
                                                  incomplète, mais l’économie wallonne sem-
sives de soutien aux ménages et aux entre-
                                                  blait alors sur une trajectoire favorable de
prises, permettant d’éviter ce qui aurait pu
                                                  reprise qui aurait pu permettre de combler
devenir un véritable glissement de nos so-
                                                  assez rapidement le retard de production et
ciétés vers l’abîme. D’une part, des mesures
                                                  de consommation accusé au printemps.
budgétaires d’une ampleur sans précédent
se sont attachées à maintenir la viabilité fi-    Cette expérience récente sous-tend notre
nancière des entreprises à court de ren-          scénario d’une reprise soutenue de l’écono-
trées et à préserver au mieux l’emploi et les     mie au cours des prochains mois, lorsque la
revenus des ménages. En Belgique, cela            situation sanitaire aura pu se stabiliser plus
s’est traduit notamment par un accès facili-      durablement. Néanmoins, force est de
té des entreprises et des indépendants aux        constater que ce scénario de reprise a été
dispositifs de chômage temporaire et de           mis entre parenthèses, en Wallonie comme
droit-passerelle, ainsi que par des aides di-     plus globalement en Europe, à la suite des
rectes aux entreprises dont l’activité était à    rebonds épidémiques successifs. En effet,
l’arrêt ou fortement ralentie par la crise sa-    la recrudescence de la pandémie à l’au-
nitaire. D’autre part, les politiques moné-       tomne et le durcissement des règles d’en-
taires ont joué un rôle fondamental. Les          diguement ont douché les espoirs d’une
principales banques centrales ont en effet        récupération rapide de l’activité. Alors que

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                                               Tendances économiques no 61
                           Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
le secteur industriel, moins affecté par les        un retournement de situation d’ici l’été, lors-
mesures restrictives, a pu poursuivre son           qu’une bonne part de la population adulte
redressement, une grande partie des ser-            aura pu être vaccinée.
vices, qui reposent davantage sur une inte-
                                                    En dépit du caractère balbutiant de la re-
raction sociale, ont de nouveau souffert des        prise à très court terme, les perspectives de
fermetures imposées mais aussi d’une                croissance économique pour les trimestres
adaptation des habitudes de consomma-               à venir semblent donc globalement bien
tion. Le PIB de la Zone euro s’est ainsi à nou-     plus favorables qu’elles ne l’étaient encore
veau contracté au dernier trimestre de 2020         il y a quelques mois. Un ensemble de fac-
et devrait enregistrer une nouvelle diminu-         teurs plaident pour une reprise écono-
tion au premier trimestre de cette année.           mique soutenue dès l’instant où la situation
En Wallonie, la réouverture de certains com-        sur le plan sanitaire se sera apaisée, à
merces, à la suite de la levée progressive du       l’image de ce qui s’était produit à l’été 2020.
confinement de l’automne, n’a probable-             Ainsi, sur le plan international, les premiers
ment pas empêché un recul du niveau de              résultats tangibles de la vaccination à
l’activité au quatrième trimestre, d’autant         grande échelle sont à présent apparents,
plus que la production industrielle régionale       au moins dans les pays les plus avancés
s’est tassée en toute fin d’année. En outre, le     dans la campagne. Par ailleurs, la relance
maintien à l’arrêt de tout un pan de l’écono-       budgétaire monstre adoptée par Washing-
mie, prévu a minima jusqu’au mois de mai            ton devrait stimuler l’activité économique
2021 (concernant les secteurs de l’horeca, du       américaine et constituer un solide soutien
loisir et de l’événementiel notamment), que         au développement du commerce interna-
renforce la nouvelle suspension de l’activité       tional. Les pays membres de la Zone euro
des métiers dits « de contact » et les nou-         se sont eux aussi accordés sur un plan de
velles restrictions imposées aux commerces          relance européen, auquel s’ajoutent les
« non essentiels » pendant quatre semaines          plans nationaux, comme ceux importants
à partir du 27 mars, devrait affaiblir la crois-    adoptés par la France ou l’Allemagne, et qui
sance économique sur l’ensemble du pre-             devraient contribuer à relancer la dyna-
mier semestre de cette année.                       mique des échanges industriels intra-euro-
                                                    péens, avec des conséquences favorables
                                                    pour les exportations wallonnes que nous
     La vaccination offre                           anticipons en deuxième partie d’année.
 aujourd’hui des perspectives
  plus crédibles de reprise
                                                        Reportée, la relance de la
Nos économies mènent actuellement une                    demande devrait quand
véritable course contre la montre. Dans les               même se confirmer au
semaines à venir, la tension devrait rester               troisième trimestre en
intense entre la progression des cam-                            Wallonie
pagnes de vaccination, dont dépendent les
calendriers d’assouplissement des me-               En Wallonie, la préservation de l’emploi et
sures en place, et la recrudescence des             du pouvoir d’achat apporte un socle à la re-
nouvelles infections et des hospitalisations.       lance de la demande intérieure, tandis que
De la synthèse de ces deux forces antago-           les cessations d’activités sont restées très
nistes, découlera le rythme auquel l’activité       limitées jusqu’à présent. Outre une dégra-
économique évoluera au cours des toutes             dation soudaine de la situation sanitaire, le
prochaines semaines. Si, pour l’heure, la           retrait précoce des politiques publiques de
progression du virus tient la corde dans            soutien, à l’instar de ce qui avait été observé
cette course terrible, les espoirs sont à pré-      après la crise financière de 2008-2009,
sent grands de pouvoir assister en Europe à         constitue un risque pour notre prévision.

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                                                 Tendances économiques no 61
                             Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
Notre scénario retient donc l’hypothèse que        dustrielle tend à se normaliser. Cependant,
l’emploi et les activités contraintes conti-       les pertes prolongées de chiffre d’affaires
nueront à être aidés au cours des prochains        ont érodé les fonds propres des entreprises
mois, considérant que l’effort qui reste vrai-     alors que les possibilités de recours à l’em-
semblablement à fournir est faible par rap-        prunt bancaire s’amenuisent, particulière-
port à celui consenti jusqu’ici.                   ment en Wallonie où le risque de faillite (et
                                                   donc de défaut) demeure plus élevé.
Les dispositifs publics de maintien de l’em-
ploi et de l’activité, comme le chômage            La reprise attendue de la demande régio-
temporaire ou le droit-passerelle pour les         nale s’inscrit dans un redressement généra-
indépendants, ont contribué à la mise sous         lisé sur le plan national et international mais
cloche du marché du travail. Elles ont été         son rythme est essentiellement dicté par
prolongées jusqu’à la mi-2021. En parallèle,       les progrès de la vaccination. Le renforce-
les signes d’une redynamisation potentielle        ment des mesures de confinement décidé
apparaissent, tant dans l’intérim, qu’au ni-       fin mars ne devrait pas modifier fondamen-
veau des postes vacants et des opportuni-          talement ce scénario. En effet, cet incré-
tés d’emploi. Par ailleurs, les prévisions         ment aux mesures touchant le plus nette-
d’emploi que formulent les chefs d’entre-          ment les services reposants sur un contact
prise en Wallonie se sont sensiblement re-         direct avec la clientèle se veut temporaire.
levées : dans la construction, d’abord, dans       La rigueur de ce tour de vis, bien moins
l’industrie, ensuite, puis dans les services       marqué qu’au printemps 2020, est du même
aux entreprises et même dans le commerce           ordre que lors du reconfinement de l’au-
récemment, avant l’annonce des dernières           tomne. Son impact sur le PIB demeurerait
mesures. Plus généralement, les indices de         ainsi limité. En outre, dans de nombreux
la confiance des entrepreneurs se sont re-         secteurs, les méthodes de production ou
dressés depuis l’automne.                          de vente se sont déjà largement adaptées
                                                   aux exigences de distanciation sociale. En-
Au cours des prochains mois, les pertes
                                                   fin, des effets de report sur le troisième tri-
d’emplois et de revenus devraient dès lors
                                                   mestre pourraient atténuer l’impact de ces
rester limitées, favorisant un raffermisse-
                                                   récentes restrictions, dans un contexte ca-
ment progressif de la confiance des
                                                   ractérisé par une épargne forcée impor-
consommateurs wallons. Dans les en-
                                                   tante et une relance budgétaire forte.
quêtes mensuelles de la BNB, les ménages
se sont finalement montrés peu inquiets de         La consommation privée devrait dès lors se
leur situation financière tout en relevant leur    renforcer en deuxième partie d’année,
intention d’épargne. Leurs inquiétudes se          compensant partiellement les privations
portaient surtout sur la situation macroéco-       encore concédées ce printemps. Néan-
nomique générale et le chômage. Les pre-           moins, cette évolution attendue ne donne-
mières se sont largement estompées au              rait lieu qu’à une reprise partielle (+3,0%) sur
deuxième semestre de 2020, les secondes            l’ensemble de l’année, en raison d’un taux
ont commencé à s’atténuer depuis le début          d’épargne des ménages encore élevé au
de l’année 2021.                                   cours des prochains mois (14,9% en
                                                   moyenne en 2021). Profitant d’un acquis de
La reprise des investissements des entre-
                                                   croissance déjà important, les investisse-
prises semble, elle, déjà s’être en partie en-
                                                   ments des entreprises progresseraient,
clenchée au cours du deuxième semestre
                                                   eux, de +7,5% en 2021 (après un recul de
de 2020, encouragée par une politique
                                                   -8,0% l’année passée).
d’aide résolue aux entreprises et l’améliora-
tion des perspectives économiques inter-           Quant à la demande extérieure, bien qu’elle
nationales. L’incertitude a reflué, les antici-    soit stimulée par les perspectives interna-
pations de la demande par les chefs                tionales, sa progression devrait encore se
d’entreprise wallons se sont raffermies et         révéler modérée en ce début d’année. En
l’utilisation des capacités de production in-      effet, la demande intérieure demeure en-

8
                                                Tendances économiques no 61
                            Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
core fragile dans un premier temps chez            risation très nette des situations vécues par
nos partenaires européens, en particulier          différentes catégories d’acteurs. Ainsi, peut-
en France, et les difficultés d’approvisionne-     on relever la situation financière précaire
ment ne sont pas encore aplanies. Par ail-         des petites entreprises, que ne connaissent
leurs, les échanges avec le Royaume-Uni            pas les grandes entreprises qui bénéficient
devraient d’abord ralentir, contrecoup du          d’opportunités de financement souvent
rebond qui résultait de l’anticipation du          plus favorables pour faire face à la crise. Les
Brexit en 2020. La croissance des exporta-         catégories professionnelles ont également
tions s’intensifierait en deuxième partie          été touchées de manière très différenciée
d’année, portant leur croissance annuelle à        par la crise. D’un côté, certains ménages ont
+6,0% sur l’année 2021. Endéans l’année, la        connu une réduction substantielle de leur
croissance de trimestre à trimestre des im-        pouvoir d’achat, que ce soit via une perte
portations pourrait dépasser celle des ex-         d’emploi ou une réduction de leur activité
portations en raison du rebond sensible de         (chômage temporaire ou fermeture pour
la demande intérieure wallonne. Mais sur           les indépendants). Tandis que d’un autre
l’ensemble de l’année, la contribution nette       côté, une grande part des ménages, géné-
de la demande extérieure au PIB devrait            ralement parmi les plus qualifiés, ont pu
s’avérer positive (+0,5 point de PIB).             poursuivre leur activité à domicile (télétra-
Suivant ce scénario, la croissance écono-          vail) sans perte de revenu. Enfin, la dimen-
mique en Wallonie s’établirait à +4,1% en 2021.    sion du genre est aussi une ligne de démar-
En fin d’année, le PIB de la Wallonie se trou-     cation durant cette crise.
verait à environ 1% du niveau qui était le sien    Les politiques de sortie de crise devraient
deux ans plus tôt. Cette croissance de l’acti-     ainsi se fonder non sur une amélioration
vité économique devrait s’accompagner              moyenne mais s’attaquer à la correction de
d’une timide progression de l’emploi (+0,1%).      ces différences, afin de rétablir plus de jus-
Outre son caractère incomplet, la reprise          tice sociale et d’assurer une meilleure co-
pourrait également se révéler asymétrique.         hésion sociale, déterminants indispen-
La crise a en effet mis en lumière une pola-       sables à la prospérité de nos sociétés.

                                                                                                      9
                                                Tendances économiques no 61
                            Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
Tableau 1.1. : Affectation du PIB : prévisions du taux de croissance annuel en volume

                                                                               2020                                        2021

                                                                 Zone                                     Zone
                                                                              Belgique      Wallonie                     Belgique       Wallonie
                                                                 euro                                     euro

     Dépenses de consommation finale privée                            -8,0         -8,7          -7,2          3,0               4,0         3,0
     Dépenses de consommation finale des administra-
                                                                       1,2          -0,9          -0,9          2,9               1,9         1,9
     tions publiques

     Formation brute de capital fixe                                   -8,3         -7,8          -7,4          5,5               9,1         8,6
      des entreprises, indépendants et ISBL                               -         -8,2          -8,0               -            8,0         7,5
      des ménages                                                         -         -8,1          -6,5               -        10,4            5,0
      des administrations publiques                                       -         -4,6          -6,0               -        12,8           13,2
     Variation des stocks1
                                                                       -0,3           0,8         -0,5          0,3               0,0         0,1
     Exportations nettes de biens et services 1
                                                                       -0,4         -0,5          -0,1          0,6               0,3         0,5
      Exportations 3
                                                                       -9,4         -5,7          -4,2          7,5               6,0         6,0
      Importations   3
                                                                       -9,2         -5,1          -4,6          6,6               5,6         5,6
     Produit intérieur brut aux prix du marché    2
                                                                      -6,8          -6,3         -5,9          3,9            5,0            4,1
     Emploi                                                            -1,6           0,0         0,0          -0,2               0,3         0,1
 (1) Contribution à la croissance annuelle du PIB (hors solde du commerce interrégional pour la Wallonie).
 (2) Variation annuelle corrigée pour les jours ouvrables.
 (3) Y compris les échanges intra-Zone euro pour 2021
 Sources : Zone euro : 2020 Eurostat ; 2021 Banque centrale européenne (mars 2021) et OCDE (mars 2021) ; PIB (dif-
 férence avec OCDE : -0,1 point). Données ICN et estimations IWEPS pour la Belgique et la Wallonie.

 Prévisions arrêtées le 25 mars 2021

10
                                                     Tendances économiques no 61
                                 Perspectives macro-économiques de la wallonie pour la période 2020-2021
CHAPITRE 2
 CONTEXTE INTERNATIONAL

                                   11
     Tendances économiques no 61
         Contexte international
2.1
LA CROISSANCE
MONDIALE

L’économie mondiale montre une résilience                   sé à la baisse l’ampleur de la récession
plus forte qu’attendu face à l’épidémie de                  mondiale de l’année dernière, maintenant
Covid-19. Cette dernière a cependant para-                  estimée à -3,4%, contre -4,2% encore en dé-
lysé des pans entiers de l’activité sur tous                cembre.
les continents depuis plus d’un an. Les pré-                La crise sanitaire aura détourné la croissance
visions de croissance du PIB mondial éta-                   de l’économie mondiale de sa trajectoire en-
blies par les organismes internationaux ne                  core envisagée fin 2019. Le PIB mondial au
cessent d’être revues à la hausse. L’Organi-                deuxième trimestre de cette année devrait
sation de coopération et de développement                   déjà revenir au niveau enregistré avant la
économiques (OCDE) prévoit maintenant                       crise (quatrième trimestre 2019). En fin 2022,
(mars 2021) une croissance mondiale de                      la croissance mondiale aura toutefois perdu
+5,6% en 2021, contre seulement +4,2% en                    2,5 points par rapport aux prévisions de l’OC-
décembre dernier. De même, l’OCDE a révi-                   DE de novembre 2019 (cf. graphique 2.1).

     Graphique 2.1 : Évolution du PIB mondial (indice 100 = 4e trimestre 2019)

       110

       108

       106

       104

       102

       100

        98

        96
                                                                                     Prévisions OCDE novembre 2019

        94
                                                                                     Prévisions OCDE mars 2021
        92

        90
         2019.IV   2020.I   2020.II   2020.III   2020.IV     2021.I   2021.II   2021.III   2021.IV   2022.I   2022.II   2022.III   2022.IV

 Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire mars 2021 – Calculs : IWEPS

12
                                                           Tendances économiques no 61
                                                               Contexte international
Tableau 2.1 : Croissance du PIB mondial et des principales économies entre 2019 et
 2022 (glissement annuel en %)

                                            2019            2020             2021            2022
Monde                                               2,7             -3,4             5,6             4,0
États-Unis                                          2,2             -3,5             6,5             4,0
Zone euro                                           1,3             -6,8             3,9             3,8
         Allemagne                                  0,6             -5,3             3,0             3,7
         France                                     1,5             -8,2             5,9             3,8

         Italie                                     0,3             -8,9             4,1             4,0
         Espagne                                    2,0            -11,0             5,7             4,8
Royaume-Uni                                         1,4             -9,9             5,1             4,7
Japon                                               0,7             -4,8             2,7             1,8
Chine                                               6,1             2,3              7,8             4,9
Inde 1                                              4,2             -7,4            12,6             5,4
Afrique du Sud                                      0,2             -7,2             3,0             2,0
Argentine                                          -2,2            -10,5             4,6             2,1
Brésil                                              1,1             -4,4             3,7             2,7
Russie                                              1,3             -3,6             2,7             2,6

1 Année fiscale

Sources : OECD.stat, complété par OECD, Economic outlook, december 2020 (2019), OCDE (2021), Perspectives
économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire mars 2021, Éditions OCDE, Paris (2020 et prévisions 2021-22)

Deux éléments, le redémarrage rapide de               déployé des plans d’investissement en in-
l’économe chinoise et les plans de relance            frastructure accompagnés d’une politique
hors normes américains (cf. section 2.2.1 Les         monétaire accommodante. De plus, la pan-
États-Unis), soutiennent une reprise mon-             démie a été rapidement enrayée, ce qui a
diale plus précoce et plus forte que ce               permis à l’activité de reprendre. La produc-
qu’annonçaient les prévisions il y a quelques         tion et les exportations se sont rapidement
mois.                                                 envolées. La machine de production
                                                      chinoise s’est remise en marche pour ré-
La résistance de l’économie chinoise déjà             pondre à la forte demande pour certains
mentionnée dans notre précédente édition              types de produits au niveau mondial (maté-
s’est confirmée. Le PIB chinois est le seul           riel médical, composantes informatiques…).
parmi les zones économiques importantes               Même si les indicateurs PMI Caixin, qui anti-
à ne pas avoir reculé en 2020 : sa croissance         cipent l’activité tant dans les services que
a atteint l’année dernière +2,3%. Première            dans l’activité manufacturière, sont moins
touchée par la pandémie, la Chine a été               hauts qu’en fin d’année dernière, ils in-
aussi le premier pays à redresser son éco-            diquent encore largement une expansion
nomie. Pour alimenter la reprise, le gouver-          de ces secteurs d’activité dans les prochains
nement chinois, suivant sa recette habi-              mois. Le PIB chinois devrait enregistrer une
tuelle lors de difficultés conjoncturelles, a         hausse de +7,8% en 2021.

                                                                                                            13
                                                   Tendances économiques no 61
                                                       Contexte international
Graphique 2.2 : Évolution du commerce mondial (indice 100 = juin 2019)

       150

       140             Commerce mondial

                       Exportations Asie émergente (hors Chine)
       130             Exportations Zone euro

                       Exportations USA
       120
                       Exportations Chine

       110

       100

        90

        80

        70

        60
         2019.06    2019.08      2019.10     2019.12    2020.02     2020.04    2020.06   2020.08    2020.10   2020.12

 Source : Centraal Planbureau (NL) – Calculs : IWEPS

Les autres économies asiatiques bénéfi-                  treindre sa production en février et en mars,
cient de ce regain de l’activité chinoise et de          l’OPEP+ (OPEP et dix autres pays produc-
la reprise de la demande mondiale. Bien                  teurs, dont la Russie) voulant réduire les
que les chaînes d’approvisionnement ne                   stocks excédentaires de pétrole. Les prix
soient pas totalement rétablies et que la lo-            devraient toutefois, selon le Consensus Fo-
gistique des transports souffre encore du                recasts, tourner en moyenne autour de 62
désordre occasionné sur les échanges par                 dollars en 2021 et 2022, et si ce scénario est
la pandémie, les exportations des pays asia-             respecté, l’impact sera limité sur l’inflation
tiques émergents sont en forte hausse.                   des autres économies.
La demande chinoise en matières pre-                     Au-delà des économies asiatiques et des
mières a également poussé à la hausse                    pays producteurs de matières premières,
leurs prix, enclenchant également un sou-                c’est toute l’économie mondiale qui redé-
tien important aux économies des pays pro-               marre plus rapidement qu’anticipé. Les indi-
ducteurs. Les prix du pétrole se sont rapide-            cateurs JP Morgan sur l’économie mondiale,
ment redressés, le cours du Brent de la Mer              tirés des enquêtes auprès des directeurs
du Nord atteignant les 70 dollars le baril dé-           d’achats, montrent des différences moins
but mars. La hausse de la demande mon-                   marquées entre l’activité manufacturière et
diale n’est cependant pas la seule cause de              celle des services. Ces différences étaient
cette envolée. Du côté de l’offre, l’Arabie              beaucoup plus marquées à l’automne der-
Saoudite a une nouvelle fois décidé de res-              nier. Cependant, les indicateurs manufactu-

14
                                                       Tendances économiques no 61
                                                           Contexte international
Graphique 2.3 : Évolution mensuelle du cours du Brent en dollar par baril

     120

    100

     80

     60

     40

     20

      0
      2014.01           2015.01           2016.01          2017.01        2018.01      2019.01       2020.01   2021.01

Source : U.S. Energy Information Administration (EIA) – Calculs : IWEPS

riers de l’économie mondiale atteignent ac-                l’inverse, dans les services, les indices JP
tuellement des niveaux historiquement                      Morgan sont à peine revenus à leur niveau
élevés. Les nouvelles commandes d’expor-                   d’avant la crise, mais les nouvelles com-
tations dans l’industrie manufacturière, se-               mandes à l’exportation dans ce secteur
lon ces mêmes enquêtes JP Morgan, enre-                    restent en dessous des 50 points, confir-
gistrent de hauts niveaux en février. À                    mant toujours leur recul attendu.

                                                                                                                         15
                                                        Tendances économiques no 61
                                                            Contexte international
2.2
LA SITUATION CONJONCTURELLE
DES ÉTATS-UNIS ET DE LA ZONE EURO

                                                      une campagne de vaccination rapide et effi-
        2.2.1 Les États-Unis                          cace, devrait regonfler la confiance des mé-
                                                      nages.
Au dernier trimestre 2020, la croissance du
                                                      Venant s’ajouter aux 2 200 milliards déblo-
PIB américain était de +1,0% par rapport au           qués en mars 2020, en décembre dernier, le
trimestre précédent. Cette bonne perfor-              Consolidated Appropriations Act a apporté
mance traduit la forte résilience de l’écono-         900 milliards supplémentaires pour soutenir
mie américaine à la pandémie de Covid-19,             la relance. Un chèque de 600 dollars par
alors que les États-Unis sont un des pays             personne a notamment été octroyé. Toute-
les plus touchés. L’économie a été impac-             fois, tant que la confiance des ménages
tée dès le premier trimestre (-1,3% au pre-           américains ne se rétablit pas, une grande
mier par rapport au trimestre précédent). Au          partie des sommes allouées aux ménages
deuxième, le PIB a enregistré une chute de            gonflera leur épargne. En janvier, malgré
-9,0%. Mais dès le troisième trimestre, s’est         une augmentation sur un mois de 11,0% en
dessiné un rebond spectaculaire de +7,5%.             taux annuel du revenu disponible réel des
Au cours des deux derniers trimestres,                Américains, les dépenses réelles de
toutes les composantes de la demande in-              consommation n’ont enregistré qu’une aug-
térieure sont reparties à la hausse y compris         mentation de +2,0% (rythme annuel), le taux
l’investissement. Par contre, le commerce             d’épargne atteignant un nouveau sommet
extérieur pesait sur la croissance. Sur l’en-         avec 20,5% (33,7% en avril).
semble de l’année 2020, le PIB n’a reculé
que de -3,5%.                                         En ce début d’année 2021, un nouveau plan
                                                      de relance historique, pour un montant sup-
L’économie américaine, en ce début d’an-              plémentaire de 1 900 milliards de dollars, a
née, semble toujours sur le chemin d’une re-          été voté. Il va doper la croissance de l’écono-
prise vigoureuse. Les enquêtes auprès des             mie américaine. Selon l’OCDE, les milliards
directeurs d’achats, tant des services que de         prévus, représentant 8,5% du PIB, devraient
l’industrie manufacturière (PMI), atteignent          entraîner une envolée du PIB de 3 à 4% sup-
des niveaux historiques, anticipant une re-           plémentaires entre le deuxième trimestre de
prise forte de l’activité. Celle-ci devrait pous-     2021 et le trimestre correspondant de 2022.
ser à la reprise des investissements.                 Le cinquième de la somme prévue prend la
Toutefois, selon les enquêtes de l’Université         forme d’un chèque pour les ménages.
du Michigan, la confiance des ménages res-            Ce plan a des conséquences bénéfiques
tait faible encore en février, les craintes du        au-delà de l’économie américaine. L’OCDE
chômage étant encore bien présentes. Ce               estime jusqu’à 0,5 point la croissance sup-
dernier s’élevait toujours à 6,2% en février,         plémentaire qu’il engendrera sur les PIB
après un sommet de 14,8% en avril 2020.               chinois et européens jusqu’en 2022. La
Pour rappel, il n’était que de 3,5% en février        Banque centrale européenne (en mars) est
2020. Même si 12,9 millions d’emplois nets            moins optimiste et table sur un apport du
ont été créés entre mai 2020 et février 2021,         plan de relance américain de 0,3 point à la
les mois de mars et d’avril 2020 avaient              croissance européenne, dont 0,2 point en
connu une destruction record de 22,4 mil-             2022.
lions d’emplois nets.
                                                      L’OCDE prévoit maintenant une croissance
Le gouvernement américain a mis sur pied              de l’économie américaine de +6,5% cette
un énorme plan de relance qui, conjugué à             année et de +4,0% en 2022.

16
                                                    Tendances économiques no 61
                                                        Contexte international
Depuis le début de l’année toutefois, sont
         2.2.2 La Zone euro                          apparus plusieurs éléments qui éclair-
                                                     cissent quelque peu les perspectives de
Avec l’expansion de la pandémie de Co-               l’économie européenne.
vid-19 au deuxième trimestre, la Zone euro
                                                     •   Premièrement, les bonnes nouvelles sur
aura connu le plus fort recul de son PIB de-
                                                         le front médical. L’apparition de vaccins
puis la Deuxième Guerre mondiale. L’activi-
                                                         homologués permet d’avancer les dates
té s’est effondrée de -11,6% au deuxième
                                                         de sortie de la pandémie en Europe à la
trimestre par rapport au premier. Ce dernier
                                                         fin de l’été, même si les débuts de la
enregistrait déjà un recul de -3,8% avec le
                                                         campagne semblent poussifs dans cer-
confinement intervenu à la mi-mars dans
                                                         tains pays européens.
nombre de pays européens.
                                                     •   Deuxièmement, en plus des plans natio-
Cependant, au troisième trimestre, un rebond
                                                         naux de soutien à l’économie, comme en
important a comblé une partie de la chute :
                                                         Allemagne ou en France, un accord a pu
+12,5% par rapport au deuxième trimestre. Il a
                                                         être conclu entre les États membres sur
été porté par toutes les composantes de la
                                                         l’enveloppe de 1 800 milliards consacrée
demande, particulièrement les investisse-
                                                         au soutien des économies. Au sein de
ments (+13,9%) et la consommation privée
                                                         cet accord, le Program Nextgenera-
(+14,1%), les ménages ayant puisé dans leur
                                                         tion-EU couvre 750 milliards dans les-
épargne forcée. Malheureusement, la re-
                                                         quels s’inscrit le Plan sur la Relance et la
crudescence de l’épidémie à l’automne a de
                                                         Résilience. Les plans nationaux ne
nouveau freiné l’activité sur les derniers mois
                                                         doivent être déposés que fin avril. Dès
de l’année, le PIB accusant un nouveau recul
                                                         lors, ils ne sont pas encore intégrés dans
de -0,7% (avec un recul notable de la consom-
                                                         les prévisions conjoncturelles euro-
mation des ménages de -3,0%). Mais si, à la fin
                                                         péennes de ce début d’année. Ces bud-
de l’année dernière, le reconfinement partiel a
                                                         gets importants viennent s’ajouter aux
touché surtout les services, la construction et
                                                         politiques de soutien de la Banque cen-
l’industrie poursuivaient leur redressement.
                                                         trale européenne (BCE) déjà en cours,
En janvier, la production dans la construction
                                                         notamment de rachats nets d’actifs pro-
n’était plus que de -1,9% inférieure à son ni-
                                                         longés jusque fin mars 2022 et dont les
veau de janvier 2020. Quant à la production
                                                         montants ont été augmentés. Tous ces
dans l’industrie, elle dépassait en janvier de
                                                         plans sont une bonne nouvelle en termes
+0,1% son niveau d’un an auparavant.
                                                         de demande attendue mais également
Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB de la             pour un soutien à la confiance des
Zone euro a reculé de -6,8%, soit une dimi-              agents. Ils devraient avoir des effets d’en-
nution beaucoup plus importante que lors                 traînement sur l’investissement des en-
de la crise de 2009 (-4,5%).                             treprises.
Depuis notre dernière édition, l’ampleur de          •   Troisièmement, l’inflation reste très mo-
la récession en 2020 s’est toutefois révélée             dérée : +0,9% en février selon l’estimation
moins importante que prévu, traduisant la                flash d’Eurostat (+1,2% en excluant l’éner-
résilience de l’économie européenne. Au                  gie) alors que des effets techniques tem-
mois d’octobre dernier, le recul du PIB en               poraires ont poussé à la hausse, comme
2020 était encore estimé à -8,3%.                        les changements du panier de consom-
                                                         mation pendant la crise ou la fin de la
Cependant, dans ces premiers mois de l’an-
                                                         baisse de la TVA en Allemagne. Les pré-
née 2021, la recrudescence du nombre de
                                                         visions tablent encore sur une croissance
contaminations dans de nombreux pays a
                                                         faible de l’inflation en 2021 et 2022.
contraint à de nouveaux confinements par-
tiels qui ont pesé sur l’activité. Selon la BCE,     •   Enfin, l’accord sur le Brexit a été signé fin
le premier trimestre devrait se solder par un            2020, même si des points doivent encore
nouveau recul de -0,4% du PIB.                           faire l’objet de négociations ultérieures.

                                                                                                         17
                                                   Tendances économiques no 61
                                                       Contexte international
Cet accord tant attendu lève une partie              travail. Nombre de personnes sont en effet
      des incertitudes qui pesaient sur l’éco-             découragées par l’accès difficile à celui-ci
      nomie européenne puisque les échanges                dans le contexte de la pandémie. De plus,
      ne seront pas frappés par des mesures                les mesures de chômage temporaire décré-
      tarifaires (droits de douane et/ou quo-              tées par les gouvernements prendront fin
      tas). Néanmoins, la sortie du Royaume-               selon un calendrier non déterminé actuelle-
      Uni du marché unique induit une série de             ment. Ces incertitudes ont pesé sur le moral
      barrières dites « non tarifaires », si bien          des ménages alors que la détérioration du
      que la Commission estime que le Brexit               marché du travail pourrait être moins forte
      coûtera quand même 0,5 point à la crois-             qu’anticipée, comme le montrent les prévi-
      sance européenne d’ici la fin 2022. Le               sions des organismes internationaux. Si on
      Royaume-Uni, quant à lui, perdrait -2,25             suit les données de l’indicateur flash d’Eu-
      points de croissance.                                rostat sur la confiance des ménages en
                                                           mars, elle serait revenue à des niveaux
Du côté des ménages, la confiance a stagné                 proches de sa moyenne de long terme. Une
depuis l’automne, les ménages craignant                    amélioration de la confiance des ménages
une forte détérioration du marché du travail               soutiendra la consommation privée, celle-ci
dans les prochains mois. Le taux de chô-                   pourra être alimentée également par les
mage était de 8,1% en janvier 2021, après                  importants excédents d’épargne accumu-
s’être élevé à 8,7% en juillet 2020. Sa diminu-            lés en 2020. Le taux d’épargne des ménages
tion est lente. Il est loin d’avoir rejoint son            était de 17,3% au quatrième trimestre (contre
niveau d’avant la crise (7,4% en décembre                  24,6% au deuxième). En fin d’année dernière,
2019) et, actuellement, il est difficile d’éva-            il était encore supérieur de 4,4 points à celui
luer l’importance des retraits du marché du                du dernier trimestre 2019.

     Graphique 2.4 : Évolution des indicateurs de confiance issus des enquêtes auprès
     des ménages et des entreprises dans la Zone euro

         3,0
                                                           Confiance des chefs d'entreprises
                                                           dans l'industrie

         2,0                                               Confiance des consommateurs

         1,0

        0,0

        -1,0

        -2,0

        -3,0

        -4,0
          2007.01         2009.01          2011.01          2013.01          2015.01            2017.01   2019.01   2021.01

 Source : Directorate General for Economic and Financial Affairs (DG ECFIN) – Calculs : IWEPS

18
                                                        Tendances économiques no 61
                                                            Contexte international
La situation des entreprises dépend de la na-             cités de production au premier trimestre de
ture de leur activité, les entreprises de ser-            cette année (77,7%) n’est pas encore revenu
vices étant beaucoup plus pénalisées que                  au niveau du quatrième trimestre 2019
l’industrie. Toutes bénéficient de prêts garan-           (81,0%), les entreprises manufacturières
tis par l’état, mais au quatrième trimestre               pourraient relancer progressivement leurs
2020, les banques ont durci les conditions                plans d’investissement à mesure que la de-
d’accès aux crédits. Seules les entreprises               mande se raffermit dans le courant de l’an-
manufacturières ont vu leurs perspectives                 née 2021. À l’inverse, l’indice des services
très fortement s’améliorer selon les enquêtes             reste en deçà de la limite des 50 points sépa-
auprès des directeurs d’achats (PMI Markit) :             rant l’expansion du recul de l’activité. En
63,0 points en mars selon l’estimation flash,             mars, il n’atteint que 48,8 points, toujours se-
rejoignant les sommets de 2018. L’activité in-            lon l’estimation flash, ce secteur étant parti-
dustrielle est soutenue par une hausse des                culièrement touché par les mesures de
commandes et des exportations. Au mois de                 confinement et de distanciation sociale. Au
janvier, comme nous le mentionnons plus                   total, l’indice composite de l’activité en Zone
haut, la production a déjà rejoint son niveau             euro vient cependant de sortir du rouge : 52,5
d’avant la crise (+0,1% par rapport à janvier             points en mars (estimation flash), contre en-
2020). Même si le taux d’utilisation des capa-            core 48,8 points en février.

 Graphique 2.5 : Évolution attendue du PIB de la Zone euro et des États-Unis entre
 2019 et 2022 (indice 100 = 4e trimestre 2019)

       110

      105

      100

       95

       90
                                                                              Zone euro - 19 pays

                                                                              Etats-Unis

       85

       80
             2019.IV 2020.I    2020.II 2020.III 2020.IV    2021.I   2021.II   2021.III 2021.IV   2022.I   2022.II 2022.III 2022.IV

Sources : Zone euro BCE, mars 2021, USA : profil trimestriel du Consensus forecasts, mars 2021 adapté aux prévisions annuelles OCDE mars 2021
tenant compte du plan de relance américain– Calculs : IWEPS

                                                                                                                                           19
                                                       Tendances économiques no 61
                                                           Contexte international
Toutes ces nouvelles permettent d’envisa-                            soutenue devrait être observée, dans un
ger le bout du tunnel. La BCE prévoit un re-                         contexte de rattrapage d’une partie de la
bond important de la croissance au deu-                              demande latente qui n’a pas pu se concréti-
xième trimestre de cette année (+1,3% par                            ser jusqu’alors (dépenses de loisirs, tou-
rapport au premier). La consommation des                             risme, horeca…) et bien entendu de mise en
ménages devrait progressivement re-                                  place des divers plans de relance à l’échelle
prendre à partir du deuxième trimestre de                            internationale. Sur l’ensemble de l’année
cette année à mesure que les incertitudes                            2020, selon l’OCDE, le PIB de la Zone euro
disparaîtront et que la levée des mesures                            devrait enregistrer une croissance de +3,9%
de confinement progressera. Le regain de                             (+4,0% selon la BCE). La reprise devrait se
confiance qui est attendu devrait leur per-                          poursuivre à un rythme très soutenu durant
mettre de puiser largement dans leur                                 une bonne partie de l’an prochain, si bien
épargne. Leur investissement en logement                             qu’en 2022 l’OCDE prévoit une croissance
devrait suivre le même chemin. Au second                             du PIB en moyenne annuelle d’un niveau
semestre, une croissance particulièrement                            comparable à celui de cette année.

    Les principales économies de la Zone euro
    Les différentes économies européennes                             la santé retrouvée de l’industrie et aux dé-
    n’ont pas été toutes touchées de la même                          penses de consommation de biens (plus
    façon par l’épidémie. La structure même                           que de services), le PIB allemand a pu
    des économies des différents pays en-                             croître encore de +0,3%.
    traîne également un positionnement diffé-
                                                                      Si, en ce début d’année, l’économie alle-
    rent face à la reprise.
                                                                      mande souffre encore de la faiblesse de la
    Allemagne                                                         demande de ses partenaires et des pertur-
                                                                      bations dans l’offre, elle bénéficiera à partir
    Après dix ans de croissance, le PIB alle-
                                                                      du deuxième trimestre d’une embellie de
    mand a reculé de -5,3%1. L’activité manu-
                                                                      son activité industrielle. Les carnets de com-
    facturière, fleuron de l’économie alle-
                                                                      mandes sont en effet bien remplis et la
    mande, a chuté l’année dernière de -10,4%,
                                                                      confiance des industriels élevée. Dans ce cli-
    touchée par les perturbations dans les
                                                                      mat, aidé de plus par les mesures de soutien
    chaînes d’approvisionnement et une faible
                                                                      du gouvernement aux entreprises, l’investis-
    demande. L’investissement a reculé de
                                                                      sement pourrait commencer à reprendre.
    -3,5% en 2020, dont -12,5% en machines et
                                                                      Une fois la confiance des ménages raffer-
    équipements2. Quant aux ménages, selon
                                                                      mie, la consommation privée devrait bénéfi-
    le rapport de la Commission européenne,
                                                                      cier de l’épargne accumulée. Sur l’ensemble
    ils ont vu leurs salaires diminuer de -0,4%,
                                                                      de l’année 2021, l’économie allemande de-
    après avoir connu une hausse de +2,9% en
                                                                      vrait croître de +3,0%. La croissance cette an-
    2019. La consommation privée s’est réduite
                                                                      née devrait cependant être freinée par une
    de -6,0% malgré une hausse légère des re-
                                                                      inflation plus importante que dans la Zone
    venus avec les mesures de soutien à l’em-
                                                                      euro, +2,3% selon la Commission, due à un
    ploi mises en place. Selon l’OCDE, le taux
                                                                      effet de rebond mécanique lié à la fin d’une
    d’épargne aurait bondi à 16,6% en 2020
                                                                      période de TVA réduite et à de nouvelles
    (contre 10,9% en 2019).
                                                                      taxes sur l’énergie. Le PIB allemand revien-
    Après une chute de -9,7% au deuxième tri-                         dra à son niveau du quatrième trimestre
    mestre par rapport au premier, l’assouplis-                       2019 au premier trimestre 2022.
    sement des restrictions et la reprise du
                                                                      France
    commerce extérieur ont permis au PIB
    d’enregistrer une croissance de +8,5% au                          La France a été particulièrement touchée
    troisième. Au quatrième trimestre, grâce à                        par l’épidémie de Covid-19 et ses consé-

1
     PIB prix et calendrier ajustés (Statistisches Bundesamt). Sans l’effet calendrier, -5,0%.
2
     PIB prix ajustés (Statistisches Bundesamt).

20
                                                                  Tendances économiques no 61
                                                                      Contexte international
quences économiques. Le PIB a reculé              Même si les restrictions sanitaires conti-
l’année dernière de -8,2%. Le deuxième tri-       nuent de peser sur l’activité, 2021 s’ouvre
mestre a enregistré une baisse de -13,5%          sur de meilleures perspectives. Le secteur
par rapport au premier, qui reculait déjà de      de la construction et surtout l’industrie,
-5,9%. Le redressement au troisième tri-          secteur important en Italie, ont maintenu
mestre a été spectaculaire (+18,5%), mais la      un niveau d’activité élevé. Selon les en-
recrudescence de l’épidémie au quatrième          quêtes Markit auprès des directeurs
trimestre et le reconfinement partiel ont         d’achats, le secteur manufacturier enre-
pesé sur l’activité économique et, contrai-       gistre des indices très élevés : 56,9 points,
rement à l’Allemagne, le PIB s’est de nou-        au plus haut depuis 37 mois, et 54,8 points
veau réduit de -1,4%. Une diminution              pour la construction. Au total, l’indice com-
moindre devrait être observée au premier          posite dépasse les 50 points en février,
trimestre de cette année avec une                 frontière indiquant la hausse de l’activité,
consommation et une activité des services         avec 51,4 points, contre 48,8 points pour
toujours moroses.                                 les services. Ces derniers sont particulière-
                                                  ment pénalisés dans l’activité touristique
À partir du deuxième trimestre, l’économie
                                                  très importante en Italie. La part élevée de
devrait bénéficier d’une levée progressive
                                                  touristes provenant de pays hors Europe
des restrictions et aussi des effets du Plan
                                                  sanctionnera encore l’économie italienne
national de relance de 100 milliards d’eu-
                                                  pour la seconde partie de l’année.
ros. Les mesures de chômage partiel et le
fonds de solidarité pour les entreprises et       Soutenu par les plans à l’investissement
les indépendants sont maintenus encore            dans le logement (Superbonus 110%) ou
pendant le premier semestre 2021. Le deu-         dans les entreprises (Tranzione 4.0, crédits
xième semestre devrait enregistrer les ef-        d’impôt à l’investissement) et par la reprise
fets du Plan de relance dont le montant           mondiale qui renforcera sa demande au-
s’élève à 1,6% du PIB cette année, dont           près de l’industrie italienne, le PIB italien
0,7% financé par le gouvernement via le           devrait croître de +4,1% en 2021, subissant
Plan européen « La facilité pour la reprise       l’effet du recul du quatrième trimestre
et la résilience ». Une accélération de la        2020. Le retour au niveau d’activité du qua-
consommation et des exportations est              trième trimestre 2019 n’est pas annoncé
également attendue.                               avant 2023.
Sur l’ensemble de l’année 2021, la crois-         Espagne
sance du PIB devrait atteindre +5,9%. L’éco-
                                                  L’Espagne a été le pays où l’économie a
nomie française ne devrait pas rejoindre
                                                  connu le plus fort recul en 2020 : -11,0%.
son niveau du quatrième trimestre 2019
                                                  Comme l’Italie, après deux premiers tri-
avant la fin de cette année.
                                                  mestres qui ont vu chuter le PIB de respec-
Italie                                            tivement -5,3% et -17,9% par rapport au tri-
                                                  mestre précédent, un rebond important a
Premier pays européen touché par la pan-
                                                  été observé au troisième trimestre : +16,4%.
démie, l’Italie a enregistré en 2020 une
                                                  Le quatrième trimestre, contrairement à
chute de son PIB de -8,9%. Après un recul
                                                  l’Italie, a poursuivi son redressement avec
trimestriel de son PIB de -5,5% et -13,0% au
                                                  +0,4%. Si, dès le mois d’août, des mesures
premier et au deuxième trimestre 2020,
                                                  de reconfinement partiel ont été prises
l’activité a fortement rebondi au troisième
                                                  dans plusieurs régions, elles ont été moins
(+15,9%) récupérant ainsi les trois quarts de
                                                  sévères qu’ailleurs en Europe.
son recul. Malheureusement, la reprise de
l’épidémie dans les derniers mois de l’an-        Au début 2021, la recrudescence du
née et les mesures de restrictions consé-         nombre de cas a entraîné des mesures
cutives ont de nouveau entraîné une forte         plus restrictives dans beaucoup de ré-
diminution de l’activité de -1,9%.                gions. En février, les indices de l’industrie

                                                                                                  21
                                                Tendances économiques no 61
                                                    Contexte international
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