N 8 / octobre 2013 Caritas.mag - Agir ensemble Stimuler les synergies autour de l'entreprise sociale - Caritas Fribourg
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N° 8 / octobre 2013 Caritas.mag Agir ensemble Stimuler les synergies autour de l’entreprise sociale Sozialunternehmen fördern Nous sommes solidaires Fribourg | Freiburg
Sommaire Editorial Petra Del Curto, directrice Caritas Fribourg L’entreprise sociale contre la pauvreté Agir ensemble pour l’entreprise sociale 4 Les Caritas régionales de Suisse romande (Fribourg, 4 Genève, Jura, Neuchâtel, Vaud) se donnent les moyens d’agir avec plus d’efficacité dans le domaine de l’entre prise sociale en se dotant d’une plateforme de gestion de la connaissance et des compétences. En partageant la connaissance et leurs compé- tences, les acteurs du réseau Caritas de Suisse romande Une entreprise peut elle être «sociale» dans une encouragent la création et stimulent leurs entreprises sociales. économie de marché? 7 réponse avec Sophie Swaton. Interview de Jürg Brechbühl, directeur de l’Office fédéral des Assurances Sociales (OFAS) 7 Lutter contre la pauvreté avec l’entreprise sociale 10 Commentaire de Bruno Bertschy, responsable secteur suisse et réseau de Caritas Suisse. Robin Cornelius, portrait intime 11 .12 Le fondateur de Switcher puise sa force dans l’échange avec les autres. Caritas Fribourg . Coup d’Pouce: objectif, l’insertion par l’activité économique. Coup d’Pouce: objectif, l’insertion par l’activité économique 12 A Fribourg, la recherche d’un logement est un parcours de plus en plus difficile pour les plus pauvres. SucréSalé, ein Restaurant mit sozialen Ziel setzungen, das erst noch rentiert 14 SucréSalé hat – zusammen mit Swisscom und der Migros – 2011 den Ethikpreis der Hochschule für Ingenieurwesen und Management des Kantons Waadt erhalten. Integration in den Arbeitsmarkt – die öffent lichen Hilfen reichen nicht immer aus 16 Um Personen, die Ausbildungsprobleme haben, p rogressiv in den Arbeitsmarkt zu integrieren, « reichen die öffent .14 lichen Hilfen nicht immer aus», meint Pietro Fabrizio. ENTREPRISE SOCIALE ET SucréSalé, ein Restaurant mit sozialen Zielset- SOCIAL BUSINESS 18 zungen, das erst noch rentiert Seit mehr als drei Jahren behauptet sich ein Restaurant «mit sozialen Zielsetzungen, das Dienstleistungen von Caritas Freiburg aber trotzdem gewinnbringend ist», gegen die Konkurrenz. Prestations de Caritas Fribourg 19 2 Caritas.mag 8/13 Photo couverture (Michel et Abdullah de ProTravail) © Sedrik Nemeth
Editorial L’entreprise sociale contre la pauvreté Lutter contre la pauvreté, c’est aussi don Durant les années septante à nonante, ner une possibilité aux personnes vulné Caritas Fribourg a permis à plusieurs orga rables de s’insérer dans le monde du travail. nisations actives dans le domaine de l’inté Concilier les impératifs de productivité avec gration professionnelle et sociale de voir le les objectifs d’intégration professionnelle et jour. On peut rappeler notamment le mar sociale est un défi de taille. De nombreuses ché de deuxième main Coup d’pouce, les institutions et entreprises cherchent à le re Fondations Tremplin et Les Buissonets. lever, afin d’offrir des places adaptées aux En 2012, les Caritas régionales ro compétences de chacun. mandes se sont associées à l’Institut en in Plusieurs mesures et incitations co novation publique et gestion durable de la existent dans le dispositif de réinsertion so Haute école de gestion de Fribourg pour cioprofessionnelle du canton de Fribourg. faire avancer la réflexion et développer des Elles ont pour but de favoriser le retour sur synergies dans ce domaine. le marché du travail, ou aussi d’offrir des Au fil des pages dédiées à Fribourg, vous alternatives d’insertion dans le marché du pourrez lire les réflexions sur les défis qui se travail secondaire. présentent à la Fondation Emploi et Solida La thématique est d’actualité. Les en rité et ses centres Coup d’Pouce. Un autre Petra Del Curto treprises sociales ont récemment été iden article vous permettra de découvrir l’ori Directrice Caritas Fribourg tifiées par le Conseil fédéral comme moyen gine de la Crêperie Sucrésalé, son engage d’action dans son Programme national de ment social et les enjeux actuels à relever. prévention et de lutte contre la pauvreté Les réflexions de deux entrepreneurs 2014–2018. complètent cette édition, à savoir celles de Le Rapport sur le chômage de longue Pietro Fabrizio, directeur de la Clinique durée, présenté en juin dernier par les au Générale de Fribourg, et Roby Noris, di torités cantonales fribourgeoises, attribue recteur de Caritas Tessin. lui aussi aux entreprises sociales un rôle J’espère que le thème des entreprises so dans les politiques cantonales d’aide aux ciales retiendra votre intérêt, comme il re chômeurs. tient le nôtre à Caritas Fribourg, et je vous De nombreuses associations et fon souhaite une bonne lecture. dations, dont la plupart des Caritas de Romandie et du Tessin, proposent des ac tivités qualifiées d’entreprises sociales. Impressum Caritas.mag – Le magazine des Caritas (Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Vaud) paraît deux fois par an. Tirage global: 31 321 ex./Tirage Caritas Fribourg: 2300 ex. Responsable d’édition: Petra Del Curto, directrice Caritas Fribourg Rédactrice en cheffe: Corinne Jaquiéry/Rédaction: Jacques Berset Maquette/Impression: Stämpfli Publications SA Caritas Fribourg/Caritas Freiburg Rte André Piller 2 | Case postale | Postfach 62 | 1762 Givisiez | 026 321 18 54 | www.caritas-fribourg.ch | www.caritas-freiburg.ch | info@caritas-fr.ch Photo editorial © Romano Riedo 8/13 Caritas.mag 3
L’entreprise sociale pour agir ensemble En partageant la connaissance et leurs pratiques autour de l’entreprise sociale, les Caritas régionales de Suisse romande veulent stimuler la lutte contre la pauvreté. Analyse et reportage à Lausanne et Neuchâtel. et définitions admis par le réseau européen de ce que préconise la Confédération dans Textes: Corinne Jaquiéry, photos: Sedrik Nemeth de recherche en entreprise sociale (EMES), son programme national de prévention et ProTravail fait partie des entreprises analy- de lutte contre la pauvreté présenté en mai «ProTravail a été ma dernière chance», sou- sées lors d’une étude menée par Haute école dernier. ligne Michel qui a pu intégrer, il y a deux de gestion de Fribourg (HEG). En Suisse, quelques 600 000 personnes ans, après quatre ans de chômage, cette en- Mandatée par cinq Caritas régionales sont touchées par la pauvreté et 400 000 treprise vaudoise spécialisée dans le com- de Suisse romande, Genève, Vaud, Fri- autres en sont menacées. Avoir un emploi merce de détails de pièces démontées et bourg, Neuchâtel et Jura, la HEG Fribourg stable est l’une des clés de prévention contre recyclées pour la maison. Emanation de les a aidés à mettre en place une plateforme l’exclusion et la pauvreté. Ainsi, outre la Caritas Vaud, ProTravail est une fonda- de gestion de la connaissance et des compé- priorité donnée à la formation, la Confé- tion indépendante dont la mission consiste tences en matière d’entreprise sociale. En- dération veut soutenir les exclus de l’emploi à aider les personnes éloignées du marché gagées à divers degrés dans ce domaine, les par des mesures d’accompagnement à la ré- du travail depuis longtemps à retrouver un Caritas régionales souhaitent le dévelop- insertion sociale et professionnelle. Les en- emploi. Entreprise sociale selon les critères per encore davantage dans la droite ligne treprises sociales (ES) constituent une solu- 4 Caritas.mag 8/13 Photos à ProTravail © Sedrik Nemeth
tion intéressante, car elles tiennent compte encore. Novatrices, elles ont de la situation individuelle des personnes pris les devants en décidant concernées. Comme ces ES sont organisées de mettre en commun leur de façon très diverse, il s’agit notamment, connaissance et leurs bonnes dans le cadre du programme national qui pratiques en faisant le point sera lancé l’année prochaine, d’identifier les sur l’existant pour mutuali- facteurs qui leur permettent d’atteindre cet ser leurs compétences et sti- objectif de réussite sociale. muler l’émergence de nou- veaux projets. Pour ce faire, Une plateforme de gestion de la elles ont demandé à la Haute connaissance et des compétences école de gestion de Fribourg Souvent pionnières dans le cadre de la de les accompagner dans une lutte contre la pauvreté, les Caritas régio- réflexion stratégique. «Nous nales de Suisse romande l’ont été une fois avions déjà collaboré, à satis- 8/13 Caritas.mag 5
Agir ensemble Schéma de la Plateforme dans les entreprises sociales mise en évi- rant un processus très participatif. «La dif- Comm. de dence dans les Caritas de Fribourg, Genève, ficulté des entreprises sociales est de trou- • Tacite à tacite Echanges praques • Tacite à Jura, Neuchâtel et Vaud et d’identifier trois ver l’équilibre entre impératif économique explicite dʼexpériences thèmes importants à approfondir de façon à et impact social. L’identification des compé- faire ressortir un corpus de connaissances tences dans un réseau comme celui de Ca- Extériorisaon: Socialisaon: formalisaon Transmission => de savoir-faire communicaon possible Inventaire commun, et d’autre part de faire émerger ritas permet de maintenir cette exigence. des ES des potentiels projets d’entreprise sociale ex Nous avons été des facilitateurs, mais tout Internalisaon: Combinaison: Corpus de nihilo ou par essaimage. Après plus d’un an le savoir-faire venait du réseau Caritas. Ce Réintégraon du savoir => créaon connaissances => de travail, les Caritas régionales de Suisse sera à lui d’alimenter la plateforme.» romande ont pu tester les avantages de cette Quant à Christine Bitz, cheffe de pro- Nouv. projets Plus-value Stratégie • Explicite •Explicite à à tacite explicite plateforme. jet, elle a notamment coordonné la mise sur Source: Nonaka & Takeuchi pied d’ateliers d’échanges et de diffusion de Bâtir sur l’existant bonnes pratiques pour les collaboratrices faction, avec la HEG pour étudier la faisa- «Notre souhait était de bâtir sur l’existant et collaborateurs des entreprises identifiées bilité du lancement d’une épicerie sociale dans une dynamique d’échange d’exper- comme entreprises sociales par les Caritas dans l’agglomération de Fribourg», sou- tises», relève Jean-Christophe Zuchuat, régionales. Il s’agit de La Fouine, la teintu- ligne Petra del Curto, directrice de Caritas consultant indépendant qui travaillé sur le rerie Point Rouge et Epicerie sociale à Ge- Fribourg. «Quand nous avons décidé de ré- projet avec Laurent Houmard, professeur nève; de l’Espace des Solidarités et Épicerie unir nos forces et nos ambitions dans le do- à la HEG. Ce dernier, qui met en place un sociale à Neuchâtel; de Propul’s et Restau- maine de l’entreprise sociale, j’ai proposé de cursus de formation continue pour les en- verso dans le Jura; de VLSolidaire et Pro- nous adjoindre la HEG de Fribourg pour trepreneurs sociaux, constate par ailleurs Travail dans le canton de Vaud. Christine associer ses compétences scientifiques à nos que les entreprises sociales sont aujourd’hui Bitz rappelle que ces neuf entreprises ont été compétences de terrain et disposer d’une très tendance. Elles font l’objet de plusieurs d’abord visitées pour recueillir des infor- méthodologie de travail pour notre projet». études HEG et universitaires (voir notam- mations sur leur fonctionnement, puis ana- Soutenue par la Loterie Romande, ment Swiss Social Entrepreneurship/Solida- lysées. En rassemblant des professionnels l’étude avait pour objectif la mise en place rity Economy Research Network (SSERN). d’une grande diversité d’entreprises, le pro- d’une plateforme de gestion de la connais- Selon lui, le type de plateforme proposé jet a permis de mettre en évidence la qua- sance et des compétences. Il consistait pour les Caritas permet de générer de la lité du travail des encadrants et de mettre d’une part à identifier les bonnes pratiques connaissance du bas vers le haut en instau- en exergue des bonnes pratiques telles que: 6 Caritas.mag 8/13 Photos à l’Espace des Solidarités © Sedrik Nemeth
– La création de la teinturerie Point Rouge à Genève et le partenariat avec B aechler en vue de former et réinsérer des personnes L’entreprise sociale sur le long terme (image professionnelle et labellisée) innovatrice et solidaire – La mise en place de supports de commu- nication professionnelle par l’entreprise de Chercheuse et spécialiste en économie sociale au Centre restauration et livraison à domicile Espace Walras-Pareto de Lausanne, Sophie Swaton étudie l’émer- des Solidarités à Neuchâtel gence dynamique de l’entrepreneuriat social. – L’approche orientée marché et une com- munication indépendante par l’entreprise «Oui, les entreprises sociales sont ten- de restauration Restau-verso à Delémont dance!» affirme Sophie Swaton. Détentrice – La mise en avant d’une démarche d’en- d’un doctorat en sciences économiques, treprise productive de déconstruction, elle étudie l’économie sociale et solidaire réhabilitation et vente d’éléments/appa (ESS) depuis plusieurs années. Selon la reillage de cuisine par Pro Travail canton chercheuse, les entreprises sociales pro- de Vaud. Cette entreprise propose un mé- posent une alternative crédible au para- canisme d’augmentation de la productivité digme dominant en théorie économique au moyen d’un taux d’occupation et d’un de recherche exclusive de profit. «Elles sont salaire horaire progressifs. vectrices d’innovation et d’adaptation aux nouveaux enjeux de ce millénaire, prenant L’entreprise sociale, une réalité en compte les exigences environnementales contrastée autant que sociales tout en promouvant le On constate que l’appellation «entreprise débat en interne et parmi les citoyens» sou- sociale» recouvre des réalités diverses au ligne l’auteure de Une entreprise peut-elle sein même de Caritas, et elle l’est également être sociale dans une économie de marché? pour la Suisse. Ces entreprises réunissent «Beaucoup de jeunes entrepreneurs se deux dimensions communes: en tant qu’ac- retrouvent dans les valeurs d’égalité pro- teurs économiques, elles assurent une part mues, notamment entre les hommes et les nouveau Charity business avec le social bu- de leur financement par la vente de biens et femmes, de recherche d’écarts salariaux ré- siness, mais à celui de l’ESS pensée comme services, mais leur but est social. En Europe, duits, de valorisation de la mobilité douce un ensemble de pratiques et de valeurs pro- les ES se sont développées dans la mou- ou de valeurs d’intérêts collectifs. Ils ont posant une alternative au modèle domi- vance de l’économie sociale et solidaire. aussi conscience du défi à relever, un ar- nant. En période de récupération idéolo- Avec l’importance croissante du problème bitrage devant sans cesse se faire pour te- gique, fréquente quand un champ d’activité de l’exclusion, les initiatives se sont multi- nir les exigences économiques en équi- est à la mode, il est important de préser- pliées. L’objectif est de promouvoir l’inser- libre avec les valeurs défendues. Or, cela ver son identité et de marquer son appar- tion par le travail de personnes fragilisées n’est pas évident, y compris au niveau de la tenance à une discipline ou à une école de sur le marché du travail (personnes han- participation démocratique qui peut être pensée. Si Caritas peut et veut jouer un rôle dicapées, chômeurs, bénéficiaires de l’aide difficile à mettre en œuvre quand l’entre- dans l’entreprenariat social de type ESS, sociale sans emploi, jeunes sans formation, prise grandit ou quand les difficultés éco- c’est aussi en promouvant en interne, parmi etc.). En l’absence de cadre juridique spé- nomiques apparaissent. Il leur faut sans les collaborateurs, des pratiques en accord cifique en Suisse, les entreprises sociales cesse innover.» Pour Sophie Swaton, l’éco- avec les valeurs de l’ESS, comme la partici- d’insertion se présentent sous des formes nomie sociale est une alternative impor- pation et le management social, mais aussi diverses. Exemple avec l’Espace des Soli- tante au capitalisme pur et dur puisqu’elle la transparence et l’autonomie par rapport darités à Neuchâtel, un programme d’in- représente environ 10% des emplois en Eu- aux collectivités publiques par exemple.» sertion sociale et professionnelle en cui- rope et s’étend dans tous les secteurs. His- sine et un lieu d’accueil soutenu par l’aide toriquement, l’ESS est a-capitaliste. Elle se Face aux scandales de cette dernière sociale du canton. L’Espace des Solidari- constitue dans le contexte des inégalités so- décennie (crise des subprimes, défer- tés, qui sert déjà des repas pour des insti- ciales, proposant une alternative à la fois à lante de suicides chez France Télé- tutions de personnes âgées et à domicile, a l’Etat et au marché. Ce n’est pas un secteur com), les réflexions universitaires et depuis peu été engagé par la Ville de Neu- fourre-tout mais un domaine à part entière les propositions d’actions concrètes affluent: il s’agit de penser et d’entre- châtel pour les repas de midi d’un lieu d’ac- qui se reconnaît dans ses pratiques et va- prendre «autrement». Comment? cueil parascolaire prenant ainsi une vraie lorise l’autonomie, la sienne et celle de ses En se tournant et en faisant davantage dimension d’entreprise sociale. «Une telle membres. Quel regard porte-t-elle sur la de «social». Mais qu’est-ce qu’une entreprise sociale? De entreprise mérite notre soutien car elle in- volonté du réseau Caritas de créer des en- quel secteur relève-t-elle, de «l’économie sociale» ou du business social? La Coop et la Migros sont-elles des en- tègre les personnes exclues du monde du treprises sociales ? «Caritas peut ainsi mon- treprises sociales? Une entreprise peut-elle conserver sa travail. En même temps nous avons des exi- trer clairement son attachement non pas au spécificité sociale et rester efficace? Autant de questions gences de qualité auxquelles nous ne pou- seul domaine de la charité, encore moins au que cet ouvrage vise à clarifier. Photo © UNIL 8/13 Caritas.mag 7
Agir ensemble vons pas déroger. C’est l’occasion rêvée de donnée dans le rapport final de la HEG cadres intermédiaires de nos institutions. faire un essai grandeur nature», souligne pour le bien de leurs entreprises sociales Désormais, nous avons un rapport, des Christine Gaillard, directrice de l’éduca- existantes. Et pour créer une dynamique outils, des pistes de collaborations claire- tion de la Ville de Neuchâtel. Pour Hubert pérenne entre les cinq entités, le but serait ment identifiées», commente Jean-Noël Péquignot, directeur de Caritas Neuchâ- de préparer l’émergence d’un projet com- Maillard, directeur de Caritas Jura. Alors tel, il est très important de faire des ex- mun: la création d’une entreprise logistique que son collègue Pierre-Alain Praz, direc- périences dans le domaine de l’entreprise supra cantonale autour du secteur seconde teur de Caritas Vaud fait un constat ré- sociale. «Nous avons aujourd’hui suffisam- main. jouissant: «Nos collaborateurs foisonnent ment de recul pour constater que certaines d’idées et de projets. J’attends beaucoup de personnes n’arrivent plus à reprendre pieds cette mise en commun des connaissances sur le premier marché du travail. Les entre- «Aucun de nous et des pratiques.» Pour Petra Del Curto, prises sociales ne constituent pas LA solu- directrice de Caritas Fribourg, le partage tion au problème du chômage et de l’aide ne sait ce que de la connaissance va faire évoluer chacun sociale, mais une solution à explorer. Il n’en nous savons tous, dans son expérience et par la même, peut- demeure pas moins que créer une entre- être faire émerger des synergies et des pro- prise sociale constitue un véritable risque ensemble.» jets communs en Suisse romande. Quant à économique et que c’est une tâche com- Euripide Dominique Froidevaux, directeur de Cari- plexe. Un vrai défi.» tas Genève, il rejoint son collègue Hubert Péquignot dans son analyse: «De manière Expérience commune positive Les cinq directrice et directeurs du ré- générale, toute la réflexion et le processus Aux Caritas régionales de Suisse romande seau Caritas en Suisse romande sont satis- liés à cette étude nous ont permis de modi- de se retrousser les manches pour appro- faits de l’expérience. «Nous avions depuis fier notre regard et de nous confronter à des fondir ensemble les questions de la concur- longtemps l’intuition que nous aurions logiques économiques et de concurrence rence, de la communication et des res- à gagner à nous rapprocher, à échanger que nous contournons volontiers dans le sources humaines, une recommandation nos expériences, y compris au niveau des domaine social.» ■ 8 Caritas.mag 8/13 Photos © Sedrik Nemeth
Editorial «Nous voulons maintenir un solide réseau social en Suisse» Directeur de l’OFAS (Office fédéral des assurances sociales) depuis 2012, Jürg Brechbühl doit relever de nombreux défis concernant notamment le durcissement de l’AI et la réforme de l’AVS. Cela fait une année que vous êtes a mis l’accent sur les racines de la pauvreté nelle (CII) entre notamment l’AI, l’assurance directeur de l’OFAS. Quel bilan pou- qui sont souvent liées à un déficit de com- chômage et l’aide sociale pour favoriser l’in- vez-vous en tirer? pétences. Nous allons donc miser sur l’éga- sertion ou la réinsertion des personnes en Nous avons commencé avec une nouvelle lité des chances dans la formation, la ré- difficulté et réduire ainsi le nombre de nou- équipe au département de l’Intérieur dirigé insertion et l’accompagnement des jeunes. velles rentes (48% de nouvelles rentes AI en par Alain Berset, nouveau conseiller fédéral moins depuis 2003). Une entreprise sociale et une nouvelle équipe à l’OFAS. Notre pre- Les différentes rentes ne s’amenui- peut effectivement servir de passerelle avant mière réussite, c’est que nous jouons dans le sent-elles pas malgré tout? de réintégrer les gens dans le marché pri- même orchestre et nos violons sont accor- Notre réforme de la prévoyance vieillesse maire. dés. Notre objectif commun est de préparer 2020 a comme objectif le maintien et la ga- la grande réforme sur la prévoyance vieil- rantie des prestations. Les rentes de l’AVS Seriez-vous pour une aide sociale lesse et de mettre un rapport en consulta- doivent couvrir les besoins vitaux. Le main- accrue ou un revenu minimum ga- tion à la fin de l’année. En revanche, le refus tien du niveau des prestations est une prio- ranti? de la révision de l’AI par le Parlement a été rité de notre département avec des propo- En tant que citoyen, je pense impor- un signal négatif parce que cette réforme sitions comme l’augmentation de l’âge de tant que l’état garantisse une égalité des contenait beaucoup d’éléments visant à la la retraite des femmes de 64 à 65 ans ou chances pour tout le monde. Cette égalité moderniser. On devra certainement prépa- l’augmentation de la TVA de 2%. En ce qui des chances passe par une bonne éducation. rer une autre révision. Pas aujourd’hui, ni concerne l’AI, le but n’est pas de suppri- Les bases d’une bonne formation profes- demain, mais dès que l’on aura des résul- mer les rentes, mais de sortir des personnes, sionnelle sont plus importantes qu’un re- tats sur les effets de la cinquième révision principalement des jeunes gens, de la rente venu garanti. de l’AI et de la révision 6a vers 2015. en les réinsérant dans le marché du travail. On assiste à une augmentation des Le défi pour les assurances sociales Caritas a mis en place ce type de entreprises sociales. N’est-ce pas un du futur? programmes d’insertion. Ne de- effet du désengagement de l’état? Le défi majeur est la réforme de l’AVS liée au vriez-vous pas plus les soutenir? Les entreprises sociales jouent un rôle im- vieillissement de la société. Cela ne touche L’OFAS a subventionné pour 70 millions portant. Elles sont souvent le résultat d’une pas seulement l’OFAS en charge, entre de francs environ les organisations qui initiative personnelle. Il ne faut pas tout at- autres, des assurances vieillesse et invali- aident les invalides à s’insérer, comme tendre du Parlement. J’admire ce qui se fait dité, mais aussi l’Office fédéral de la santé par exemple, Pro Infirmis. L’AI intervient sans attendre une décision politique. ■ publique par le biais de l’assurance mala- uniquement pour les mesures de réinser- die. Le prolongement de l’espérance de vie tion des invalides. Dans ce cadre, Caritas aura des conséquences sur ces assurances. ne touche pas de subvention, mais les pro- blèmes à résoudre sont complexes et le rôle Jürg Brechbühl est La pauvreté augmente en Suisse. d’organisations comme Caritas est fonda- né en 1956 dans le Les assurances sociales sont-elles mental. Nous poursuivons le même but qui canton d’Argovie. Il prêtes à lui faire face? est la prévention de la pauvreté. a étudié le droit à Notre réseau de sécurité sociale est bon. No- l’Université de Bâle. tamment pour le 1er pilier. L’AVS a contri- Une entreprise sociale en création Il entre en 1982 à bué à diminuer la pauvreté parmi les per- pourrait-elle vous demander un sou- l’OFAS en tant que sonnes âgées et les programmes d’insertion tien financier? collaborateur juri- dique de la section de l’AI offrent un certain filet de sécurité. Les critères de subvention ont une base lé- Rentes où il va tra- Il est évident que nous avons encore des ef- gale. Il faut que l’objectif de cette entreprise vailler pendant plus de vingt ans. En 2005, forts à faire. Il y a un problème constitution- soit de réinsérer les gens dans le marché du il quitte l’OFAS pour l’économie privée. Il re- nel en matière de lutte contre la pauvreté travail ou d’éviter que des personnes, at- vient en 2012 en bon connaisseur de son qui est en premier lieu du ressort des can- teintes dans leur santé, ne finissent à l’AI. terrain. Un de ses défis est l’évolution de tons et moins celui de la confédération. Elle l’assurance-invalidité et les mesures préco- a malgré tout lancé, en mai dernier, un pro- Quelle est selon vous, la bonne so- nisées de réinsertion des personnes (en 2012, 3072 personnes) dans le marché du gramme de lutte contre la pauvreté en col- lution pour la réintégration? travail. laboration avec les cantons. Ce programme Il existe une collaboration interinstitution- 8/13 Caritas.mag 9
Agir ensemble Lutter contre la pauvreté en encourageant l’entreprise sociale Caritas Suisse est membre fondateur de la Communauté de travail des entreprises sociales suisses (ASSOF) car ce type d’entreprise lutte contre l’exclusion. Commentaire L’entreprise sociale, facteur d’intégra- Membre fondateur de la Communauté de proposition aussi attractive que possible. tion et de prévention travail des entreprises sociales suisses (AS- Des projets similaires ont été abandonnés Caritas Suisse est active dans la prévention SOF), Caritas Suisse avait déjà élaboré un dans le passé durant la phase de planifica- et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion important manuel sur le sujet des entre- tion (Spar, atelier 93), mais Caritas Suisse sociale en Suisse. Elle accorde une impor- prises sociales en 2007 (Christine Kehrli). en examinent toujours d’autres. tance particulière à l’intégration sociale et Quant au groupe d’experts «entreprises so- Les spécialistes de Caritas Suisse professionnelle car le nombre de per- ciales – intégration professionnelle» du ré- connaissent donc bien le domaine de l’en- sonnes devant recourir à l’aide sociale aug- seau Caritas, il agit comme une plate-forme treprise sociale et savent ce que font les mente constamment. Une fois exclues de d’échanges pour le transfert des connais- autres acteurs et où se trouvent les oppor- la vie professionnelle, elles éprouvent des difficultés croissantes à se réintégrer, tan- sances et pour des collectes de données. Il tunités et les risques dans le cadre d’une dis que leur vie personnelle en subit les représente les intérêts des entreprises so- économie sociale et solidaire (ESS). Plu- conséquences. Caritas s’engage depuis ciales de Caritas et de son réseau dans les sieurs entreprises de Caritas et également longtemps en promouvant les entreprises fédérations et organisations suisses. quelques concurrents correspondent aux sociales. Caritas Suisse se concentre sur les possi- critères élaborés par Caritas. Lors d’une L’activité professionnelle est un facteur cen- bilités d’une entreprise sociale ayant un po- évaluation, le caractère intégratif et la tral d’intégration, dans une société centrée tentiel national qui peut ensuite être adapté rentabilité sont au premier plan. Le mo- sur le travail comme celle de la Suisse. Avoir dans les régions. La chaîne de restaurants, dèle de l’entreprise sociale idéale doit clai- un travail permet de disposer d’un revenu en cours d’élaboration à Caritas Suisse, est rement viser le groupe cible prioritaire de pour vivre, mais c’est aussi la reconnais- un bon exemple: en collaboration avec son Caritas, les personnes touchées par la pau- sance sociale et une vie structurée qui partenaire la Fondation SV, les contenus vreté, il doit promouvoir l’intégration so- contribuent de manière essentielle à ac- croître l’estime de soi. Le but des entre- sont définis, les conditions-cadres fixées et ciale et doit pouvoir être géré de manière prises sociales est d’offrir une possibilité les questions de financement clarifiées. Les autonome. ■ d’emploi aux personnes qui n’en trouvent Caritas intéressées disposent alors d’une pas sur le premier marché du travail. En première ligne, ce sont les Caritas régio- nales qui gèrent les entreprises sociales. Le groupe d’experts national «entreprises so- ciales – intégration professionnelle» sert de plate-forme d’échanges pour le transfert des connaissances. La création d’une start- up est envisagée. Une enquête interne a ré- vélé en 2012 que Caritas offre en Suisse déjà plus de 700 emplois et l’engagement de la Suisse romande est ici particulière- ment important. Caritas Suisse veut conti- nuer à promouvoir cette offre et nous tra- vaillons dans ce sens. Nous démarrons actuellement un concept innovateur dans le domaine de la restauration. Nous lançons une chaîne spéciale de restaurants dans les régions, en collaboration avec la SV Fon- dation. Bruno Bertschy, responsable secteur suisse et réseau de Caritas Suisse 10 Caritas.mag 8/13 Photo © Caritas Suisse
Robin Cornelius «Etre social, c’est agir ensemble» Toujours en ébullition, le créateur de Switcher est un des pionniers de la production éthique et durable. Il puise sa force dans l’échange avec les autres. «Depuis tout petit, j’aime parler avec les ce n’est pas seulement une marque, c’est une siques durables. Je tiens chaque soir ma gens. Pour moi, les idées sont des molécules vision, une promesse à tenir. «comptabilité de la chambre à coucher» et de bonheur, des geysers qui émergent chez Je pense être un entrepreneur social dans j’examine si mes actions du jour ont été adé- l’un ou l’autre, mais qui font partie du bouil- le sens où je veux agir avec les autres en quates. Si chacun le faisait, riche ou pauvre, à lonnement commun de l’inconscient collec- respectant un code de conduite très strict sa mesure et en toute conscience, je pense que tif. J’ai été élevé de manière très libre. Je n’ai concernant les conditions de production. ce monde pourrait s’améliorer car comme le pas de modèle, mais mon père était mon hé- Aujourd’hui, mon credo c’est «moins, c’est dit le philosophe André Comte-Sponville, le ros, un aventurier comme Bob Morane. An- mieux!» Quand on achète un produit, il faut capitalisme est un système, il est ni immo- cien pilote de l’armée suédoise, il a rencon- se poser la question: «En ai-je vraiment be- ral, ni moral, il est amoral. La solution pour tré Lindbergh, a mangé en tête à tête avec soin?» Switcher propose des produits ba- éviter les excès passera par la morale indi- Churchill et a construit les pre- viduelle. L’essentiel est de se mières maisons préfabriquées trouver. Faire le premier che- en Inde dans les années 40. Je min fondateur qui est celui de le voyais peu, mais il me di- l’acceptation et de l’amour de sait toujours: tu es le meilleur, soi pour pouvoir aimer et ac- fais ce que tu veux! Je n’avais cepter les autres.» aucune limites. Je n’ai pas fini pourri, car j’ai dû me débrouil- ler et faire plein de petits bou- lots pour m’en sortir quand je Trois principes fondateurs pour Switcher suis resté seul en Suisse après le retour de mes parents en Suède. 1. Etre transparent pour ame- ner le consommateur à sai- Je suis toujours farouchement sir l’impact de tout acte indépendant et j’ai une répul- d’achat sion contre la hiérarchie. En 2. Répondre à 3 questions fon- revanche, la solidarité est une damentales: dans quel but de mes valeurs fortes avec une un produit ou un service sont-ils développés? Sous grande place laissée à la créati- quelles conditions sociales vité et à l’émotion. et avec quels impacts éco- J’ai fondé mon entreprise après logiques? Quel est le lieu de production et est-il le plus avoir vu Jimmy Carter faire son approprié? jogging en survêtement. J’ai eu 3. Intégrer les valeurs fémi- envie de proposer aux Suisses nines basées sur le courage ce type de vêtements confor- (écouter, échanger, parta- tables. De style intemporel, ger, reconnaître, pleurer, ai- der, aimer) et masculines sans logo, mais où chacun peut basées sur la peur (être fort, trouver sa couleur. Mon entre- oser, s’imposer, être re- prise est devenue mon jardin, connu, gagner) pour un équilibre harmonieux des très coloré. Je l’ai appelée Swit- forces vives. cher car je ne voulais pas que Info: www.switcher.com l’on dise sweat-shirt. Pour moi, Petite Bio 1956 N aissance le 25 septembre 1956 à Pully 1984 P art en Inde. Rencontre son fidèle parte- 1988 N aissance de sa fille Tess, son fils Bryan où ses parents d’origine suédoise se sont naire Subbiah Gounder Duraiswamy, di- suivra en 1991, puis sa fille Zoé en 1994. installés. recteur de Prem Group. 2006 Etiquettes de traçabilité, l’«ADN» des vê- 1973 R este seul en Suisse après le retour en 1987 S’associe à Prem group. Crée des dispen- tements Switcher.www.respect-code.org Suède de ses parents. Donne des cours saires et des écoles mobiles installées 2013 En septembre dernier, sortie du livre Das particuliers et fait le chauffeur de taxi pour dans des bus pour parcourir les bidon- Switcher-Prinzip: Warum uns weniger se payer des études à HEC. villes en Inde sous l’égide de la Fondation mehr bringt. Wörterseh, 2013 en allemand. 1981 L ance Switcher avec une ligne minima- Switcher. Met en place un système de La version française est en préparation. liste et des couleurs unies sans logos. production visant à respecter les hommes et l’environnement. Photo © Switcher 8/13 Caritas.mag 11
Caritas Fribourg/Caritas Freiburg Coup d’Pouce: objectif, l’insertion par l’activité économique Lutter contre l’exclusion au nom des droits fondamentaux de la personne humaine. d’Pouce, nous reçoit dans la «boutique», à magasins et ateliers offrent la possibilité Textes: Jacques Berset la Grand-Rue 35, dans le centre historique de placer des personnes en situation réelle de Romont, en compagnie de Serge Tho- de travail et ainsi d’acquérir des compé- On a près de 140 places de travail tempo- rimbert, chef de site à Estavayer-le-Lac et tences nouvelles.» raires sur nos sites, où l’on accueille des Romont. personnes en recherche d’emploi ou en ré- insertion professionnelle… Cela fait plus de Le discours est clair, basé sur la réalité La collaboration avec l’Office AI de 600 personnes qui passent à Coup d’Pouce du marché du travail: «Notre mission est Fribourg chaque année! Nous contribuons ainsi à la la réinsertion socio-professionnelle; nos L’Office AI place des personnes en observa- revalorisation des personnes, car chaque partenaires sont les Offices régionaux de tion, dans les ateliers de la fondation, pour personne a le droit de tenir une place re- placement, dépendant du Service public que soient évaluées leurs capacités de tra- connue dans la société. Félix Grossrieder, de l’emploi (SPE), l’Office de l’assurance- vail résiduelles. Coup d’Pouce voit ainsi directeur de la Fondation Emploi Solida- invalidité (AI) de Fribourg et les services quelles sont les activités dans lesquelles la rité, qui chapeaute les différents sites Coup sociaux régionaux ou communaux. Nos personne avec un handicap peut être réin- 12 Caritas.mag 8/13 Photos © Jacques Berset
Coup d’Pouce a un taux de réinsertion sur le marché du travail de 36% pour les personnes qui lui sont adressées par les Offices régionaux de placement (ORP), de 20% pour celles qui sont envoyées par les services sociaux. L’association est née d’une initiative de Caritas Fri- bourg en 1989. Très vite autonome et ac- tive dans tout le canton de Fribourg, elle s’est constituée en fondation depuis 2001. La Fondation Emploi Solidarité dis- pose de trois sites principaux compre- nant les ateliers et magasins à Fribourg, Bulle et Estavayer-le-Lac, de deux bou- tiques à Châtel-St-Denis et Romont, ainsi que d’un centre logistique et ateliers à Granges-Paccot. http://coupdpouce.ch Serge Thorimbert (àgauche) et Félix Grossrieder de Coup d’Pouce. sérée. Les stages de trois mois peuvent être les ateliers. Les conseillers en réinsertion par ses ateliers retrouve un emploi en en- renouvelés une fois. ont pour mission l’organisation des ate- treprise, de pouvoir continuer à l’accom- liers de formation et le suivi individuel. pagner si nécessaire, «car certaines restent Depuis peu, la fondation offre aussi Ils sont tous des formateurs d’adultes, avec fragiles…». D’où l’importance de mainte- une mesure «d’accompagnement indi des formations en psychologie – et en job nir des contacts avec les entreprises privées. viduel dans la recherche d’emploi et la ré- coaching», note Serge Thorimbert. «On ne fait pas de réinsertion profession- insertion dans le marché du travail». nelle sans leur collaboration!» Développement durable et écologie Coup d’Pouce offre des places de tra- Gérer la frustration Le concept de Coup d’Pouce est basé sur le vail dans des secteurs de l’administration La majorité accepte notre coup de main travail, notamment sur la récupération de (secrétariat) et du magasin (vendeurs, li- de bon cœur, d’autres peuvent être révol- matériaux et de biens en bon état, qui sont braires, décorateurs, gestionnaires de tées, relève Félix Grossrieder. Envoyées par retapés et revendus dans les «supermarchés mobilier), en passant par l’intendance l’ORP, certaines personnes en recherche de l’occasion», qui permettent également (concierges, agents de nettoyage, gestion- d’emploi ont également perdu leur statut de former du personnel de vente. «Sur appel naires d’économat), le transport et la lo- professionnel. Il faut gérer cette frustration. téléphonique, notre service gratuit de ra- gistique, la menuiserie-ébénisterie, les Peut-être que toutes les démarches de sou- massage se rend à domicile pour récupérer textiles, l’électroménager et la petite mé- tien n’ont pas été mises en œuvre. C’est à les objets en bon état dont on veut se débar- canique. nous de voir. C’est pareil avec des personnes rasser. La revalorisation d’objets de seconde à l’assistance sociale, qui sont entrées dans main s’inscrit dans un objectif de dévelop- «Nous fonctionnons sur la base des un fonctionnement qu’il va falloir modifier. pement durable et d’écologie.» règles d’une entreprise et avons comme ob- jectif l’insertion par l’activité économique. Au secrétariat de Coup d’Pouce, des Sur nos 3,7 millions de francs de charges, personnes adressées par l’AI sont formées Secteurs d’activité diversifiés 1,5 million est couvert par le chiffre d’af- comme employés de commerce. «Avec Pour collecter ce matériel, l’organisation faires de nos magasins Coup d’Pouce. l’aide de l’AI et notre accompagnement, dispose de sept véhicules, ce qui lui permet Notre activité économique couvre 45% de des personnes qui ont dû changer d’orien- également de former des chauffeurs et des nos frais; 55% de la couverture financière tation ont fait l’apprentissage chez nous. aides-chauffeurs. Ils pourront ensuite tra- de la structure de la fondation vient du Nous avons sur chaque site des maîtres so- vailler comme livreurs ou aides-livreurs sur Service public de l’emploi, des services so- cio-professionnels qui ont la responsabi- le marché du travail. Coup d’Pouce relève ciaux et de l’AI. ■ lité de l’encadrement des personnes dans l’importance, quand une personne passée 8/13 Caritas.mag 13
Caritas Fribourg/Caritas Freiburg SucréSalé, ein Restaurant mit sozialen Zielsetzungen, das erst noch rentiert Seit mehr als drei Jahren behauptet sich ein Restaurant «mit sozialen Zielsetzungen, das aber trotzdem gewinnbringend ist», gegen die Konkurrenz. Es handelt sich um die Crêperie SucréSalé (auf Deutsch: SüssSalzig) an der Rue de Lausanne 50 in Freiburg. Das Sozial unternehmen wurde im April 2010 lanciert und beschäftigt eine ganze Reihe von Angestell ten – drei Leitungskräfte, Berufsleute aus dem Sozialwesen, dazu eine Servicekraft, eine Köchin, eine Sekretärin und eine Servicekraft in Ausbildung – sowie gegen zwanzig Per- sonen, die sich in einer beruflichen Wiedereingliederungsmassnahme befinden oder eine IV-Rente beziehen. Ein paar in Teilzeit angestellte Studierende komplettieren den Personal bestand des Unternehmens. Werkstätte, sondern der eines echten Un- ternehmens, das sich dem Primärmarkt stellt …» Abkommen mit der Invalidenversi cherung «Wir haben ein Abkommen getroffen mit der IV-Stelle Freiburg, die uns einen Auf- trag erteilt für Leute, die sich in einer Wie- dereingliederungsmassnahme befinden. Diese Personen mussten aus gesundheit- lichen Gründen ihre berufliche Tätigkeit aufgeben. Sie werden zu uns geschickt mit dem Ziel, ihre beruflichen und sozia- len Kompetenzen unter Berücksichtigung der psychischen Dimension aufzufrischen. Mit der neuen Revision begleiten wir auch Personen, die eine IV-Rente beziehen. Ziel dabei ist es, deren Rente zurückzufahren oder sie gänzlich aufzuheben, sofern der Gesundheitszustand dies erlaubt.» Mit anderen Worten: Ein Teil der von der IV erbrachten Leistungen deckt die sozialen Begleitmassnahmen. Die IV be- zahlt allerdings nur jene Tage, an denen diese Personen – auch wenn sie sich in ei- Thierry Bourquenoud, der dynamische Di- zwischen St-Louis und der Crêperie. Das ner Wiedereingliederungsmassnahme be- rektor der Stiftung St-Louis, die sich der Projekt, das sich den Marktgegebenheiten finden – tatsächlich arbeiten. «Angesichts Wiedereingliederung von Personen mit ei- stellt, wurde geboren nach einem Treffen der psychischen Probleme ist das manch- ner psychischen Behinderung widmet, sagt mit Martine Fauché-Geinoz, Genossen- mal schwierig … Von den 850 000 Franken es uns gleich vorneweg: «Meine Tätigkeit schafterin und Co-Leiterin der Crêperie, Umsatz, den die Crêperie gegenwärtig er- bei der Stiftung ist nicht der Grund, wes- und einer weiteren Genossenschafterin, zielt, entfallen lediglich 14 Prozent auf Leis- halb ich Präsident des Verwaltungsrats – Marie-Christine Baechler. Wir wollten tungsaufträge der IV. Der Rest muss mit und Genossenschafter der Crêperie Sucré nicht von Subventionen abhängig sein, wir der Tätigkeit des Restaurants erzielt wer- Salé bin. Es existiert keine Verbindung folgen nicht der Logik einer geschützten den!» 14 Caritas.mag 8/13 Photos © Jacques Berset
Die Crêperie SucréSalé ist nicht aktiv Personen in einer Wiedereingliederungs- Die Crêperie ist täglich von 11 bis in der beruflichen Umschulung im klas- massnahme: Wie sollen soziale Begleit- 22.30 Uhr geöffnet, Montag ist Ruhetag. sischen Sinn: Sie beschäftigt auch Perso- massnahmen für behinderte Personen und An Samstagen schauen jeweils doppelt so nen, die eine Rente beziehen. Diese müs- die Tatsache, dass die Crêperie ein gewin- viele Leute vorbei wie an Wochentagen. Die sen z. B. einen geregelten Tagesablauf und norientiertes Unternehmen ist, unter ei- Zunahme der Gästeanzahl ist nicht zuletzt Pünktlichkeit (wieder) erlernen. Der Lohn, nen Hut gebracht werden? Das war etwas darauf zurückzuführen, dass die Kund- den diese Personen erhalten, ist eine Ergän- Neues. schaft die nachhaltige Entwicklung, wel- zung zur IV-Rente. «In der Zwischenzeit sind wir aber an- che sich die Crêperie zum Ziel gesetzt hat, erkannt, und man ist der Meinung, dass schätzt. Nach Möglichkeit werden lokale Zu Beginn hatte die IV Vorbehalte derartige Unternehmen auch in anderen Produkte verwendet, sei es nun Gemüse, «Die Arbeit bei uns ist schwierig, oft stres- Tätigkeitsbereichen funktionieren könn- Most oder traditionell gebrautes Bier: So sig und ermüdend. Die Leute müssen viel ten», sind sich die Leiterinnen der Crêpe- viel wie möglich stammt aus Region. «Das Verantwortung übernehmen, wir legen den rie einig. ist eine strategische Qualitätswahl», betont Akzent auf die Wertschätzung, das Selbst- Die 55 Plätze des Restaurants, das einen Thierry Bourquenoud, «auch wenn die Pro- wertgefühl und das Vertrauen in die Fähig- Steinwurf von der Kathedrale St-Nicolas dukte teurer sind. Im Moment läufts!» ■ keiten der bei uns arbeitenden Personen. entfernt liegt, sind am Mittag jeweils im Die Crêperie bietet einen Arbeitsplatz, die- Handumdrehen besetzt. Die Kundschaft SucréSalé hat – zusammen mit Swisscom und der Migros – 2011 den Ethikpreis der ser ist aber den Umständen angepasst: IV- bestellt ab Menükarten, die in Comic- Hochschule für Ingenieurwesen und Ma- Rentenbezüger arbeiten maximal 4½ Stun- bände hineingeklebt sind. Den einen steht nagement des Kantons Waadt erhalten; und den», führt Sylvie Moullet, die andere der Sinn nach salzigen Crêpes, anderen letztes Jahr wurde der Crêperie von der Co-Leiterin des Unternehmens, aus. wiederum nach vegetarischen oder süssen UBS Stiftung für Soziales und Ausbildung Zu Beginn stellten sich im Zusam- Crêpes. Es hat aber auch Salate, Suppen ein Check in der Höhe von 20 000 Franken überreicht. menhang mit der IV Fragen in Bezug auf oder Waffeln im Angebot. 8/13 Caritas.mag 15
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