News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine

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News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
news

PSYCHIATRIE
GÉRIATRIQUE

numéro 53
Printemps 2007

bulletin officiel
de la société
neuchâteloise
de médecine
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
FAIS COMME JE DIS PAS COMME JE FAIS                                               SOMMAIRE
                 La Peur du Gendarme                                      La Peur du Gendarme . . . . . . . . .          p.
         Dr P. Y. Bilat, président   l’on lit : « Nous répondons des      3

                      de l’ANMO,     frais occasionnés par leur acti-
                                                                          Dossier :
       vice-président de la SNM      vité » ?
                                                                          La psychiatrie gériatrique . . . . . . .       p. 4
En ces belles journées de prin-      Les « clients » de la gendarme-
                                     rie sont maintenant invités à        Le home médicalisé
temps, nous allons voir fleurir                                           de psychogériatrie . . . . . . . . . . . . .   p. 5
au bord de nos routes de nom-        signer    une     « cession    de
                                     créance » qui devrait permettre      Consultation mémoire de Perreux                p. 8
breux radars fixes et mobiles
qui poussent plus rapidement         à leur caisse maladie de fonc-       Urgences psychogériatriques . . . . p. 11
que la nature dopée par le           tionner en tiers payant. Ce          Thérapie cognitivo-comportementale
soleil ! Vont s’en suivre de         document aurait été négocié          de la personne âgée . . . . . . . . . . . p. 13
nombreuses amendes qu’il             avec SantéSuisse mais la SNM
                                     n’a jamais été mise au courant,      Courrier des lecteurs . . . . . . . . . .      p. 17
faudra régler dans les plus brefs
délais sous peine de s’attirer les   ni par l’Etat, ni par les caisses
                                                                          Candidats à la SNM . . . . . . . . . . .       p. 18
foudres des services de l’Etat !     maladies, bizarre…
Malheureusement, il semble           Cette « cession de créance » est     L’écho des officines :
                                     un leurre : bien souvent il ne       Extraits choisis d’un nouveau
que la gendarmerie soit bien                                              règlement cantonal . . . . . . . . . . . .     p. 20
moins prompte à régler les fac-      s’agit pas d’une problématique
tures de ses créanciers.             qui relève de l’assurance mala-      Calendrier médical . . . . . . . . . . . .     p. 23
                                     die, les patients sont bien sûr la
En    effet,   de   nombreux
                                     plupart du temps insolvables et
confrères sont excédés et
                                     n’ont pas demandé eux-
révoltés car des notes d’hono-
                                     mêmes l’intervention du méde-
raires adressées à la gendar-                                               IMPRESSUM
                                     cin.
merie sont en souffrance ou                                                 Président
                                     Votre comité vient de demander         Jean-Pierre Walker
impayées.                                                                   Maison de Santé de Préfargier
                                     une rencontre avec le chef de la       2074 Marin
Saisi de ce problème, le comité      police afin que cette situation        Tél. 032 755 07 55
de la SNM a mené une enquête         intolérable soit réglée.               Rédaction - Secrétaire médical
à laquelle ont répondu vingt-                                               Dr R. Kehtari
huit collègues. Dix-neuf ont         Aucune raison que nos notes            Hôpital neuchâtelois-Pourtalès,
                                     d’honoraires ne soient pas             2000 Neuchâtel
déclaré avoir des problèmes de                                              Tél. 032 713 36 00
facturation avec les services de     payées dans les délais habi-           E-mail : reza.kehtari@ne.ch

l’Etat.                              tuels pour ces interventions           Secrétaire SNM
                                     parfois périlleuses, toujours          Etude Walder et Klauser
Les médecins de garde de tous                                               Grand-Rue 7, 2108 Couvet
                                     urgentes, déstabilisantes et           Tél. 032 863 21 71
les districts interviennent régu-    engageant lourdement notre             Photocomposition et impression
lièrement, souvent en urgence,       responsabilité.                        Imprimerie Zwahlen SA
à la demande de la gendarme-                                                Plage 12, 2072 Saint-Blaise
                                     Certains confrères ont déjà            Tél. 032 756 97 97
rie ou des services des prisons.                                            Fax 032 756 97 90
                                     menacé de ne plus intervenir
Il s’agit de visites à domicile                                             E-mail : iz@span.ch
                                     en cas de demande de la gen-
pour des patients agités ou                                                 Parution : 4 fois par année
                                     darmerie. Nous espérons ne
dangereux, de visites de pré-
                                     pas devoir conseiller un tel
incarcération ou de contrôles
                                     comportement à tous en cas
d’alcoolémie.
                                     d’échec de négociation avec les
Comment se peut-il qu’un             services de l’Etat.
mandataire qui demande nos
                                                                                     Site
                                     …Et nous n’aurons peur du
services ne règle pas les fac-
                                     gendarme… que sur les routes !
                                                                                  de la SNM
tures alors qu’il a publié, en
2003, une « Directive et procé-
                                                                                 www.snm.ch
dure d’appel aux médecins » où
                                                                                                                              3
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
DOSSIER

                                     La psychiatrie gériatrique
                  Dr James Renard,         sion et de l’éventuel affaiblissement    intervenants professionnels, sont au
          FMH psychiatrie, Neuchâtel       cognitif associés.                       centre du suivi d’une personne
La psychiatrie gériatrique, domaine                                                 démente au domicile. Comme l’a
                                           Comme cela est intuitivement perçu,
de la fragilité et de la complexité, est                                            montré la rencontre du 22 mars au
                                           les problèmes d’alcool et les abus
reconnue à la FMH en 2006 par le                                                    Club 44, organisée par la Fédération
                                           de benzodiazépines sont générale-
titre de Formation approfondie. Elle                                                neuchâteloise des services d’aide et
                                           ment des « accompagnants » d’un
est institutionnelle dans le canton de                                              de soins à domicile avec la Section
                                           autre trouble psychiatrique, mais ils
Neuchâtel depuis dix-huit ans.                                                      neuchâteloise    Alzheimer,     nous
                                           réclament une attention soutenue et
                                                                                    constatons dans le canton un déficit
Les troubles de l’âge avancé qui           une certaine souplesse pour être
                                                                                    de structures d’accueil (en home ou
réclament un suivi psychiatrique           maîtrisés.
                                                                                    foyers de jour spécifiques) dans des
ambulatoire en pratique privée sont        Pour le traitement des patients qui      horaires de journée pour les patients
très divers. Ils concernent l’en-          présentent une psychose ancienne         avec un handicap cognitif.
semble du spectre de la section F de       et continue, une régularité et une
                                                                                    La coordination et la communica-
la CIM 10.                                 constance des horaires de rendez-
                                                                                    tion du psychiatre de l’âge avancé
La majorité des consultations a lieu       vous s’imposent.
                                                                                    avec le médecin traitant sont essen-
pour des troubles dépressifs ; ils         L’établissement du diagnostic posi-      tielles. Cette relation étroite doit être
sont isolés ou peuvent accompagner         tif et différentiel des démences, dia-   expliquée au patient et à ses proches
un trouble anxieux ou une démence.         gnostic malheureusement pas tou-         pour qu’ils la comprennent. Elle
Il ne faut jamais minimiser le risque      jours précoce, est aussi une tâche du    demande, plus que des rapports
suicidaire chez le sujet âgé. Il est       psychiatre gériatrique, ceci malgré la   écrits multiples, des contacts télé-
important d’identifier s’il s’agit d’un    présence heureuse de la consulta-        phoniques réguliers entre le psy-
trouble dépressif récurrent, car les       tion de la mémoire à Perreux et au       chiatre et le somaticien, et, souvent
règles de l’art proposent un traite-       Locle. En effet, on rencontre fré-       aussi, avec les Services d’aide et de
ment beaucoup plus prolongé à l’âge        quemment une réticence des per-          soins à domicile. Communication
avancé.                                    sonnes âgées à consulter sur les         encore : avec les proches (conjoint,
Il n’est pas exceptionnel de mettre        lieux psychiatriques institutionnels.    enfants). Tous ces contacts se font
en évidence un diagnostic de trouble       Les investigations indispensables        bien sûr avec l’accord explicite du
bipolaire type II (hypomanie seule),       peuvent être relativement impor-         patient.
qui bénéficiera d’un traitement sta-       tantes et se font en collaboration       Last but not least, soulignons que la
bilisateur de l’humeur.                    avec le médecin traitant.                psychothérapie dans l’âge avancé
Venant juste après en fréquence, les       Les consultations se font essentiel-     est indispensable et efficace. Ces
troubles anxieux et de l’adapta-           lement à la demande explicite ou         psychothérapies s’inscrivent géné-
tion. Les symptômes anxieux sont           suggérée du médecin de premier           ralement dans un traitement psy-
extrêmement difficiles à juguler, ils      recours, qui conservera ce rôle prin-    chiatrique intégré. Elles suivent le
paralysent le malade à l’intérieur de      cipal de médecin de référence,           modèle psychodynamique et le
son domicile, à un âge où les consé-       même si, de manière transitoire, le      modèle cognitif et comportemental.
quences sur la mobilité motrice            suivi psychiatrique a une plus           Là encore, la souplesse et l’éclec-
seront sérieuses.                          grande intensité que le suivi soma-      tisme sont de mise pour s’adapter
                                           tique.                                   aux particularités et aux ressources
La résistance au traitement des
                                                                                    des patients âgés.
troubles anxieux et des symptômes          Aider aux prises de décisions, soute-
dépressifs est fréquente. Le traite-       nir et orienter les proches et les
ment est rendu difficile par la plus
grande sensibilité aux effets secon-
daires des médicaments et par la
plus faible marge thérapeutique. Il
faut de la patience et de l’opiniâtreté
                                                    REMISE DE CABINET
pour réduire les symptômes au mini-                     La doctoresse Cécilia Mariethoz
mum et ne pas abandonner le
                                                    souhaite remettre son cabinet médical,
malade à son sort.
                                                de médecine générale, sis à la rue Louis-Favre 30,
Impérativement, il faut traiter les
troubles par étapes successives. Il                  à Neuchâtel, pour l’été-automne 2008.
est illusoire de vouloir entreprendre
                                                    Dr C. Mariethoz, rue Louis-Favre 30, 2000 Neuchâtel,
simultanément le traitement, dès
                                                           tél. 032 725 26 44, fax 032 710 18 80.
les premières consultations, de
l’anxiété généralisée, de la dépres-

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News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
Le home médicalisé de psychogériatrie
                Dr Jean-Pierre Walker      blira plus lentement et, si on a pres-     Si le malade a bien compris ce que le
                        Médecin-chef       crit la posologie habituelle, il se fera   médicament apporte et les limites de
                clinique de Préfargier     à un niveau de concentrations plus         ce qu’il apporte, il acceptera plus
La maison de santé de Préfargier           élevé.                                     facilement qu’on propose l’arrêt s’il
propose un home de psychogériatrie         Il faudra donc ajuster les posologies,     s’avère nécessaire à un moment
médicalisé de 36 lits.                     soit en diminuant chaque prise, soit       donné.

Ce home de psychogériatrie est par-        en conservant la dose unitaire, mais       Au plan des modalités de prescrip-
tie intégrante de l’organisation multi-    alors en écartant les prises.              tion, ce qui est au premier plan est la
disciplinaire des soins de santé men-      Le choix dépendra de l’intérêt ou des      diminution de la fonction rénale
tale destinés aux personnes âgées,         risques d’avoir ou non des pics. Pour      (physiologique) avec l’âge. Elle n’est
atteinte à la fois d’une pathologie psy-   un médicament dont un effet toxique        pas apparente sur l’indicateur habi-
chiatrique et de problèmes orga-           très gênant se produit en raison des       tuel, la créatininémie, car cette der-
niques liés à l’âge. L’approche multi-     pics de concentration plasmatique,         nière est fonction de la masse mus-
disciplinaire de l’évaluation, du dia-     on préférera diminuer chaque prise.        culaire, qui elle-même diminue en
gnostic et du traitement est la règle.                                                général avec l’âge. Il faut donc, avec
                                           Si, en revanche, on pense que les          des formules ad hoc, estimer la clai-
Dans une majorité de cas, la morbi-        pics plasmatiques sont nécessaires         rance de la créatinine, à partir de la
dité psychiatrique coexiste avec des       pour faire passer vers les tissus des      créatininémie, en tenant compte du
maladies physiques et est suscep-          quantités suffisantes de médica-           poids, de l’âge, et du sexe.
tible de se compliquer de problèmes        ments, on maintiendra les prises
sociaux.                                                                              Ex : formule de Cockroft, une des
                                           unitaires, mais on allongera l’inter-
                                                                                      plus utilisées pour faire ce type d’es-
Les affections mentales du grand           valle entre deux prises.
                                                                                      timation :
âge peuvent être traitées avec suc-
cès. Quelques-unes sont chroniques         Sensibilité différente                     Clairance (en ml/mn) =       (140-âge) poids
                                                                                      Femme                    créatininémie (en µM/1)
et / ou progressives mais peuvent          à certains effets
                                                                                      Clairance (en ml/mn) = (140-âge) poids x 1,25
bénéficier d’interventions appro-          Un insuffisant rénal chronique pré-
priées qui contribuent à l’améliora-                                                  Homme                    créatininémie (en µM/1)
                                           sente habituellement divers symp-
tion de la qualité de vie.                 tômes ; par exemple une anémie.            Pour les médicaments dont l’élimi-
Pour garantir l’efficacité de ce tra-                                                 nation rénale est prépondérante, ou
                                           On cherchera donc à lui éviter la
vail, une variété de ressources doit                                                  dont l’élimination rénale d’un méta-
                                           prise de médicaments qui induisent
être disponible et accessible dont                                                    bolite actif (ou toxique est prépon-
                                           des anémies. La même conduite
des lieux d’hébergement pour des                                                      dérante, les posologies seront habi-
                                           s’appliquera pour chacun des symp-
personnes qui ne sont plus capables                                                   tuellement à diminuer ; on trouvera,
                                           tômes présentés.
de vivre à leur propre domicile.                                                      en général, des indications dans le
                                           Interaction avec les                       résumé des caractéristiques du pro-
Un service idéal de psychiatrie de la
                                                                                      duit (compendium) sur la façon de le
personne âgée est celui qui met le         médicaments qu’il prend déjà               produire, pour les médicaments à
patient au centre des préoccupations
                                           Un sujet qui a une insuffisance            marges thérapeutiques étroites, en
et qui réalise une suffisante coordi-
                                           rénale prend habituellement de             prenant l’estimation de la clairance
nation entre ses éléments pour assu-
                                           nombreux médicaments. Chaque               de la créatininémie comme reflet de
rer une réelle continuité des soins.
                                           fois que l’on commencera une pres-         la fonction rénale.
Les problèmes importants que l’on          cription, il faudra vérifier si celle-ci   Compte tenu des difficultés de contre-
rencontre sont : l’insuffisant rénal       est compatible avec les médica-            régulation que les personnes âgées
chez un patient atteint d’une mala-        ments qu’il prend déjà (interactions).     présentent, c’est chez elles qu’on voit
die psychiatrique et les modifica-
                                           Le même raisonnement s’applique-           le plus souvent des effets dits de pre-
tions du devenir du médicament
                                           rait devant tout sujet qui présente        mière dose ; raison pour laquelle, si
et/ou de ses métabolites.
                                           une maladie au long cours traitée.         cela ne pose pas de problème en
C’est à cela qu’on pense en premier,                                                  terme d’efficacité, on commencera à
                                           L’ajout de nouveaux médicaments
chez un sujet dont la dénomination                                                    dose particulièrement basse et on
                                           rend habituellement nécessaire de
évoque d’emblée une baisse d’un                                                       augmentera progressivement.
                                           réfléchir à l’intérêt de chacun de
des processus d’élimination des
                                           ceux qui sont déjà pris, pour ne pas       Chez le sujet âgé plus encore que
médicaments.
                                           laisser se constituer des listes           chez quelqu’un d’autre, l’adaptation
Lorsqu’un insuffisant rénal reçoit un      de prescriptions invraisemblables          de la dose en fonction des signes de
médicament qu’il n’élimine pas (ou         (dans certains cas, 13 médicaments         début d’effets indésirables devra être
dont il n’élimine pas le métabolite        / jour), il est impératif que tout au      particulièrement soigneuse ; il est
pertinent) aussi bien qu’un non            long de la vie, le prescripteur précise    donc particulièrement important
insuffisant rénal, la demi-vie du          clairement pendant combien de              que la personne âgée ait compris
médicament chez lui sera plus              temps chaque traitement doit être          que le médecin attend d’elle qu’elle
longue que d’habitude.                     pris, et qu’il ne dise jamais : « ce       dise ce qui ne va pas très bien et
Ceci implique que l’équilibre des          médicament, vous devrez le prendre         qu’elle sache que le médecin ne sera
concentrations (steady-state) s’éta-       toute votre vie ».                         ni fâché, ni déçu, ni en colère...

                                                                                                                                     5
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
ANALYSES ET DIAGNOSTICS MEDICAUX

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Enfin, le sujet âgé bien entendu a         leurs coûts économiques » estiment        • Un décalage de phase fréquent,
besoin d’une bonne coordination            encore ces spécialistes.                    aggravé par le rythme de vie en
entre ces différents médecins, qui         « La plainte de mauvais sommeil est         institution.
savent très bien qu’on ne devrait pas      souvent sanctionnée soit par la pres-     Ces phénomènes expliquent pour-
prescrire plus de trois médicaments        cription d’un hypnotique apparenté        quoi les personnes âgées se plai-
à une même personne, mais qui,             aux benzodiazépines soit par de l’in-     gnent souvent d’un mauvais som-
bien souvent, ne savent pas ce que         différence. Rarement les plaintes         meil (sommeil fragmenté, instable,
prend cette personne âgée qui est          concernant le sommeil et la vigi-         difficulté pour se « réendormir »).
dans leur cabinet et oublient que          lance des patients âgés font l’objet
chacun des autres médecins ne              d’une analyse exhaustive en méde-         En conclusion
prescrit, lui aussi, « que » trois médi-   cine de ville ou à l’hôpital ».           Ces problèmes classiques, exprimés
caments.                                                                             ci-dessus, prennent une dimension
                                           La méconnaissance des troubles du
La coordination doit se faire par          sommeil chez le sujet âgé, l’inadé-       parfois dramatique dans la prise en
un bon médecin généraliste et, si          quation et l’insuffisance de leur prise   charge de patients présentant un
possible, un pharmacien unique             en charge sont liées à plusieurs fac-     trouble psychiatrique, qui ne sont
chez lequel le malade achète tous          teurs :                                   plus capables de comprendre ou de
ses médicaments. Cette attitude                                                      collaborer avec les soignants. L’ap-
                                           • manque de formation des méde-
pourrait permettre aux pharma-                                                       proche     pluridisciplinaire  qu’un
                                             cins et d’autres professionnels de
ciens de détecter les cumuls inutiles,                                               home médicalisé spécialisé doit pro-
                                             la santé ;
ou les interactions médicamen-                                                       poser repose sur un professionna-
teuses.                                    • problème d’éducation du grand           lisme très important et implique des
                                             public et en particulier des sujets     acteurs conscients des difficultés.
Troubles du sommeil                          âgés et de leurs aidants ;
40 % des personnes âgées se plai-          • difficultés d’accès des patients        Références
                                                                                     1. Murray CJ, Lopez AD. The Global Burden of
gnent de leur sommeil.                       âgés aux unités de sommeil (prio-
                                                                                         Disease. A Comprehensive Assessment of
                                             rité aux jeunes)…                           Mortality and Disability from Diseases. Inju-
« Les deux pathologies les plus pré-
                                                                                         ries and Risk Factors in 1990 and Projected to
valentes du sujet âgé sont l’insom-        D’autre part, certaines dépressions           2020. Harvard School of Public Health on
nie avec mésusage d’hypnotiques et         avec insomnie chez le sujet âgé sont          Behalf of The World Health Organization
                                           traitées exclusivement et inefficace-         and the World Bank : Cambridge, MA : 1996.
le syndrome d’apnées du sommeil
                                                                                     2. Farmer ME, Locke BZ, Moscicki EK et al.
avec son cortège de complications          ment avec des hypnotiques. Et ce,
                                                                                         Physical activity and depressive symptoms :
cardiovasculaires, neurovasculaires        malgré le fait que l’insomnie, le             The NHANES I Epidemiologic Follow-up
et cognitives.                             mésusage d’hypnotiques et le syn-             Study. Am J Epidemiol 1988 ; 128 : 1340-
                                                                                         1351.
                                           drome d’apnées du sommeil soient
Environ 40 % des sujets de plus de 75                                                3. Wells KB, Stewart A, Hays RD et al. The func-
                                           fréquents chez le sujet âgé et que la         tioning and well-being of depressed patients :
ans se plaignent de leur sommeil »
                                           population continue à vieillir.               Results from the Medical Outcomes Study.
indiquent les médecins dans leur                                                         JAMA 1989 ; 262 : 914-919.
rapport.                                   Les limites entre le sommeil normal       4. Spitzer RL, Kroenke K, Linzer M et al.
                                           et le sommeil pathologique sont par-          Health-related quality of life in primary care
L’insomnie est le plus fréquemment                                                       patients with mental disorders. Results from
                                           fois difficiles à définir chez les per-
un symptôme avec de nombreuses                                                           the PRIME-MD 1000 Study. JAMA 1995 ; 274 :
                                           sonnes âgées.                                 1511-1517.
étiologies qui sont souvent asso-
                                           Avec l’âge, le rythme veille-sommeil      5. Kessler RC, Berglund P, Demler O et al. The
ciées entre elles chez le même indi-                                                     epidemiology of major depressive disorder :
vidu âgé. Le syndrome d’apnées du          change, au même titre que toutes les          Results from the National Comorbidity Survey
sommeil (SAS) concerne quant à lui         fonctions physiologiques, ce qui              Replication. JAMA 2003 ; 289 : 3095-3105.
                                           implique :                                6. Callahan CM, Wolinsky FD, Stump TE et al.
de 32 à 47 % des sujets de plus de 70                                                    Mortality, symptoms, and functional impair-
ans. Cependant, cette affection est        • Une modification de la répartition          ment in late-life depression. J Gen Intern Med
largement sous diagnostiquée et              du sommeil sur 24 heures : à partir         1998 ; 13 : 746-752.
                                                                                     7. Sherbourne CD, Sturm R, Wells KB. What
rarement traitée, probablement en            de 60 ans, nous dormons moins               outcomes matter to patients ? J Gen Intern
raison du tableau clinique chez le           longtemps la nuit et nous nous              Med 1999;14: 357-363.
sujet âgé différent de celui de l’adulte     octroyons des phases de sommeil         8. Cohen HJ, Feussner JR, Weinberger M et al.
plus jeune.                                                                              A controlled trial of inpatient and outpatient
                                             diurnes (surtout après 70 ans) ;
                                                                                         geriatric evaluation and management. N Engl
Cet aspect clinique non classique à        • Un     délai   d’endormissement             J Med 2002 ; 346 : 905-912.
l’âge avancé rend l’identification de        allongé ;                               9. Stuck AE, Egger M, Hammer A et al. Home
                                                                                         visits to prevent nursing home admissions
la pathologie plus difficile.              • L’augmentation de fréquence des             and functional decline in elderly people : Sys-
« Le taux de morbi-mortalité lié à la        troubles du sommeil : apnées du             tematic review and meta-regression analysis.
                                                                                         JAMA 2002 ; 287 : 1022-1028.
non prise en charge des troubles du          sommeil, insomnies, syndrome
                                                                                     10. Gill TM, Baker DI, Gottschalk M et al. A pro-
sommeil du sujet âgé est très élevé          des jambes sans repos ;                     gram to prevent functional decline in physi-
(mésusages des médicaments, SAS            • Une augmentation du nombre et               cally frail, elderly persons who live at home.
                                                                                         N Engl J Med 2002 ; 347 : 1068-1074.
et leurs complications). Le défi est         de la durée des éveils nocturnes ;
                                                                                     11. Callahan CM, Unverzagt FW, Hui SL et al. A
d’améliorer la qualité des soins et la     • Des modifications de l’architec-            six-item screener to identify cognitive impair-
qualité de vie des personnes âgées           ture du sommeil : disparition du            ment among potential subjects for clinical
                                                                                         research. Med Care 2002 ; 40 : 771-781.
malades, mais aussi de réduire l’in-         sommeil lent profond et diminu-
cidence et la prévalence des patho-          tion du sommeil paradoxal chez la
logies du sommeil afin de minimiser          personne âgée ;

                                                                                                                                      7
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
Consultation mémoire de Perreux
                      Dr Adrian Kueng      existe pour ne pas diagnostiquer,            vie quotidienne, pourquoi il ne
                          Médecin-chef     rester dans le doute ou carrément            prend plus régulièrement les
 Centre de psychiatrie gériatrique (CPG)   dans le déni ? Un principe de base           médicaments, ou pourquoi il n’est
Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux    dans l’approche médicale des mala-           pas fiable dans ses déclarations. Ils
                                           dies est : pas de prise en charge            reprennent ainsi l’attitude de
En septembre 2004, le Centre de psy-
                                           adéquate sans un diagnostic clair.           banalisation du patient et de ses
chiatrie gériatrique (CPG) de l’hôpi-
                                           Mais regardons maintenant en détail          proches. Leur doute concernant la
tal psychiatrique cantonal de Per-
                                           les attitudes des patients, des              présence d’un début de maladie
reux a pu ouvrir une consultation
                                           proches, des soignants et des méde-          d’Alzheimer est vite noyé dans
ambulatoire spécialisée dans le dia-
                                           cins qui empêchent un coping adé-            l’indifférence des autres acteurs
gnostic de la maladie d’Alzheimer et
                                           quat avec comme point de départ le           du réseau.
d’autres démences. Une équipe mul-
                                           processus d’évaluation et de dia-
tidisciplinaire composée d’un méde-                                                   • Les médecins : ils ont toute la com-
                                           gnostic.
cin-psychiatre, d’une neuropsycho-                                                      pétence et le savoir pour dépister
logue et d’une psychosociologue            • Les patients : ils reconnaissent sou-      une démence mais ne sont sou-
spécialisée en thérapie systémique           vent un affaiblissement des capa-          vent pas convaincus qu’un dia-
(complétée, si besoin, d’un neuro-           cités cognitives et se plaignent de        gnostic précoce soit utile pour le
logue) examinent les patients sur            subir un « coup de vieux ». Mais ils       patient. Ils craignent de provoquer
référence médicale avec les objectifs        refusent aussitôt la possibilité           des angoisses inutiles se basant
suivants: diagnostic précoce de la           d’avoir une maladie en déclarant           sur l’efficacité modeste des théra-
maladie d’Alzheimer et d’autres              que la baisse de leur mémoire              pies spécifiques. Régulièrement
démences, évaluation de la perte             serait tout à fait normale pour            les familles et soignants décrivent
d’autonomie de la personne âgée,             l’âge. Souvent ils banalisent ou           l’attitude médicale comme non-
information et conseils spécialisés,         même nient les difficultés rencon-         intérêt et non-entrée en matière. Il
prévention de l’épuisement familial,         trées dans la vie quotidienne. Sur         leur est même arrivé d’entendre
organisation de la prise en charge. En       le conseil insistant de leur entou-        dire de la part des médecins : on ne
moyenne, une quarantaine de                  rage, ils sont finalement d’accord         fait pas du neuf avec du vieux !. Ils
patients par année profitent de ces          de consulter un médecin. Ces dif-          ont vécu cette attitude nihilistique
prestations qui sont remboursées             ficultés de conscience morbide             surtout comme un manque de
par les caisses maladie, ce qui, com-        peuvent dans quelques cas être             soutien de la part du corps médi-
paré aux 550 nouveaux cas de                 aggravées dans le sens d’une ano-          cal.
démence chaque année pour le seul            sognosie totale, c’est à dire que le
                                             patient refuse toute appréciation        On peut donc résumer qu’il existe
canton de Neuchâtel (chiffres esti-
                                             et aide pour son problème.               souvent comme une sorte de « com-
més selon l’incidence de la démence
                                                                                      plicité » de la part du patient, de ses
et les données démographiques du           • Les proches : ils constatent bien des    proches, des soignants et des méde-
canton), ne représente qu’une petite         petits oublis de plus en plus mar-       cins pour ne pas entreprendre les
minorité. Certes, un grand nombre            qués et un changement de traits de       démarches nécessaires pour éclair-
de patients avec démence sont dia-           personnalité avec tendance à l’iso-      cir la survenue de troubles cognitifs
gnostiqués et pris en charge par les         lement social mais ne font pas (ou       et des troubles de comportement
médecins de premiers recours, par            au moins d’une manière explicite)        associés. Par crainte d’assumer un
les neurologues, internistes et psy-         le lien avec le début d’une maladie      diagnostic de maladie d’Alzheimer
chiatres, mais des chiffres clés             d’Alzheimer. Dans la vie quoti-          avec un pronostic lourd, on préfère
concernant la prise en charge                dienne, ils substituent d’une            la banalisation réconfortante : ce
actuelle, publiés en 2004 par l’Asso-        manière progressive déficits du          n’est pas si grave, c’est l’âge !
ciation Alzheimer Suisse, doivent            patient sans vraiment s’en rendre
quand même interpeller. Selon une            compte et interprètent les troubles      L’évolution de la maladie
vaste enquête auprès des médecins,           de comportement comme pro-
des organisations de soins à domi-           blème relationnel d’origine psy-
                                                                                      d’Alzheimer : naufrage de la
cile et des homes pour personnes             chique. Dans leur opinion, la            banalisation et du déni
âgées, seul un tiers des cas serait          maladie d’Alzheimer est un état de       La démence de la maladie d’Alzhei-
diagnostiqué par le corps médical,           démence avancée qui n’est pas du         mer est une baisse lentement pro-
un tiers des cas serait des cas pro-         tout comparable aux petites diffi-       gressive des capacités cognitives
bables de démence, et un tiers des           cultés rencontrées dans leur quo-        (mémoire, orientation, capacités
cas ne serait pas reconnu.                   tidien. Ainsi les proches rejoignent     exécutives, langage, praxies et gno-
                                             souvent le patient dans la banali-       sies) avec une perte d’autonomie
Pourquoi diagnostiquer                       sation et le déni : tout cela est nor-   dans les activités de la vie quoti-
une maladie d’Alzheimer ?                    mal pour l’âge !                         dienne qui amène inévitablement à
Le fait que beaucoup de personnes          • Les soignants : ils ne se posent sou-    une dépendance complète. D’une
se posent toujours cette question,           vent pas la question d’une manière       manière prévisible et uniforme pour
est en tant que tel déjà surprenant.         approfondie, pourquoi leur client a      au moins 80 % des malades Alzhei-
On pourrait reformuler cette ques-           des difficultés dans l’accomplisse-      mer, le processus de la perte des
tion en se demandant quel intérêt            ment des tâches complexes de la          capacités fonctionnelles suit en

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News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
l’ordre inverse les acquisitions des      home. Une fois le malade placé dans         thérapeutique. Le rôle de l’équipe de
habiletés des enfants dans leur pro-      un home, une attitude de soins avec         la consultation mémoire s’élargit
gression de la petite enfance à l’ado-    des objectifs clairs et réalistes doi-      vers le counselling (action psycho-
lescence. Ce fait était décrit par B.     vent être discutés entre proches et         éducative avec approche systé-
Reisberg sous le terme de « rétrogé-      soignants.                                  mique) comme étape décisive de la
nèse » et est la base de l’échelle FAST   La banalisation et le déni qui ont          prévention de l’épuisement familial.
(B. Reisberg) en 7 stades :               amené le patient et ses proches à
                                                                                      La Consultation Mémoire
Stade 1 :                                 éviter un diagnostic clair avec un
   Personne     adulte normale,           pronostic, les privent souvent d’une        de Perreux
   MMS~28-30, pas de difficultés          prise en charge adéquate. Les               • A la demande écrite du médecin
   subjectives.                           proches et/ou les soins à domicile se         traitant (incluant le traitement
Stade 2 :                                 voient seuls confrontés aux pro-              actuel, les investigations anté-
                                          blèmes grandissants. Ils s’épuisent           rieures et l’adresse détaillée du
   Personne    âgée     normale,
                                          de plus en plus, souvent fragilisés           patient et d’un proche), le patient
   MMS~26-30, plainte mémoire.
                                          par des sentiments d’impuissance et           et son proche sont convoqués
Stade 3 :                                 de culpabilité, jusqu’au jour où un           dans un délai de deux mois (une
   Possible Alzheimer débutant,           petit détail fait rompre l’équilibre          évaluation d’une démence n’est
   MMS 24-28, problèmes d’organi-         précaire du maintien à domicile : une         jamais une urgence et le setting
   sation et de planification.            hospitalisation en urgence (médico-           actuel ne permet pas de faire face
Stade 4 :                                 sociale !) devient nécessaire pour            à des situations de crise).
Alzheimer léger, MMS~ 20-26, diffi-       soins impossibles à domicile. C’est         • Le patient est examiné par le
cultés dans la gestion des finances.      alors, d’une manière mal préparée,            médecin et la neuropsychologue, le
Stade 5 :                                 que les proches sont confrontés à             proche est questionné par la psy-
                                          une multitude de questions et de              chosociologue. Les éventuels exa-
   Alzheimer modéré, MMS~16-22,
                                          soucis : est-ce que le malade peut            mens complémentaires (labora-
   difficultés dans les tâches ména-
                                          rester dans un hôpital somatique ou           toire, imagerie cérébrale) sont
   gères et dans le choix des vête-
                                          doit-il être transféré à Perreux (il faut     organisés.
   ments.
                                          se rappeler, que les patients, dans
Stade 6 :                                                                             • Le médecin, la neuropsychologue
                                          leur jeunesse, appelaient Perreux
   Alzheimer modérément grave,                                                          et la psychosociologue compilent
                                          asile des incurables ou plus populai-
   MMS~8-18, difficulté dans l’hy-                                                      leurs investigations dans une
                                          rement maison des fous) ? Est-ce
   giène personnelle et début d’in-                                                     conférence de diagnostic et de
                                          que le malade peut retourner à la
   continence urinaire, puis fécale.                                                    synthèse sous la supervision d’un
                                          maison ou doit-il être placé en home
                                                                                        médecin-cadre. Ils formulent un
Stade 7 :                                 et, si oui, où trouver une place ? Est-
                                                                                        diagnostic et des propositions thé-
   Alzheimer grave, MMS~0-10, dif-        ce que les finances vont suffire pour
                                                                                        rapeutiques.
   ficultés marqués de langage et         payer un home ? Bref, la banalisa-
                                          tion vire brusquement à la drama-           • Le patient et son proche sont infor-
   perte de mobilité progressive.
                                          tisation.                                     més des résultats et des proposi-
Chaque stade de démence est asso-                                                       tions thérapeutiques dans une
cié à des besoins spécifiques. Dans                                                     séance de restitution. Parallèle-
                                          L’évaluation des troubles
un premier temps, le patient et les                                                     ment, un rapport médical détaillé
proches doivent accepter la nouvelle      cognitifs et le diagnostic
                                                                                        est adressé au médecin traitant.
situation en recevant les informa-        précoce de la maladie
                                                                                      • Sur demande du patient et avec
tions et les offres thérapeutiques        d’Alzheimer : porte d’entrée                  l’accord du médecin traitant, le
adéquates (soutien psychologique et
                                          pour une prise en charge                      patient peut être suivi en ambula-
traitement médicamenteux). Puis le
malade a besoin de l’aide dans la         adéquate                                      toire pour la mise en place d’un
                                                                                        traitement spécifique. Sur indica-
gestion des finances et d’autres          Sur le plan médical, une anamnèse
                                                                                        tion médicale, une prise en charge
tâches administratives, tandis que        approfondie, un examen complet et
                                                                                        à l’hôpital de jour de Perreux ou du
les proches doivent comprendre et         un bilan neuropsychologique sont
                                                                                        Locle peut être proposée.
apprendre à gérer les troubles de         les bases pour un diagnostic et un
comportement dans le contact avec         diagnostic différentiel précis qui per-     • Les proches peuvent bénéficier
le malade. De plus en plus le malade      met la mise en place des thérapies            d’un soutien individuel ou en
doit profiter d’une structuration de la   spécifiques. Mais cette évaluation            groupe (séminaires d’information
journée avec des aides ponctuelles        permet également au patient et à ses          sur la maladie).
pour les tâches ménagères et l’hy-        proches une mise à plat des pro-            • Référente : Mme Sandra Vifian,
giène personnelle. Très vite les          blèmes, une prise de conscience et            psychologue, tél. 032 843 29 58.
besoins d’encadrement dépassent           finalement une préparation de l’ave-          E-mail : Sandra.Vifian@ne.ch
les forces des proches qui doivent        nir. Cette démarche qui doit intégrer
trouver et accepter de l’aide profes-     les proches (indispensables pour
sionnelle (soins à domicile, foyers de    l’évaluation des troubles de compor-
jours, séjours de répit). L’arrivée de    tement et les déficits dans les activi-
l’incontinence fait finalement surgir     tés de la vie quotidienne), représente
la question du placement dans un          déjà le premier pas d’un processus

                                                                                                                          9
News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
Ambulances ROLAND
              Différents types de transport de patients

           Ambulances                                           Véhicule Sanitaire Léger (VSL)
                                                                 et Transport Handicap (TH)
Le SIS (Service d’Incendie et de Secours) de la Ville de
Neuchâtel, officiellement responsable du service de l’am-       Minibus confortable, climatisé, conduit par l’un de nos
bulance pour les districts de Neuchâtel, Boudry et du Val-      ambulanciers, ce véhicule est équipé du matériel de base de
de-Ruz délègue par convention une partie de son activité.       réanimation et dispose de moyens de communication per-
Le SIS assure toutes les interventions urgentes et, depuis le   mettant l’appel aux secours sanitaires en cas de besoin
1er janvier 1986, les ambulances Roland assument tous les       (ambulance, SMUR ou REGA).
transports inter-hôpitaux ainsi que les hospitalisations non-   Destiné aux patients stables et non médicalisés (sans perfu-
urgentes dans ces régions.                                      sion et autre appareillage) devant être traités dans un éta-
Complémentaires, ces services collaborent tant au niveau de     blissement spécialisé, ce service garantit la prise en charge
leurs activités que de la formation des ambulanciers.           du patient dans le service de l’hôpital de départ jusqu’au ser-
                             ***                                vice de l’hôpital de destination ; le rôle de l’ambulancier,
Toutes nos ambulances sont équipées conformément à la loi       outre la surveillance, sera avant tout de rassurer le patient et
cantonale.                                                      de régler les problèmes administratifs, liés à sa sortie et à sa
Nos véhicules sont tous munis de la climatisation de la cel-    nouvelle admission.
lule sanitaire, d’un chauffage d’appoint et de stationnement    Le patient sera habillé de ses effets personnels et capable de
et, pour les fourgons, d’un système de suspension sophisti-     se déplacer par ses propres moyens, ou en chaise roulante
qué pour le brancard, ce qui procure un grand confort pour      (non fournie par notre service), l’admission ne passant pas
le patient.                                                     par l’entrée des ambulances et les urgences, mais par le hall
Les patients sont accompagnés par nos soins. En cas de          d’entrée de l’hôpital de destination.
besoin l’hôpital nous renforce par une équipe médicale.
L’équipage se compose soit de deux ambulanciers soit d’un       Ce service fonctionne de 7 h 00 à 18 h 00 du lundi au ven-
ambulancier et d’une infirmière ou d’une assistante médi-       dredi. La nuit et le week-end, sur réservation durant les
cale, diplômées, et formées aux mesures d’urgence, selon        heures de desserte.
les directives de notre médecin responsable, le docteur Reza
Kehtari.
Ce service fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

      Le numéro pour commander un de ces services est le :
           Ambulances Roland : 032 725 26 26
                        URGENCES  144
Urgences psychogériatriques
                       Dr Adrian Kueng     b) les urgences avec un danger pour       et massive de la cognition associée
                           Médecin-chef       autrui (agressivité physique) dans     à une altération de la vigilance. Le
 Centre de psychiatrie gériatrique (CPG)      le cadre d’une psychose aiguë,         delirium léger et débutant est sou-
 Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux      d’un delirium et d’une démence ;       vent de courte durée si la thérapie de
L’approche médicale des urgences           c) les urgences « systémiques » avec      la pathologie sous-jacente est
en psychiatrie gériatrique à domicile         épuisement      familial   (family     immédiate et efficace. Par contre, le
ne se distingue pas de manière fon-           breakdown) et soins impossibles        tableau d’un delirium grave et per-
damentale de l’approche en psy-               à domicile ;                           sistant pendant quelques jours
chiatrie adulte. Néanmoins, il peut        d) les urgences vécues comme dan-         nécessite pratiquement toujours une
être utile de souligner en forme de           gereuses par le patient comme          hospitalisation.
mots-clés quelques points de diffé-           une attaque de panique.                Delirium (CIM 10 : F05)
rence dans le sens d’un upgrade aux        Suicide et personne âgée                  • Troubles cognitifs importants
connaissances et compétences en                                                        d’apparition brusque et récente.
                                           • Risque plus élevé que pour la
psychiatrie générale.
                                             population adulte, risque maximal       • Altération de la vigilance.
La personne âgée montre une très             pour l’homme âgé vivant seul à          • Evolution fluctuante dans les 24 h
grande vulnérabilité à toutes sortes         domicile.                                 avec alternance d’agitation et de
de stress dues à des ressources limi-                                                  somnolence, souvent péjoration
                                           • Un tentamen sur deux est létal.
tées de l’homéostasie. En particulier,                                                 pendant la nuit.
                                           • Prise en charge et thérapie très
elle réagit souvent avec beaucoup
                                             efficace, le problème majeur est la     • Facteurs de risque : âge, démence
d’effets secondaires aux médica-
                                             reconnaissance du risque.                 préexistante, médication anticho-
ments, se distingue par une sympto-
                                           • Attention à l’amalgame entre crise        linergique.
matologie atypique ou fruste et pré-
sente le plus souvent une comorbi-           suicidaire et suicide assisté (EXIT).   • Facteurs déclenchants/toxiques :
dité psychiatrique-somatique.              • Le soignant qui interprète les idées      affection somatique (infection,
                                             suicidaires comme expression              déshydratation, trouble métabo-
Effets secondaires des médica-                                                         lique, etc…) et introduction
                                             d’une libre expression de pensée
ments augmentés :                                                                      récente d’un nouveau médica-
                                             n’est pas une aide efficace pour un
• Somnifères et anxiolytiques peu-           patient en crise suicidaire.              ment (psychotropes, opiacées,
  vent provoquer une faiblesse mus-                                                    antiparkinsoniens,        corticosté-
                                           • La personne âgée en crise suici-
  culaire, une ataxie et des troubles                                                  roïdes, anti-H2, digitaliques etc…).
                                             daire peut attendre du soignant un
  cognitifs.                                                                         • Thérapie : traitement du facteur
                                             soutien dans cette phase de
• Neuroleptiques, même atypiques,            détresse profonde, et pas une             étiologique (facteurs déclenchants
  peuvent provoquer un syndrome              complicité pour un geste de déses-        et facteurs toxiques).
  extra-pyramidal.                           poir.                                   • Traitement symptomatique : trai-
• Levodopa et les agonistes dopami-        La pathologie qui est certainement la       tement de base avec deux fois 0,5
  nergiques peuvent provoquer une          plus spécifique pour la personne            à 1 mg de Haloperidol ou Risperi-
  symptomatologie psychotique.             âgée, est le delirium (synonymes :          done, sédation sur mesure avec
• Les médicaments avec effet anti-         état confusionnel, état confuso-oni-        Distraneurine® 0.3 g max 8 cps
  cholinergique favorisent le deli-        rique, syndrome cérébral aigu). C’est       dans les 24 heures.
  rium.                                    un trouble mental fréquent, poten-        Les visites à domicile pour une
• Insuline, par le bais des hypogly-       tiellement réversible, d’installation     urgence psychogériatrique sont exi-
  cémies non reconnues, peut               rapide, désorganisant de façon glo-       geantes et demandent souvent un
  déclencher un delirium ou péjorer        bale, mais fluctuante au cours des 24     investissement de temps considé-
  une démence.                             h, les fonctions supérieures, souvent     rable. Le médecin est habituelle-
• La morphine peut favoriser un            combiné avec une symptomatologie          ment confronté à une agitation
  delirium.                                psychiatrique bruyante et variée.         générale de l’entourage, à un
                                           Même si la présentation clinique est      manque d’informations précises, à
Souvent le rapport bénéfice risque
                                           essentiellement psychiatrique, son        des avis différents concernant les
d’une médication pour le patient âgé
                                           origine est dans plus de 80 % une         mesures à prendre. Il est utile de pro-
ne répond pas à l’exigence clinique.
                                           affection somatique ou un effet           céder selon un plan d’intervention
Donc attitude prudente : PRIMUM
                                           secondaire médicamenteux. Les             préétabli qui pourrait avoir le cadre
NIHIL NOCERE.
                                           facteurs de risque sont essentielle-      suivant: Les premières dix minutes
Les urgences représentent toujours         ment l’âge et une démence préexis-        entretien dirigé avec la famille, puis
un danger. Nous pouvons schémati-          tante. Un delirium peut ainsi se gref-    dix minutes pour l’examen du
quement distinguer :                       fer sur une démence, mais ne doit         patient seul, suivi de dix minutes de
a) les urgences avec un danger vital       absolument pas être confondue avec        synthèse avec la famille/patient
   pour le patient (refus d’hydrata-       une démence. Une démence dégé-            pour définir le problème principal,
   tion et d’alimentation, refus de        nérative est caractérisée par une         les possibilités d’intervention et
   soins de base, risque de suicide)       progression lente (années !) des          leurs alternatives ainsi que les
   dans le cadre d’une mélancholie         capacités cognitives, le delirium est     modalités et possibilités d’hospi-
   psychotique ou d’un delirium ;          une péjoration brusque (journées!)        talisation. Après cette phase de

                                                                                                                         11
dialogue le médecin doit prendre sa
décision et la communiquer claire-
ment sans tergiverser. Une hospita-
lisation d’une personne âgée en
urgence (même contre sa volonté)
semble pour le médecin souvent le
moyen thérapeutique le plus adé-
quat, mais elle est mal acceptée par
le patient et ses proches. Une hospi-
talisation non-volontaire contre
l’avis des proches devrait être une
extrême exception.
La trousse médicamenteuse pour
l’urgence psychogériatrique :
• La réaction individuelle à un psy-
  chotrope n’est pas prévisible, donc
  prudence !
• Les injections ne se justifient en
  règle générale pas dans le cadre
  ambulatoire.
• Sédatif polyvalent : Distraneurine®
  0.3 g 1 à 2 cps, alternative : Chlo-
  ralhydrate 250 à 500 mg.
• Anxiolytique dans pathologie
  fonctionnelle : Temesta expidet®
  1à 2 mg.
• Agitation/agressivité   dans      le
  cadre d’une démence ou psy-
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                                                                Rapidité
 ANNECY

                                                                 Fiabilité
 CREATION

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                                 www.unilabs.ch

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Thérapie cognitivo-comportementale de la personne âgée
                     Dr Marius Dragos       Vignette clinique                         vivait avec l’angoisse de ne pas réus-
                      Médecin-adjoint                                                 sir à répondre aux exigences de la
Centre de psychiatrie gériatrique (CPG)     Monsieur C. âgé de 69 ans, marié,         famille d’accueil. Par la suite il vit
Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux     père de deux filles, est hospitalisé au   avec une crainte de l’avenir, manque
                                            Centre de psychiatrie gériatrique         d’assurance et décrit une tendance à
Au 1er siècle après J.-C., Epictète, un
                                            pour un état anxio-dépressif avec         trop dramatiser. Il lutte contre
philosophe stoïcien écrivait : « Ce ne
                                            troubles du sommeil.                      l’anxiété par des attitudes de
sont pas les événements qui pertur-
bent les hommes, mais l’idée qu’ils         AF : le père, malade de cancer du         contrôle et perfection. Il suit l’école
se font des événements ».                   colon, se suicide par pendaison alors     obligatoire, puis se forme en autodi-
                                            que le patient à 11 ans. C’est le         dacte pour devenir expert comp-
Cette réflexion a inspiré les pionniers                                               table. Un sentiment d’infériorité face
                                            patient lui-même qui le découvre et
de la psychothérapie cognitive,                                                       à des universitaires le poursuivra
                                            appelle sa mère ; sous le choc il va
qu’on peut définir comme une                                                          toute sa vie. Il se marie avec une
                                            errer dans les rues des heures
approche psychologique structurée,                                                    femme avec un fort caractère.
                                            entières… La mère était déjà connue
limitée dans le temps, centrée sur le
                                            pour une dépression chronique             On note deux consultations psychia-
comment faire face aux difficultés
                                            ayant nécessité à plusieurs reprises      triques ponctuelles en 1970 et 1976
rencontrées dans la réalité quoti-
                                            une prise en charge institutionnelle      pour un état anxio-dépressif mais
dienne par la prise de conscience et
                                            (Préfargier et Perreux). Elle est décé-   sans prise en charge psychothéra-
la modification des pensées dysfonc-
                                            dée à 56 ans à Perreux.                   peutique.
tionnelles et inadaptées. Elle s’est
montrée particulièrement efficace           AP : Après le décès du père et en rai-    Depuis plusieurs années le patient se
pour les patients dépressifs, anxieux,      son de la fragilité de la mère, Mon-      plaint souvent de crises d’angoisses
phobiques et obsessionnels.                 sieur C. et sa sœur cadette ont été       et de troubles du sommeil et
                                            placés dans une ferme agricole dans       demande à son médecin traitant de
Le thérapeute cognitiviste aide le
                                            laquelle les deux enfants auraient        lui prescrire des benzodiazépines,
patient à construire une nouvelle
                                            été exploités. A cette époque il          dont la consommation augmente
manière de percevoir et d’agir sur la
                                            déplore un manque d’affection et de       pendant les périodes de stress.
réalité en faisant appel d’une part à
des techniques comportementales             soutien pour son cursus scolaire et       La décompensation actuelle est en
(assignation de tâches graduées,            professionnel. Il parle également         relation avec l’aggravation d’un
programme de résolution de pro-             d’un état de stress permanent, il         conflit de couple.
blèmes, plans d’activités, relaxation
musculaire, contrôle respiratoire…)
et, d’autre part, à des techniques
cognitives (explication du modèle
dépressif, de l’anxiété, de la phobie
sociale, des conduites obsession-
nelles et compulsives, identification
des pensées automatiques néga-
tives, recherche de pensées alterna-
tives…).
Il s’établit ainsi entre le patient et le
thérapeute une collaboration de type
« scientifique », sorte de partenariat
centré sur la restructuration cognitive
et le changement adaptatif dans
laquelle les deux jouent un rôle actif.
Il est particulièrement important de
lui offrir toutes les informations et
explications nécessaires concernant
la thérapie (son utilité, le type d’en-
gagement demandé, le type de col-
laboration offerte, le rôle des médi-
caments, etc…).
Proposer une psychothérapie cogni-
tivo-comportementale à la personne
âgée est de plus en plus courant, tant
en milieu institutionnel qu’en privé.
La vignette clinique suivante décrit
une prise en charge complexe qui a
débuté à l’hôpital et s’est poursuivie
en ambulatoire.

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