News PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE - numéro 53 Printemps 2007 - Société Neuchâteloise de Médecine
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news PSYCHIATRIE GÉRIATRIQUE numéro 53 Printemps 2007 bulletin officiel de la société neuchâteloise de médecine
FAIS COMME JE DIS PAS COMME JE FAIS SOMMAIRE La Peur du Gendarme La Peur du Gendarme . . . . . . . . . p. Dr P. Y. Bilat, président l’on lit : « Nous répondons des 3 de l’ANMO, frais occasionnés par leur acti- Dossier : vice-président de la SNM vité » ? La psychiatrie gériatrique . . . . . . . p. 4 En ces belles journées de prin- Les « clients » de la gendarme- rie sont maintenant invités à Le home médicalisé temps, nous allons voir fleurir de psychogériatrie . . . . . . . . . . . . . p. 5 au bord de nos routes de nom- signer une « cession de créance » qui devrait permettre Consultation mémoire de Perreux p. 8 breux radars fixes et mobiles qui poussent plus rapidement à leur caisse maladie de fonc- Urgences psychogériatriques . . . . p. 11 que la nature dopée par le tionner en tiers payant. Ce Thérapie cognitivo-comportementale soleil ! Vont s’en suivre de document aurait été négocié de la personne âgée . . . . . . . . . . . p. 13 nombreuses amendes qu’il avec SantéSuisse mais la SNM n’a jamais été mise au courant, Courrier des lecteurs . . . . . . . . . . p. 17 faudra régler dans les plus brefs délais sous peine de s’attirer les ni par l’Etat, ni par les caisses Candidats à la SNM . . . . . . . . . . . p. 18 foudres des services de l’Etat ! maladies, bizarre… Malheureusement, il semble Cette « cession de créance » est L’écho des officines : un leurre : bien souvent il ne Extraits choisis d’un nouveau que la gendarmerie soit bien règlement cantonal . . . . . . . . . . . . p. 20 moins prompte à régler les fac- s’agit pas d’une problématique tures de ses créanciers. qui relève de l’assurance mala- Calendrier médical . . . . . . . . . . . . p. 23 die, les patients sont bien sûr la En effet, de nombreux plupart du temps insolvables et confrères sont excédés et n’ont pas demandé eux- révoltés car des notes d’hono- mêmes l’intervention du méde- raires adressées à la gendar- IMPRESSUM cin. merie sont en souffrance ou Président Votre comité vient de demander Jean-Pierre Walker impayées. Maison de Santé de Préfargier une rencontre avec le chef de la 2074 Marin Saisi de ce problème, le comité police afin que cette situation Tél. 032 755 07 55 de la SNM a mené une enquête intolérable soit réglée. Rédaction - Secrétaire médical à laquelle ont répondu vingt- Dr R. Kehtari huit collègues. Dix-neuf ont Aucune raison que nos notes Hôpital neuchâtelois-Pourtalès, d’honoraires ne soient pas 2000 Neuchâtel déclaré avoir des problèmes de Tél. 032 713 36 00 facturation avec les services de payées dans les délais habi- E-mail : reza.kehtari@ne.ch l’Etat. tuels pour ces interventions Secrétaire SNM parfois périlleuses, toujours Etude Walder et Klauser Les médecins de garde de tous Grand-Rue 7, 2108 Couvet urgentes, déstabilisantes et Tél. 032 863 21 71 les districts interviennent régu- engageant lourdement notre Photocomposition et impression lièrement, souvent en urgence, responsabilité. Imprimerie Zwahlen SA à la demande de la gendarme- Plage 12, 2072 Saint-Blaise Certains confrères ont déjà Tél. 032 756 97 97 rie ou des services des prisons. Fax 032 756 97 90 menacé de ne plus intervenir Il s’agit de visites à domicile E-mail : iz@span.ch en cas de demande de la gen- pour des patients agités ou Parution : 4 fois par année darmerie. Nous espérons ne dangereux, de visites de pré- pas devoir conseiller un tel incarcération ou de contrôles comportement à tous en cas d’alcoolémie. d’échec de négociation avec les Comment se peut-il qu’un services de l’Etat. mandataire qui demande nos Site …Et nous n’aurons peur du services ne règle pas les fac- gendarme… que sur les routes ! de la SNM tures alors qu’il a publié, en 2003, une « Directive et procé- www.snm.ch dure d’appel aux médecins » où 3
DOSSIER La psychiatrie gériatrique Dr James Renard, sion et de l’éventuel affaiblissement intervenants professionnels, sont au FMH psychiatrie, Neuchâtel cognitif associés. centre du suivi d’une personne La psychiatrie gériatrique, domaine démente au domicile. Comme l’a Comme cela est intuitivement perçu, de la fragilité et de la complexité, est montré la rencontre du 22 mars au les problèmes d’alcool et les abus reconnue à la FMH en 2006 par le Club 44, organisée par la Fédération de benzodiazépines sont générale- titre de Formation approfondie. Elle neuchâteloise des services d’aide et ment des « accompagnants » d’un est institutionnelle dans le canton de de soins à domicile avec la Section autre trouble psychiatrique, mais ils Neuchâtel depuis dix-huit ans. neuchâteloise Alzheimer, nous réclament une attention soutenue et constatons dans le canton un déficit Les troubles de l’âge avancé qui une certaine souplesse pour être de structures d’accueil (en home ou réclament un suivi psychiatrique maîtrisés. foyers de jour spécifiques) dans des ambulatoire en pratique privée sont Pour le traitement des patients qui horaires de journée pour les patients très divers. Ils concernent l’en- présentent une psychose ancienne avec un handicap cognitif. semble du spectre de la section F de et continue, une régularité et une La coordination et la communica- la CIM 10. constance des horaires de rendez- tion du psychiatre de l’âge avancé La majorité des consultations a lieu vous s’imposent. avec le médecin traitant sont essen- pour des troubles dépressifs ; ils L’établissement du diagnostic posi- tielles. Cette relation étroite doit être sont isolés ou peuvent accompagner tif et différentiel des démences, dia- expliquée au patient et à ses proches un trouble anxieux ou une démence. gnostic malheureusement pas tou- pour qu’ils la comprennent. Elle Il ne faut jamais minimiser le risque jours précoce, est aussi une tâche du demande, plus que des rapports suicidaire chez le sujet âgé. Il est psychiatre gériatrique, ceci malgré la écrits multiples, des contacts télé- important d’identifier s’il s’agit d’un présence heureuse de la consulta- phoniques réguliers entre le psy- trouble dépressif récurrent, car les tion de la mémoire à Perreux et au chiatre et le somaticien, et, souvent règles de l’art proposent un traite- Locle. En effet, on rencontre fré- aussi, avec les Services d’aide et de ment beaucoup plus prolongé à l’âge quemment une réticence des per- soins à domicile. Communication avancé. sonnes âgées à consulter sur les encore : avec les proches (conjoint, Il n’est pas exceptionnel de mettre lieux psychiatriques institutionnels. enfants). Tous ces contacts se font en évidence un diagnostic de trouble Les investigations indispensables bien sûr avec l’accord explicite du bipolaire type II (hypomanie seule), peuvent être relativement impor- patient. qui bénéficiera d’un traitement sta- tantes et se font en collaboration Last but not least, soulignons que la bilisateur de l’humeur. avec le médecin traitant. psychothérapie dans l’âge avancé Venant juste après en fréquence, les Les consultations se font essentiel- est indispensable et efficace. Ces troubles anxieux et de l’adapta- lement à la demande explicite ou psychothérapies s’inscrivent géné- tion. Les symptômes anxieux sont suggérée du médecin de premier ralement dans un traitement psy- extrêmement difficiles à juguler, ils recours, qui conservera ce rôle prin- chiatrique intégré. Elles suivent le paralysent le malade à l’intérieur de cipal de médecin de référence, modèle psychodynamique et le son domicile, à un âge où les consé- même si, de manière transitoire, le modèle cognitif et comportemental. quences sur la mobilité motrice suivi psychiatrique a une plus Là encore, la souplesse et l’éclec- seront sérieuses. grande intensité que le suivi soma- tisme sont de mise pour s’adapter tique. aux particularités et aux ressources La résistance au traitement des des patients âgés. troubles anxieux et des symptômes Aider aux prises de décisions, soute- dépressifs est fréquente. Le traite- nir et orienter les proches et les ment est rendu difficile par la plus grande sensibilité aux effets secon- daires des médicaments et par la plus faible marge thérapeutique. Il faut de la patience et de l’opiniâtreté REMISE DE CABINET pour réduire les symptômes au mini- La doctoresse Cécilia Mariethoz mum et ne pas abandonner le souhaite remettre son cabinet médical, malade à son sort. de médecine générale, sis à la rue Louis-Favre 30, Impérativement, il faut traiter les troubles par étapes successives. Il à Neuchâtel, pour l’été-automne 2008. est illusoire de vouloir entreprendre Dr C. Mariethoz, rue Louis-Favre 30, 2000 Neuchâtel, simultanément le traitement, dès tél. 032 725 26 44, fax 032 710 18 80. les premières consultations, de l’anxiété généralisée, de la dépres- 4
Le home médicalisé de psychogériatrie Dr Jean-Pierre Walker blira plus lentement et, si on a pres- Si le malade a bien compris ce que le Médecin-chef crit la posologie habituelle, il se fera médicament apporte et les limites de clinique de Préfargier à un niveau de concentrations plus ce qu’il apporte, il acceptera plus La maison de santé de Préfargier élevé. facilement qu’on propose l’arrêt s’il propose un home de psychogériatrie Il faudra donc ajuster les posologies, s’avère nécessaire à un moment médicalisé de 36 lits. soit en diminuant chaque prise, soit donné. Ce home de psychogériatrie est par- en conservant la dose unitaire, mais Au plan des modalités de prescrip- tie intégrante de l’organisation multi- alors en écartant les prises. tion, ce qui est au premier plan est la disciplinaire des soins de santé men- Le choix dépendra de l’intérêt ou des diminution de la fonction rénale tale destinés aux personnes âgées, risques d’avoir ou non des pics. Pour (physiologique) avec l’âge. Elle n’est atteinte à la fois d’une pathologie psy- un médicament dont un effet toxique pas apparente sur l’indicateur habi- chiatrique et de problèmes orga- très gênant se produit en raison des tuel, la créatininémie, car cette der- niques liés à l’âge. L’approche multi- pics de concentration plasmatique, nière est fonction de la masse mus- disciplinaire de l’évaluation, du dia- on préférera diminuer chaque prise. culaire, qui elle-même diminue en gnostic et du traitement est la règle. général avec l’âge. Il faut donc, avec Si, en revanche, on pense que les des formules ad hoc, estimer la clai- Dans une majorité de cas, la morbi- pics plasmatiques sont nécessaires rance de la créatinine, à partir de la dité psychiatrique coexiste avec des pour faire passer vers les tissus des créatininémie, en tenant compte du maladies physiques et est suscep- quantités suffisantes de médica- poids, de l’âge, et du sexe. tible de se compliquer de problèmes ments, on maintiendra les prises sociaux. Ex : formule de Cockroft, une des unitaires, mais on allongera l’inter- plus utilisées pour faire ce type d’es- Les affections mentales du grand valle entre deux prises. timation : âge peuvent être traitées avec suc- cès. Quelques-unes sont chroniques Sensibilité différente Clairance (en ml/mn) = (140-âge) poids Femme créatininémie (en µM/1) et / ou progressives mais peuvent à certains effets Clairance (en ml/mn) = (140-âge) poids x 1,25 bénéficier d’interventions appro- Un insuffisant rénal chronique pré- priées qui contribuent à l’améliora- Homme créatininémie (en µM/1) sente habituellement divers symp- tion de la qualité de vie. tômes ; par exemple une anémie. Pour les médicaments dont l’élimi- Pour garantir l’efficacité de ce tra- nation rénale est prépondérante, ou On cherchera donc à lui éviter la vail, une variété de ressources doit dont l’élimination rénale d’un méta- prise de médicaments qui induisent être disponible et accessible dont bolite actif (ou toxique est prépon- des anémies. La même conduite des lieux d’hébergement pour des dérante, les posologies seront habi- s’appliquera pour chacun des symp- personnes qui ne sont plus capables tuellement à diminuer ; on trouvera, tômes présentés. de vivre à leur propre domicile. en général, des indications dans le Interaction avec les résumé des caractéristiques du pro- Un service idéal de psychiatrie de la duit (compendium) sur la façon de le personne âgée est celui qui met le médicaments qu’il prend déjà produire, pour les médicaments à patient au centre des préoccupations Un sujet qui a une insuffisance marges thérapeutiques étroites, en et qui réalise une suffisante coordi- rénale prend habituellement de prenant l’estimation de la clairance nation entre ses éléments pour assu- nombreux médicaments. Chaque de la créatininémie comme reflet de rer une réelle continuité des soins. fois que l’on commencera une pres- la fonction rénale. Les problèmes importants que l’on cription, il faudra vérifier si celle-ci Compte tenu des difficultés de contre- rencontre sont : l’insuffisant rénal est compatible avec les médica- régulation que les personnes âgées chez un patient atteint d’une mala- ments qu’il prend déjà (interactions). présentent, c’est chez elles qu’on voit die psychiatrique et les modifica- Le même raisonnement s’applique- le plus souvent des effets dits de pre- tions du devenir du médicament rait devant tout sujet qui présente mière dose ; raison pour laquelle, si et/ou de ses métabolites. une maladie au long cours traitée. cela ne pose pas de problème en C’est à cela qu’on pense en premier, terme d’efficacité, on commencera à L’ajout de nouveaux médicaments chez un sujet dont la dénomination dose particulièrement basse et on rend habituellement nécessaire de évoque d’emblée une baisse d’un augmentera progressivement. réfléchir à l’intérêt de chacun de des processus d’élimination des ceux qui sont déjà pris, pour ne pas Chez le sujet âgé plus encore que médicaments. laisser se constituer des listes chez quelqu’un d’autre, l’adaptation Lorsqu’un insuffisant rénal reçoit un de prescriptions invraisemblables de la dose en fonction des signes de médicament qu’il n’élimine pas (ou (dans certains cas, 13 médicaments début d’effets indésirables devra être dont il n’élimine pas le métabolite / jour), il est impératif que tout au particulièrement soigneuse ; il est pertinent) aussi bien qu’un non long de la vie, le prescripteur précise donc particulièrement important insuffisant rénal, la demi-vie du clairement pendant combien de que la personne âgée ait compris médicament chez lui sera plus temps chaque traitement doit être que le médecin attend d’elle qu’elle longue que d’habitude. pris, et qu’il ne dise jamais : « ce dise ce qui ne va pas très bien et Ceci implique que l’équilibre des médicament, vous devrez le prendre qu’elle sache que le médecin ne sera concentrations (steady-state) s’éta- toute votre vie ». ni fâché, ni déçu, ni en colère... 5
ANALYSES ET DIAGNOSTICS MEDICAUX FONDATION Fondation de droit privé à but non lucratif mettant ses services 24h/24 durant toute l’année à disposition de sa clientèle médicale hospitalière et extra-hospitalière. PRESTATIONS Chimie clinique, hématologie, microbiologie, pathologie ainsi que les analyses liées au Service Régional Neuchâtelois et Jurassien de Transfusion Sanguine SRNJTS. CONTRÔLE DE QUALITÉ Contrôle de qualité assuré selon les normes internationales ISO 17025 et 15189. VOS PRÉOCCUPATIONS POUR LA SANTÉ DE VOS PATIENTS SONT ÉGALEMENT TRANSPORT LES NÔTRES ! Service de transports rapide et efficace couvrant l’ensemble du canton de Neuchâtel et les régions limitrophes. INFORMATIONS Visitez notre site Web http://www.admed-ne.ch ou contactez-nous par courriel ou par téléphone : Laboratoires de chimie clinique et hématologie : – La Chaux-de-Fonds : 032 967 23 71 – Pourtalès : 032 713 41 82 Microbiologie : 032 967 21 01 Pathologie : 032 720 00 50 Central d'appel pour les transports : 032 967 20 33
Enfin, le sujet âgé bien entendu a leurs coûts économiques » estiment • Un décalage de phase fréquent, besoin d’une bonne coordination encore ces spécialistes. aggravé par le rythme de vie en entre ces différents médecins, qui « La plainte de mauvais sommeil est institution. savent très bien qu’on ne devrait pas souvent sanctionnée soit par la pres- Ces phénomènes expliquent pour- prescrire plus de trois médicaments cription d’un hypnotique apparenté quoi les personnes âgées se plai- à une même personne, mais qui, aux benzodiazépines soit par de l’in- gnent souvent d’un mauvais som- bien souvent, ne savent pas ce que différence. Rarement les plaintes meil (sommeil fragmenté, instable, prend cette personne âgée qui est concernant le sommeil et la vigi- difficulté pour se « réendormir »). dans leur cabinet et oublient que lance des patients âgés font l’objet chacun des autres médecins ne d’une analyse exhaustive en méde- En conclusion prescrit, lui aussi, « que » trois médi- cine de ville ou à l’hôpital ». Ces problèmes classiques, exprimés caments. ci-dessus, prennent une dimension La méconnaissance des troubles du La coordination doit se faire par sommeil chez le sujet âgé, l’inadé- parfois dramatique dans la prise en un bon médecin généraliste et, si quation et l’insuffisance de leur prise charge de patients présentant un possible, un pharmacien unique en charge sont liées à plusieurs fac- trouble psychiatrique, qui ne sont chez lequel le malade achète tous teurs : plus capables de comprendre ou de ses médicaments. Cette attitude collaborer avec les soignants. L’ap- • manque de formation des méde- pourrait permettre aux pharma- proche pluridisciplinaire qu’un cins et d’autres professionnels de ciens de détecter les cumuls inutiles, home médicalisé spécialisé doit pro- la santé ; ou les interactions médicamen- poser repose sur un professionna- teuses. • problème d’éducation du grand lisme très important et implique des public et en particulier des sujets acteurs conscients des difficultés. Troubles du sommeil âgés et de leurs aidants ; 40 % des personnes âgées se plai- • difficultés d’accès des patients Références 1. Murray CJ, Lopez AD. The Global Burden of gnent de leur sommeil. âgés aux unités de sommeil (prio- Disease. A Comprehensive Assessment of rité aux jeunes)… Mortality and Disability from Diseases. Inju- « Les deux pathologies les plus pré- ries and Risk Factors in 1990 and Projected to valentes du sujet âgé sont l’insom- D’autre part, certaines dépressions 2020. Harvard School of Public Health on nie avec mésusage d’hypnotiques et avec insomnie chez le sujet âgé sont Behalf of The World Health Organization traitées exclusivement et inefficace- and the World Bank : Cambridge, MA : 1996. le syndrome d’apnées du sommeil 2. Farmer ME, Locke BZ, Moscicki EK et al. avec son cortège de complications ment avec des hypnotiques. Et ce, Physical activity and depressive symptoms : cardiovasculaires, neurovasculaires malgré le fait que l’insomnie, le The NHANES I Epidemiologic Follow-up et cognitives. mésusage d’hypnotiques et le syn- Study. Am J Epidemiol 1988 ; 128 : 1340- 1351. drome d’apnées du sommeil soient Environ 40 % des sujets de plus de 75 3. Wells KB, Stewart A, Hays RD et al. The func- fréquents chez le sujet âgé et que la tioning and well-being of depressed patients : ans se plaignent de leur sommeil » population continue à vieillir. Results from the Medical Outcomes Study. indiquent les médecins dans leur JAMA 1989 ; 262 : 914-919. rapport. Les limites entre le sommeil normal 4. Spitzer RL, Kroenke K, Linzer M et al. et le sommeil pathologique sont par- Health-related quality of life in primary care L’insomnie est le plus fréquemment patients with mental disorders. Results from fois difficiles à définir chez les per- un symptôme avec de nombreuses the PRIME-MD 1000 Study. JAMA 1995 ; 274 : sonnes âgées. 1511-1517. étiologies qui sont souvent asso- Avec l’âge, le rythme veille-sommeil 5. Kessler RC, Berglund P, Demler O et al. The ciées entre elles chez le même indi- epidemiology of major depressive disorder : vidu âgé. Le syndrome d’apnées du change, au même titre que toutes les Results from the National Comorbidity Survey sommeil (SAS) concerne quant à lui fonctions physiologiques, ce qui Replication. JAMA 2003 ; 289 : 3095-3105. implique : 6. Callahan CM, Wolinsky FD, Stump TE et al. de 32 à 47 % des sujets de plus de 70 Mortality, symptoms, and functional impair- ans. Cependant, cette affection est • Une modification de la répartition ment in late-life depression. J Gen Intern Med largement sous diagnostiquée et du sommeil sur 24 heures : à partir 1998 ; 13 : 746-752. 7. Sherbourne CD, Sturm R, Wells KB. What rarement traitée, probablement en de 60 ans, nous dormons moins outcomes matter to patients ? J Gen Intern raison du tableau clinique chez le longtemps la nuit et nous nous Med 1999;14: 357-363. sujet âgé différent de celui de l’adulte octroyons des phases de sommeil 8. Cohen HJ, Feussner JR, Weinberger M et al. plus jeune. A controlled trial of inpatient and outpatient diurnes (surtout après 70 ans) ; geriatric evaluation and management. N Engl Cet aspect clinique non classique à • Un délai d’endormissement J Med 2002 ; 346 : 905-912. l’âge avancé rend l’identification de allongé ; 9. Stuck AE, Egger M, Hammer A et al. Home visits to prevent nursing home admissions la pathologie plus difficile. • L’augmentation de fréquence des and functional decline in elderly people : Sys- « Le taux de morbi-mortalité lié à la troubles du sommeil : apnées du tematic review and meta-regression analysis. JAMA 2002 ; 287 : 1022-1028. non prise en charge des troubles du sommeil, insomnies, syndrome 10. Gill TM, Baker DI, Gottschalk M et al. A pro- sommeil du sujet âgé est très élevé des jambes sans repos ; gram to prevent functional decline in physi- (mésusages des médicaments, SAS • Une augmentation du nombre et cally frail, elderly persons who live at home. N Engl J Med 2002 ; 347 : 1068-1074. et leurs complications). Le défi est de la durée des éveils nocturnes ; 11. Callahan CM, Unverzagt FW, Hui SL et al. A d’améliorer la qualité des soins et la • Des modifications de l’architec- six-item screener to identify cognitive impair- qualité de vie des personnes âgées ture du sommeil : disparition du ment among potential subjects for clinical research. Med Care 2002 ; 40 : 771-781. malades, mais aussi de réduire l’in- sommeil lent profond et diminu- cidence et la prévalence des patho- tion du sommeil paradoxal chez la logies du sommeil afin de minimiser personne âgée ; 7
Consultation mémoire de Perreux Dr Adrian Kueng existe pour ne pas diagnostiquer, vie quotidienne, pourquoi il ne Médecin-chef rester dans le doute ou carrément prend plus régulièrement les Centre de psychiatrie gériatrique (CPG) dans le déni ? Un principe de base médicaments, ou pourquoi il n’est Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux dans l’approche médicale des mala- pas fiable dans ses déclarations. Ils dies est : pas de prise en charge reprennent ainsi l’attitude de En septembre 2004, le Centre de psy- adéquate sans un diagnostic clair. banalisation du patient et de ses chiatrie gériatrique (CPG) de l’hôpi- Mais regardons maintenant en détail proches. Leur doute concernant la tal psychiatrique cantonal de Per- les attitudes des patients, des présence d’un début de maladie reux a pu ouvrir une consultation proches, des soignants et des méde- d’Alzheimer est vite noyé dans ambulatoire spécialisée dans le dia- cins qui empêchent un coping adé- l’indifférence des autres acteurs gnostic de la maladie d’Alzheimer et quat avec comme point de départ le du réseau. d’autres démences. Une équipe mul- processus d’évaluation et de dia- tidisciplinaire composée d’un méde- • Les médecins : ils ont toute la com- gnostic. cin-psychiatre, d’une neuropsycho- pétence et le savoir pour dépister logue et d’une psychosociologue • Les patients : ils reconnaissent sou- une démence mais ne sont sou- spécialisée en thérapie systémique vent un affaiblissement des capa- vent pas convaincus qu’un dia- (complétée, si besoin, d’un neuro- cités cognitives et se plaignent de gnostic précoce soit utile pour le logue) examinent les patients sur subir un « coup de vieux ». Mais ils patient. Ils craignent de provoquer référence médicale avec les objectifs refusent aussitôt la possibilité des angoisses inutiles se basant suivants: diagnostic précoce de la d’avoir une maladie en déclarant sur l’efficacité modeste des théra- maladie d’Alzheimer et d’autres que la baisse de leur mémoire pies spécifiques. Régulièrement démences, évaluation de la perte serait tout à fait normale pour les familles et soignants décrivent d’autonomie de la personne âgée, l’âge. Souvent ils banalisent ou l’attitude médicale comme non- information et conseils spécialisés, même nient les difficultés rencon- intérêt et non-entrée en matière. Il prévention de l’épuisement familial, trées dans la vie quotidienne. Sur leur est même arrivé d’entendre organisation de la prise en charge. En le conseil insistant de leur entou- dire de la part des médecins : on ne moyenne, une quarantaine de rage, ils sont finalement d’accord fait pas du neuf avec du vieux !. Ils patients par année profitent de ces de consulter un médecin. Ces dif- ont vécu cette attitude nihilistique prestations qui sont remboursées ficultés de conscience morbide surtout comme un manque de par les caisses maladie, ce qui, com- peuvent dans quelques cas être soutien de la part du corps médi- paré aux 550 nouveaux cas de aggravées dans le sens d’une ano- cal. démence chaque année pour le seul sognosie totale, c’est à dire que le patient refuse toute appréciation On peut donc résumer qu’il existe canton de Neuchâtel (chiffres esti- et aide pour son problème. souvent comme une sorte de « com- més selon l’incidence de la démence plicité » de la part du patient, de ses et les données démographiques du • Les proches : ils constatent bien des proches, des soignants et des méde- canton), ne représente qu’une petite petits oublis de plus en plus mar- cins pour ne pas entreprendre les minorité. Certes, un grand nombre qués et un changement de traits de démarches nécessaires pour éclair- de patients avec démence sont dia- personnalité avec tendance à l’iso- cir la survenue de troubles cognitifs gnostiqués et pris en charge par les lement social mais ne font pas (ou et des troubles de comportement médecins de premiers recours, par au moins d’une manière explicite) associés. Par crainte d’assumer un les neurologues, internistes et psy- le lien avec le début d’une maladie diagnostic de maladie d’Alzheimer chiatres, mais des chiffres clés d’Alzheimer. Dans la vie quoti- avec un pronostic lourd, on préfère concernant la prise en charge dienne, ils substituent d’une la banalisation réconfortante : ce actuelle, publiés en 2004 par l’Asso- manière progressive déficits du n’est pas si grave, c’est l’âge ! ciation Alzheimer Suisse, doivent patient sans vraiment s’en rendre quand même interpeller. Selon une compte et interprètent les troubles L’évolution de la maladie vaste enquête auprès des médecins, de comportement comme pro- des organisations de soins à domi- blème relationnel d’origine psy- d’Alzheimer : naufrage de la cile et des homes pour personnes chique. Dans leur opinion, la banalisation et du déni âgées, seul un tiers des cas serait maladie d’Alzheimer est un état de La démence de la maladie d’Alzhei- diagnostiqué par le corps médical, démence avancée qui n’est pas du mer est une baisse lentement pro- un tiers des cas serait des cas pro- tout comparable aux petites diffi- gressive des capacités cognitives bables de démence, et un tiers des cultés rencontrées dans leur quo- (mémoire, orientation, capacités cas ne serait pas reconnu. tidien. Ainsi les proches rejoignent exécutives, langage, praxies et gno- souvent le patient dans la banali- sies) avec une perte d’autonomie Pourquoi diagnostiquer sation et le déni : tout cela est nor- dans les activités de la vie quoti- une maladie d’Alzheimer ? mal pour l’âge ! dienne qui amène inévitablement à Le fait que beaucoup de personnes • Les soignants : ils ne se posent sou- une dépendance complète. D’une se posent toujours cette question, vent pas la question d’une manière manière prévisible et uniforme pour est en tant que tel déjà surprenant. approfondie, pourquoi leur client a au moins 80 % des malades Alzhei- On pourrait reformuler cette ques- des difficultés dans l’accomplisse- mer, le processus de la perte des tion en se demandant quel intérêt ment des tâches complexes de la capacités fonctionnelles suit en 8
l’ordre inverse les acquisitions des home. Une fois le malade placé dans thérapeutique. Le rôle de l’équipe de habiletés des enfants dans leur pro- un home, une attitude de soins avec la consultation mémoire s’élargit gression de la petite enfance à l’ado- des objectifs clairs et réalistes doi- vers le counselling (action psycho- lescence. Ce fait était décrit par B. vent être discutés entre proches et éducative avec approche systé- Reisberg sous le terme de « rétrogé- soignants. mique) comme étape décisive de la nèse » et est la base de l’échelle FAST La banalisation et le déni qui ont prévention de l’épuisement familial. (B. Reisberg) en 7 stades : amené le patient et ses proches à La Consultation Mémoire Stade 1 : éviter un diagnostic clair avec un Personne adulte normale, pronostic, les privent souvent d’une de Perreux MMS~28-30, pas de difficultés prise en charge adéquate. Les • A la demande écrite du médecin subjectives. proches et/ou les soins à domicile se traitant (incluant le traitement Stade 2 : voient seuls confrontés aux pro- actuel, les investigations anté- blèmes grandissants. Ils s’épuisent rieures et l’adresse détaillée du Personne âgée normale, de plus en plus, souvent fragilisés patient et d’un proche), le patient MMS~26-30, plainte mémoire. par des sentiments d’impuissance et et son proche sont convoqués Stade 3 : de culpabilité, jusqu’au jour où un dans un délai de deux mois (une Possible Alzheimer débutant, petit détail fait rompre l’équilibre évaluation d’une démence n’est MMS 24-28, problèmes d’organi- précaire du maintien à domicile : une jamais une urgence et le setting sation et de planification. hospitalisation en urgence (médico- actuel ne permet pas de faire face Stade 4 : sociale !) devient nécessaire pour à des situations de crise). Alzheimer léger, MMS~ 20-26, diffi- soins impossibles à domicile. C’est • Le patient est examiné par le cultés dans la gestion des finances. alors, d’une manière mal préparée, médecin et la neuropsychologue, le Stade 5 : que les proches sont confrontés à proche est questionné par la psy- une multitude de questions et de chosociologue. Les éventuels exa- Alzheimer modéré, MMS~16-22, soucis : est-ce que le malade peut mens complémentaires (labora- difficultés dans les tâches ména- rester dans un hôpital somatique ou toire, imagerie cérébrale) sont gères et dans le choix des vête- doit-il être transféré à Perreux (il faut organisés. ments. se rappeler, que les patients, dans Stade 6 : • Le médecin, la neuropsychologue leur jeunesse, appelaient Perreux Alzheimer modérément grave, et la psychosociologue compilent asile des incurables ou plus populai- MMS~8-18, difficulté dans l’hy- leurs investigations dans une rement maison des fous) ? Est-ce giène personnelle et début d’in- conférence de diagnostic et de que le malade peut retourner à la continence urinaire, puis fécale. synthèse sous la supervision d’un maison ou doit-il être placé en home médecin-cadre. Ils formulent un Stade 7 : et, si oui, où trouver une place ? Est- diagnostic et des propositions thé- Alzheimer grave, MMS~0-10, dif- ce que les finances vont suffire pour rapeutiques. ficultés marqués de langage et payer un home ? Bref, la banalisa- tion vire brusquement à la drama- • Le patient et son proche sont infor- perte de mobilité progressive. tisation. més des résultats et des proposi- Chaque stade de démence est asso- tions thérapeutiques dans une cié à des besoins spécifiques. Dans séance de restitution. Parallèle- L’évaluation des troubles un premier temps, le patient et les ment, un rapport médical détaillé proches doivent accepter la nouvelle cognitifs et le diagnostic est adressé au médecin traitant. situation en recevant les informa- précoce de la maladie • Sur demande du patient et avec tions et les offres thérapeutiques d’Alzheimer : porte d’entrée l’accord du médecin traitant, le adéquates (soutien psychologique et pour une prise en charge patient peut être suivi en ambula- traitement médicamenteux). Puis le malade a besoin de l’aide dans la adéquate toire pour la mise en place d’un traitement spécifique. Sur indica- gestion des finances et d’autres Sur le plan médical, une anamnèse tion médicale, une prise en charge tâches administratives, tandis que approfondie, un examen complet et à l’hôpital de jour de Perreux ou du les proches doivent comprendre et un bilan neuropsychologique sont Locle peut être proposée. apprendre à gérer les troubles de les bases pour un diagnostic et un comportement dans le contact avec diagnostic différentiel précis qui per- • Les proches peuvent bénéficier le malade. De plus en plus le malade met la mise en place des thérapies d’un soutien individuel ou en doit profiter d’une structuration de la spécifiques. Mais cette évaluation groupe (séminaires d’information journée avec des aides ponctuelles permet également au patient et à ses sur la maladie). pour les tâches ménagères et l’hy- proches une mise à plat des pro- • Référente : Mme Sandra Vifian, giène personnelle. Très vite les blèmes, une prise de conscience et psychologue, tél. 032 843 29 58. besoins d’encadrement dépassent finalement une préparation de l’ave- E-mail : Sandra.Vifian@ne.ch les forces des proches qui doivent nir. Cette démarche qui doit intégrer trouver et accepter de l’aide profes- les proches (indispensables pour sionnelle (soins à domicile, foyers de l’évaluation des troubles de compor- jours, séjours de répit). L’arrivée de tement et les déficits dans les activi- l’incontinence fait finalement surgir tés de la vie quotidienne), représente la question du placement dans un déjà le premier pas d’un processus 9
Ambulances ROLAND Différents types de transport de patients Ambulances Véhicule Sanitaire Léger (VSL) et Transport Handicap (TH) Le SIS (Service d’Incendie et de Secours) de la Ville de Neuchâtel, officiellement responsable du service de l’am- Minibus confortable, climatisé, conduit par l’un de nos bulance pour les districts de Neuchâtel, Boudry et du Val- ambulanciers, ce véhicule est équipé du matériel de base de de-Ruz délègue par convention une partie de son activité. réanimation et dispose de moyens de communication per- Le SIS assure toutes les interventions urgentes et, depuis le mettant l’appel aux secours sanitaires en cas de besoin 1er janvier 1986, les ambulances Roland assument tous les (ambulance, SMUR ou REGA). transports inter-hôpitaux ainsi que les hospitalisations non- Destiné aux patients stables et non médicalisés (sans perfu- urgentes dans ces régions. sion et autre appareillage) devant être traités dans un éta- Complémentaires, ces services collaborent tant au niveau de blissement spécialisé, ce service garantit la prise en charge leurs activités que de la formation des ambulanciers. du patient dans le service de l’hôpital de départ jusqu’au ser- *** vice de l’hôpital de destination ; le rôle de l’ambulancier, Toutes nos ambulances sont équipées conformément à la loi outre la surveillance, sera avant tout de rassurer le patient et cantonale. de régler les problèmes administratifs, liés à sa sortie et à sa Nos véhicules sont tous munis de la climatisation de la cel- nouvelle admission. lule sanitaire, d’un chauffage d’appoint et de stationnement Le patient sera habillé de ses effets personnels et capable de et, pour les fourgons, d’un système de suspension sophisti- se déplacer par ses propres moyens, ou en chaise roulante qué pour le brancard, ce qui procure un grand confort pour (non fournie par notre service), l’admission ne passant pas le patient. par l’entrée des ambulances et les urgences, mais par le hall Les patients sont accompagnés par nos soins. En cas de d’entrée de l’hôpital de destination. besoin l’hôpital nous renforce par une équipe médicale. L’équipage se compose soit de deux ambulanciers soit d’un Ce service fonctionne de 7 h 00 à 18 h 00 du lundi au ven- ambulancier et d’une infirmière ou d’une assistante médi- dredi. La nuit et le week-end, sur réservation durant les cale, diplômées, et formées aux mesures d’urgence, selon heures de desserte. les directives de notre médecin responsable, le docteur Reza Kehtari. Ce service fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le numéro pour commander un de ces services est le : Ambulances Roland : 032 725 26 26 URGENCES 144
Urgences psychogériatriques Dr Adrian Kueng b) les urgences avec un danger pour et massive de la cognition associée Médecin-chef autrui (agressivité physique) dans à une altération de la vigilance. Le Centre de psychiatrie gériatrique (CPG) le cadre d’une psychose aiguë, delirium léger et débutant est sou- Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux d’un delirium et d’une démence ; vent de courte durée si la thérapie de L’approche médicale des urgences c) les urgences « systémiques » avec la pathologie sous-jacente est en psychiatrie gériatrique à domicile épuisement familial (family immédiate et efficace. Par contre, le ne se distingue pas de manière fon- breakdown) et soins impossibles tableau d’un delirium grave et per- damentale de l’approche en psy- à domicile ; sistant pendant quelques jours chiatrie adulte. Néanmoins, il peut d) les urgences vécues comme dan- nécessite pratiquement toujours une être utile de souligner en forme de gereuses par le patient comme hospitalisation. mots-clés quelques points de diffé- une attaque de panique. Delirium (CIM 10 : F05) rence dans le sens d’un upgrade aux Suicide et personne âgée • Troubles cognitifs importants connaissances et compétences en d’apparition brusque et récente. • Risque plus élevé que pour la psychiatrie générale. population adulte, risque maximal • Altération de la vigilance. La personne âgée montre une très pour l’homme âgé vivant seul à • Evolution fluctuante dans les 24 h grande vulnérabilité à toutes sortes domicile. avec alternance d’agitation et de de stress dues à des ressources limi- somnolence, souvent péjoration • Un tentamen sur deux est létal. tées de l’homéostasie. En particulier, pendant la nuit. • Prise en charge et thérapie très elle réagit souvent avec beaucoup efficace, le problème majeur est la • Facteurs de risque : âge, démence d’effets secondaires aux médica- reconnaissance du risque. préexistante, médication anticho- ments, se distingue par une sympto- • Attention à l’amalgame entre crise linergique. matologie atypique ou fruste et pré- sente le plus souvent une comorbi- suicidaire et suicide assisté (EXIT). • Facteurs déclenchants/toxiques : dité psychiatrique-somatique. • Le soignant qui interprète les idées affection somatique (infection, suicidaires comme expression déshydratation, trouble métabo- Effets secondaires des médica- lique, etc…) et introduction d’une libre expression de pensée ments augmentés : récente d’un nouveau médica- n’est pas une aide efficace pour un • Somnifères et anxiolytiques peu- patient en crise suicidaire. ment (psychotropes, opiacées, vent provoquer une faiblesse mus- antiparkinsoniens, corticosté- • La personne âgée en crise suici- culaire, une ataxie et des troubles roïdes, anti-H2, digitaliques etc…). daire peut attendre du soignant un cognitifs. • Thérapie : traitement du facteur soutien dans cette phase de • Neuroleptiques, même atypiques, détresse profonde, et pas une étiologique (facteurs déclenchants peuvent provoquer un syndrome complicité pour un geste de déses- et facteurs toxiques). extra-pyramidal. poir. • Traitement symptomatique : trai- • Levodopa et les agonistes dopami- La pathologie qui est certainement la tement de base avec deux fois 0,5 nergiques peuvent provoquer une plus spécifique pour la personne à 1 mg de Haloperidol ou Risperi- symptomatologie psychotique. âgée, est le delirium (synonymes : done, sédation sur mesure avec • Les médicaments avec effet anti- état confusionnel, état confuso-oni- Distraneurine® 0.3 g max 8 cps cholinergique favorisent le deli- rique, syndrome cérébral aigu). C’est dans les 24 heures. rium. un trouble mental fréquent, poten- Les visites à domicile pour une • Insuline, par le bais des hypogly- tiellement réversible, d’installation urgence psychogériatrique sont exi- cémies non reconnues, peut rapide, désorganisant de façon glo- geantes et demandent souvent un déclencher un delirium ou péjorer bale, mais fluctuante au cours des 24 investissement de temps considé- une démence. h, les fonctions supérieures, souvent rable. Le médecin est habituelle- • La morphine peut favoriser un combiné avec une symptomatologie ment confronté à une agitation delirium. psychiatrique bruyante et variée. générale de l’entourage, à un Même si la présentation clinique est manque d’informations précises, à Souvent le rapport bénéfice risque essentiellement psychiatrique, son des avis différents concernant les d’une médication pour le patient âgé origine est dans plus de 80 % une mesures à prendre. Il est utile de pro- ne répond pas à l’exigence clinique. affection somatique ou un effet céder selon un plan d’intervention Donc attitude prudente : PRIMUM secondaire médicamenteux. Les préétabli qui pourrait avoir le cadre NIHIL NOCERE. facteurs de risque sont essentielle- suivant: Les premières dix minutes Les urgences représentent toujours ment l’âge et une démence préexis- entretien dirigé avec la famille, puis un danger. Nous pouvons schémati- tante. Un delirium peut ainsi se gref- dix minutes pour l’examen du quement distinguer : fer sur une démence, mais ne doit patient seul, suivi de dix minutes de a) les urgences avec un danger vital absolument pas être confondue avec synthèse avec la famille/patient pour le patient (refus d’hydrata- une démence. Une démence dégé- pour définir le problème principal, tion et d’alimentation, refus de nérative est caractérisée par une les possibilités d’intervention et soins de base, risque de suicide) progression lente (années !) des leurs alternatives ainsi que les dans le cadre d’une mélancholie capacités cognitives, le delirium est modalités et possibilités d’hospi- psychotique ou d’un delirium ; une péjoration brusque (journées!) talisation. Après cette phase de 11
dialogue le médecin doit prendre sa décision et la communiquer claire- ment sans tergiverser. Une hospita- lisation d’une personne âgée en urgence (même contre sa volonté) semble pour le médecin souvent le moyen thérapeutique le plus adé- quat, mais elle est mal acceptée par le patient et ses proches. Une hospi- talisation non-volontaire contre l’avis des proches devrait être une extrême exception. La trousse médicamenteuse pour l’urgence psychogériatrique : • La réaction individuelle à un psy- chotrope n’est pas prévisible, donc prudence ! • Les injections ne se justifient en règle générale pas dans le cadre ambulatoire. • Sédatif polyvalent : Distraneurine® 0.3 g 1 à 2 cps, alternative : Chlo- ralhydrate 250 à 500 mg. • Anxiolytique dans pathologie fonctionnelle : Temesta expidet® 1à 2 mg. • Agitation/agressivité dans le cadre d’une démence ou psy- chose : Dipiperon® 40 mg 1/2 à 1 cp. PHOTOS UNILABS - GETTY IMAGES Rapidité ANNECY Fiabilité CREATION Proximité Votre laboratoire suisse de qualité Unilabs Neuchâtel 20, rue de l’Hôpital 2000 Neuchâtel Tél. 032 722 16 80 www.unilabs.ch 12
Thérapie cognitivo-comportementale de la personne âgée Dr Marius Dragos Vignette clinique vivait avec l’angoisse de ne pas réus- Médecin-adjoint sir à répondre aux exigences de la Centre de psychiatrie gériatrique (CPG) Monsieur C. âgé de 69 ans, marié, famille d’accueil. Par la suite il vit Hôpital psychiatrique cantonal, Perreux père de deux filles, est hospitalisé au avec une crainte de l’avenir, manque Centre de psychiatrie gériatrique d’assurance et décrit une tendance à Au 1er siècle après J.-C., Epictète, un pour un état anxio-dépressif avec trop dramatiser. Il lutte contre philosophe stoïcien écrivait : « Ce ne troubles du sommeil. l’anxiété par des attitudes de sont pas les événements qui pertur- bent les hommes, mais l’idée qu’ils AF : le père, malade de cancer du contrôle et perfection. Il suit l’école se font des événements ». colon, se suicide par pendaison alors obligatoire, puis se forme en autodi- que le patient à 11 ans. C’est le dacte pour devenir expert comp- Cette réflexion a inspiré les pionniers table. Un sentiment d’infériorité face patient lui-même qui le découvre et de la psychothérapie cognitive, à des universitaires le poursuivra appelle sa mère ; sous le choc il va qu’on peut définir comme une toute sa vie. Il se marie avec une errer dans les rues des heures approche psychologique structurée, femme avec un fort caractère. entières… La mère était déjà connue limitée dans le temps, centrée sur le pour une dépression chronique On note deux consultations psychia- comment faire face aux difficultés ayant nécessité à plusieurs reprises triques ponctuelles en 1970 et 1976 rencontrées dans la réalité quoti- une prise en charge institutionnelle pour un état anxio-dépressif mais dienne par la prise de conscience et (Préfargier et Perreux). Elle est décé- sans prise en charge psychothéra- la modification des pensées dysfonc- dée à 56 ans à Perreux. peutique. tionnelles et inadaptées. Elle s’est montrée particulièrement efficace AP : Après le décès du père et en rai- Depuis plusieurs années le patient se pour les patients dépressifs, anxieux, son de la fragilité de la mère, Mon- plaint souvent de crises d’angoisses phobiques et obsessionnels. sieur C. et sa sœur cadette ont été et de troubles du sommeil et placés dans une ferme agricole dans demande à son médecin traitant de Le thérapeute cognitiviste aide le laquelle les deux enfants auraient lui prescrire des benzodiazépines, patient à construire une nouvelle été exploités. A cette époque il dont la consommation augmente manière de percevoir et d’agir sur la déplore un manque d’affection et de pendant les périodes de stress. réalité en faisant appel d’une part à des techniques comportementales soutien pour son cursus scolaire et La décompensation actuelle est en (assignation de tâches graduées, professionnel. Il parle également relation avec l’aggravation d’un programme de résolution de pro- d’un état de stress permanent, il conflit de couple. blèmes, plans d’activités, relaxation musculaire, contrôle respiratoire…) et, d’autre part, à des techniques cognitives (explication du modèle dépressif, de l’anxiété, de la phobie sociale, des conduites obsession- nelles et compulsives, identification des pensées automatiques néga- tives, recherche de pensées alterna- tives…). Il s’établit ainsi entre le patient et le thérapeute une collaboration de type « scientifique », sorte de partenariat centré sur la restructuration cognitive et le changement adaptatif dans laquelle les deux jouent un rôle actif. Il est particulièrement important de lui offrir toutes les informations et explications nécessaires concernant la thérapie (son utilité, le type d’en- gagement demandé, le type de col- laboration offerte, le rôle des médi- caments, etc…). Proposer une psychothérapie cogni- tivo-comportementale à la personne âgée est de plus en plus courant, tant en milieu institutionnel qu’en privé. La vignette clinique suivante décrit une prise en charge complexe qui a débuté à l’hôpital et s’est poursuivie en ambulatoire. 13
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