"ON PEUT TOUJOURS S'AMÉLIORER" - FIFA.com
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DIDIER DESCHAMPS « ON PEUT TOUJOURS S‘AMÉLIORER » VERSION FRANÇAISE WWW.FIFA.COM/MAGAZINE FÉVRIER 2019
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LETTRE D’UNE FIFA LEGEND Chers lecteurs de FIFA 1904, Je me surprends parfois à m’émerveiller devant l’impact qu’a eu Quand j’ai raccroché les crampons, j’ai commencé à entraîner après le football sur ma vie. Si je devais choisir deux de mes meilleurs avoir passé un diplôme de formatrice à l’université. J’ai vite réalisé souvenirs d’enfance en lien avec le football, ce serait d’abord – tout que le football pouvait avoir bien plus d’influence sur les jeunes – et comme pour de nombreux autres joueurs et joueuses probablement sur leur vie – que n’importe quelle autre matière que j’aurais pu – ces petits matches endiablés avec mes frères. Nous restions des enseigner. En tant que FIFA Legend, j’espère pouvoir encore heures dehors à jouer, par tous les temps. accroître ce pouvoir et partager mon expérience pour qu’un maxi- mum de jeunes joueuses en profitent, et aussi pour contribuer à ce Mon deuxième souvenir serait probablement le premier match de que le football soit ouvert à tous. l’équipe nationale féminine des États-Unis auquel j’ai assisté ; j’avais alors 12 ans. Le football féminin n’était malheureusement pas J’aimerais aider la FIFA dans son travail de promotion autour de retransmis à l’époque. Je suis allée au stade avec mes parents, et je la Coupe du Monde Féminine et de ses autres compétitions afin que me souviens de l’intensité physique du match, de combien l’équipe toujours plus de fédérations investissent dans le football féminin et avait joué avec la rage de vaincre. Michelle Akers avait reçu un participent à son développement. Cela aura un impact positif sur carton rouge et notre sélectionneur avait aussi été expulsé peu le football mais aussi sur les communautés, car le football apporte „HEAD GAMES“ / Variance Films / Everett Collection / Keystone après. C’était l’ambiance la plus tendue qu’il m’avait été donné de bien plus que le plaisir de taper la balle. vivre et j’avais adoré ça ! Sur le chemin du retour, j’avais dit à mes parents : « Un jour, je jouerai pour cette équipe... » J’ai vraiment hâte d’être à la prochaine Coupe du Monde Féminine en France ! Il n’y a rien de plus beau, de plus grand que de jouer ou Et je l’ai fait ! Si le simple fait de disputer une Coupe du Monde est suivre un match de Coupe du Monde. quelque chose d’incroyable et le rêve de tout footballeur, cette Coupe du Monde Féminine de 1999 était bien plus que ça. La compétition, où notre équipe évoluait devant son public, a inspiré une génération de jeunes joueuses, les poussant à aller au bout de leurs rêves. Ç’a véritablement été un tournant dans l’histoire du Sportivement, football et du sport féminin. Cindy Parlow Cone FIFA 1904 / 1
SOMMAIRE LES SUPPORTERS 8 Émotions, passion et fidélité – Aperçu en images du monde des supporters à Buenos Aires et Londres, véritables « capitales du football ». 16 Au stade ou à la maison : les amateurs de ballon rond ont de plus en plus recours au numérique pour se rapprocher du football et des autres fans. Présentation d’un vocabulaire nouveau, entre « second écran » et « applications ». 8 16 22 « Le supporter » a évolué, passant de suiveur le plus souvent de sexe masculin et vivant sa passion seul à membre d’un groupe cosmopolite. 24 Dans un long entretien, le sélectionneur français Didier Deschamps revient sur le titre des Bleus à la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™ et le rôle de certains joueurs dans ce sacre. 31 Le Prix des Supporters de la FIFA témoigne de la reconnais- sance nouvelle dont jouissent les fans. 32 Vous pensez connaître tous les stades ? Nous avons sélectionné pour vous six enceintes d’un genre particulier. Marco Di Lauro/Getty Images, Peter Kovalev/TASS/Getty Images, Hulton Archive/Getty Images, Curto de la Torre/AFP 24 22 COUVERTURE : La couverture représente le Français Didier Deschamps, champion du monde en tant que joueur puis sélectionneur. 2 / FIFA 1904
36 LE FOOTBALL EN IMAGES 4 IMAGES DU MOIS : Un tirage au sort de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019™ aux allures de fête – Les jeunes escortes à l’honneur lors de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Émirats arabes unis 2018 47 36 PREMIÈRES AMOURS : Mine de charbon de Centrum-Bobrek à Bytom (Pologne) 47 UNE CARRIÈRE EN VIGNETTES PANINI : Ruud Gullit 54 HIER ET AUJOURD’HUI : de Mexico à Moscou 58 ARCHIVES PHOTO : la Coupe Jules Rimet à son arrivée au Brésil Tomasz Tomaszewski/VISUM, Bongarts/Getty Images, Popperfoto/Getty Images, Andreas Rentz/Bongarts/Getty Images Fatih Aktas/Anadolu Agency/Getty Images 58 56 LE MONDE DU FOOTBALL 43 LE MOT DU PRÉSIDENT : « Je suis convaincu que nous 40 ACTUALITÉS DE LA FIFA ET CLASSEMENTS MONDIAUX entamons une année qui changera à jamais la façon dont FIFA/COCA-COLA le football féminin est perçu », explique Gianni Infantino à quelques mois de la Coupe du Monde Féminine de la 48 ASSOCIATIONS MEMBRES DE LA FIFA FIFA, France 2019™. 56 CARRIÈRE D’UNE FIFA LEGEND : Dario Šimić 61 BANDE DESSINÉE : Mordillo 62 INNOVATIONS : le rapport du Groupe d’étude technique de la FIFA regorge de nouveautés 54 56 64 IMPRESSUM FIFA 1904 / 3
IMAGES DU MOIS Les groupes sont connus Le tirage au sort de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019™ a été très suivi partout dans le monde (Paris, 8 décembre 2018). 4 / FIFA 1904
IMAGES DU MOIS Moment de complicité Les joueurs d’Al-Aïn et de l’Espérance de Tunis saluent les jeunes escortes qui s’apprêtent à les accompagner sur le terrain en vue du match d’ouverture de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Émirats arabes unis 2018. Les locaux s’imposeront 3-0. 6 / FIFA 1904
À la vie, à la mort. Mais qu’entend-on par « soutien indéfectible » ? Qui sont les supporters inconditionnels ? Éléments de réponses avec les villes de Londres et Buenos Aires. Par Alan Schweingruber FIFA 1904 / 9
Pas facile d’être supporter. Nick Hornby, qui se passe hors de Londres, tant l’activité auteur de Fever Pitch (« Carton jaune » footballistique y est débordante, avec un pour la version française) et notoire sup- derby tous les week-ends ou presque. porter d’Arsenal, écrit dans l’avant-propos L’affiche entre Tottenham et Arsenal est à d’une réédition de son ouvrage : « Lorsque ce titre une des plus ancestrales. Mais une Birmingham City a marqué le but de la opposition entre Millwall et West Ham ne victoire à la 89 minute, j’ai ressenti ces e manque pas de piment non plus. L’ambiance sentiments inhérents à une défaite d’Arse- y est particulièrement chaude et la courtoi- nal – l’incrédulité, la nausée et la détermi- sie rarement de mise. Entre deux insultes, nation à ne plus revivre pareille misère. » les travées du stade entonnent d’ailleurs Il s’agissait là de la finale de Coupe de la souvent leur célèbre refrain : « Personne ne Ligue anglaise 2011. Cette phrase montre nous aime, mais on s’en contrefiche ». avant tout combien les supporters peuvent souffrir quand leur club ne va pas bien, Reportage photo. combien leur bien-être en dépend. Si Nick Hornby va encore au stade suivre les Gunners, ce n’est pas qu’il aime souffrir des défaites du club de son cœur, mais plutôt qu’il vit pleinement cette fascination supportariale. Et d’un week-end à l’autre, il attend avec impatience de pouvoir vivre l’émotion de la victoire et des trois points engrangés. Comme des milliers d’autres amateurs de football dans cette ville, il vit de cette adrénaline. Londres accueille en effet la bagatelle de onze clubs profession- nels – dont six en Premier League – où évoluent certains des meilleurs joueurs du monde ; seule la ville de Buenos Aires fait mieux avec au total soixante-sept clubs professionnels. Avec autant d’équipes dans la capitale argentine, il apparaîtrait logique que bien davantage partagent un même stade ; pourtant, il y a pas moins de soixante stades pour ces soixante-sept clubs – un chiffre très élevé. La passion n’épargne en effet pas plus l’Argentine que l’Angleterre. Chaque club doit y avoir son stade, son fief, son antre. Et tous sont différents. L’Estadio Monumental (stade de River Ce supporter suit comme il peut le match de sixième division anglaise opposant Plate) et la Bombonera (stade de Boca le Dulwich Hamlet FC au Margate FC (score final 1-1). Juniors) sont les deux enceintes les plus célèbres, théâtres d’affrontements de très haut niveau. En Angleterre, les supporters de province Sam Mellish estiment être snobés par le football de la capitale, qui en effet s’occupe peu de se 10 / FIFA 1904
Affiches, fanions, téléviseurs, souvenirs et breloques, il y a de tout dans ce garage de Boca, le célèbre quartier de la capitale argentine Buenos Aires, mais il y a surtout des articles aux couleurs jaune et bleu, celles du club éponyme si cher à Diego Maradona. Marco Di Lauro/Getty Images, Reinaldo Coddou H. Il est plutôt rare que ce type de cris atteignent les oreilles des joueurs auxquels ils sont destinés, mais qu’importe, l’essentiel est d’y mettre du cœur, surtout quand il s’agit, comme ici, du derby entre le Vélez Sarsfield et CA Huracán. FIFA 1904 / 11
Les matches de Coupe d’Angleterre ont toujours une dimension bien particulière. Les deux adversaires sont souvent brodés sur une écharpe comme ici en janvier 2018 lorsque Tottenham a affronté Wimbledon au troisième tour (3-0). Robin Pope 12 / FIFA 1904
Le « Clásico de Avellaneda » compte parmi les plus célèbres derbies de Buenos Aires, notamment parce que le CA Independiente et le RC de Avellaneda sont parmi les plus anciens clubs de la ville et que leurs stades ne sont distants que de quelque 300 mètres. Il est quand même des moments où Buenos Aires ne vibre pas au rythme du football : vers le mois de mai, à l’automne argentin, quand la Primera División a depuis longtemps livré son verdict. C’est alors le bon moment pour flâner dans les rues de Boca et profiter Reinaldo Coddou H., Not Released (NR) de l’ambiance du quartier au naturel... même si le ballon rond demeure toujours dans un coin de la tête de ses habitants... FIFA 1904 / 13
C’est l’une des dernières photos du légendaire Boleyn Ground (Upton Park), un soir de février 2016. Les supporters de West Ham regardent le match retour de Coupe d’Angleterre contre Liverpool depuis la tribune Bobby Moore. Les Hammers se sont qualifiés grâce à un succès 2-1. Le stade a été démoli plus tard cette année-là. Cette tribune de 150 places est celle du club argentin du Victoriano Arenas et n’a pas manqué de vibrer la saison dernière, fêtant notamment l’accession des locaux en Primera C, la quatrième division argentine. Marco Di Lauro/Getty Images, Reinaldo Coddou H. FIFA 1904 / 15
16 / FIFA 1904 SUPPORTERS iStock (1) / Illustration Fehlbaum
Le supporter contemporain utilise toutes les possibilités numériques pour rester au plus près de son équipe. Équipé d’un smartphone, d’un ordinateur ou d’une console de jeux, il ne rate rien de l’action – bien au contraire. Par Perikles Monioudis TOUJOURS PLUS PRÈS DES SIENS Si vous n’avez pas les moyens d’acheter un billet pour un match ou une perspective multiculturelle, diversifiée et, dans une certaine si vous habitez trop loin de l’antre de votre équipe favorite, il existe mesure, authentique, car dépourvue de filtres. Dès lors, la con tout un arsenal de possibilités numériques qui peuvent se substi sommation de football à la télévision continue de baisser tandis tuer à l’expérience sur place. L’abondante quantité de photos, que des plateformes telles que Twitter et Facebook cherchent à vidéos et informations disponibles sur certaines plateformes de obtenir des droits de diffusion pour certains sports – notamment médias sociaux fait qu’on a parfois tout simplement pas le temps le football américain. d’aller au stade ! Les joueurs, les clubs et les fédérations profitent également de Aujourd’hui, le supporter type n’est plus suspendu à sa télévision l’essor du numérique pour interagir davantage et de manière plus pour suivre l’actualité du football, il vit sa passion dans un espace directe avec leurs supporters. Ils s’adressent aujourd’hui directe où il peut également écouter de la musique ou jouer à des jeux – le ment à eux, ce qui créé une plus grande proximité : l’information monde numérique. Aux frontières du réel et du virtuel, cet univers ne circule plus unilatéralement vers le supporter, mais dans tous les englobe aussi bien le football local, régional comme international. sens et entre toutes les parties concernées. FOOTBALL NUMÉRIQUE Toutefois, selon une étude récente, les supporters britanniques Le supporter d’aujourd’hui porte plusieurs casquettes. Il n’est plus âgés de 16 à 24 ans parlent encore énormément de football en iStock (1) / Illustration Fehlbaum seulement un spectateur passif d’un match ou d’un championnat. face à face (89% des personnes interrogées), bien qu’ils soient De par ses contributions sur les réseaux sociaux et autres platefor également actifs sur des plateformes sociales privées telles que mes, il est très impliqué et livre volontiers le fond de sa pensée WhatsApp (54%). Ils en parlent plusieurs fois par jour (8%), une footballistique. La voix unique du commentateur à la télévision ou fois par jour (10%), une fois par semaine (25%) ou une fois par à la radio est remplacée par des millions d’avis qui donnent une mois (15%). Un supporter sur quatre a indiqué envoyer des mes nouvelle perspective aux événements, sur et en dehors du terrain ; sages privés concernant le football au moins une fois par semaine. FIFA 1904 / 17
FOOTBALL VIRTUEL Les messages peuvent inclure des « mèmes », des GIF, des séquen- ces vidéo ou des commentaires – surtout pendant les matches. Souvent, à l’aide d’un second écran, le supporter suit le match d’un côté (à la télévision) et regarde des ralentis ou consulte des statisti- ques en temps réel de l’autre (par exemple avec une tablette). Plus des deux tiers des supporters britanniques de moins de 25 ans ont recours à cette configuration pour suivre le match de leur équipe. La transition vers le football virtuel est alors toute trouvée pour beaucoup de jeunes. En Grande-Bretagne, trois jeunes de 16 à 19 ans sur quatre jouent au football sur leur console de jeu alors que seulement deux sur trois jouent eux-mêmes au football. Ainsi, une immense communauté férue de football virtuel s’est depuis longtemps emparée des plateformes numériques. Un superbe but virtuel d’un Cristiano Ronaldo tout aussi virtuel lors d’un match encore plus virtuel peut, dans cette ère du numérique, être autant visionné et plébiscité en ligne que les « vrais » buts du « vrai » CR7. Beaucoup de footballeurs professionnels consacrent d’ailleurs une grande partie de leur temps libre au football virtuel. Ils y suivent leur valeur marchande et surveillent avec attention la note que les concepteurs de jeux leur ont attribuée. Il n’est pas rare qu’un footballeur ne soit pas satisfait des caractéristiques données à son alter ego virtuel et qu’il l’exprime avec véhémence sur les réseaux sociaux ! Le supporter contemporain est toujours plus proche de son équipe grâce aux innombrables possibilités numériques et interactives, qui sont indissociables du phénomène qu’est le football aujourd’hui. L’influence des supporters n’a donc pas fini de grandir… iStock (1) / Illustration Fehlbaum FIFA 1904 / 19
ARRÊT SUR IMAGE 20 / FIFA 1904
Double étoile En se rendant sur l’un des terrains d’entraînement de Clairefontaine, le sélectionneur français Didier Deschamps et ses joueurs n’ont pas pu manquer la gigantesque reproduction du trophée de la Coupe du Monde de la FIFA™, accompagnée de deux immenses étoiles (12 novembre 2018). Franck Fife/AFP FIFA 1904 / 21
SUPPORTERS DU NOUVEAU AU STADE Qu’ils soient debout dans les tribunes populaires ou confortablement installés dans une loge d’entreprise, les supporters ont – comme le football lui-même – considérablement changé au fil des ans. Par Perikles Monioudis Impossible de ne pas les remarquer sur les images d’une autre époque. Alignés debout les uns à côté des autres, des supporters sobrement vêtus ne manquent rien de l’action, avec leur haut-de-forme, leur cigarette ou leur pipe, en se proté- geant du soleil avec une ombrelle ou leur journal. Il fut un temps où assister à un match de football était une activité de loisirs essentiellement prisée par les hommes. PLACE AUX SIÈGES INDIVIDUELS La première innovation notable introduite par les supporters a été de se rendre au stade avec un poste de radio afin de tout savoir sur le match qu’ils suivaient et sur les scores des autres rencontres jouées dans le pays. À la mi-temps, on se susten- tait avec un sandwich ou un fruit apporté de chez soi, tandis que les flasques circu- laient dans les tribunes. Rien à voir en somme avec ce que l’on voit au stade aujourd’hui, où vous risquez de manquer le début de la deuxième mi- Entre gentlemen Le Parc Saint-Jacques de Bâle (Suisse) s’est embrasé pour la demi-finale de la temps après avoir dû faire la queue auprès Coupe du Monde 1954 entre la RFA et l’Autriche. 22 / FIFA 1904
En famille Les supporters australiens jubilent avec leur idole Tim Cahill à l’issue d’un match de la Coupe du Monde 2018. de deux concessions pour un sandwich et une bière... Au moins les supporters de notre époque ont désormais leur propre siège : les plus anciens ne regretteront certainement pas le temps où ils risquaient de perdre leur place s’ils s’absentaient ne serait-ce qu’un instant. PLUS DE DIVERSITÉ ET D’INCLUSION S’il y a bien longtemps que le poste de radio a cédé la place au smartphone, l’une des évolutions les plus significatives a été la prise de conscience de la diversité et de l’inclusion. Les stades sont aujourd’hui accessibles à tous, y compris aux per- sonnes handicapées, et – du moins dans la grande majorité des pays – les jeunes filles et les femmes y sont de plus en plus nombreuses, une tendance qui va de pair avec la popularité croissante du football féminin. Parents et enfants garnissent les parties des tribunes réservées aux familles, tandis que certains stades ont même une crèche pour les plus petits. En outre, la sécurité s’est fort heureuse- ment considérablement améliorée à la suite d’accidents ou tragédies où des supporters ont été piétinés et ont parfois même trouvé la mort. Cet évolution positive s’inscrit dans le cadre de la volon- té générale de faire du football un sport pouvant être pratiqué par toutes celles et ceux qui le souhaitent. iStock (2) / Montage Fehlbaum FIFA 1904 / 23
David Ramos / FIFA via Getty Images Derniers préparatifs Téléphone en main, Didier Deschamps attend le début de la conférence de presse d’avant-match de la finale de la Coupe du Monde (Stade Loujniki, Moscou, 14 juillet 2018). 24 / FIFA 1904
« SÉLECTIONNER, CE N’EST PAS FORCÉMENT PRENDRE LES 23 MEILLEURS » L’aventure Russie 2018 a été couronnée du plus grand des succès pour Didier Deschamps qui est rentré en France avec le trophée de la Coupe du Monde dans ses valises. Le tacticien français explique en détail la genèse de cet exploit et le rôle spécifique de chaque joueur dans la réussite historique de sa jeune équipe. Quelle est votre vision du jeu développé pendant cette Coupe du tout sélectionneur ou entraîneur, c’est de créer un groupe, parce qu’on est Monde en Russie ? censé être ensemble 24h/24 pendant de longues semaines. On est resté D’abord, la grande majorité, pour ne pas dire la totalité des équipes 51 jours les uns avec les autres, donc évidemment au-delà de la qualité avaient une très bonne organisation défensive, ce qui donne évidemment footballistique, il y a aussi le côté humain avec des joueurs qui ont plus des matches très difficiles et très serrés. Lors des Coupes du Monde ou moins la capacité de vivre ensemble et de se retrouver autour d’un précédentes, les plus grandes nations pouvaient monter en puissance. objectif commun. Le plus important, c’est toujours le collectif et la Là c’était moins le cas : il fallait être tout de suite prêt, dès les premiers première décision majeure que j’ai eu à prendre, c’est de composer la liste matches de poule. Ensuite, toutes les équipes étaient très, très bien des 23. Je le dis en toute sincérité : faire une liste de 23 pour une grande préparées au niveau athlétique. Certes, ce n’est pas cela qui fait gagner compétition, que ce soit pour une Coupe du Monde ou un Championnat les matches – ce sera toujours la créativité et le talent individuel –, mais d’Europe, ce n’est pas forcément prendre les 23 meilleurs. C’est faire en aujourd’hui, les footballeurs ont de plus en plus cette capacité à répéter sorte de construire le meilleur groupe pour aller le plus loin possible. les efforts, ce qui nous a amenés à avoir des matches très intenses avec beaucoup de rythme, beaucoup de duels, donc beaucoup moins d’espaces Titulariser d’entrée Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, deux et avec des joueurs qui doivent être plus rapides, et qui doivent avoir latéraux inexpérimentés à ce niveau, a parfois été interprété comme encore plus de justesse technique. une énorme prise de risques. Pourquoi ce choix ? Pour deux raisons simples : premièrement, parce que je les ai sélectionnés Vous avez remporté la Coupe du Monde en tant que joueur en 1998. et deuxièmement, parce qu’ils étaient meilleurs que les deux autres. Ces Très honnêtement, quelle est la différence entre les joueurs, les deux joueurs ont un profil certainement différent par rapport à ce qu’on profils de joueurs de haut niveau aujourd’hui, et les joueurs de votre attend du rôle d’un arrière latéral aujourd’hui. Malheureusement, on génération ? analyse le match d’un latéral en se basant beaucoup trop sur l’apport Ce ne sont plus les mêmes personnalités, les mêmes caractères, les offensif, mais dans la construction d’une équipe c’est avant tout un mêmes centres d’intérêt, mais les joueurs de la nouvelle génération sont défenseur. Et ces deux joueurs, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, de très haut niveau. J’avais une équipe très jeune à la Coupe du Monde, ont la spécificité d’être des défenseurs centraux de formation. Ils sont mais elle a énormément de qualités. Cette génération a beaucoup parfaitement capables de jouer arrières latéraux, ils ont joué avec la d’insouciance, beaucoup de générosité et d’enthousiasme. Mais le rôle de sélection espoirs, en plus d’être très bons défensivement, dans les duels FIFA 1904 / 25
au sol ou aériens. Ils ont également une grande capacité athlétique parce qu’ils ont du volume : on l’a vu durant la compétition ; ils ont été décisifs tous les deux. Grâce à eux, nous avions une défense plus solide et une charnière centrale encore plus forte. Quel est le rôle de N’Golo Kanté dans l’équilibre défensif ou offensif de votre équipe ? En Amérique du Sud, ils l’appellent le « numéro 5 », même si chez nous, en Europe, le numéro 5 est traditionnellement porté par un défenseur central… mais c’est ce rôle de milieu de terrain qu’on qualifie de défensif. À l’origine, il n’est pas que défensif, mais c’est lui qui permet de protéger la charnière centrale, de faire les compensations, et c’est aussi le premier à la relance pour pouvoir basculer dans une phase offensive. Donc évidemment, N’Golo Kanté avait un rôle essentiel : à la fois de protection, là où il est très, très fort notamment dans la lecture de trajectoire pour gêner les transmissions adverses et, aussi, dans l’utilisation du ballon pour nous faire basculer dans la phase offensive. Ce n’est certainement pas un rôle qui est mis en valeur comme il le devrait. C’est comme ça dans le football, les joueurs qui sont dans la créativité – les joueurs offensifs, évidemment –, sont plus décisifs, mais pour tout entraîneur et tout sélectionneur, c’est souvent le premier joueur quand on doit faire une composition d’équipe. On sait qu’il est essentiel parce qu’il est au cœur du jeu et il fait le lien entre phase offensive et phase défensive. Il y a un autre joueur qui a un rôle ingrat, un attaquant qui n’a pas marqué de but pendant la Coupe du Monde : Olivier Giroud. Comment expliqueriez-vous son rôle au sein des Bleus ? Quand vous jouez avec un attaquant axial, il peut y avoir différents profils et Olivier, c’est plus un attaquant de pivot, de remise. Il ne faut pas attendre de lui qu’il prenne le ballon et qu’il élimine deux ou trois adver- saires, il n’est pas là pour ça. Et souvent, très souvent, on se rend compte de son utilité quand il n’est pas sur le terrain. Alors certes, il n’a pas eu la chance de marquer, mais il a été décisif sur des dernières passes, des avant-dernières passes, c’est quelqu’un qui a pesé énormément sur les Double vainqueur En 1998, Didier Deschamps avait été le premier à soulever le trophée de la Coupe du Monde de la FIFA™ en tant que défenses, et qui donnait une complémentarité importante et intéressante capitaine de l’équipe de France (12 juillet 1998). Vingt ans plus tard, à notre animation défensive. Il a cette qualité dans son jeu de tête et son il a récidivé, mais cette fois en tant que sélectionneur des Bleus (15 juillet 2018). jeu en pivot offensif, mais c’est vrai aussi qu’il nous est très utile dans les phases défensives. Et dans une notion de collectif, c’est quelqu’un qui est d’une générosité absolue et quand on perd le ballon, le premier défenseur c’est lui, parce qu’il fait l’effort, ils le font tous plus ou moins – certains le font moins – mais c’est quelqu’un d’important : il a été très important dans l’organisation et dans l’animation de notre équipe. Et en ce qui concerne Paul Pogba, qui a montré son meilleur visage Patrick Hertzog / AFP pendant tout le tournoi, avez-vous travaillé quelque chose de spécifique avec lui ? De l’extérieur, on avait une image de Paul qui ne correspondait pas à ce qu’il est vraiment. Paul Pogba, depuis qu’il est arrivé avec nous en équipe 26 / FIFA 1904
de France, en 2013, c’est quelqu’un qui a toujours eu une attitude, une réflexion par rapport au collectif, alors qu’il peut donner l’impression d’être focalisé sur lui-même, mais ce n’est pas vrai du tout. Paul est un joueur qui a connu la Coupe du Monde en 2014 et le Championnat d’Europe en 2016. Il est aujourd’hui à un âge médian, il a 25 ans, donc il est à la fois un exemple pour les plus jeunes, et il fait aussi partie du groupe des plus âgés. Il a pris une certaine envergure en dehors du terrain en termes de leadership, il a souvent pris la parole, mais c’était légitime. Quand on prend la parole, si les mots utilisés et l’attitude qu’on dégage ne sont pas cohérents, ce n’est pas crédible. Mais Paul, lui, l’était. En discutant avec lui, je l’ai aidé à se débarrasser d’un poids important : sa relation avec les médias. Selon moi, il a parfois été injustement critiqué et à partir du moment où il sentait cette agressivité, il ne voulait plus avoir de contact avec les médias. Il devait normaliser cette relation parce que ça fait partie de son métier. Les médias, quels qu’ils soient, ont le droit de critiquer, d’être dur. Il faut l’accepter même si cela fait mal. Le fait d’avoir normalisé cette relation lui a donné une forme de tranquillité, de sérénité qui lui a permis, ensuite, sur le terrain, d’obtenir ce respect-là, cette reconnaissance-là. Mais c’est parce que lui en a décidé ainsi. Il a mené l’ensemble du groupe vers l’objectif. Quelle est l’influence potentielle des joueurs quand on prépare des matches de cette importance ? Par exemple, s’il y a un joueur particu- lier sur le terrain comme Lionel Messi, est-ce qu’on en discute avec tous les joueurs, avec les joueurs potentiellement concernés ou est-ce qu’on fait comme si de rien n’était pour ne pas les stresser ? Oui, c’est beaucoup d’échanges, évidemment le sélectionneur que je suis prend les décisions, mais avant de prendre des décisions, il faut en parler aux joueurs. Je ne me vois pas convaincre un joueur ou l’obliger à faire quelque chose s’il n’est pas du même avis. Durant cette Coupe du Monde, j’ai fait quelque chose qui n’est pas très pédagogique, je le reconnais – parce que j’ai 23 joueurs donc les 23 sont concernés –, mais on a pris l’habitude avec mon encadrement technique de tenir, la veille du match, une réunion en plus petit comité avec les onze joueurs qui allaient débuter le match du lendemain, pour qu’il y ait des échanges par rapport à dif férentes situations. Je le répète, ce n’est pas très pédagogique – bien sûr, le jour du match tout le monde savait ce qu’on devait faire – mais puisque nous n’avions que les titulaires lors de cette réunion, il y avait un peu moins de déperdition et un peu plus de concentration. De plus, il y avait souvent des échanges très intéressants entre eux et ils me posaient des questions concernant les joueurs d’en face, le positionnement des uns par rapport aux autres... c’est quelque chose que j’ai apprécié et qui a été important et enrichissant. Ce n’est pas là qu’on gagnait les matches mais ça permettait aux joueurs d’avoir des réponses avant même d’être sur le terrain. Évidem- ment, le rôle du sélectionneur est important mais sans les joueurs, on n’est Franck Fife / AFP rien, le terrain leur appartient et c’est ce qu’ils font, parce qu’ils ont décidé de le faire, qui est une ligne directrice. Bien évidemment, on doit faire des rappels et des séances sur le terrain, mais l’échange est important. Dans FIFA 1904 / 27
ma première vie de joueur, j’ai aussi eu la chance de pouvoir échanger. Quand le sélectionneur a toutes les informations, il prend des décisions et les joueurs doivent s’adapter mais – c’est aussi une qualité essentielle pour un entraîneur – il doit savoir s’adapter aussi : on s’adapte aux joueurs, je ne pense pas que l’on puisse imposer ou convaincre un joueur de faire quelque chose si lui-même ou ses partenaires ne sont pas tout à fait d’accord. Et avant la finale contre la Croatie, quel était le point fort ou les points forts croate(s) que vous vouliez contrer ? Il y en avait beaucoup. Cette équipe s’appuyait beaucoup sur le cœur du jeu, avec deux joueurs notamment qui ont été excellents : Modrić et Rakitić. Ce sont des joueurs non seulement créatifs mais aussi très intelligents, ils sortaient de leur position de milieu de terrain pour couper les trajectoires de passes, empêcher l’adversaire de pouvoir trouver des espaces, surtout à l’intérieur, et il y avait aussi une relation très importante avec Mandzukić qui, lorsqu’il recevait les ballons, avait cette faculté à les dévier pour les deux joueurs extérieurs qui étaient déjà en mouvement. Tout cela, ce sont des choses qu’ils avaient déjà faites dans les matches précédents et qui nous ont alertés et incités à prendre des dispositions pour être le moins en danger possible. Voilà pour l’aspect défensif mais pour gagner les matches, il faut surtout marquer des buts. L’équipe de Croatie a eu le ballon beau- coup plus que nous et ce n’est pas une volonté de notre part de dire : « on vous laisse le ballon », c’est un rapport de force. C’est toujours le même débat sur les équipes qui ont la possession et celles qui ne l’ont pas. En réalité, on a pu se rendre compte que ce n’était pas nécessairement une question d’efficacité. Si une équipe a beaucoup plus le ballon que son adversaire, qu’elle est efficace, et qu’elle marque, c’est bien ; mais parfois on l’a moins, cela a été le cas pour nous pendant certains matches, mais cela ne nous a pas empêchés d’être plus dangereux et d’être plus efficaces. L’Italie, l’Espagne et l’Allemagne ont été éliminées au premier tour de la Coupe du Monde quatre ans après leur sacre. Est-ce que cela vous interpelle en vue de la prochaine Coupe du Monde, en 2022 au Qatar ? J’ai dit à mes joueurs, tout de suite après, dans le vestiaire : « Vous n’êtes plus les mêmes à partir de ce soir parce que vous êtes champions du monde ». Ce ne sont pas eux qui vont changer mais le regard des gens vis-à-vis d’eux. Dans le succès, il y a toujours une forme de grande eupho- rie, qui est bien évidemment légitime. La remise en cause est peut-être moins évidente, on a tendance à croire que c’est facile quand on l’a fait, qu’on va le refaire, mais les adversaires analysent eux aussi ce qu’ils ont bien fait ou mal fait et c’est très dur de maintenir ce niveau de perfor- mance. L’objectif est donc de rester à ce niveau et de s’améliorer car on peut toujours s’améliorer en gardant ses points forts bien évidemment, mais ça ne tient pas forcément qu’à nous, parce que les autres aussi progressent et ont des mérites. Mais la remise en question est aussi importante, si ce n’est plus importante, après un grand succès. Entretien réalisé par Fabrice Jouhaud. 28 / FIFA 1904
Collaboration fructueuse Didier Deschamps et Kylian Mbappé savent qu’ils peuvent compter l’un Catherine Ivill / Getty Images sur l’autre (Kazan Arena, 30 juin 2018).
Russie 2018 40 000 supporters péruviens se sont rendus en Russie pour soutenir leur équipe ; un engagement récompensé par le Prix des Supporters de la FIFA 2018. 30 / FIFA 1904
SUPPORTERS SUPPORTERS D’EXCEPTION Depuis 2016, la FIFA remet chaque année un Prix des Supporters. Ce n’est que justice diront certains, tant il est difficile d’imaginer le football sans supporters. Par Perikles Monioudis Les équipes remportent des titres et des sept ans presque jour pour jour après le 1982. Beaucoup de supporters de la trophées, les joueurs et entraîneurs se drame de Hillsborough. L’espace de Blanquirroja n’ont dès lors pas hésité une voient remettre des récompenses indivi- quelques minutes, les supporters des seule seconde à se rendre en Russie pour duelles, mais qu’en est-il de ceux sans qui deux clubs ont souhaité rendre hommage la compétition. le football serait bien plus terne, à savoir aux victimes, laissant de côté leur rivalité les supporters ? En 2016, l’instance sportive. En dépit des 14 000 kilomètres qui dirigeante du football mondial a décidé séparent le Pérou de la Russie, une d’introduire son Prix des Supporters – En 2017, le Prix des Supporters de la FIFA véritable marée humaine rouge et une distinction décernée aux supporters est revenu aux supporters du Celtic Glas- blanche a déferlé dans chacune des villes par les supporters, via FIFA.com. gow, dont le dernier match de la saison à hôtes accueillant un match de la sélec- domicile a coïncidé avec le 50 e anniver- tion. Près de 40 000 aficionados ont ainsi HOMMAGE ET EXPLOIT saire de la victoire du club en Coupe soutenu leur équipe en donnant de la Le tout premier Prix des Supporters de la d’Europe des Clubs champions. Le Celtic voix, en arborant les couleurs du pays et FIFA a été remis en 2016 aux supporters est le premier représentant britannique à en faisant preuve d’une bonne humeur à du Borussia Dortmund et du FC Liverpool avoir réalisé cet exploit. Les supporters du toute épreuve. Leur passion et leur pour leur interprétation à l’unisson de club écossais n’ont pas hésité à élaborer engagement ont véritablement marqué la You’ll never walk alone. Au début des un somptueux tifo recouvrant l’ensemble compétition, faisant l’admiration de tous années 1960, les supporters de Liverpool du stade pour rendre hommage à cette les clubs de supporters de la planète. ont fait de cette chanson leur hymne équipe surnommée les Lisbon Lions officieux, qui traversera les frontières (« Lions de Lisbonne »). À qui reviendra le Prix des Supporters de jusqu’à être ensuite adopté par d’autres la FIFA 2019 ? À vous de nous donner la clubs de supporters – dont ceux du 40 000 PÉRUVIENS EN RUSSIE réponse ! Borussia Dortmund. Ainsi, lorsque les Imaginez devoir attendre près de qua- Carlos Garcia Rawlins/Reuters deux équipes se sont rencontrées en avril rante ans que quelque chose se réalise... 2016 à l’occasion des quarts de finale de C’est ce qui est arrivé aux supporters l’Europa League de l’UEFA, c’est en- péruviens, qui n’avaient plus vu leur semble que les supporters des deux équipe nationale en phase finale de la camps ont entonné leur hymne, vingt- Coupe du Monde de la FIFA™ depuis FIFA 1904 / 31
SUPPORTERS THÉÂTRES DE RÊVE Bon nombre de supporters ne manqueraient pour rien au monde leur visite hebdomadaire au stade. Mais ce ne sont pas toujours les arènes les plus clinquantes qui sont les plus mémorables. Nous avons sélectionné pour vous six lieux uniques, dont vous n’avez pourtant peut-être jamais entendu parler. Par Alan Schweingruber Envato (1) 32 / FIFA 1904
ESTADIO HERNANDO SILES (BOLIVIE) Pour ce qui est de l’altitude, le stade de La Paz est sans égal (environ 3 600 mètres au-dessus du niveau de la mer). Niché au cœur de la ville, l’antre de l’équipe de Bolivie peut accueillir près de 41 000 spectateurs. À cette hauteur, l’air est plus rare et il faut donc compter un certain temps pour s’adapter aux conditions locales. Le Brésil, le Chili, l’Argentine... tous les ténors d’Amérique du Sud ont perdu des matches importants à La Paz. En 1963, l’équipe nationale y a remporté le « Campeonato Sudamericano » (aujourd’hui Copa América) organisé sur ses terres. Elle a également terminé deuxième de l’édition 1997, également disputée en Bolivie. ESTÁDIO MUNICIPAL DE BRAGA (PORTUGAL) Filippo Manaresi, Alex Livesey/Getty Images Au Portugal, la réputation du stade du Sporting Braga n’est plus à faire depuis longtemps. Il se trouve sur le flanc du Monte Castro, le point culminant de la région. Sa particularité ? Cette enceinte unique en son genre a pratiquement été taillée dans la montagne elle-même ! Pour assurer leur stabilité, les tribunes latérales, reconnaissables à leur forte inclinaison, sont reliées entre elles par quatre-vingts câbles d’acier. L’écran géant installé derrière l’un des buts est fixé directement à flanc de montagne ; de l’autre côté, les spectateurs disposent d’une vue plongeante sur la ville. Conçue pour l’Euro 2004 par l’architecte Eduardo Souto de Moura, cette arène contient environ 30 000 places. FIFA 1904 / 33
STADE MMABATHO (AFRIQUE DU SUD) La ville de Mahikeng en Afrique du Sud abrite l’un des stades les plus étranges au monde. Sa particularité réside dans le surprenant agencement de ses tribunes. Près de 60 000 personnes peuvent y prendre place, mais il y a fort à parier que certaines ont dû se tordre le cou pour suivre l’action. Construite en 1981, cette enceinte sportive est principalement utilisée par l’université locale, pour les entraînements. STADE NATIONAL KAOHSIUNG (TAÏWAN) Quand l’architecte japonais Toyo Ito décide de donner vie à ses idées, le résultat est spectaculaire. Entre 2006 et 2009, il a super- visé la construction de ce stade en forme de serpent, qui a notamment accueilli les Jeux mondiaux en 2009. Toutefois, ce site ne se distingue pas uniquement par son allure, mais aussi par l’attention portée aux ques- tions écologiques : le toit se compose de près de 9 000 panneaux solaires, qui permettent d’alimenter l’intégralité des équipements. L’excédent est revendu à la compagnie Lefty Shivambu/Gallo Images d’électricité publique. Même les matières premières ayant servi à construire le bâtiment sont recyclables. Cette arène de plus de 40 000 places sert régulièrement de cadre aux matches du Taiwan Power Company FC. 34 / FIFA 1904
STADE KANTRIDA (CROATIE) Certes, ce stade n’est pas de première jeunesse (il a été construit en 1912) et son club résidant, Rijeka, a fait ses valises il y a quelques années. Pourtant, ce lieu atypique mérite d’être mentionné. Aucun match n’y a plus été disputé depuis trois ans, de sorte qu’il tombe petit à petit dans l’oubli. Ce site reste pourtant extraordinaire. En effet, les falaises qui bordent le stade Kantrida offrent une vue magnifique sur l’Adriatique. Du temps de sa splendeur, il pouvait accueillir plus de 10 000 spectateurs. Mais tout n’est pas perdu : des plans sont actuellement à l’étude pour construire un nouveau stade sur le site de l’ancien ! Matthew Lewis/Getty Images, Fashion Industries/Alamy MARINA BAY FLOATING STADIUM (SINGAPOUR) Faute de place en ville pour un stade, le terrain a tout simplement été installé... sur l’eau ! Flottant sur les eaux de la Marina Bay, le stade est utilisé pour des matches de football, mais aussi pour d’autres manifestations sportives, ainsi que pour la fête nationale. Grâce à des filets qui s’élèvent sur 30 mètres, les footballeurs les plus maladroits n’ont pas besoin de se jeter à l’eau pour aller chercher les ballons égarés. L’unique tribune peut accueillir 30 000 spectateurs. Pendant le Grand Prix de Singapour de Formule 1, les places sont très prisées. FIFA 1904 / 35
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PREMIÈRES AMOURS LIEU Mine de charbon de Bobrek à Bytom (Pologne) DATE 19 février 2015 HEURE 14h32 PHOTOGRAPHIE Tomasz Tomaszewski VISUM FIFA 1904 / 37
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LE MOT DU PRÉSIDENT LE NIVEAU DU FOOTBALL FÉMININ EST PLUS ÉLEVÉ QUE JAMAIS Je travaille dans le football depuis plus de l’un des objectifs clés énoncés dans notre pas bien le football féminin seront impres- deux décennies, et, dès mes débuts, j’en- document FIFA 2.0 : une vision pour l’avenir sionnés par le chemin parcouru et par le tendais dire que : « l’avenir du football sera du football est de doubler le nombre de niveau incroyablement élevé qu’il a d’ores féminin ». Bien que je ne remette certaine- footballeuses dans le monde d’ici à 2026 – et déjà atteint. ment pas en doute la sincérité de qui que c’est-à-dire de le faire passer à soixante ce soit en disant cela, je pense qu’il est millions. C’est aussi la raison pour laquelle Avant d’évoquer les projets d’avenir, ne grand temps d’aborder cette question sous nous avons créé une division entièrement manquons pas l’opportunité de faire l’éloge un autre angle. consacrée au football féminin, qui a mis au de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, point la première stratégie globale visant à France 2019™ pour ce qu’elle est déjà : la En effet, il me semble que passer tant développer la discipline. plus grande et la plus fascinante compéti- d’années à prédire ce même avenir pourrait tion de football de l’année. Point. indiquer que nous sommes face à un Ce qu’il faut retenir à ce stade, c’est que, problème persistant – aujourd’hui, dans le pour autant que son avenir soit prometteur, présent. Il s’agit d’un problème de percep- le football féminin est le football du présent tion : à force de considérer le football – et je ne vois pas de meilleur moment pour féminin comme une éternelle attraction le démontrer qu’aujourd’hui, en 2019. Je secondaire, il se pourrait bien que certains défie quiconque de regarder l’un des passent à côté du clou du spectacle. cinquante-deux matches de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA de cet été et Il ne faut pas non plus faire preuve de d’en conclure autrement. Michael Regan / FIFA via Getty Images naïveté. Il est évident qu’il y a encore énor- mément à faire pour développer et faire Je suis convaincu que nous entamons une Footballistiquement vôtre, progresser le football féminin, et il est non année qui changera à jamais la façon dont moins évident qu’un fossé abyssal le sépare le football féminin est perçu. Lorsque dans de son homologue masculin. En tant que quelques mois, les amateurs de football du Président de la FIFA, je le sais très bien. Je monde entier se tourneront vers la France, dois le savoir. C’est précisément pourquoi je suis certain que ceux qui ne connaissent Gianni Infantino, Président de la FIFA FIFA 1904 / 39
ACTUALITÉS DE LA FIFA GIANNI INFANTINO AU SOMMET DU G20 Le football a été présenté aux dirigeants les plus puissants de la dans lesquels le football contribue déjà à l’atteinte de ces planète comme une force au service du bien qui peut les aider à objectifs. Il a notamment cité l’utilisation du football dans s’attaquer à certaines problématiques de la société moderne. l’apprentissage des compétences psychosociales dans des Dans son discours prononcé au sommet du G20 à Buenos Aires, écoles du monde entier, l’intégration des migrants par le biais le Président de la FIFA, Gianni Infantino, a souligné qu’il existe de projets axés autour du football et des ateliers de football « au moins cinq domaines dans lesquels le football peut contribuant à lutter contre les violences faites aux femmes. véhiculer un message d’espoir et constituer un puissant outil : « Le football peut nous rassembler et favoriser la construction la croissance économique, qui englobe le développement des d’un monde placé sous le signe de la prospérité, de l’éducation, infrastructures, l’éducation, la santé, l’égalité entre les sexes et de l’égalité et même de la paix. Ces priorités sont les mêmes l’intégration, en particulier pour les immigrants et les réfugiés ». que celles des dirigeants de ce monde. La FIFA est honorée Gianni Infantino a présenté le projet « Football for Schools » de d’être pour eux un partenaire crédible et fiable », a ajouté le la FIFA et mentionné plusieurs exemples tirés des pays présents Président de la FIFA. Li Ming / imago 40 / FIFA 1904
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