Ouvrez un restaurant ! - Agence Pour la Création d'Entreprises
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Agence Pour la Création d’Entreprises Ouvrez un restaurant ! Réalisé par les experts de l’APCE Deuxième édition © Éditions APCE, 2000, 2006 © Groupe Eyrolles, 2000, 2006 ISBN : 2-7081-3487-6
La restauration L’ORIGINE DE LA RESTAURATION est lointaine, c’est un sec- teur d’activité qui s’est transformé au fil du temps. Comment évolue- t-il ? Et demain, que trouverons-nous dans notre assiette ? Comment se représenter l’étendue de ce marché mieux qu’avec des chiffres, moins savoureux que la gastronomie, mais très instructifs… Historique et évolution au fil du temps De la naissance de la première taverne à nos jours Gargote, buffet, cantine, mess, hostellerie, taverne, brasserie, bis- trot, autant de termes qui désignent ou ont désigné le restaurant. Le terme « taverne » est le plus ancien, il date du XIIe siècle. 19
La restauration « Gargote », plus péjoratif, est venu ensuite au XIVe, il désignait les res- taurants bon marché où la cuisine et le service manquaient de soin. Du latin restaurare, qui veut dire fortifier, le terme restaurant est employé depuis le XVIe siècle pour tout ce qui est reconstituant, for- tifiant. Au XVIIIe siècle, il est utilisé pour désigner un bouillon de viande. Les établissements qui le proposent à leur clientèle vont alors s’appeler également restaurants. C’est rue des Poulies, actuellement rue du Louvre à Paris, qu’en 1765 un certain Boulanger, dit « Champ Oiseau », propose en plus des « restaurants », d’autres plats servis en portions, les tables y sont également individuelles. À l’inverse, les tavernes et auberges concurrentes fonctionnent toujours autour de tablées communes, les menus y sont uniques, et les plats non détaillés. Ainsi est né le restaurant, « établissement où l’on sert des repas moyennant paiement » (définition du Petit Robert). Si vous voulez en savoir plus sur l’histoire des restaurants et cafés, nous vous proposons trois ouvrages : ➙ Histoire de la cuisine et des cuisiniers, par Edmond Neirinck et Jean-Pierre Poulain aux éditions LT J. Lanore. ➙ Des tavernes aux bistrots : histoire des cafés, par Luc Willette, aux éditions Âge d’homme. ➙ Les restaurants dans le monde à travers les âges, aux éditions Glénat. Bien loin de ces bouillons appelés restaurants, ces dernières années, nous assistons à une évolution des techniques nutritives : la prépara- tion des aliments se fait de plus en plus en amont de la cuisine, au sein des industries agro-alimentaires qui fournissent des plats « prêts 20
La restauration à cuire », « prêts à réchauffer », « prêts à garnir », « prêts à trancher »… mais aussi à une automatisation de certaines tâches avec de nouveaux équipements. Ainsi le chef cuisinier n’a plus tout à fait le même rôle, les aires de stockage et la surface de la cuisine sont réduites au profit d’une production plus massive et d’une salle plus grande. Un métier La restauration traditionnelle La restauration traditionnelle couvre une large gamme d’établisse- ments, de la cuisine familiale au grand restaurant gastronomique. Cette activité complète aussi souvent celle de café ou d’hôtel.Alors que la restauration rapide est très urbaine, la restauration tradition- nelle s’implante autant en milieu rural qu’en centre ville. Sa carac- téristique principale, qui la différencie des deux autres activités, est la préparation et la vente de repas servis en salle et à consommer sur place. La restauration rapide La restauration rapide se caractérise principale- ment par un prix moyen faible, l’utilisation d’un La moitié des clients ne supportent plus emballage jetable, l’absence d’un service de de consacrer plus table et des heures d’ouverture extrêmement de deux heures pour déjeuner. larges. C’est également un service presque ins- tantané, un chiffre d’affaires élevé, des produits à faible coût, un choix de menus limité et standardisé, des articles de qualité constante préparés avec des produits alimentaires semi- élaborés ou finis, un équipement spécialisé à programme centralisé, des méthodes et systèmes pouvant être mis en place par une main- d’œuvre non qualifiée ou semi-qualifiée, des ventes au comptoir, 21
La restauration une nourriture ou des boissons pouvant être consommées sur place ou emportées. La restauration livrée à domicile Il s’agit de la préparation de repas ou de plats, qui seront livrés sur le lieu de consommation d’une clientèle restreinte (salariés d’une entreprise ou particuliers à leur domicile). La préparation des repas se fait à partir d’un point de vente, ou plus rarement d’un kiosque. Les produits proposés sont des repas ou des plats cuisinés avec boissons, chauds ou froids, livrés généralement en moins d’une demi-heure. L’activité est irrégulière car très concentrée sur une partie de la journée : une clientèle d’entreprises à l’heure du déjeuner, celle de particuliers à leur domicile le soir. Elle peut être menée à partir d’une activité culinaire déjà existante (restaurant, charcuterie-traiteur), ou à partir d’une unité de fabrication créée spécialement pour la livrai- son à domicile, qui ne comporte pas systématiquement un lieu de restauration sur place. Le paysage de la restauration aujourd’hui Le parc : de nombreuses entreprises, majoritairement de petite taille Plus de 140 000 entreprises composent ce secteur en 2003, soit environ 1 entreprise sur 18. Le secteur emploie plus de 550 000 personnes. Sur un plan statistique, le secteur est segmenté en plusieurs classes : ➙ les hôtels avec restaurant : code 55.1 A de la nomenclature d’activités NAF. 22
La restauration ➙ la restauration dite de type traditionnel : code 55.3 A. ➙ la restauration rapide : code 55.3 B. ➙ les traiteurs et organisateurs de réception : code 55.5 D. On distingue par ailleurs les cantines et restaurants d’entreprises (55.5 A) et les entreprises de restauration collective sous contrat (55.5 C), au nombre de 3 400 en 2003. Ils s’adressent à un type de clientèle particulier (entreprises, secteur public ou semi-public), ce qui les différencient nettement des autres entreprises du secteur dans leur mode de fonctionnement. Le secteur compte majoritairement des petites entreprises : plus du quart des restaurants et plus du tiers des points de restaura- tion rapide n’ont pas de salariés. Si l’on considère les entreprises qui emploient 2 salariés au plus, on arrive à 65 % des restaurants, 76 % des lieux de restauration rapide et 63 % des traiteurs. Sur ce point, les hôtels-restaurants se différencient des autres lieux de restauration, puisque 47 % comptent plus de 3 salariés. La conjoncture : assez morose, mais avec des évolutions contrastées selon les segments D’une façon générale, si la restauration commerciale a connu une bonne croissance à la fin des années 1990, le secteur est depuis très largement touché par le ralentissement économique, le freinage de la consommation, la baisse du moral des ménages et la moindre fréquentation touristique depuis septembre 2001 (aggra- vée par la désaffection des touristes américains pour la France depuis le début de la guerre en Irak). Il apparaît également que la hausse des prix sur les cartes à la suite du passage à l’euro ou encore 23
La restauration TRAITEUR, HÔTEL RESTAURATION RESTAURATION ORGANISATION RESTAURANT TRADITIONNELLE RAPIDE DE RÉCEPTION NOMBRE D’ENTREPRISES 24 503 91 903 28 078 3 130 (AU 01.01.03) DONT NOMBRE 5 196 25 782 10 608 1 094 D’ENTREPRISES SANS SALARIÉS 21 % 28 % 38 % 35 % DONT NOMBRE 7 801 33 975 10 818 871 D’ENTREPRISES EMPLOYANT 1 OU 2 SALARIÉS 32 % 37 % 38 % 28 % DONT NOMBRE 4 754 17 574 3 602 462 D’ENTREPRISES EMPLOYANT 3 OU 9 SALARIÉS 20 % 19 % 13 % 15 % DONT NOMBRE 6 752 14 572 3 050 703 D’ENTREPRISES EMPLOYANT 10 SALARIÉS ET + 27 % 16 % 11 % 22 % Source : INSEE, fichier Sirene, traitement APCE. les RTT qui vident les restaurants les lundi et vendredi midis ont eu des conséquences directes sur le nombre de repas pris hors du domicile par les Français. Une étude sur l’année 2002 menée par Gira Sic Conseil estime la chute de la fréquentation pour l’ensemble de la restauration hors foyer entre 10 et 12 % du nombre de couverts. L’enquête de conjoncture réalisée chaque trimestre par le Centre d’observation économique (COE) montre que, sur l’année 2003, l’activité de restauration est en recul de 1,5 % en termes de chiffres d’affaires et de 4,5 % en termes de couverts servis. 24
La restauration Ce sont surtout les petits restaurants indépendants qui pâtissent de cette crise (– 1,7 % de chiffre d’affaires en 2003), ainsi que les res- taurants de la région Île-de-France (– 3,1 %). Avec plus de 28 000 points de vente, la restauration rapide représente en 2003 un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, pour un total de 1,1 milliard de sandwichs vendus en un an (Source : Étude Gira Sic Conseil pour la 5e édition de l’European Sandwich Show, février 2004). 1,1 milliard de Tous les facteurs sont réunis pour que ce seg- sandwichs vendus en 2003. ment poursuive sa croissance, accélérée depuis 2000 : développement de la consommation ali- mentaire hors foyer, réduction progressive du temps consacré au déjeuner, diminution du budget alloué à la restauration. Et pourtant, il semble que ce segment soit également touché par le ralentissement général, dû à un phénomène de lassitude du consom- mateur. Ceci étant, cette lassitude concerne essentiellement les for- mules anglo-saxonnes et les « restaurants-hamburgers ». Le secteur, hétérogène, connaît en effet des chiffres de croissance différencié selon le créneau : + 18 % en 2003 pour le sandwich, + 7 % pour le hamburger et + 4 % pour la pizza. Concernant le sandwich, les 3/4 du marché sont des produits fabriqués de façon artisanale dans les boulangeries ou les sandwicheries spécialisées. Le reste correspond à des sandwichs fabriqués industriellement et vendus dans les grandes surfaces, les stations-services et les distributeurs automatiques : en améliorant la qualité et la quantité de leurs produits, les fabricants de sandwichs industriels parviennent à améliorer de façon significative leurs ven- tes dans les grandes et moyennes surfaces. 25
La restauration Si le secteur a été récemment marqué par la liqui- C’est un architecte français, Philippe dation judiciaire de Croq’O’Pain et le reposition- Avanzi, qui a été nement forcé de Lina’s, il continue d’attirer de sélectionné par McDonald’s en octobre 2003 nouveaux acteurs, comme la chaîne américaine pour rénover ses restaurants américains. La chaîne a ouvert Subway, et d’assurer le succès des chaînes de 40 nouveaux restaurants sandwicheries à la française, comme la Brioche en France en 2003. Dorée, la Mie Câline, le groupe Holder (à travers son enseigne Paul notamment). À noter que la désaffection pour la formulehamburger ne touche pas l’enseigne leader McDonald’s, qui a trouvé des recettes pour poursuivre sa croissance en France (rénovation des restaurants, enrichissement des menus, charte qualité), alors que le groupe est en repli partout ailleurs, y compris aux États-Unis. Les leaders du marché français HAMBURGER POULET MCDONALD’S 1035 UNITÉS EN 2004 CA 2 300 M€ FRANCE QUICK 314 UNITÉS EN 2004 CA 600 M€ KFC 30 UNITÉS EN 2004 CA 57 M€ FRANCE RESTAURATION RAPIDE 33 UNITÉS EN 2004 CA 32,80 M€ VIENNOISERIE SANDWICHERIE PIZZA ELIOR DIVISION RESTAURATION RAPIDE 328 UNITÉS EN 2004 CA 180,40 M€ GROUPE LE DUFF (LA BRIOCHE DORÉE) 296 UNITÉS EN 2004 CA 187 M€ AUTOGRILL 195 UNITÉS EN 2004 CA 84,70 M€ GROUPE HOLDER 270 UNITÉS EN 2004 CA 236,30 M€ CAFFE RITZZA, TARTE JULIE, CAFÉ SELECT, 200 UNITÉS EN 2004 CA 107,70 M€ ETC. (SSP/GROUPE COMPASS) 26
La restauration VIENNOISERIE SANDWICHERIE PIZZA LA MIE CÂLINE 135 UNITÉS EN 2004 CA 79,52 M€ RELAIS H SNC 185 UNITÉS EN 2004 CA 71,50 M€ LA CROISSANTERIE 117 UNITÉS EN 2004 CA 50,40 M€ Source : Néo Restauration magazine : les 25 leaders du marché français, mars 2005. Apparu vers la fin des années 1980, le marché de la restauration livrée continue sa progression. Les entreprises du secteur sont fortement spécialisées dans quelques plats types (pizzas, couscous, paëlla) ou bien œuvrent sur le marché de la livraison de plateaux- repas en entreprise. Le marché est estimé à 1 800 points de vente, dont la moitié en région parisienne. Les 9 principaux réseaux totali- sent 322 points de vente pour un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros, qui a progressé de 10 % entre 2002 et 2003. Ces chiffres sont faibles par rapport à d’autres pays européens, ce qui permet de tabler sur une poursuite de la Trois règles d’or en croissance de ce marché. restauration livrée à domicile : La livraison de pizzas génère 70 % de l’activité – une carte simple ; – une zone de livraison serrée ; nationale de restauration livrée. Les opérateurs, – un personnel souriant qui se livrent une concurrence acharnée pour et rigoureux (livreurs et standardistes). faire progresser leurs parts de marché, cherchent à élargir leur gamme de produits livrés, à raccourcir le temps entre la commande et la livraison et à trouver une place pour le déjeuner, leur cœur d’activité étant ciblé sur les dîners. La livraison de plateaux repas concerne majoritairement les entre- prises qui, de plus en plus au fait de ce type de prestation et sou- cieuses de contrôler leurs coûts, lancent des appels d’offre avec parfois des contrats d’exclusivité à la clé. Là encore, les princi- 27
La restauration paux opérateurs sont dans une période de forte concur- rence et cherchent aussi à se diversifier en proposant de nouvelles formules (petit déjeuner, formules séminaire, « pot de départ », etc.). Le leader, Flo Prestige, racheté par Fauchon, a livré plus de 500 000 plateaux en 2002. Les 8 leaders du marché français de la restauration livrée CHIFFRE D’AFFAIRES EN 2002 ENSEIGNES NOMBRE D’UNITÉS (EN MILLIONS D’EUROS PIZZA HUT FRANCE 86,66 98 SPEED RABIT PIZZA 27,10 69 CLASS’CROUTE 23,65 49 DOMINO’S PIZZA 21,87 47 LA BOÎTE À PIZZA 18,15 65 PIZZA SPRINT 16,78 10 FLO PRESTIGE 8,28 15 TELEPIZZA 5,80 20 Source : Néo restauration, dossier spécial « La restauration rapide et livrée en France », mars 2003. La classification des entreprises de restauration par type de prestation (sur place, à emporter, livrée) ne permet pas de connaître le poids des chaînes par rapport aux indépendants, alors même que ce sont des entreprises très présentes tant sur un plan médiatique et marketing que sur le plan du nombre de couverts servis et du chiffre d’affaires. En effet, d’après une étude de Coach Omnium, on compte, en 2003, 5 756 unités appartenant à une chaîne et proposant de la restauration servie sur place (hors points de vente de restau- ration à emporter). Cela représente environ 5 % de l’ensemble des 28
La restauration lieux de restauration servie sur place en nombre d’établissements, mais 29 % du nombre total de couverts servis et près de 20 % du chiffre d’affaires. Part des chaînes de restauration sur l’ensemble du marché de la restauration servie sur place en France en 2002 PART ENSEMBLE CHAÎNES DES CHAÎNES VOLUME D’AFFAIRES DE LA RESTAURATION COMMERCIALE SERVIE SUR PLACE 35,6 7 19,7 % (MDS D’€ TTC) VOLUME DE REPAS SERVIS (EN MILLIONS) 2 640 771 29 % NOMBRE D’ÉTABLISSEMENTS 113 000 5 756 5% Source : Étude réalisée par Coach Omnium pour L’Hôtellerie, 2003. Également touchées par le ralentissement de la restauration tradi- tionnelle, les enseignes s’en sortent en renouvelant leur concept et en faisant évoluer le service : horaires non-stop, ouverture 7 jours sur 7, multiplication des garnitures servies à volonté. Les 10 principales enseignes (restauration traditionnelle et rapide) CHIFFRE D’AFFAIRES 2002 NOMBRE D’UNITÉS ENSEIGNES (MILLIONS D’EUROS) AU 01/01/03 MCDONALD’S 2 102 974 QUICK 678,7 314 BUFFALO GRILL 460,7 245 FLUNCH 385,1 172 CAFÉTÉRIA CASINO 364,8 238 29
La restauration CHIFFRE D’AFFAIRES 2002 NOMBRE D’UNITÉS ENSEIGNES (MILLIONS D’EUROS) AU 01/01/03 CAMPANILE 157,5 333 HIPPOPOTAMUS 155,5 70 BRIOCHE DORÉE 150 244 COURTE PAILLE 143,9 150 PIZZA HUT 117,6 30 Source : Étude réalisée par Coach Omnium pour L’Hôtellerie, 2003. Ouvrir un restaurant aujourd’hui Le nombre des restaurants traditionnels régresse ainsi que le nom- bre de créations dans le secteur. Les réactivations sont nombreuses dans le métier ainsi que les défaillances. Nombre de créations et reprises en 2004 NOMBRE CODE TAUX DE TAUX DE SECTEUR D’ENTREPRISES CRÉATIONS REPRISES NAF CRÉATION REPRISE JANVIER 2004 55.3A RESTAURATION DE TYPE 95 568 3 811 8 289 3,9 % 8,6 % TRADITIONNEL 55.3B RESTAURATION 30 611 3 695 2 463 12 % 8% RAPIDE TOTAL, TOUS SECTEURS 2 568 647 223 943 42 228 8,7 % 1,6 % D’ACTIVITÉ Source : INSEE-SIRENE 2005. Des concurrents ? Pour le restaurateur indépendant, la concurrence est rude ; elle pro- vient pour une part des autres restaurateurs indépendants mais 30
La restauration surtout des points de restauration rapide, à emporter ou à consom- mer sur place et des circuits alimentaires alternatifs : stations-service, charcutiers-traiteurs, boulangers-pâtissiers, grandes et moyennes sur- faces, restauration grâce à des automates. Par ailleurs, l’industrie agro-alimentaire com- Les pétroliers deviennent mence à trouver sa place sur le créneau de la restaurateurs. restauration, en proposant des solutions repas à La clientèle des espaces de restauration dans consommer sur place ou à emporter, comme le les stations-service se concept « Graine d’appétit » développé par composait initialement des professionnels de la route. Fleury Michon. Ce concept ne nécessite pas de À présent, les familles cuisine, mais simplement des fours à micro- représentent 40 % des ventes, les routiers et les VRP 60 %. ondes pour réchauffer les plats cuisinés ; cela Pour répondre à cette induit donc des investissements réduits et un demande croissante, les pétroliers ont développé ratio frais de personnel bien plus faible que des espaces spécialisés dans la dans un restaurant traditionnel. La marque s’est restauration (Crocade, Select, Escapade…). fixé comme objectif l’ouverture de 10 restau- rants en 2004 en France et cible parallèlement le marché de la distribution automatique délivrant des repas froids ou chauds (distributeurs implantés dans des hôtels par exemple). Des tendances de consommation en évolution Les Français fréquentent-ils les restaurants ? Les ménages dépensent annuellement en moyenne 1 000 € pour les repas pris à l’extérieur, sur un budget alimentaire total de 5 400 € en 2001. Ce qui représente 18 % du budget alimentation, 31
La restauration contre 16 % en 1980 et 10 % en 1965. À noter que les ménages parisiens dépensent 2 fois plus pour les repas hors foyer qu’en province : 2 000 €, pour un budget alimentaire de 5 700 €, soit 34 %. Le poids de la dépense pour le poste hôtel-café-restaurant dans le budget des ménages s’élève à 7,8 % en 2002 (7,6 % en 1992). Pour comparaison, le poids de la dépense pour le poste ali- mentation et boissons non alcoolisées s’élève à 14,8 % du budget des ménages, contre 15,8 % en 1992. (Source : La consommation des ménages en 2002, Insee Première, juin 2003). Tous les repas hors foyer ne sont pas pris dans un lieu de restaura- tion commerciale : en effet, si la restauration commerciale (tous créneaux confondus) totalise 3,4 milliards de repas servis, ce sont 3,2 milliards de repas qui sont servis en restauration collective (entreprises, écoles, hôpitaux, etc.). Le prix moyen d’un repas dans un lieu de restauration commercial est de 10 € (3 € en restauration collective). (Source : Francoscopie 2003, Gérard Mermet, Larousse). Si les repas avec des tickets moyens supérieurs à 20 € occupent un segment de marché stable, le créneau des repas entre 10 et 20 € s’essouffle, au profit des tickets inférieurs à 10 €. (Source : L’industrie hôtelière, juillet-août 2002). L’une des grandes tendances repérées par Texte des Bernard Boutboul, directeur de Gira Sic Conseil, entretiens du Sirha à est que « l’acte de se restaurer hors foyer penche retrouver sur : de plus en plus vers ce qu’on appelle la restaura- htp://www.sirha.com/ sirha2003. tion nécessitée au détriment de la fonction fes- tive de la restauration. » (Entretiens du Sirha, Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimen- tation, 2003). Cela a notamment des conséquences sur la désaffec- 32
La restauration tion des consommateurs pour des formules « moyennes » (ticket entre 15 et 20 € surtout) qui semblent de plus en plus difficiles à justifier. En 2001, 70 % des Français ont pris au moins un repas hors de leur foyer en semaine (contre 59 % en 1996). Les lieux dans lesquels les Français mangent ne sont plus seulement le domicile ou un lieu de restauration : 37 % mangent ou boivent dans la rue au moins une fois par mois ; 32 % consomment parfois des produits amenés sur leur lieu de travail. (Source : Francoscopie 2003, Gérard Mermet, Larousse). Concernant la restauration livrée, la clientèle peut se décomposer en deux profils : ➙ D’une part les entreprises tertiaires ou 3/4 des repas de celles situées dans les zones industriel- la restauration sont consommés les où il y a peu de lieux de restauration, dési- à midi. reuses d’économiser temps et argent. Les 60 % du chiffre d’affaires est adeptes sont soit les employés et cadres qui réalisé en semaine. déjeunent sur le pouce pour environ 8 €, soit les dirigeants plus portés vers les plateaux-repas d’affaires, pour un ticket compris entre 25 et 40 €. ➙ D’autre part des particuliers, en famille ou entre amis, plutôt entre 20 et 40 ans, et plutôt masculins (pour 67 %), amateurs de pizzas ou de plats exotiques. Il s’agit d’une clientèle moins fidèle et moins captive que celle des entreprises. La clientèle est consti- tuée grâce à la distribution de prospectus dans les boîtes aux lettres (à raison d’une touche pour 1 000 tracts), sur les pare-brise des voitures et par le bouche à oreille. Les créneaux horaires 33
La restauration occupés par la restauration livrée à domicile ont évolué (soir, week-end), mais la clientèle ciblée doit rester de proximité, loca- lisée dans un rayon de 2 kilomètres pour éviter les retards de livraison. La restauration rapide attire quant à elle majoritairement les jeunes : la clientèle est constituée à 60 % par des 15-24 ans. Mais comment mangeons-nous ? Une étude réalisée par l’Insee montre qu’en 1999, les Français ont consacré chaque jour 2 h 14 minutes aux repas, contre 2 h 02 minutes en 1986. Ce sont les lycéens et les étudiants qui passent le moins de temps à table (2 h 03 minutes). C’est le temps consacré au petit déjeuner qui augmente le plus : il est aujourd’hui de 18 minutes par jour en semaine contre 10 minutes en 1980 et 5 minutes en 1965. À noter que sa durée atteint Les Français en moyenne 38 minutes le week-end ! privilégient massivement les La déstructuration des repas s’amplifie en repas à domicile. réponse aux contraintes horaires des différents membres des ménages (tendance croissante au grignotage, prise de repas dans des lieux non prévus pour, etc.). Parallèlement, les menus changent eux aussi : 80 % des personnes ne mangent pas d’entrée au cours des repas principaux, mais pour la même part, le déjeuner et le dîner sont composés d’au moins 2 plats. L’alimentation reste une préoccupation importante chez les Français : on peut noter une attention croissante portée sur les ques- tions de santé et de sécurité alimentaire, un renouveau de l’intérêt pour les produits naturels, un goût pour la créativité culinaire et 34
La restauration pour la convivialité des repas pris en commun. Contrairement Bernard Boutboul formule ainsi son avis à pro- aux Américains, attachés au pos des nouvelles tendances de consommation concept plus qu’à alimentaire : « nous sommes bel et bien sur un la cuisine, les Français en reviennent toujours à ce qu’ils retour vers une cuisine simple, vraie, basique, mangent. Un restaurant à saine, identifiable, pleine de sens et proche de thème doit être une ambiance, une décoration, une idée nous ». Autant de qualificatifs qui peuvent aider originale mais ne doit jamais à définir un nouveau projet de restaurant ! oublier le contenu de l’assiette. À noter que 56 % des Français atteignent le niveau maximal de diversité alimentaire en un seul jour, alors que seulement 34 % des Américains sont dans ce cas, ce qui témoigne d’une forte préoccupation pour une alimentation saine et équilibrée. On oppose le repas « nutrition », qui doit être rapide (tout en res- tant sain et équilibré) et économique (entre 7 et 10 €), au repas « plaisir », qui sera plus cher (plus de 15 €), et servi dans un cadre agréable et convivial. Un concept La tendance est de pouvoir se restaurer dans le lieu même où l’on va faire ses achats, et cela que ce soit dans des enseignes comme la Fnac, Extrapole, les Galeries Lafayette, Célio, Armani, Habitat, Décathlon... ou encore les cinémas UGC. Comme vous n’êtes aucune de ces enseignes, vous devez vous inspirer de ce qui incite le consommateur à prendre un café-croissant ou une formule-salade dans un lieu qui, a priori, ne s’y prête pas. L’un des principaux arguments est de « ne pas perdre de temps ». Mais « être dans une ambiance rassurante loin du gigantisme », contribue bien évidem- ment à maintenir la clientèle sur place. 35
La restauration La restauration à thème, très en vogue, thématise Les idées originales ne le sont plus notamment le menu (tartes, pizzas, tartines, tex- quelques années plus tard si vous mex, indien, chinois, japonais, poissons, moules, ne pensez pas à actualiser ou africain, antillais, couscous…). Mais le thème ne à modifier votre concept... se situe pas nécessairement dans l’assiette, vous pouvez tout à fait proposer une cuisine plus tra- ditionnelle, dans un décor original. Là encore les idées fourmillent et les restaurateurs investissent des créneaux divers comme : ➙ La BD : La BD Pirates de Marseille, où vous croiserez des serveurs-pirates ! ➙ Le sport : le patron du Comptoir du Sport a comme argument : « 500 000 personnes lisent L’Équipe ! » Et oui, c’est ça aussi un créneau porteur ! ➙ Les arts forains : au restaurant Le Cirque à Lyon, vous dînez sur une piste de cirque. ➙ Les médias : le Kiosque, à Paris, dont le patron était rédacteur en chef d’un magazine propose une spécialité régionale à « la une » du quotidien (Ouest-France, La Voix du Nord, Nice-Matin…). Si le thème est dans l’assiette, il est nécessaire de proposer d’autres produits afin que tous les convives soient satisfaits : Léon de Bruxelles ne propose pas uniquement des moules et des frites, mais a ajouté à sa carte quelques plats traditionnels. Un concept original a fait son apparition, « cuisinier à p. 153 domicile ». Cette idée requiert très peu d’investissements, mais beaucoup de talent pour cuisiner et servir de savoureux plats au domicile d’un couple qui fête ses dix ans de mariage, ou d’hommes d’affaires soucieux d’épater leurs convives. 36
La restauration Dans le secteur de la restauration rapide, il existe encore des cré- neaux à prendre : celui des mets régionaux, des pâtes fraîches, des plats mexicains ou chinois, des tarteries, etc. Le monoproduit est à éviter, la livraison à domicile peut être un plus. D’après une enquête dans une ville de province, 60 % du chiffre d’affaires d’un nouvel établissement est le résultat d’une création de marché, le reste est le résultat d’une possible cannibalisation auprès des concurrents déjà en place : sourire, propreté, emplacement feront la différence. Et si les plats à emporter étaient des gigots, des charlottes et des pains-surprise ? Le client est pressé, mais n’a pas oublié les saveurs de l’enfance. Vous pouvez ainsi utiliser vos talents de « cordon bleu », sans être obligé Les recettes de d’avoir une salle qui nécessite du personnel Charlotte livre des plats prêts à pour servir. être cuisinés. Tous les ingrédients y sont, crus Le marché de la restauration livrée à domicile et prédosés en fonction de la recette choisie. On épargne est encore ouvert à Paris et en province dans les ainsi au client une corvée : villes de plus d’un million habitants. Ainsi, de les courses. nouveaux créneaux comme les petits déjeuners d’affaires restent à prendre. La restauration livrée à domicile est un marché globalement porteur, avec un bémol cepen- p. 120 dant pour la pizza : il vaut mieux, dans ce cas, rejoindre une franchise déjà bien rodée. L’investissement est lourd : 150 000 à 200 000 € hors immobilier, et il faut être aguerri à la gestion du personnel. Le défi dans la restauration à domicile, est de réussir l’adéquation entre une cible (clientèle/zone de chalandise), et une offre caracté- 37
La restauration risée par le prix et la composition des menus : menus légers et équi- librés au bureau, ou qui changent des habitudes le soir, chez soi. Enfin, pourquoi ne pas tester votre concept de restauration livrée à domicile au préalable auprès d’un restaurateur, en lui proposant vos services de livraison, pour distribuer ses plats ? C’est un moyen effi- cace de sentir le marché avant de lancer sa propre enseigne. Cette solution peut permettre de proposer une carte variée, si vous vous fournissez auprès de plusieurs restaurateurs. 38
produits » constatent-ils. Entreprendre quelque chose sur un terrain nouveau est à leurs yeux un challenge d’un point de vue personnel et professionnel qui mérite d’être relevé. LIFE’IN’IT Un an et demi de travail les amène, ÎLE-DE-FRANCE en 1999, à créer une chaîne de restauration rapide avec des produits ODJI biologiques. Ils souhaitent « faire comme MacDo et Quick : des petits (enseigne commerciale) prix, une consommation rapide (repas en 30 minutes), mais de qualité ». 27/31, rue des Roches, 93100 Montreuil Ils ajoutent à leur concept la livraison à domicile. Life’in’it Île-de-France est une SARL au Ils se proposent d’offrir à la population capital de 1 500 000 €. L’effectif de urbaine une nourriture de meilleure départ était de six personnes le qualité. Ils ciblent en priorité les premier mois, la quartiers de bureaux, société emploie « Il y a une réelle mais également les aujourd’hui trente demande de ce type cantines scolaires, les salariés. de produit. » entreprises. L’idée Monsieur Erik Josa et est de dire : « Ras deux amis ont souhaité entreprendre, le bol de mal manger et des offres de à une période de leur carrière qui mauvaise qualité : faisons en sorte n’avait aucun rapport avec la de servir une nourriture saine. » restauration. Le choix du domaine Une volonté d’être cohérent dans d’activité s’est révélé par un point l’application du concept s’impose commun entre eux : la consommation comme une évidence : à la de produits biologiques. « Il y a une restauration à base de produits réelle demande de ce type de
biologiques de qualité saine, ils 1,15 million d’euros. Ils s’adressent ajoutent les livraisons en vélo, dans un premier temps aux amis l’utilisation systématique de produits(certains investissent de manière d’entretien et de nettoyage symbolique, d’autres plus respectueux de la nappe phréatique, sérieusement), puis « exploitent » des de l’environnement, et des emballages relations professionnelles (contacts du carton (pas de plastique). « Les gens moment, contacts anciens…). Enfin, doivent sentir que le bio fait partie ils s’adressent à des « inconnus » intégrante de notre concept. On ne fait qui sont sensibilisés à la nourriture pas du bio parce que c’est à la mode. » biologique et à l’environnement. Au Pendant un an et demi (tous les week- total, 26 personnes investissent. Ils ends), ils travaillent de manière n’ont donc pas contracté d’emprunt théorique bancaire. Pour les (s’informent, « Les gens doivent créateurs, derrière étudient le sentir que le bio fait l’idée d’entreprendre marché…) mais doit se dessiner une partie intégrante de synergie, car le projet aussi pratique. Dans leur cuisine, ils jouent notre concept. On est soutenu par des aux apprentis ne fait pas du bio personnes qui y croient et qui sorciers, élaborent parce que c’est agissent. Il devient des produits, des à la mode. » donc plus fort et a cartes, et font des tests à plusieurs reprises sur une beaucoup plus de centaine de personnes… Ils chance d’évoluer et de réussir. recherchent également leurs L’aventure se poursuit avec la fournisseurs dans toute la France et construction de la cuisine. C’est une signent avec eux des partenariats. cuisine centrale de 400 m2 basée à Au bout d’un an, le dossier est Montreuil où tous les produits seront quasiment complet. Il faut à présent fabriqués, et redistribués dans les réunir un capital important : restaurants. Vient ensuite l’installation
du premier restaurant rue Saint- l’avons fait au départ se mettent le Lazare dans le 9e arrondissement de doigt dans l’œil » , confie Erik Josa. Paris sous l’enseigne commerciale Recruter le personnel (cuisiniers) dont Odji. Puis l’ouverture d’un deuxième ils avaient imaginé le profil apporte restaurant, rue de La Boétie dans le 8 e. aussi son lot de difficultés : la Ils choisissent le statut de SARL pour hiérarchie en cuisine est très présente, des raisons pragmatiques : la manière traditionnelle de travailler exonération des charges sur le premier les produits est très spécifique et salaire pendant un an, et le projet différente de celle qu’ils souhaitent évoluera vers le statut de SA. mettre en place. Il est de plus Le décalage entre les prévisions et la nécessaire que le personnel véhicule réalité est surprenant. l’image du concept : « Des gens sains, Ils doivent faire face à « Le projet est qui ont une bonne diverses difficultés, tête, simples, naturels, soutenu par des une approche chacun doit trouver sa place dans personnes qui y naturelle avec le l’entreprise en croient et qui client, qui soit fonction de ses réelles commerciale mais pas agissent. » rentre dedans. » capacités et non de ses désirs. Des compétences Après avoir épuisé la méthode manquent : dans le domaine du classique des petites annonces, ils marketing, par exemple. « Je pense ont instauré leur méthode qui est de qu’on a un peu sous-estimé démarcher directement les gens : « On l’importance du marketing. On est va jusqu’à aborder les gens dans la rue, en train de rattraper ce retard dans le métro. » Le résultat est très maintenant. Mais, on est dans un satisfaisant, et permet un gain de monde où l’image compte beaucoup, temps important. Ils partent du où il y a de vraies règles, de vrais principe que « tout le monde n’est pas professionnels. Les gens qui pensent disponible, mais que cela peut pouvoir s’en affranchir comme nous intéresser du monde ».
L’objectif est de développer Rennes…). Life’in’it voit ce type de l’implantation de restaurants Odji. demande s’accroître et s’implante L’évolution très rapide va amener les dans de nouveaux espaces (Boulogne, créateurs vers des voies de La grande épicerie de Paris, développement restaurant dans une supplémentaires. Une « On va jusqu’à entreprise privée…). demande se aborder les gens « Il est capital d’être manifeste de la part à l’écoute de son de certains clients qui dans la rue, dans métier (il peut souhaitent accueillir le métro. » toujours se passer une structure Odji des choses qu’on chez eux, comme Monoprix qui crée n’avait pas prévues), il faut alors avoir des zones de restauration et souhaite suffisamment de souplesse pour promouvoir la culture biologique. Le s’adapter et changer de stratégie », bar à produits bio en est la parfaite conseille Erick Josa. illustration (Monoprix rue de
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