PANORAMA DE PRESSE - CGT 31/10/2016 08h12 - Panorama réalisé avec Pressedd - CGT FINANCES PUBLIQUES
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SOMMAIRE SYNDICALISME (3 articles) La fin des apparatchiks ? (477 mots) Attention, baril de poudre ! Saisie d'une brûlante ardeur réformatrice, la droite Page 5 samedi 29 octobre 2016 semble pour la première fois fermement décidée - … Le virage pro-Mélenchon de la CGT (552 mots) À l'en croire, la CGT ne donnera aucune consigne de vote pour la présidentielle en Page 6 samedi 29 octobre 2016 2017. Tout juste Philippe Martinez assure-t-il q… La droite veut limiter le pouvoir des syndicats (1881 mots) Juppé, Sarkozy, Fillon, Le Maire, Copé… tous les candidats à la primaire proposent Page 7 samedi 29 octobre 2016 une réforme radicale et inédite d… ACTUALITE SOCIALE (6 articles) Sanofi poursuit sa vente à la découpe (462 mots) Alors que Sanofi engrange encore d'excellents résultats financiers, le géant Page 14 lundi 31 octobre 2016 pharmaceutique français poursuit la vente à la… Lâché par LVMH, le lunetier Logo au bord du gouffre (760 mots) Le fabricant Logo, fleuron de l'industrie de la lunette, pourrait rallonger la liste Page 15 lundi 31 octobre 2016 des usines qui mettent la clé sous la … A la Grande Borne, « dès 8 ans, on sait que le frigo peut être vide »(1508 mots) Page 16 lundi 31 octobre 2016 La sortie numéro 7 sur l’A6, à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, indique Viry-Châtillon et Fleury-Mérogis, la co… Soigner les enfants, c’est soigner la société (820 mots) On le sait, la Seine-Saint-Denis est l’un des départements les plus pauvres de Page 19 lundi 31 octobre 2016 France. L’agence régionale de santé Ile-de-F… Elle est partie défier la République qui n’a pas su la retenir (1058 mots) Page 21 lundi 31 octobre 2016 Française, elle qui a tant aimé son quartier, sa ville et son pays, elle est partie. Partie à l’aventure. Du haut de ses 20…
Vivarte : les syndicats dénoncent les actionnaires (502 mots) La rencontre prévue ce mercredi entre Patrick Puy, le nouveau patron de Vivarte Page 23 lundi 31 octobre 2016 (« Les Echos » du 28 octobre), et les représentants des org… MOUVEMENTS SOCIAUX (3 articles) Au-delà de la « petite chapelle » d'I-Télé, de lourds enjeux (1335 mots) Page 25 lundi 31 octobre 2016 Suite de la page une La scène se répète chaque jour. Jeudi, ils sont quelques… La CGT appelle à la grève le 8 novembre pour dénoncer la déstructuration du système hospitalier (914 mots) Page 27 lundi 31 octobre 2016 Cinq clés pour saisir les enjeux au Cham Il n'y a décidément que peu de mom… Entretien (1174 mots) Entretien Jean Tortrat est Secrétaire général adjoint du syndicat des journal… Page 29 samedi 29 octobre 2016 EUROPE ET INTERNATIONAL (3 articles) Le Ceta est signé, mais rien n'est joué (602 mots) Ils n'en finissent pas de sourire devant les objectifs. Samedi, c'est Didier Reynders, Page 32 lundi 31 octobre 2016 le ministre belge des Affaires étran… En Tunisie, le calvaire des « bonnes » africaines (846 mots) LETTRE DE TUNIS Angèle Kona a les tresses nouées en chignon, et de larges Page 33 lundi 31 octobre 2016 boucles d’oreille… Angela Merkel au chevet des petites retraites (951 mots) Page 36 Allemagne Une délégation de la CDU d'Angela Mer-kel doit rencontrer mardi l… lundi 31 octobre 2016
N° 22463 samedi 29 octobre 2016 Page 1 477 mots ÉDITORIAL La fin des apparatchiks ? A ttention, baril de poudre ! Saisie Les derniers défenseurs du « dialogue a pris l'habitude, la plupart du temps d'une brûlante ardeur réforma- social à la française » peuvent bien en toute impunité. trice, la droite semble pour la pre- s'étouffer, ce coup de pied dans la mière fois fermement décidée - tout fourmilière syndicale n'a que trop La réalité est que, comme la poli- arrive… - à éviter le piège de tardé. Prisonnière d'une vieille méca- tique, le syndicalisme est devenu un l'immobilisme syndical si elle revient nique rouillée, la France n'a aucune métier. On y entre trop souvent pour au pouvoir. Foi de candidats à la pri- chance de se réformer si rien ne s'acheter une immunité ou faire car- maire, eux présidents banniront ces change. Notre système social est ex- rière. On y pratique le clientélisme, grands-messes sociales qui se sangue ? Le chômage explose ? Tant on s'oppose par principe et par idéo- perdent dans les sables mouvants de pis ! Du haut de leur petite représen- logie. Loin, très loin de l'intérêt gé- la négociation sans fin. Tous le jurent tativité, les centrales traditionnelles néral. Sans doute faudra-t-il de la vo- dans leurs programmes : finis les pa- - CFDT exceptée - s'échinent à lonté et un réel courage politique labres stériles entre apparatchiks, les congeler un droit du travail totale- pour affronter cette forteresse. Mais discussions se tiendront désormais ment dépassé et à dresser des barbe- c'est devenu une nécessité absolue. ¦ au plus près du terrain, dans chaque lés autour des « avantages acquis », ■ entreprise, notamment sur les 35 avec une nette préférence pour ceux, heures. Pour plus d'efficacité, les sa- étourdissants, du secteur public. Re- par Gaëtan De Capèle leurs représentants et s'exprimer par vail… c'est non à tout. Y compris en référendum. jouant les casseurs, comme la CGT en ENCADRÉS DE L'ARTICLE “ Impossible de réformer si rien ne change Parution : Quotidienne Tous droits réservés 2016 Le Figaro Diffusion : 311 326 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 4190a3c881b0a600b5c918f07f03d19b1d930c6877bf0988ed27400 Audience : 19 251 000 lect. - © AudiPresse One Global ↑ 5 2016_v3
N° 22463 samedi 29 octobre 2016 Page 20 552 mots L'ÉVÉNEMENT Le virage pro-Mélenchon de la CGT À l'en croire, la CGT ne donnera Les liens du patron de la CGT avec tôt pour la présidentielle, selon les aucune consigne de vote pour le Parti communiste le conduisent à résultats d'un sondage Ifop (40 % la présidentielle en 2017. Tout juste soutenir officieusement la candida- pour Hollande et 28 % pour Mélen- Philippe Martinez assure-t-il que la ture de Jean-Luc Mélenchon. Si la chon). première centrale syndicale de collusion était ostentatoire en 2012, France appellera, probablement, à elle ne s'est en rien distendue pen- « Martinez roule pour Mélenchon et voter contre le FN si Marine Le Pen se dant le quinquennat Hollande. Bien contre Hollande, alors que Lepaon gar- retrouve au deuxième tour.« Il faut au contraire… dait une équidistance et refusait de dire qu'on en discute dans l'organisation, que droite et gauche c'était pareil », mais moi, à titre personnel, je serais Comme le chantre de « la France in- note un ancien de la maison, inquiet favorable à ce qu'on le fasse », jure soumise », la CGT reproche au chef de la ligne très radicale prise par sa ainsi son secrétaire général, rappe- de l'État d'avoir mené une politique centrale depuis 18 mois. D'ailleurs, le lant que la CGT avait demandé en contraire à celle pour laquelle il avait départ début 2015 de Thierry Lepaon, 2002 aux Français, dans l'entre-deux- été élu « avec les voix des tra- poussé à la démission après moins de tours, de « faire barrage au FN ». Et ce vailleurs »et d'avoir trahi les électeurs deux ans de mandat pour une his- même si 16 % de ses sympathisants de gauche. On l'a vu au moment de toire de travaux dans son apparte- ont mis en 2012 (et 25 % aux euro- la fronde contre la loi El Khomri, au ment - dont il a été depuis blanchi péennes de 2014) un bulletin Le Pen cours de laquelle la CGT a relayé les - , visait à durcir la ligne politique ou FN dans l'urne. positions du Front de gauche et s'est de la centrale, jugée trop accommo- imposée comme premier opposant au dante par certains avec le pouvoir en Mais pas question de plagier Bernard président. place. Et trop liée à la CFDT, orga- Thibault, son ante prédécesseur, qui nisation réformiste avec laquelle les avait très tôt dans la campagne de Aux élections européennes de 2014, amarres ont depuis été rompues… ¦ 2012 appelé les adhérents CGT à faire quelque 30 % des proches de la CGT M. L. ■ battre Nicolas Sarkozy et à « le sortir, avaient d'ailleurs voté pour les can- lui et sa clique, de l'Élysée », s'était didats du Front de gauche, contre 19 par M. L. même laissé aller, une fois, l'ex-pa- % pour ceux soutenus par le PS. Un tron de la centrale de Montreuil. résultat opposé à celui deux ans plus ENCADRÉS DE L'ARTICLE “ Martinez roule “pour Mélenchon et contre Hollande UN ANCIEN DIRIGEANT DE LA CGT Parution : Quotidienne Tous droits réservés 2016 Le Figaro Diffusion : 311 326 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 159313d08650fd0e15ef1260cc0ee13f1f13b761f72e0392effca0c Audience : 19 251 000 lect. - © AudiPresse One Global ↑ 6 2016_v3
N° 22463 samedi 29 octobre 2016 Pages 20-21 1881 mots L'ÉVÉNEMENT La droite veut limiter le pouvoir des syndicats Juppé, Sarkozy, Fillon, Le Maire, Copé… tous les candidats à la primaire proposent une réforme radi- cale et inédite du paritarisme. SOCIAL Une succession de Une analyse faite, de façon plus tran- mage. Nicolas Sarkozy et Bruno Le manifestations à n'en plus finir, chée, par Nicolas Sarkozy qui juge Maire sont pour une reprise en main émaillées de débordements, des pé- que « le problème des syndicats fran- rapide par l'État, afin d'imposer la nuries d'essence, des menaces sur çais, c'est que ce sont plus des partis dégressivité dans le temps des allo- l'Euro de foot et à l'arrivée un recul politiques que des syndicats ». cations. « Ce genre de mesure difficile de l'économie au deuxième tri- L'ancien chef de l'État sait de quoi doit se prendre en début de quinquen- mestre : les candidats à la primaire il parle, lui qui a vu la CGT appeler nat », insiste Olivier Bouchery, coor- de la droite et du centre ont en tête le à voter François Hollande en 2012. dinateur du projet Le Maire. bilan des mois de protestation contre À l'époque, il estimait déjà que les la loi travail pilotée par les syndicats corps intermédiaires étaient source François Fillon compte pour sa part radicaux, CGT et FO en tête. Tout d'immobilisme. Une conviction ren- sur une autre arme : le retrait de la comme ils n'oublient pas que les par- forcée depuis. garantie de l'État sur la dette du ré- tenaires sociaux ont échoué à trouver gime qui « poussera le patronat et les en juin un accord sur l'assurance- Bien que les centrales syndicales syndicats à négocier », selon Pierre chômage, en dépit de l'urgence fi- aient plus d'adhérents que les partis, Danon, son directeur adjoint de cam- nancière (41 milliards de dette cumu- elles pèsent néanmoins peu au re- pagne. Moins drastique, Alain Juppé lée à horizon 2019). gard des 28 millions d'actifs du privé veut donner six mois aux partenaires et du public. Ce rapport trop ténu sociaux pour trouver un accord. À droite, à l'exception de Jean-Fré- avec les salariés en pousse certains, Faute de quoi il reprendra la main et déric Poisson qui cultive sa fibre so- comme la CGT, au jusqu'auboutisme imposera la dégressivité. ciale, l'heure est donc à la révision ou à l'unique défense des acquis so- de la place des centrales syndicales. ciaux, comme FO. Et pose des pro- L'ancien premier ministre de Jacques Mais aussi à une réforme drastique blèmes de démocratie, selon la Chirac se distingue surtout des trois du paritarisme, système où patronat droite. « M. Martinez place son syndi- autres grands candidats à la primaire et syndicats gèrent pour le compte cat aux limites de la démocratie », dé- en conservant le monopole de repré- de l'État des politi-ques publiques, nonçait en juin François Fillon, tan- sentation syndicale au premier tour comme l'indemnisation du chômage, dis que Jean-François Copé a rappelé, des élections des délégués du person- les retraites complémentaires, une le 13 octobre, que « la question cen- nel et du comité d'entreprise. « Y partie de celles du handicap ou du trale, c'est d'empêcher les syndicats, et mettre fin conduirait à une atomisation logement… Un des plus radicaux est en particulier la CGT, de continuer à du paysage syndical, au profit des plus Bruno Le Maire, qui fustigeait dès bloquer la vie des entreprises et du pays radicaux », estime son entourage. 2015 ce « paritarisme national qui est ». Une analyse partagée par Nathalie Pour qui la limitation à deux mandats mort ». Même Alain Juppé, qui a af- Kosciusko-Morizet pour qui « le droit syndicaux consécutifs et la fin du dé- firmé lors du débat télévisé du 13 oc- de grève, ce n'est pas le droit de bloquer tachement à temps plein des perma- tobre « faire confiance aux partenaires ». nents syndicaux devraient suffire à sociaux », ne leur donne plus de rendre les syndicalistes plus pragma- blanc-seing. « Il faut des interlocu- Concrètement, les candidats à la pri- tiques. « Le risque serait grand de voir teurs fiables et sortir des jeux de rôle maire de la droite et du centre se développer des listes corporatistes et actuels, menés par des syndicats mino- veulent réformer le système à la fois surtout communautaristes », abonde ritaires et souvent politisés », explique aux niveaux national et de Véronique Descacq, la numéro 2 de Maël de Calan, son porte-parole. l'entreprise. Avec un chantier emblé- la CFDT. Faux, rétorquent les parti- matique, celui de l'assurance-chô- sans de Le Maire, Fillon et Sarkozy ↑ 7
pour qui il est vital d'introduire plus naires. Une réforme qui va de pair Il restera néanmoins au vainqueur de de mixité parmi les élus du person- avec un autre big bang consensuel à la primaire, s'il est au final élu en nel. droite, et prôné par le Medef : la limi- 2017, à faire preuve de courage. Car tation du Code du travail à des règles inévitablement, la mise en œuvre Les quatre favoris se rejoignent tou- fondamentales et une plus grande la- d'un tel programme libéral déclen- tefois pour briser une des préroga- titude accordée aux accords chera de vives réactions des cen- tives majeures des syndicats en en- d'entreprise. « Il faut faire confiance trales. Y compris de la réformiste treprise, celle de signer des accords aux chefs d'entreprise et aux salariés CFDT, « syndicat officiel » de qui s'imposent. S'ils veulent renfor- pour trouver de bonnes solutions. Le l'exécutif socialiste depuis 2012, qui cer la possibilité de négocier des re- système actuel freine toute évolution », n'acceptera pas une telle mise à sac présentants du personnel (regroupés conclut l'entourage de Nicolas Sarko- du paritarisme et du dialogue social… en instance unique), ils veulent en zy. ■ parallèle autoriser les référendums des salariés, qui seraient décision- par Cécile Crouzel £@ccrouzel ↑ 8
ENCADRÉS DE L'ARTICLE 11,2 % TAUX DE SYNDICALISATION 11,2 % TAUX DE SYNDICALISATION EN 2013 Avec un plus haut de 16,6 % pour les 50-59 ans et un plus bas de 3,6 % pour les moins de 30 ans 8,7 % DANS 8,7 % DANS LE PRIVÉ avec une pointe à 13,6 % pour les 50-59 ans 19,8 % DANS LE PUBLIC 19,8 % DANS LE PUBLIC avec une pointe à 24,6 % pour les 50-59 ans 24,1 % DANS LES DOM 24,1 % DANS LES DOM Avec un plus haut à 33,8 % pour les seuls salariés du public “ Le droit de grève, “ce n'est pas le droit de bloquer NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET LES 5 MESURES COMMUNES AUX CANDIDATS À LA PRIMAIRE DE LA DROITE ET DU CENTRE 1 UNEDIC Rendre les allocations-chômage dégressives dans le temps, après 6 mois pour Bruno Le Maire ou un an pour Nicolas Sarkozy et Alain Juppé 2 ORGANISATION Simplifier les multiples strates de représentation dans l'entreprise, notamment en allant vers la délégation unique du personnel 3 DÉMOCRATIE Développer les référendums d'entreprise, pour demander aux salariés leur avis sur un projet de la direction et imposer leur choix aux syndicats maison4 4 SUBSIDIARITÉ Recentrer le Code du travail sur les normes les plus fondamentales et renvoyer la détermination des détails à des négociations de branche ou d'entreprise ↑ 9
LES PROPOSITIONS PHARES QUI DISTINGUENT LES 4 FAVORIS L'ex-premier ministre veut plafonner le montant des allocations chômage à 75 % du salaire de référence L'actuel favori des sondages entend limiter à deux le nombre de mandats syndicaux dans l'entreprise pour favoriser le renouvellement des élus du personnel FRANÇOISFILLON ALAINJUPPÉ ↑ 10
Le candidat du « renouveau » propose de créer une instance unique de personnel dans les entreprises de plus de 10 salariés 5 TERRAIN Renforcer le champ de l'accord d'entreprise, notamment pour la fixation de la durée du travail des salariés négociée au plus près du terrain ¦ L'ancien chef de l'État veut étendre le service garanti, qu'il avait imposé fin 2007 dans les transports publics terrestres, aux raffineries, aux centrales nu- cléaires et au secteur aérien BRUNOLE MAIRE NICOLASSARKOZY Pho- to : GEORGES GOBET/ AFP, JEAN-CHRISTOPHE MARMARA-FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO LES SEPT ORGANISATIONS DANS LE VISEUR CFDT Secrétaire général : Laurent Berger Adhérents 860 200 Audience 2013 26 % ↑ 11
Part d'accords d'entreprise signés en 2015 94 % CGT Secrétaire général : Philippe Martinez Adhérents 686 000 Audience 2013 26,77 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 84 % FO Secrétaire général : Jean-Claude Mailly Adhérents 500 000 Audience 2013 15,94 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 90 % UNSA Secrétaire général : Luc Bérille Adhérents 200 000 Audience 2013 4,26 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 87 % CFE-CGC Président : François Hommeril Adhérents 160 000 Audience 2013 9,43 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 92 % CFTC Président : Philippe Louis Adhérents 135 000 Audience 2013 9,3 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 89 % SOLIDAIRES Porte-paroles : Cécile Gondard-Lalanne, Eric Beynel Adhérents 110 000 Audience 2013 3,47 % Part d'accords d'entreprise signés en 2015 69 % Parution : Quotidienne Tous droits réservés 2016 Le Figaro Diffusion : 311 326 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 db9f936881706205958a16809004e1ca1eb3ee6f871b0c002d9b87f Audience : 19 251 000 lect. - © AudiPresse One Global ↑ 12 2016_v3
ACTUALITE SOCIALE ↑ 13
lundi 31 octobre 2016 Page 10 462 mots SOCIAL-ECO SANTÉ Sanofi poursuit sa vente à la découpe La big pharma vient d'annoncer la cession prochaine de ses activités génériques en Europe. A lors que Sanofi engrange 800 millions d'euros, en croissance clients tiers (plus de 1 000 emplois encore d'excellents résultats fi- d'environ 7 % par rapport à 2014. menacés sur les sites d'Elbeuf, de nanciers, le géant pharmaceutique Vertolaye et d'Antony), et au- français poursuit la vente à la dé- Avec le rachat d'actions « particuliè- jourd'hui le projet de cession des gé- coupe de ses activités. Vendredi, à la rement scandaleux » et « dont nériques Europe, plus de 4 500 em- faveur de résultats « solides » au troi- l'objectif premier sera de les détruire plois quitteraient le groupe. « La sième trimestre (son bénéfice net a pour augmenter le bénéfice net par quasi-totalité des sites de production progressé de 2,8 % à 1,67 milliard action », Sanofi « dilapide des chimique et pharmaceutique seront d'euros pour un chiffre d'affaires de 9 sommes colossales qui ne vont ni impactés, estime Thierry Bodin, ce milliards d'euros en hausse de 2 %), dans les investissements, ni dans qui est extrêmement préjudiciable à le directeur général du groupe, Oli- l'emploi, ni dans la découverte de moyen terme pour l'ensemble de vier Brandicourt, a annoncé la ces- nouveaux traitements », fulmine notre outil scientifique et industriel, sion prochaine des activités géné- Thierry Bodin, coordonnateur CGT. de la recherche jusqu'à la promotion. riques en Europe. Et le lancement Pour preuve, au troisième trimestre, Car toutes ces activités participent à d'un programme de rachat d'actions les dépenses de recherche et déve- la solidité du groupe. Il est inaccep- de 3,5 milliards d'euros, qui devrait loppement sont en recul de 6,5 % ! table que le gouvernement et être finalisé d'ici à la fin 2017. De Comme son prédécesseur, Olivier l'Assemblée nationale laissent des quoi faire bondir les syndicats CFDT Brandicourt poursuit le démantèle- dirigeants détruire un fleuron de et CGT, qui se disent « écœurés » et ment du laboratoire : avec les plans notre industrie pour toujours plus « en colère ». « Les génériques rap- de restructuration en cours (plus de 1 enrichir une minorité de nantis. Avec portent, mais pas assez à leurs 000 emplois supprimés), la vente de cette stratégie de découpe en mor- yeux », a déploré auprès de l'AFP, Merial, sa filiale de santé animale (2 ceaux, serons-nous le prochain Pe- Emmanuel Maingard, de la CFDT. Les 200 salariés en France sur six sites), chiney ou Alstom ? » ■ génériques ont pourtant représenté la volonté de se séparer de la pro- l'an dernier un chiffre d'affaires de duction de principes actifs pour des par Alexandra Chaignon Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2016 Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 0598D3C08680060BD57316A04602719E1D93106B07170752EDC1D3E Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/ ↑ 14 2016
lundi 31 octobre 2016 Page 9 760 mots SOCIAL-ECO INDUSTRIE Lâché par LVMH, le lunetier Logo au bord du gouffre Le tribunal de commerce de Lyon se prononcera, ce mercredi 2 novembre, sur une éventuelle li- quidation judiciaire du fabricant de lunettes Logo. 172 emplois sont sur la sellette en France. L e fabricant Logo, fleuron de cendo depuis 2012, pour atteindre depuis le redressement judiciaire. l'industrie de la lunette, pourrait l'an dernier environ 6 millions. De Pour lui, la liquidation judiciaire est rallonger la liste des usines qui son côté, le groupe LVMH invoque toujours « inévitable », car, « l'offre mettent la clé sous la porte. Le sort opportunément la « gestion dé- n'est pas crédible ». Face à ce drame des 172 salariés du site de Morez (Ju- faillante » de la hiérarchie qu'elle a social, les salariés tirent la sonnette ra) est suspendu à la décision du tri- « maintes fois alertée » depuis 2012, d'alarme sur l'avenir du site. Des ma- bunal de commerce de Lyon (Rhône), lui signalant que « ces conditions nifestations ont été organisées les 15 qui statuera ce mercredi sur une pos- anormales d'exploitation et de ges- et 20 septembre dernier dans les rues sible liquidation judiciaire. Depuis tion ne permettraient pas le renou- du village de Morez, avec le soutien son placement en redressement judi- vellement de la licence ». Et de centaines de citoyens et de mili- ciaire le 12 mai par la direction, la d'estimer aussi que la « perfor- tants communistes. Dans une lettre menace de fermeture pèse sur l'usine mance » de Logo est moins efficace ouverte adressée aux pouvoirs pu- fondée en 1896. depuis que la nouvelle direction est blics, les employés réclament une in- aux manettes. tervention de l'état et des élus locaux Le coup de massue est tombé en dé- pour empêcher la fermeture du site cembre 2015, lorsque le numéro un La seule offre de reprise sur les rangs et préserver leurs emplois. Ils mondial du luxe LVMH a exclu de re- est loin de rassurer le personnel. Le s'inquiètent aussi de la disparition de nouveler ses contrats de licence avec groupe VRM, propriétaire de la socié- leur savoir-faire, dans un territoire la PME jurassienne. Pourtant, les sa- té de lunettes concurrente Cemo, a déjà sinistré par la désindustrialisa- lariés du site de Morez assurent de- fait le 4 octobre une proposition de tion. Le nombre d'emplois dans puis plus de dix ans la création, la fa- 50 000 euros pour racheter les bre- l'industrie de la lunette a été siphon- brication et la commercialisation des vets, les machines et le mobilier. né dans cette zone depuis les années montures de lunettes haut de gamme Seules 34 personnes sur les 172 ou- 1980, passant de 4 500 à 1 500 postes des marques Tag Heuer et Fred, fi- vriers pourraient être réintégrées au en 2016. liales du géant français coté au sein de l'usine. Double peine : leur CAC 40. Cette annonce brutale as- salaire serait aussi revu à la baisse. Si le tribunal de commerce de Lyon sèche les carnets de commandes de Un projet que le repreneur tente de se prononce en faveur d'une liquida- l'usine, et menace dans le même justifier comme un moyen tion judiciaire, les contrats de travail temps l'avenir des sous-traitants lo- « d'équilibrer le compte de résultat et seront rompus sous vingt et un jours, caux qui contribuent à la confection d'assurer la pérennité de la reprise ». comme le prévoit la loi dans le cadre des produits. La licence exclusive si- d'un plan de sauvegarde de l'emploi gnée avec Tag Heuer représente à elle Le trésorier du comité d'entreprise et (PSE). « Si la reprise est acceptée, seule 90 % de l'activité de l'usine (35 représentant du personnel au tribu- beaucoup resteront quand même sur millions de chiffre d'affaires en nal de commerce, Sébastien Mignot- le carreau », souligne Sébastien Mi- 2014). tet, s'indigne de cette proposition au gnottet. Certains salariés planchent rabais : « La somme de 50 000 euros déjà sur un projet de reprise en co- Au-delà de la stratégie de LVMH, les est une bouchée de pain. » Sur la opérative (Scop) du site de Morez.En élus du personnel dénoncent la res- baisse de rémunération, il estime que attendant, l'incertitude continue de ponsabilité dans ce désastre de la cela revient à « précariser sur le long planer sur l'avenir de l'usine. ■ nouvelle direction de l'usine depuis terme les salariés », déjà fragilisés 2013. Les pertes s'accumulent cres- par un chômage partiel mis en place par Lola Ruscio Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Humanité 2016 Diffusion : 36 931 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 EA9AB33D8910060135EB19505104B13318F36A67A76B059D75C9AB2 Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/ ↑ 15 2016
N° 11024 lundi 31 octobre 2016 Édition(s) : Principale Pages 18-19 1508 mots FRANCE REPORTAGE A la Grande Borne, « dès 8 ans, on sait que le frigo peut être vide » « Libération » est retourné dans les zones sensibles qui ont marqué l’actualité ces dernières années. Aujourd’hui, zoom sur les jeunes du quartier de Grigny, dans l’Essonne, où des policiers ont été attaqués début octobre. L a sortie numéro 7 sur l’A6, à une contournaient les 90 hectares. Au quagénaire arpente depuis long- vingtaine de kilomètres au sud milieu, sur la grande plaine défoncée temps ces quartiers de Grigny. Il a de Paris, indique Viry-Châtillon et par le chantier, on entend le mur- vu des petits grandir, devenir pères Fleury-Mérogis, la commune qui mure lointain de l’autoroute, mais de famille, tomber du mauvais côté, y abrite la plus grande prison d’Europe. pas grand-chose d’autre. Le secteur rester ou rebondir. Il reste convaincu Entre « l’autoroute du soleil » et est calme. que beaucoup se joue chez ces « pe- l’immense maison d’arrêt, la dépar- tits », surtout ici : « Dès 8 ans, ils tementale longe la Grande Borne, un « Les enfants de la crise » savent que le frigo peut être vide. Ils quartier construit à la fin des an- portent des réalités d’adulte, les fan- nées 60. Au bord de la route, un pan- Quelque 12 000 habitants vivent à la tômes des adultes. Ces peurs et ces an- neau cherche désespérément un an- Grande Borne, et la moitié a moins goisses peuvent se transformer en ven- nonceur pour remplir son 4 × 3. La de 18 ans : à l’image du reste de la geance plus tard. » Grande Borne n’a jamais la publicité commune de Grigny, c’est un quar- qu’elle voudrait. tier jeune, très jeune, parmi les plus Dans les récits sur les « petits », l’âge jeunes de France. Pour les moins est souvent la chute de l’histoire. Au début du mois, un nouveau fait de 15 ans, la police de proximité Comme ce gamin qui s’était enfermé divers, plus marquant que d’autres n’existe que dans les souvenirs, par- dans les toilettes de l’école avec une (lire encadré), a remis le quartier à la fois teintés de nostalgie, des plus an- fille. Quand un éducateur a réussi à le une. Les caméras, micros et carnets ciens. Ils ont surtout grandi pendant faire sortir, il a lancé, torse bombé : ont afflué, inscrivant une nouvelle les années Sarkozy, à l’Intérieur ou « C’est ma pute. » Il avait 9 ans. Il y a ligne au casier judiciaire de la Grande à l’Elysée. Citent« BFM » quand dé- aussi ceux qui finissent par travailler Borne, avant de vite refluer, au plus barque un journaliste, là où leurs aî- sur l’un des trente points de deal que grand soulagement des habitants, nés pensaient plus spontanément à compte le quartier. Ces « fours » lassés d’être abonnés à cette ru- TF1. « Ce sont les enfants de la crise. viennent en bout de chaîne d’« un brique. De cet épisode, il ne reste que Depuis 2008, on leur dit qu’il n’y a plus commerce illégal de dimension inter- quelques camionnettes de CRS, d’espoir. Que la seule solution est dans nationale », selon les mots du maire. moins nombreuses le matin que le l’austérité. Que la notion de progrès D’après lui, le trafic ne fait soir, stationnées à la lisière du quar- n’existe plus », constate avec amer- qu’augmenter depuis une dizaine tier, sous la caméra de vidéosur- tume le maire communiste de la ville, d’années. « Combien de familles en veillance que protégeaient les poli- Philippe Rio, lui aussi produit de la vivent, directement ou indirectement, ciers attaqués. De l’autre côté de la Grande Borne. en le sachant ou pas ? C’est un terreau route commence la Grande Borne et fertile. C’est dur de résister. » Tout en sa myriade de venelles qui serpentent « Ces enfants ne sont pas sûrs d’avoir bas de l’échelle du deal, les ouvriers entre les immeubles en demi-lune. une meilleure vie que leurs parents », spécialisés sont bien souvent les plus Tout a été écrit sur cette utopie urba- analyse Amar Henni, éducateur, an- jeunes. «Les chouffs [guetteurs char- nistique avortée, que tentent de cor- thropologue à l’université Paris-VIII gés de signaler la présence de poli- riger de nouveaux travaux et membre de l’Observatoire interna- ciers, ndlr], ils savent même pas où est d’aménagement. D’ici un an, une tional des banlieues et des périphé- l’Espagne ou le Maroc», ironise un ha- voie de bus traversera le quartier - ries, rattaché à la fondation Maison bitant à proximité d’un chantier de jusque-là, les transports en commun des sciences de l’homme. Ce quin- rénovation urbaine. Se faire quelques ↑ 16
centaines d’euros par mois, voire un jourd’hui 43 ans et gère une petite « Les gamins viennent zoner et c’est millier, est tentant. « Je leur dis de se société d’informatique et très bien. Je dis » zoner « , mais ce n’est battre, de ne pas choisir la facilité. Je d’ingénierie. Tous les ans, des sta- pas péjoratif, c’est un lieu où ils leur dis que ce ne sera pas une liber- giaires de tous niveaux viennent dans peuvent se rencontrer et échanger, sans té : » Vous allez être aux aguets, dans son entreprise. « Il faut leur ouvrir des forcément lire. On a un lien apaisé avec l’inquiétude et le stress d’être arrêté, perspectives. Ils galèrent pour décro- eux, et vivant. On n’est pas une biblio- voire tué. « Moi, j’aime bien marcher cher un stage, j’ai été à leur place. » thèque cathédrale ici. » Comme lui, et être libre », raconte Marie-Claude, Son horizon s’est élargi quand il est l’anthropologue Amar Henni se veut habitante de la Grande Borne, mais parti étudier dans le Nord. Il a en- optimiste, à condition de changer de aussi animatrice à la maison de quar- suite travaillé comme éducateur, se braquet, de refaire passer l’éducatif tier, où elle s’occupe des familles en battait alors en priorité contre le dé- avant le sécuritaire. « On réfléchit les détresse. crochage scolaire, pense toujours banlieues sous un prisme racialisé, qu’il faut « donner du sens à l’action ethnicisé. C’est redoutable ! Il y a 60 % des troisièmes ne trouvent pas sociale » face à des jeunes en re- dix ans, je disais que la France a peur de stage cherche identitaire.« On doit créer un de ses enfants. C’est toujours vrai. » cercle vertueux », professe-t-il. Pour les gamins, la tentation est (1) Ces prénoms ont été modifiés. d’autant plus grande que le chemin C’est aussi ce à quoi s’attelle Jacky scolaire est particulièrement escarpé. Bisson, du Centre de formation de Que s’était-il passé ? « 25 % des enfants de Grigny atteignent l’Essonne (CFE), implanté au cœur le bac, alors que la moyenne nationale de la Grande Borne depuis 2007 et Le 8 octobre, deux voitures de police est proche de 80 % ! Un sur deux sort qui propose des cours à des adultes sont violemment attaquées par une du système éducatif sans diplôme », in- sans diplôme ni qualification. quinzaine de personnes, selon le par- dique Philippe Rio. Un seul chiffre ré- « J’entends souvent des parents me quet d’Evry. Les fonctionnaires se sume les difficultés rencontrées par dire : » Comment mon gamin peut s’en trouvaient au carrefour du Fournil, ces enfants : 60 % des élèves de troi- sortir alors que je n’ai pas réussi moi- sur la commune de Viry-Châtillon, en sième ne trouvent pas de stage. Faute même ? « » raconte-t-il. Le CFE ne face de la Grande Borne. Ils proté- de réseau, de pistons, faute de per- fait aucune sélection sur des critères geaient une caméra de vidéosur- sonnes ayant un emploi stable dans scolaires. L’objectif est de toucher le veillance destinée à prévenir les vols leur entourage. Pour plus d’un enfant plus grand nombre. « 75 % des 1 récurrents à cet endroit. Les agres- sur deux, le premier rapport avec le 500 inscrits à la mission locale de Gri- seurs sont« arrivés sur les lieux avec monde du travail sera ainsi un gny ont un niveau CAP et moindre », des cocktails Molotov », ont incendié contact d’exclusion. rappelle le maire. les voitures de police et frappé leurs occupants, blessant gravement deux Ibrahim (1) est justement venu pour « Les gamins viennent zoner et c’est d’entre eux. L’une des victimes, un trouver un stage. Accoudé au comp- très bien » adjoint de sécurité, est restée deux toir, dans l’entrée de cette salle semaines dans un coma artificiel. de concert grignoise, il sourit, un peu Un samedi après-midi gris, pendant Jusqu’ici, l’enquête pour tentative gêné. Installé de l’autre côté, Mous- les vacances. Trois jeunes fument un d’assassinat contre agents de la force sa (1), qui s’occupe du lieu, lui lance : narguilé sur la grande plaine. Ils publique n’a abouti à aucune inter- « Combien de temps ? »« Six se- n’ont absolument pas envie de nous pellation, malgré un appel à témoins. maines », répond Ibrahim, élève en répondre, dit l’un d’eux, provoquant Le fait divers a provoqué une très première gestion et administration. un large sourire, émaillé d’une dent vive émotion chez les policiers qui « Viens demain à 10 heures », conclut en or, sur le visage d’un autre. A une ont lancé un mouvement de contes- Moussa, pas encore trentenaire, centaine de mètres, le Centre de la tation. avant de lui prodiguer quelques vie sociale est la seule structure ou- conseils, fraternels mais fermes : verte cet après-midi-là. Inauguré Fiche de quartier « Demain, pas de sacoche, pas de jog- en 2011, il abrite une médiathèque ging, pas de capuche. Polo ou chemise, spacieuse et lumineuse. Le conserva- A Grigny, le chômage était de 22 % jean, chaussures bien. » Ibrahim a dé- teur, Alexandre Favereau-Abdallah, en 2012, environ 30 % à la Grande croché un stage. Comme Moussa, qui a choisi de venir travailler à Gri- Borne. Mohammed Ourzik a grandi dans gny, veut en faire un lieu accessible cette commune de l’Essonne. Il a au- à tous, notamment aux plus jeunes : ↑ 17
Quatre habitants sur dix vivent sous En 2010, 74,5 % de la population de par Pierre Alonso le seuil de pauvreté (moins de 1 la Grande Borne n’avait pas de di- 000 euros par mois). plôme ou un diplôme inférieur au bac. ■ Parution : Quotidienne Tous droits réservés Libération 2016 Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 7b95939f82609e0ef58f1930a10ee1c11d23656a779b03e86e8663f Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global ↑ 18 2016_v3
N° 11024 lundi 31 octobre 2016 Édition(s) : Principale Page 24 820 mots IDÉES Soigner les enfants, c’est soigner la société La pédopsychiatrie n’a plus les moyens d’agir, en particulier en Seine-Saint-Denis. Plus que jamais, il est pourtant essentiel de suivre les familles bafouées par la République. O n le sait, la Seine-Saint-Denis nécessitent des moyens humains que peu soutenus dans leur parentalité est l’un des départements les nous n’avons pas. car les structures de protection de plus pauvres de France. L’agence ré- l’enfance sont saturées. gionale de santé Ile-de-France sou- Or, dans une cité qui va si mal, il est ligne qu’entre le centre de Paris et sa capital de recevoir les enfants dès la Nous ne pouvons penser le sujet en banlieue nord, l’écart d’espérance de demande de consultation, qu’elle dehors d’une inscription sociale. Si vie est de quatre ans. Le taux de mor- émane des familles ou de l’école. cette inscription ne trouve pas à se talité infantile, le taux de personnes Nous savons que plus vite nous ac- loger, le symbolique chute, le vide atteintes de tuberculose et de diabète cueillons les enfants et leur famille, entame le sujet et la quête de symbo- sont supérieurs à la moyenne natio- plus nous assumons de pouvoir dis- lique peut prendre les tournures ra- nale. De même, le chômage dépasse penser des soins en direction des plus vageuses que nous connaissons dé- les 20 %, et la croissance démogra- jeunes, plus nous avons de chances sormais. Des enfants disent : « Mon phique est toujours plus forte (+ 11 % de désamorcer leurs pathologies. pays, c’est l’Algérie », alors même depuis 2006). A l’hôpital Delafon- Nous tirons une sonnette d’alarme : qu’ils sont français. Ils restent fixés taine de Saint-Denis, les patients dits nous ne pouvons assurer cette mis- à l’idéal d’un pays qu’ils ne « précaires » (CMU, AME) repré- sion de service public. La fonction connaissent parfois même pas, car sentent un tiers de la population et la d’accueil de nos centres médico-psy- leurs parents, voire leurs grands-pa- majorité de la population en pédo- chologiques est menacée, ne serait- rents déjà, n’ont pas trouvé de place psychiatrie. Pourtant, le financement ce que parce que toute demande de dans la société française, leur pré- des tutelles n’est pas suffisant pour soin se trouve consignée dans la liste sence n’a pas fait trace. faire face aux besoins des patients de d’attente qui retarde l’accueil de neuf l’hôpital. Au sein de l’équipe du sec- à douze mois. En outre, les institu- Il est alors essentiel de recevoir et de teur de pédopsychiatrie, nous tions, qui existent pour accueillir de travailler avec les parents, pour en- constatons que l’actuelle politique de tels enfants (IME, hôpitaux de jour), tendre les blessures, les malenten- santé publique privilégie une poli- déjà trop rares et disséminées, sont dus aux différentes strates de la filia- tique d’austérité, maltraitant son engorgées ; un grand nombre tion et de la génération. Aux enfants personnel et la qualité du soin que d’enfants errent, sans inscription so- qui considèrent le pays d’origine nous avons à cœur de prodiguer. ciale - l’école n’a pas les moyens de comme « leur vrai pays », ces les accueillir. échanges permettent d’atténuer Nous sommes au bord de la rupture. cette nostalgie de l’origine qui peut Nous recevons des enfants et des fa- Enfin, les trajets géographiques et avoir des retentissements totali- milles dans une détresse psychique et psychiques de ces familles sont sou- taires. sociale massive. Des enfants, des bé- vent douloureux, liés à l’histoire po- bés et leurs parents vivent dans des litique et/ou économique de leur A la protection judiciaire de la jeu- logements insalubres. Ils n’ont par- pays, à leur histoire familiale et celle nesse, des éducateurs rencontrent les fois pas même de quoi nourrir leurs de leurs origines. Les parents des en- adolescents qui commettent des dé- enfants. Au-delà des problématiques fants que nous accueillons sont en lits. Selon eux, les jeunes les plus singulières, la précarité sociale en- souffrance et ne parviennent pas susceptibles de se laisser embrigader gendre une morbidité plus forte. La toujours à aider leurs enfants, loin sont souvent ceux dont les parents demande est en constante augmen- des leurs, eux-mêmes ayant été trop ne peuvent pas ou plus tenir leur tation et les soins, plus complexes, souvent malmenés dans leurs pays place de parents, d’autorité symbo- d’origine, mal accueillis en France, lique. Des parents qui ont été, outre ↑ 19
leur histoire singulière, bafoués par niale, scolaire, résidentielle, socio- bite. Ce travail clinique a des effets la République, laissés pour compte. économique. Au lieu de cela, les po- politiques sur la société et ses en- Ces jeunes en décrochage scolaire, litiques stigmatisent et évitent soi- fants, mais il ne suffit pas. La parole dans une spirale d’échec et de vio- gneusement de penser leur responsa- politique officielle est indispensable lence adressent à la société un appel. bilité. pour agir au niveau du collectif de Il s’agit pour les gouvernants et pour la société, pour contenir, soutenir le la société de les entendre. Il faut un L’état d’urgence est social et poli- lien entre les personnes, réparer et choix résolument politique de la part tique. C’est en amont qu’il faut avoir remettre en circulation du symbo- des gouvernants auprès des Français des moyens pour accueillir, écouter lique. ■ issus de l’immigration et de leurs en- et parler avec ces bébés, ces enfants, fants maintenus dans un état inac- ces jeunes et leurs familles, qui par Marie Cousein ceptable de ségrégation post-colo- donnent à voir le malaise qui les ha- Parution : Quotidienne Tous droits réservés Libération 2016 Diffusion : 88 395 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015 c59093a48a800704355f1a50170d81111b23af6527360227fffe563 Audience : 8 122 000 lect. - © AudiPresse One Global ↑ 20 2016_v3
N° 11024 lundi 31 octobre 2016 Édition(s) : Principale Pages 22-23 1058 mots IDÉES Elle est partie défier la République qui n’a pas su la retenir Il a vu sa sœur embrigadée par Daech comme d’autres jeunes issus de quartiers et lance un appel : qui peut croire que la religion n’a aucune influence dans les quartiers abandonnés par l’Etat ? F rançaise, elle qui a tant aimé son Son recrutement aurait été effectué revendications communautaires ? En quartier, sa ville et son pays, elle par l’intermédiaire de personnes sur- permettant la création d’écoles en est partie. Partie à l’aventure. Du veillées par les services de renseigne- rupture avec les valeurs de la Répu- haut de ses 20 printemps, pourtant ment. blique ? En bon Molière, « cachez ce élevée par une mère dévouée bien sein que je ne saurai voir ». Les sala- que seule, pourtant scolarisée dans le Puis il y a eu les attentats, des Fran- fistes ont clairement gagné la bataille seul établissement non classé en çais ouvrent le feu sur d’autres Fran- idéologique ! Malgré leurs papiers zone d’éducation dite prioritaire, elle çais. Puis il y a le cirque sur la dé- d’identité, malgré leur origine, mal- est partie en Syrie. Partie défier la chéance de la nationalité. Puis le dé- gré leur histoire, de nombreux jeunes République qui n’a pas pu la retenir. filé des experts sur les plateaux pour ne se sentent pas français. Le repli C’était il y a deux ans, elle avait dit se parler « radicalisation ». Le numéro identitaire devient inéluctable. Qui rendre au marché, elle a rejoint les vert mis en place par le gouverne- peut croire que la religion n’a aucune rangs de l’Etat islamique. Titulaire ment s’avère souvent inefficace. influence dans les quartiers aban- d’un baccalauréat littéraire, ma D’ailleurs, aucun accompagnement donnés de la République ? Un malaise grande sœur aimait lire, écrire, chan- ne nous a été proposé, ni psycholo- qui en fait des cibles idéales pour les ter. Entre les analyses de Marx et le gique ni juridique. Par pudeur, par islamistes. Cessez d’abord de nier plaidoyerJ’accuse d’Emile Zola, com- respect pour ma famille, par crainte leur existence, de Roubaix à Tour- ment se sont glissées sur nos éta- d’irriter ma sœur, pour obéir aux re- coing, de Sevran à Lunel, de Lyon à gères des revues islamiques accusant commandations de la police, je me Toulouse, osez dire qu’ils se trouvent la République d’être irréconciliable suis tu pendant deux ans. à la porte de nos villes, de nos quar- avec l’islam ? tiers, de nos écoles. La perte de re- Mais comment ne pas voir que nos pères des jeunes permet en puissance Nous habitons à Roubaix, la ville quartiers sont devenus des ghettos la montée du communautarisme face française la plus pauvre. Ma grande ethniques et sociaux qui concentrent aux enjeux de la société. sœur ne savait vers quoi s’orienter toute la misère du XXIe siècle parce après avoir échoué en première an- que l’ascenseur social est en panne, Au lendemain des lâches attaques née de droit. Elle avait pris une année parce que nos entreprises, notre ad- commises contre le journal Char- de césure, le temps de donner un ministration et nos écoles manquent lie Hebdo, Daech croyait nous mettre sens à son avenir. Elle a finalement cruellement de mixité ? Les entre- à genoux, nous étions debout : de- décidé de se lancer dans la pratique prises ont fui, les services publics ont bout les mères, debout les pères, de- du culte musulman. Sa radicalisation déserté, l’Etat a abandonné certains bout les enfants ! Nous étions a été soudaine. Après être passée quartiers, si bien que les salafistes quatre millions, debout, à Paris, sur d’un simple tapis de prière, elle s’est ont repris le rôle d’accompagnement la place de la République. mise à porter le voile, puis le voile in- social des familles, d’alphabétisation Quatre millions pour réécrire tégral, le niqab. Elle fréquentait deux de nos enfants, de solidarité avec les l’histoire et prouver la force de la na- mosquées de la commune, connues plus fragiles ou encore de prévention tion ! Seulement, personne n’a réel- pour des liens passés ou présents contre la délinquance. lement tiré les leçons du passé. Les avec le salafisme. Elle se procurait débats nauséabonds sur la déchéance des livres parfois interdits sur le ter- Les villes veulent impérativement ré- de nationalité ont renforcé le senti- ritoire national dans les librairies is- tablir la paix sociale. En l’achetant à ment d’exclusion des jeunes, faisant lamiques de Roubaix ou de Belgique. coups de subventions ? En cédant aux ↑ 21
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