Programmation nutritionnelle des maladies de l'adulte - JPP
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Programmation nutritionnelle des maladies de l'adulte P. Tounian Nutrition et Gastroentérologie Pédiatriques Hôpital Trousseau, Paris INSERM U1166 Nutriomics, Sorbonne Université Institute of Cardiometabolism and Nutrition (ICAN) http://nutritiongastro-trousseau.aphp.fr
Cet intervenant : a déclaré ses liens d’intérêt estime qu’il ne peut pas influer sur cette présentation Tous les orateurs ont reçu une déclaration de liens d’intérêt.
Le microbiote intestinal pourrait jouer un rôle dans la programmation des maladies nutritionnelles de l'adulte, mais il n'existe aucune certitude à ce jour 4
Un rattrapage pondéral rapide augmente le risque cardiovasculaire à l’âge adulte Revue de 39 études analysant les risques de maladie et de facteurs de risque cardiovasculaires associés au petit poids de naissance et au rattrapage pondérale postnatal Association statistique significative : PPN : 58,5 % ; rattrapage pondéral postnatal : 79,6 % La rapidité du rattrapage pondéral postnatal des RCIU est un facteur de risque cardiovasculaire plus important que le RCIU per se 8 Kelishadi et al., Paediatr Int Child Health 2015
Mais un rattrapage pondéral insuffisant entraîne un ralentissement de la croissance du périmètre crânien qui altère le développement neuro-cognitif ultérieur Comparaison de 2 groupes de 50 nouveau-nés : PN
Alimentation des premiers mois et risque cardiovasculaire à l'âge adulte • Le rattrapage pondéral postanatal rapide augmente le risque cardiovasculaire ultérieur. • Les mécanismes à l’origine de cette programmation sont imparfaitement connus. 10
Allergie 11
La consommation précoce et régulière d’arachide prévient la survenue d’une allergie à l’arachide Intention de traiter Nrs de 4 à 11 mois avec eczéma sévère et/ou allergie à l’œuf Randomisés pour recevoir ou pas de l’arachide (14 Bamba ( Curly) ou 2 càc de beurre de cacahuète, 3 fois par semaine) jusqu’à 5 ans L’analyse per-protocole exclut les nrs ayant réagi lors de Analyse per-protocole l’introduction initiale de l’arachide et conserve uniquement les nrs ayant consommé de l’arachide jusqu’à au moins 2 ans Diagnostic d’allergie à l’arachide par TPO 12 Du Toit et al., N Engl J Med 2015
L’introduction précoce des aliments à fort potentiel allergisant prévient la survenue d’une allergie chez l’enfant allaité Nrs de 3 mois exclusivement allaités Au moins 1 allergie Randomisés pour recevoir 6 aliments à fort alimentaire potentiel allergisant (lait, arachide, œuf cuit, sésame, poisson, blé) entre 3 et 6 mois ou être exclusivement allaités jusqu’à 6 mois. L’analyse per-protocole exclut les nrs allaités Allergie à moins de 5 mois (dans les 2 groupes), les nrs l’arachide ayant consommé l’un des 6 aliments avant 5 mois ou plus de 300 ml/j de lait infantile avant 6 mois (groupe allaité exclusivement), et les nrs ayant introduit moins de 5 aliments ou n’en ayant pas consommé suffisamment entre 3 et 6 mois (groupe introduction précoce). Allergie à l’œuf Diagnostic d’allergie à l’un des 6 aliments testés par TPO à 1 et 3 ans. 13 Perkin et al., N Engl J Med 2016
Alimentation des premiers mois et prévention de l’allergie • L’introduction précoce et la consommation régulière d’allergènes alimentaires majeurs ont un effet préventif sur la survenue ultérieure d’une allergie à ces mêmes allergènes. • L’acquisition de la tolérance alimentaire s’exerce au niveau du système immunitaire intestinal. 14
Carences 15
La carence en fer dans la période périnatale entraîne des troubles du développement neuro- cognitif irréversibles 16 Radlowski et al., Front Hum Neurosci 2013
La carence en AGPI-LC au cours des premiers mois diminue les performances intellectuelles de manière irréversible 17 Colombo et al., Am J Clin Nutr 2013
La carence en calcium au cours des premières années augmente le risque de fracture à l'âge adulte 100 % du pic de masse osseuse Normal 80 Déficit 60 40 Risque de fracture 20 0 0 20 40 60 80 age (ans) 18 Seeman et al., Lancet 2002
Carences nutritionnelles et risques pour la santé ultérieure • Les carences nutritionnelles au cours des premiers mois entraînent des conséquences délétères pour le reste de la vie. • Le fer, les AGPI-LC, le calcium et bien d’autres nutriments sont concernés (iode, vitamines). 19
Hypothèses discutables Maladies de l'adulte 20
Obésité 21
L’effet protecteur de l’allaitement sur le risque ultérieur d’obésité est une idée largement répandue [0,78, IC: 0,71 – 0,85] 22 Arenz et al., Int J Obes 2004
Mais les études randomisées démentent le rôle protecteur de l’allaitement maternel sur l’obésité (1) 130 prématurés randomisés à la naissance Lait de femme Lait pour prématurés (n=66) (n=64) ------------------------------------Devenir à l’âge de 13 à 16 ans---------------------------------- IMC = 20.8 ± 3.9 NS IMC = 21.1 ± 3.9 23 Singhal et al., Lancet 2004
Mais les études randomisées démentent le rôle protecteur de l’allaitement maternel sur l’obésité (2) Comparaison de 2 populations de maternités randomisées avec promotion ou pas de l’allaitement auprès des mères Promotion allaitement Témoins (n=7108) (n=6781) Allaitement 3 mois 72,7 % 60,0 % Allaitement exclusif 3 mois 43,3 % 6,4 % Allaitement 6 mois 49,8 % 36,1 % Allaitement exclusif 6 mois 7,9 % 0,6 % IMC à 6,5 ans (kg/m²) 15,6 ± 1,7 15,6 ± 1,7 Pli tricipital à 6,5 ans (mm) 9,9 ± 4,1 10,0 ± 3,6 24 Kramer et al., Am J Clin Nutr 2007
L’absence d’effet protecteur de l’allaitement sur le risque ultérieur d’obésité est confirmée par un groupe d’expert « L’analyse des études ayant cherché à bien contrôler les biais méthodologiques ne montre pas d’effet protecteur de l’allaitement sur le risque ultérieur d’obésité » Casazza et al., N Engl J Med 2013 25
L’excès de protéines au cours des premiers mois n’est pas associé à un risque d’obésité ultérieure à 6 ans Protéines Protéines p La première étude qui z-score IMC 0,55 ± 1,27 0,25 ± 1,12 0,009 prétendait qu’un lien existe entre excès de protéines et Poids (kg) 22,47 ± 4,28 21,88 ± 3,46 NS obésité n’était pas crédible + 590 g car elle était criblée de biais Taille (cm) 116,9 ± 4,75 117,3 ± 4,52 NS - 4 mm 26 Weber et al., Am J Clin Nutr 2014
Une étude bien mieux conduite confirme l’absence de lien entre ingesta protéiques et obésité ultérieure Poids Nnés randomisés pour recevoir une formule pauvre (1,2 g/100ml, n=74) ou riche (1,7 g/100ml, n=80) en protéines pendant 4 mois. Comparaison à un groupe de nnés allaités (n=84). Taille Suivi P, T et PC pendant 60 mois. Pas de différence significative pour le poids, mais effet stimulant significatif des PC protéines sur la taille et surtout le PC. 27 Putet et al., Br J Nutr 2016
Le lien prétendu entre excès d’AGPI ω 6 et obésité ne repose que sur des spéculations • Augmentation parallèle de la consommation d’AGPI ω 6 et de leur concentration dans le lait de mère d’une part, et de la prévalence de l’obésité infantile d’autre part (Gesnet et al., Cah Nutr Diet 2013). • Effet adipogénique in vitro et chez l’animal d’un excès d’AGPI ω 6 (Ailhaud et al., Prog Lipid Res 2006). • Mais la majorité des études d’intervention randomisées chez le nouveau-né n’ont montré aucun effet sur la corpulence (Helland et al., Pediatrics 2008 ; Hauner et al., Am J Clin Nutr 2012). 28
L’acquisition précoce de « mauvaises habitudes alimentaires », dont notamment le passage précoce à la même alimentation que les parents, n’augmente en rien le risque ultérieur d’obésité « l’évolution pondérale au cours de la vie dépend principalement du patrimoine génétique et non d’un effet persistant de l’apprentissage précoce d’une bonne hygiène de vie » Casazza et al., N Engl J Med 2013 29
Il n’existe à ce jour aucune donnée fiable pour penser que l’alimentation des premiers mois a un rôle dans le risque d’obésité ultérieure 30
Maladie cœliaque 31
Il a été suggéré que l’âge d’introduction du gluten avait une influence sur le risque de survenue d’une maladie cœliaque Le risque de développer une authentique maladie cœliaque (AVT à la biopsie) est augmenté chez les enfants à risque (HLA DR3) lorsque le blé a été introduit avant 3 mois (x 23) ou après 6 mois (x 4) vs entre 4 et 6 mois (n=1560) 32 Norris et al., JAMA 2005
Et que le risque de maladie cœliaque était diminué lorsque le gluten était introduit lorsque l’enfant était encore allaité 33 Akobang et al., Arch Dis Child 2008
Mais l’influence de l’âge d’introduction du gluten sur le risque de maladie cœliaque a été remis en cause (1) 944 Enfants HLA-DQ2 ou DQ8 et ayant au moins un parent du 1er degré atteint de MC Randomisés pour recevoir du gluten ou un placebo entre 4 et 6 mois Dépistage MC par IgA AT et confirmation par critères de l’ESPGHAN 34 Vriezinga et al., N Engl J Med 2014
Mais l’influence de l’âge d’introduction du gluten sur le risque de maladie cœliaque a été remis en cause (2) 153 Enfants HLA-DQ2 ou DQ8 et ayant au moins un parent du 1er degré atteint de MC Randomisés pour introduction du gluten à 6 mois (groupe A) ou 12 mois (groupe B) Dépistage MC par IgA AT et confirmation par critères de l’ESPGHAN 2 ans : 12% vs 5%, p=0.01 5 ans : 16% vs 16% 35 Lionetti et al., N Engl J Med 2014
Ainsi que l’influence de l’allaitement sur le risque de survenue d’une maladie cœliaque Vriezinga et al., N Engl J Med 2014 Lionetti et al., N Engl J Med 2014 Incidence MC MC + MC - Pas d’AM 5,0 % AM < 3 mois 9,1 % Durée AM 6,0 ± 6,5 m 5,8 ± 5,8 m AM 3-6 mois 5,3 % AM lors de l’introduction 20,4 % 20,0 % AM > 6 mois 2,7 % du gluten 36
L’alimentation des premiers mois n’influe pas sur le risque de maladie cœliaque • L’âge d’introduction du gluten peut retarder l’apparition d’une maladie cœliaque mais il ne prévient pas sa survenue. • Ce revirement illustre bien la fragilité du concept de prévention des maladies ultérieures génétiquement déterminées par l’alimentation des premiers mois. 37
Excès 38
Le rôle délétère d’un excès de protéines au cours des premiers mois de vie sur la fonction rénale à long terme est purement spéculatif 631 nourrissons séparés selon leur ration protéique A 3 mois Plus grande taille des reins des nourrissons ayant reçu une ration protéique plus importante A 18 mois Taille des reins identique dans les 2 groupes Fonction rénale à long terme ?? 39 Schmidt et al., Pediatr Nephrol 2004
Le rôle d’un excès de sodium au cours des premiers mois de vie sur le risque ultérieur d’HTA n’a pas été démontré L’excès de sodium au cours de l’enfance entraîne une augmentation modérée de la TA, à moyen terme. Mais aucune étude n’a démontré que l’excès de sodium au cours de l’enfance augmente le risque d’HTA, à l'âge adulte. 40 He et al., Hypertension 2006
Le risque d’habituer un enfant au goût sucré en lui proposant trop de produits sucrés dans les premiers mois de vie est un mythe, on peut tout juste l’habituer à préférer le sucrage de certains aliments 20 fois Sucré Sucré 20 fois CHOIX Neutre Neutre 20 fois Salé Salé 41 Sullivan et al., Dev Psychol 1990
Résumé Hypothèses solides Hypothèses discutables Rattrapage pondéral rapide et Prévention de l’obésité risque cardiovasculaire Prévention de la maladie cœliaque Age d’introduction des aliments et allergie Risques liés aux excès de Carences en fer, AGE et calcium protéines, sodium et sucre 42 Maladies de l'adulte
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