RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET

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RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET
ISSN 1017-9240

                         Composante 3B - Projet 3B3

                          Aquarium tropical du Palais
                            de la Porte Dorée – Paris
                                  Mercredi 2 juillet 2008

                      RAPPORT DE SYNTHÈSE

 SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES
POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L’AQUARIOPHILIE

                                                                Photos: CRIOBE

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RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET
© Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS),2009

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   général de la Communauté du Pacifique autorise la reproduction ou la traduction partielles de ce document à des fins scientifiques
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                                                           Texte original : français

           Secrétariat général de la Communauté du Pacifique – Catalogage avant publication (CIP)

           Séminaire sur le développement de filières postlarves pour le marché de l’aquariophilie
           (2 juillet 2008 : Paris, France) : rapport de synthèse / [Dir. par Eric Clua] ;
           Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, InitiativeS Corail pour le Pacifique

                   (Rapport de Conférence (Technique) / Secrétariat général de la Communauté du Pacifique)
                   ISSN : 1017-9240

           1. Aquarium fish farming 2. Fishes – Larvae 3. Aquaculture 4. Marine resources --Management

           I. Clua, Eric II. Secrétariat général de la Communauté du Pacifique III. Collection

           639.34									                                                                        AACR2

           ISBN: 978-982-000-0321-7
           ISSN: 1017-9240

                     Maquette : CCU CRISP • Crédits photos: Éric Clua (sauf mention contraire). Imprimé à la CPS •
                                                 Directeur de Publication : éric Clua
                                     Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS)
                                                Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 2009
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SOMMAIRE                   PPhoto: Elodie LAGOUY

Qu’est ce que la PCC ? u 4-5
Objectifs et programme du séminaire u 6
Introduction du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe u 7
Fondements scientifiques de la PCC u 8
Expériences de terrain et constats u 9
Les contraintes d'implication des populations locales u 10
Bilan de la vente de postlarves par une chaîne de revendeurs u 11
Le programme CRISP et la PCC u 12-13
Discussion et recommandations u 14-15
Annexe 1: Liste des participants u 16
Annexe 2: Présentation de René Galzin (EPHE) (extraits) u 17-18
Annexe 3: Présentation de Gilles Lecaillon (Ecocean) (extraits) u 19
Annexe 4: Présentation de Éric Clua (CRISP) (extraits) u 20-22
Résumé du rapport de synthèse u 24

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QU’EST CE QUE LA PCC ?
                                              Capture et Culture des Postlarves

    L’acronyme PCC provient de la terminologie anglophone                des écosystèmes pour renforcer la biodiversité et la den-
    Postlarvae Capture and Culture (ou grow-out) que l’on peut           sité des poissons (destinés à être pêchés ou simplement
    traduire par capture et culture des postlarves.                      contemplés par les touristes) et enfin, le marché (rémuné-
                                                                         rateur) de l’aquariophilie.
    Les postlarves sont un stade de développement des poissons
    et crustacés de récif qui précède l’installation dans le lagon et    L’ impact très mesuré de ces techniques sur l’écosystème,
    le passage au stade adulte. La grande majorité des animaux           comparé à des techniques de capture des adultes —qui sont
    vivant sur les récifs débutent leur cycle de développement           des géniteurs en puissance—, fait de la PCC une filière po-
    par la ponte de millions d’œufs, le plus souvent dans les pas-       tentiellement ecofriendly en terminologie anglo-saxonne.
    ses pour les poissons (voir le schéma ci-contre). Ces œufs éclo-
    sent et les larves partent à la dérive dans l’océan, portées par     Une plaquette de promotion de ces filières a été éditée
    les courants. Cette phase océanique qui dure de 1 à 3 mois, a        par l’association Moana Initiative avec un appui financier
    pour intérêt de permettre aux espèces de coloniser d’autres          de la fondation Total et du CRISP, et peut être téléchargée
    îles et de prémunir les larves contre un niveau de prédation         sur le site du CRISP (www.crisponline.net).
    qui est très élevé à l’intérieur des lagons. Les larves se déve-
    loppent et acquièrent peu à peu des appendices qui leur per-
    mettent de nager. La grande majorité d’entre elles meurent
    au cours de cette phase, mais environ 10% reviennent vers
    l’île où vivent leurs parents afin de la coloniser et contribuer
    au maintien des stocks. Si seulement 10% reviennent, ce
    chiffre appliqué aux millions de poissons et crustacés qui se
    reproduisent, offre un potentiel de capture de plusieurs mil-
    liards de larves chaque année. Parmi le million de larves que
    pond en moyenne un couple de poissons de récif, un seul in-
    dividu parviendra à l’état adulte, la plupart des pré-juvéniles
    disparaissant dans l’estomac de prédateurs. Les filets de crête
    et autres techniques permettant la capture des postlarves,
    valorisent un potentiel de poissons dont la quasi-totalité est
    vouée à une mort certaine. Si la quantité de postlarves captu-
    rées peut sembler importante, à savoir plusieurs centaines de
    milliers par an pour un engin classique, ce chiffre reste extrê-
    mement marginal par rapport aux milliards de larves qui co-
    lonisent les récifs au cours de l’année, et l’impact de ces prélè-
    vements est, d’une façon générale, pratiquement inexistant.
    Le linéaire de filets reste très marginal comparé aux milliers
    de kilomètres de récifs. Les larves capturées constituent cer-
    tes une spoliation de protéines pour les prédateurs, mais ces
    derniers restent très flexibles et les quantités négligeables à
    l’échelle du phénomène de colonisation.

    Les postlarves capturées sont ensuite élevées et valorisées
    à travers trois destinations possibles : l’aquaculture pour
    produire des poissons de bouche, le réensemencement

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OBJECTIFS ET PROGRAMME
                                       DU SÉMINAIRE
                                       Par le Dr Michel HIGNETTE, Directeur de
                                       l’Aquarium tropical du Palais de la Porte Dorée

OBJECTIFS
L’initiative pour la protection et la gestion des récifs co-
ralliens dans le Pacifique (CRISP), portée par la France,
le ministère des Affaires étrangères et européennes, et
l’Agence Française de Développement, se veut porteuse
d’une vision pour l’avenir de ces écosystèmes exception-
nels et des populations qui en vivent. Pour cela, l’enjeu
est de mettre en place des stratégies et des actions pour
préserver la diversité biologique et surtout, d’identifier et
développer des services économiques et environnemen-
taux rendus par les écosystèmes pour améliorer le bien-
être des communautés locales.
La valorisation commerciale de la filière de capture de
postlarves de poissons et crustacés pour l’aquaculture, le
repeuplement et le commerce aquariophile représente à                                                 PPhoto: Sébastien BERNIS
cet égard un exemple prometteur.                                 PROGRAMME
Aussi, afin de partager les expériences scientifiques
et techniques acquises dans ce domaine ainsi que les             u 14H-14H20 Accueil
perspectives qu’il offre en matière de développement               M. Michel Hignette, Directeur de l’Aquarium
durable et d’écocertification, le FFEM, l’AFD, le MAEE           u 14H-14H20 Pourquoi le ministère des Affaires étran-
et l’Aquarium de la Porte Dorée se sont associés pour              gères et européennes s’intéresse aux postlarves ?
l’organisation d’un séminaire intitulé “Postlarves, com-           M. Jean-Luc François
merce et développement” qui s’est tenu le mercredi 2               Adjoint du sous-directeur des politiques sectorielles et
juillet 2008, à Paris.                                             des objectifs du millénaire pour le développement au
Cet événement, accueilli par l’Aquarium tropical du Palais         ministère des Affaires étrangères et européennes
de la Porte Dorée, de 14 h à 17 h, au 293 av. Daumesnil –        u 14H20-14H40 Qu’est-ce qu’une postlarve ?
75012 Paris, a rassemblé une quarantaine de personnes              M. René Galzin
dont des professionnels, scientifiques, utilisateurs et insti-     Directeur du laboratoire EPHE écosystèmes aquati-
tutions françaises impliqués dans le domaine.                      ques tropicaux et méditerranéens
                                                                 u 14H40-15H10 De la collecte à l’expédition
Les objectifs poursuivis par ce séminaire étaient les sui-         M. Gilles Lecaillon – Société Ecocean
vants:                                                           u 15H10-15H40 Les contraintes d’implication des po-
u Présenter les bases scientifiques du caractère “dura-            pulations locales
   ble” des filières reposant sur la capture des postlar-          M. Fabrice Ortin – Société ALL Marine
   ves;                                                          u 15H40-16H00 Bilan de la vente de postlarves par un
u Effectuer un bilan des expériences passées quant à la            revendeur
   commercialisation de ces produits ecofriendly ;                 M. Sébastien Bernis – Société Botanic (/ sup.CLAM)
u Informer les divers acteurs de la sratégie de dévelop-         u 16H-18H00 Contribution du programme CRISP au
   pement des filières postlarves dans le Pacifique, no-           développement de la PCC et perspectives
   tamment des aspects d’écocertification;                         M. Éric Clua
u évaluer l’intérêt porté par les différents professionnels        Chef de programme au CRISP
   à ces produits dont la viabilité économique est intime-         et
   ment liée à un effort de promotion à tous les niveaux de        M. Julien Calas
   la filière.                                                     Fonds Français pour l’Environnement Mondial
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RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET
LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
                 ET EUROPéENNES ET LA PCC
                   Par le Dr Jean-Luc FRANçOIS, Sous-directeur
                   adjoint des politiques sectorielles au MAEE

Pourquoi le ministère des Affaires étrangères et                soit, 90 à 99% sont amenées à mourir dans le milieu naturel
européennes s’intéresse-t-il aux postlarves ?                   avant d’avoir atteint la taille adulte !

Répondre à cette question c’est avant tout identifier les       Les initiatives conduites aujourd’hui dans le secteur et
préoccupations fondamentales de notre coopération au            dont les fondateurs ont participé au séminaire, montrent
développement dans le secteur de la biodiversité.               que les postlarves sont à “usage multiple” , car en effet,
                                                                elles offrent une alternative à la pêche de subsistance
Premièrement, comme le rappelle le premier article de la        qui amène désormais les pêcheurs de plus en plus loin
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développe-         en haute mer. Elles permettent également le repeuple-
ment, pour nous : “les êtres humains sont au centre des         ment de récifs coralliens dégradés et peuvent, en outre,
préoccupations relatives au développement durable. Ils          contribuer à offrir une image plus écologique et équita-
ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec        ble de l’aquariophilie.
la nature” . La lutte pour le maintien de la biodiversité est
donc d’abord et avant tout une question de développe-           Ceci n’est pas vain dans un monde où selon le Program-
ment, car elle doit associer les populations qui sont les       me des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 20
premières concernées.                                           millions de poissons tropicaux de près de 1 500 espèces
                                                                sont prélevés dans tous les océans, pour venir orner nos
Deuxième préoccupation, il s’agit d’intégrer plus effica-       aquariums, et surtout ceux des États-Unis pour 85%.
cement la biodiversité dans toutes les politiques de dé-
veloppement. Cessons de penser la biodiversité unique-          En 2000, la FAO estimait à 900 millions de dollars EU la
ment à travers ses emblèmes animaliers (gorilles, tigres)       valeur mondiale de la vente en gros de poissons d’aqua-
ou conceptuels (bien public mondial) pour la considérer         riophilie vivants, de mer ou d’eau douce !
comme l’ensemble des ressources naturelles essentiel-
les pour la survie de l’humanité.                               On peut donc aussi se féliciter d’avoir eu à ce séminaire
                                                                des représentants du secteur privé impliqués dans le dé-
à une époque où la crise alimentaire croise la surex-           veloppement de cette filière. Elle ne saurait se développer
ploitation des ressources naturelles, les limites de pro-       en dehors d’un véritable partenariat entre tous les acteurs
duction de l’élevage ou de l’aquaculture (dans le cas           et notamment une véritable implication du secteur privé. à
des ressources marines), toute action qui investit de           cet égard, les subventions françaises peuvent être vues
nouvelles filières alimentaires et économiques dura-            comme un engagement partenarial, un coup de pouce au
bles pour les populations parmi les plus pauvres, se            lancement de la filière qui doit devenir autonome.
doit d’être encouragée.
                                                                Même si la voix des populations locales bénéficiaires de
à ce titre, les postlarves peuvent constituer une ressour-      la collecte et de l’élevage des postlarves et de leur ap-
ce biologique marine économiquement intéressante dans           propriation de cette technique a manqué, les expériences
les pays pour lesquels le ministère des Affaires étrangères     présentées nous ont permis de dresser un historique de
et européennes, l’Agence Française de Développement             la technique, de mieux en connaître les avantages et les
et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial ap-           limites, ainsi que d’en dessiner les perspectives. Plus im-
puient des actions qui permettent aux populations locales       portant encore, ce séminaire a permis d’échanger sur la
de vivre dans un environnement sain et durable dans le          question de la certification, et de la faisabilité sur les mar-
sens des objectifs du millénaire pour le développement n°       chés français et européen.
1 & 7 ce qui implique de concilier économie et écologie.
                                                                Enfin, il a permis de partager une vision globale d’une fi-
On ne peut donc que se féliciter de l’intérêt porté par les     lière “postlarve” , du collecteur au client, écologiquement
scientifiques à cette manne de postlarves dont, quoi qu’il en   durable, équitable et rentable.
                                                                                                                             7
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FONDEMENTS SCIENTIFIQUES
                                        DE LA PCC
                                        Par le Pr René GALZIN, EPHE

RÉSUMÉ DU MESSAGE (voir extraits de la présenta-                RéSUMé EN ANGLAIS :
tion en annexe 2)                                               Governments, non-governmental organisations and other
                                                                stakeholders are striving to develop practices, policies and ve-
La PCC a été mise au point dans les années 90 au CRIOBE
                                                                hicles to make the tropical marine ornamental trade sustai-
à Mooréa, suite à des études sur les poissons de récif qui
                                                                nable. Small-scale fisheries based on postlarval capture and
avaient débuté dans les années 70. Les engins qui
                                                                               culture (PCC) promise to contribute to this goal
ont été utilisés par les scientifiques ont été             La PCC,                     by (1) removing the risk of damaging co-
adaptés à des fins commerciales. Ces               si elle est pratiquée                    rals (inherent in harvesting adults of
engins sont soit passifs (filets de
                                             de façon responsable, engen-                      target species established on reefs)
crête ou filets de hoa = passage
                                          dre des impacts sur l’écosystème                       by collecting postlarvae with
dans les barrières de corail qui
                                        extrêmement marginaux. Ses faibles-                        light traps, nets and purpose-
permettent l’alimentation en
eau des atolls), soit jouent sur      ses actuelles résident dans un manque built temporary shelters as they
                                        d’efficacité concernant les espèces à                      settle from the plankton to the
le phototropisme (attirance des
                                                                                                 substrate; and (2) translating the
larves de poissons par la lumiè-          forte valeur commerciale et l’irré-
                                                                                                high mortality of postlarvae at
re (pièges lumineux). Ces engins                 gularité des captures...                    settlement into high rates of survival
ont leur spécificité en terme de cap-
                                                                                        in culture. Possible concerns about over-
ture: par exemple, en Polynésie française,
                                                                                 fishing of postlarvae, harvesting the juveniles
les filets capturent une majorité de mérous et de
                                                                after they have run the gauntlet of predation at settlement,
chirurgiens, alors que les pièges lumineux concentrent les
                                                                and the large proportion of bycatch, can be eliminated or
demoiselles. Le CRIOBE a aussi contribué à des techniques
                                                                greatly alleviated by restricting the size and quantity of fishing
d’identification des larves et de leur élevage (compatibilité
                                                                gear, designing it to retain bycatch alive, and releasing bycatch
entre espèces et régimes alimentaires pour le sevrage). La
                                                                at times and places that minimize predation. However, special
variabilité saisonnière des captures est importante, avec
                                                                caution is needed when PCC is used at small, isolated islands
des pics de capture en fin et début d’année. Concernant
                                                                with self-replenishing populations. Although PCC is environ-
l’impact écologique des captures, il est dans la plupart des
                                                                mentally friendly, its contribution to the ornamental trade is
cas extrêmement faible, sauf dans les hoa qui concentrent
                                                                expected to be limited. Large yearly variation in the abundance
les flux larvaires et où des mesures de gestion doivent être
                                                                  and species composition of settling postlarvae, the logistics
mises en place.
                                                                          and costs of operating labour-intensive operations in
                                                                              remote locations, and competition with responsi-
n POUR EN SAVOIR PLUS...
                                                                                ble enterprises harvesting wild adults or produ-
La cellule de coordination du CRISP (ericc@
                                                                                 cing ornamentals in hatcheries, are expected
spc.int) tient à votre disposition copie de la
                                                                                 to constrain the viability and market share of
publication scientifique (actuellement sous
                                                                                dedicated PCC enterprises. PCC is expected to
presse, à paraître en 2009) qui fait le point
                                                                               have the greatest uptake by part-time artisanal
sur les connaissances scientifiques sur la PCC,
                                                                            fishers in developing countries with infrastructure
intitulée :
                                                                        for exporting marine ornamentals. Such fishers are
“The capture and culture of postlarval fish and invertebra-
                                                                more immune to temporal variation in the supply of postlar-
tes for the marine ornamental trade” par JOHANN D. BELL,
                                                                vae — they can engage in PCC when valuable postlarvae are
ERIC CLUA, CATHY A. HAIR, RENE GALZIN and PETER J. DO-
                                                                abundant and switch to other sources of income when they
HERTY. Reviews in Fisheries Science.
                                                                are scarce. Livelihood opportunities for smallholders could be
                                                                enhanced through promotion of the environmental benefits of
                                                                PCC among hobbyists maintaining marine ornamentals.
8
RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET
EXPÉRIENCES DE TERRAIN ET
                                                CONSTATS
                                          Par Gilles LECAILLON, Ecocean

RÉSUMÉ DU MESSAGE (voir extraits de la présenta-               activité liée à l’exploitation de la ressource marine (plus d’un
tion en annexe 3)                                              milliard d’êtres humains en dépendent) sans pour autant
                                                               en impacter les stocks. Dans les pays en voie de développe-
La PCC a passé la phase de recherche préliminaire à toute ment, elle peut assurer les revenus d’une famille, dans les
nouvelle technologie. Aujourd’hui, et après 10 ans de                  pays développés elle permet une activité complé-
travaux réalisés au travers de diverses entreprises                        mentaire durable pour des sociétés privées qui
privées, la PCC est opérationnelle. Ces deux                                  auraient une activité principale basée sur la
phases distinctes, que sont la CAPTURE et la                                      production d’animaux marins (ornements,
CULTURE, sont transférables et bien maî-                                           bénitiers, aquaculture offshore, etc.).
trisées. Certes, il reste des interrogations                                         L’évolution future de la technique permet-
et des étapes à améliorer mais le “pro-                                               tra vraisemblablement d’améliorer cette
cess” global qui débute par la capture                                                 rentabilité en jouant, d’une part sur l’ef-
des postlarves par différents outils à                                                  ficacité des outils de pêche et d’autre
l’élevage et qui se termine par l’ex-                                                   part sur les marchés eux-mêmes (nou-
portation vers les marchés concernés,                                                   veau réseau de distribution, certifica-
a été réalisé avec succès. Les étapes                                                   tion, changement de mentalités, légis-
de l’activité de pêche sont aisément                                                    lations plus sévères sur les produits non
transférables auprès des pêcheurs et                                                    durables, etc.).
acceptées par les communautés. La                                                      Il faut désormais que les gouvernements,
gamme d’outils de capture est adaptée                                                 les services des pêches, les associations
à tous les environnements marins, aussi                                              de protection de la ressource marine aient
bien des pays développés ou qu’en dé-                                              accès à cette technologie afin de pouvoir la
veloppement, tempérés ou tropicaux. Les                                          proposer comme alternative aux personnes
phases d’élevage plus longues et qui nécessi-                                 concernées. Le séminaire s’inscrit dans cette
tent un transfert de savoir-faire plus complexe,                           action de communication auprès des profession-
restent cependant accessibles à tous, permettant                      nels de la filière aquariophilie, des congrès passés
d’obtenir des animaux sains, valorisables sur différents mar- (Okinawa, Murcia ) et futurs (IAC) qui continuent de pré-
chés : aquariophilie, aquaculture, repeuplement.                     senter la technologie. Enfin des organismes tels que
D’autres actions de R&D sont toutefois né-                                         l’UNESCO et plus récemment l’ONU s’inté-
cessaires afin d’optimiser les taux de                   La PCC a
                                                                                           ressent à cette alternative. La PCC fait
capture (attractants nouveaux, tels               dépassé la phase de
                                                                                              partie des solutions en mariculture
que le son), de cibler les espèces          recherche initiale à toute nou-                      proposées pour les SIDS (Small
à forte valeur ajoutée, d’identi-         velle technologie. Elle est adaptée                     Island Development States) et a
fier de nouveaux pays pour y            à tous les environnements et, malgré                       été présentée lors de la derniè-
transférer le savoir-faire acquis quelques inconvénients, représente une re CSD (Commission for Sustai-
par les équipes françaises, et         alternative de pêche durable, avec à la                    nable Development) à New York
pour finalement disperser la              clefs des revenus vitaux pour les                      en mai 2008.
technique et en faire une activité            pays en voie de développe-
nouvelle de valorisation durable de                                                          Enfin la PCC doit être encadrée,
                                                          ment...
la ressource marine.                                                                    gérée et certifiée dés le départ afin de
La rentabilité de la PCC est aujourd’hui proche                                limiter les dérives de son utilisation. La limite
de l’équilibre financier. Elle ne permet certes pas aux utili- physique du lieu de capture océanique des postlarves doit
sateurs de faire fortune, mais elle permet de conserver une permettre cela.
                                                                                                                    PPhoto: Ecocean
                                                                                                                                 9
RAPPORT DE SYNTHÈSE SÉMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES POSTLARVES POUR LE MARCHÉ DE L'AQUARIOPHILIE - NET
LES CONTRAINTES
                                           D’IMPLICATION
                                           DES POPULATIONS LOCALES

                                            Par Fabrice ORTIN

RÉSUMÉ DU MESSAGE                                                     perstitions des populations locales) et surtout une méfiance
                                                                      à l’égard de ces techniques nées de la “complexité” des pro-
Lorsque on me demanda de participer au séminaire “Post lar- cédures d’utilisation jugées localement comme lourdes et
ves” du palais de la Porte Dorée en juillet 2008, je pris sou- contraignantes au regard des méthodes traditionnelles com-
dain conscience qu’il me fallait relater environ 22 ans d’activité munément et quotidiennement utilisées (pêche à pied, nas-
professionnelle dans le domaine de l’aquariophilie dans le ses , pièges, etc.).
but d’expliquer ce qui m’avait poussé à explorer d’autre pis- Les conclusions qui se sont imposées à nous sur la base de nos
tes pour importer et commercialiser des organismes marins expériences en Indonésie sont multiples :
à des fins ornementales. Vingt-deux années durant lesquelles u la nécessité de développer des filières éthiques dans le
revenait le même constat: le marché demande de plus en                     but d’alimenter un marché très demandeur en terme de
plus d’organismes sains, de qualité et depuis peu, grâce aux               variété et surtout de qualité.
pressions environnementales et économiques, des animaux u la nécessité d’installer cette filière dans une logique du-
récoltés de façon éthique.                                                 rable et équitable. à l’image de nos expériences en “co-
Les hasards de la vie ont fait que j’ai passé beaucoup de temps            ralliculture” , les sites exploités pour la propagation et la
en Indonésie, dans un premier temps pour travailler sur la pro-            culture des coraux, une fois valorisés n’ont plus été l’objet
pagation des coraux également destinés au marché de l’orne-                de dégradation (dynamitage par exemple). Nous pensons
mental, puis pour y fonder ma famille.                                      que sur les mêmes bases, en valorisant les ressources liées
Cette expérience m’a permis de nouer des rela-                                         au prélèvement d’animaux d’ornement nous
tions privilégiées avec les acteurs locaux de
                                                                  Selon                      pourrons sensibiliser les différents acteurs
la filière aquariophilie, contacts qui m’ont                notre expérience,                   sur la nécessité de protéger leur portion
particulièrement aidés pour expéri-                  il est évident que   l’usage     de          de lagon et de récif.
menter différentes méthodes pour                  cette technique est viable dans                  u la nécessité de bien accompagner
prélever des poissons de façon raison-           les conditions d’exploitation ac-                 et d’adapter tout transfert de techno-
née . Mon choix s’est porté sur l’utilisa-       tuelles et doit être encouragée,                  logies afin qu’il soit bien accepté et
tion de pièges lumineux. Cette métho-                 améliorée puis développée                   assimilé  localement mais surtout sans
de présente le gros avantage d’être très                                                         se priver des trésors d’ingéniosité et de
mobile et facile d’utilisation, de plus nous
                                                             “massivement”.                  l’expérience dont les acteurs locaux sont
avions trouvé à l’époque de nombreux exem-                                              détenteurs depuis des millénaires.
ples de réalisations décrites dont nous nous sommes                            Le challenge qui s’annonce est de concilier avec réa-
inspirés pour fabriquer nos premiers pièges.                          lisme modernité, science et technologie avec l’humain, ses
Depuis 5 années maintenant, nous récoltons de très jeu- diversités, ses cultures, le tout dans le respect de l’environne-
nes poissons piégés à l’aide de light trap (pièges lumineux) ment et en osmose avec le marché.
et nous pouvons en tirer quelques conclusions. Selon notre Ainsi le transfert de technologie, parfois outrancier voire in-
expérience, il est évident que l’usage de cette technique est décent, pouvant être parfois interprété comme une forme de
viable dans les conditions d’exploitation actuelles et doit être néo-colonisation, pourrait s’enrichir au contact des acteurs
encouragée, améliorée puis développée “massivement” , tout locaux de la filière et bénéficier de leurs connaissances ances-
comme d’autres méthodes utilisant des filets ou autres pièges, trales pour s’adapter et muter positivement, afin de s’intégrer
modernes ou de conception locale et ancestrale. Toutefois, comme un outil de plus au service des populations et non plus
il apparaît que le transfert de cette technologie soit, à court comme une contrainte “impossible” à intégrer localement.
terme, difficilement assimilable culturellement et technique-
ment par les populations locales concernées (1). Les raisons en
sont la relative “fragilité” des pièges, leurs spécificités techni-
ques, (par exemple la nécessité de recharger les batteries dans (1)       Noter que cette remarque ne repose que sur cet exemple précis
                                                                      et qu’elle ne peut pas être généralisée. D’autres expériences aux
des endroits où l’électricité n’arrive pas), l’utilisation nocturne Philippines ou dans le Pacifique semblent prouver que le transfert
obligatoire (parfois en contradiction avec les croyances et su- est possible.
10
BILAN DE LA VENTE DE
                                                  POSTLARVES PAR UNE
                                               CHAÎNE DE REVENDEURS
                                                               Par Sébastien BERNIS et
                                                                  Anne-Marie PERSON

RÉSUMÉ DU MESSAGE                                                  Notre expérience nous a appris que les avantages des postlar-
                                                                   ves, tels que la facilité d’acclimatation comparativement aux
L’Engagement du groupe Botanic est de “changer de mode de          espèces sauvages, n’était pas une garantie fiable(2) sur les es-
vie” pour consommer de manière durable en respectant les           pèces sensibles (poissons papillon, poissons ange). Pourtant
hommes et la nature. Le concept “Postlarves” est parfaitement      cette différence aurait été vraiment prise en considération par
en cohérence avec les changements d’habitudes commercia-           notre clientèle.
les que le groupe Botanic développe actuellement.
                                                                   Enfin, il resterait une préoccupation majeure : la traçabilité
Cependant, l’expérience vécue entre 2001 et 2003 avec la           de ces espèces pour ne pas les confondre avec les espèces
commercialisation de postlarves nous amène à nous poser les        sauvages, que ce soit au niveau de nos grossistes ou de nos
questions suivantes:                                               magasins.
u Comment résoudre le problème des quantités disponibles
   pour répondre à la demande des clients répartis dans nos 28     CONCLUSION
   magasins proposant de l’eau de mer ?                            Une fois que ces problématiques pourront être prises en
                                                                   considération, pour permettre un lancement optimum auprès
                                                                                           des aquariophiles amateurs et
                                                                                           professionnels il faudrait :

                                                                                             u inclure les espèces d’élevage
                                                                                               dans un concept global d’une
                                                                                               offre sans prélèvement d’ani-
                                                                                               maux sauvages;

                                                                                             u inclure aussi d’autres aspects
                                                                                               environnementaux liés au
                                                                                               commerce : le packaging et le
                                                                                               transport qui doivent être le
                                                                                               moins polluant possible, mais
                                                                                               aussi développer un label de
                                                                                               type commerce équitable; et

                                                                                             u Prévoir une campagne de com-
                                                                                               munication adaptée.

u Comment faire correspondre la demande principale de
  certaines espèces (clown, hépatus, flavescens) avec l’offre de
  poissons disponibles en postlarves (demoiselles, poissons
  coffre et papillon) ?                                            (2) Noter que cette remarque repose sur une expérience qui
u Comment pouvoir proposer des espèces aussi colorées              date d’au moins 5 ans et que de gros progrès ont été obtenus
  que les espèces sauvages à des prix compétitifs ?                depuis lors sur le sevrage des postlarves.

                                                                                                                                11
LE PROGRAMME CRISP
                                         ET LA PCC
                                         Par le Dr Éric CLUA, AFD/CPS

RÉSUMÉ DU MESSAGE (voir extraits de la présenta-                     pement possible
tion en annexe 4)                                                    d’une filière PCC
                                                                     dans ce pays.
Le principe de promouvoir la mise en place de filières               En aval de la re-
économiques durables, reposant sur une utilisation                   cherche, l’accent
maîtrisée des ressources récifales, est au cœur des objectifs        a été mis sur la
du programme CRISP.                                                  recherche-déve-
                                                                     loppement avec
                                                                     la réalisation de
n BREF RAPPEL
                                                                     divers outils de
Les actions visant au développement de la PCC ont été dé-
                                                                     reconnaissance
veloppées sous l’impulsion de l’EPHE-CNRS en Polynésie
                                                                     des larves (Maa-
française, aux Fidji et à un degré moindre à Wallis et Futuna.
                                                                     maatuaiahutapu
En recherche pure, le programme CRISP a permis la réali-
                                                                     et al. 2006, Junc-
sation de plusieurs publications touchant à une meilleure
                                                                     ker 2007) et d’un
connaissance de la biologie des poissons de récif à même
                                                                     manuel d’élevage
de contribuer à une amélioration des techniques de capture
                                                                     des     postlarves
des postlarves, notamment leur spécificité. Il a aussi permis
                                                                     (Vermond 2007).
l’affectation à l’Université du Pacifique Sud basée aux Fijdi
                                                d’un étudiant
                                                français qui
                                                effectue une
                                                thèse en co-
                                                tutelle avec
                                                l’Université
                                                de        Perpi-
                                                gnan.        Son
                                                sujet de re-
                                                cherche tou-
                                                che à l’amé-
                                                lioration des
                                                techniques
                                                de réense-
                                                mencement
                                                en postlar-
                                                ves des éco-
                                                systèmes,
                                                en tant que
                                                débouché
                                                s e c o n d a i re
                                                des animaux
                                                destinés en
priorité au marché de l’aquariophilie. Cette action a néan-
moins permis l’installation d’une ferme aquacole au sein de          Maamaatuaiahutapu, M., Remoissenet, G. and R. Galzin (2006).
l’Université et la formation de plusieurs personnes ressour-         Guide d’identification des larves de poissons de récif de Polynésie
ces, qui seront précieuses dans le contexte d’un dévelop-            française . Théthys Ed. 104 pp.
12
n DERNIÈRES AVANCÉES                                                dans cette collecti-
Alors que les actions de développement s’étaient focalisées         vité pour lui assu-
en début de programme sur les postlarves de poissons et             rer un rôle majeur
que ces actions se poursuivent, ce sont les crustacés qui           dans le processus
ont fait l’objet d’investigations courant 2007. Une mission         de développement
                                           s’est déroulée à         à une échelle régio-
                                           Wallis et Futuna fin     nale (Lipchitz 2007),
                                           2007, conduite par       l’autre aux Fidji où
                                           Matthieu Juncker         ce sont spécifique-
                                           (consultant CRISP)       ment les contrain-
                                           et Joseph Poupin         tes juridiques qui
                                           (Ecole Navale), afin     ont été analysées
                                           d’étudier la biodi-      afin de fournir
                                           versité des crusta-      des     propositions
                                           cés présents dans        d’adaptation       des
                                           ces îles à partir des    textes législatifs ne
                                           adultes décrits in       permettant pas ac-
                                           situ et des postlar-     tuellement l’expor-
                                           ves (Poupin et Junc-     tation de postlarves
                                           ker 2008). Une autre     (Manoa 2007a et
                                           étude sur le poten-      2007b). Enfin, une
                                           tiel de capture et de    synthèse des avancées sur la PCC produite par l’équipe de
                                           valorisation com-        René Galzin a été présentée par ce dernier lors du forum de
                                           merciale des post-       Townsville en septembre 2007 (Galzin et al. 2007).
                                           larves de crustacés      Pendant la présentation, Éric CLUA a mentionné son ex-
                                           a été entreprise à       périence récente aux Îles Salomon où, sous l’impulsion du
Rangiroa (Polynésie française), en particulier de la squille        World Fish Center, des filières d’exportation de crustacés
ou “varo” (crustacé à haute valeur commerciale), sous la res-       (langoustes et crevettes nettoyeuses) ont été mises en pla-
ponsabilité de la société Tropical Fish Tahiti qui a produit un     ce et fonctionnent, selon les modalités techniques décrites
rapport en ligne sur le site du CRISP (www.crisponline.net).        dans un document produit sur un financement australien
Parallèlement, une mission scientifique a été effectuée dans        de l’ACIAR. Ces filières permettent aux pêcheurs locaux un
cet atoll polynésien afin d’étudier les relations entre la réus-    bénéfice mensuel de l’ordre de 30 USD, qui suffit à envoyer
site de l’installation des larves et le niveau de dégradation       leurs enfants à l’école. Cet exemple a été complété par celui
de l’habitat corallien (Mills et al. 2007), servant de support      d’une opération pilote conduite aux Îles Cook, qui conclut
à un stage de master pour un étudiant de l’Université de            à la viabilité d’opération de capture de postlarves pour le
Bretagne. Une étudiante fidjienne a aussi rendu un rapport          marché de l’aquariophilie, à condition de coupler ce dé-
ayant trait à la description de la composition du zooplanc-         bouché avec l’engraissement de postlarves destinées à la
                                           ton dont sont issues     consommation humaine (poissons lapin notamment).
                                           ces larves (Pratap
                                           2007), information       n PERSPECTIVES
                                           intéressante dans        La présentation s’est achevée par la description des finan-
                                           le processus d’une       cements français en cours dans cette zone de la planète.
                                           meilleure compré-        Un financement de l’AFD appuie actuellement l’améliora-
                                           hension des phéno-       tion de l’amont de la filière en travaillant sur la structura-
                                           mènes intervenant        tion de l’OFFRE (recherche appliquée visant à améliorer la
                                           en amont des captu-      capture d’espèces à forte valeur ajoutée et opération pilote
                                           res. Le programme        d’exportation de postlarves à Kiribati). Un financement du
                                           s’est aussi intéressé    FFEM est actuellement à l’étude pour agir sur l’aval de la
                                           aux contraintes éco-     filière, notamment par la mise en place d’une écocertifica-
                                           nomiques et juridi-      tion des produits issus des postlarves. La réussite à terme
                                           ques inhérentes au       de ces filières est intimement liée à une approche régiona-
                                           développement de         le, censée stabiliser l’offre, mais aussi de l’intérêt porté par
                                           filières commercia-      les professionnels pour promouvoir ces produits auprès du
                                           les. Deux études ont     grand public, en modifiant la DEMANDE.
                                           été produites, une
                                           en Polynésie fran-                VISITEZ LE SITE INTERNET DU CRISP:
                                           çaise sur la stratégie
                                           globale à adopter           www.crisponline.net                                       13
DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS

LES POINTS FORTS ABORDÉS PENDANT LE DÉBAT inférieur à celui de poissons adultes capturés dans leur mi-
GÉNÉRAL                                   lieu naturel, a été mentionnée. Il en a été de même pour
                                                                leur relative flexibilité “alimentaire” avec la possibilité de
                                                                sevrer à base d’aliments classiques certaines espèces avec
n LES EXPÉRIENCES PASSÉES
                                                                des régimes contraignants, rendant parfois leur élevage
Plusieurs questions ont permis de revenir sur le bilan glo-
                                                                difficile (même si cet atout n’a pas fait l’unanimité au sein
bal qui pouvait être fait concernant la commercialisation
                                                                de l’audience). Enfin, dans un contexte d’augmentation du
de postlarves à la fin des années 90, bilan étayé par la pré-
                                                                coût du transport aérien, qui peut avoir des répercutions
sentation de Sébastien Bernis (pour le compte de la chaîne
                                                                très pénalisantes sur le coût de revient des produits, les
Botanic). Si les postlarves ont bénéficié d’un accueil plutôt
                                                                postlarves pourraient constituer des produits avantageux
positif de la part des clients du grand public, de gros pro-
                                                                par leur encombrement et leur métabolisme réduit.
blèmes se sont manifestés au niveau des revendeurs quant
à la régularité et la qualité de l’approvisionement. Le point
crucial de l’inadéquation entre les espèces prisées de la       n LES INCONVÉNIENTS DES POSTLARVES
clientèle de base et celles fournies à ce jour par les                 Un inconvénient majeur des postlarves ne tient
engins de capture a été évoquée, de même                                        pas tant à leur statut d'adultes en deve-
que le coût de revient de ces produits                                               nir, qu’au nombre limité des espèces
qui ont du mal à rester concurrentiels                                                    dont les postlarves sont accessi-
dans un contexte de préférence                                                              bles. Si les captures sont plé-
des consommateurs pour les                                                                     thoriques, en particulier avec
produits bon marché, même                                                                        les filets de hoa comparés
au détriment d’une certaine                                                                        aux pièges lumineux (qui
qualité, notamment concer-                                                                          ont par ailleurs l’atout
nant la robustesse des pois-                                                                        d’être moins vulnérants
sons. Il est néanmoins appa-                                                                        que les premiers cités),
ru une différence en terme                                                                          moins de 20% des pois-
de stratégie de marketing                                                                           sons ont une réelle valeur
entre les magasins apparte-                                                                        commerciale, et moins
nant à la grande distribution,                                                                    de 5% possèdent une très
tournés vers la vente de produits                                                               forte valeur ajoutée pour le
classiques à des prix très compéti-                                                          marché de l’aquariophilie (par
tifs, et les magasins spécialisés pour                                                     ex. poissons papillon, poissons
qui les postlarves sont une source de                                                 ange). Ces données s'inscrivent cer-
segmentation et diversification des produits,                                     tes dans le contexte du marché actuel
leur assurant une certaine compétitivité.                                  (sachant qu'une certaine flexibilité de la de-
                                                                mande existe) mais constituent une contrainte majeure. En
n LES ATOUTS DES POSTLARVES                                     sus du problème lié aux espèces, les postlarves, sauf rares
L’atout majeur incontestable des poslarves réside dans leur     exceptions, possèdent des robes relativement ternes et
image positive au niveau du public en tant que produit “du-     moins attrayantes que leurs aînés, ce qui rend dificile leur
rable” , respectueux de l’environnement. Elle peuvent à ce      commercialisation précoce.
titre représenter des produits au centre d’une stratégie mar-
keting tournée vers l’écologie. Sur le plan technique, leur     n QUELLES SOLUTIONS ?
robustesse au cours du transport à partir du pays d’origine     Le handicap du manque de sélectivité des engins de captu-
jusqu’à leur aquarium d’accueil, liée à un niveau de stress     re fait actuellement l'objet de recherches appliquées visant
14
à cibler la capture d'espèces commercialemment intéres-          n L’ÉVOLUTION DU MARCHÉ ET DES LÉGIS-
santes, en s'orientant vers des pièges plus "actifs" faisant     LATIONS
appel à l'audition et à l'odorat des poissons, qui sont               En marge des atouts et inconvénients
pour l'instant capturés de façon "passive"                                       intrinsèques aux postlar-
(filets) ou sur la base du phototropis-                                                ves, il est possible que
me (pièges lumineux). Par ailleurs,                                                        les évolutions du marché et du
si les pourcentages de pois-                                                                    contexte juridique internatio-
sons à valeur commerciale                                                                         nal jouent un rôle détermi-
restent faibles à l'échelle                                                                          nant dans leur développe-
d'un engin de capture,                                                                                ment. Côté acheteurs, il
rien n'empêche d'attein-                                                                                semble indéniable que
dre des quantités de                                                                                     la tendance allant vers
poisson économique-                                                                                      des produits “durables”
ment intéressantes en                                                                                     ne fera que se renforcer
multipliant les pièges,                                                                                  dans les années à venir,
processus qui n'a ja-                                                                                    allant jusqu’à permettre
mais été vraiment mis                                                                                   une segmentation des
en application à ce jour.                                                                              prix favorables aux post-
Mais les vraies solutions                                                                            larves. Côté juridique, cer-
résident sans doute du côté                                                                        tains pays ont déjà interdit la
du marketing, avec une modi-                                                                    capture de poissons adultes à
fication de la demande qui sup-                                                             des fins d’exportation et plusieurs
poserait une segmentation vraie des                                                     ont montré des vélléités dans ce sens
produits avec l'identification d'un produit                                       (par exemple Hawaï). Dans ce contexte, les
“postlarve” qui jouerait sur la fibre durable et le sta-                postlarves apparaissent comme de vraies alternati-
tut particulier de l’animal ( son “histoire” ), en s'adressant   ves, quels que soient les coûts de production en jeu.
à un public différent (probablement les enfants de moins
de 15 ans qui s'identifieraient sans doute mieux à un jeune      n POSTLARVES OU JUVÉNILES ?
poisson qu'à un poisson adulte).                                 Un débat s’est engagé sur la base de la présentation de
                                                                 Fabrice Ortin qui, après avoir mentionné son expérience
n LA CERTIFICATION DES PRODUITS                                  sur les postlarves, s’est fait le défenseur de techniques de
La certification des produits aquariophiles est un réel en-      pêche à pied sur les récifs frangeants, qui permettaient de
jeu. La certification MAC (Marine Aquarium Council) n’a pas      capturer des petits poissons dans les flaques d’eau aux Phi-
réellement répondu aux besoins et est actuellement mo-           lippines. Les scientifiques présents ont tenu à préciser que
ribonde. Les professionnels sont d’accord sur la nécessité       ces techniques ne peuvent pas se ranger dans la même
d’une certification adéquate, à condition qu’elle véhicule       catégorie que celles capturant des postlarves en amont de
une réelle plus-value commerciale. Le cahier des charges         leur installation dans le milieu. Les poissons capturés sur
du MAC était inadapté et une meilleure concertation avec         les frangeants sont le plus souvent des juvéniles qui ont
les professionnels sur ce qui est souhaitable et réali-             échappé à la sélection naturelle qui a décimé la majo-
sable semble s’imposer si un nouveau pro-                                        rité de leurs congénères postlarves, et ces
cessus de certification devait être mis                                                techniques ont, de fait, un impact plus
en place.                                                                                  important sur le milieu. Cela ne si-
                                                                                              gnifie pas qu’elles ne puissent
n LE RÔLE DES AQUARIUMS                                                                          pas être pratiquées de façon
PUBLICS                                                                                            durable, de même que cer-
La certification ne sera                                                                            taines techniques visant
pas suffisante pour as-                                                                               les poissons adultes. Elles
surer une viabilité éco-                                                                               ne peuvent néanmoins
nomique aux filières de                                                                                pas être classées sous
postlarves, et le succès                                                                               l’appellation “PCC” .
réside aussi et surtout
sur la promotion de ces                                                                               n LA POSITION DES PRO-
produits durables. Dans                                                                              FESSIONNELS FRANçAIS
ce contexte, les aquariums                                                                           Les débats ont permis à
publics ont un rôle clef à                                                                          plusieurs reprises de rec-
jouer, en effectuant une pro-                                                                     cueillir l’opinion des profes-
motion efficace des postlarves.                                                                sionnels présents quant à leur
Les représentants présents au sé-                                                           intérêt et volonté de contribuer au
minaire ont affirmé la réelle volonté de                                               développement des filières postlarves.
leurs établissements de contribuer à ce pro-                                     Si les réponses étaient parfois nuancées par
cessus. Le programme CRISP devrait être en mesure de fa-            les difficultés évoquées ci-dessus, leur réponse a été
ciliter l’approvisionnement de ces aquariums en postlarves       globalement positive, autorisant une pleine satisfaction au
et de fournir du matériel de promotion.                          sein des institutions à l’instigation de ce séminaire qui a in-
                                                                 déniablement rempli les objectifs visés.
                                                                                                                              15
ANNEXE 1: Liste des participants

       NOM Prénom                    Organisme                                                E-mail

AUBANEL Annie                 IFRECOR Polynésie française        annie.aubanel@urbanisme.gov.pf
                        CLAM (Club languedocien d’aquariophilie
BERNIS Sébastien                                                sebastien.bernis@clam34.com
                                marine) de Montpellier
BOUCHERON Eric          Aquarium de l’institut océanographique   e.boucheron@oceano.org
BRIARD Oliver                  Musée de la mer/Biarritz          olivier.briard@museedelamer.com
BUSSON Frédéric                         MNHN                     busson@mnhn.fr
CIAMBELLI Marco                       MEEDDAT                    Marco.CIAMBELLI@developpement-durable.gouv.fr
CALAS Julien                            FFEM                     Calasj@afd.fr
CLUA Éric                             CRISP/CPS                  Ericc@spc.int
COUTANT Mathieu                Aquarium de La Rochelle           pascal@aquarium-larochelle.com
DUDAY Alain                       Lautän Production              lautanproduction@yahoo.fr
FLAMANT Pascal                    Aquarium Tropical              aqua.tropical@free.fr
FORDOXCEL Laurent            Muséum Aquarium de Nancy            laurent.fordoxcel@Isa-man.uhp-nancy.fr
FRANÇOIS Jean-Luc                  MAEE - DPDEV/P                Jean-luc.francois@diplomatie.gouv.fr
GAUTHIER Claude-Anne               MAEE - DPDEV/P                Claude-anne.GAUTHIER@diplomatie.gouv.fr
GALZIN René                    Université de Perpignan           galzin@univ-perp.fr
GIRAUD Jean-Pascal                      NOOE                     giraud.jeanpascal@neuf.fr
GRISOT Gauthier                      Côté Nature                 gauthier.grisot@cotenature
GUILLAUME Mme                    DIREN Midi-Pyrénées             david.danede@developpement-durable.gouv.fr
HIBAL-FARAON Nathalie                  Truffaut                  n.hibalfaraon@truffaut.com
ISLER Eric                      Aquarium d’Amnéville             imperator-eric@wanadoo.fr
LADONNE Luc                            PRODAF                    luc.ladonne@prodaf.org
LANGUILLE Jérôme                      MEEDDAT                    jerome.LANGUILLE@developpement-durable.gouv.fr
LECAILLON Gilles                       Ecocean                   ecocean_label@yahoo.com
LEMAN Benoît              Hémisphère Sud (île de La Réunion)     benoitleman@hemispheresud.eu
METTETAL Vivian                       Acroporis                  mettetal.vivian@neuf.fr
MONTEILS Fabien                       Acroporis                  fabien.monteils@gmail.com
ORTIN Fabrice                         All Marine                 gobiodon@wanadoo.fr
PARELLADA Ramon                       AQ-arium                   ramon@aq-arium.com
PAUTRIZEL Françoise                Musée de la mer               olivier.briard@museedelamer.com
PERSON Anne-Marie                      Botanic                   amperson@botanic.com
PIGNO Sophie                   Aquarium du cap d’Agde            apigno@aquarium-agde.com
RANCHER Jacques                        Aquarid                   aquarid@wanadoo.fr
ROJAT Dominique                          AFD                     rojatd@afd.fr
ROMANS Pascal                Aquarium de Banyuls sur Mer         pascal.romans@obs-banyuls.fr
ROUAULT Jean-Louis                      Impex                    impex@ipx.fr
ROYER Philippe                       ZebrasO’mag                 redaction@zebrasomag.com
STEFANINI Laurent                  MAEE - AMB/ENV                laurent.stephanini@diplomatie.gouv.fr
VERMON Sophie                          Ecocean                   sophievermond@hotmail.com
VINCENT Xavier                    Banque Mondiale                xvincent@worldbank.org

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