(Re)voir la peinture (Re)seeing Painting - Arts + Opinions
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Esse Direction Coordonnées Mandat Abonnement — Editor — Contact Information — Mandate — Subscription Sylvette Babin Esse arts + opinions La revue Esse arts + opinions C. P. 47549, s’intéresse activement à l’art actuel Canada & U.S.A. Comité de rédaction comptoir Plateau Mont-Royal et aux pratiques multidisciplinaires. — Editorial Board Montréal (Québec) Elle porte un regard approfondi sur 1 an, 3 numéros imprimés Anne-Marie Dubois, Daniel Fiset, Canada H2H 2S8 des œuvres d’actualité et sur diverses — 1 year, 3 printed issues Benoit Jodoin, Amelia Wong- T. 514-521-8597 problématiques artistiques en publiant Individu — Individual 35 $ CA / 35 $ US Mersereau, Sylvette Babin Courriel : revue@esse.ca des essais qui abordent l’art en relation Étudiant — Student 30 $ CA / 30 $ US Site web : esse.ca avec les différents contextes dans OBNL — NPO 40 $ CA Correspondant.e.s lesquels il s’inscrit. Esse se démarque Institution 55 $ CA / 55 $ US — Correspondents Distribution également par son engagement à tisser Paris : Nathalie Desmet Canada & U.S.A. : Disticor Magazine des liens entre la pratique artistique et 1 an, 3 numéros numériques U.S.A. : Giovanni Aloi Distribution Services son analyse. Fondée en 1984, la revue — 1 year, 3 digital issues London, U.K. : Emily LaBarge France : Dif’Pop & POLLEN Diffusion est publiée 3 fois l’an (septembre, Individu — Individual 25 $ CA / 19 $ US Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, janvier et mai). Conseil d’administration Grèce, Italie, Maroc, Pays-Bas, Portugal, — Esse arts + opinions magazine 2 ans, 6 numéros imprimés — Board of Directors Singapour & Taiwan : New Export Press focuses on contemporary art and — 2 years, 6 printed issues Anne-Claude Bacon (admin.) Envoi de publication multidisciplinary practices. It offers Individu — Individual 60 $ CA / 60 $ US Sylvette Babin (trés.) — Publications Mail Registration : in-depth analyses of current artworks Étudiant — Student 50 $ CA / 50 $ US Karine Anaïs Dupras (admin.) Enregistrement n° 40048874 and artistic and social issues by OBNL — NPO 70 $ CA Bastien Gilbert (prés. par intérim) publishing essays that deal with art Institution 90 $ CA / 90 $ US Michel Paradis (v.-p.) Dépôt légal and its interconnections within various Claire Payette (admin.) — Legal Deposit contexts. The magazine also stands 2 ans, 6 numéros numériques Bibliothèque nationale du Québec out for its commitment to creating — 2 years, 6 digital issues Coordination de production Bibliothèque nationale du Canada links between art practice and theory. Individu — Individual 40 $ CA / 30 $ US — Production Manager ISSN 0831-859x (imprimé — print) Founded in 1984, the magazine is Kaysie Hawke ISSN 1929-3577 (numérique — digital) published 3 times per year (September, International ISBN 978-2-924345-39-9 January, and May). Adjoint à l’administration (imprimé — print) 1 an, 3 numéros imprimés — Administrative Assistant ISBN 978-2-924345-40-5 Politique éditoriale — 1 year, 3 printed issues Joël Gauthier (numérique — digital) — Editorial Policy Individu — Individual 34 € Les auteurs sont invités à proposer Étudiant — Student 30 € Marketing et publicité Indexation des textes de 1000 à 2000 mots les Institution 50 € — Marketing and Advertising — Indexing 10 janvier, 1er avril et 1er septembre de Francis Beaumont-Deslauriers Esse est indexée dans Academic OneFile, chaque année. Les documents doivent 1 an, 3 numéros numériques ARTbibliographies Modern, Arts & être envoyés par courriel en format — 1 year, 3 digital issues Communications Humanities Full Text, Canadian Business Word ou rtf à redaction@esse.ca. Individu — Individual 17 € Geneviève Gendron & Current Affairs, Canadian Periodical Chaque texte est soumis au comité Index Quarterly, Fine Arts and Music de rédaction, qui se réserve le 2 ans, 6 numéros imprimés Abonnements Collection, General OneFile, International droit de l’accepter ou de le refuser. — 2 years, 6 printed issues — Subscriptions Scientific Indexing, Repère et diffusée Nous demandons aux auteurs de joindre Individu — Individual 54 € abonnement@esse.ca sur la plateforme Érudit et sur Flipster – leurs coordonnées (adresse postale, Étudiant — Student 47 € Digital Magazines d’Ebsco Publishing. téléphone et adresse électronique) Institution 84 € Conception graphique — Indexed in Academic OneFile, ainsi qu’une notice biographique et un — Graphic Design ARTbibliographies Modern, Arts résumé de leur texte. 2 ans, 6 numéros numériques Feed & Humanities Full Text, Canadian — 2 years, 6 digital issues Business & Current Affairs, Canadian Prenez note que les Éditions Esse Individu — Individual 27 € Infographie Periodical Index Quarterly, Fine Arts utilisent la nouvelle orthographe. — Computer Graphics and Music Collection, General OneFile, Kaysie Hawke, Feed International Scientific Indexing, Repère, — Writers are invited to submit essays TPS 123931503RT and available on Érudit Platform and ranging from 1,000 to 2,000 words. TVQ 1006479029TQ0001 Révision linguistique Flipster – Digital Magazines by Ebsco The deadlines are January 10, April 1, — Copy Editing Publishing. and September 1. Texts must be Avantages aux abonnés Sophie Chisogne, Joanie Demers, emailed in Word format or RTF format — Subscriber benefits Pauline Morier, Käthe Roth, Vida Simon Associations to redaction@esse.ca. All texts are 15 % de rabais Esse est membre de la Société de submitted to the Editorial Board, who - sur la carte de membre du Musée Correction d’épreuves développement des périodiques have the right to accept or refuse them. d’art de Joliette — Proofreading culturels québécois (www.sodep.qc.ca) Writers should include their postal - sur les billets à tarif régulier au Céline Arcand, Vida Simon et de Magazines Canada address, telephone numbers, and email Théâtre Prospero (www.magazinescanada.ca). address, as well as a short biography - sur les livres des Éditions Esse Traduction — Esse is a member of the Société and an abstract of their text. — Translation de développement des périodiques 15% discount Louise Ashcroft, Oana Avasilichioaei, culturels québécois (www.sodep.qc.ca) Esse remercie ses partenaires - on memberships at Musée d’art de Jo-Anne Balcaen, Catherine Barnabé, and of Magazines Canada — Esse thanks its partners Joliette Nathalie de Blois, Sophie Chisogne (www.magazinescanada.ca). - on regular tickets at Théâtre Prospero - on Éditions Esse’s books Impression — Printing Suivez-nous sur les médias sociaux. Imprimerie HLN inc. — Follow us on social media. Rendez-vous sur notre site web pour vous abonner en ligne ! revue.esse — Visit our website to subscribe online! @revue_esse revueesse Couverture — Cover Damien Cadio — All Seedless in the Light, 190 × 140 cm, 2019. © ADAGP, Paris / SOCAN, Montréal (2021) Photo : permission de l’artiste | 2 — Dossier courtesy of the artist
(Re)voir Esse 102 la peinture Édito (Re)seeing 6 La peinture vue par la critique ou le regard critique de la peinture — Painting as Criticism or Painting Criticism as Painting Sylvette Babin Dossier — Feature 8 Réactualisations de la peinture en temps numériques — The Reactualization of Painting in Digital Times Daniel Fiset 14 Too Hard: Gay Figurative Painting’s Gimmicks — Un peu too much : les stratagèmes de la peinture figurative gaie Connor Spencer 20 The Afterlife’s Painting — La peinture d’outre-tombe Oli Sorenson 30 Corps narratifs et intimité dans la peinture figurative contemporaine — Narrative Bodies and Intimacy in Contemporary Figurative Painting Sûrya Buis Portfolio 40 Damien Cadio, Des horizons — Damien Cadio, Des horizons Thomas Fort 62 Maude Maris Nathalie Desmet 48 Painting in a Transitory Realm: Vincent Larouche and the Effects of Digital Culture 66 Cinga Samson — Peindre dans un monde transitoire : Giovanni Aloi Vincent Larouche et les effets de la culture numérique 70 Marigold Santos Cindy Hill Amanda Beattie 56 Tendre l’oreille à la matière picturale 74 Alexandre Pépin — Listening to Pictorial Material Dominique Sirois-Rouleau Mimi Haddam 78 Niap Anne-Marie Dubois 82 Antonietta Grassi Amanda Beattie 86 Cindy Ji Hye Kim Anaïs Castro 90 Cindy Phenix Maude Johnson
Article 94 L’art et la honte : Entretien avec Geoffroy de Lagasnerie Noé Gross Chronique 96 Dans l’atelier de Anne-Marie Ouellet Véronique Leblanc Comptes rendus — Reviews Arts visuels Performance — Visual Arts — Performance Art 100 Sandra Brewster 114 Résistances et ravissements 2 Optica centre d’art contemporain, Mois Multi, Montréal Montréal Julie-Michèle Morin Dominique Sirois-Rouleau 101 tı̄ná gúyáńí (Deer Road) Publications Articule, Montréal Didier Morelli 116 Habiter l’exposition : l’artiste et la 102 Carl Trahan scénographie Galerie Nicolas Robert, Montréal Manuella éditions Itay Sapir Nathalie Desmet 104 Darby Milbrath 117 Knowledge Beside Itself: Projet Pangée, Montréal Contemporary Art’s Epistemic Sarah Amarica Politics Sternberg Press 105 At the centre of my ironic faith Benoit Jodoin Cassandra Cassandra, Toronto Emily Cadotte 106 Celia Perrin Sidarous & Marie-Michelle Deschamps Bradley Ertaskiran, Montréal Anne Roger 108 NOW BULLETIN: Artworks, Letters and Printed Matter from the Garry Neill Kennedy Collection 1968 – 2019 Griffin Art Projects, Vancouver Stéphane Bernard 110 Grief and Grievance: Art and Mourning in America New Museum, New York Giovanni Aloi Tammi Campbell Quality Material, wrapped, 112 Hélène Bertin 172,1 × 143,5 cm, 2019. Le Creux de l’enfer, Thiers, France Photo : Michael Underwood, permission de | Nathalie Desmet courtesy of the artist & Anat Ebgi, Los Angeles
Contributeurs et contributrices Contributors Giovanni Aloi Anne-Marie Dubois Maude Johnson Anne Roger Editor of Antennae: The Journal Candidate au doctorat en histoire de L’auteure et commissaire indépendante Historienne de l’art, Anne Roger est of Nature in Visual Culture and the l’art avec concentration en études Maude Johnson agit comme adjointe titulaire d’une maitrise en philosophie University of Minnesota Press series Art féministes, Anne-Marie Dubois mène à la direction et au commissariat pour et théorie de l’art contemporain de after Nature, Giovanni Aloi’s research des travaux qui portent principalement Momenta Biennale de l’image. Dans l’Université Paris 8. Elle a occupé divers focuses on the Anthropocene and new sur la réarticulation contemporaine des le cadre de ses travaux de recherche, postes de direction dans des établis- conceptions of nature in art. His books identités à l’ère des nouvelles techno- elle s’intéresse aux pratiques perfor- sements culturels publics et privés à include Why Look at Plants? and Lucian logies. Elle siège au comité éditorial matives, critiques et commissariales et Londres, à Montréal, à Paris et à Rome. Freud Herbarium. de la revue Esse tout en poursuivant sonde les méthodologies, les procédés Elle offre aujourd’hui ses services une pratique comme critique d’art et et les langages au sein de démarches de consultante en art contemporain Sarah Amarica essayiste. Sa posture emprunte aux multidisciplinaires. auprès de collectionneuses et collec- théories féministes et queers leur tionneurs du monde entier. An arts administrator from Montréal, Sarah Amarica works with and writes potentiel critique afin de déboulonner Geoffroy de Lagasnerie about contemporary artists. Her cre- la prétention d’ontologie des différents Sociologue et auteur de plusieurs Itay Sapir discours de vérité. ative and research interests centre on ouvrages sur la création et la politique, Professeur d’histoire de l’art à l’Univer- material culture, labour, politics, and Geoffroy de Lagasnerie a publié deux sité du Québec à Montréal, Itay Sapir stories told through objects. Daniel Fiset courts textes en 2020 : Sortir de notre se spécialise en art européen du 15e Travailleur culturel établi à Tiohtiá:ke- impuissance politique (Fayard) et L’art au 17e siècle. Ses nombreuses publica- Amanda Beattie Montréal, Daniel Fiset s’intéresse aux impossible (Presses universitaires de tions portent sur des artistes tels que rapports entre pratiques artistiques France). le Caravage, Claude Lorrain et José de Independent art critic and consultant et pratiques pédagogiques. Il est titu- Ribera, ainsi que sur les liens entre la in museum education, Amanda Beattie teaches Art History at Dawson College, laire d’un doctorat en histoire de l’art Véronique Leblanc peinture, la philosophie et la science. de l’Université de Montréal et occupe and works in the Education Department En tant que commissaire indépendante, at the Phi Foundation for Contemporary actuellement le poste de commissaire autrice et enseignante, Véronique Dominique Sirois-Rouleau adjoint à l’engagement à la Fondation Art. Leblanc envisage les projets d’expo- Titulaire d’un doctorat en histoire Phi. sition qu’elle conçoit et les aventures de l’art, Dominique Sirois-Rouleau Stéphane Bernard pédagogiques dans lesquelles elle est commissaire, critique et chargée Thomas Fort s’implique comme des occasions d’ap- de cours. Elle est aussi responsable Painter and educator Stéphane Bernard Le critique et commissaire d’exposition prentissage partagées. Ses travaux du Hub Culture + Savoir, où elle se explores the archival process as an indépendant Thomas Fort vit et tra- portent actuellement sur l’imaginaire du consacre au maillage des milieux uni- artistic medium. This practice takes vaille à Paris. Il collabore régulièrement commun en art actuel. versitaire et culturel. Ses recherches the form of critical writing, print-based avec des revues papier et en ligne. Il portent sur l’activité spectatorielle et la projects, performance, and curating. His writing has been published in Kolaj a codirigé la monographie de Damien Didier Morelli notion d’objet dans les pratiques artis- Cadio, publiée aux éditions Dilecta en tiques actuelles. and Issue Magazine. PhD Candidate in Performance Studies avril 2021. at Northwestern University (Evanston, Oli Sorenson Sûrya Buis Noé Gross Illinois), Didier Morelli’s dissertation focuses on the relationship between Visual artist and Internet junky Oli Le projet professionnel de Sûrya Le chercheur en philosophie Noé Gross the built environment and the kines- Sorenson is active mainly in North Buis s’articule autour de l’art et des est diplômé et agrégé de l’Université thetic nature of performing bodies. His America, Europe, and Japan. He some- sciences sociales. Après une licence libre de Bruxelles. Grâce à une bourse work has been published in Art Journal, times writes about art. In 2017, he com- de psychologie, elle entreprend un doctorale, il mène des travaux de Canadian Theatre Review, C Magazine, pleted his doctoral project entitled “The parcours de commissaire d’exposition. recherche en philosophie critique et en Decoy Magazine, Esse, Performa Material Conditions of Immaterial Arts.” L’interculturalité, la littérature et la phi- humanités environnementales. Magazine, and TDR: The Drama Review. losophie nourrissent ses écrits et son inspiration artistique. Connor Spencer Mimi Haddam Julie-Michèle Morin Writer Connor Spencer is based in Emily Cadotte Candidate à la maitrise en études Doctorante en littérature à l’Université New York City. A PhD student in the littéraires en recherche-création à de Montréal, Julie-Michèle Morin s’in- Department of English and Comparative Arts administrator Emily Cadotte has l’Université du Québec à Montréal, Mimi téresse au théâtre et à l’histoire des Literature at Columbia University, he worked at C magazine, Blackwood Haddam est l’auteure de Petite brindille sciences. Elle mobilise une approche researches queer literature, visual Gallery, and the Thames Art Gallery. de catastrophes (La Tournure, 2017 ; technoféministe pour réfléchir aux cultures, and archives. He is currently She holds an MA from OCAD University. édition augmentée publiée en 2019), enjeux éthiques soulevés par la ren- writing about the photography of Alvin She has presented at conferences de C’EST (Omri, 2018) et d’Il existe un contre entre les arts vivants et les Baltrop. at OCAD U, UAAC, and published in palais de teintes et d’hyperboles (Omri, cultures numériques. Elle est égale- Canadian Art and SDUK. 2018). ment conseillère dramaturgique. Anaïs Castro Cindy Hill Anne-Marie Ouellet Curator of exhibitions and projects Visual artist and writer Cindy Hill is Dans le cadre de ses projets, l’artiste in North America, Europe, and Asia, based in Tiohtiá:ke/Montréal. She multidisciplinaire Anne-Marie Ouellet Anaïs Castro is a founding mem- holds a BFA from Concordia University étudie la place de l’individu au sein de ber of the curatorial collective The and has also attended the University diverses réalités sociales. Ses projets Department of Love and an editorial of South Australia in Kaurna/Adelaide prennent la forme d’actions performa- member of Daily Lazy. She publishes (AU). tives collectives dans l’espace public regularly with Esse, Espace art actuel, ou d’installations basées sur des pro- and this is tomorrow. Benoit Jodoin cessus collaboratifs. Elle s’intéresse notamment à la standardisation des Nathalie Desmet Doctorant en histoire de l’art à l’Univer- modes de vie, à l’idée du commun sité du Québec à Montréal et à l’École Maitresse de conférences en théorie et et au partage de savoir-faire. des hautes études en sciences sociales pratique de l’art contemporain à l’Uni- (Paris), Benoit Jodoin s’intéresse à la versité Paris 8 Vincennes–Saint-Denis, présence des mots dans l’art, aux lec- Nathalie Desmet mène ses travaux de recherche sur le curatorial, au sens tures des artistes, aux rapports entre Cindy Phenix art et savoir, à la recherche-création et Logic of Turbulence, élargi du terme, et s’intéresse aux aux pratiques paracuratoriales. dimensions pragmatique, théorique et 152,5 × 123 cm, 2020. idéologique de l’exposition. Elle est par Photo : Jean-Michael Seminaro, permission ailleurs critique d’art et commissaire de | courtesy of the artist & Galerie Hugues d’exposition. Charbonneau, Montréal
Esse Esse La peinture accentuer cette perception. Pourtant, à susciter l’intérêt des théoricien.ne.s pour le déve- considerations of the different strategies deployed in les ouvrages proposant des réflexions loppement de réflexions engagées. Si la recherche art practices or dissemination networks. We note, for picturale est toujours centrale à l’univers des peintres, example, how the digital era has substantially trans- de fond sur ses problématiques les plus plusieurs utilisent leurs œuvres comme de puissants formed the modes of circulation and reception of vue par la actuelles se font rares, du moins dans le outils d’émancipation ou de revendication, tandis que painting, a transformation that has been exacerbated d’autres les considèrent comme un moyen de poser by the lockdown. The Web has not only enabled an contexte universitaire canadien. un regard critique sur la société. Les mots de Thomas unprecedented access to works, but has also con- Fort s’appliquent ainsi à nombre d’artistes : « Il s’agit de tributed to their reappropriation by Internet users and s’engager sur une voie de traverse afin de déjouer les their renewal outside of the art field. The mass culture critique ou le Le parti pris de Esse de proposer des dossiers consa- dogmes conservateurs hérités de récits et hiérarchies conveyed by social media also feeds the imaginaries crés à la peinture2, alors que nos thématiques sont académiques dont le pouvoir de domination persiste. » of many artists who, by channelling it into their work, surtout portées par des enjeux de société, s’inscrit Finalement, rassembler des œuvres à l’intérieur create a kind of back and forth between the mate- dans une tentative de motiver des analyses critiques d’une discipline plutôt qu’autour d’un thème offre ici rialization of the digital on canvas and the demate- de la pratique picturale. L’idée de (re)voir la peinture la possibilité d’apprécier le foisonnement des idées rialization of painting in the virtual world where it is regard critique invitait les auteurs et autrices à délaisser les réflexions développées par les peintres. Cela permet également presented. récurrentes sur sa mort et sa résurrection qui, comme de constater que la peinture conserve toujours cette We also notice a renewed interest in figuration, as le souligne Daniel Fiset, « n’arrivent pas à dépasser la capacité de parler à la fois d’elle-même et du monde well as in a style sometimes characterized by popular forme de la polémique ou de l’exercice rhétorique : qui l’entoure. • or more marginal iconography associated with social leurs retours constants dans les discours sur l’art font movements (particularly queer culture) and sometimes, de la peinture que les idées sont elles-mêmes devenues mortes-vi- by a reactivation of genres from classical or modernist vantes ». Il importe néanmoins de faire une mise en 1 — La conférence La vitalité de la peinture, notes sur le succès art history. Yet the attempts to develop new pictorial garde pour qui attendrait de ce dossier un bilan sur d’un médium, disponible en ligne, s’articulait autour du livre genres by reproducing previous ones (what critics call The Love of Painting. Genealogy of a Success Medium, publié l’état de la peinture aujourd’hui. Tout en offrant une en 2018 chez Sternberg Press. the zombie style) raise questions about the originality sélection qui témoigne de la pluralité des approches of the works or the intentions of the artists, who are esthétiques et conceptuelles de cette forme artistique, 2 — Voir notamment le numéro 76 de la revue Esse, L’idée de la suspected of falling into the trap of commercial con- ce numéro propose surtout des réflexions sur diffé- peinture (automne 2012). siderations. The fact is that for a long time the transac- rentes stratégies déployées dans les pratiques ou dans tional aspects of painting, reinforced by its unique or Painting les réseaux de diffusion de l’art. Nous observons, par non-reproducible character, have placed it at the fore- exemple, comment l’ère numérique a sensiblement front of debates on the capitalization of art. This issue transformé les modes de circulation et de réception de is no exception. A careful and sensitive reading will la peinture, transformation exacerbée par le confine- prevent us, however, from perceiving merely a virulent ment. Le Web n’a pas seulement permis un accès sans In a talk given in 2019 at the Fondation criticism of these aesthetic trends. As Connor Spencer Louis Vuitton, art historian Isabelle Graw Criticism or précédent aux œuvres, il a aussi contribué à leur réap- states in reference to technical virtuosity, used perhaps propriation par les internautes et à leur réactualisation as a gimmick to counteract representational ease in en dehors du champ de l’art. La culture de masse véhi- observed that painting enjoys enormous certain figurative works, “the gimmick can be a ‘sur- culée par les réseaux sociaux nourrit également l’ima- intellectual prestige and that it has been vival strategy’ for vulnerable subjects” seeking to avoid ginaire de nombreux artistes qui, en la réinjectant dans capitalism’s grip. the subject, in recent years, of many anal- Painting as leurs œuvres, créent une sorte de va-et-vient entre la In light of such controversies, we realize that paint- matérialisation du numérique sur la toile et la dématé- yses and theories.1 The ongoing reaf- ing hasn’t lost any of its ability to raise the theorists’ rialisation de la peinture dans l’univers virtuel où elle se interest in putting forward engaging considerations. déploie. firmation of painting’s vitality through Though pictorial research may remain central to paint- On remarque par ailleurs un intérêt renouvelé pour different independent exhibition projects ers, some of them use their works as formidable tools Criticism la figuration, de même qu’une facture marquée tantôt of empowerment or protest, while others consider par l’iconographie populaire ou plus marginale que or through its valorization in museum them as a means to critically examine society. The l’on associe aux mouvements sociaux (la culture queer collections likely helps to strengthen this words of Thomas Fort apply to many artists: “They notamment), tantôt par la réactivation des genres de take a transverse path in order to elude the inherited l’histoire de l’art classique ou moderne. Or les tentatives perception. However, works offering conservative dogmas of narratives and academic hier- de développer de nouveaux genres picturaux en repro- in-depth reflections on the most current archies whose overriding power persists.” duisant les précédents (ce que les critiques appellent le Ultimately, assembling the works by discipline style zombie) soulèvent des interrogations sur l’origina- issues are rare, at least in the Canadian rather than by theme offers a chance to appreciate the lité des œuvres ou sur les intentions des artistes, qu’on academic context. profusion of ideas being developed by painters. It also soupçonne de tomber dans le piège des considérations helps us to realize that painting has always maintained Sylvette Babin Dans une conférence présentée en 2019 mercantiles. C’est que, de longue date, les propriétés the ability to talk about itself and the world around it transactionnelles de la peinture, renforcées par son The decision made by Esse to present features dedi- at the same time. à la Fondation Louis Vuitton, l’historienne caractère unique ou non reproductible, la situent à cated to painting2, though our themes are often based de l’art Isabelle Graw constatait que la l’avant-plan des débats sur la capitalisation de l’art. on social issues, is part of an attempt to encourage Ce numéro ne fait pas exception. Une lecture atten- critical analyses of painting practices. The idea of peinture jouit d’un énorme prestige intel- tive et sensible des textes nous évitera toutefois de (re)seeing painting invited writers to move away from 1 — Drawing on Graw’s book The Love of Painting: lectuel et que ces dernières années, elle n’y percevoir qu’une critique virulente de ces courants recurring considerations of its death and resurrec- Genealogy of a Success Medium, published in 2018 esthétiques. Comme le précise Connor Spencer en tion, which, as Daniel Fiset emphasizes, “don’t go too a fait l’objet de nombreuses analyses faisant référence à la virtuosité technique, celle-ci est far beyond the polemical or rhetorical: their constant by Sternberg Press, the talk “The Vitality of Painting — Notes on the Success of a Medium” is available et théories1. Le fait de réaffirmer de façon peut-être employée pour faire contrepoids à la facilité references to previous art discourse turn their own online. représentationnelle dans certaines œuvres figuratives, arguments into a kind of living-dead.” It is important, ponctuelle la vitalité de la peinture, par à la manière d’un stratagème qui « peut constituer une however, to caution those who might expect this issue 2 — See in particular issue 76 of Esse, The Idea of Painting (Fall 2012). différents projets d’exposition indépen- “stratégie de survie” pour des sujets vulnérables » cher- to offer a report on the state of painting today. While Translated from the French by Oana Avasilichioaei chant à échapper à l’emprise du capitalisme. presenting a selection of articles that attest to the dants ou par la mise en valeur des col- Nous constatons à la lumière de telles polé- diversity of aesthetic and conceptual approaches to lections muséales, vient probablement miques que la peinture n’a rien perdu de sa capacité this art form, above all this issue puts forward some 6 — Édito 7 — Edito
Esse Le Web aura été une autre bouée de sauvetage, par cette manière de voir (de) la peinture ; d’exa- constater la diversité et le foisonnement des surtout pour certains diffuseurs en art contem- miner, plutôt que les pratiques, les structures pratiques liées à la peinture, qu’on s’évertue porain qui ont adapté des expositions, toutes par lesquelles on la définit et la regarde. Est-il cycliquement à déclarer comme morte, surtout prêtes à être regardées, en présentations vir- vain de tenter de reproduire l’effet distinctif, depuis l’invention de la photographie. C’est tuelles, avec les défis que ce genre d’adaptation voire liminal1, de la galerie ou du musée dans effectivement devenu un lieu commun que d’af- comporte. Pensons, par exemple, au Musée des un espace où les œuvres d’art côtoient d’autres firmer la mort de la peinture, achevée tour à tour beaux-arts de Montréal, qui a présenté une visite types d’images, souvent dans un rapport d’in- par d’autres formes d’expression concurrentes, virtuelle de l’exposition Riopelle : À la rencontre détermination ou d’équivalence ? Les œuvres par des artistes ou des critiques dans les diverses des territoires nordiques et des cultures autoch- circulaient déjà abondamment en ligne, aidées tentatives d’écriture à son sujet. Or, la plupart tones ; à la Fondation Phi, qui a fait de même par de vastes entreprises de numérisation des des réflexions sur la mort de la peinture n’ar- avec Relations : la diaspora et la peinture ; au collections muséales et de développement de la rivent pas à dépasser la forme de la polémique ou Musée d’art contemporain de Montréal, qui a littératie numérique. de l’exercice rhétorique : leurs retours constants filmé une visite de La machine qui enseignait Notons qu’avant l’urgence pandémique, dans les discours sur l’art font que les idées sont des airs aux oiseaux. Paradoxalement, la planéité le Web était déjà l’hôte de nombreuses entre- elles-mêmes devenues mortes-vivantes. Le des écrans, supports par lesquels on fréquente prises de diffusion du travail des peintres, par survol des pratiques laisse entrevoir les limites généralement l’espace web, aura compliqué des comptes Instagram dédiés (@contempo- de l’utopie postpeinture, qui délaissait la spé- notre rapport à la présentation de la peinture, rary.paintings, ou encore @cdnartforecast, cificité picturale au profit de réflexions propre- un mode d’expression qui avait été lui-même @contemporarypainting_canada et @peinture- ment conceptuelles, discursives ou théoriques : défini, à une certaine époque, par sa planéité. contemporaine_ quebec), des expositions il rend maintenant visible un champ qui, s’il est Quel genre d’expérience visuelle de la peinture conçues spécialement pour le Web ou d’autres traversé par ces réflexions, est défini d’abord par cherche-t-on à offrir par le dispositif numé- comportant un volet virtuel (pensons au Projet une série de gestes, de techniques, de procédés rique ? Comment reproduire fidèlement les Peinture de la Galerie de l’UQAM, présenté en communs aux artistes qui y travaillent. détails, la touche ? Comment penser la mise en 2013). Ces entreprises, si elles emploient des S’il confirme la vivacité de la peinture ligne d’œuvres qui sont fondées sur la capacité stratégies différentes, ont une fonction com- actuelle, le panorama rend également visibles de la matière à représenter, à se représenter, à se mune : bien qu’elles permettent de voir des les mécanismes d’exclusion de l’art dans cer- rendre visible ? En choisissant certains détails pratiques singulières d’artistes, relayées selon tains lieux. Il montre que l’art contemporain a plutôt que d’autres, chercherait-on finalement à une séquence déterminée par une pensée com- perpétuellement snobé d’autres objets qui ne contrôler une expérience du regard qui se veut missariale (ou du moins par un processus de s’intéressaient pas aux mêmes questions que libre, spontanée, indépendante ? sélection et de diffusion), elles offrent d’abord lui, qui témoignaient d’autres communautés, Si l’on peut contester les façons de regarder et avant tout une sorte de panorama, de survol. d’autres façons d’être, d’autres regards. On imposées par ces dispositifs, il apparait tout L’exercice du panorama, ne serait-ce que peut d’ailleurs voir certains établissements aussi important de réfléchir à ce qui s’institue dans son déploiement numérique, permet de tenter de négocier avec ces formes systémiques À défaut de pouvoir fréquenter assidument les musées, les centres d’artistes autogérés ou les galeries institutionnelles, qui auront été fermés au public pendant une bonne partie de la dernière année, deux endroits auront permis de (re)voir de la peinture en 2020 : les galeries privées, d’une part, et l’espace numérique, d’autre part. L’ouverture ininterrompue des premières, qui font généralement une place de choix aux pratiques picturales, relève de l’exception marchande, stratégie du gouvernement provincial qui s’inquiétait plus d’encourager la relance économique que d’assurer un accès généralisé à la culture en temps difficiles, et ce, alors que la fréquentation des musées représente un faible risque pour la 1 — Voir Carol Duncan, « The Art Museum as Ritual », dans Civilizing Rituals: Inside propagation de la COVID-19. Public Art Museums, Londres et New York, Routledge, 1995, p. 11. Daniel Fiset 9 — Feature
Esse Esse d’exclusion, par exemple en faisant enfin place comme premier exercice à ses élèves, la réalisa- à certaines pratiques picturales qui avaient été tion d’une toile similaire à celle que Kardashian boudées ou ignorées depuis des décennies. La a publiée. C’est la fille de l’enseignante qui, en peinture d’artistes racisé.e.s ou autochtones apprenant la polémique, aurait enregistré une fait maintenant une entrée dans l’institution vidéo montrant un tableau semblable qu’elle muséale, entrée parfois magistrale (par la forme avait elle-même réalisé après avoir appris la de l’exposition rétrospective), parfois timide technique de sa mère. (par l’inclusion dans la collection d’une ou deux Le brouhaha entourant la publication de la œuvres choisies). On assiste alors à un proces- toile de North West montre que, même si ces sus de réactualisation de la peinture, tout aussi questions ont été évacuées par l’art contem- important à penser que l’actualité des pratiques porain, la peinture est toujours perçue comme déployées dans le survol numérique. objet d’expression romantique du soi, comme Au-delà des pratiques en elles-mêmes, ou lieu d’un talent unique, d’une virtuosité sacrée. de leur présence dans le musée, c’est la perpé- Ce qui choque, c’est l’attribution de cet objet, S’il confirme la tuation de certains discours sur la peinture qu’il supposément très personnel, à une autre per- m’apparait tout aussi opportun d’examiner. Le sonne que celle qui a réalisé le travail – attri- vivacité de la pein- numérique, dans lequel la porosité entre les bution qui n’est pas sans rappeler une autre espaces de l’art et les espaces autres est la plus stratégie conceptuelle, celle par laquelle les ture actuelle, le sentie, permet d’observer ce qui déborde notre artistes intègrent dans leurs œuvres des objets cercle fermé, ce qui se répand et se remarque ail- créés par d’autres. panorama rend leurs. On constate que les tableaux – qu’ils soient Il semble que la peinture s’envisage simul- contemporains ou non – sont au cœur d’une série tanément comme une image d’exception, qui également visibles de phénomènes viraux de réappropriation et de tire sa valeur de son originalité, et comme une réutilisation par les internautes. La structure de image plurielle, qui tire sa valeur de sa capa- les mécanismes ces phénomènes s’apparente parfois à des jeux cité à se multiplier. Alors qu’on veut la com- conceptuels d’artistes, par exemple lorsqu’il prendre comme une œuvre unique, qui ne d’exclusion de l’art s’agit de constater la ressemblance frappante peut avoir qu’un seul auteur, on voit qu’elle est d’une personne contemporaine avec le sujet d’un reproduite par d’autres, ou qu’elle est au cœur dans certains lieux. tableau de la Renaissance ou du Moyen Âge, d’une chaine de réappropriations imagières, exercice viral par excellence. Cela rappelle une d’autres circulations, de mises en commun. Il montre que l’art œuvre de Françoise Sullivan réalisée en 1971, Paradoxalement, les deux espaces identifiés Portraits de personnes qui se ressemblent, dans d’entrée de jeu dans ce texte, soit le Web et la contemporain a laquelle elle juxtapose le détail d’un tableau de galerie privée, sont deux endroits clés où réflé- Lorenzo Lotto avec une photographie de son chir à cette oscillation entre exception et multi- perpétuellement fils : les manières par lesquelles circulent les plicité, bien que le potentiel d’acquisition, peintures imitent donc des modes d’adresse pen- de remédiation et de partage de la peinture snobé d’autres sés par des artistes dans leurs œuvres, montrant devienne aussi important que son collectionne- ici une autre porosité des pratiques entre art et ment ou sa présentation institutionnelle. Dans objets qui ne s’inté- non-art, ou une reprise de stratégies artistiques ces environnements, la peinture réaffirme sa dans un mode de diffusion qui dépasse le cadre valeur fondamentalement transactionnelle, ressaient pas aux de l’art. ou contractuelle, qui se définit autant par ce Remarquons également, par les échanges qu’on en fait que par ce qu’on y représente : une mêmes questions numériques, la persistance d’une série d’atti- valeur dont la détermination dépasse le monde tudes du public envers la peinture, attitudes circonscrit de la critique ou de la théorie, et qui que lui, qui témoi- qui ont moins à voir avec la production pic- néanmoins réaffirme une sorte d’amplitude turale qu’avec sa réception en tant qu’œuvre insoupçonnée de la peinture actuelle, pour ne gnaient d’autres unique, et qui font d’elle une catégorie cultu- pas dire une autre forme de réactualisation. • relle durable. On l’observe dans une de ces communautés, minicontroverses qui sont devenues la spé- cialité des réseaux sociaux. Le 8 février 2021, d’autres façons Kim Kardashian partage sur Instagram une photographie d’une toile réalisée par sa fille d’être, d’autres North West. Le tableau montre un paysage montagneux, devant lequel se placent un lac regards. bleu clair et de petits ilots de végétation clair- semés de fleurs mauves, blanches et jaunes. La & Relations : la diaspora et la peinture, publication est accompagnée d’un petit message vue d’exposition, Fondation Phi pour de Kardashian : « My little artist North ». Dès le l’art contemporain, Montréal, 2020. partage de l’image, des membres de la commu- nauté d’Instagram avancent que Kardashian, Photo : Richard-Max Tremblay, permission de | courtesy of Fondation Phi pour l’art flairant une autre occasion d’attirer l’attention, contemporain, Montréal ment dans sa publication quand elle attribue à sa fille la réalisation d’une œuvre que celle-ci La machine qui enseignait des airs aux n’aurait absolument pas pu créer. S’installe oiseaux, vue d’exposition, Musée d’art alors une improbable enquête, par laquelle on contemporain de Montréal, 2021. découvre que la peinture a bel et bien été réali- Photo : Guy L’Heureux, permission de | sée par North West, qui avait suivi des cours de courtesy of Musée d’art contemporain de peinture auprès d’une enseignante qui donnait, Montréal 10 — Dossier 11 — Feature
Esse Esse The Reactualization of Painting in Digital Times Daniel Fiset Although museums, artist-run centres, and institutional galleries have had to shut their doors for much of the past year, two enti- ties have actually facilitated the (re)discovery of painting in 2020: commercial galleries and the Web. The former, which tend to give painting pride of place, were allowed to remain open because their status as commercial businesses exempted them from the provincial government’s imposed health measures, which were geared more toward boosting economic recovery than main- taining broad cultural access to soothe an anxious public. This, despite the fact that visiting a museum carries very low risk in terms of spreading COVID-19. The Web became another lifeline, particularly in part to the extensive digitization of museum with these ideas, is defined first and foremost by of meme that tends to go viral. This brings to she herself had made as a child, after learning for contemporary art galleries that managed to collections and continued developments in a series of gestures, techniques, and processes mind a piece by Françoise Sullivan from 1971 the technique from her mother. 1 — See Carol Duncan, “The Art Museum as convert their fully installed exhibitions into vir- digital literacy. used by all artists who work this way. titled Portraits de personnes qui se ressemblent, What this brouhaha demonstrates is that Ritual,” in Civilizing Rituals: Inside Public Art Museums (London and New York: Routledge, tual experiences, with all of the challenges that Even before the pandemic, the Web hosted Although a panorama might confirm the in which she juxtaposes a detail from a painting although contemporary art has long laid these 1995), 11. this sort of adaptation entails. For example, the countless image-sharing platforms for paint- strength of contemporary painting, it also by Lorenzo Lotto with a photograph of her son. issues to rest, painting is still perceived as an Montreal Museum of Fine Arts offered a virtual ers, such as dedicated Instagram accounts (for reveals the exclusionary mechanisms of art In this sense, paintings circulate in ways that object of romantic self-expression, a confirma- tour of Riopelle: The Call of Northern Landscapes instance, @contemporary.paintings, @cdnart- within certain spaces. It demonstrates how mimic the modes of address used by artists tion of unique talent and sacred virtuosity. What and Indigenous Cultures, the Phi Foundation fol- forecast, @contemporarypainting_canada, and the world of contemporary art has consistently in their work, again showing the porous rela- upsets people is the attribution of a supposedly lowed suit with Relations: Diaspora and Painting, @peinturecontemporaine_quebec) and exhibi- snubbed any entity that wasn’t interested in the tionship between art and non-art practices, very personal achievement to someone who had and the Musée d’art contemporain de Montréal tions designed specifically for the Web or with same issues or that represented other communi- or the borrowing of artistic strategies with- no hand in its making—which brings to mind offered a filmed exhibition tour of La machine qui an added virtual component (such as Galerie ties, ways of being, or perspectives. Today, some in a delivery mode that extends beyond the another conceptual strategy: artists who inte- enseignait les airs aux oiseaux. Paradoxically, the de l’UQAM’s Projet Peinture presented in 2013). institutions are making efforts to address sys- frame of art. grate objects made by others into their own work. flatness of the screen, the surface through which These platforms employ different strategies, temic forms of exclusion, for example by finally But digital exchanges also reveal how many It seems, then, that painting can be consid- we normally experience the Web, has compli- but they all have the same function. Although making space for pictorial practices that were public attitudes toward painting persist. These ered both exceptional (deriving its value from cated our relationship with the presentation of they offer a sequential view of artists’ unique rebuffed or ignored for decades. Museums have attitudes are concerned less with image produc- its originality) and multiple (deriving its value painting — an art form that was once defined by practices based on a curatorial premise (or at made some headway in including racialized or tion than with its acceptance as a unique work, from its ability to copy itself). Although we may its surface. What kind of visual experience are least a process of selection and dissemination), Indigenous artists, sometimes notably (in the and that makes it an enduring cultural category. want to understand it as the product of a unique these digital platforms trying to offer? How can more than anything they present a panoramic form of a retrospective exhibition), sometimes We see this in the kind of micro-controversies effort by a single creator, we also see it repro- they accurately reproduce a painting’s details or or overall view. timidly (by acquiring one or two works for their that thrive on social media. For example, on duced by others, or as the basis of a series of an artist’s touch? How should we conceive the This panoramic exercise, at least in its collections). We are witnessing the process February 8, 2021, Kim Kardashian shared a reappropriated images, other movements, and online experience of artworks that are founded digital form, allows us to discover the diversity of painting’s reactualization, which is just as photo on Instagram of a painting made by her pooled resources. Paradoxically, the two entities on a medium’s capacity to represent, to represent and abundance of painting-based practices, important to consider as the currency of digi- daughter North West: a skilfully executed mentioned at the start of this essay, the Web and itself, to make itself visible? By choosing some which — especially since the advent of photogra- tally disseminated practices. mountain landscape with a clear blue lake and the commercial gallery, are key areas where the details over others, is there ultimately an attempt phy — have been declared dead on a fairly cycli- What also seems worth examining, beyond islands of vegetation covered in purple, white, oscillation between exception and multiplicity to control what would otherwise be a free, spon- cal basis. In fact, it’s become commonplace to these art practices themselves or their presence and yellow flowers. The caption read “My little should be considered, where the potential for taneous, and independent viewing experience? announce the death of painting, finished off, in in museums, is the perpetuation of certain dis- artist North.” As soon as the image was posted, painting’s acquisition, remediation, and sharing Although we might object to how these plat- turn, by the next new art form, by artists, or by courses on painting. The digital realm, where Instagram users accused Kardashian of seeking becomes just as important as its institutional forms impose their own viewing framework, critics in their various attempts to write about it. the porosity between art spaces and other types attention by claiming that her daughter had collection or presentation. In these environ- it’s also important to consider what, exactly, is Most thoughts on the death of painting, howev- of space is most keenly felt, makes evident what painted a work that seemed well beyond the ments, painting reasserts its basic transactional being established by this way of looking at paint- er, don’t go too far beyond the polemical or rhe- spills over from our closed circle, what spreads skill level of a seven-year-old child. A ridicu- or contractual value, which is defined both by ing — to examine not so much the practices but torical: their constant references to previous and gets noticed elsewhere. Paintings — whether lous media investigation ensued, eventually what one makes of it and by what it represents: the structures through which painting is defined art discourse turn their own arguments into a contemporary or not — are at the centre of proving that the work was, in fact, made by a value whose determination goes beyond the and viewed. Should we even try to replicate the kind of living-dead. Overviews of art practices several viral phenomena that involve reappro- North West. It was revealed that she had taken circumscribed world of criticism or theory, and distinctive, even liminal,1 effect of the gallery or offer a glimpse into the limitations of the post- priation and reuse by Internet users. Sometimes painting classes from an instructor whose first that nonetheless reasserts a kind of unexpected museum in a space in which artworks are shown painting utopia that abandoned the specificity of they are structured like a kind of conceptual art lesson was to paint a landscape just like the one amplification of contemporary painting, if not to next to other types of images, often in vague or the image in favour of strictly conceptual, dis- game — for instance, comparing the likeness of Kardashian had posted. After hearing about the say another form of reactualization. indistinguishable relationships? Art images cursive, or theoretical reflection. What it now some well-known figure with the subject of a controversy, the instructor’s daughter posted a were already widely available online, thanks reveals is a discipline that, when concerned Renaissance or medieval painting—the kind video showing a nearly identical painting that Translated from the French by Jo-Anne Balcaen 12 — Dossier 13 — Feature
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