Reboisements de mangrove dans le delta du Saloum, Sénégal : Evaluation écologique et sociale - MatheO
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http://lib.uliege.be https://matheo.uliege.be Reboisements de mangrove dans le delta du Saloum, Sénégal : Evaluation écologique et sociale Auteur : Bocquet, Evelyne Promoteur(s) : Doucet, Jean-Louis; Vermeulen, Cédric Faculté : Gembloux Agro-Bio Tech (GxABT) Diplôme : Master en bioingénieur : gestion des forêts et des espaces naturels, à finalité spécialisée Année académique : 2017-2018 URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/5182 Avertissement à l'attention des usagers : Tous les documents placés en accès ouvert sur le site le site MatheO sont protégés par le droit d'auteur. Conformément aux principes énoncés par la "Budapest Open Access Initiative"(BOAI, 2002), l'utilisateur du site peut lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral de ces documents, les disséquer pour les indexer, s'en servir de données pour un logiciel, ou s'en servir à toute autre fin légale (ou prévue par la réglementation relative au droit d'auteur). Toute utilisation du document à des fins commerciales est strictement interdite. Par ailleurs, l'utilisateur s'engage à respecter les droits moraux de l'auteur, principalement le droit à l'intégrité de l'oeuvre et le droit de paternité et ce dans toute utilisation que l'utilisateur entreprend. Ainsi, à titre d'exemple, lorsqu'il reproduira un document par extrait ou dans son intégralité, l'utilisateur citera de manière complète les sources telles que mentionnées ci-dessus. Toute utilisation non explicitement autorisée ci-avant (telle que par exemple, la modification du document ou son résumé) nécessite l'autorisation préalable et expresse des auteurs ou de leurs ayants droit.
REBOISEMENTS DE MANGROVE DANS LE DELTA DU SALOUM, SÉNÉGAL Evaluation écologique et sociale EVELYNE BOCQUET TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDES PRÉSENTÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MASTER BIOINGÉNIEUR EN GESTION DES FORÊTS ET DES ESPACES NATURELS ANNEE ACADEMIQUE 2017-2018 CO-PROMOTEURS: JEAN-LOUIS DOUCET ET CÉDRIC VERMEULEN
La phase de terrain de ce travail a été réalisée avec le soutien logistique et financier de l’ONG Aide au Développement Gembloux (ADG). © Toute reproduction du présent document, par quelque procédé que ce soit, ne peut être réalisée qu’avec l’autorisation de l’auteur et de l’autorité académique de Gembloux Agro-Bio Tech. Le présent document n’engage que son auteur.
REBOISEMENTS DE MANGROVE DANS LE DELTA DU SALOUM, SÉNÉGAL Evaluation écologique et sociale EVELYNE BOCQUET TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDES PRÉSENTÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MASTER BIOINGÉNIEUR EN GESTION DES FORÊTS ET DES ESPACES NATURELS ANNEE ACADEMIQUE 2017-2018 CO-PROMOTEURS: JEAN-LOUIS DOUCET ET CÉDRIC VERMEULEN
Remerciements Tout d’abord, je tiens tout spécialement à remercier mes parents pour leur soutien sans faille durant mes études et depuis ma naissance. Je vous aime ! J’aimerais également remercier les Professeurs Jean-Louis Doucet et Cédric Vermeulen pour leur appui lors de la réalisation de ce travail, et notamment de m’avoir fait prendre conscience que j’avais la fibre tropicale. Merci ! Je suis également très reconnaissante à l’ONG ADG pour son soutien logistique et financier lors de la phase terrain de ce travail. Je remercie particulièrement mon maître de stage, Monsieur Samba Atta Dabo ainsi que Madame Gwendoline Rommelaere d’avoir rendu ce sujet possible. Merci également à toi Stéphane pour ton accueil chaleureux à Dakar et ton soutien ainsi que l’aide pour obtenir le financement des analyses de sol. Je remercie également les membres du bureau d’ADG à Thiès pour leur bon accueil, en particulier Grégory Maraite pour son aide et ses conseils précieux dès mon arrivée. Je suis également reconnaissante à l’équipe d’APIL pour leur bon accueil au sein de leur bureau à Foundiougne et leur aide dans la logistique de terrain. Je remercie également Monsieur Hervé Pirard pour ses nombreux conseils enthousiastes et son partage d’expérience du projet Mangrove. Je tiens particulièrement à remercier Gauthier Ligot pour ses déblocages magiques de code et conseils lors de mon utilisation du logiciel R. Un grand merci également à Simon Lhoest pour ses conseils pour l’analyse des données de questionnaires. Merci à Messieurs Maesen Fievez ainsi qu’à Cédric et Alain pour le prêt de matériel de terrain. Je remercie également ma cousine, Daphné Tsoucas pour ses conseils en statistiques. Merci également à toi Valéry pour le petit coup de pouce concernant le billet d’avion ! Thank you ! Thierno et Corry, je vous remercie de tout cœur de m’avoir épaulée dans les mesures de palétuviers sur le terrain alors que l’on se trouvait en plein mois de ramadan… Djocandial a par ! Mes pensées vont également à ma grande famille sénégalaise, en particulier la famille Mbaye, Bass Kambe et tous ceux qui m’ont prise sous leur aile. Je ne vous remercierai jamais assez… Djérédief bou mak ! Merci également à Sandrine Van den Bossche, ma co-stagiaire sans qui mon séjour au Sénégal n’aurait pas été le même. Merci également à Laurent Lippens pour ses nombreux conseils avant mon départ en « terre inconnue ». Merci à Monsieur Luc Descroix pour les données de salinité prises sur le Saloum et notre discussion au sujet des reboisements de mangrove dans le Delta du Saloum. Je remercie bien évidemment les 116 personnes qui ont pris la peine de répondre à mes nombreuses questions parfois quelque peu farfelues à leur goût ! Last but not least, un grand merci à toi Donatien pour ton soutien lors de la réalisation de ce travail. Patience ! Et finalement, je me remercie d’avoir osé opter pour un sujet me tenant fort à cœur. i
Résumé Les mangroves se situent à l’étage intertidal le long des côtes tropicales et subtropicales (Komiyama et al., 2008; Lewis, 2005). Selon le rapport du Millenium Ecosystem Assessment (2005), 35% de la superficie de mangrove a été perdue ces 20 dernières années. Les principales causes de cette alarmante diminution sont d’origine anthropique. Actuellement, une multitude de reboisements de mangrove sont menés à travers le monde, majoritairement par des ONG, en lien avec la population locale. Il s’agit de reboiser des palétuviers dans des zones de mangrove dégradées (ONG Bel Avenir, 2018; Océanium, n.d.; Dikobè, 2018; ADG, 2013; Primavera et al., 2008). Le présent travail s’intéresse à une technique de régénération assistée consistant à planter les propagules produites par Rhizophora spp. (Bosire et al., 2005) dans le Delta du Saloum, au Sénégal. La mangrove y est fortement utilisée par la population et a été fortement impactée par les sécheresses des années 1970, la salinité excessive de l’eau ainsi que la coupe abusive des palétuviers (Cisse et al., 2004; Bouaita et al., 2017; Balla Dieye et al., 2013). Dans la région, les reboisements de mangrove ont débuté en 1998. L’évaluation du succès des plantations de Rhizophora spp. du village de Mbam via la mesure de paramètres environnementaux et écologiques a été réalisée. Il en ressort que différents paramètres, tels les limons, influencent de manière significative la survie et la croissance des reboisements en Rhizophora spp. . Par ailleurs, l’évaluation de la perception de la mangrove et de ses reboisements par la population du Delta du Saloum a été réalisée. Plusieurs constats ont été faits. Tout d’abord, les activités réalisées au sein de la mangrove sont réparties entre les genres. Par ailleurs, 85% des enquêtés participent aux reboisements de mangrove. Ces personnes ont plus tendance à pratiquer des activités principales en dehors de la mangrove (pêche élevage, commerce, …), avec toutefois une récolte de produits au sein de celles-ci. Le fait de pratiquer des activités principales au sein de la mangrove n’influence pas le degré de participation aux reboisements. De plus, la population adapte ses activités en fonction des ressources disponibles ou non dans le milieu en pratiquant davantage l’agriculture et l’élevage dans la zone terrestre où la mangrove est considérée comme dégradée. Le lien à la mangrove est très fort en zone insulaire. Finalement, les responsables au sein des villages ont plus tendance à préserver la mangrove que les autres, de par leur participation au reboisement de celle-ci et leur consommation moins élevée en bois vert qu’en bois mort. Un point important à relever est le besoin d’une concertation globale des acteurs de la mangrove afin de garantir une approche plus globale de la restauration de la mangrove dans le Delta du Saloum. Mots-clés : reboisement, mangrove, Rhizophora, population, Delta du Saloum ii
Abstract Mangroves are located on the intertidal floor along the tropical and subtropical coasts (Komiyama et al., 2008, Lewis, 2005). According to the Millennium Ecosystem Assessment Report (2005), 35% of the area of mangrove has been lost in the last 20 years. The main causes of this decrease are of anthropic origin. Currently, mangrove reforestation is carried out around the world, mostly by NGOs, in connection with the local population. The aim is to reforest mangroves in degraded mangrove areas (NGO Bel Avenir, 2018, Oceanium, nd, Dikobe, 2018, ADG, 2013, Primavera et al., 2008). The present work focuses on an assisted regeneration technique consisting in planting propagules produced by Rhizophora spp. (Bosire et al., 2005) in the Saloum Delta, Senegal. Mangrove is highly used by the population and has been strongly impacted by the droughts of the 1970s, the excessive salinity of the water as well as the excessive cutting of the mangroves (Cisse et al., 2004; Bouaita et al., 2017; Balla Dieye et al., 2013). In the region, mangrove reforestation began in 1998. The assessment of the success of Rhizophora spp. of the village of Mbam through the measurement of environmental and ecological parameters was carried out. It shows that different parameters, such as silt, significantly influence the survival and growth of reforestation with Rhizophora spp. In addition, the assessment of mangrove perception and reforestation by the population of the Saloum Delta has been carried out. Several observations were made. First of all, the activities carried out within the mangrove are divided between sexes. In addition, 85% of respondents participate in mangrove reforestation. These people are more likely to practice main activities outside the mangrove (peach breeding, trade, ...), but with a harvest of products within them. The fact of practicing main activities within the mangrove does not influence the degree of participation in reforestation. In addition, the population adapts its activities according to the resources available or not in the area by practicing more agriculture and livestock in the land area where mangrove is considered degraded. The link to the mangroves is very strong in the island zone. Finally, village officials are more likely to preserve mangrove than others because of their participation in reforestation and their lower consumption of green wood than of dead wood. An important point to note is the need for a global consultation of the mangrove stakeholders to ensure a more comprehensive approach to mangrove restoration in the Saloum Delta. Keywords: reforestation, mangrove, Rhizophora, population, Saloum Delta iii
Table des matières Remerciements...........................................................................................................................i Résumé ......................................................................................................................................ii Abstract.....................................................................................................................................iii Table des matières ....................................................................................................................iv Abréviations .............................................................................................................................vii 1. Introduction .......................................................................................................................1 1.1. Généralités sur les mangroves...................................................................................2 1.1.1. Distribution géographique ...................................................................................2 1.1.2. Caractéristiques de l’écosystème ........................................................................2 1.1.3. Importance...........................................................................................................4 1.1.4. Menaces anthropiques ........................................................................................4 1.2. Restauration de l’écosystème mangrove...................................................................5 1.3. Régénération assistée de la mangrove ......................................................................6 1.4. Contexte de la régénération assistée de la mangrove du Delta du Saloum ..............7 1.4.1. La mangrove du Delta du Saloum (Sénégal) ........................................................7 1.4.2. Organisation des reboisements ...........................................................................8 1.5. Objectifs .....................................................................................................................9 2. Matériel et méthodes ......................................................................................................10 2.1. Site d’étude..............................................................................................................10 2.1.1. La Réserve de Biosphère du Delta du Saloum, Sénégal .....................................10 2.1.2. Sélection des sites d’étude ................................................................................18 2.2. Reboisements en Rhizophora spp. de Mbam ..........................................................20 2.2.1. Choix des espèces étudiées ...............................................................................20 2.2.2. Mise en place du dispositif expérimental ..........................................................20 2.2.3. Collecte des données .........................................................................................23 2.2.4. Analyse des données..........................................................................................25 2.3. Perception et appropriation de la mangrove et ses reboisements par la population du Delta du Saloum..............................................................................................................27 2.3.1. Population étudiée.............................................................................................27 2.3.2. Échantillonnage au sein des villages ..................................................................28 2.3.3. Collecte des données .........................................................................................28 iv
2.3.4. Analyse des données..........................................................................................29 3. Résultats ..........................................................................................................................32 3.1. Reboisements en Rhizophora spp. de Mbam ..........................................................32 3.1.1. Description globale du jeu de données..............................................................32 3.1.2. Mortalité ............................................................................................................35 3.1.3. Croissance en hauteur et en diamètre...............................................................35 3.1.4. Paramètres environnementaux et biologiques..................................................37 3.1.5. Modèles .............................................................................................................41 3.2. Perception et appropriation de la mangrove et ses reboisements par la population du Delta du Saloum..............................................................................................................44 3.2.1. Caractéristiques de la population échantillonnée .............................................44 3.2.2. Participation aux reboisements .........................................................................47 3.2.3. Utilisation de l’écosystème en fonction de son état..........................................49 3.2.4. Influence du niveau de responsabilité sur la tendance à préserver la mangrove 50 4. Discussion ........................................................................................................................52 4.1. Reboisements en Rhizophora spp. de Mbam ..........................................................52 4.1.1. Discussion des résultats généraux .....................................................................52 4.1.2. Discussion des résultats des modèles ................................................................52 4.2. Perception et appropriation de la mangrove et ses reboisements par la population du Delta du Saloum..............................................................................................................54 4.2.1. Discussion des résultats généraux .....................................................................54 4.2.2. Participation aux reboisements de mangrove ...................................................55 4.2.3. Utilisation de l’écosystème en fonction de son état..........................................56 4.2.4. Influence du niveau de responsabilité sur la tendance à préserver la mangrove 57 4.2.5. Plateforme de concertation des acteurs de la mangrove, Foundiougne...........58 5. Conclusion........................................................................................................................60 6. Perspectives .....................................................................................................................61 Bibliographie............................................................................................................................62 Annexes ...................................................................................................................................68 Annexe 1 : Fiche d’encodage des mesures de palétuviers ..................................................68 Annexe 2 : Fiche de questionnaire.......................................................................................69 v
Annexe 3 – Mortalité annuelle et accroissements annuels moyens en hauteur et en diamètre. .............................................................................................................................72 Annexe 4 – Résultats des analyses de sols...........................................................................73 Annexe 5 – Moyennes et écarts-types des variables de reboisements ...............................74 Annexe 6 – Variables prises en compte lors de la construction des modèles.......................75 vi
Abréviations ACP - PCA Analyse en Composantes Principales - Principal Component Analysis ADG Aide au Développement Gembloux AIC Critère d’information d’Akaike APIL Association pour la Promotion des Initiatives Locales DAMCP Direction des Aires Marines Communauraires Protégées FAO Food and Agriculture Organisation IRD Institut de Recherche pour le Développement IUCN International Union for Conservation of Nature MEA Millenium Ecosystem Assessment NASA National Aeronautics and Space Administration ONG Organisation Non Gouvernementale ONU Organisation des Nations Unies PNDS Parc National du Delta du Saloum RAMSAR Convention sur les zones humides RBDS Réserve de Biosphère du Delta du Saloum UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture WAAME West African Association for Marine Environnement vii
1. Introduction D’après certains auteurs, les années 1950 auraient marqué notre entrée dans une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène, du fait de l’accélération des pressions anthropiques sur l’ensemble de notre environnement (Steffen et al., 2015). Des disciplines telles que la biologie de la conservation, l’écologie de la restauration et l’ingénierie écologique tentent de donner réponse à ces pressions. L’objectif de la biologie de la conservation est double : identifier l’impact des êtres humains sur la nature ainsi que créer puis utiliser des méthodes permettant d’arrêter sa dégradation, voire de la restaurer (Blondel, 1995). À ce titre, la création d’aires protégées tente de préserver la nature de l’influence des actions humaines (ONU, 1992; IUCN, 2008; IUCN, 2017). Les aires protégées comme les zones RAMSAR et les Réserves de Biosphère sont reconnues mondialement (RAMSAR, 2014; UNESCO, 2017). La restauration des écosystèmes, quant à elle, part du principe qu’il est possible de ramener un écosystème à un état approchant son état initial après sa dégradation des suites de phénomènes humains ou naturels (Donadieau, 2002). De fait, en fonction de la gravité de la dégradation subie par l’écosystème, plusieurs solutions sont envisageables : sa restauration, sa réhabilitation ou sa réaffectation (Aronson et al., 1995; Frédéric et al., 2012). Il est préférable de restaurer un écosystème avant qu’il n’ait dépassé le seuil d’irréversibilité, après quoi il sera très difficile voire impossible de lui faire retrouver son état initial (Aronson, 1995). La restauration se définit comme le passage de l’état dégradé de l’écosystème à son état initial (sans dépassement du seuil d’irréversibilité) et la réhabilitation comme le passage d’un état dégradé de l’écosystème à un autre état moins dégradé différent de son état initial. Les écosystèmes sont donc conservés et/ou restaurés et/ou réhabilités afin de préserver leur biodiversité et les services qui y sont associés. Dans la suite de ce travail, nous allons nous focaliser sur un écosystème victime de nombreuses dégradations et faisant l’objet de nombreux projets de restauration ou de réhabilitation : la mangrove. 1
1.1. Généralités sur les mangroves De multiples définitions du terme « mangrove » existent et prêtent parfois à confusion (Duke, 1992). Celle de Lykke (1994) sera retenue dans le cadre de ce travail : « arbres et arbustes se trouvant sur des rives périodiquement inondées par l’eau marine ». Les termes « mangrove », « forêts de mangrove » et « marais à mangrove » utilisés dans ce travail se rapportent à cette définition. 1.1.1. Distribution géographique Les mangroves se retrouvent en bordure de tous les continents, à l’exception de l’Europe (Figure 1). En effet, ces forêts se situent sur les rivages des zones tropicale et subtropicale (Lewis, 2005; Commission des Communautés européennes et al., 1992). En 2003, les zones de mangrove étaient réparties sur 146 530 kilomètres de côtes à travers le monde (FAO,2003 in Lewis, 2005). La plus grande concentration de mangrove en termes de superficie est retrouvée entre 5° Nord et 5° Sud de latitude (Giri et al., 2011). La superficie totale des forêts de mangrove dans le monde équivalait à environ 15 millions d’hectares avec 3,2 millions d’hectares uniquement pour le continent africain (FAO, 2007). Figure 1 – Distribution géographique des forêts de mangrove à travers le monde. En vert sont représentées les superficies de mangrove (MEA, 2005). 1.1.2. Caractéristiques de l’écosystème Les mangroves se situent à l’étage intertidal1 le long des côtes tropicales et subtropicales (Komiyama, 2008; Lewis, 2005). Elles peuvent également être localisées dans les estuaires des grands fleuves. L’eau y étant salée, les arbres la composant sont halophytes bien qu’ils peuvent parfois souffrir d’une salinité trop importante (Marius, 1985). 1 Intertidal signifie dans la zone de balancement des marées, inondée périodiquement. 2
Les principales espèces végétales constituant les forêts de mangrove sont les palétuviers. Duke (1992) en recense 69 espèces à travers le monde. La mangrove d’une zone donnée est constituée d’une ou de plusieurs de ces espèces. En fonction de leur genre, ces arbres présentent de grandes racines échasses (Rhizophora spp.) ou des pneumatophores (Avicennia sp.). Les premières leur apportent la stabilité, tandis que les secondes leur permettent de respirer (Cormier-Salem, 1999). La diversité en espèces animales au sein des mangroves est plutôt élevée. En effet, les mangroves constituent des zones de frayère pour de nombreux poissons. Les crevettes, ainsi que des bivalves (telle l’huître de palétuvier Crassostrea gasar) et des gastéropodes de la famille des Muricidae y abondent. Une multitude d’espèces d’oiseaux viennent également y trouver refuge. (Cormier-Salem, 1999; Commission des Communautés européennes, 1992). Le sol des mangroves est de couleur gris foncé à noir, grâce à sa richesse en matière organique. La texture des sols de mangrove est dans la plupart des cas argileuse comme en Guyane, au Gabon, en Thaïlande et en Malaisie. Par contre, elle est tend plus vers le sable dans le Delta du Saloum (au Sénégal). Les sols de mangrove, plus spécifiquement dans le cas de la Casamance (Sénégal) et de la Gambie, sont constitués d’argile lourde (avec plus de 50% d’argile) et de nombreux débris organiques (Marius, 1985). Le caractère argileux du sol est un critère primordial pour une bonne santé de la mangrove (Commission des Communautés européennes, 1992). Une partie non négligeable de la biomasse végétale se trouve dans le système racinaire (Komiyama, 2008). En effet, les palétuviers développent fortement leurs racines pour deux raisons : la stabilité et l’oxygénation. Chez les arbres du genre Rhizophora, la biomasse des racines échasses représente 15 à 17% de la biomasse se trouvant au-dessus du sol lorsqu’il s’agit de peuplements matures (Komiyama, 2008). Même si les mangroves ne présentent pas une biomasse très élevée en comparaison avec d’autres écosystèmes, celles-ci sont très productives. En effet, avec en moyenne 150 tonnes par hectare de matière sèche sur pied dans les mangroves les plus développées, elles produisent entre 15 et 20 tonnes de matière organique par hectare et par an (Commission des Communautés européennes, 1992). Les mangroves sont également des puits de carbone efficaces (Komiyama, 2008). Toutefois, les sols de mangrove peuvent aussi être des sources de carbone. En effet, les sédiments diffusent du dioxyde de carbone dans l’atmosphère mais de manière relativement faible, avec des valeurs normalement inférieures à 3.0 t C par hectare et par an (Komiyama, 2008). A l’heure actuelle, avec la mise en place des crédits carbone et les nombreuses opérations de reboisement de la mangrove qui ont lieu, différentes études sont réalisées pour connaître la manière dont ces reboisements stockent le carbone (Murdiyarso et al., 2009; Komiyama, 2008; Leopold, 2012; Ajonina, 2013; Sitoe et al., 2014; Matsui et al., 2012). 3
1.1.3. Importance Actuellement, un grand intérêt est porté à la mangrove. En effet, la mangrove rend de multiples services écosystémiques. Le tableau 1 en reprend les principaux : Tableau 1 – Liste des services rendus par les écosystèmes de mangrove dans le monde, classés selon les quatre catégories de services écosystémiques : les services de production, de régulation, culturels ou de support (d'après Cormier-Salem et al., 2016; Vo et al., 2012). Catégorie de service Service rendu (et usage associé) Services de - Bois vert : construction de cases production - Bois mort : cuisine, fumage de poisson - Charbon de bois : cuisine - Produits halieutiques (poissons, bivalves et escargots) : alimentation et commerce - Feuilles, racines, écorce, fruits et fleurs de palétuvier : pharmacopée - Feuilles : fourrage pour le bétail Services de régulation - Protection contre les tempêtes - Contrôle du niveau de l’eau, atténuation des inondations - Protection contre l’érosion des côtes Services culturels - Détente : balade dans la mangrove - Esthétique : inspiration pour la peinture, les contes, etc. - Tourisme et éco-tourisme - Éducation : sensibilisation des élèves à l’environnement (par exemple) Services de support - Purification de l’air (cycle du carbone) - Filtration de l’eau (régulation de la concentration de sel) - Zone de frayère pour les poissons - Refuge pour de nombreux oiseaux - Habitat pour de nombreuses espèces 1.1.4. Menaces anthropiques Selon le rapport du Millenium Ecosystem Assessment (2005), 35% de la superficie de mangrove a été perdue ces 20 dernières années. Les principales causes de cette alarmante diminution sont d’origine anthropique. Il s’agit, entre autres, de la déforestation, de l’aquaculture, des pratiques de récolte non durables et de la recherche du pétrole. Les populations vivant de la mangrove en récoltent le bois pour réaliser des constructions, cuisiner ou encore fumer le poisson. Dans le Delta du Saloum, au Sénégal, la majeure menace concernant le bois de mangrove est le fumage à grande échelle du poisson par des entrepreneurs étrangers qui achètent le bois et le poisson, le fument et puis l’exportent vers leur pays d’origine (en général voisin du Sénégal) (Dème et al., 2010; Cisse, 2004). Cette action n’étant pas contrôlée par les autorités et vu la quantité de bois exploitée (jusqu’à 1170 tonnes en une campagne), cela s’annonce d’autant plus problématique que la communauté internationale souhaite une approche durable de la gestion des forêts de mangrove (Cisse, 2004; Balla Dieye et al., 2013; Ndour et al., 2012). 4
En Thaïlande, les 200 000 hectares de mangrove détruits entre 1991 et 1996 ont majoritairement été convertis en fermes à crevettes. Ces fermes sont abandonnées après cinq ans à cause d’une diminution drastique de rendement due à des maladies au sein de l’élevage (Matsui, 2012). Entre 1996 et 2010, la majeure partie des dégradations et destruction de mangrove ont eu lieu dans le Sud-Est de l’Asie, là où l’aquaculture était la plus implantée (Thomas et al., 2017). Certaines pratiques traditionnelles inappropriées à la gestion durable de la mangrove existent telles que la récolte des huîtres en coupant les racines de palétuvier. Actuellement, dans le Delta du Saloum, diverses ONGs travaillent à la sensibilisation à de meilleures pratiques de récolte des huîtres et même à l’ostréiculture via la mise en place de « guirlandes » (ADG, 2012). Les sondages et l’exploitation de pétrole menacent gravement la mangrove et lorsqu’il y a des fuites, les résultats sont dévastateurs (Barroux, 2017; Vidal, 2010; Henry, 2014). De plus, d’autres menaces comme la sur-pêche ou la construction d’habitations et autres infrastructures sont problématiques mais soit concernent indirectement la mangrove, soit sont moins flagrantes que les menaces citées ci-dessus. 1.2. Restauration de l’écosystème mangrove Identifier les causes de la dégradation de la mangrove et, si possible, les arrêter, est le premier pas vers la restauration de celle-ci (Kamali et al., 2010). En effet, la mangrove est capable de se régénérer seule si les conditions lui sont à nouveau favorables. Actuellement, une multitude de reboisements de mangrove sont menés à travers le monde, majoritairement par des ONGs, en lien avec la population locale. Il s’agit de reboiser des palétuviers dans des zones de mangrove dégradées. La solution de reboiser la mangrove afin de la restaurer est la plus communément envisagée. Dans certains endroits, les populations reboisaient de manière spontanée à petite échelle avant l’arrivée des projets de grande ampleur (Primavera, 2008). De nombreux projets de reboisement de mangrove soutenus par des ONGs ont lieu à travers le globe (ONG Bel Avenir, 2018; Océanium, n.d.; Dikobè, 2018; ADG, 2013; Primavera, 2008). Ces reboisements peuvent être complétés par d’autres mesures. Ainsi,Hashim et al. (2009) proposent de construire une digue afin de protéger les plantations de la force des vagues atteignant la rive et ainsi atténuer l’érosion des berges (Kamali, 2010). En Casamance (Sénégal), de nombreux barrages anti-sel ont aussi été aménagés dans les vallées afin de prévenir la dégradation chimique des sols due aux sécheresses des années 1970 (Montoroi et al., 1997), permettant ainsi le maintien des palétuviers et de la vie s’y développant. 5
1.3. Régénération assistée de la mangrove Parmi les différentes techniques applicables pour restaurer la mangrove, le présent travail s’intéresse tout particulièrement à une technique de régénération assistée supposée efficiente. En effet, la régénération assistée en Rhizophora spp. ne nécessite pas l’implantation de pépinière. Les propagules produites par ces derniers peuvent être directement replantées dans le sol (Bosire, 2005). De plus, ces opérations ne nécessitent pas une main d’œuvre fortement qualifiée. Elles doivent être pratiquées à la saison des pluies, lorsque les propagules sont produites par la mangrove mature. Les palétuviers ont besoin d’eau douce pour se développer et, de manière générale, la mangrove est reboisée sur du sol vaseux riche en argile et fort malléable. Les écartements entre les plants sont assez variables. Les plus appliqués sont ceux-ci : 1m x 1m, 0.50m x 1m et 1m x 2m. Contrairement au Rhizophora, le genre Avicennia nécessite d’être produit en pépinière avant d’être replanté dans son milieu naturel (Ndour et al., 2009), ce qui est beaucoup plus contraignant. La suite de ce travail se concentre, en conséquence, sur la restauration de la mangrove à l’aide de propagules de Rhizophora spp. (Figure 2). Figure 2 – Récolte des propagules matures sur les palétuviers. © Daouda Mbaye pour le Projet Mangrove (2003-2006). Après récolte, les propagules sont triées afin de ne conserver que celles ayant le plus de chances de pousser. Les caractéristiques d’une « bonne » propagule (Figure 3) sont les suivantes : sa couleur tend vers le rouge-brun (et pas vers le vert). Elle se décroche facilement de l’arbre et présente de jeunes feuilles vertes (ADG et al., n.d.). Les propagules jugées viables peuvent maintenant être replantées. Les écartements sont respectés et les distances de plantation sont vérifiées sur le terrain à l’aide d’une corde. Figure 3 – Illustration des caractéristiques d’une « bonne » propagule : couleur rouge-brun, facilité à la décrocher de l’arbre et présence de jeunes feuilles vertes sur le dessus (ADG, n.d.). 6
1.4. Contexte de la régénération assistée de la mangrove du Delta du Saloum 1.4.1. La mangrove du Delta du Saloum (Sénégal) Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, comporte deux deltas pourvus de grands massifs de mangrove : celui du Delta du Saloum et celui du Fleuve Casamance. Le présent travail s’intéresse aux reboisements en Rhizophora spp. réalisés dans le Delta du Saloum. La mangrove y est fortement utilisée par la population, par exemple pour le bois vert de palétuvier, le bois mort (Figure 4), la pêche, la collecte d’huîtres et de mollusques (les pagnes, bivalves fort appréciés en cuisine et les toufas, gastéropodes marins comestibles) (Cisse, 2004). Figure 4 – Récolte de bois mort de palétuvier par les femmes dans le village de Diogane, Delta du Saloum, Sénégal. © Evelyne Bocquet Différentes menaces, d’origines naturelle ou anthropique, pèsent sur cette mangrove (Tableau 2). Tableau 2 – Principales menaces pesant sur la mangrove du Delta du Saloum, Sénégal (Cisse, 2004; ADG, 2011; Kathiresan, 2003; entretiens informels, 2018). Type de menace Menace Description de la menace Anthropique Coupe abusive des Une coupe intensive en palétuviers pour le fumage du palétuviers poisson à grande échelle Destruction des Lors des récoltes d’huîtres, les femmes ont tendance racines échasses lors à couper les racines échasses et les emporter afin de des récoltes d’huîtres les décortiquer à la maison. Ces pratiques sont en train d’être revues avec l’aide d’associations locales. Divagation du bétail Les vaches se nourrissent des feuilles de Rhizophora sp. Cela pose surtout problème lorsqu’il s’agit de reboisements. Exploitation du La compagnie Total réalise des forages dans la zone pétrole en vue d’une exploitation (entretiens informels, 2018). Exploitation du sel Le sel est exploité le long du fleuve, et particulièrement à Kaolack (entretiens informels, 2018) 7
Tableau 2 – Suite du tableau page 7. Type de menace Menace Description de la menace Naturelle Salinité excessive de Excepté pendant l’hivernage2, le Saloum n’est pas l’eau alimenté en eau douce, et vu la chaleur, la concentration en sel augmente avec l’évaporation de l’eau. Sécheresse Les sécheresses des années 1970 ont fort impacté la mangrove. Prédation Des papillons de la famille des Psychidae fabriquent leurs cocons à base de feuilles de palétuviers du genre Rhizophora. 1.4.2. Organisation des reboisements La loi 96/06 du 22 mars 1996 promeut une politique de décentralisation et de responsabilisation plus importante des populations locales (République du Sénégal, 2006). La gestion de la mangrove peut donc être réalisée par les populations. Nos observations sur le terrain nous ont permis de comprendre que, dans le Delta du Saloum, deux manières de réaliser les reboisements de mangrove sont possibles. Premièrement, il peut s’agir d’initiatives spontanées : soit il y a eu appropriation des reboisements des projets, soit les populations reboisaient déjà elle-même de manière spontanée. Deuxièmement, de manière plus globale, les populations sont encadrées par des ONG ou diverses associations, elles-mêmes financées par des bailleurs (tels que la Commission européenne), ou les services étatiques en ayant les compétences (Eaux et Forêts, Aires marines protégées, etc). Dans le Delta du Saloum, à Foundiougne, une plateforme de concertation a récemment été mise en place pour tenter de donner une direction générale aux reboisements réalisés par la multitude d’acteurs (Wetlands, 2015). Dans la région, les reboisements de mangrove ont débuté en 1998, soit il y a de cela vingt ans. Ceux-ci ayant lieu dans le cadre de projets durant maximum 3 ans, ils sont suivis durant la durée du projet mais pas au-delà. Or, il serait plus qu’intéressant de suivre les reboisements de mangrove à long terme afin de s’assurer de leur pertinence et des facteurs qui leur sont les plus favorables. C’est pour apporter des éléments de réponse à cette problématique qu’il nous a semblé primordial d’évaluer la viabilité à long terme des reboisements de mangrove dans un village- cible. 2 L’hivernage est le nom donné à la saison des pluies dans le Delta du Saloum. 8
1.5. Objectifs Au vu de l’importance de la mangrove aussi bien dans le monde que pour la population du Delta du Saloum et des diverses menaces qui pèsent sur elle, il semble primordial d’agir en sa faveur. La manière la plus connue de restaurer la mangrove est de la reboiser avec des propagules de Rhizophora spp. Actuellement, chaque année, des dizaines de reboisements de mangrove sont menés en collaboration avec les ONG et les populations dans le Delta du Saloum. L’objectif général de ce travail est de contribuer à la gestion durable des forêts de mangrove dans le Delta du Saloum, au Sénégal. Cet objectif général se décline en plusieurs objectifs spécifiques, assortis des activités qui y sont associées : Objectif spécifique 1 : Evaluer le succès des plantations en Rhizophora spp. En fonction des conditions écologiques locales, dans un village-pilote du Delta du Saloum, Activité 1.1. : Déterminer la survie, la croissance en hauteur et en diamètre des plants ainsi que l’influence des facteurs environnementaux sur ces paramètres Activité 1.2. : Modéliser cette survie et cette croissance des plants Objectif spécifique 2 : Evaluer la perception des reboisements en Rhizophora spp. et l’appropriation de ceux-ci par la population du Delta du Saloum : Activité 2.1. : Déterminer le profil socio-économique des personnes participant ou non aux reboisements de mangrove. Activité 2.2. : Déterminer l’influence de l’état de l’écosystème sur la perception et l’utilisation de la mangrove. Activité 2.3. : Déterminer l’influence du niveau de responsabilité au sein du village sur la tendance à préserver la mangrove. 9
2. Matériel et méthodes 2.1. Site d’étude Ce travail porte sur la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS), située à l’ouest du Sénégal, dans le département de Foundiougne. Lors de la phase d’enquête, douze villages ont été visités. Concernant les reboisements, l’évaluation de leur viabilité à long terme se focalise sur les plantations d’un seul village. 2.1.1. La Réserve de Biosphère du Delta du Saloum, Sénégal La RBDS est située dans l’Ouest du Sénégal et au Nord de la Gambie, dans le département de Foundiougne (Figure 5). Elle est localisée entre 13°35 et 14°15 de latitude Nord et entre 16°03 et 16°50 de longitude Ouest (Dia et al., 2003) et couvre une superficie de 334 000 hectares (IUCN, 2011). Figure 5 – Localisation de la mangrove du Delta du Saloum (encadré en bordeaux) (USAID, 2010 in Cormier- Salem et al., 2016). Le Delta du Saloum et la mangrove qui le compose ont, depuis quelques dizaines d’années, été soumis à une surveillance de la part des autorités. Suite à diverses menaces anthropiques et naturelles, plusieurs statuts de protection ont été mis en place. Ceux-ci sont repris dans le tableau 3 (Dia, 2003). 10
Tableau 3 – Les différents statuts de protection attribués à la mangrove du Delta du Saloum en tout ou en partie, permettant en théorie sa meilleure protection et conservation (IUCN, 2011; Centre de Suivi écologique pour la gestion des ressources naturelles, 2013; Dia, 2003; DAMCP, n.d.; UNESCO, 2018) Type de statut de protection Superficie [ha] Année de création Parc national du Delta du Saloum (PNDS) 76 000 1976 Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (RBDS) 334 000 1981 Site RAMSAR 73 0003 1984 Aire Marine Protégée de Bamboung 7 000 2004 Site culturel du patrimoine mondial de l’UNESCO 145 8114 2011 Aire Marine Protégée de Gandoul 15 732 2014 Aire Marine Protégée de Sangomar 87 437 2014 La figure 6 présente la localisation du Parc National du Delta du Saloum et les limites de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum qui l’englobe. Les forêts classées des îles du Saloum (au Nord du PNDS) et des îles de Bétenti (à l’Est du PNDS) constituent le noyau de cette Réserve de Biosphère, tout comme le PNDS. 3 Les 73 000 hectares du site RAMSAR sont inclus dans les 76 000 hectares du Parc National du Delta du Saloum 4 Une zone tampon de 78 842 hectares complète ces 145 811 hectares (UNESCO, 2018) 11
Figure 6 – Localisation des limites du Parc National du Delta du Saloum (a, trait fin noir), des forêts classées (b, trait épais noir) et de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (c, trait épais noir). © Projet Mangrove (2003-2006). 12
Selon la classification de Köppen, le climat dans la zone du Sine-Saloum est de type BSh (Peel et al., 2007; Belda et al., 2014). Deux types de vents balayent la zone : l’harmattan et les alizés maritimes. L’harmattan est un alizé continental qui souffle dans la direction Nord-Est à Est-Nord-Est et Est. Il serait responsable des nombreuses particules de poussières présentes dans l’air durant la saison sèche (Cormier-Salem, 1999). Il existe aussi des alizés maritimes soufflant dans la zone des îles d’est en ouest de manière permanente. Ils accompagnent les mouvements de marées (DAMCP, 2014). Concernant la température moyenne mensuelle (Figure 7), elle varie au cours de l’année entre 22 et 32 degrés Celsius, avec une saison fraîche aux alentours du mois de janvier (Cormier-Salem, 1999; NASA, n.d.). 32.00 30.00 28.00 Température 26.00 [°C] 24.00 22.00 20.00 janv-81 Apr-1982 juil-83 oct-84 janv-86 Apr-1987 juil-88 oct-89 janv-91 Apr-1992 juil-93 oct-94 janv-96 Apr-1997 juil-98 oct-99 janv-01 Apr-2002 juil-03 oct-04 janv-06 Apr-2007 juil-08 oct-09 janv-11 Apr-2012 juil-13 oct-14 janv-16 Apr-2017 Temps [mois-année] Figure 7 – Variation de la température moyenne mensuelle au cours du temps, entre 1981 et 2017 pour la ville de Foundiougne, Sénégal. La température moyenne à travers tout le jeu de données s’élève à 27,31°C. Les données utilisées pour construire le graphique sont issues du site de la NASA (NASA, n.d.). Dans la zone du Delta du Saloum, les précipitations sont concentrées sur quelques mois, durant l’hivernage allant de mai à novembre. Ces pluies sont fort variables et irrégulières entre les années (Cormier-Salem, 1999) avec une sécheresse accrue depuis les années 1970 (Bouaita, 2017), comme en atteste la figure 8. En effet, les courbes de tendance y démontrent toutes les deux une diminution aux alentours des années 70 à 80. La diminution conjointe du nombre de jours pluvieux et celle des précipitations indiquent qu’il y a sécheresse. 13
Figure 8 – Evolution du nombre de jours de pluie (courbes noires) et des précipitations (en rouge) à Foundiougne entre 1950 et 2006. Les courbes « en dents de scie » représentent l’évolution au cours du temps de ces deux variables, tandis que les courbes lissées illustrent la tendance des précédentes. Les données utilisées ont été fournies par Monsieur Alexei Stoukov et proviennent du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Sénégal. Elles ont été récoltées à la station climatique de la ville de Foundiougne, Sénégal. Trois cours d’eau principaux s’écoulent au sein de la RBDS : il s’agit, du Nord au Sud, du Saloum, du Diombos et du Bandiala. Le présent travail se focalise sur le fleuve Saloum. Les apports en eau douce sont faibles sur le Saloum et l’évaporation y est intense, ce qui provoque une hypersalinisation du fleuve (Cormier-Salem, 1999). En conséquence, l’estuaire du fleuve Saloum a la particularité d’être inversé en termes de salinité. En effet, la concentration en sel est plus élevée en amont qu’en aval (Figure 9). Cela est dû à une plus forte évaporation de l’eau dans les zones moins profondes en amont de l’embouchure du fleuve. Ce phénomène a été accentué lors de la sécheresse des années 1970 (Bouaita, 2017). De plus, la salinité de l’eau du fleuve varie en fonction de la période de l’année (plus élevée en saison sèche qu’à l’hivernage) (Figure 10). Elle varie également selon les années avec une tendance à l’augmentation (Diouf, 1996). Concernant les marées, l’amplitude tidale est de l’ordre d’un mètre, avec une variation de 0,90 à 1,10 mètres dans les eaux vives et de 0.40 à 0.50 mètres dans les eaux mortes (Cormier-Salem, 1999). 14
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