Journal - Giornale 2 /2016 - Retina Suisse

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Retina Suisse

Journal - Giornale
2/2016                        paraît 3 fois par an

L'association d'entraide de personnes affectées de rétinite
pigmentaire (RP), de dégénérescence de la macula, du syndrome
de Usher et d'autres maladies dégénératives de la rétine
Impressum

Rédaction:
  Christina Fasser, Uta Buhl, Renata Martinoni
  Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich
  Tél. 044/444 10 77, Fax 044/444 10 70
  info@retina.ch, www.retina.ch

Traduction en français:
  Chantal Seiler
  (traduction des articles de Clin d’œil et AGILE: FSA
   et AGILE)

Mise en page et impression:
 Roda Fratelli SA, Taverne (TI)

Journal parlé:
  Bibliothèque sonore romande BSR, Lausanne

Abonnement annuel:
  Le prix de l'abonnement est compris dans la coti-
  sation de membre

Paraît en:
  Allemand, français, italien écrit et enregistré

Compte postal 80-1620-2
  IBAN CH42 0900 0000 8000 1620 2
  Merci pour toute contribution!

N° 129, octobre 2016
Journal
2-2016

 Agenda
12.11.2016
«Essais cliniques en Suisse dans le domaine des dégé-
nérescences héréditaires de la rétine» - Journée d’infor-
mation à Fribourg

14.11.2016
«Die altersbedingte Makuladegeneration AMD» – Soi-
rée d’information à Zurich et présentation du livre de
recettes

22.04.2017
Assemblée générale de Retina Suisse à Fribourg

Pour informations détaillées voir le site www.retina.ch.

                            Journal Retina Suisse 2-2016   1
Sommaire

Editorial ..................................................................... 4
Science et recherche
     Rétinite pigmentaire – Un entraînement à l’ordinateur
     améliore la capacité à s’orienter ................................. 5
     Début de la première thérapie génique de
     l’achromatopsie ....................................................... 8
     Choroïdérémie: Résultats intermédiaires de la
     thérapie génique .....................................................		 12
     Maladie de Stargardt: Première patiente équipée
     d’un implant rétinien Argus II ...............................		 13
     L’optogénétique doit procurer de l’aide aux
     patients RP .............................................................. 13
     La fréquence génétique du syndrome de Usher
     (H.-J. Krug) .............................................................. 16
     Entendre les sons grâce à la lumière: Une idée pour
     les prothèses auditives du futur? (S. Weller) ............ 20

Politique sociale
     Les assurances sociales d’un seul coup d’œil ......... 25
     3ème rapport intermédiaire sur la contribution
     d’assistance (S. Leuenberger, AGILE.CH) ................ 26
     Du nouveau dans la représentation des intérêts ... 28

Vivre avec…
     L’analyse génétique et la loi sur l’assurance maladie
     (S. Hüsler) ................................................................		 32
     Youth Meeting Retina International World
     Congress (RIWC) 2016 (S. et J. Sutter) ................... 35

 2          Journal Retina Suisse 2-2016
Des fleurs sur la salade, des légumes sauvages dans
 la soupe? (R. Martinoni) ...........................................		 38
 Des lunettes qui filtrent la lumière bleue: Pour qui
 sont-elles intéressantes? .......................................... 39
 A vous de rejouer (N. Müller) ................................. 43
 Siri – mon assistant au quotidien (U. Kaiser) ..........		 46
 Chacun définit ce qui lui est idéal (Ch. Birkenstock) ..		 47
 Renouvellement de la carte d’accompagnement
 pour fin 2016 (S. Hüsler) .......................................... 48
 Eurokey: Accès à des toilettes propres (A. Tschudi) ... 50

Livres
 Un nouveau livre de recettes à la fois beau et très
 utile (R. Martinoni) .................................................. 51
 Des femmes avec un handicap dans la formation et
 l’activité professionnelle .........................................		 52
 Une journée pour les aveugles, les paralysés et les
 fous ...........................................................................		 53

A propos...
 La présidente a la parole (S. Trudel) ....................... 54

                                         Journal Retina Suisse 2-2016             3
Editorial

Chère lectrice, cher lecteur

La vie avec une dégénérescence de la rétine a de nom-
breuses facettes: questions médicales, recherche, moyens
auxiliaires et gestion de la vie au quotidien. Tout aussi
riche est l’étendue des thèmes traités dans le présent
Journal. Vous y trouverez du nouveau en provenance
de la recherche et de la technique, de même que des
conseils pour la vie de tous les jours.

Dans les dégénérescences de la rétine, Comme dans
toutes les maladies, le conseil de nos grands-mères nous
recommandant de manger sainement et beaucoup de
légumes a gardé toute sa valeur. Notre alimentation doit
comporter des antioxydants et de la lutéine mais aussi
être savoureuse. Nous avons le plaisir de vous présenter
dans ce Journal le nouveau livre de recettes délicieuses
destinées aux personnes affectées d’une dégénérescence
de la rétine. Une fois cuisinés, ces petits plats sont non
seulement très appétissants à voir, mais ils sont aussi ex-
quis, raffinés et n’ont rien d’une «nourriture roborative».
S’ajoute à cela qu’ils sont faciles à reproduire. Si néan-
moins il vous manquait un «tuyau» pour cuisiner, pensez
à vous informer auprès de l’instructrice REA en activités
de la vie journalière du service de consultation de votre
région. Elle sera certainement de bon conseil.

Bien à vous,
Christina Fasser, Uta Buhl et Renata Martinoni

 4     Journal Retina Suisse 2-2016
Science et recherche

Rétinite pigmentaire – L’entraînement à l’ordina-
teur améliore la capacité à s’orienter

En Allemagne, entre 30'000 et 40’000 personnes
souffrent de la maladie incurable appelée rétinite pig-
mentaire. Des ophtalmologistes de Tübingen ont élabo-
ré un entraînement sur ordinateur qui, en six semaines,
améliore nettement la perception et la capacité d’orien-
tation des personnes qui le pratiquent. La Société alle-
mande d’ophtalmologie (DOG) voit dans ce logiciel une
chance d’augmenter la sécurité et la qualité de vie de
personnes affectées de rétinite pigmentaire et recom-
mande d’intégrer cet entraînement dans le traitement
de ces patients.

La maladie congénitale qu’est la rétinite pigmentaire
induit la dégradation progressive des cellules photo-
sensibles de la rétine. Dans la plupart des cas, ce pro-
cessus commence à l’âge de l’adolescence aux bords
extérieurs du champ visuel et progresse ensuite vers le
centre. Les personnes affectées souffrent alors d’une
«vision en tunnel» qui restreint leur capacité d’orien-
tation. «Les patients prennent conscience de cette res-
triction trop tard, elles font des chutes de plus en plus
fréquentes et courent le risque, en tant que piétons,
d’être victimes d’un accident de la circulation», affirme
le Professeur Dr méd. Susanne Trauzettel-Klosinski, qui
dirige l’unité de recherche pour la réadaptation visuelle

                            Journal Retina Suisse 2-2016   5
à l’université de Tübingen. «De nombreuses personnes
affectées d'une vision en tunnel n’osent presque plus
sortir de chez elles et prendre part à la vie sociale»,
déclare l’experte.

Le programme d’entraînement développé par des oph-
talmologistes de Tübingen à l’intention de personnes
affectées de rétinite pigmentaire se déroule comme
suit: Le patient est assis devant un ordinateur sur
l’écran duquel apparaissent des chiffres dans un ordre
aléatoire. Le patient doit cliquer sur ces chiffres au
moyen de la souris pour les faire disparaître. Quelques-
uns des chiffres apparaissent en-dehors du champ de
vision et le patient apprend à les percevoir en faisant
des mouvements ciblés du globe oculaire. Un entraî-
nement similaire est d’ores et déjà mis en œuvre à
l’intention de patients ayant subi un accident vasculaire
cérébral et dont les lésions du cerveau ont causé une
dégradation du champ visuel.

Dans le cadre d’une première étude clinique, 25 pa-
tients affectés de rétinite pigmentaire ont testé le pro-
gramme chez eux, sur un portable. Ils se sont entraînés
durant 30 minutes chaque jour, cinq jours par semaine.
Les résultats ont été publiés dans la revue spéciali-
sée PLOS One: Après six semaines d’entraînement, les
patients avaient réduit leurs temps de réaction au PC
de 37 pour-cent. Ensuite, les patients ont effectué un
test de marche avec obstacles plus rapidement et avec
moins d’erreurs que les personnes du groupe de réfé-
rence qui n’avaient pris part qu’à un entraînement à la
lecture. Pendant le test de marche, tous les participants

6      Journal Retina Suisse 2-2016
portaient un appareil qui enregistrait les mouvements
oculaires.

Il ressort de ces résultats que les personnes qui se sont
entraînées au programme sur PC découvrent davan-
tage l’environnement de leur champ visuel restreint,
explique Trauzettel-Klosinski: «Grâce à l’entraînement,
elles ont appris à commander sciemment le mouvement
de leur globe oculaire, de sorte qu’elles perçoivent
mieux des obstacles que des patients non-entraînés».
Un tel entraînement peut améliorer la mobilité, même
après un entraînement à l’orientation et à la mobilité
avec la canne longue. Les ophtalmologistes de Tübin-
gen travaillent à présent au développement du logi-
ciel d’entraînement pour le rendre plus convivial pour
les utilisateurs. Trauzettel-Klosinski estime le coût de
ce programme à 300 Euros environ et espère que les
caisses maladie en prendront en charge une partie.

L’entraînement ne peut ni ralentir la maladie ni la gué-
rir: «Les exercices aident toutefois les personnes concer-
nées à utiliser de manière plus efficace le champ visuel
qu’il leur reste et, partant, à mieux se repérer dans la vie
de tous les jours», déclare le Professeur Dr méd. G. Holz,
du comité de la Fondation Auge qui a octroyé son sou-
tien à l’étude de Tübingen. Pour les patients, l’entraîne-
ment présente des avantages sensibles: ils peuvent agir
de manière plus active contre les suites de la maladie et
gagner ce faisant de la qualité de vie.

Bibliographie:
Ivanov IV, Mackeben M, Vollmer A, Martus P, Nguyen NX,

                              Journal Retina Suisse 2-2016   7
Trauzettel-Klosinski S. Eye Movement Training and Sug-
gested Gaze Strategies in Tunnel Vision - A Randomized
and Controlled Pilot Study.PLoS One 2016; 11(6): e0157825

Source: Communiqué de presse de la Société allemande
d’ophtalmologie (DOG)

Début de la première thérapie génique de
l’achromatopsie

Des scientifiques et des médecins de Tübingen, Munich
et New York ont développé en commun un traitement
fondé sur la thérapie génique pour des patients souf-
frant d’achromatopsie – une pathologie qui se mani-
feste par une absence totale de vision des couleurs. Ce
traitement, pratiqué dans le cadre d’une étude de sécu-
rité de phase I/II, est le premier traitement au monde
fondé sur la thérapie génique pour des patients affec-
tés d’achromatopsie complète.

Causes et effets de l’achromatopsie
Les patients affectés de l’absence totale de vision des
couleurs souffrent dès leur naissance non seulement
de l’incapacité de distinguer les couleurs mais aussi
d’une hypersensibilité à l’éblouissement associée à une
acuité visuelle sévèrement réduite. Cette maladie a
pour cause un défaut des cônes dans la rétine qui sont
responsables de la vision diurne et de la perception des
couleurs. En Allemagne, quelque 3'000 personnes sont
affectées par ce tableau clinique.

8      Journal Retina Suisse 2-2016
Consortium international RD-Cure
Pour un tiers environ des patients, la cause de cette pa-
thologie est un défaut du gène CNGA3, le tout premier
gène responsable de l’achromatopsie découvert par des
chercheurs de Tübingen. Dans le cadre d’un consortium
international portant le nom de RD-CURE, une équipe
composée d’une vingtaine de médecins et chercheurs
du département de pharmacie de l’université Ludwig-
Maximilian à Munich et de la Columbia University à
New York travaillent depuis 3 ans au développement
d’un traitement de thérapie génique de l’achromatop-
sie causée par un défaut du gène CNGA3.

Approche et processus de la thérapie
Le traitement consiste à introduire dans la rétine une
version saine du gène CNGA3 défectueux. Elle est intro-
duite par procédé chirurgical. Le chirurgien injecte le
virus thérapeutique directement sous la rétine, à l’en-
droit précis où se trouvent les cellules avec le défaut
génétique qui peuvent accueillir le virus. Sont utilisés
comme vecteurs des virus dits adéno-associés (VAA) mis
au point dans le groupe de travail du PD Dr Stylianos
Michalakis à la chaire du Prof. Martin Biel de l’université
Ludwig-Maximilian à Munich. Le Prof. Biel, co-coordi-
nateur du consortium RD-Cure déclare: «Ces virus ne
causent pas de maladie et ne peuvent pas se multi-
plier de manière autonome. Ils sont donc parfaitement
anodins et sont utilisés dans le monde entier dans des
études de thérapie génique». Après quelques semaines,
les cellules sont capables de mettre à profit l’informa-
tion introduite. Elles peuvent alors former une protéine
correcte, de sorte que la fonction de la cellule est restau-

                              Journal Retina Suisse 2-2016   9
rée. «C’est en quelque sorte comme si on insère dans un
livre contenant une faute d’impression une note portant
les mots corrects», explique le Prof. Bernd Wissinger de
l’Institut de recherche en ophtalmologie de Tübingen et
directeur scientifique du consortium. «Certes, nous ne
pouvons pas corriger le défaut lui-même, nous n’avons
pas de Tipp-ex, mais nous pouvons ajouter des informa-
tions correctes, exemptes d’erreurs».

Début de l’étude en novembre 2015
Le premier patient affecté d’achromatopsie a été traité
en novembre 2015 à la clinique ophtalmologique à
Tübingen. Huit autres patients doivent être traités cette
année, aussi à Tübingen. Des conclusions sur le succès
de cette thérapie ne pourront être rendues publiques
qu’après la fin de toute l’étude, déclare le Prof. Bartz-
Schmidt, directeur médical de la clinique ophtalmolo-
gique de l’université. «Pour les patients, nous espérons
surtout une amélioration de leur hypersensibilité à la
lumière et de leur acuité visuelle.»

Centre de compétences à Tübingen
Le site de Tübingen comprenant la clinique ophtalmolo-
gique universitaire et l’institut de recherche en ophtal-
mologie passe depuis déjà plus de 30 ans pour un des
principaux centres allemands de recherche sur des ma-
ladies héréditaires de la rétine. L’achromatopsie est re-
présentative d’un grand nombre de défauts génétiques
rares incurables à ce jour et pour lesquels une thérapie
génique offrirait pour la première fois une perspective
de traitement. Pour cette raison, le consortium RD-Cure
travaille d’ores et déjà à une thérapie génique pour

10     Journal Retina Suisse 2-2016
une autre forme de maladie héréditaire de la rétine, la
rétinite pigmentaire (RP).

Information pour les patients
Des patients ou des proches qui souhaitent s’informer
sur des études cliniques peuvent le faire sur le site
ClinicalTrials.gov [1]. Ce portail, géré par les US-Natio-
nal Institute of Health, est une banque de données sur
des études cliniques, y compris des études de thérapie
génique. Les personnes concernées devraient deman-
der à leur ophtalmologiste de les orienter vers une
clinique ophtalmologique spécialisée dans les maladies
héréditaires de la rétine. Sur le site de l’université Lud-
wig-Maximilian à Munich, on peut lire sur ce thème une
interview très intéressante et informative avec la Prof.
Dr Martin Biel et le Dr Stylianos Michalakis: Achroma-
topsie – Aide visuelle tirée du patrimoine génétique [2]
(en langue allemande, ndr).

Sources: Universitätsklinikum Tübingen [3], Ludwig-
Maximilians-Universität München [4], Ophthalmolo-
gische Nachrichten online
Liens: [1] https://clinicaltrials.gov [2] https://www.uni-
muenchen.de/forschung/news/2016/biel_michalakis_
rd_cure1.html [3] http://www.medizin.uni-tuebingen.
de/Presse_Aktuell/Pressemeldungen/2016_06_30-port-
80-p- 191415.html#top [4] https://www.uni-muenchen.
de/forschung/news/2016/biel_michalakis_rd_cure1.html

                             Journal Retina Suisse 2-2016   11
Choroïdérémie: Résultats intermédiaires
de la thérapie génique

Nous avons informé à diverses reprises sur l’étude de
thérapie génique de la choroïdérémie, menée en ce
moment à l’University of Oxford en Grande-Bretagne,
sous la direction du Prof. Robert McLaren. Des nou-
veaux résultats partiels de l’étude à laquelle prennent
part 6 patients ont été publiés récemment dans un
numéro du New England Journal of Medicine [1]. Il
ressort de ce rapport qu’il a été constaté, au cours des
trois à cinq premières années qui ont suivi le début de
l’étude, que la capacité visuelle de l’œil traité de 5 des
patients s’est améliorée, ou du moins est restée inchan-
gée, tandis que la vue de l’œil non traité s’est encore
dégradée. D’après le Prof. Robert McLaren, cela confir-
merait l’efficacité à long terme du vecteur utilisé et de
la méthode de traitement en général. Les résultats ont
aussi été présentés cette année à l’ARVO (Association
for Research in Vision and Ophthalmology), le plus
grand congrès au monde de chercheurs dans le secteur
de l’ophtalmologie. Il est mentionné dans la publica-
tion que, pour quelques patients, l’effet d’une thérapie
génique dans le but de préserver la vue pourrait ne se
manifester que dans quelques années.

Lien en relation avec ce rapport: [1] http://www.nejm.
org/doi/full/10.1056/NEJMc1509501#t=article

Source: Pro Retina News, 2016

12     Journal Retina Suisse 2-2016
Maladie de Stargardt: Première patiente
dotée d’un implant rétinien Argus II

Selon une annonce toute récente, une patiente Star-
gardt a été dotée pour la première fois d’un implant
rétinien Argus II. L’implantation a été réalisée avec
succès à Florence par l’équipe du Professeur Stanislao
Rizzo, un des pionniers de la mise en œuvre du système
Argus II qu’il a introduit en Italie il y a quatre ans. Lucia,
âgée de 67 ans, est la 27ème patiente sur laquelle le
Prof. Rizzo a implanté une prothèse de rétine.

Source: Pro Retina News 2016

L’optogénétique doit procurer de l’aide
aux patients RP

Aux Etats-Unis a débuté une étude clinique qui a pour
but de tester pour la première fois avec des patients si
des procédés optogénétiques peuvent être utilisés pour
améliorer les possibilités de perception de personnes
aveugles affectées de rétinite pigmentaire (RP). Il s’agit
en l’occurrence d’introduire des rétrovirus avec ADN
d’algues dans des cellules ganglionnaires rétiniennes
afin de rendre ces dernières photosensibles.

L’optogénétique combine des méthodes optiques et
des méthodes génétiques. Elle permet d’activer et de
désactiver des cellules nerveuses de manière ciblée –

                               Journal Retina Suisse 2-2016   13
comme le ferait un interrupteur. Depuis une dizaine
d’années, des chercheurs en neurologie étudient cette
nouvelle méthode. Le procédé consiste à introduire,
au moyen d’un virus porteur (vecteur), un gène déter-
miné dans une cellule nerveuse. Le gène est la notice
de montage d’une protéine déterminée, dite canal-rho-
dopsine. Elle est présente notamment dans des algues
vertes et forme dans la membrane cellulaire un canal
qui s’ouvre lors d’incidence de la lumière et active la
cellule nerveuse. La cellule peut donc être activée et
désactivée au moyen de la lumière.
Les essais d’optogénétique réalisés jusqu’à présent sur
des animaux de laboratoire sont très prometteurs: Des
patients affectés de maladies oculaires ont été les pre-
miers à bénéficier de l’optogénétique.

Première étude clinique avec des patients RP
L’étude clinique prévue doit être réalisée à la Retina
Foundation of the Southwest au Texas sur 15 patients
souffrant d’une maladie dégénérative de la rétine, la
rétinite pigmentaire. Cette maladie cause la destruc-
tion progressive des photorécepteurs dans la rétine, de
sorte que le patient devient peu à peu aveugle. Dans
la série de tests, des rétrovirus équipés du patrimoine
génétique d’algues bleues sont injectés directement
dans la rétine supérieure, selon un article publié dans
MIT Technology Review. A cet endroit, les virus font en
sorte que les cellules ganglionnaires perçoivent la lu-
mière du spectre du bleu: reste à espérer que le cerveau
est capable de traiter ces informations.

14     Journal Retina Suisse 2-2016
L’optogénétique ne peut pas restaurer entière-
ment la capacité visuelle
Cette méthode ne permettra pas de restaurer complè-
tement la capacité visuelle des patients. Les chercheurs
espèrent pouvoir réactiver quelque 100'000 cellules
ganglionnaires photosensibles par rétine – une très
faible résolution par rapport à un œil sain et ce, proba-
blement, fonctionnelle uniquement dans une gamme
de couleur. Néanmoins, les chercheurs espèrent que, au
lieu de distinguer uniquement le clair et le foncé, les
personnes testées devraient pouvoir dorénavant recon-
naître des meubles et même peut-être lire des grands
caractères. Il n’est toutefois pas possible à ce jour de
prédire vraiment ce que les patients verront à l’issue du
traitement.

Cette étude est la première série d’essais fondés sur
l’optogénétique réalisés sur l’être humain. Sur les sou-
ris, cette méthode a permis d’influencer des proces-
sus neurologiques, tel le réflexe de peur par exemple,
et des animaux qui étaient aveugles avant les essais
étaient capables de suivre des images et se cachaient
de la lumière crue. Les découvertes de l’équipe du Texas
pourraient être extrêmement intéressantes aussi pour
d’autres secteurs de la recherche, notamment le traite-
ment de la maladie de Parkinson et d’autres secteurs de
la neurologie.

Sources: wired.de de 19.02.2016; www.welt.de; clinical-
trials.gov

                            Journal Retina Suisse 2-2016   15
La fréquence génétique du syndrome de Usher

Dr Hans-Jürgen Krug, Allemagne

Le syndrome de Usher est une forme syndromique de
dégénérescence de la rétine (RP) connue depuis le mi-
lieu du 19ème siècle. D’après les statistiques cliniques,
sa fréquence est de 1: 25'000 env. et il est donc rela-
tivement rare. Ce syndrome combine une surdité ou
une déficience de l’oreille interne, congénitale ou qui
survient dans la petite enfance, à laquelle s’ajoute, plus
tard, une rétinite pigmentaire.

Depuis une trentaine d’années, des études sur la propa-
gation du syndrome de Usher sont menées aux Etats-
Unis, en Grande-Bretagne, en Scandinavie et en Alle-
magne, qui se distinguent par l’ampleur du recensement
ainsi que par des particularités régionales. S’ajoute à
cela que le recensement clinique du syndrome de Usher
ne survient qu’en cas de RP évidente – c.à.d. en règle
générale dans la deuxième ou la troisième décennie de
la vie, de sorte que les jeunes patients avec une RP peu
développée échappent aux statistiques. Des personnes
présentant des symptômes de Usher peu marqués
peuvent donc n’être jamais recensés cliniquement de
toute leur vie.

L’étude de Kimberling
Dans une étude réalisée en 2010, le généticien clinicien
William J. Kimberling, renommé dans ce secteur depuis
de nombreuses années, a effectué pour la première fois

16     Journal Retina Suisse 2-2016
un screening génétique de jeunes malentendants et
malentendantes aux Etats-Unis. Il s’agissait d’une étude
pilote dans le but de réaliser plus tard un screening de
nouveaux-nés portant sur le syndrome de Usher. Pour
ce faire, Kimberling procéda à une estimation de la fré-
quence du syndrome dans toute la population des USA
et parvint à un résultat étonnant, à savoir 1: 6'000, donc
à une probabilité de fréquence quatre fois plus élevée
que celle calculée auparavant dans les recensements
cliniques.

Dans le cadre de son étude, Kimberling put examiner
133 échantillons sanguins d’élèves d’écoles pour malen-
tendants de l’Etat d’Oregon ainsi que d’enfants suivant
un programme CI de l’université de l’Utah (CI = implant
cochléaire, une prothèse auditive pour personnes
sourdes dont le nerf auditif est fonctionnel. NDr) Des
patients avec un gène de surdité connu (GJB2) étaient
d’ores et déjà recensés. Pour l’analyse génétique, on
utilisa le chip Asper, qui avait été configuré pour huit
gènes Usher et pour le gène de la surdité. Parmi les
élèves de l’Oregon, le syndrome de Usher n’avait été
diagnostiqué avant l’étude que chez un seul enfant.
Jusqu’à ce moment, les jeunes patients étaient considé-
rés simplement malentendants ou simplement sourds.

La gamme des symptômes du syndrome de Usher
La diversité du phénotype du syndrome de Usher est
déterminée par les trois types Usher définis selon le
degré du handicap auditif. Il sont établis sur la base des
dix gènes découverts à ce jour et éventuellement sur
d’autres gènes Usher, encore inconnus. L’évolution et la

                             Journal Retina Suisse 2-2016   17
gravité de la maladie sont étroitement liées à la mutation
concrète à l’intérieur de chacun des gènes responsables.
Par ailleurs, il existe aussi des formes bigéniques de la
maladie. Selon la mutation, le syndrome de Usher peut se
manifester sous forme d’une RP sans surdité, sous forme
d’un déficit auditif stable de l’oreille interne ou sous
forme de surdité sans RP ultérieure. Des modificateurs
génétiques peuvent aussi faire en sorte qu’une mutation
Usher répartie de manière égale sur les deux brins d’ADN
(homozygote) n’induise pas une expression clinique de la
maladie. Citons pour exemple le cas de James D. Watson:
Il ressort de la publication de son génome homozygote
qu’il présente des mutations Usher 1B sans qu’il n'ait
jamais eu des symptômes de la maladie.

Perspectives
Après 2010, des méthodes modernes de séquençage
(Next Generation Sequenzing NSG) ont été mises en
œuvre dans des instituts spécialisés en génétique cli-
nique. Ces méthodes ont une précision de réaction et
une pertinence nettement supérieures à celles des chips
utilisés entretemps. Désormais, un screening de nou-
veau-né portant sur diverses maladies héréditaires, y
compris le syndrome de Usher, n’est plus hors de portée.
L’utilité d’un diagnostic précoce du syndrome de Usher
est d’ores et déjà reconnue: Il permet d’exclure d’autres
syndromes sévères ainsi que de planifier la vie pro-
fessionnelle et familiale. Pour des personnes sourdes,
l’utilisation d’un implant cochléaire est recommandable.
Même en cas de RP, pour laquelle il n’existe pas de
traitement, des facteurs de risque, telle l’influence de
rayons UV, peuvent être évités.

18     Journal Retina Suisse 2-2016
D’après les connaissances acquises, il semble évident
que le syndrome de Usher ne survient en tant que dou-
ble handicap sensoriel sévère que dans une partie des
prédispositions génétiques. Il va de soi qu’un contrôle
de l’évolution des patients diagnostiqués récemment
sur le plan génétique est nécessaire. Tous ne courent
pas le risque de développer une RP sévère. Les diver-
gences entre les deux estimations de fréquence indi-
quées plus haut (1: 6'000 contre 1: 25'000) le prouvent.
Il convient de rechercher les facteurs qui peuvent retar-
der, voire enrayer la RP – ou au contraire qui peuvent,
en dépit du gène Usher, causer une RP sans handicap
auditif. La complexité du syndrome de Usher ouvre ainsi
un champ plein de libertés, aussi des libertés thérapeu-
tiques.

Source: William Kimberling et al:»Frequency of Usher
Syndrome in two Pediatric Populations: Implication for
Genetic Screening of Deaf and Hard of HearingChild-
ren«, in: Genetics in Medicine Vol. 12 , n° 8 (août 2010),
512-516.

                             Journal Retina Suisse 2-2016   19
Entendre des sons grâce à la lumière: Une
idée pour les prothèses auditives du futur?

Comment peut-on améliorer encore l’audition avec un
implant cochléaire? Une équipe de chercheurs interna-
tionale, dirigée par des chercheurs de la médecine uni-
versitaire de Göttingen (UMG) a exploré une nouvelle
voie. L’idée: De la lumière pour stimuler l’audition au
lieu de courant électrique utilisé jusqu’à présent. Les
chercheurs ont réussi pour la première fois à activer
dans le modèle animal la stimulation optogénétique au
moyen de la lumière.

La lumière comme stimulus auditif
Les recherches furent menées sous la direction du Prof.
Dr Tobias Moser, clinique d’oto-rhino-laryngologie de
l’UMG, dans le cadre d’un projet mettant l’accent sur
la neurotechnologie. Ce projet a bénéficié du soutien
du ministère fédéral de la formation et de la recherche
(BMBF) et du pôle d’excellence et centre de recherche
DFG de microscopie dans le domaine nanométrique
et de physiologie moléculaire du cerveau (CNMPB) de
l’UMG. Les résultats dans la recherche auditive trans-
lationnelle ont été publiés en ligne le 10 février 2014
dans la revue médicale américaine renommée, le «Jour-
nal of Clinical Investigation».

Lorsque les appareils auditifs n’apportent plus d’amé-
lioration, des implants cochléaires peuvent stimuler
directement les cellules nerveuses dans le limaçon
(cochlée). Des implants cochléaires permettent ainsi

20     Journal Retina Suisse 2-2016
la compréhension du langage parlé à la plupart des
utilisateurs, dont le nombre s’élève entretemps à plus
de 200'000 dans le monde. Toutefois, les implants
cochléaires utilisés jusqu’à présent ne permettent de
distinguer à l’écoute la hauteur des sons et le volume
sonore que dans une mesure très limitée. La raison à
cela est connue: L’effet est dû à la propagation massive
du courant électrique de chaque contact d’électrodes.
Il s’ensuit que de très nombreuses cellules nerveuses
auditives sont stimulées simultanément.

Des examens sur des rongeurs
Si de la lumière et non du courant est utilisée pour la
stimulation, il est vraisemblable que le problème peut
fondamentalement être résolu. Cette supposition est
confirmée par les premiers résultats que l’équipe de
recherche a obtenus en utilisant de la lumière pour
stimuler l’audition dans des examens sur des rongeurs.
Pour leurs examens, les chercheurs ont mis en œuvre
pour la première fois avec succès un procédé développé
en Allemagne – dit optogénétique – pour la stimula-
tion du nerf auditif. En l’occurrence, des protéines de
signalisation photosensibles sont introduites dans les
cellules par procédé génétique et font office d’«inter-
rupteur de lumière». «Etant donné que la lumière est
plus focalisable, de nombreux canaux de stimulation
le long du limaçon peuvent être utilisés indépendam-
ment les uns des autres. Cette innovation promet une
amélioration fondamentale de la distinction de la hau-
teur des sons et du volume sonore», déclare l’auteur
senior de la publication et directeur du projet, le Prof.
Dr Tobias Moser de la clinique d’oto-rhino-laryngologie

                            Journal Retina Suisse 2-2016   21
de la médecine universitaire de Göttingen. Afin d’acti-
ver les cellules nerveuses du limaçon par la lumière, des
canaux ioniques du canal- rhodopsine commandés par
la lumière sont tout d’abord mis en place dans les cel-
lules nerveuses du limaçon auditif de souris et de rats.
Pour ce faire, on utilise des vecteurs génétiques viraux
qui sont utilisés également dans la thérapie génique
d’êtres humains. De plus, des micro-diodes électrolumi-
nescentes ou de microfibres de verre liées au laser sont
implantées dans le limaçon par procédé microchirurgi-
cal.

«Nous avons réussi l’activation optogénétique. Dans
le cadre des essais, nous l’avons enregistrée comme
impulsion nerveuse de diverses cellules nerveuses
auditives ou comme potentiel d’action composé des
voies auditives», a expliqué Anna Gehrt, une des pre-
mières auteurs de la publication et médecin chercheuse
à la clinique d’oto-rhino-laryngologie de la UMG: «Au
moyen des potentiels évoqués optogénétiques, il nous
est possible de prouver une activation des voies audi-
tives aussi dans des modèles de souris affectées de
surdité analogue à la surdité humaine. Finalement, les
chercheurs ont aussi réussi à procéder à une première
estimation de la sélectivité en fréquence de stimulation
optogénétique comparée à une stimulation électrique.
Le résultat correspond aux prédictions fondées sur des
modèles mathématiques: La stimulation par la lumière
révèle une résolution de fréquence plus fine, c.à.d. que
la zone de la cochlée activée par la lumière était plus
petite que celle activée par la stimulation par du cou-
rant électrique.

22     Journal Retina Suisse 2-2016
Une résolution plus fine des caractéristiques
acoustiques
Le système auditif peut donc être activé par stimula-
tion optogénétique. Toutefois, il reste beaucoup à faire
avant de pouvoir mettre cette méthode en pratique
dans le cadre de la réhabilitation clinique de la surdité»,
affirme le Prof. Moser. Les partenaires de coopération
de l’institut fribourgeois Frauhofer de physique appli-
quée et de l’université de Fribourg travaillent d’ores
et déjà à cette tâche. Dans le cadre du projet BMBF
«Entendre la lumière», ils développent des implants
optiques multicanaux avec plus de mille micro-diodes
électroluminescentes. Par ailleurs, le Prof. Moser voit
encore d’autres obstacles à surmonter: Il est nécessaire
de développer des «interrupteurs» plus rapides afin de
répondre aux besoins du traitement des signaux dans
le système auditif. Enfin, la recherche a besoin de vec-
teurs génétiques efficients et sûrs pour mettre au point
une prothèse auditive optogénétique. En outre, il est
nécessaire d’élucider si la stimulation par la lumière
est susceptible de causer des dommages. Des implants
cochléaires permettent à des personnes affectées de
surdité sévère d’acquérir une capacité auditive limitée.
Une faible résolution de la hauteur des sons et des
volumes sonores sont les inconvénients que présente la
stimulation électrique. Une stimulation optogénétique
plus précise dans l’espace promet une résolution plus
fine des deux caractéristiques sonores et, partant, une
meilleure compréhension du langage parlé et un plus
grand plaisir musical.

                             Journal Retina Suisse 2-2016   23
Informations additionnelles:
Groupes de travail du Prof. Dr T. Moser et du Dr N.
Strenzke à l’UMG, www.innerearlab.uni-goettingen.de
Médecine universitaire de la Clinique d’oto-rhino-laryn-
gologie à Göttingen
Laboratoire de l’oreille interne, Prof. Dr Tobias Moser,
tél. (05 51) 39 89 68; tmoser@gwdg.de www.universi-
taetsmedizin-goettingen.de

Source: Stefan Weller, direction opérationnelle de la
communication d’entreprise, service de presse et rela-
tions publiques de la médecine universitaire de Göttin-
gen – Université Georg-August- http://idw-online.de/
de/news575810

24     Journal Retina Suisse 2-2016
Politique sociale

Les assurances sociales d’un seul coup d’œil

Pour protéger personnellement les individus contre les
risques économiques tels la maladie, les accidents, la
perte d’emploi, la vieillesse, la mort ou la maternité,
la Suisse commença, dans la seconde moitié du 19ème
siècle à mettre en place un système de sécurité sociale.
Les principaux piliers de ce système sont les assurances
sociales dont le nombre s’élève, de nos jours, à près
d’une douzaine. Ces assurances sociales furent créées,
à l’échelle nationale, en des temps très divers. C’est la
raison pour laquelle l’ensemble du système manque de
transparence et est mal coordonné (en ce moment, le
Parlement fédéral débat sur des réformes importantes de
l’AVS, de l’AI et des PC. Ndr).Ci-dessous la liste des assu-
rances et l’année de leur institution à l’échelle nationale:

1874: Assurance militaire
1914: Assurance maladie (actuelle LAMal: 1996)
1918: Assurance accidents (actuelle LAA: 1984)
1940: Allocations pour perte de gain (APG) pour les per-
sonnes astreintes au service militaire
Années 40: Allocations familiales à l’échelon cantonal,
unifiées à l’échelon national depuis 2006
1948: Assurance vieillesse et survivants (AVS)
1961: Assurance invalidité (AI)
1965: Prestations complémentaires (PC) à l’AVS et à l’AI
1976: Assurance chômage (LAC)

                              Journal Retina Suisse 2-2016   25
Autres assurances
1985: Prévoyance professionnelle obligatoire
(BSV/2ème pilier)
2004: Assurance maternité (APG)

On peut lire l’historique passionnant de la sécurité
sociale en Suisse sur le site web de la Confédération:
http://www.histoiredelasecuritesociale.ch/accueil/

Autres informations sur la sécurité sociale: www.bsv.
admin.ch/themen/index.html?lang=fr

Source: Imago 2/2016 (Revue de visoparents.ch)

3ème rapport intermédiaire sur la contribution
d’assistance

En juin 2016, dans son premier rapport sur la mise en
œuvre de la Convention relative aux droits des per-
sonnes handicapées, le Gouvernement suisse qualifiait
la contribution d’assistance d’«avancée considérable
pour les personnes handicapées». Les résultats de l’éva-
luation 2015 de cette prestation introduite en 2012 le
confirment: une large majorité des bénéficiaires en est
très satisfaite.
A la fin 2015, 1677 adultes et 361 mineurs avaient
bénéficié d’une contribution d’assistance. En hausse
constante depuis 2012, ces chiffres révèlent cependant
un nombre de bénéficiaires inférieur aux prévisions.
Plus des trois quart des personnes sondées indiquent

26     Journal Retina Suisse 2-2016
certes avoir gagné en autonomie grâce à la contribu-
tion d’assistance, qui améliore leur chance de vivre à
domicile et facilite leur intégration sociale. Par contre,
si la contribution permet de soulager l’entourage
des personnes handicapées, les bénéficiaires sondés
admettent que leurs proches fournissent toujours une
aide importante.

Charge administrative trop lourde
Une majorité des personnes interrogées estime que le
temps consacré à l’engagement d’un ou plusieurs assis-
tants (dont 80% sont des femmes) et à l’établissement
des décomptes à l’intention de l’AI représentent une
charge considérable. La contribution d’assistance ne
permet pas d’engager des membres de la famille, ce
qu’une large majorité des personnes sondées regrette.
Une initiative déposée en 2012 par le Conseiller natio-
nal Christian Lohr va pourtant dans ce sens. AGILE.
CH déplore qu’elle soit toujours en suspens. Ces diffi-
cultés expliqueraient-elles le fait que les bénéficiaires
n’utilisent en moyenne que les trois quart du montant
auquel elles et ils auraient droit? En plus, AGILE.CH pro-
pose que la contribution d’assistance englobe d’autres
prestataires de services.

Autres améliorations souhaitées
Le nombre maximal d’heures mensuelles pris en
compte, ou «plafond», est insuffisant pour les per-
sonnes avec degré d’impotence grave. Cela leur ren-
dant difficile, voire impossible de vivre une vie auto-
déterminée à domicile. AGILE.CH demande que ces
«plafonds» soient rapidement réévalués. En plus, les

                              Journal Retina Suisse 2-2016   27
conditions d’octroi de la contribution d’assistance aux
personnes mineures devraient être assouplies pour la
rendre plus accessible.

Contact: Simone Leuenberger, collaboratrice scienti-
fique AGILE.CH Les organisations de personnes avec
handicap, Effingerstrasse 55, 3008 Berne,
Tél.: 079 311 32 44, simone.leuenberger@agile.ch

Source: AGILE, communiqué de presse du 16 août 2016

Du nouveau dans la représentation des intérêts

Retina Suisse a conclu avec la FSA une répartition du
travail. Il s’ensuit que la représentation générale des
intérêts des personnes aveugles et malvoyantes est du
ressort de la FSA et que nous apportons notre assistance
dans toute la mesure du possible. Voici quelques nou-
veautés dans le contexte de la représentation des inté-
rêts par la FSA:

Gare de la Löwenstrasse à Zurich
Les marquages tactiles et visuels à la gare de la Löwens-
trasse sont tous maintenus sans exception. Les demandes
de la FSA et d'autres organisations dans le domaine du
handicap visuel sont prises au sérieux par l'Office fédéral
des transports (OFT). Désormais, les plans de chaque gare
seront soumis au préalable à Inclusion Handicap pour
approbation selon la procédure simplifiée.

28     Journal Retina Suisse 2-2016
Audiodescription et promotion du cinéma
À l'avenir, la Confédération ne subventionnera la produc-
tion de films suisses que si une version audiodécrite est
aussi réalisée. L'audiodescription devra être proposée au
moins dans une langue nationale. L'Office fédéral de la
culture a modifié en conséquence au 1er juillet 2016 l'or-
donnance sur l'encouragement du cinéma, notamment
suite aux discussions avec des représentants de la FSA.

Audiodescription à la télévision suisse
La SRG-SSR a reconnu que les personnes aveugles ou
malvoyantes éprouvent des difficultés à régler leurs
appareils pour bénéficier de l'audiodescription. Sur de-
mande de la FSA, elle va évaluer les possibilités d'auto-
matiser le changement de canal audio. La SRG-SSR envi-
sage de le faire le plus tôt possible à l'échelon national.
Une convention conclue entre les organisations de per-
sonnes handicapées sensorielles et la SRG-SSR règle le
nombre et les modalités d'audiodescription des émissions
et des films à la télévision suisse. Cette convention sera
renouvelée au 1er janvier 2018 et la Défense des intérêts
de la FSA s'engage pour que les émissions aux heures de
forte audience soient toutes audiodécrites.

Convention de l'ONU relative aux droits des per-
sonnes handicapées
Pour la première fois, le gouvernement suisse a rendu
compte de l'avancée des travaux de mise en œuvre de la
Convention de l'ONU relative aux droits des personnes
handicapées. Ce rapport ne fournit hélas que peu de ren-
seignements sur l'impact de ladite convention sur la vie
quotidienne des personnes handicapées. Il se limite pour

                             Journal Retina Suisse 2-2016   29
l'essentiel aux bases juridiques. Il s'est donc avéré essen-
tiel que notre organisation faîtière, Inclusion Handicap,
s'exprime sans détour dans une annexe au rapport, pour
préciser les difficultés auxquelles sont exposées les per-
sonnes handicapées en matière de travail et d'employa-
bilité, de formation, d'accessibilité et de mobilité indivi-
duelle.

Toujours plus de rentiers et rentières AI au bénéfice
de PC
Ce constat ressort des dernières statistiques AI et PC de
l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS).
Plus de 45% des rentiers AI ont touché des prestations
complémentaires (PC) l'année passée. Il y a cinq ans, ce
pourcentage était de 40%. Il est donc plausible d'affir-
mer que les personnes touchant une rente partielle ont
de plus en plus de peine à trouver un emploi. Le Conseil
fédéral a pour mandat d'organiser une conférence natio-
nale en faveur de l'intégration des personnes handica-
pées dans le marché du travail, ainsi que le demande un
postulat de Pascale Bruderer Wyss, conseillère aux États
et présidente d'Inclusion Handicap. La première réunion
de partenaires sociaux et de représentants des organi-
sations de personnes handicapées se tiendra en janvier
2017. Des personnes directement concernées participe-
ront à cette conférence en mai 2017.

L'insertion professionnelle est l'un des engagements
principaux de la FSA depuis 1911. Suite à l'étude sur la
vie professionnelle des personnes vivant avec un handi-
cap visuel (SAMS) de l'UCBA et l'engagement d'Inclusion
Handicap, un projet de «Job Coaching» a été lancé par la

30     Journal Retina Suisse 2-2016
FSA en juillet 2016. Son objectif est de proposer aux per-
sonnes aveugles et malvoyantes un accompagnement et
un soutien pour leur insertion sur le marché du travail.

Critique du terme «invalide»
La conseillère nationale Marianne Streiff-Feller, PEV du
canton de Berne, demande que le terme d'invalidité soit
retiré lors des prochaines révisions de l'AI. L'AI pourrait
donc s'appeler APH, assurance pour personnes en situa-
tion de handicap. AGILE.CH, l'association faîtière des
organisations de personnes avec handicap en Suisse, a
rédigé une brochure intitulée «Sprache ist verräterisch»
(la langue est traître). Nous souhaitons que la langue soit
exempte de marques discriminatoires. À l'initiative de la
FSA, des étudiants de l'Université de Fribourg étudient
la question de savoir dans quelle mesure les personnes
aveugles et malvoyantes se sentent défavorisées en
matière de communication et de contacts. Les résultats
seront publiés.

1000 personnes aveugles et malvoyantes à la JCB
2016 à Berne
Comme vous le savez, nous nous rendons le 15 octobre
prochain à Berne pour un événement à l'occasion de la
Journée de la Canne Blanche. Il serait fantastique que
1000 personnes concernées arrivent en même temps
dans la capitale fédérale. Nous organisons donc une
marche commune, dès 13h30, de la gare centrale à la
place Fédérale. La conseillère nationale Marianne Streiff-
Feller prononcera un discours. Laissez-vous surprendre!

Source: Newsletter FSA n° 2 - Août 2016

                             Journal Retina Suisse 2-2016   31
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