Swiss Issues Branches Retail Outlook 2011 Faits et tendances

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Swiss Issues Branches Retail Outlook 2011 Faits et tendances
Economic Research

Swiss Issues Branches
Retail Outlook 2011
Faits et tendances
Janvier 2011
Swiss Issues Branches Retail Outlook 2011 Faits et tendances
Economic Research

Impressum
Editeur
Martin Neff, responsable Economic Research, Credit Suisse
Uetlibergstrasse 231, CH-8070 Zurich

Contact
branchen.economicresearch@credit-suisse.com
Téléphone+41 (0)44 334 74 19

Auteurs Credit Suisse
Nicole Brändle
Damian Künzi

Auteurs Fuhrer & Hotz Excellence in Retailing
www.fuhrer-hotz.ch
Marco Fuhrer
Martin Hotz

Participation
Viktor Holdener

Photo de couverture
© View Pictures/Edmund Sumner

Impression
dfmedia, Burgauerstrasse 50, 9230 Flawil
Téléphone +41 (0)58 344 96 96

Clôture de rédaction
Décembre 2010

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La présente publication a un but purement informatif. Les points de vue qui y sont
exposés sont ceux du service Economic Research du Credit Suisse à la date
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                                                                                        Swiss Issues Branches
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Economic Research

Sommaire   Editorial                                                        5

           1       Conjoncture de la branche 2010:
                   la demande                                               6
           1.1     Chiffres d’affaires du commerce de détail                6
           1.2     Facteurs d’influence                                     6
           1.3     Chiffres d’affaires du commerce de détail par
                   groupes de produits                                      7

           2       Conjoncture de la branche 2010: l’offre                10
           2.1     Evolution de l’emploi                                  10
           2.2     Evolution des prix                                     10
           2.3     Situation sur le marché alimentaire                    12
           2.4     Evénements et tendances sélectionnés dans le
                   domaine non alimentaire                                13
           2.5     Complément: succursalisation                           14

           3       Dossier spécial: L’évolution géographique
                   du commerce de détail entre 1998 et 2008               17
           3.1     Mutation structurelle régionale dans le
                   commerce de détail                                     17
           3.1.1   Ensemble du commerce de détail                         17
           3.1.2   Commerce de détail alimentaire                         18
           3.1.3   Commerce de détail non alimentaire                     21
           3.1.4   Mutation structurelle par type de communes             21
           3.2     Densités d’offre du commerce de détail                 22
           3.2.1   Retail Provision Index (RPI)                           22
           3.2.2   Ensemble du commerce de détail                         24
           3.2.3   Commerce de détail alimentaire                         25
           3.2.4   Commerce de détail non alimentaire                     27
           3.2.5   Variation des densités d’offre 1998–2008               30

           4       Perspectives du commerce de détail en
                   2011                                                   33
           4.1     Top-down                                               33
           4.2     Bottom-up                                              35

                                                       Swiss Issues Branches 3
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Swiss Issues Branches 4
Economic Research

Editorial

            Même si l’on ne peut parler de fièvre de la consommation, l’amélioration des chiffres d’affaires
            du commerce de détail durant la première année suivant l’effondrement de l’économie suisse
            est digne d’être mentionnée. En 2010, les consommateurs ont accru leurs dépenses de bien
            plus de 2% (en termes réels) dans le commerce de détail. Au regard des précédentes réces-
            sions qui avaient dégradé durablement le moral des consommateurs, il s’agit d’un résultat très
            réjouissant pour la branche.

            Comment expliquer ce phénomène? Indépendamment du fait que la Suisse ait profité des vas-
            tes mesures de politique monétaire et fiscale qui ont stabilisé mondialement la conjoncture,
            notre pays présente une certaine résistance aux crises. La Suisse est sortie plus ou moins
            gagnante d’une crise financière et économique mondiale sans précédent, dont les retombées
            donneront encore longtemps du fil à retordre à la planète. En Suisse, le chômage et le climat de
            consommation se sont en effet améliorés très vite, venant ainsi soutenir le pouvoir d’achat et
            l’envie d’acheter.

            Mais la solide immigration induite par l’attrait de la Suisse constitue un facteur encore plus im-
            portant pour notre pays. Plus de 50 000 nouveaux arrivants ont dû être approvisionnés en biens
            de consommation, du croissant du matin à la télévision neuve. Ce sont non seulement les nou-
            veaux immigrés de 2010 qui ont rempli les caisses des détaillants en 2010, mais aussi les
            nombreuses personnes arrivées au cours des années précédentes, qui ont peut-être progressé
            professionnellement depuis, voire acheté un logement en propriété.

            Et maintenant? Les taux de croissance à deux chiffres recensés récemment dans de nom-
            breuses branches relèguent au second plan les risques existants. Pourtant, le redressement
            conjoncturel reste entaché de nombreuses incertitudes. Ainsi, la marge de manœuvre à disposi-
            tion pour une future stimulation fiscale et monétaire est presque épuisée à l’échelle mondiale.
            La dynamique de la croissance économique helvétique devrait donc fléchir en 2011. Pour les
            détaillants, il est probable que les hausses de chiffres d’affaires se consolident à nouveau à un
            niveau confortable.

            Après avoir donné un aperçu de la conjoncture actuelle de la branche, cette troisième édition du
            «Retail Outlook» se penche sur l’évolution géographique du commerce de détail. En effet, la
            question de l’emplacement y est essentielle comme dans peu d’autres branches. Dans notre
            dossier spécial, nous étudions cette année les schémas régionaux de mutation structurelle dans
            le commerce de détail, dont l’une des composantes se trouve dans la succursalisation crois-
            sante. Au travers de portraits de commerçants prospères, nos coauteurs de Fuhrer & Hotz
            Excellence in Retailing illustrent la manière dont les commerces indépendants s’affirment dans
            un environnement disputé et détaillent les stratégies déterminantes. Comme à l’accoutumée,
            cette étude se termine par des perspectives de la branche pour 2011 et par le sondage de
            Fuhrer & Hotz auprès des décideurs du commerce de détail.

            L’équipe des auteurs vous souhaite une agréable lecture.

                                                                                          Swiss Issues Branches 5
Economic Research

1         Conjoncture de la branche 2010: la demande

                                             1.1       Chiffres d’affaires du commerce de détail

La récession ne laisse                       Si l’économie suisse a effectué un plongeon dans la récession rapide et inopiné en 2009, elle
guère de séquelles dans le                   s’en est extirpée tout aussi promptement en 2010. Des indicateurs importants tels que le climat
commerce de détail                           de consommation et le taux de chômage se sont redressés dans une mesure guère escomptée.
                                             Aussi, les chiffres d’affaires du commerce de détail ont rapidement renoué avec la croissance et
                                             augmenté de quelque 3% en 2010 (chiffres réels) par rapport à l’année précédente (figure 1).
                                             Du fait de la baisse des prix, les détaillants ont enregistré une progression du chiffre d’affaires
                                             d'environ 2%. L’évolution des différents facteurs d’influence vous est présentée plus en détail
                                             ci-après.1

                                               Figure 1
                                               Chiffres d’affaires du commerce de détail et consommation privée
                                               Variation par rapport à l’année précédente, en %

                                                 4%
                                                                 Consommation privée (réelle)
                                                                 Chiffres d’affaires du commerce de détail (réels)
                                                 3%

                                                 2%

                                                 1%

                                                 0%

                                                -1%
                                                             2001      2002        2003        2004         2005        2006        2007         2008        2009        2010*

                                               Sources: Secrétariat d’Etat à l’économie, Office fédéral de la statistique; *valeurs 2010 estimées par Credit Suisse Economic Research

                                             1.2       Facteurs d’influence

                                             Pouvoir d’achat
L’évolution des salaires n’a                 L’évolution des salaires est à la traîne du développement économique. Après une négociation
guère généré d’impulsions                    salariale généreuse durant l’année de récession 2009, les hausses ont été plus modestes en
positives en 2010                            2010. Dans les conventions collectives de travail 2010, les partenaires sociaux ont convenu
                                             d’une augmentation de salaire moyenne de 0,7%. Les hausses nominales effectives pour
                                             l’ensemble de l’économie étaient un peu supérieures, à environ 1%. Comme l’inflation a prati-
                                             quement atteint cette valeur en 2010, le pouvoir d’achat n’a guère augmenté et n’a donc pas
                                             généré d’impulsions notables pour la croissance du commerce de détail.

                                             Climat de consommation
Un rythme de changement                      Après le plancher de mi-2009, l’indice du climat de consommation s’est redressé à un rythme
de climat record                             record. Jamais encore dans les 40 ans d’existence de l’indice la valeur de celui-ci n’avait pré-
                                             senté un écart annuel tel qu’à la mi-2010. Pour ce qui est des prévisions de l’évolution écono-
                                             mique en particulier, le climat s’est totalement renversé – passant d’un profond pessimisme en
                                             2009 à un solide optimisme en 2010. Les appréciations relatives à la sécurité des emplois

1   Pour les perspectives de l’année 2011, cf. chapitre 4.

                                                                                                                                                           Swiss Issues Branches 6
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                                         étaient elles aussi revenues dans la moyenne sur le long terme mi-2010, en dépit d’un chô-
                                         mage élevé pour la Suisse. Ce changement rapide de climat est relativement atypique. Durant
                                         les précédentes récessions, les consommateurs avaient en effet mis plus de temps à retrouver
                                         confiance. Cette rapidité explique aussi en grande partie la récente expansion des chiffres du
                                         commerce de détail. Comme de coutume, ces deux facteurs sont en étroite corrélation
                                         (figure 2).

                                          Figure 2
                                          Chiffres d’affaires (CA) du commerce de détail et climat de consommation
                                          Climat de consommation: indice; CA du commerce de détail: variation par rapport à l’année précédente, en %

                                            3                                                                                                                        6%
                                                          Climat de consommation (standardisé)
                                                          CA du commerce de détail réels (moyenne de trois trimestres, échelle de droite)
                                            2                                                                                                                        4.5%

                                            1                                                                                                                        3%

                                            0                                                                                                                        1.5%

                                           -1                                                                                                                        0%

                                           -2                                                                                                                        -1.5%

                                           -3                                                                                                                        -3%
                                               1990     1992       1994       1996       1998        2000       2002       2004       2006       2008       2010

                                          Sources: Secrétariat d’Etat à l’économie, Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research

                                         Immigration
Une immigration solide                   La part des dépenses des ménages profitant au commerce de détail est relativement stable
en dépit de la récession                 depuis 2005. En conséquence, la croissance démographique est restée un moteur crucial de la
                                         progression du commerce de détail en 2010. Compte tenu du faible excédent de naissances
                                         recensé en Suisse, cette croissance est principalement imputable à la migration. Comme nous
                                         l’avons montré dans notre Retail Outlook 2010, l’immigration a fortement contribué à la crois-
                                         sance du commerce de détail.2 Une chose est étonnante: même en 2010 – première année
                                         suivant la plus profonde récession subie depuis les années 1970 – près de 55 000 personnes
                                         ont immigré en Suisse selon nos estimations. Qu’il s’agisse alors de nouvelle main-d’œuvre ou
                                         avant tout de regroupement familial consécutif à la vague migratoire des années de boom, le
                                         fait est qu’avec chaque nouvel individu, c’est aussi un nouveau consommateur qui arrive en
                                         Suisse. On peut donc supposer que la solide immigration est l’une des principales raisons pour
                                         lesquelles le commerce de détail est sorti indemne de la récession et a de nouveau recensé des
                                         taux de croissances réjouissants en 2010.

                                         1.3      Chiffres d’affaires du commerce de détail par groupes de produits

Le luxe aussi demandé que                Un coup d’œil sur les chiffres d’affaires par groupes de produits laisse apparaître un grand
durant la haute conjoncture              gagnant en 2010: en termes nominaux, ces chiffres ont augmenté de près de 8% dans le do-
                                         maine des montres et bijoux et compensent ainsi le mauvais exercice 2009, clôturé par un repli
                                         de 2% (figure 3). Le retournement de tendance rapide du segment du luxe témoigne nettement
                                         de la confiance retrouvée des consommateurs début 2010. Autre facteur important, le tou-
                                         risme, qui constitue un débouché de choix pour les horlogers et bijoutiers nationaux. Les nuitées
                                         n’ont augmenté que modestement en 2010, mais le nombre de clients en provenance de
                                         Chine, des pays du Golfe et de l’Australie a affiché une dynamique particulièrement positive. Il
                                         s’agit-là justement des groupes de clients qui génèrent les plus fortes dépenses journalières (de

2   Cf. Retail Outlook 2010, chap. 1.2

                                                                                                                                                        Swiss Issues Branches 7
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                                          300 à 500 CHF en moyenne),3 dont une grande partie dans des montres, accessoires et arti-
                                          cles de mode de prix élevés et porteurs d’image.

Le boom des produits de                   Le commerce électronique a aussi connu un revirement en 2010, avec des chiffres d’affaires
beauté et de soins du corps               en hausse continue de 5% en dépit de prix en recul. C’est tout spécialement la vente spectacu-
touche à sa fin                           laire de Notebooks et de Smartphones qui ont boosté cette croissance. La progression du
                                          commerce de meubles (2%) s’est montrée moins dynamique et a tout juste compensé le chiffre
                                          d’affaires émoussé en 2009. L’évolution du groupe de biens santé, beauté et soins du corps
                                          mérite d’être mise en exergue. En 2010, la croissance durable recensée même durant les pha-
                                          ses de récession s’y est nettement ralentie, ce qui peut notamment s’expliquer par la baisse
                                          des prix, dont ceux des médicaments. Dans le commerce de détail alimentaire et de
                                          l’habillement, qui représentent près de la moitié des chiffres d’affaires du commerce de détail,
                                          les taux de croissance élevés de début 2010 ont légèrement baissé en cours d’année, avec une
                                          volatilité durablement élevée.

                                            Figure 3
                                            Chiffres d’affaires du commerce de détail par groupes de produits
                                            Nominal, valeurs indicielles: 2001 = 100

                                             140           Total                                       Alimentation, tabac
                                                           Habillement, chaussures                     Montres, bijoux
                                             130           Santé, beauté, soins du corps               Meubles
                                                           Electronique
                                             120

                                             110

                                             100

                                               90

                                               80
                                                       2001        2002        2003         2004        2005        2006        2007         2008    2009      2010*

                                            Source: Office fédéral de la statistique; *valeurs 2010 estimées par Credit Suisse Economic Research

Les biens durables ont                    Un examen de l’évolution des composantes tendancielles de la croissance du chiffre d’affaires
franchi leur plancher                     par groupes de produits fait apparaître le schéma classique d’une reprise (figure 4). L’horlogerie
cyclique                                  et bijouterie, en avance sur le cycle, a été le premier groupe à franchir son plancher cyclique,
                                          suivi des biens durables (habillement, meubles et électronique). Biens de consommation cou-
                                          rante, les denrées alimentaires sont moins cycliques et nettement à la traîne dans le cycle de la
                                          consommation. Ainsi, le commerce de détail alimentaire n’a pas encore atteint son plancher
                                          cyclique et se trouve encore dans la phase de taux de croissance en repli. L’évolution actuelle
                                          des courbes de tendance, en particulier l’échelonnement temporel des revirements, présente
                                          des points communs avec la récession consécutive à l’éclatement de la bulle dotcom. Si ce
                                          schéma se répète, le commerce de détail alimentaire, en retard sur le cycle, devrait approcher
                                          du tournant en termes de taux de croissance.

3   Source: Tourism Monitor 2006/2007, publié par Suisse Tourisme.

                                                                                                                                                    Swiss Issues Branches 8
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Figure 4
Cycles de consommation par groupes de produits
Composantes tendancielles de la croissance du chiffre d’affaires (base trimestrielle) par groupes de produits: filtre Hodrick-
Prescott avec λ = 40

    8%

    4%

    0%

                                                                                  Total
  -4%                                                                             Alimentation, tabac
                                                                                  Montres, bijoux
                                                                                  Santé, beauté, soins du corps
  -8%                                                                             Meubles
                                                                                  Electronique
                                                                                  Habillement, chaussures
 -12%
         1T.01      1T.02       1T.03       1T.04       1T.05        1T.06   1T.07        1T.08     1T.09      1T.10

Sources: Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research

                                                                                                      Swiss Issues Branches 9
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2         Conjoncture de la branche 2010: l’offre

                                             2.1        Evolution de l’emploi

Un emploi légèrement                         La tendance durable à la réduction d’effectifs dans le commerce de détail a été interrompue
plus élevé                                   dans les années de boom 2007 et 2008, mais elle a repris en 2009 sous l’influence de la sta-
                                             gnation des chiffres d’affaires. En 2010, la croissance de l’emploi a été relativement faible,
                                             avec 0,7% (figure 5). Durant la dernière décennie, la rude concurrence a été le moteur et le
                                             progrès technologique le carburant de nettes augmentations de la productivité dans la branche.
                                             Selon les premières estimations, la productivité du travail aurait reculé, pour la première fois
                                             depuis les années 1990, d’environ 2,7%.4 Nous ne pensons pas que cela indique que les dé-
                                             taillants font une pause dans leurs efforts d’accroissement de la productivité. Nous expliquons
                                             plutôt ce phénomène par le fait que la création de valeur brute de la branche a réagi plus forte-
                                             ment à l’effondrement économique que l’effectif d’employés. Inversement, le même effet
                                             devrait mener en 2010 à une augmentation de près de 3% de la productivité du travail.

                                                Figure 5
                                                Emploi et productivité du travail
                                                Variation par rapport à l’année précédente en %

                                                  8%
                                                               Emploi commerce de détail (équivalents plein temps)
                                                               Productivité du travail du commerce de détail (nominale)
                                                  6%

                                                  4%

                                                  2%

                                                  0%

                                                 -2%

                                                 -4%
                                                           2001        2002         2003        2004        2005        2006         2007        2008      2009          2010*

                                                Source: Office fédéral de la statistique; *valeurs 2010 estimées par Credit Suisse Economic Research

                                             2.2        Evolution des prix

La baisse des prix grève                     La récession n’a certes pas amenuisé les chiffres d’affaires du commerce de détail mais, à
le chiffre d’affaires                        partir de la mi-2009, elle s’est traduite par une baisse des prix (figure 6). Depuis plusieurs
                                             trimestres, les chiffres d’affaires nominaux sont inférieurs aux chiffres réels, ce qui se reflète
                                             aussi dans les livres des détaillants. Tandis que les commerçants de détail ne font pas ou peu
                                             mention de leurs chiffres d’affaires en hausse, les grands distributeurs, par exemple, attirent
                                             l’attention sur les progressions corrigées de l’influence des prix dans leurs rapports actuels. Ain-
                                             si, à propos des faibles chiffres d’affaires de ses sociétés coopératives, Migros a déclaré: «Les
                                             volumes vendus ont progressé par rapport à l’année dernière, mais les remises de plus de 300
                                             millions de CHF accordées sur l’ensemble de la gamme de produits ont eu des conséquences
                                             sur le chiffre d’affaires.» Les produits alimentaires figurent parmi les groupes de biens qui ont
                                             enregistré en 2010 la plus forte baisse. Cela reflète principalement la rude concurrence entre

4   Les chiffres relatifs à la productivité du travail se rapportent au commerce de gros et de détail. Il n’existe pas de données séparées pour le commerce de détail.

                                                                                                                                                        Swiss Issues Branches 10
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                           les fournisseurs, liée une fois de plus aux baisses de prix communiquées dans les médias et aux
                           garanties de prix bas.

Des PC moins chers, des    La chute de prix la plus marquante est recensée depuis des années dans l’électronique, où les
vêtements plus coûteux     innovations et des cycles de modèles courts veillent à ce que les consommateurs obtiennent
                           une qualité toujours meilleure pour le même budget. Le commerce de détail de l’habillement, en
                           revanche, est la seule sous-branche dans laquelle la tendance au renchérissement de la haute
                           conjoncture a pu échapper à la récession. En 2009, les prix ont augmenté de 2,4% et en 2010
                           à nouveau d'un pourcent.

La consommation en         Considéré sur l’ensemble de la branche, les principaux concurrents des détaillants sont à cher-
dehors du commerce de      cher en dehors du commerce de détail. Car dans la lutte pour le «Share of Wallet» auprès des
détail: une concurrence    consommateurs, les dépenses consacrées aux loisirs, à l’habitat, à l’énergie et au transport
pour la branche            occupent une place importante. Or ce sont précisément ces trois dernières catégories qui ont
                           affiché des augmentations remarquables des prix au cours de ces dernières années (figure 6).

                            Figure 6
                            Evolution des prix par groupes de produits
                            Variation par rapport à l’année précédente en %

                               6%

                               4%

                               2%

                               0%

                              -2%

                              -4%

                              -6%

                              -8%

                             -10%            Alimentation                                Habillement, chaussures
                             -12%            Santé, beauté, soins du corps               Electronique
                                             Logement, énergie, transport                Total commerce de détail
                             -14%
                                        2001        2002         2003        2004        2005        2006        2007        2008      2009      2010*

                            Source: Office fédéral de la statistique; *valeurs 2010 estimées par Credit Suisse Economic Research

Les commerçants répercu-   La forte revalorisation du franc a propulsé les détaillants ingénieux dans l’offensive de commu-
tent les faibles prix à    nication: Coop, par exemple, a fait savoir en juillet 2010 que 300 articles importés seraient ven-
l’importation sur leurs    dus durant l’année avec une remise de 10% en moyenne. Effectivement, la stagnation voire la
clients                    légère baisse des prix à la consommation dans de grandes parties de la branche indiquent que
                           les commerçants ont répercuté sur les clients une certaine partie des économies réalisées dans
                           les biens à l’importation. Après de nombreuses années de recul, la force du franc annonce une
                           recrudescence du tourisme des achats dans les pays limitrophes. Dans une étude de marché
                           réalisée en 2009, Coop a évalué l’ampleur de ce tourisme à quelque 1,8 milliard de CHF; ce
                           qui signifie que 1.8% des ’un franc sur cinquante-quatre revient à l’étranger dans le commerce
                           de détail. Il n’existe malheureusement pas de chiffres concrets à l’heure actuelle, mais les indi-
                           cateurs suivants laissent présager une augmentation.

Les commerçants proches    (1) Durant les 9 premiers mois de 2010, les achats dans la zone euro ont été d’environ 10%
des frontières sentent     moins chers en raison du cours de change. 59% des personnes interrogées dans le cadre de
le franc fort              l’étude Coop ont indiqué les prix plus bas comme principal motif d’achat à l’étranger. (2) A la
                           douane allemande de Weil am Rhein et de Rheinfelden, les attestations d’exportation remplies
                           au premier semestre 2010 pour les achats privés ont augmenté de près de 10% par rapport à
                           l’année précédente. (3) Divers commerçants suisses proches des frontières recensent de nets
                           reculs de leurs chiffres d’affaires, entre autres parce que les frontaliers étrangers achètent
                           moins en Suisse. Tandis que les emplacements proches des frontières, en particulier, accusent

                                                                                                                                    Swiss Issues Branches 11
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                                          des pertes dans les biens de consommation quotidienne, les commerçants du domaine non ali-
                                          mentaire spécialisés dans les biens durables à prix élevés, comme les meubles ou les appareils
                                          de sport, devraient sentir l’effet du franc fort dans toute la Suisse. Le marché automobile en est
                                          le meilleur exemple. En 2010, les importations directes de voitures de tourisme neuves ont à
                                          peu près doublé, mais leur part de marché demeure sur une plage de pourcentage basse à un
                                          chiffre.

                                          2.3      Situation sur le marché alimentaire

Migros et Coop: stagnation                Après des années de rachats spectaculaires et de corrections du marché, il y a eu peu de gros
à un niveau très élevé                    coups en 2010 dans le commerce de détail alimentaire. Depuis les reprises de Denner et des
                                          sites Carrefour, les grands distributeurs locaux Migros et Coop s’efforcent de digérer les acqui-
                                          sitions et d’optimiser le réseau de points de vente ainsi que la politique d’assortiment. Pour des
                                          raisons relevant du droit de la concurrence, de nouvelles acquisitions sont temporairement ex-
                                          clues, et une expansion importante de la surface de vente semble peu indiquée actuellement
                                          compte tenu de la saturation du marché et de l’expansion des discounters. Les reprises réali-
                                          sées portent leurs fruits. Les anciens sites Carrefour ont certes connu quelques ratés initiaux;
                                          selon ses propres indications, Coop n’a réalisé en 2008 que quelque 65% du chiffre d’affaires
                                          antérieur de Carrefour. Mais ces chiffres ont grimpé de 18% en 2009 dans le segment mégas-
                                          tore de Coop. Denner, filiale de Migros, a réussi, en dépit de la concurrence croissante du dis-
                                          count, à surpasser la moyenne de la branche. En 2009, son chiffre d’affaires a augmenté de
                                          2,6%, franchissant pour la première fois le seuil des 3 milliards. Ainsi, Denner fait partie des
                                          champions de cette décennie en matière de croissance; en 2000, son chiffre d’affaire n’était
                                          encore que de 1,2 milliard de CHF. Etant donné la saturation du marché local, les deux grands
                                          distributeurs s’efforcent de renforcer leurs engagements à l’étranger. Comme le commerce de
                                          détail est également âprement disputé et saturé dans le reste de l’Europe, à l’exception des
                                          marchés en croissance d’Europe de l’Est, ils se concentrent sur d’autres domaines: Coop sur le
                                          commerce de gros (reprise de Transgourmet), Migros essentiellement sur ses propres entre-
                                          prises industrielles (p. ex. lancement du système de capsules de café Cremesso en Corée du
                                          Sud).

Migros et Coop: une forte                 Coop comme Migros œuvrent assidûment à la croissance de leurs formats convenience. Ce
croissance de la                          marché semble encore loin d’avoir atteint la limite de saturation. En 2009, le leader du marché,
convenience                               Coop Pronto, a accru ses ventes de 12% et augmenté la productivité des surfaces à 25 100
                                          CHF par mètre carré; cela correspond à deux fois et demi un mégastore Coop. La joint venture
                                          Migros-Valora Avec n’a jamais vraiment tourné à plein régime, mais elle a vite rattrapé son re-
                                          tard grâce au nouveau format Migrolino. Après son lancement fin 2008, on comptait déjà deux
                                          ans plus tard 164 magasins Migrolino, dont les chiffres d’affaires ne sont toutefois pas connus.
                                          Dans le segment des petits supermarchés également, Migros est moins bien positionnée que
                                          Coop,5 mais elle accroît le format de petits magasins VOI à une vingtaine de sites. Si le concept
                                          de la coopérative Migros-Aare géré selon le système de franchise fait ses preuves, VOI devrait
                                          pouvoir être lancé dans toute la Suisse. En ce qui concerne l’assortiment des grands distribu-
                                          teurs, on peut noter que le chiffre d’affaires des gammes de prix durablement bas M-Budget et
                                          Prix Garantie ont stagné ou légèrement régressé durant l’année de récession 2009. Cela
                                          s’explique par le fait que, d’une part, ces deux gammes n’ont pas été élargies et que, d’autre
                                          part, l’activité publicitaire a été considérablement réduite. La raison semble évidente: comme
                                          Aldi et Lidl affichent une présence croissante en Suisse, des gammes à bas prix ne suffisent
                                          plus à elles seules à attirer des clients supplémentaires. Et l’on ne veut pas non plus trop choyer
                                          les clients fidèles avec des prix bas parce que ces derniers saperont alors les chiffres d’affaires
                                          des produits aux marges supérieures.

Aldi et Lidl: cap sur                     Aldi et Lidl poursuivent leur expansion de façon conséquente. Fin 2010, Aldi dispose déjà en
l’expansion                               Suisse de 132 succursales, et Lidl en recense 60. Durant la première année suivant son entrée
                                          sur le marché, Lidl a ouvert des magasins en Suisse romande, où Aldi opère déjà avec succès
                                          et jouit d’une forte notoriété. Pour Lidl, la percée en Suisse romande est liée à quelques com-

5   En 2009, Migros comptait, dans la plus petite catégorie de magasins, 292 magasins M-Migros, dotés d’une surface moyenne de 671 m2. Dans la même année, Coop
    disposait de 518 supermarchés A, dont la superficie moyenne s’élève à 543 m2.

                                                                                                                                         Swiss Issues Branches 12
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                                             plications logistiques, car la construction du centre de distribution à Sévaz, près de Payerne, a
                                             pris du retard, de sorte que toutes les succursales doivent être livrées jusqu’à nouvel ordre de-
                                             puis Weinfelden. Mais les deux discounters sont sur le cap de l’expansion. Comme les chiffres
                                             correspondants font défaut, il est difficile de dire s’il en va de même en ce qui concerne le chif-
                                             fre d’affaires. En 2010, Aldi et Lidl devraient avoir réalisé un chiffre d’affaires de près de 2
                                             milliards de CHF, détenant ainsi une part de marché d’environ 4% dans le commerce de détail
                                             alimentaire. Toutefois, en dépit de leurs efforts publicitaires considérables, les deux discounters
                                             n’ont pas encore réussi à convaincre les consommateurs dans le domaine des «soft factors».
                                             Selon une étude réalisée début 2010 par GfK Suisse, Aldi et Lidl remportaient, dans la question
                                             relative à la compétence en termes de fraîcheur, à la «Swissness», à la durabilité et à la sympa-
                                             thie, des notes inférieures à celles de la concurrence locale.

Spar et Volg s’affirment                     En dépit des bouleversements du commerce de détail alimentaire, Volg, le spécialiste des
avec succès                                  magasins de village, et Spar, la chaîne de supermarchés, ont réussi, modestement mais cons-
                                             tamment, à accroître d’année en année leur chiffre d’affaires. Ces deux fournisseurs livrent
                                             aussi, en tant que grossistes, des détaillants indépendants. Spar a pu élargir cette activité en
                                             2010 et devrait pour la première fois, en tant que groupe, dépasser la barre des milliards, cela
                                             étant dû à la centaine de détaillants du format magasin de village «Treffpunkt» et aux 43 maga-
                                             sins de la coopérative de Suisse romande «Mini-Marché» qui, fin 2009 et début 2010, respecti-
                                             vement, se sont séparés de leur fournisseur Distribution Suisse, affaibli par des difficultés éco-
                                             nomiques, pour se rallier à Spar.

                                             2.4       Evénements et tendances sélectionnés dans le domaine non alimentaire

Non alimentaire: les four-                   Le commerce de détail non alimentaire se distingue fondamentalement du domaine alimentaire:
nisseurs à bon marché sont                   les fournisseurs étrangers se sont imposés plus tôt et les fournisseurs à bas prix sont fréquen-
établis depuis plusieurs                     tés par une plus large couche de consommateurs. Nous avons déjà exposé les tendances inter-
années                                       branches dans le non food – polarisation, verticalisation et succursalisation – dans le dernier
                                             Retail Outlook.6 A cette occasion, nous aimerions commenter trois tendances et événements
                                             sélectionnés du commerce de détail non alimentaire en 2010:

La vente par correspon-                      Vente par correspondance: En 2009, le géant allemand de la VPC, Quelle, a fait faillite. La
dance peut-elle profiter                     fermeture de la filiale suisse, qui gère entre autres la marque de tradition Ackermann, a été
du boom en ligne?                            annoncée en janvier 2010. A la suite de la fermeture du site d’Ackermann à Entlebuch, de
                                             nombreux emplois ont disparu dès 2006. Récemment, l’histoire agitée d’Ackermann a reflété
                                             les transformations structurelles à l’œuvre au sein de la branche de la VPC. A l’origine, ce sec-
                                             teur incarnait la tendance aux achats en toute tranquillité «depuis son canapé». En effet, le
                                             commerce par correspondance et par Internet est, dans l’ensemble, un marché en croissance.
                                             Avec un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de francs (2009), le secteur détient une part de mar-
                                             ché de près de 3,6% du commerce de détail en Suisse, le segment traditionnel de l’habillement
                                             représentant même 9% des ventes. Néanmoins, l’accent se déplace de plus en plus de la vente
                                             traditionnelle par correspondance universelle, avec une gamme de grands magasins comme
                                             celle d’Ackermann, vers des magasins offrant des produits spécialisés exclusivement en ligne.
                                             Internet est le moteur de ces mutations structurelles. D’une part, le web a fourni aux maisons
                                             de vente par catalogue traditionnelles un circuit de communication et de distribution supplémen-
                                             taire. La part des commandes sur Internet est passée d’un taux annuel marginal de 2,5% en
                                             2002 à 52% en 2009. Ainsi, la frontière entre la vente par catalogue et Internet est de moins
                                             en moins nette. D’autre part, le web facilite la comparaison des prix et des produits et réduit
                                             ainsi la fidélité des clients envers un prestataire privilégié. L’importance d’une clientèle tradition-
                                             nelle loyale effectuant ses achats exclusivement par catalogue diminue donc massivement.

Media Markt va-t-il réussir à                Commerce électronique: La tendance aux achats en ligne perdurera avant tout dans les
percer dans le canal de                      branches telles que le commerce électronique, où de nombreux fournisseurs peuvent proposer
vente en ligne?                              un bien identique. Le «vol des conseils» qu’ils prodiguent devient un réel défi pour les magasins
                                             spécialisés: les consommateurs viennent chercher un conseil gratuit en boutique avant de se
                                             fournir auprès du vendeur en ligne qui pratique des prix imbattables grâce au faible montant des

6   Cf. Retail Outlook 2010, chap. 2.4. Le thème de la succursalisation est traité plus en détail au chapitre 2.5 dans le cadre d’un complément.

                                                                                                                                                   Swiss Issues Branches 13
Economic Research

                                             frais de personnel et de locaux. Des commissions de conseil, telles qu’elles existent par exem-
                                             ple dans les agences de voyage, sont un concept irréaliste pour le commerce de détail. Les
                                             magasins spécialisés n’ont d’autre solution que de convaincre par le biais d’un conseil compé-
                                             tent et de justifier le prix plus cher par un service innovant. Mais dans l’intervalle, la plupart des
                                             chaînes électroniques proposent aussi un canal de vente en ligne. Cela ne résout pas le pro-
                                             blème du «vol des conseils»; les clients sensibles aux prix s’approvisionneront toujours auprès du
                                             fournisseur meilleur marché. Mais cela permet d’atteindre les consommateurs qui achètent en
                                             toute commodité à domicile, sans vouloir pour autant renoncer à la présence d’un interlocuteur
                                             dans le magasin, par exemple pour un cas de garantie. Seul le numéro deux de Suisse, Media
                                             Markt, fait encore preuve de retenue. Il souhaite d’abord attendre les expériences faites au ni-
                                             veau des plates-formes en ligne lancées en 2010 en Autriche et aux Pays-Bas.

Le parlement suisse va-t-il                  Commerce du livre: En 2007, le prix unique du livre a été abrogé en Suisse. Celui-ci, notons-
aider Amazon à                               le, ne s’appliquait qu’aux livres de langue allemande et avait réussi à perdurer en tant que re-
s’approprier un                              lique du monde des cartels des années 1980 – il suffit de penser au cartel de la bière –
avantage publicitaire?                       jusqu’au nouveau millénaire. Malgré les expériences tout à fait positives réalisées avec des prix
                                             libres, la réintroduction de prix obligatoires fait à nouveau l’objet d’une discussion au parlement
                                             en 2010. Même si, à l’avenir, les fournisseurs ne devaient plus être autorisés à octroyer des ra-
                                             bais sur le prix au catalogue, cette obligation ne parviendra pas à juguler la concentration du
                                             marché et la disparition des magasins indépendants. Comme il serait difficile, pour des raisons
                                             techniques et juridiques, d'imposer le prix unique du livre au commerce online étranger, le ga-
                                             gnant d’une réintroduction serait de toute façon la filiale allemande d'Amazon, qui fait déjà pres-
                                             sion sur la branche par des prix attractifs. Compte tenu des mutations technologiques sous
                                             forme de commerce en ligne et d’e-readers, la réintroduction des prix obligatoires aurait un effet
                                             boomerang pour le commerce du livre.

                                             2.5        Complément: succursalisation

97% des salariés des                         L’expansion des chaînes de succursales progresse inéluctablement dans le commerce de détail
grands magasins travaillent                  suisse. La figure 7 montre l’étendue de la succursalisation dans des sous-branches sélection-
dans une entreprise                          nées.7 La longueur de la barre correspond au degré de succursalisation, c’est-à-dire à la part
multi-sites                                  d’employés qui travaillent dans une entreprise détenant au moins une succursale. Ce pourcen-
                                             tage est ensuite groupé en fonction du nombre de succursales des entreprises multi-sites. On
                                             ne s’étonnera pas de constater que le segment des grands magasins et des supermarchés est
                                             le plus fortement succursalisé, avec un pourcentage de 97% et 87%, respectivement, suivi du
                                             commerce des chaussures, de la parfumerie et de l’habillement. La succursalisation la plus
                                             faible est recensée dans le commerce alimentaire spécial (p. ex. boulangeries ou boucheries),
                                             où 69% des employés travaillent dans une entreprise sans succursale.

Une structure polarisée                      Etant donné que dans les chaînes de magasins opérant selon le système de franchising, les
dans les kiosques                            franchisés sont recensés dans la statistique comme entreprises indépendantes, le degré de
                                             succursalisation des pharmacies et drogueries est faible, soit 34%. De nombreux magasins
                                             indépendants se sont rattachés dans cette branche à un format de franchise comme TopPharm
                                             ou Impuls. La polarisation est intéressante dans les kiosques: 40% des salariés travaillent dans
                                             un kiosque individuel, 58% dans une entreprise de plus de 100 succursales. Entre les deux, il
                                             n’y a pratiquement rien. Cela reflète la domination des deux chaînes de kiosques leaders, Valora
                                             et Naville.

7   L’analyse repose sur le recensement d’entreprise 2008 de l’Office fédéral de la statistique et n’inclut pour cette raison que les entreprises et leurs succursales en Suisse.

                                                                                                                                                      Swiss Issues Branches 14
Economic Research

                           Figure 7
                           Degré de succursalisation 2008
                           Part d’emploi des entreprises multi-sites dans l’ensemble de l’emploi de la branche en %, groupés par le nombre de succur-
                           sales par entreprise

                                                    Grands magasins
                                  Supermarchés/magasins de village
                                           Commerce de chaussures
                                                         Parfumeries
                                          Commerce de l’habillement
                                                             Kiosques
                                                 Commerce de livres
                                             Commerce de meubles
                                        Commerce de détail TOTAL
                             Magasins de construction et de bricolage
                                     Commerce de montres et bijoux
                                                             Opticiens
                                Commerce d'appareils électroniques
                                                                                                                      1-9 succursales
                                                   Magasins de sport
                                                           Papeteries                                                 10-99 succursales
                                           Pharmacies et drogueries
                            Commerce de détail spécialisé alimentation                                                Plus de 100 succursales

                                                                              0%            20%           40%      60%             80%         100%

                           Sources: Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research

Les branches faiblement   Entre 1998 et 2008, la succursalisation a augmenté dans presque toutes les sous-branches du
succursalisées se         commerce de détail (figure 8), à l’exception des grands magasins, des parfumeries et des kios-
rattrapent                ques. Dans ces derniers, le degré de succursalisation a baissé de 9 points de pourcentage (pp),
                          ce qui est dû entre autres à la nette réduction du réseau de succursales de Valora durant la
                          décennie sous revue. C’est dans les sous-branches assez faiblement succursalisées que le de-
                          gré de succursalisation a le plus fortement augmenté.

                           Figure 8
                           Degré de succursalisation: chiffres
                                                                                                                   Variation        Nombre moyen
                                                                           Degré de suc-        Degré de suc-
                                                                                                                  1998–2008         de magasins par
                                                                           cursalisation        cursalisation
                                                                                                                (points de pour-    chaînes de suc-
                                                                               1998                 2008
                                                                                                                   centage)            cursales
                            Magasins de sport                                    21%                    37%          16%                   4
                            Pharmacies et drogueries                             21%                    34%          13%                   6
                            Commerce du livre                                    46%                    59%          13%                   6
                            Commerce de meubles                                  43%                    55%          12%                   4
                            Magasins de construction et de bricolage             42%                    51%           9%                   5
                            Opticiens                                            31%                    39%           8%                   6
                            Papeteries                                           29%                    35%           6%                   4
                            Commerce de l’habillement                            62%                    67%           5%                   8
                            Commerce de montres et bijoux                        44%                    48%           4%                   4
                            Commerce d'appareils électroniques                   34%                    39%           5%                   4
                            Commerce de chaussures                               79%                    83%           4%                  18
                            Commerce de détail spécialisé alimentation           27%                    31%           4%                   3
                            Commerce de détail total                             52%                    55%           3%                   8
                            Supermarchés/magasins de village et de
                                                                                 85%                    87%           2%                  31
                            quartier
                            Grands magasins                                      99%                    97%          –2%                  19
                            Parfumeries                                          72%                    70%          –2%                  22
                            Kiosques                                             69%                    60%          –9%                  66

                           Sources: Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research

                                                                                                                             Swiss Issues Branches 15
Economic Research

Commerce de sport:         Dans le commerce de sport (+16 pp), les chaînes ont connu une expansion vertigineuse entre
expansion vertigineuse     1998 et 2008 – principalement Athleticum, SportXX et Ochsner Sport. Décathlon, le fournis-
                           seur français à bas prix, prévoit en outre une entrée sur le marché suisse. Dans le même
                           temps, le nombre de magasins spécialisés indépendants a nettement reculé. Dans les pharma-
                           cies et les drogueries (+13 pp), le groupe Galenica est sur la voie de l’expansion avec Amavita
                           et Sun Store et élargit constamment la chaîne Vitality dans le cadre de la joint venture avec
                           Coop. Le taux de succursalisation croissant dans le commerce du livre (+13 pp) reflète essen-
                           tiellement la disparition des librairies indépendantes. Même dans le commerce alimentaire, qui
                           était déjà fortement succursalisé en 1998, le taux de succursalisation a encore augmenté de 2
                           pp. La forte expansion d’Aldi et de Lidl, qui n’est pas encore prise en compte dans les chiffres
                           ci-dessous, devrait encore faire grimper le degré de succursalisation.

La succursalisation, une   La succursalisation est la grande tendance qui embrasse toutes les branches du commerce de
grande tendance            détail. Les coauteurs, Fuhrer & Hotz, consacrent trois encadrés avec des portraits de commer-
embrassant dans            çants prospères à une question centrale, à savoir comment les magasins spécialisés indépen-
toutes les branches        dants parviennent à s’affirmer dans un contexte de plus en plus succursalisé, et quelles straté-
                           gies commerciales contribuent à leur succès. Vous trouverez un exemple de cas issu du com-
                           merce du sport ci-dessous, un autre relevant du commerce alimentaire à la page 19 et un der-
                           nier provenant du secteur optique à la page 20. Enfin, l’encadré présenté à la page 24 re-
                           groupe les principaux résultats, dans l’esprit de conseils d’action.

                             Magasins de sport: «Sports for fun»                                    Exemple pratique 1
                             L’évolution recensée dans le commerce du sport est marquée par la forte expansion des
                             surfaces des chaînes succursalisées; dans aucune autre branche le degré de filialisation
                             n’a augmenté aussi fortement entre 1998 et 2008 (figure 8). La concurrence ainsi intensi-
                             fiée laisse des traces parmi les fournisseurs traditionnels. Les magasins de sport indépen-
                             dants, évincés en multiples endroits, ne parviendront à réaliser à l’avenir les chiffres
                             d’affaires et les rendements souhaités qu’au prix de stratégies bien pensées.

                             SIRO-Sport AG à Winterthur, ou plutôt ses propriétaires, Ernst Gmür et Roger Stäheli, ont
                             identifié le problème depuis longtemps déjà et mis en place au fil des ans une stratégie
                             clairement axée sur les domaines «Outdoor & Travel», «Snow & Powder», «Run & Walk»,
                             «Style & Fashion» ainsi que «Team & Spirit». Simultanément, ils tirent profit des avantages
                             que leur offre, à eux-mêmes et aux quelque 260 magasins spécialisés indépendants qui
                             leur sont rattachés dans toute la Suisse, une organisation centrale. Fidèle au credo de la
                             société «Sports for fun», l’équipe SIRO-Sport convainc par une longue expérience, en théo-
                             rie comme en pratique, assortie de la passion du sport et d’une forte flexibilité dans le do-
                             maine des services et des prestations. Pour que ces attributs deviennent aussi visibles pour
                             le consommateur, le petit magasin – comparé à la concurrence succursalisée –, niché au
                             centre-ville sur une surface de 350 m2, est adapté en permanence aux nouveaux dévelop-
                             pements dans les domaines spécialisés. Par ailleurs, l’entreprise propose régulièrement à
                             la clientèle des cours ciblés comme des randonnées en raquettes pour différents niveaux
                             ou des événements outdoor spéciaux, et ce avec des spécialistes chevronnés issus de ses
                             propres rangs. Cela renforce aussi le profil et la compétence.

                             Une longue expérience en théorie et en pratique
                             Il s’est avéré que la haute crédibilité d’un entrepreneur indépendant qui est liée aux activi-
                             tés susmentionnées et une marque faîtière forte à l’aura nationale et même internationale
                             constituent vers l’extérieur une combinaison idéale pour affirmer sa spécialisation et se
                             démarquer des grandes chaînes de succursales de sport. Et vers l’intérieur également, les
                             responsables de SIRO-Sport AG apprécient les atouts d’une organisation de service cen-
                             trale et de ses prestations groupées découlant d’un partenariat de franchising, que ce soit
                             dans le domaine de l’IT et des prestations financières, des marques exclusives, de
                             l’optimisation des sites et de l’assortiment, dans la réalisation de campagnes marketing ou
                             encore de la formation à tous les thèmes importants pour le succès de l’activité com-
                             merciale.

                             Source: Fuhrer & Hotz

                                                                                                        Swiss Issues Branches 16
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3            Dossier spécial:
             L’évolution géographique du commerce de détail entre 1998 et 2008

                                                 3.1       Mutation structurelle régionale dans le commerce de détail

L’emplacement, facteur                           Pour le commerce de détail, la question de l’emplacement est essentielle comme dans peu
central du commerce de                           d’autres branches. A lui seul, le micro-emplacement d’un magasin, avec des critères tels que
détail                                           l’accessibilité ou les flux de passants, peut décider du succès ou de l’échec commercial. Dans
                                                 le choix du site, des réflexions se rapportant au macro-emplacement, telles que la taille de la
                                                 zone d’achalandage, la concurrence existante et le pouvoir d’achat, jouent aussi un rôle majeur.
                                                 Par conséquent, toutes les évolutions de la branche disposent aussi toujours d’une dimension
                                                 géographique. Existe-t-il des schémas régionaux spécifiques pour la mutation structurelle de
                                                 commerce de détail suisse? Quelle est la densité d’offre dans les régions? Voilà les questions
                                                 que nous souhaitons approfondir dans ce dossier spécial. Grâce au recensement des entrepri-
                                                 ses de l’Office fédéral de la statistique – enquête exhaustive de 2008 auprès d’entreprises
                                                 suisses – nous disposons pour ce faire de chiffres détaillés.

                                                 3.1.1 Mutation structurelle dans l’ensemble du commerce de détail

Les régions périphériques à                      Le processus d’évincement au sein du commerce de détail helvétique est un phénomène bien
faible intensité touristique                     connu: les supermarchés disputent des parts de marché aux magasins de village classiques, les
sont les plus concernées                         fournisseurs de systèmes et les Convenience-Stores foisonnent dans le commerce alimentaire
                                                 de petite surface et les chaînes de succursales supplantent les prestataires indépendants dans
                                                 le domaine non alimentaire. Ces évolutions ont conduit à un assainissement structurel massif.
                                                 Entre 1998 et 2008, le nombre de commerces a reculé de 6300, soit 11,4%. Dans le même
                                                 temps, les magasins restants se sont agrandis et sont devenus plus efficients. Durant cette dé-
                                                 cennie, l’emploi n’a augmenté que de façon minime, soit de 1,7%. Si l’on applique cette muta-
                                                 tion structurelle à l’échelle des régions8, on constate un recul du nombre des commerces dans
                                                 presque toute la Suisse (figure 9), surtout dans les régions périphériques peu touristiques telles
                                                 que le Toggenbourg, le Misox, la Leventina supérieure, le Haut-Valais et certaines vallées de
                                                 l’Arc jurassien (Vallée de Joux, Val-de-Travers, Jura bernois, Thal). Dans ces régions, le repli de
                                                 l’emploi a aussi été considérable (figure 10).

    Figure 9                                                                                Figure 10
    Commerce de détail dans son ensemble                                                    Commerce de détail dans son ensemble
    Variation du nombre de commerces 1998–2008                                              Variation de l’emploi 1998–2008

        > 50%                                                                     < -2.5%       > 50%                                                                     < -2.5%
        > 25%                                                                     < -5%         > 25%                                                                     < -5%
        > 20%                                                                     < -7.5%       > 20%                                                                     < -7.5%
        > 10%                                                                     < -10%        > 10%                                                                     < -10%
        > 7.5%                                                                    < -20%        > 7.5%                                                                    < -20%
        > 5%                                                                      < -25%        > 5%                                                                      < -25%
        > 2.5%                                                                    < -50%        > 2.5%                                                                    < -50%
        -2.5% - 2.5%                                                                            -2.5% - 2.5%

    Sources: Office fédéral de la statistique, Geostat, Credit Suisse Economic Research     Sources: Office fédéral de la statistique, Geostat, Credit Suisse Economic Research

8     La subdivision de la Suisse en 110 régions économiques repose sur le concept des Economic Regions (ER) de Credit Suisse Economic Research. Vous trouverez la lé-
      gende pour toutes les cartes dans l'annexe de l'étude, publiée sous www.credit-suisse.com/research.

                                                                                                                                                      Swiss Issues Branches 17
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