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MAI CO MME NT L E DR OIT RÉGIT-IL LA FRON TIÈRE EN TRE V I E S PR O F E SSI ON N ELLE ET PRIVÉE D AN S LE V OYAGE D ’AFFAIRES? Les nouvelles technologies ont un impact sur le traitement des données liées au voyageur d’affaires. Pour régir ces évolutions, le droit se voit également transformé. Le nouveau Règlement général sur la protection des données définit les règles de protection de la data personnelle. Un sujet qu’Emmanuel La deuxième Walle, avocat, est édition du Future venu développer of Business Travel lors du Future of se tenait le 16 Business Travel, avril au Centre de organisé par Conférences Capital 8, TOM. à deux pas du Parc Monceau. Dans ce cadre, Emmanuel Walle, avocat à la Cour d’appel de Paris et Directeur du département du Droit du travail numérique au sein du cabinet Alain Bensoussan, animait une présentation autour de la problématique : « Quelle frontière entre l’obligation d’assistance au voyageur et l’atteinte à la vie privée ? Quels impacts des technologies émergentes sur le plan légal pour l’entreprise ? ». La frontière entre vie privée et vie professionnelle subit l’impact des technologies, introduit Emmanuel Walle. Le droit s’empare de ces nouvelles pratiques et évolue en conséquence. Pour l’avocat, il y a tout intérêt à comprendre cette évolution : « Le voyage d’affaires implique une déterritorialisation des règles de droit. Cela la rend d’autant plus intéressante ». Dans un secteur aux enjeux financiers importants, le Big Data, les agrégateurs ou encore l’intelligence artificielle conduisent au changement. Aujourd’hui, selon Emmanuel Walle, il y a une volonté d’intégration d’un outil personnel dans l’interface professionnelle. Comment le droit encadre-t-il cela ? Un lien permanent Juridiquement, on assiste à une transformation en matière de protection des données. Depuis 2012, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) intègre les technologies dans la préservation de la data à caractère personnel. Il définit un nouveau périmètre pour permettre aux entreprises européennes d’être cohérentes législativement. Un texte de référence qui a par ailleurs été renforcé par la loi pour une République numérique de 2016. « La localisation fait partie des articles phares du RGPD », précise Emmanuel Walle. Désormais, le référentiel qui imposait une obligation de résultat — et donc la responsabilité quant à un accident dans le cadre d’une mission voyage — s’est assoupli. C’est la notion de travail effectif qu’analysent les juges lors d’un contentieux de traçabilité. La jurisprudence n’interdit pas la géolocalisation, mais impose un critère, celui du bouton on / off : « L’utilisateur doit pouvoir se déconnecter de façon intellectuelle et physique, explique l’orateur. Par exemple, il doit pouvoir désactiver son GPS. » 043
Car selon l’intervenant, le changement principal apporté par le digital est qu’il permet de garder un lien permanent avec ses salariés. Un lien qui permet par ailleurs de collecter des données pour apporter des connaissances supplémentaires notamment sur les signaux faibles. « L’obligation est d’informer » Seulement, ce traçage n’est possible que dans des situations précises. Malgré l’assouplissement de la jurisprudence, des garde-fous préservent des abus. Tout d’abord, le délégué à la protection des données (DPO) maintient une obligation de sécurité : lors du déplacement d’un partenaire, des dispositions doivent être prises pour le suivre et intervenir en cas d’imprévu. Le RGPD impose également que la data à caractère personnelle soit déclarée, à travers le DPO. Enfin, ce dernier doit définir la finalité de la traçabilité. Le responsable du traitement des données doit donc en assurer la sécurité, la conformité, la finalité et l’intégrité. Il existe ainsi un droit à la traçabilité, mais qui doit se faire dans le respect du droit à l’oubli. La légitimité des outils est garantie par l’absence de contrôle permanent. «On ne filmerait pas quelqu’un avec une caméra pendant toute sa journée de travail. C’est la même chose dans le voyage d’affaires», développe l’avocat. Avec de nouvelles technologies comme les bots, la traçabilité est plus ou moins marquée et identifiable. « L’obligation est d’informer, expose Emmanuel Walle. Les technologies évoluent tous les jours. En conséquence, le droit évolue tous les jours. » Selon lui, la tendance du BYOD — l’utilisation d’équipements personnels dans un contexte professionnel – est toujours d’actualité. «Leur autorisation n’est pas encore définie. Des hypothèses sont à mettre en place», conclut-il. 044
MA I Q UE L L E E ST L’I NF L UEN C E D U LEISURE SUR LE VOYAGE D’AFFAIRES? Les acteurs du Leisure insufflent-ils un nouveau souffle au Business Travel ? Teoman Colakoglu, Sylvain Andrieu, Jean-Baptiste Goujon et Emmanuel Vergé ont apporté leur décryptage sur le sujet lors d’une table-ronde au Future of Business Travel. « La stratégie de Airbnb, à travers sa plateforme communautaire de confiance, est de placer l’humain au cœur du voyage, a introduit Teoman Colakoglu, Responsable Business Travel d’Airbnb France. Nous voulons que le voyage soit authentique. » Une volonté que la société veut aussi retranscrire dans le milieu professionnel. Pour développer Airbnb for business en 2015 à la demande de la clientèle, la marque s’est d’abord entourée de travel managers : « Nous avons créé la partie business en fonction de leurs requêtes, de leurs attentes ». Par exemple, l’une des priorités abordées était la sécurité des voyageurs. Airbnb a ainsi mis en place une carte interactive afin d’avoir une visibilité sur les déplacements des collaborateurs d’une entreprise. « Les interfaces ont été travaillées avec les partenaires, si bien que nous sommes désormais en capacité de répondre à leurs demandes », explique le responsable du Business Travel dans la société. Chez Uber, la nécessité de mettre en place une plateforme destinée aux professionnels s’est également imposée. D’une application grand public, le service de VTC a développé en 2004 son offre Uber for Business. « Nous avons créé un compte corporate, mais l’application reste la même pour les utilisateurs professionnels », précise Sylvain Andrieu, Head of Partnerships d’Uber France. Et si l’adoption a été rapide chez les voyageurs d’affaires, cela a été plus difficile pour les entreprises : « Il leur faut plus de temps. La solution est vraiment poussée par les clients. », précise t-il. Voyages-sncf.com est quant à elle installée depuis plus longtemps dans le Voyage d’Affaires. Sa clientèle affaires représente d’ailleurs 20% du trafic, selon Jean-Baptiste Goujon, Head of Web Business Rail Market de la filiale SNCF. « Notre objectif est de réconcilier vie personnelle et vie professionnelle », déclare-t-il. Une version beta de l’application devrait été testée cet été, plutôt ciblée vers les TPE et PME afin qu’elles puissent gérer leurs déplacements de façon centralisée. La société Concur, elle, est présente dans le monde corporate depuis plus de 20 ans. Elle observe au sein du secteur l’émergence d’usages de plus en plus loisirs, portés par l’arrivée de ces nouveaux acteurs. « Une course contre la montre » Dans chaque pays, le voyageur d’affaires veut pouvoir utiliser le service qu’il souhaite, assure Emmanuel Vergé. Uber aux Etats-Unis et Didi en Chine par exemple. « Nous assistons à une course contre la montre de la politique voyage entre les entreprises et les nouveaux entrants. Une bataille qui n’est pas prête de s’arrêter. » Selon lui, les acteurs du voyage d’affaires doivent se demander : Quelle doit être ma démarche pour que le voyage soit le plus flexible possible pour le voyageur ? 045
Dans cette optique, Voyages-sncf.com a développé des plateformes de messagerie, avec notamment la création d’un bot. Une option cohérente aussi bien pour un usage personnel que professionnel. «L’ambition de Voyages-sncf.com est de s’ouvrir. Ce sont les collaborateurs, dans leurs usages, qui font bouger les choses. En regardant l’expérience voyage, on peut concevoir des process en conséquence», déclare Jean-Baptiste Goujon. Chez Uber, entreprise technologique, des centaines d’ingénieurs travaillent pour une « innovation constante et continue », selon Sylvain Andrieu. « Il faut être capable d’anticiper en permanence les besoins des clients », ajoute t-il. Des enjeux différents Pour le Directeur Marketing de Concur, il faut davantage faire parler la data car elle agrège et permet la création de nouveaux services dans la localisation, la gestion de la sécurité… Une vision partagée par Sylvain Andrieu : « La personnalisation et le Big Data vont casser les schémas de réservation pour aller vers quelque chose de plus simple ». Uber se voit par ailleurs comme un accompagnateur d’acteurs plus traditionnels, à travers des choix alternatifs. Sur le long terme, l’entreprise imagine une ville libérée de la voiture traditionnelle qui prend de la place, avec un environnement aux multiples services complémentaires. L’enjeu numéro 1 pour Airbnb reste de se faire connaître sur le secteur professionnel. « Nous avons moins d’idées pour la partie business que pour la partie loisirs. Nous réfléchissons tout de même à notre inscription dans l’univers corporate, avec la location d’un logement entier ou des prestations et équipements professionnels… », explique Teoman Colakoglu. « Les transformations sont en cours, observe Emmanuel Vergé. Certaines entreprises vont réussir à entreprendre les changements nécessaires, d’autres non. La bataille de la relation client gagne le marché du corporate. » Pour Teoman Colakoglu, s’il est dur de faire changer les habitudes, l’accueil est bon du côté des utilisateurs. Emmanuel Vergé conclut ainsi : « Maintenant, la question que l’on doit se poser est la suivante : qu’est-ce que nous allons accomplir pour que nos organisations adoptent le changement ? ». 046
M AI LA BL O C K C H AI N, UN CO NCE PT EN VOIE Depuis la création du Bitcoin en DE R É V O L UT I O NNE R LE VOYAGE 2008, la blockchain est en voie de « disrupter » toutes les industries. À D ’ A F FA I RE S l’occasion du FBT organisé par TOM, Jean-Luc Bogros est revenu sur ce concept prometteur afin d’expliquer le principe de la blockchain et comment elle révolutionnera le secteur du Voyage d’affaires. Avec le Big Data et l’IA, la blockchain intégrera les applications utiles au Business Travel Selon Jean-Luc Bogros, Associé de l’entreprise Winn, de nombreux laboratoires et sociétés tels que la sienne travaillent actuellement autour de la blockchain qui, marquant la décentralisation de la data, est en voie de bouleverser l’industrie traditionnelle du Tourisme. En plus de permettre la vérification, la traçabilité et la sécurisation de transactions, la blockchain permet de programmer des « smart contracts ». Ces contrats intelligents sont accessibles par toutes les parties autorisées et leur exécution est donc assidûment authentifiée et vérifiable. Ils sont conçus pour exécuter les termes d’un contrat de façon automatique lorsque certaines conditions sont réunies. Dans un climat de sécurité et de confiance, les smart contracts permettront aux entreprises du Business Travel d’automatiser les réservations et le paiement sur leurs plateformes, par exemple. Pour Jean-Luc Bogros, la blockchain permettra de certifier une réservation sécurisée, désintermédiée et transparente ; payer une réservation selon des critères pré-validés au travers de smart contracts ; capter les early adopters des cryptomonnaies et leur offrir des établissements ; tracer les avis clients certifiés ainsi que les avis des professionnels ; unifier les programmes de fidélité devenus trop nombreux et inopérants ; chaîner les acteurs intervenants lors d’un déplacement en sécurisant l’ensemble des transactions… Toutes ces actions seront possibles et opéreront un réel changement sur le management lié au Business Travel. Aujourd’hui, le voyage d’affaires est « disrupté » par des services et applications inédites. À l’avenir, le secteur sera totalement chamboulé par l’union des technologies basées sur la blockchain, sur le Big Data et sur l’Intelligence Artificielle, exprime l’Associé de Winn. Ces perspectives innovantes « libéreront les contraintes et obligations organisationnelles des voyageurs d’affaires et des entreprises », affirme Jean-Luc Bogros. « Aujourd’hui, tout évolue en fonction de nos obligations ». La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et fonctionnant de manière décentralisée, c’est-à-dire sans organe de contrôle unique. Ce système de vérification, inspiré du concept « peer-to-peer », constitue une base de données publique et distribuée, partagée par les différents utilisateurs d’une même blockchain. Le processus est donc similaire au téléchargement d’un fichier sur Internet comme on pouvait le faire sur Emule il y a quelques années : les fragments de ce fichier sont distribués par des personnes qui l’ont déjà téléchargé. Venant de sources différentes, les morceaux sont ensuite assemblés pour former le fichier dans son intégralité. 047
2 0 1 7 E M B R E NES CI D E C BON C A P U 1 4 I L LO N C A M PAV Première conférence internationale axée sur le tourisme et les nouvelles technologies. Plateforme unique de networking en Europe pour les dirigeants de l’industrie du Tourisme et des Technologies.
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