ROGER NORRINGTON UN INCORRIGIBLE ROMANTIQUE - CLIC MUSIQUE !

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ROGER NORRINGTON UN INCORRIGIBLE ROMANTIQUE - CLIC MUSIQUE !
Clic Musique !                                         ClicMag n° 15
              Votre disquaire classique, jazz, world       Avril 2014

                                Roger Norrington
                                        Un incorrigible romantique

© Manfred Esser

Retrouvez les 15 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !
Sélection Roger Norrington

                             Offre spéciale 30% de réduction* !

L. van Beethoven : Les 9 symphonies                J. Brahms : Les 4 Symphonies                J. Haydn : Les 12 Symphonies            W.A. Mozart : Les Symphonies essen- R. Schumann : Les 4 Symphonies
 Jonas Kaufmann; Iris Vermillion; Camilla           OS de la Radio de Stuttgart; Roger                  londoniennes                              tielles vol. 1-6           OS de la Radio de Stuttgart; Roger
Nylund; Franz-Joseph Selig; OS de la Radio                     Norrington                      OS de la Radio de Stuttgart; Roger         OS de la Radio de Stuttgart; Roger            Norrington
      de Stuttgart; Roger Norrington                                                                      Norrington                                 Norrington
   HAN93089 • 6 CD • 30,07 €                     HAN93267 • 3 SACD • 14,78 €                   HAN93252 • 4 CD • 25,03 €                  HAN93230 • 6 CD • 35,11 €                HAN94602 • 2 CD • 8,23 €

 L. van Beethoven : Missa solemnis                 H. Berlioz : Benvenuto Cellini                H. Berlioz : Requiem, op. 5         H. Berlioz : Les francs-juges, Ouver-        H. Berlioz : L’enfance du Christ,
John Aler; Alastair Miles; Cornelia Kallisch;      OS de la Radio de Stuttgart; Roger        Toby Spence; OS et Chœur de la Radio de ture op. 3, Symphonie fantastique                          op. 25
  Amanda Halgrimson; OS de la Radio de                        Norrington                           Stuttgart; Roger Norrington          OS de la Radio de Stuttgart; Roger         OS de la Radio de Stuttgart; Roger
        Stuttgart; Roger Norrington                                                                                                                Norrington                                 Norrington
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 A. Bruckner : Symphonie n° 3, WAB              A. Bruckner : Symphonie n° 4, WAB            A. Bruckner : Symphonie n° 6, WAB          A. Bruckner : Symphonie n° 7, WAB G. Holst : Les Planètes, op. 32 / Sir E.
                  103                                   104 «Romantique»                                      106                                        107                  Elgar : Sérénade pour cordes, op. 20
    OS de la Radio de Stuttgart; Roger             OS de la Radio de Stuttgart; Roger           OS de la Radio de Stuttgart; Roger         OS de la Radio de Stuttgart; Roger     OS de la Radio de Stuttgart; Roger
               Norrington                                     Norrington                                   Norrington                                 Norrington                             Norrington
   HAN93217 • 1 CD • 10,25 €                      HAN93218 • 1 CD • 10,25 €                    HAN93219 • 1 CD • 10,25 €                  HAN93243 • 1 CD • 10,25 €               HAN93043 • 1 CD • 10,25 €

A. Dvorák : Symphonies n° 7, B. 141 A. Dvorák : Symphonie n° 9, op. 95                       F. Schubert : Symphonies n° 6 et 8         F. Schubert : Symphonies n° 4 et 5      F. Schubert : Symphonie n° 9, D 944;
            et n° 8, B. 163            «Du nouveau monde»; Ouverture                            OS de la radio de Stuttgart; Roger         OS de la radio de Stuttgart; Roger          Die Zauberharfe, D 644
    OS de la Radio de Stuttgart; Roger        Carnaval, op. 92                                             Norrington                                 Norrington                    OS de la Radio de Stuttgart; Roger
               Norrington                      Roger Norrington                                                                                                                                Norrington
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     G. Mahler : Symphonie n° 1                 G. Mahler : Symphonie n° 2 «Resur-              G. Mahler : Symphonie n° 4                  G. Mahler : Symphonie n° 5              G. Mahler : Symphonie n° 9
    OS de la Radio de Stuttgart; Roger                          rection»                     Anu Komsi; OS de la Radio de Stuttgart;       OS de la Radio de Stuttgart; Roger      OS de la Radio de Stuttgart; Roger
               Norrington                        Sibylla Rubens; Iris Vermillion; OS de la            Roger Norrington                                Norrington                              Norrington
                                                   Radio de Stuttgart; Roger Norrington
   HAN93137 • 1 CD • 10,25 €                     HAN93166 • 1 SACD • 10,25 €                   HAN93164 • 1 CD • 10,25 €                  HAN93165 • 1 CD • 10,25 €               HAN93244 • 1 CD • 10,25 €

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Alphabétique

Roger Norrington
Fête son 80ème anniversaire avec hänssler CLASSIC
                                                             coté germanique; Elgar, Ber-           dépends souvent d’une certaine subjec-         Dvorak et la Pathétique de Tchaikovsky,
                                                             lioz,    Dvorak,     Tchaikovski       tivité. C’est aussi un chef anglo saxon        magnifiées par les textures orchestrales
                                                             pour le reste. Romantiques ?           dans la lignée d’Adrian Boult (qui lui         et conduite avec une suprême élégance.
                                                             Soit. On y trouve surtout le           apprit les rudiments du métier) et de          La suite de Casse Noisette virevolte
                                                             répertoire symphonique plus            Colin Davis, tous deux amoureux du             et bénéficie d’une goûteuse énergie.
                                                             quelques pièces orchestrales           texte et respectueux de la forme. Gar-         L’orchestre de la RSO de Stuttgart a
                                                             (ouvertures, suite...) fort bien-      diner et Hogwood furent également              certainement beaucoup appris du chef
                                                             venues. Comme Harnoncourt              des rencontres importantes. Nonobs-            anglais. L’unité d’ensemble et la cohé-
                                                             mais en moins visionnaire,             tant sa fidélité aux textes, sa réflexion      rence des pupitres (exquise et efficace
                                                             Norrington participe du mou-           sur le positionnement de l’orchestre,          petite harmonie !). Tout au long du
                                                             vement « historiquement in-            l’articulation du discours musical, le         coffret, il est irréprochable. Si le style
                                                             formé » de l’interprétation des        dialogue avec chaque pupitre, sa dia-          « droit dans ses bottes » convient bien
                                                             œuvres allant du baroque au            lectique propre; le style d’interprétation     à la symphonie n°4 de Bruckner (Nor-
                                                             romantisme. Débutant par la            de Norrington à ses partisans : rigueur
                                                             tradition allemande : Schütz (il                                                      rington en éclaire la charpente harmo-
                                                                                                    agogique, netteté et précision des plans
                                                             dirige le Schütz choir dans les                                                       nique et conduit chaque mélodie), les
                                                                                                    sonores, tempi aux cordeaux. Et ses dé-
                                                             années 60), il viendra à force                                                        deux symphonies de Mahler manque
                                                                                                    tracteurs : ces qualités virent quelque-
Roger Norrington                                             de diriger divers orchestres à                                                        singulièrement de fond. Il donne une
                                                                                                    fois à l’extrème (comme une vin trop
Les romantiques                                     Bach évidemment, puis Monteverdi et             vert) sécheresse, raideur, voire bruta-
                                                                                                                                                   belle carrure à la fantastique de Berlioz
Œuvres symphoniques de Schubert,                    Haendel. En 1978 il fonde le London             lité, indifférenciation, manque de spon-       mais sans en distiller le mystère. Par
Berlioz, Mendelssohn, Brahms, Brückner,             Classical Players. Il enregistre alors l’in-    tanéité et de naturel. Il renonce ainsi au     contre In the South, l’Introduction et
Dvorák, Tchaikovski, Mahler et Elgar                tégrale des symphonies de Beethoven.                                                           Allegro et les Variations Enigma d’Elgar
                                                                                                    vibrato, symptôme selon lui d’une mode
OS de la radio de Stuttgart; Sir Roger Norrington   Il explore le répertoire symphonique                                                           sont autant de bijoux orchestraux que
                                                                                                    mais aussi de la dégénérescence de l’in-
HAN93313 • 10 CD Hänssler Classic                   de façon chronologique et se consacre           terprétation ; cela, au profit de la clarté    Norrington, en gourmet, se régale de
                                                    enfin à la période romantique du début
A   l’occasion du 80ème anniversaire de                                                             de l’articulation, des plans et de la ligne.   diriger et de nous servir. Sur le plateau
    Roger Norrington, Hänssler publie               du dix neuvième siècle puis à Mahler et         Schubert (la n°9) patît de cette absence       du concert, avec, cerise sur le gâteau,
l’œuvre enregistrée du maestro anglais.             à Bruckner dont il enregistre le corpus         de lyrisme et d’empathie plus que Men-         une prise de son confondante de natu-
Ce coffret intitulé « The Romantics » élé-          symphonique avec le RSO de Stuttgart.           delssohn. L’Italienne et l’Ecossaise sont      rel et de subtilité. Applaudissements
gamment habillé couleur or, comprend                Norrington est un chef qui ausculte et          superbement jouées, la sonorité gagne          pour cette luxueuse édition Hänssler
plusieurs compositeurs : Mendelssohn,               radiographie les partitions pour les            en lumière et la forme en galbe et ron-        et bon anniversaire Sir Norrington !
Schubert, Brahms, Mahler, Bruckner,                 restituer dans leur forme exacte aux            deurs. De même pour la septième de             (Jérôme Angouillant)

                                                    composition de son ultime symphonie,            d’encens et de cathédrale, les parfums         est que plus appolinienne. Les masses
                                                    luttant cinq années pour extraire de            de nature, de fête villageoise, de rires       orchestrales imposantes se sont déli-
                                                    façon définitive le premier mouvement           ; à l’orgue de Saint Florian, l’écho du        tées pour laisser filer les timbres des
                                                    puis terminant son manuscrit au piano.          son du violon qui animait les mariages         instruments, la splendeur des couleurs
                                                    L’orchestration du finale fut réalisée par      de sa jeunesse. La longue exposition-
                                                                                                                                                   et l’éclat de chaque pupitre. N’empêche
                                                    son disciple Ferdinand Löwe. Depuis             réexposition suivie de la longue coda
                                                                                                                                                   nullement les dynamiques d’être extrè-
                                                    le début de son intégrale, Norrington           autour du ré mineur du premier mouve-
                                                    se réfère toujours aux manuscrits ori-          ment, les chromatismes mouvants, les           mement denses voire oppressantes.
                                                    ginaux, restant le plus possible fidèle à       assauts bipolaires du scherzo, les su-         Vision expurgée, raffinée, reliant natu-
Anton Bruckner (1824-1896)                          la source : à la personne de Bruckner           bits silences de l’Adagio et toujours ce       rellement le compositeur à son outil.
Symphonie n° 9, WAB 109                             et aux modes d’ interprétations de              déséquilibre apparent et ce flux et reflux     Cette symphonie problématique en
OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington       l’époque (Knapperbuch, Von Hauseger).           continuel. Interpréter Bruckner n’est ja-      terme d’unité, défile comme un sublime
                                                    Il reprend la version Löwe en respec-           mais un long feuve tranquille. Difficulté      paysage panoramique et changeant,
HAN93273 • 1 CD Hänssler Classic
                                                    tant le nombre d’instruments, le plan           des changements de registres, il faut          empreint d’un attachant esprit roman-
S   i je meurs avant d’avoir terminé
    cette neuvième symphonie, ce sera
la propre faute du Seigneur s’il reçoit
                                                    de l’orchestre, le phrasé, l’articulation,
                                                    évitant les surcharges apportées ulté-
                                                                                                    savoir garder la barre malgré la tempête
                                                                                                    (début du scherzo). Norrington dirige
                                                                                                                                                   tique. Les applaudissements étreints
                                                                                                                                                   et mesurés qui suivent l’agonie du
                                                    rieurement (l’usage du vibrato). Nor-           le luxueux vaisseau amiral du NSO de
une œuvre inachevée » tels sont les                                                                                                                final en disent long sur le respect du
                                                    rington applique ces données à la lettre.       Stuttgart avec une maitrise totale pour
mots du compositeur qui pourraient                  Il refuse de donner dans le religieux ou        arriver à bon port (un serein mi majeur).      public. Et si avec Norrington et Stut-
attester d’une dédicace divine. Juste               le spirituel, préférant mettre l’accent sur     En délaissant tout « Mystérium Tremen-         tgart, nous avions là bientôt une inté-
après l’échec de sa huitième, Bruckner              l’héritage romantique (de Beethoven à           dum » et toute symbolique métaphy-             grale des symphonies exceptionnelle ?
s’identifiant à Beethoven, s’attelle à la           Wagner) et substituer aux ambiances             sique pesante, sa vision de l’œuvre n’en       (Jérôme Angouillant)
                                                    Poplutz; Georg Poplutz; Klaus Mertens; L’arpa   gré une carrière en dents de scie, par-        Wilhelm Friedemann affirme son ori-
                                                    festante; Barockorchester München; Ralf Otto    vint à se créer un idiome personnel, no-       ginalité dès la première cantate, initiée
                                                    CAR83362 • 1 CD Carus                           tamment dans sa musique pour clavier           par un allegro de symphonie au carac-
                                                                                                    solo et dans ses œuvres de chambre. On         tère de fanfare qui se prolonge par un
                                                    A   près le CD consacré à des concerti
                                                        pour clavecin et à des trios (Clic-
                                                    Musique n° 13 Février 2014), l’éditeur
                                                                                                    pourrait supposer que dans un domaine
                                                                                                    où son père avait laissé une empreinte
                                                                                                                                                   chœur en plusieurs sections contras-
                                                                                                                                                   tées. Même symphonie introductive la
                                                                                                    monumentale émaillée de tant de chefs          troisième cantate, et duo de flûtes dans
                                                    Carus poursuit sa série consacrée à W.F         d’œuvre, il aurait plus de difficultés à se    le premier air de la première cantate, et
                                                    Bach par un premier volume de can-              créer un prénom….on constate avec              dans le duo de la troisième. Il semble
                                                    tates. Génie tourmenté, écrasé par le           plaisir à l’écoute de ces œuvres jubila-       avoir eu une prédilection pour cette for-
W. Friedemann Bach (1710-1784)
                                                    génie de son père et les grandes espé-          toires que malgré une parenté inévitable       mation à laquelle il a consacré plusieurs
Cantates, vol. 1                                    rances fondées sur lui par son illustre         de certaines tournures de phrase dans          duos ou trios avec continuo.. Les inter-
Dorothee Mields; Gerhild Romberger; Georg           géniteur, le fils aîné du grand Bach, mal-      les sections chantées principalement,          prètes, dont des solistes chevronnés

                                                                                                                                         www.clicmusique.com  ClicMag avril 2014  3
Alphabétique
de ce répertoire, tels la soprano Doro-      Johann Sebastian Bach (1685-1750)                  d’église, traditionnelle avant tout. Sans
thée Mields ou la basse Klaus Mertens,       Concerto pour orgue, BWV 596; Sonate               génie, avec encore peu d’art mais beau-
nous donnent ici, accompagnés par le         en trio n° 6, BWV 530; Pièce d’orgue,              coup de bonne volonté on voit la future
Chœur Bach de Mayence et l’orchestre         BWV 572; Vier Duetti de Clavierübung III;
                                                                                                compositrice s’essayer à son premier
baroque L’Arpa Restante sous la direc-       Prélude et Fugue, BWV 548
                                             Nicolas-Alexandre Marcotte, orgue (orgue Karl
                                                                                                grand œuvre. C’est par instant assez
tion de Ralf Otto, une lecture précise et
savoureuse de ces perles trop rarement       Wilhelm de l’Eglise Saint-Matthias de Québec)      touchant. L’exécution est plus que mo-
jouées. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)         XXI1713 • 1 CD XXI-21 Productions                  deste, et ce jusque dans sa prise de son.
                                                                                                (Jean-Charles Hoffelé)
                                                                                                                                              Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
                                                                                                                                              Quatuors à cordes n° 1 et n° 8 / N. Mias-
                                                                                                                                              kovski : Quatuor à cordes n° 13, op. 86
                                                                                                                                              Quatuor à cordes Kopelman
                                                                                                                                              NI5827 • 1 CD Nimbus

W. Friedemann Bach (1710-1784)               Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantates, vol. 2                             Missa brevis BWV 234 et BWV 235                    Johannes Brahms (1833-1897)
Rastatter Hofkapelle; Jürgen Ochs            Miriam Feuersinger; Alex Potter; Hans Jörg Mam-    Ballades, op. 10; Pièces pour piano, op.
                                             mel; Markus Volpert; La Cetra Barockorchester
CAR83429 • 1 CD Carus                                                                           118; Pièces pour piano, op. 119
                                             Basel; Ensemble Orlando Fribourg; Laurent Gendre

C   onnu et réputé pour ses pièces de
    clavecin visionnaires, le fils préféré
de Bach assuma à sa façon l’héritage
                                             CLA2907 • 1 CD Claves
                                                                                                Stéphan Sylvestre, piano
                                                                                                XXI1717 • 1 CD XXI-21 Productions
                                                                                                                                              Edward Joseph Collins (1886-1951)
luthérien en composant également des                                                                                                          Musique pour piano et pour quatuor
cantates et d’autres œuvres de musique                                                                                                        Earl Wild, piano; Gunnar Johansen, piano;
sacrée. La totalité de cette production                                                                                                       Manhattan String Quartet
est liée à sa charge des trois principales
                                                                                                                                              TROY1156 • 1 CD Albany
églises de Halle de 1746 à 1764. Cette
période exclusivement consacrée à la
musique vocale s’oppose à celle qui                                                                                                           O   n ne sait plus rien de la musique de
                                                                                                                                                  Joseph Collins (1886-1951), citoyen
                                                                                                                                              américain dont les œuvres furent un
précède (1733-1746, Dresde) où règne
sans partage la musique instrumentale.                                                                                                        temps prisées à Londres, et qui laissa,
De l’une à l’autre, la faible productivité   Amy Marcy Beach (1867-1944)                                                                      outre une symphonie et trois concer-
est une constante. Concernant les can-       Grande Messe en mi bémol majeur                    Johannes Brahms (1833-1897)                   tos pour son instrument, le piano, une
tates (une vingtaine), elle s’explique       Margot Law; Martha Remington; Ray Bauwens;         Quatuors pour piano n° 1 et n° 3              très belle cantate pour solistes, chœur
par la nature spécifique du contrat : à      Joel Schneider; Stow Festival Chorus and Orches-
                                                                                                Xiayin Wang, piano; The Amity Players         et orchestre, Hymn to the Earth. Mais
Leipzig, Jean-Sébastien devait pro-          tra; Barbara Jones
                                                                                                                                              c’est aux pièces de piano qu’est dédié
duire une cantate hebdomadaire tan-          TROY179 • 1 CD Albany                              MAR81377 • 1 CD Marquis
                                                                                                                                              cet album, avec pas moins de deux ver-

                                             A
dis qu’à Halle, Friedemann avait pour            my Beach (1867-1944), demeure un                                                             sions d’extraits des Valses caractéris-
seule contrainte d’en faire exécuter une         nom dans les encyclopédies de mu-                                                            tiques – l’enregistrement saillant qu’en
toutes les trois semaines quelque soit       sique publiées en pays anglo-saxons.                                                             laissa Gunnar Johansen nous semble
son auteur. Cette clause qui lui permit      Pianiste très appréciée par les sociétés                                                         supérieur à celui plus distant d’Earl Wild
de diriger des cantates de son père          musicales de la cote est des États-Unis,
                                                                                                                                              lorsque la comparaison est possible,
est pour nous regrettable car elle nous      elle met en 1885 un terme à sa carrière
                                                                                                                                              leurs sélections respectives n’étant que
prive d’un plus grand nombre d’œuvres        de concertiste en épousant le docteur
apportant au genre ce renouvellement                                                                                                          partiellement sécantes. Wild offre éga-
                                             Henry Harris, chirurgien renommé.
expressif conséquent et nécessaire.          Mais ce retrait fut employé pour déve-                                                           lement les Variations sur une mélodie
Friedemann y affirme son identité avec       lopper son métier de compositeur. En                                                             irlandaise et quelques transcriptions de
autant de force que dans sa musique          1896 la création de sa Symphonie Gaé-                                                            negro spirituals. Musique charmante,
                                                                                                Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
instrumentale dont la mélancolie,            lique fera sensation et lui assurera une                                                         qui montre un beau métier, et flirte
                                                                                                Quatuor à cordes n° 10, op. 118 / M. Wein-    ça et là avec une écriture harmonique
l’étrangeté, les longueurs de phrases        certaine renommée jusqu’en Europe. Sa
                                                                                                berg : Quintet pour piano, op. 18             ambiguë. L’éditeur annonce sur ce CD
perturbant le processus de rationalisa-      Grande Messe écrite dix années aupara-
tion par l’auditeur, font de troublantes     vant la montre au milieu du gué, réem-             Elizaveta Kopelman, piano; Quatuor à cordes   volume I. Aurons nous demain une
incursions dans un contexte liturgique.      ployant avec plus ou moins de bonheur              Kopelman                                      anthologie des œuvres orchestrales ?
Cependant, le programme contrasté            les formules d’une certaine musique                NI5865 • 1 CD Nimbus                          (Jean-Charles Hoffelé)
révèle à nouveau ce tiraillement entre
l’ancien (contrepoint strict, expressi-
                                                                                                Boreyko (qui vaut bien Gergiev), ces          Il ne desserre jamais l’étreinte avec
vité soumise au dogme) et le moderne
(primauté de la mélodie, émergence de
                                             Sélection ClicMag !                                deux nouvelles symphonies en live du          l’orchestre et accompagne le cuivre
la subjectivité) qui rend si complexe le                                                        Liederhalle de Stuttgart. Brut. Sans cou-     solitaire. Le Largo impressionne vrai-
cas Friedemann et sa problématique                                                              pures ni retouches. Là encore Boreyko         ment. Et même la ridicule mais digne
de filiation. L’effectif de huit chanteurs                                                      emporte le morceau. Par sa compré-            farandole du final est enlevée tambour
et huit à dix instrumentistes restitue                                                          hension indubitable du texte, sa géné-        battant. Salves d’applaudissements du
les conditions d’exécution originales.                                                          rosité partagée avec un orchestre (le         public, enthousiasmé par tant d’intelli-
(Pascal Edeline)                                                                                RSO de Stuttgart), on l’a dit, capable de     gence et de faconde. Dans la quinzième
                                                                                                tout. Epatante Neuvième. Cette « sche-        et ultime symphonie, ouvrage limpide
                                                                                                rzo » symphonie rappelle le style écla-       truffé de citations, la forme labyrin-
                                                                                                tant de Prokofiev et cultive sarcasmes        thique des mouvements forts (Allegret-
                                                                                                et ironie. La bruissante plaisanterie de      tos, Adagios) ne lui échappent pas. Les
                                             Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
                                                                                                l’Allegro et la mécanique crantée du          enchaînements non plus. Boreyko sait
                                             Symphonies n° 9, op. 70 et n° 15, op. 141
                                                                                                Presto, sont menés avec détachement           toujours où il entraîne son orchestre.
                                             OS de la Radio Finlandaise; Andrey Boreyko
                                                                                                et franchise. Boreyko fait du Moderato        Il ne donne pas trop mais ne retient
                                             HAN93284 • 1 CD Hänssler Classic                   un mystère, une énigme qu’il est seul à       jamais. Gratitude réciproque. L’inté-

                                             N   ouveau volume de l’intégrale Chos-
                                                 takovitch du magnifique Andrey
                                                                                                décrypter ainsi, par la sensualité inouïe
                                                                                                des timbres et la ponction des silences.
                                                                                                                                              grale se hisse décidément très haut.
                                                                                                                                              (Jérôme Angouillant)

4  ClicMag avril 2014  www.clicmusique.com
Sélection ClicMag !                               O   n ne fait pas plus désolé que le
                                                                                                        chromatisme à l’orgue qui ouvre
                                                                                                    ce Requiem, avant que les choeurs
                                                                                                                                                     goûte avec le même bonheur la tendre
                                                                                                                                                     sérénité d’un fragile et délicat Benedic-
                                                                                                                                                     tus, d’autant plus émouvant que Gou-
                                                                                                    n’en reprennent la lente progression en          nod mourut tandis qu’il l’écrivait, ou
                                                                                                    demi-tons qui, cette fois, montent et se         d’un merveilleux Recordare, compa-
                                                                                                    poursuivront tout au long de l’œuvre.            rable au In Paradisum de Fauré. André
                                                                                                    Enregistrée en 1993, cette version ori-          Charlet mène avec efficacité un en-
                                                                                                    ginale - quatre solistes, choeurs, harpe,        semble d’où ressort la belle complicité
                                                                                                    orgue, quatuor à cordes - contraste,             des chanteurs et des musiciens. Pour la
Claude Debussy (1862-1918)                                                                          par son intimisme et sa discrétion avec          Messe n°2, c’est la Chorale du Bassus
12 Préludes pour piano, premier livre; Les                                                          les prodigieux déferlements de Mors et           qui délivre harmonies audacieuses et
soirs illuminés; Khamma; Intermède, pour
                                                  Charles Gounod (1818-1893)                        Vita, laissant apprécier la rare plénitude       rythmes inattendus, jusqu’à un O Salu-
piano; Toomai des éléphants; Petite Valse
Michael Korstick, piano                           Requiem en do, version de chambre;                de l’inspiration musicale portée par             taris chanté sotto voce et un Agnus Dei
                                                  Messe n° 2 pour choeur d’hommes et orgue          la rare fougue de tous les interprètes,          tout en fine dentelle, à fleur de lèvres.
HAN93290 • 1 CD Hänssler Classic
                                                  François Margot; Quatuor Sine Nomine; Chœur       notamment dans le Dies Irae, dont on             Cinquante-cinq voix d’hommes qui
                                                  Romand; Chorale du Brassus; André Charlet         dirait les phrases mordues, tant elles           soulèvent à peine le silence : fabuleux.
                                                  CLA9326 • 1 CD Claves                             sont scandées avec conviction. Mais on           (Danielle Porte)

12 Préludes, deuxième livre; The little
negro; La boîte à joujoux; Berceuse
héroïque; Page d’album; Elégie
Michael Korstick, piano                           Antonín Dvorák (1841-1904)                        Johann Philipp Förtsch (1652-1732)               Christoph Graupner (1767-1836)
HAN93300 • 1 CD Hänssler Classic                  Trio pour piano, op. 65; Trio pour piano,         Ich freue mich im Herrn et autres cantates       Concertos pour basson GWV 301, 306, 307,
                                                  op. 90 «Dumky»

A   près un premier album Debussy                                                                   sacrées                                          328, 337, 340
                                                  Münchner Klaviertrio                              Monika Mauch; Barbara Bübl; Alex Potter; Hans
    (Hänssler 93.290) et cette fois avec                                                                                                             Sergio Azzolini, basson; Friedemann Wezel,
le deuxième livre des Préludes, le pia-           GEN11194 • 1 CD Genuin                            Jörg Mammel; L’arpa Festante; Rien Voskuilen
                                                                                                                                                     violon; Christian Leitherer, chalumeau; Ensemble il
niste allemand Michael Korstick nous                                                                CAR83363 • 1 CD Carus                            capriccio; Friedemann Wezel
offre un très beau disque de piano et
le second volume d’une série qui s’an-
                                                                                                    T   énor à l’Opéra de Hambourg pour
                                                                                                        lequel il composa douze œuvres
                                                                                                                                                     CAR83443 • 1 CD Carus

                                                                                                                                                    E
nonce comme une intégrale. Michael                                                                                                                       xact contemporain de Bach, Haen-
Korstick c’est avant tout un jeu puis-                                                              lyriques une fois devenu maître de
                                                                                                                                                         del, Vivaldi, Telemann ou encore
sant, net, vigoureux, fulgurant, rythmé,                                                            chapelle à Schleswig, Förtsch ajouta
                                                                                                                                                     de Heinichen, Christoph Graupner est
fluide, clair et transparent qui donne                                                              puis substitua définitivement à la mu-
                                                                                                    sique d’autres activités : médecin et            rapidement tombé dans l’oubli après
ici une interprétation brillante, précise,
analytique et extrêmement lisible de                                                                conseiller de cour. Toutes ses œuvres            sa mort, éclipsé par la gloire posthume
ce recueil. Cette lecture «objective» a                                                             auraient donc été écrites avant 1690.            croissante de ses illustres confrères.
le mérite de mettre en évidence les at-           Leo Fall (1873-1925)                              S’y maintient la tradition luthérienne           Son œuvre considérable (près de 2000
mosphères changeantes et contrastées              Madame Pompadour, opérette en 3 actes             selon Schütz marquée par l’intério-              numéros d’opus) mérite pourtant d’être
de ces pièces allusives, évocatrices,             Annette Dasch; Heinz Zednik; Chœur du Volksoper   rité, l’importance de chaque mot, la             redécouverte comme l’illustre idéale-
parfois abstraites, et de faire entendre          de Vienne; Andreas Schüller                       méfiance à l’égard des excès de vir-             ment ce très bel album qui réunit six des
aussi très distinctement les nombreux
                                                  CPO777795 • 1 CD CPO                              tuosité, d’ornementation et des modu-            quarante-quatre concertos de ce com-
détails harmoniques, les couleurs et les

                                                  D
timbres que la palette debussyste sait                e la bonne trentaine d’opérettes              lations trop abruptes. L’arpa festante a         positeur qui fut l’un des principaux arti-
tirer du piano. On perd en revanche un                composées par Leo Fall, Madame                su sélectionner parmi les 82 cantates et         sans du développement du modèle du
peu le caractère improvisé et la part de          Pompadour est la dernière. Elle dut               concerts spirituels, les pièces les plus         concerto italien en Allemagne. Propo-
mystère qui nimbe ces pages. Dans la              attendre 30 ans sa création à la Volk-            aptes à atténuer l’austérité du respect
                                                  soper de Vienne. CPO nous propose la                                                               sant un programme homogène, ce CD
même veine, le reste du programme est                                                               de l’orthodoxie par leur configurations
                                                  contrepartie sonore de la production de                                                            réunit son unique concerto pour violon,
d’une grande cohérence : Le Petit Nègre                                                             vocales et instrumentales renouvelées
précède La boîte à Joujoux (connue                2012, parodie bon enfant du XVIIIème                                                               les quatre concertos pour basson et un
                                                                                                    au service de la caractérisation, parfois
surtout dans l’orchestration de Caplet)           siècle si l’on en croit les photos du                                                              triple concerto pour basson, chalumeau
                                                                                                    même de la plénitude sonore. A ce titre,
qui en reprend le thème principal ; la            livret. Fall joue sans complexes la carte                                                          et violoncelle. Pleines de vie, de souffle
                                                                                                    « Ich weiß, dass mein Erlöser lebt »
Berceuse héroïque est suive par deux              du divertissement : la musique, simple                                                             et d’énergie, tour à tour mélancoliques
                                                  et franche, est au service d’un efficace          présente un contraste frappant entre
pièces également inspirées par les
                                                                                                    deux extrémités : les dessus des voix de         et nerveuses, sans cesse curieuses
années de guerre : une Page d’album               vaudeville. Traduite en anglais, voilà une
pour le Vêtement du blessé et l’ultime et         pièce qui ne déparerait pas Broadway.             ténor et de contre-ténor forment avec la         et inventives, regorgeant de reliefs et
sombre Elégie. (Alexis Brodsky)                   Le public y prend un plaisir audible,             basse continue jouée par un orgue et un          d’aspérités, ces œuvres ont et donnent
                                                  qu’une publication directe en DVD                 violone (équivalent de la contrebasse)           la pêche ! Progressant dans une sorte
                                                  nous aurait permis de partager pleine-            un étonnant clair-obscur que les deux            de fuite en avant perpétuelle sur un
                                                  ment. Ceux qui ont entendu son Elsa               violes de gambes n’estompent qu’épi-             chemin semé de moult détours, sur-
                                                  transcendante à la Scala ou à Bayreuth            sodiquement. Ce sont néanmoins les               prises, syncopes et autres ruptures de
                                                  n’attendront pas Annette Dash dans un             deux œuvres concluant le programme
                                                  rôle qui la sous-distribue vocalement,                                                             rythmes, le discours musical et la ligne
                                                                                                    qui pourraient le mieux emporter l’ad-
                                                  mais révèle un vrai talent pour la comé-                                                           mélodique, rehaussés par les saveurs
                                                                                                    hésion par leur expressivité, en particu-
                                                  die, et quel plaisir de retrouver face à                                                           acidulées du basson et du chalumeau,
                                                                                                    lier « O adoranda trinitas », duo pour té-
                                                  elle le vétéran Heinz Zednik. C’est ainsi                                                          loin de lasser, captent et retiennent
                                                  - je peux en témoigner - que les mélo-            nor et basse soutenu par trois violes où
                                                                                                    resurgit soudain l’esthétisme sensuel et         l’attention, divertissent ou émeuvent
Théodore Dubois (1837-1924)                       manes viennois se délassent entre un
                                                                                                    la dimension extatique de l’art italien du       en permanence. Vifs, précis et enthou-
                                                  Wagner à la Staatsoper et un concert au
Chansons de Marjolie; Odelettes antiques                                                            premier dix-septième siècle. Pour L’ar-          siastes, l’ensemble Il Capriccio et ses
                                                  Musikverein. Frais et savoureux comme
Anne Saint-Denis, soprano; Olivier Godin, piano                                                                                                      solistes invités sont plus que parfaits.
                                                  le vin nouveau des Heurigen. Prost !              pa festante, l’art de « finir en beauté ».
XXI1704 • 1 CD XXI-21 Productions                 (Olivier Gutierrez)                               (Pascal Edeline)                                 (Alexis Brodsky)

                                                                                                                                             www.clicmusique.com  ClicMag avril 2014  5
Alphabétique

Sélection ClicMag !                                   H   eureuse époque qui voit une excep-
                                                          tionnelle floraison de contre-tenors :
                                                      après la voix torrentielle de Franco
                                                                                                      à écouter pieusement et à méditer :
                                                                                                      tendre ironie dans Semele, espérance
                                                                                                                                                     du style galant mais prouve aussi que
                                                                                                                                                     ces repères musicologiques ne peuvent
                                                                                                                                                     circonscrire l’expressivité. En effet,
                                                                                                      et quiétude dans Israel in Egypt, tran-
                                                      Fagioli, faisons la connaissance de Ies-                                                       celle-ci ne fit que se renouveler. Ainsi
                                                      tyn Davies. D’abord le timbre : étrange,        quille assurance dans Jephta, mais             la violence dramatique des Passions de
                                                      désincarné, presque minéral, puis               allons à l’essentiel : si vous accordez à      Bach fit place à la douceur (non dénuée
                                                      l’émission d’une pureté instrumentale           ce disque la disponibilité spirituelle qu’il   de profondeur) de l’« Empfindsamkeit »
                                                      qui nourrit des phrasés d’une douceur                                                          (style sensible) qui rapproche Homilius
                                                                                                      requiert, presque arrivé(e) au terme du
                                                      irréelle. Une voix faite pour la musique                                                       de Carl Philipp Emanuel Bach dans la
                                                      sacrée plus que pour le théâtre, propre         voyage, vous vous laisserez emporter           musique sacrée. Leurs traits communs
                                                      à exalter le Haendel le plus austère, le        par le transcendant who calls my par-          mériteraient d’être étudiés à l’occasion
                                                      plus accompli également, celui des              ting soul from death d’Esther, comme           de leurs tricentenaires simultanés.
Georg Friedrich Haendel               (1685-1759)
                                                      oratorios qui fournissent la matière de                                                        L’articulation subtile entre aspects
                                                                                                      si le soprano adamantin de Carolyn
Your tuneful voice. Airs d’oratorios                  cette album. Accompagnement discret                                                            historiques et esthétiques rend priori-
Lestyn Davies, contre-ténor; Carolyn Sampson,                                                         Sampson venait éclairer de l’intérieur ce      taire cette édition, aussi bien pour une
                                                      mais engagé de Robert King, servi-
soprano; The King’s Consort; Robert King              teur au meilleur sens du terme d’un             diamant noir : awake my soul, vraiment.        découverte que pour un approfondisse-
VIVAT105 • 1 CD Vivat Music                           chanteur dont chaque intervention est           (Olivier Gutierrez)                            ment. (Pascal Edeline)

                                                      S’il n’y avait que cela, l’œuvre aurait         versaire » est une excellente introduc-
                                                      pu continuer à dormir parmi les incu-           tion à l’Œuvre dont la variété stylistique
                                                      nables du compositeur. Mais la valeur           est à l’image de la ville où vint s’établir
                                                      de l’ensemble, excède celui des parties,        Homilius après avoir étudié l’orgue avec
                                                      et l’écriture à géométrie variable (on          Bach. Le rayonnement de Dresde sur
                                                      trouve un trio pour flûtes à bec dans           l’Europe musicale du XVIIIèmesiècle
                                                      la musique du soir), l’invention rhéto-         motiva le Cantor de Leipzig à entre-
                                                      rique, la finesse de l’écriture rendent         prendre sa Messe en si. La promesse
                                                      l’œuvre décidément attachante. Inter-           de la reconnaissance fut honorée par
Victor Herbert (1859-1924)                            prétation très soucieuse de rendre le           sa nomination comme compositeur de             Gottfried August Homilius (1714-1785)
Mélodies                                              caractère expérimental de l’aventure.           la cour. En remerciement, Bach joua sur        Cantates HoWV II.5, HoWV II.31, HoWV
Marnie Breckenridge; George Dvorsky; William          (Jean-Charles Hoffelé)                          l’orgue de la Frauenkirche dont Homi-          II.37, HoWV II.40, HoWV II.43
Hicks, piano                                                                                          lius devint titulaire en 1742. C’est dans      Marie-Pierre Roy; Henriette Gödde; Knut Schoch;
                                                                                                      cette église bombardée en 1945 et re-          Markus Köhler; Haendel’s Company & Choir;
NW80726 • 4 CD New World Records
                                                                                                      construite soixante ans après qu’ont été       Rainer Johannes Homburg
                                                                                                      enregistrés les préludes de choral et la       CAR83267 • 1 CD Carus
                                                                                                      cantate « Erwachet, ihr Christus » dont
                                                                                                      la structure et l’éloquence retiennent
                                                                                                      l’attention. Au chœur introductif en
                                                                                                      rythmes pointés s’enchaîne directement
                                                                                                      un choral émouvant qui interviendra
                                                                                                      trois fois avec un texte différent. Cette
                                                                                                      œuvre ne comporte aucun air soliste,
                                                      Gottfried August Homilius (1714-1785)
                                                                                                      uniquement des récitatifs (privilège
                                                      Musique à l’église Notre Dame de Dresde
                                                                                                      rare pour tous ceux qu’ils ennuient, la
Heinrich v Herzogenberg (1843-1900)                   Dresdner Barockorchester; Roderich Kreile;      cantate « Heilig ist unser Gott » inverse
Die Geburt Christi op. 90, oratorio                   Sächsisches Vocalensemble; Virtuosi Saxoniae;
                                                                                                      la situation). Le chœur conclusif est          Arthur Honegger (1892-1955)
                                                      Ludwig Güttler
Staats- und Domchor de Berlin; Ensemble Oriol;                                                        soutenu par un orchestre à l’énergie
Christian Grube                                       CAR83268 • 2 CD Carus                                                                          A. Honegger / J. Leguerney : Mélodies
                                                                                                      très « Sturm und Drang ». En 1755,
                                                                                                                                                     Rachel Joselson, soprano; Rene Lecuona, piano
HAN98001 • 2 CD Hänssler Classic
                                                      Q    uatre compositeurs nés en 1714
                                                           devraient être célébrés cette année :
                                                                                                      Homilius prit la direction musicale des
                                                                                                      trois principales églises de la ville (dont    TROY691 • 1 CD Albany
                                                      Gluck, Carl Philipp Emanuel Bach, Jom-
                                                      melli et Homilius. Absent de maintes
                                                      encyclopédies musicales, le dernier
                                                                                                      la Frauenkirche) et devint Cantor à la
                                                                                                      Kreuzschule. Toujours actif huit siècles
                                                                                                      après sa fondation, le chœur formé
                                                                                                                                                     C   onnaissez-vous Jacques Leguer-
                                                                                                                                                         ney ? Pour compléter son album
                                                                                                                                                     essentiellement dévolu aux assez rares
                                                      mentionné demeure assez méconnu                 dans cette école valorise les enregis-         mélodies d’Arthur Honegger, la soprano
                                                      mais sa discographie a déjà congédié            trements par sa ferveur extraordinaire.        Rachel Joselson a été chercher trois
                                                      l’indigence. Cantates, chorals, extraits        Le langage de Homilius reflète bien            recueils de la Pléiade que ce composi-
                                                      d’oratorios et de passions, l’aperçu            cette période où le contrepoint s’efface       teur connu uniquement par quelques
                                                      panoramique de cette « Édition-Anni-            au profit de la simplification d’écriture      aficionados mis en musique avec un art

Paul Hindemith (1895-1963)                                                                            siteurs atypique et attachant qui a tenu       par des contemporains pourtant plus
Plöner Musiktag                                       Sélection ClicMag !                             une place notable bien qu’oubliée au-          renommés. Klavierstücke, phantasies-
Dietrich Henschel, baryton; David Reibel, récitant;                                                   jourd’hui au sein des milieux musicaux         tücke, variations et autres pièces de
Jobst Liebrecht, direction                                                                            allemand et autrichien de la seconde           genre constituent l’essentiel de ces
WER6728 • 1 CD Wergo                                                                                  moitié du XIXe siècle. Amis intimes de
                                                                                                                                                     deux corpus dans lesquels l’influence
M     usique pédagogique, mais au fond                                                                Brahms, Clara Schumann, Joseph Joa-
                                                                                                      chim et Grieg pour ne citer que les plus       de Schumann, Grieg et Brahms est
      bien plus. Hindemith écrivit son
« Plöner Musiktag » pour les étudiants                                                                célèbres, il fut professeur de composi-        certes sensible, mais qui démontrent
de l’internat de Plön qui l’avaient fêté                                                              tion et fondateur de la Bach-Verein, tan-      également un métier solide, une inventi-
lors de sa précédente visite en repré-                                                                dis qu’elle fut élève de Brahms et pro-        vité constante, une inépuisable richesse
sentant son petit opéra « Wir bauen                                                                   mise à une brillante carrière de pianiste      mélodique ainsi qu’une réelle inclination
eine stadt ». Hindemith décida de com-                                                                concertiste à laquelle son rang d’aristo-      pour l’humour : acrostiches, rébus mu-
                                                      Heinrich v Herzogenberg (1843-1900)
poser de la musique pour toute une                                                                    crate lui imposa cependant de renoncer.        sicaux, savoureuses variations sur l’air
                                                      Intégrale de l’œuvre pour piano / Elisabeth     Ces trois CD qui rassemblent l’intégrale
journée de vie dans cette institution,
                                                      von Herzogenberg : Huit pièces pour piano                                                      «La ci darem la mano» du Don Juan
du matin au coucher. A mesure des                                                                     de la musique pour piano de l’un et
différentes étapes du jour il décline
                                                      Natasa Veljkovic, piano
                                                                                                      de l’autre permettent de découvrir des         de Mozart... La pianiste Natasa Veljko-
tous les genres d’une certaine musique                CPO777789 • 3 CD CPO                            œuvres originales et de grande qualité         vic nous restitue ces œuvres avec un

                                                      E
utilitaire, souvent teintée de références                lisabeth et Heinrich von Herzogen-           qui soutiennent dignement la comparai-         enthousiasme, un engagement et une
baroques (musique de table, cantate).                    berg forment un couple de compo-             son avec de nombreuses autres signées          virtuosité sans faille. (Alexis Brodsky)

6  ClicMag avril 2014  www.clicmusique.com
particulièrement raffiné. Gérard Souzay
s’était fait le champion de Leguerney. Il
avait mille fois raison. Quelle musique !
                                             OP d’Oslo; Jukka-Pekka Saraste
                                             PSC1316 • 1 CD Simax
                                                                                           Sélection ClicMag !                                   E   n dehors des Trois Romances op.
                                                                                                                                                     94, rien ici qui ait été initialement
                                                                                                                                                  composé par Schumann pour le haut-
Musique pour les musiciens certes, où
le piano brille autant que la voix – on a
                                             J  ukka-Pekka Saraste inscrit progres-
                                                sivement à son répertoire toutes les
                                             symphonies purement orchestrales de
                                                                                                                                                  bois, et pourtant le charme agreste
                                                                                                                                                  de l’instrument pénètre dans chaque
souvent écrit que Leguerney écrivait ses     Gustav Mahler. A Paris on a pu le voir                                                               cahier avec une sorte d’évidence. La
mélodies pour les pianistes ce qui n’est     poussant dans ses derniers retranche-                                                                plus étrange (et réussie) transcription
pas tout à fait faux, donnant la main        ments un Orchestre Philharmonique                                                                    de l’album reste la proposition toute
en cela à Francis Poulenc – mais qui         de Radio-France transporté par sa                                                                    récente (2008) d’Alexei Utkin qui méta-
y prêtera une oreille attentive ne saura     direction sans ostentation. A Oslo, à                                                                morphose littéralement le caractère de
plus s’en défaire. Alors si vous voulez      la tête de la formation qui est sienne                                                               la Sonate pour violon et piano op. 105.
vous procurer l’album d’abord pour le        depuis 2006, il délivre une lecture                                                                  Le disque convie à une ballade lyrique
joli corpus d’Honegger, ne vous étonnez      tenue, hautaine, jamais bruitiste, tou-       Robert Schumann (1810-1856)                            au plus secret de l’œuvre de Schumann,
pas finalement de revenir plus souvent       jours musicale, suprêmement lyrique                                                                  et l’on se laisse emmener par le geste
                                                                                           Pièce de fantaisie, op. 73; Adagio et Alle-
encore aux plages de ces Poèmes de la        et pourtant narrative. Il réalise comme                                                              lyrique des deux instrumentistes. Le
                                                                                           gro, op. 70; 3 Romances, op. 94; Sonate,
Pleïade . On espère bien que l’éditeur       peu les intentions de Mahler et reste                                                                piano sans marteaux d’Igor Tchetuev,
                                                                                           op. 105
poussera sa curiosité plus loin dans         fidèle à l’ultime choix du compositeur                                                               le hautbois d’Alexei Utkin, diseur et
l’œuvre d’un compositeur décidément                                                        Alexei Utkin, hautbois; Igor Tchetuev, piano
                                             en ce qui concerne la place du Scherzo                                                               un rien vert sont idéalement appariés.
trop méconnu. (Jean-Charles Hoffelé)         en second mouvement. Finement enre-           CM0042008 • 1 SACD Caro Mitis                          (Jean-Charles Hoffelé)
                                             gistrée, on tient là une des lectures les
                                             plus scrupuleuses de l’œuvre, pourtant                                                               une structure rare. D’abord une intro-
                                             emportée par un geste épique. Sans                                                                   duction lente, à laquelle s’enchaînent
                                             pathos, avec une conscience aigu du                                                                  une petit « valse » et une polonaise,
                                             modernisme singulier de cette partition                                                              un menuetto avec un second trio plutôt
                                             qu’Alban Berg portait au pinacle, il rend                                                            sombre (tonalité mineure, registre grave
                                             à la Sixième Symphonie son statut de
                                                                                                                                                  du violoncelle et du cor), une sicilienne
                                             manifeste pour une certaine musique
                                                                                                                                                  revenant sur l’andante du début, enfin
                                             du futur. (Jean-Charles Hoffelé)
                                                                                                                                                  le final à la conclusion sereine. Une
                                                                                                                                                  œuvre rare, dans l’esprit de la fantaisie,
Franz Liszt (1811-1886)                                                                    Johann M. Friedrich Nisle (1780-1873)                  mettant le corniste à rude épreuve, au
Hexameron; Polonaise n° 1; Trauerwalzer;                                                   Octuor en ré majeur; Septuor en mi bémol               final peut-être plus attachante que les
Ballade n° 2; Adelaïde d’après Beethoven;                                                  majeur; Quintette en do majeur, op. 26                 précédentes. Quel ensemble autre que
Valse-Impromptu; Prélude & Fugue d’après                                                   Consortium Classicum                                   le Consortium Classicum pouvait mieux
Bach
                                                                                           CPO777266 • 1 CD CPO                                   jouer cette musique retrouvée, jouée et
Joseph Moog, piano

                                                                                           J   ohann Martin Friedich Nisle est                    enregistrée sans relâche pendant 30
CLA1108 • 1 CD Claves                                                                                                                             ans par son fondateur, le clarinettiste
                                                                                               l’un des fils de Johannes Georg
I l est de bons pianistes qui accumulent
  les enregistrements comme certains
compositeurs les notes : c’est bien fait,    Felix Mendelssohn (1809-1847)
                                                                                           Nisle (1735-1788), corniste virtuose,
                                                                                           membre à partir de 1773, de l’orchestre
                                                                                                                                                  Dieter Klöcker. Celui-ci nous a quitté
                                                                                                                                                  en 2013 : il convient de lui rendre un
                                                                                           de la Cour d’Oettingen Wallerstein. Sa                 fervent hommage. Ce très beau disque
voire impeccable – et on ne se plaint        Trios pour piano, op. 49 et op. 66                                                                   diffusant le répertoire peu connu pour
                                                                                           longue vie, d’apprenti corniste, puis de
ni ne se réjouit que cela prenne fin.        Trio con Brio Copenhagen                                                                             petits ensembles (hors piano) de la
                                                                                           musicien itinérant dans toute l’Europe,
Joseph Moog est d’une autre trempe.          MAR81409 • 1 CD Marquis                       n’est plus documentée à partir de 1824.                période charnière 18°/19° siècle est
Il a relégué la perfection technique à                                                     Auteur d’une centaine d’œuvres, une                    l’un de ses derniers enregistrements.
sa juste place : devoir envers le texte,                                                   moitié est connue mais inégalement                     (Pascal Bouret)
courtoisie pour le public, elle n’est rien                                                 authentifiée, partie pour cor solo, voix et
moins qu’une nécessité élémentaire.                                                        piano, partie pour de petits ensembles
Manifestement capable de tout jouer,                                                       du duo à l’octuor. La paternité de l’oc-
il possède une autre qualité, bien plus                                                    tuor et du septuor enregistrés ici n’est
rare : le choix des œuvres. Pas de                                                         pas établie : reviendrait-elle à son père
« pièce du répertoire » habituel pour ce                                                   ou à son frère aîné, Wilhem Friedich ?
cinquième enregistrement (deux autres                                                      L’octuor rassemble flûte et clarinette,
ont suivi depuis), mais un programme                                                       2 cors « ad libitum » (c’est-à-dire bien
lisztien conçu comme un entrelacs            Felix & Fanny Mendelssohn                     discrets) et quintette à cordes. Nos
d’hommages : du pianiste à Liszt, de                                                       interprètent montrent leur vélocité (1°
                                             Quatuors à cordes, op. 80; Quatre pièces
Liszt à Chopin, ainsi qu’à quelques          pour quatuor à cordes, op. 81 / F. Mendels-   mvt), s’amusent dans les variations de
chers collègues ou prédécesseurs                                                                                                                  Ottorino Respighi (1879-1936)
                                             sohn-Hensel : Quatuor à cordes                la partie médiane (« alla hungarese » de
chéris : Bellini, Beethoven, Schubert                                                                                                             Chaconne et Pastorale pour vln., org. et
                                             Quatuor Merel                                 la 4°, amusant pizzicati/vents de la 6°),
et Bach. Avec une grande sûreté sty-                                                                                                              cordes; Concerto All’Antica pour vln. et
                                             GEN11204 • 1 CD Genuin                        et rendent à merveille un final joyeuse-               orch.; Concerto A Cinq pour htb., trp., vln.,
listique, Moog nous accompagne dans

                                             L  éger ? Oh que non ! Dès les pre-           ment endiablé. Le septuor est proche                   cb., pno. et cordes
les plus intimes recoins de l’admiration
                                                mières sonorités, le jeune quatuor         de l’op. 20 de Beethoven, modèle                       English Chamber Orchestra; Marcello Viotti
lisztienne, n’oubliant rien sur ce chemin
                                             suisse Merel fait table rase de ce pré-       incontesté du genre, plus encore de                    CLA9017 • 1 CD Claves
d’admiration. On n’a désormais plus
                                             jugé envers Felix Mendelssohn Bar-            celui de F. Witt (voir ClicMag n° 9) ou
qu’une envie : l’entendre en concert.
                                             tholdy. Son dernier quatuor fait appa-        de K. Kreutzer. Mais il s’en différencie
En attendant, on réécoutera ce disque !
                                             raître un compositeur en souffrance,          par sa sa structure en 4 mouvements
(Christophe Luret)
                                             passionné, écrasé par la douleur de la        (au lieu de 7), ce qui l’éloigne du diver-
                                             perte de sa soeur Fanny, qui vient juste      timento de style classique, par la flûte
                                             de mourir. Et l’ensemble met égale-           qui remplace la clarinette comme vent
                                             ment à l’honneur ses œuvres à elle, en        « conducteur », par le violoncelle et la
                                             faisant à la fois preuve d’éloquence et       contrebasse jouant à l’unisson. Après
                                             d’une richesse de timbre. Le quatuor          l’allegro initial, péremptoire et volubile
                                             précoce en mi bémol de Fanny Hensel,          aux alliages vents /cordes fort réussis,
                                             avec ses teintes lyriques et finement         on découvre les délicieuses surprises
                                             dégradées, n’a aucunement besoin de           (petite cadence de flûte !) des trios d’un             Franz Schubert (1797-1828)
                                             se cacher devant les œuvres du frère.         menuetto en forme de ländler, puis un                  Fantaisie pour violon et piano / R. Strauss :
                                             Un précieux complément de répertoire,         adagio quasi wébérien, enfin le rondo fi-              Sonate pour violon et piano, op. 18
Gustav Mahler (1860-1911)                    et pas uniquement pour les amoureux           nal exubérant et coloré. Le quintette op.              Nina Karmon, violon; Maria Sofianska, piano
Symphonie n° 6 en la mineur                  des quatuors !                                26 (à la paternité attestée !) présente                GEN14310 • 1 CD Genuin

                                                                                                                                          www.clicmusique.com  ClicMag avril 2014  7
Alphabétique
                                                    (presque) plus qui laissent en 1990 la                                                               ses capacités polyphoniques. Le com-
                                                    version de référence de ces œuvres.            Sélection ClicMag !                                   positeur y trouve prétexte pour faire
                                                    (Pascal Bouret)                                                                                      sonner et chanter l’instrument. La mer-
                                                                                                                                                         veilleuse Suite Populaire est un recueil
                                                                                                                                                         de cinq danses d’atmosphères très
                                                                                                                                                         différentes. Chaque mouvement est un
                                                                                                                                                         chef d’œuvre de fraicheur et de subtilité.
                                                                                                                                                         Les cinq préludes sont d’une facture à
                                                                                                                                                         la fois classique et sophistiquée et l’on
Robert Schumann (1810-1856)                                                                                                                              entend des réminiscences de Chopin
Sonates pour piano n° 1 à 3; Fantaisie pour                                                                                                              (une discrète mélancolie) de Scarlatti
piano, op. 17                                                                                                                                            (l’humeur enjouée) ou de Bach. Dans
Francesco Piemontesi, piano                                                                        Heitor Villa-Lobos (1887-1959)                        les douze études, écrites à l’origine pour
CLA1003/4 • 2 CD Claves                             Igor Stravinski (1882-1971)                    Intégrale de la musique pour guitare seule            Andres Segovia (qui ensuite les refusa
                                                                                                   Fabio Zanon, guitare                                  les trouvant mal écrites !), le brésilien
                                                    Pétrouchka (version pianola); Etude pour
                                                                                                   NI2576 • 1 CD Nimbus                                  Fabio Zanon s’approprie tout à fait le
                                                    pianola; Le Sacre du printemps (version
                                                                                                                                                         langage original du compositeur pour
                                                                                                   L
                                                    pianola)                                          ’œuvre d’Heitor Villa Lobos pour
                                                    Rex Lawson, pianola                                                                                  en donner une lecture fluide, ample
                                                                                                      guitare seule tient sur un seul                    (tempos souvent larges, arpèges sur-
                                                    NI2577 • 1 CD Nimbus                           disque. La Suite Populaire Brésilienne                lignés...) mais signifiante. On ne peut
                                                                                                   (1908 1912), les douze études datent                  qu’admirer son jeu dûment réfléchi, ses
                                                                                                   de 1929, et les cinq préludes plus tar-               couleurs, son soyeux et son intensité.
                                                                                                   difs composés en 1940. Ces œuvres                     Un disque superbement enregistré (exit
                                                                                                   attachantes montrent la richesse d’ins-               pincements et frottements rédhibitoires
                                                                                                   piration, matinée de folklore et de tra-              pour préserver l’équilibre naturel de la
Richard Strauss (1864-1949)                                                                        dition, de Villa Lobos. Elle ne donne                 résonance) qui complète sans annuler
Concertino pour clarinette, basson et                                                              jamais dans l’illustratif et prouvent une             la référence récente de Norbert Kraft
Orchestre à cordes; Concerto pour hautbois                                                         grande connaissance de la guitare, de                 (Naxos). (Jérôme Angouillant)
et orchestre; Concerto pour cor n° 2
I. Goritzki, hautbois; T. Friedli, clarinette; K.
Thunemann, basson; B. Schneider, cor; Lausanne
                                                                                                   une œuvre de maturité d’une profonde                  une promesse de salut, qu’il ne serait
                                                    Georg Philipp Telemann (1681-1767)             originalité : écoutez « Urania », une                 probablement jamais plus en mesure
Chamber Orchestra; Matthias Aeschbacher
                                                    Cantates de Pâques, de l’Ascension et de       fugue pour piano où l’influence de Jean-              d’égaler. Début 1939, Weinberger a
CLA9010 • 1 CD Claves                               la Pentecôte                                   Sébastien Bach se mêle étonnamment                    fui le régime Nazi et s’est réfugié aux

T   out autant que ses deux tardives
    sonatines pour 16 instruments à
vent (1943/1944), les concertos de
                                                    Jens Hamann; Stefanie Wust; Georg Poplutz;
                                                    Collegium vocale Siegen; Ulrich Stotzel
                                                                                                   à la musique andalouse. (Denis Jarrin)                USA, mais ses espoirs en un nouveau
                                                                                                                                                         départ prometteur tombèrent à l’eau
                                                    HAN98624 • 1 CD Hänssler Classic                                                                     rapidement. Il continua à composer,
Strauss enregistrés ici sont un hom-
                                                                                                                                                         mais tomba malgré tout en dépres-
mage, ô combien vibrant, au Mozart des
                                                                                                                                                         sion profonde. Il s’est suicidé le 8 août
divertimentos, sérénades et concertos
                                                                                                                                                         1967 à St. Petersburg, en Floride. Ce
pour vents (quatre pour cor, un pour
                                                                                                                                                         double CD est consacré à des œuvres
hautbois, pour basson, pour clari-
                                                                                                                                                         peu connues, composées en différents
nette). Quintessence du lyrisme post
                                                                                                                                                         lieux et à différentes époques de la vie
romantique de son auteur, le concerto
                                                                                                                                                         de Weinberger. Ces œuvres révèlent son
pour hautbois (1945) débute par une
phrase de plus de ... 50 mesures ( !)                                                                                                                    incroyable palette stylistique, tendant
exigeant du soliste de rares capacités                                                             Antonio Vivaldi (1678-1741)                           un arc entre les traditions nationales de
respiratoire et digitale. L’andante nous                                                           Concertos pour violon RV 113, 123, 240,
                                                                                                                                                         Smetana et Dvorák et les compositions
offre une mélodie, peut-être plus riche
                                                    Joaquín Turina (1882-1949)                     287, 321, 508, 517                                    d’inspiration religieuses datant de la fin
et gracieuse que toutes celles écrites              Serenata, op. 87; Quatuor à cordes, op. 4;     Insieme Strumentale di Roma; Giorgio Saso, violon     de sa vie, en passant par de la musique
                                                    Las musas de Andalucia, op. 93                                                                       programmatique pédagogique pleine
par R. Strauss pour la voix de soprano.                                                            STR33944 • 1 CD Stradivarius
Avec son immense talent, Goritzki rend              Maria Bayo, soprano; Ricardo Requejo, piano;                                                         d’esprit. Le compositeur s’y révèle tour
                                                    Quatuor Sine Nomine                                                                                  à tour maître des structures du contre-
aussi tout aussi bien l’esprit hayndien
du rondo avec précision et naturel.                 CLA9320 • 1 CD Claves                                                                                point polyphonique et d’une harmonie

                                                    Q
Sorte de concerto grosso « fantaisie »,                  uatrième grand nom de la musique                                                                parfois dense, subtile et riche en tour-
le duo concertant pour clarinette, bas-                  espagnole du début du XXe siècle,                                                               nures variées. Tel un fleuve rugissant,
son, cordes et harpe (1947) illustre un             Turina n’a pas la notoriété de ses                                                                   le vieux maître s’est taillé son propre
conte féerique mettant en présence un               illustres compatriotes Albeniz, Falla et                                                             chemin à travers un monde changeant,
mendiant et une princesse. Les deux                 Granados. Ce programme de musique                                                                    qui lui fut source d’inspiration autant
solistes jouent à la perfection la ren-             de chambre, excellemment interprété                                                                  que de souffrance. Le livret comprend
contre, l’esquive, le cache-cache, les              et enregistré est donc un apport es-                                                                 un article qui expose de manière détail-
retrouvailles des différents épisodes,              sentiel à sa discographie. La sérénade                                                               lée la vie du compositeur à la lumière
très contrastés, d’un dialogue musical              pour quatuor à cordes débute par une           Jaromir Weinberger (1896-1967)                        de documents et de photos inédits, tout
où la cocasserie et l’humour ne sont pas            belle mélodie au rythme typiquement            Six chansons et danses de Bohème; Dix                 en présentant plus en profondeur les
absents. Enfin, le second concerto pour             espagnol, qui servira de refrain et assu-      solos caractéristiques, pour caisse claire            œuvres sélectionnées.
cor (1942) vient 60 ans après le pre-               rera l’unité des 13 sections enchaînées,       et piano; Dédicaces, 5 préludes pour orgue
mier qui avait été écrit pour son père,             proches dans l’esprit de la « Suite de         seul; Méditations, 3 préludes pour orgue
                                                                                                   seul; Psaume 150. Cantate seule, pour voix
alors premier corniste de l’orchestre de            danses » de Béla Bartók. Oeuvre de jeu-
                                                                                                   haute et orgue
l’opéra de Munich. Œuvre parfaite par la            nesse, le quatuor opus 4 fut composé à
                                                                                                   Asaf Levy, violon; Stephan Froleyks, caisse claire;
continuité de l’inspiration, la fluidité du         Paris en 1911. D’une forme sans doute          Efrat Levy, piano; Moran Abouloff, soprano;
discours musical, la mise en valeur des             un peu trop académique, où se ressent          Gerhard Weinberger, orgue
ressources expressives et techniques                l’influence de l’enseignement de la
                                                                                                   GB005 • 2 CD Gideon Boss
du cor. Ainsi, au crépuscule d’une vie,             Schola Cantorum, il recèle de très beaux
longue, créatrice et féconde, Strauss
écrit une musique sans artifice mais
                                                    moments, comme la mélodie nostal-
                                                    gique du mouvement lent. Le disque             J  aromir Weinberger est né en 1896 à
                                                                                                      Prague. L’opéra Schwanda le joueur
                                                                                                   de cornemus, qu’il composa en 1926
pleine de trouvailles, d’un raffinement             s’achève par « Les muses d’Andalou-
                                                    sie », œuvre en 9 mouvements d’ins-            rencontra un succès phénoménal qui                    William Zinn (1924-)
extrême, dépouillée mais élégante,
dénotant la connaissance profonde                   trumentation variée, du piano solo à la        devait accompagner et harceler le com-                Quatuor à cordes n° 1; Kol Nidrei Memorial
de chacun des instruments utilisés.                 voix de soprano accompagnée par le             positeur juif durant toute sa vie. C’était            Quatuor Wihan
Des interprètes … comme on en fait                  quatuor à cordes. Créée en 1944, c’est         devenu pour lui une figure de référence,              NI6256 • 1 CD Nimbus

8  ClicMag avril 2014  www.clicmusique.com
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