ROGER NORRINGTON UN INCORRIGIBLE ROMANTIQUE - CLIC MUSIQUE !
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Clic Musique ! ClicMag n° 15 Votre disquaire classique, jazz, world Avril 2014 Roger Norrington Un incorrigible romantique © Manfred Esser Retrouvez les 15 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !
Sélection Roger Norrington Offre spéciale 30% de réduction* ! L. van Beethoven : Les 9 symphonies J. Brahms : Les 4 Symphonies J. Haydn : Les 12 Symphonies W.A. Mozart : Les Symphonies essen- R. Schumann : Les 4 Symphonies Jonas Kaufmann; Iris Vermillion; Camilla OS de la Radio de Stuttgart; Roger londoniennes tielles vol. 1-6 OS de la Radio de Stuttgart; Roger Nylund; Franz-Joseph Selig; OS de la Radio Norrington OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington de Stuttgart; Roger Norrington Norrington Norrington HAN93089 • 6 CD • 30,07 € HAN93267 • 3 SACD • 14,78 € HAN93252 • 4 CD • 25,03 € HAN93230 • 6 CD • 35,11 € HAN94602 • 2 CD • 8,23 € L. van Beethoven : Missa solemnis H. Berlioz : Benvenuto Cellini H. Berlioz : Requiem, op. 5 H. Berlioz : Les francs-juges, Ouver- H. Berlioz : L’enfance du Christ, John Aler; Alastair Miles; Cornelia Kallisch; OS de la Radio de Stuttgart; Roger Toby Spence; OS et Chœur de la Radio de ture op. 3, Symphonie fantastique op. 25 Amanda Halgrimson; OS de la Radio de Norrington Stuttgart; Roger Norrington OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger Stuttgart; Roger Norrington Norrington Norrington HAN93006 • 1 CD • 10,25 € HAN93105 • 2 CD • 14,78 € HAN93131 • 2 SACD • 14,78 € HAN93103 • 1 CD • 10,25 € HAN93091 • 2 CD • 14,78 € A. Bruckner : Symphonie n° 3, WAB A. Bruckner : Symphonie n° 4, WAB A. Bruckner : Symphonie n° 6, WAB A. Bruckner : Symphonie n° 7, WAB G. Holst : Les Planètes, op. 32 / Sir E. 103 104 «Romantique» 106 107 Elgar : Sérénade pour cordes, op. 20 OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington Norrington Norrington Norrington Norrington HAN93217 • 1 CD • 10,25 € HAN93218 • 1 CD • 10,25 € HAN93219 • 1 CD • 10,25 € HAN93243 • 1 CD • 10,25 € HAN93043 • 1 CD • 10,25 € A. Dvorák : Symphonies n° 7, B. 141 A. Dvorák : Symphonie n° 9, op. 95 F. Schubert : Symphonies n° 6 et 8 F. Schubert : Symphonies n° 4 et 5 F. Schubert : Symphonie n° 9, D 944; et n° 8, B. 163 «Du nouveau monde»; Ouverture OS de la radio de Stuttgart; Roger OS de la radio de Stuttgart; Roger Die Zauberharfe, D 644 OS de la Radio de Stuttgart; Roger Carnaval, op. 92 Norrington Norrington OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington Roger Norrington Norrington HAN93277 • 1 CD • 10,25 € HAN93251 • 1 CD • 10,25 € HAN93298 • 1 CD • 10,25 € HAN93288 • 1 CD • 10,25 € HAN93044 • 1 CD • 10,25 € G. Mahler : Symphonie n° 1 G. Mahler : Symphonie n° 2 «Resur- G. Mahler : Symphonie n° 4 G. Mahler : Symphonie n° 5 G. Mahler : Symphonie n° 9 OS de la Radio de Stuttgart; Roger rection» Anu Komsi; OS de la Radio de Stuttgart; OS de la Radio de Stuttgart; Roger OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington Sibylla Rubens; Iris Vermillion; OS de la Roger Norrington Norrington Norrington Radio de Stuttgart; Roger Norrington HAN93137 • 1 CD • 10,25 € HAN93166 • 1 SACD • 10,25 € HAN93164 • 1 CD • 10,25 € HAN93165 • 1 CD • 10,25 € HAN93244 • 1 CD • 10,25 € 2 ClicMag avril 2014 www.clicmusique.com * Les prix indiqués incluent déjà la réduction de 30%. Offre valable jusqu’au 31 mai 2014, dans la limite des stocks disponibles.
Alphabétique Roger Norrington Fête son 80ème anniversaire avec hänssler CLASSIC coté germanique; Elgar, Ber- dépends souvent d’une certaine subjec- Dvorak et la Pathétique de Tchaikovsky, lioz, Dvorak, Tchaikovski tivité. C’est aussi un chef anglo saxon magnifiées par les textures orchestrales pour le reste. Romantiques ? dans la lignée d’Adrian Boult (qui lui et conduite avec une suprême élégance. Soit. On y trouve surtout le apprit les rudiments du métier) et de La suite de Casse Noisette virevolte répertoire symphonique plus Colin Davis, tous deux amoureux du et bénéficie d’une goûteuse énergie. quelques pièces orchestrales texte et respectueux de la forme. Gar- L’orchestre de la RSO de Stuttgart a (ouvertures, suite...) fort bien- diner et Hogwood furent également certainement beaucoup appris du chef venues. Comme Harnoncourt des rencontres importantes. Nonobs- anglais. L’unité d’ensemble et la cohé- mais en moins visionnaire, tant sa fidélité aux textes, sa réflexion rence des pupitres (exquise et efficace Norrington participe du mou- sur le positionnement de l’orchestre, petite harmonie !). Tout au long du vement « historiquement in- l’articulation du discours musical, le coffret, il est irréprochable. Si le style formé » de l’interprétation des dialogue avec chaque pupitre, sa dia- « droit dans ses bottes » convient bien œuvres allant du baroque au lectique propre; le style d’interprétation à la symphonie n°4 de Bruckner (Nor- romantisme. Débutant par la de Norrington à ses partisans : rigueur tradition allemande : Schütz (il rington en éclaire la charpente harmo- agogique, netteté et précision des plans dirige le Schütz choir dans les nique et conduit chaque mélodie), les sonores, tempi aux cordeaux. Et ses dé- années 60), il viendra à force deux symphonies de Mahler manque tracteurs : ces qualités virent quelque- Roger Norrington de diriger divers orchestres à singulièrement de fond. Il donne une fois à l’extrème (comme une vin trop Les romantiques Bach évidemment, puis Monteverdi et vert) sécheresse, raideur, voire bruta- belle carrure à la fantastique de Berlioz Œuvres symphoniques de Schubert, Haendel. En 1978 il fonde le London lité, indifférenciation, manque de spon- mais sans en distiller le mystère. Par Berlioz, Mendelssohn, Brahms, Brückner, Classical Players. Il enregistre alors l’in- tanéité et de naturel. Il renonce ainsi au contre In the South, l’Introduction et Dvorák, Tchaikovski, Mahler et Elgar tégrale des symphonies de Beethoven. Allegro et les Variations Enigma d’Elgar vibrato, symptôme selon lui d’une mode OS de la radio de Stuttgart; Sir Roger Norrington Il explore le répertoire symphonique sont autant de bijoux orchestraux que mais aussi de la dégénérescence de l’in- HAN93313 • 10 CD Hänssler Classic de façon chronologique et se consacre terprétation ; cela, au profit de la clarté Norrington, en gourmet, se régale de enfin à la période romantique du début A l’occasion du 80ème anniversaire de de l’articulation, des plans et de la ligne. diriger et de nous servir. Sur le plateau Roger Norrington, Hänssler publie du dix neuvième siècle puis à Mahler et Schubert (la n°9) patît de cette absence du concert, avec, cerise sur le gâteau, l’œuvre enregistrée du maestro anglais. à Bruckner dont il enregistre le corpus de lyrisme et d’empathie plus que Men- une prise de son confondante de natu- Ce coffret intitulé « The Romantics » élé- symphonique avec le RSO de Stuttgart. delssohn. L’Italienne et l’Ecossaise sont rel et de subtilité. Applaudissements gamment habillé couleur or, comprend Norrington est un chef qui ausculte et superbement jouées, la sonorité gagne pour cette luxueuse édition Hänssler plusieurs compositeurs : Mendelssohn, radiographie les partitions pour les en lumière et la forme en galbe et ron- et bon anniversaire Sir Norrington ! Schubert, Brahms, Mahler, Bruckner, restituer dans leur forme exacte aux deurs. De même pour la septième de (Jérôme Angouillant) composition de son ultime symphonie, d’encens et de cathédrale, les parfums est que plus appolinienne. Les masses luttant cinq années pour extraire de de nature, de fête villageoise, de rires orchestrales imposantes se sont déli- façon définitive le premier mouvement ; à l’orgue de Saint Florian, l’écho du tées pour laisser filer les timbres des puis terminant son manuscrit au piano. son du violon qui animait les mariages instruments, la splendeur des couleurs L’orchestration du finale fut réalisée par de sa jeunesse. La longue exposition- et l’éclat de chaque pupitre. N’empêche son disciple Ferdinand Löwe. Depuis réexposition suivie de la longue coda nullement les dynamiques d’être extrè- le début de son intégrale, Norrington autour du ré mineur du premier mouve- se réfère toujours aux manuscrits ori- ment, les chromatismes mouvants, les mement denses voire oppressantes. ginaux, restant le plus possible fidèle à assauts bipolaires du scherzo, les su- Vision expurgée, raffinée, reliant natu- Anton Bruckner (1824-1896) la source : à la personne de Bruckner bits silences de l’Adagio et toujours ce rellement le compositeur à son outil. Symphonie n° 9, WAB 109 et aux modes d’ interprétations de déséquilibre apparent et ce flux et reflux Cette symphonie problématique en OS de la Radio de Stuttgart; Roger Norrington l’époque (Knapperbuch, Von Hauseger). continuel. Interpréter Bruckner n’est ja- terme d’unité, défile comme un sublime Il reprend la version Löwe en respec- mais un long feuve tranquille. Difficulté paysage panoramique et changeant, HAN93273 • 1 CD Hänssler Classic tant le nombre d’instruments, le plan des changements de registres, il faut empreint d’un attachant esprit roman- S i je meurs avant d’avoir terminé cette neuvième symphonie, ce sera la propre faute du Seigneur s’il reçoit de l’orchestre, le phrasé, l’articulation, évitant les surcharges apportées ulté- savoir garder la barre malgré la tempête (début du scherzo). Norrington dirige tique. Les applaudissements étreints et mesurés qui suivent l’agonie du rieurement (l’usage du vibrato). Nor- le luxueux vaisseau amiral du NSO de une œuvre inachevée » tels sont les final en disent long sur le respect du rington applique ces données à la lettre. Stuttgart avec une maitrise totale pour mots du compositeur qui pourraient Il refuse de donner dans le religieux ou arriver à bon port (un serein mi majeur). public. Et si avec Norrington et Stut- attester d’une dédicace divine. Juste le spirituel, préférant mettre l’accent sur En délaissant tout « Mystérium Tremen- tgart, nous avions là bientôt une inté- après l’échec de sa huitième, Bruckner l’héritage romantique (de Beethoven à dum » et toute symbolique métaphy- grale des symphonies exceptionnelle ? s’identifiant à Beethoven, s’attelle à la Wagner) et substituer aux ambiances sique pesante, sa vision de l’œuvre n’en (Jérôme Angouillant) Poplutz; Georg Poplutz; Klaus Mertens; L’arpa gré une carrière en dents de scie, par- Wilhelm Friedemann affirme son ori- festante; Barockorchester München; Ralf Otto vint à se créer un idiome personnel, no- ginalité dès la première cantate, initiée CAR83362 • 1 CD Carus tamment dans sa musique pour clavier par un allegro de symphonie au carac- solo et dans ses œuvres de chambre. On tère de fanfare qui se prolonge par un A près le CD consacré à des concerti pour clavecin et à des trios (Clic- Musique n° 13 Février 2014), l’éditeur pourrait supposer que dans un domaine où son père avait laissé une empreinte chœur en plusieurs sections contras- tées. Même symphonie introductive la monumentale émaillée de tant de chefs troisième cantate, et duo de flûtes dans Carus poursuit sa série consacrée à W.F d’œuvre, il aurait plus de difficultés à se le premier air de la première cantate, et Bach par un premier volume de can- créer un prénom….on constate avec dans le duo de la troisième. Il semble tates. Génie tourmenté, écrasé par le plaisir à l’écoute de ces œuvres jubila- avoir eu une prédilection pour cette for- W. Friedemann Bach (1710-1784) génie de son père et les grandes espé- toires que malgré une parenté inévitable mation à laquelle il a consacré plusieurs Cantates, vol. 1 rances fondées sur lui par son illustre de certaines tournures de phrase dans duos ou trios avec continuo.. Les inter- Dorothee Mields; Gerhild Romberger; Georg géniteur, le fils aîné du grand Bach, mal- les sections chantées principalement, prètes, dont des solistes chevronnés www.clicmusique.com ClicMag avril 2014 3
Alphabétique de ce répertoire, tels la soprano Doro- Johann Sebastian Bach (1685-1750) d’église, traditionnelle avant tout. Sans thée Mields ou la basse Klaus Mertens, Concerto pour orgue, BWV 596; Sonate génie, avec encore peu d’art mais beau- nous donnent ici, accompagnés par le en trio n° 6, BWV 530; Pièce d’orgue, coup de bonne volonté on voit la future Chœur Bach de Mayence et l’orchestre BWV 572; Vier Duetti de Clavierübung III; compositrice s’essayer à son premier baroque L’Arpa Restante sous la direc- Prélude et Fugue, BWV 548 Nicolas-Alexandre Marcotte, orgue (orgue Karl grand œuvre. C’est par instant assez tion de Ralf Otto, une lecture précise et savoureuse de ces perles trop rarement Wilhelm de l’Eglise Saint-Matthias de Québec) touchant. L’exécution est plus que mo- jouées. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) XXI1713 • 1 CD XXI-21 Productions deste, et ce jusque dans sa prise de son. (Jean-Charles Hoffelé) Dimitri Chostakovitch (1906-1975) Quatuors à cordes n° 1 et n° 8 / N. Mias- kovski : Quatuor à cordes n° 13, op. 86 Quatuor à cordes Kopelman NI5827 • 1 CD Nimbus W. Friedemann Bach (1710-1784) Johann Sebastian Bach (1685-1750) Cantates, vol. 2 Missa brevis BWV 234 et BWV 235 Johannes Brahms (1833-1897) Rastatter Hofkapelle; Jürgen Ochs Miriam Feuersinger; Alex Potter; Hans Jörg Mam- Ballades, op. 10; Pièces pour piano, op. mel; Markus Volpert; La Cetra Barockorchester CAR83429 • 1 CD Carus 118; Pièces pour piano, op. 119 Basel; Ensemble Orlando Fribourg; Laurent Gendre C onnu et réputé pour ses pièces de clavecin visionnaires, le fils préféré de Bach assuma à sa façon l’héritage CLA2907 • 1 CD Claves Stéphan Sylvestre, piano XXI1717 • 1 CD XXI-21 Productions Edward Joseph Collins (1886-1951) luthérien en composant également des Musique pour piano et pour quatuor cantates et d’autres œuvres de musique Earl Wild, piano; Gunnar Johansen, piano; sacrée. La totalité de cette production Manhattan String Quartet est liée à sa charge des trois principales TROY1156 • 1 CD Albany églises de Halle de 1746 à 1764. Cette période exclusivement consacrée à la musique vocale s’oppose à celle qui O n ne sait plus rien de la musique de Joseph Collins (1886-1951), citoyen américain dont les œuvres furent un précède (1733-1746, Dresde) où règne sans partage la musique instrumentale. temps prisées à Londres, et qui laissa, De l’une à l’autre, la faible productivité Amy Marcy Beach (1867-1944) outre une symphonie et trois concer- est une constante. Concernant les can- Grande Messe en mi bémol majeur Johannes Brahms (1833-1897) tos pour son instrument, le piano, une tates (une vingtaine), elle s’explique Margot Law; Martha Remington; Ray Bauwens; Quatuors pour piano n° 1 et n° 3 très belle cantate pour solistes, chœur par la nature spécifique du contrat : à Joel Schneider; Stow Festival Chorus and Orches- Xiayin Wang, piano; The Amity Players et orchestre, Hymn to the Earth. Mais Leipzig, Jean-Sébastien devait pro- tra; Barbara Jones c’est aux pièces de piano qu’est dédié duire une cantate hebdomadaire tan- TROY179 • 1 CD Albany MAR81377 • 1 CD Marquis cet album, avec pas moins de deux ver- A dis qu’à Halle, Friedemann avait pour my Beach (1867-1944), demeure un sions d’extraits des Valses caractéris- seule contrainte d’en faire exécuter une nom dans les encyclopédies de mu- tiques – l’enregistrement saillant qu’en toutes les trois semaines quelque soit sique publiées en pays anglo-saxons. laissa Gunnar Johansen nous semble son auteur. Cette clause qui lui permit Pianiste très appréciée par les sociétés supérieur à celui plus distant d’Earl Wild de diriger des cantates de son père musicales de la cote est des États-Unis, lorsque la comparaison est possible, est pour nous regrettable car elle nous elle met en 1885 un terme à sa carrière leurs sélections respectives n’étant que prive d’un plus grand nombre d’œuvres de concertiste en épousant le docteur apportant au genre ce renouvellement partiellement sécantes. Wild offre éga- Henry Harris, chirurgien renommé. expressif conséquent et nécessaire. Mais ce retrait fut employé pour déve- lement les Variations sur une mélodie Friedemann y affirme son identité avec lopper son métier de compositeur. En irlandaise et quelques transcriptions de autant de force que dans sa musique 1896 la création de sa Symphonie Gaé- negro spirituals. Musique charmante, Dimitri Chostakovitch (1906-1975) instrumentale dont la mélancolie, lique fera sensation et lui assurera une qui montre un beau métier, et flirte Quatuor à cordes n° 10, op. 118 / M. Wein- ça et là avec une écriture harmonique l’étrangeté, les longueurs de phrases certaine renommée jusqu’en Europe. Sa berg : Quintet pour piano, op. 18 ambiguë. L’éditeur annonce sur ce CD perturbant le processus de rationalisa- Grande Messe écrite dix années aupara- tion par l’auditeur, font de troublantes vant la montre au milieu du gué, réem- Elizaveta Kopelman, piano; Quatuor à cordes volume I. Aurons nous demain une incursions dans un contexte liturgique. ployant avec plus ou moins de bonheur Kopelman anthologie des œuvres orchestrales ? Cependant, le programme contrasté les formules d’une certaine musique NI5865 • 1 CD Nimbus (Jean-Charles Hoffelé) révèle à nouveau ce tiraillement entre l’ancien (contrepoint strict, expressi- Boreyko (qui vaut bien Gergiev), ces Il ne desserre jamais l’étreinte avec vité soumise au dogme) et le moderne (primauté de la mélodie, émergence de Sélection ClicMag ! deux nouvelles symphonies en live du l’orchestre et accompagne le cuivre la subjectivité) qui rend si complexe le Liederhalle de Stuttgart. Brut. Sans cou- solitaire. Le Largo impressionne vrai- cas Friedemann et sa problématique pures ni retouches. Là encore Boreyko ment. Et même la ridicule mais digne de filiation. L’effectif de huit chanteurs emporte le morceau. Par sa compré- farandole du final est enlevée tambour et huit à dix instrumentistes restitue hension indubitable du texte, sa géné- battant. Salves d’applaudissements du les conditions d’exécution originales. rosité partagée avec un orchestre (le public, enthousiasmé par tant d’intelli- (Pascal Edeline) RSO de Stuttgart), on l’a dit, capable de gence et de faconde. Dans la quinzième tout. Epatante Neuvième. Cette « sche- et ultime symphonie, ouvrage limpide rzo » symphonie rappelle le style écla- truffé de citations, la forme labyrin- tant de Prokofiev et cultive sarcasmes thique des mouvements forts (Allegret- et ironie. La bruissante plaisanterie de tos, Adagios) ne lui échappent pas. Les Dimitri Chostakovitch (1906-1975) l’Allegro et la mécanique crantée du enchaînements non plus. Boreyko sait Symphonies n° 9, op. 70 et n° 15, op. 141 Presto, sont menés avec détachement toujours où il entraîne son orchestre. OS de la Radio Finlandaise; Andrey Boreyko et franchise. Boreyko fait du Moderato Il ne donne pas trop mais ne retient HAN93284 • 1 CD Hänssler Classic un mystère, une énigme qu’il est seul à jamais. Gratitude réciproque. L’inté- N ouveau volume de l’intégrale Chos- takovitch du magnifique Andrey décrypter ainsi, par la sensualité inouïe des timbres et la ponction des silences. grale se hisse décidément très haut. (Jérôme Angouillant) 4 ClicMag avril 2014 www.clicmusique.com
Sélection ClicMag ! O n ne fait pas plus désolé que le chromatisme à l’orgue qui ouvre ce Requiem, avant que les choeurs goûte avec le même bonheur la tendre sérénité d’un fragile et délicat Benedic- tus, d’autant plus émouvant que Gou- n’en reprennent la lente progression en nod mourut tandis qu’il l’écrivait, ou demi-tons qui, cette fois, montent et se d’un merveilleux Recordare, compa- poursuivront tout au long de l’œuvre. rable au In Paradisum de Fauré. André Enregistrée en 1993, cette version ori- Charlet mène avec efficacité un en- ginale - quatre solistes, choeurs, harpe, semble d’où ressort la belle complicité orgue, quatuor à cordes - contraste, des chanteurs et des musiciens. Pour la Claude Debussy (1862-1918) par son intimisme et sa discrétion avec Messe n°2, c’est la Chorale du Bassus 12 Préludes pour piano, premier livre; Les les prodigieux déferlements de Mors et qui délivre harmonies audacieuses et soirs illuminés; Khamma; Intermède, pour Charles Gounod (1818-1893) Vita, laissant apprécier la rare plénitude rythmes inattendus, jusqu’à un O Salu- piano; Toomai des éléphants; Petite Valse Michael Korstick, piano Requiem en do, version de chambre; de l’inspiration musicale portée par taris chanté sotto voce et un Agnus Dei Messe n° 2 pour choeur d’hommes et orgue la rare fougue de tous les interprètes, tout en fine dentelle, à fleur de lèvres. HAN93290 • 1 CD Hänssler Classic François Margot; Quatuor Sine Nomine; Chœur notamment dans le Dies Irae, dont on Cinquante-cinq voix d’hommes qui Romand; Chorale du Brassus; André Charlet dirait les phrases mordues, tant elles soulèvent à peine le silence : fabuleux. CLA9326 • 1 CD Claves sont scandées avec conviction. Mais on (Danielle Porte) 12 Préludes, deuxième livre; The little negro; La boîte à joujoux; Berceuse héroïque; Page d’album; Elégie Michael Korstick, piano Antonín Dvorák (1841-1904) Johann Philipp Förtsch (1652-1732) Christoph Graupner (1767-1836) HAN93300 • 1 CD Hänssler Classic Trio pour piano, op. 65; Trio pour piano, Ich freue mich im Herrn et autres cantates Concertos pour basson GWV 301, 306, 307, op. 90 «Dumky» A près un premier album Debussy sacrées 328, 337, 340 Münchner Klaviertrio Monika Mauch; Barbara Bübl; Alex Potter; Hans (Hänssler 93.290) et cette fois avec Sergio Azzolini, basson; Friedemann Wezel, le deuxième livre des Préludes, le pia- GEN11194 • 1 CD Genuin Jörg Mammel; L’arpa Festante; Rien Voskuilen violon; Christian Leitherer, chalumeau; Ensemble il niste allemand Michael Korstick nous CAR83363 • 1 CD Carus capriccio; Friedemann Wezel offre un très beau disque de piano et le second volume d’une série qui s’an- T énor à l’Opéra de Hambourg pour lequel il composa douze œuvres CAR83443 • 1 CD Carus E nonce comme une intégrale. Michael xact contemporain de Bach, Haen- Korstick c’est avant tout un jeu puis- lyriques une fois devenu maître de del, Vivaldi, Telemann ou encore sant, net, vigoureux, fulgurant, rythmé, chapelle à Schleswig, Förtsch ajouta de Heinichen, Christoph Graupner est fluide, clair et transparent qui donne puis substitua définitivement à la mu- sique d’autres activités : médecin et rapidement tombé dans l’oubli après ici une interprétation brillante, précise, analytique et extrêmement lisible de conseiller de cour. Toutes ses œuvres sa mort, éclipsé par la gloire posthume ce recueil. Cette lecture «objective» a auraient donc été écrites avant 1690. croissante de ses illustres confrères. le mérite de mettre en évidence les at- Leo Fall (1873-1925) S’y maintient la tradition luthérienne Son œuvre considérable (près de 2000 mosphères changeantes et contrastées Madame Pompadour, opérette en 3 actes selon Schütz marquée par l’intério- numéros d’opus) mérite pourtant d’être de ces pièces allusives, évocatrices, Annette Dasch; Heinz Zednik; Chœur du Volksoper rité, l’importance de chaque mot, la redécouverte comme l’illustre idéale- parfois abstraites, et de faire entendre de Vienne; Andreas Schüller méfiance à l’égard des excès de vir- ment ce très bel album qui réunit six des aussi très distinctement les nombreux CPO777795 • 1 CD CPO tuosité, d’ornementation et des modu- quarante-quatre concertos de ce com- détails harmoniques, les couleurs et les D timbres que la palette debussyste sait e la bonne trentaine d’opérettes lations trop abruptes. L’arpa festante a positeur qui fut l’un des principaux arti- tirer du piano. On perd en revanche un composées par Leo Fall, Madame su sélectionner parmi les 82 cantates et sans du développement du modèle du peu le caractère improvisé et la part de Pompadour est la dernière. Elle dut concerts spirituels, les pièces les plus concerto italien en Allemagne. Propo- mystère qui nimbe ces pages. Dans la attendre 30 ans sa création à la Volk- aptes à atténuer l’austérité du respect soper de Vienne. CPO nous propose la sant un programme homogène, ce CD même veine, le reste du programme est de l’orthodoxie par leur configurations contrepartie sonore de la production de réunit son unique concerto pour violon, d’une grande cohérence : Le Petit Nègre vocales et instrumentales renouvelées précède La boîte à Joujoux (connue 2012, parodie bon enfant du XVIIIème les quatre concertos pour basson et un au service de la caractérisation, parfois surtout dans l’orchestration de Caplet) siècle si l’on en croit les photos du triple concerto pour basson, chalumeau même de la plénitude sonore. A ce titre, qui en reprend le thème principal ; la livret. Fall joue sans complexes la carte et violoncelle. Pleines de vie, de souffle « Ich weiß, dass mein Erlöser lebt » Berceuse héroïque est suive par deux du divertissement : la musique, simple et d’énergie, tour à tour mélancoliques et franche, est au service d’un efficace présente un contraste frappant entre pièces également inspirées par les deux extrémités : les dessus des voix de et nerveuses, sans cesse curieuses années de guerre : une Page d’album vaudeville. Traduite en anglais, voilà une pour le Vêtement du blessé et l’ultime et pièce qui ne déparerait pas Broadway. ténor et de contre-ténor forment avec la et inventives, regorgeant de reliefs et sombre Elégie. (Alexis Brodsky) Le public y prend un plaisir audible, basse continue jouée par un orgue et un d’aspérités, ces œuvres ont et donnent qu’une publication directe en DVD violone (équivalent de la contrebasse) la pêche ! Progressant dans une sorte nous aurait permis de partager pleine- un étonnant clair-obscur que les deux de fuite en avant perpétuelle sur un ment. Ceux qui ont entendu son Elsa violes de gambes n’estompent qu’épi- chemin semé de moult détours, sur- transcendante à la Scala ou à Bayreuth sodiquement. Ce sont néanmoins les prises, syncopes et autres ruptures de n’attendront pas Annette Dash dans un deux œuvres concluant le programme rôle qui la sous-distribue vocalement, rythmes, le discours musical et la ligne qui pourraient le mieux emporter l’ad- mais révèle un vrai talent pour la comé- mélodique, rehaussés par les saveurs hésion par leur expressivité, en particu- die, et quel plaisir de retrouver face à acidulées du basson et du chalumeau, lier « O adoranda trinitas », duo pour té- elle le vétéran Heinz Zednik. C’est ainsi loin de lasser, captent et retiennent - je peux en témoigner - que les mélo- nor et basse soutenu par trois violes où resurgit soudain l’esthétisme sensuel et l’attention, divertissent ou émeuvent Théodore Dubois (1837-1924) manes viennois se délassent entre un la dimension extatique de l’art italien du en permanence. Vifs, précis et enthou- Wagner à la Staatsoper et un concert au Chansons de Marjolie; Odelettes antiques premier dix-septième siècle. Pour L’ar- siastes, l’ensemble Il Capriccio et ses Musikverein. Frais et savoureux comme Anne Saint-Denis, soprano; Olivier Godin, piano solistes invités sont plus que parfaits. le vin nouveau des Heurigen. Prost ! pa festante, l’art de « finir en beauté ». XXI1704 • 1 CD XXI-21 Productions (Olivier Gutierrez) (Pascal Edeline) (Alexis Brodsky) www.clicmusique.com ClicMag avril 2014 5
Alphabétique Sélection ClicMag ! H eureuse époque qui voit une excep- tionnelle floraison de contre-tenors : après la voix torrentielle de Franco à écouter pieusement et à méditer : tendre ironie dans Semele, espérance du style galant mais prouve aussi que ces repères musicologiques ne peuvent circonscrire l’expressivité. En effet, et quiétude dans Israel in Egypt, tran- Fagioli, faisons la connaissance de Ies- celle-ci ne fit que se renouveler. Ainsi tyn Davies. D’abord le timbre : étrange, quille assurance dans Jephta, mais la violence dramatique des Passions de désincarné, presque minéral, puis allons à l’essentiel : si vous accordez à Bach fit place à la douceur (non dénuée l’émission d’une pureté instrumentale ce disque la disponibilité spirituelle qu’il de profondeur) de l’« Empfindsamkeit » qui nourrit des phrasés d’une douceur (style sensible) qui rapproche Homilius requiert, presque arrivé(e) au terme du irréelle. Une voix faite pour la musique de Carl Philipp Emanuel Bach dans la sacrée plus que pour le théâtre, propre voyage, vous vous laisserez emporter musique sacrée. Leurs traits communs à exalter le Haendel le plus austère, le par le transcendant who calls my par- mériteraient d’être étudiés à l’occasion plus accompli également, celui des ting soul from death d’Esther, comme de leurs tricentenaires simultanés. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) oratorios qui fournissent la matière de L’articulation subtile entre aspects si le soprano adamantin de Carolyn Your tuneful voice. Airs d’oratorios cette album. Accompagnement discret historiques et esthétiques rend priori- Lestyn Davies, contre-ténor; Carolyn Sampson, Sampson venait éclairer de l’intérieur ce taire cette édition, aussi bien pour une mais engagé de Robert King, servi- soprano; The King’s Consort; Robert King teur au meilleur sens du terme d’un diamant noir : awake my soul, vraiment. découverte que pour un approfondisse- VIVAT105 • 1 CD Vivat Music chanteur dont chaque intervention est (Olivier Gutierrez) ment. (Pascal Edeline) S’il n’y avait que cela, l’œuvre aurait versaire » est une excellente introduc- pu continuer à dormir parmi les incu- tion à l’Œuvre dont la variété stylistique nables du compositeur. Mais la valeur est à l’image de la ville où vint s’établir de l’ensemble, excède celui des parties, Homilius après avoir étudié l’orgue avec et l’écriture à géométrie variable (on Bach. Le rayonnement de Dresde sur trouve un trio pour flûtes à bec dans l’Europe musicale du XVIIIèmesiècle la musique du soir), l’invention rhéto- motiva le Cantor de Leipzig à entre- rique, la finesse de l’écriture rendent prendre sa Messe en si. La promesse l’œuvre décidément attachante. Inter- de la reconnaissance fut honorée par Victor Herbert (1859-1924) prétation très soucieuse de rendre le sa nomination comme compositeur de Gottfried August Homilius (1714-1785) Mélodies caractère expérimental de l’aventure. la cour. En remerciement, Bach joua sur Cantates HoWV II.5, HoWV II.31, HoWV Marnie Breckenridge; George Dvorsky; William (Jean-Charles Hoffelé) l’orgue de la Frauenkirche dont Homi- II.37, HoWV II.40, HoWV II.43 Hicks, piano lius devint titulaire en 1742. C’est dans Marie-Pierre Roy; Henriette Gödde; Knut Schoch; cette église bombardée en 1945 et re- Markus Köhler; Haendel’s Company & Choir; NW80726 • 4 CD New World Records construite soixante ans après qu’ont été Rainer Johannes Homburg enregistrés les préludes de choral et la CAR83267 • 1 CD Carus cantate « Erwachet, ihr Christus » dont la structure et l’éloquence retiennent l’attention. Au chœur introductif en rythmes pointés s’enchaîne directement un choral émouvant qui interviendra trois fois avec un texte différent. Cette œuvre ne comporte aucun air soliste, Gottfried August Homilius (1714-1785) uniquement des récitatifs (privilège Musique à l’église Notre Dame de Dresde rare pour tous ceux qu’ils ennuient, la Heinrich v Herzogenberg (1843-1900) Dresdner Barockorchester; Roderich Kreile; cantate « Heilig ist unser Gott » inverse Die Geburt Christi op. 90, oratorio Sächsisches Vocalensemble; Virtuosi Saxoniae; la situation). Le chœur conclusif est Arthur Honegger (1892-1955) Ludwig Güttler Staats- und Domchor de Berlin; Ensemble Oriol; soutenu par un orchestre à l’énergie Christian Grube CAR83268 • 2 CD Carus A. Honegger / J. Leguerney : Mélodies très « Sturm und Drang ». En 1755, Rachel Joselson, soprano; Rene Lecuona, piano HAN98001 • 2 CD Hänssler Classic Q uatre compositeurs nés en 1714 devraient être célébrés cette année : Homilius prit la direction musicale des trois principales églises de la ville (dont TROY691 • 1 CD Albany Gluck, Carl Philipp Emanuel Bach, Jom- melli et Homilius. Absent de maintes encyclopédies musicales, le dernier la Frauenkirche) et devint Cantor à la Kreuzschule. Toujours actif huit siècles après sa fondation, le chœur formé C onnaissez-vous Jacques Leguer- ney ? Pour compléter son album essentiellement dévolu aux assez rares mentionné demeure assez méconnu dans cette école valorise les enregis- mélodies d’Arthur Honegger, la soprano mais sa discographie a déjà congédié trements par sa ferveur extraordinaire. Rachel Joselson a été chercher trois l’indigence. Cantates, chorals, extraits Le langage de Homilius reflète bien recueils de la Pléiade que ce composi- d’oratorios et de passions, l’aperçu cette période où le contrepoint s’efface teur connu uniquement par quelques panoramique de cette « Édition-Anni- au profit de la simplification d’écriture aficionados mis en musique avec un art Paul Hindemith (1895-1963) siteurs atypique et attachant qui a tenu par des contemporains pourtant plus Plöner Musiktag Sélection ClicMag ! une place notable bien qu’oubliée au- renommés. Klavierstücke, phantasies- Dietrich Henschel, baryton; David Reibel, récitant; jourd’hui au sein des milieux musicaux tücke, variations et autres pièces de Jobst Liebrecht, direction allemand et autrichien de la seconde genre constituent l’essentiel de ces WER6728 • 1 CD Wergo moitié du XIXe siècle. Amis intimes de deux corpus dans lesquels l’influence M usique pédagogique, mais au fond Brahms, Clara Schumann, Joseph Joa- chim et Grieg pour ne citer que les plus de Schumann, Grieg et Brahms est bien plus. Hindemith écrivit son « Plöner Musiktag » pour les étudiants célèbres, il fut professeur de composi- certes sensible, mais qui démontrent de l’internat de Plön qui l’avaient fêté tion et fondateur de la Bach-Verein, tan- également un métier solide, une inventi- lors de sa précédente visite en repré- dis qu’elle fut élève de Brahms et pro- vité constante, une inépuisable richesse sentant son petit opéra « Wir bauen mise à une brillante carrière de pianiste mélodique ainsi qu’une réelle inclination eine stadt ». Hindemith décida de com- concertiste à laquelle son rang d’aristo- pour l’humour : acrostiches, rébus mu- Heinrich v Herzogenberg (1843-1900) poser de la musique pour toute une crate lui imposa cependant de renoncer. sicaux, savoureuses variations sur l’air Intégrale de l’œuvre pour piano / Elisabeth Ces trois CD qui rassemblent l’intégrale journée de vie dans cette institution, von Herzogenberg : Huit pièces pour piano «La ci darem la mano» du Don Juan du matin au coucher. A mesure des de la musique pour piano de l’un et différentes étapes du jour il décline Natasa Veljkovic, piano de l’autre permettent de découvrir des de Mozart... La pianiste Natasa Veljko- tous les genres d’une certaine musique CPO777789 • 3 CD CPO œuvres originales et de grande qualité vic nous restitue ces œuvres avec un E utilitaire, souvent teintée de références lisabeth et Heinrich von Herzogen- qui soutiennent dignement la comparai- enthousiasme, un engagement et une baroques (musique de table, cantate). berg forment un couple de compo- son avec de nombreuses autres signées virtuosité sans faille. (Alexis Brodsky) 6 ClicMag avril 2014 www.clicmusique.com
particulièrement raffiné. Gérard Souzay s’était fait le champion de Leguerney. Il avait mille fois raison. Quelle musique ! OP d’Oslo; Jukka-Pekka Saraste PSC1316 • 1 CD Simax Sélection ClicMag ! E n dehors des Trois Romances op. 94, rien ici qui ait été initialement composé par Schumann pour le haut- Musique pour les musiciens certes, où le piano brille autant que la voix – on a J ukka-Pekka Saraste inscrit progres- sivement à son répertoire toutes les symphonies purement orchestrales de bois, et pourtant le charme agreste de l’instrument pénètre dans chaque souvent écrit que Leguerney écrivait ses Gustav Mahler. A Paris on a pu le voir cahier avec une sorte d’évidence. La mélodies pour les pianistes ce qui n’est poussant dans ses derniers retranche- plus étrange (et réussie) transcription pas tout à fait faux, donnant la main ments un Orchestre Philharmonique de l’album reste la proposition toute en cela à Francis Poulenc – mais qui de Radio-France transporté par sa récente (2008) d’Alexei Utkin qui méta- y prêtera une oreille attentive ne saura direction sans ostentation. A Oslo, à morphose littéralement le caractère de plus s’en défaire. Alors si vous voulez la tête de la formation qui est sienne la Sonate pour violon et piano op. 105. vous procurer l’album d’abord pour le depuis 2006, il délivre une lecture Le disque convie à une ballade lyrique joli corpus d’Honegger, ne vous étonnez tenue, hautaine, jamais bruitiste, tou- Robert Schumann (1810-1856) au plus secret de l’œuvre de Schumann, pas finalement de revenir plus souvent jours musicale, suprêmement lyrique et l’on se laisse emmener par le geste Pièce de fantaisie, op. 73; Adagio et Alle- encore aux plages de ces Poèmes de la et pourtant narrative. Il réalise comme lyrique des deux instrumentistes. Le gro, op. 70; 3 Romances, op. 94; Sonate, Pleïade . On espère bien que l’éditeur peu les intentions de Mahler et reste piano sans marteaux d’Igor Tchetuev, op. 105 poussera sa curiosité plus loin dans fidèle à l’ultime choix du compositeur le hautbois d’Alexei Utkin, diseur et l’œuvre d’un compositeur décidément Alexei Utkin, hautbois; Igor Tchetuev, piano en ce qui concerne la place du Scherzo un rien vert sont idéalement appariés. trop méconnu. (Jean-Charles Hoffelé) en second mouvement. Finement enre- CM0042008 • 1 SACD Caro Mitis (Jean-Charles Hoffelé) gistrée, on tient là une des lectures les plus scrupuleuses de l’œuvre, pourtant une structure rare. D’abord une intro- emportée par un geste épique. Sans duction lente, à laquelle s’enchaînent pathos, avec une conscience aigu du une petit « valse » et une polonaise, modernisme singulier de cette partition un menuetto avec un second trio plutôt qu’Alban Berg portait au pinacle, il rend sombre (tonalité mineure, registre grave à la Sixième Symphonie son statut de du violoncelle et du cor), une sicilienne manifeste pour une certaine musique revenant sur l’andante du début, enfin du futur. (Jean-Charles Hoffelé) le final à la conclusion sereine. Une œuvre rare, dans l’esprit de la fantaisie, Franz Liszt (1811-1886) Johann M. Friedrich Nisle (1780-1873) mettant le corniste à rude épreuve, au Hexameron; Polonaise n° 1; Trauerwalzer; Octuor en ré majeur; Septuor en mi bémol final peut-être plus attachante que les Ballade n° 2; Adelaïde d’après Beethoven; majeur; Quintette en do majeur, op. 26 précédentes. Quel ensemble autre que Valse-Impromptu; Prélude & Fugue d’après Consortium Classicum le Consortium Classicum pouvait mieux Bach CPO777266 • 1 CD CPO jouer cette musique retrouvée, jouée et Joseph Moog, piano J ohann Martin Friedich Nisle est enregistrée sans relâche pendant 30 CLA1108 • 1 CD Claves ans par son fondateur, le clarinettiste l’un des fils de Johannes Georg I l est de bons pianistes qui accumulent les enregistrements comme certains compositeurs les notes : c’est bien fait, Felix Mendelssohn (1809-1847) Nisle (1735-1788), corniste virtuose, membre à partir de 1773, de l’orchestre Dieter Klöcker. Celui-ci nous a quitté en 2013 : il convient de lui rendre un de la Cour d’Oettingen Wallerstein. Sa fervent hommage. Ce très beau disque voire impeccable – et on ne se plaint Trios pour piano, op. 49 et op. 66 diffusant le répertoire peu connu pour longue vie, d’apprenti corniste, puis de ni ne se réjouit que cela prenne fin. Trio con Brio Copenhagen petits ensembles (hors piano) de la musicien itinérant dans toute l’Europe, Joseph Moog est d’une autre trempe. MAR81409 • 1 CD Marquis n’est plus documentée à partir de 1824. période charnière 18°/19° siècle est Il a relégué la perfection technique à Auteur d’une centaine d’œuvres, une l’un de ses derniers enregistrements. sa juste place : devoir envers le texte, moitié est connue mais inégalement (Pascal Bouret) courtoisie pour le public, elle n’est rien authentifiée, partie pour cor solo, voix et moins qu’une nécessité élémentaire. piano, partie pour de petits ensembles Manifestement capable de tout jouer, du duo à l’octuor. La paternité de l’oc- il possède une autre qualité, bien plus tuor et du septuor enregistrés ici n’est rare : le choix des œuvres. Pas de pas établie : reviendrait-elle à son père « pièce du répertoire » habituel pour ce ou à son frère aîné, Wilhem Friedich ? cinquième enregistrement (deux autres L’octuor rassemble flûte et clarinette, ont suivi depuis), mais un programme 2 cors « ad libitum » (c’est-à-dire bien lisztien conçu comme un entrelacs Felix & Fanny Mendelssohn discrets) et quintette à cordes. Nos d’hommages : du pianiste à Liszt, de interprètent montrent leur vélocité (1° Quatuors à cordes, op. 80; Quatre pièces Liszt à Chopin, ainsi qu’à quelques pour quatuor à cordes, op. 81 / F. Mendels- mvt), s’amusent dans les variations de chers collègues ou prédécesseurs Ottorino Respighi (1879-1936) sohn-Hensel : Quatuor à cordes la partie médiane (« alla hungarese » de chéris : Bellini, Beethoven, Schubert Chaconne et Pastorale pour vln., org. et Quatuor Merel la 4°, amusant pizzicati/vents de la 6°), et Bach. Avec une grande sûreté sty- cordes; Concerto All’Antica pour vln. et GEN11204 • 1 CD Genuin et rendent à merveille un final joyeuse- orch.; Concerto A Cinq pour htb., trp., vln., listique, Moog nous accompagne dans L éger ? Oh que non ! Dès les pre- ment endiablé. Le septuor est proche cb., pno. et cordes les plus intimes recoins de l’admiration mières sonorités, le jeune quatuor de l’op. 20 de Beethoven, modèle English Chamber Orchestra; Marcello Viotti lisztienne, n’oubliant rien sur ce chemin suisse Merel fait table rase de ce pré- incontesté du genre, plus encore de CLA9017 • 1 CD Claves d’admiration. On n’a désormais plus jugé envers Felix Mendelssohn Bar- celui de F. Witt (voir ClicMag n° 9) ou qu’une envie : l’entendre en concert. tholdy. Son dernier quatuor fait appa- de K. Kreutzer. Mais il s’en différencie En attendant, on réécoutera ce disque ! raître un compositeur en souffrance, par sa sa structure en 4 mouvements (Christophe Luret) passionné, écrasé par la douleur de la (au lieu de 7), ce qui l’éloigne du diver- perte de sa soeur Fanny, qui vient juste timento de style classique, par la flûte de mourir. Et l’ensemble met égale- qui remplace la clarinette comme vent ment à l’honneur ses œuvres à elle, en « conducteur », par le violoncelle et la faisant à la fois preuve d’éloquence et contrebasse jouant à l’unisson. Après d’une richesse de timbre. Le quatuor l’allegro initial, péremptoire et volubile précoce en mi bémol de Fanny Hensel, aux alliages vents /cordes fort réussis, avec ses teintes lyriques et finement on découvre les délicieuses surprises dégradées, n’a aucunement besoin de (petite cadence de flûte !) des trios d’un Franz Schubert (1797-1828) se cacher devant les œuvres du frère. menuetto en forme de ländler, puis un Fantaisie pour violon et piano / R. Strauss : Un précieux complément de répertoire, adagio quasi wébérien, enfin le rondo fi- Sonate pour violon et piano, op. 18 Gustav Mahler (1860-1911) et pas uniquement pour les amoureux nal exubérant et coloré. Le quintette op. Nina Karmon, violon; Maria Sofianska, piano Symphonie n° 6 en la mineur des quatuors ! 26 (à la paternité attestée !) présente GEN14310 • 1 CD Genuin www.clicmusique.com ClicMag avril 2014 7
Alphabétique (presque) plus qui laissent en 1990 la ses capacités polyphoniques. Le com- version de référence de ces œuvres. Sélection ClicMag ! positeur y trouve prétexte pour faire (Pascal Bouret) sonner et chanter l’instrument. La mer- veilleuse Suite Populaire est un recueil de cinq danses d’atmosphères très différentes. Chaque mouvement est un chef d’œuvre de fraicheur et de subtilité. Les cinq préludes sont d’une facture à la fois classique et sophistiquée et l’on Robert Schumann (1810-1856) entend des réminiscences de Chopin Sonates pour piano n° 1 à 3; Fantaisie pour (une discrète mélancolie) de Scarlatti piano, op. 17 (l’humeur enjouée) ou de Bach. Dans Francesco Piemontesi, piano Heitor Villa-Lobos (1887-1959) les douze études, écrites à l’origine pour CLA1003/4 • 2 CD Claves Igor Stravinski (1882-1971) Intégrale de la musique pour guitare seule Andres Segovia (qui ensuite les refusa Fabio Zanon, guitare les trouvant mal écrites !), le brésilien Pétrouchka (version pianola); Etude pour NI2576 • 1 CD Nimbus Fabio Zanon s’approprie tout à fait le pianola; Le Sacre du printemps (version langage original du compositeur pour L pianola) ’œuvre d’Heitor Villa Lobos pour Rex Lawson, pianola en donner une lecture fluide, ample guitare seule tient sur un seul (tempos souvent larges, arpèges sur- NI2577 • 1 CD Nimbus disque. La Suite Populaire Brésilienne lignés...) mais signifiante. On ne peut (1908 1912), les douze études datent qu’admirer son jeu dûment réfléchi, ses de 1929, et les cinq préludes plus tar- couleurs, son soyeux et son intensité. difs composés en 1940. Ces œuvres Un disque superbement enregistré (exit attachantes montrent la richesse d’ins- pincements et frottements rédhibitoires piration, matinée de folklore et de tra- pour préserver l’équilibre naturel de la Richard Strauss (1864-1949) dition, de Villa Lobos. Elle ne donne résonance) qui complète sans annuler Concertino pour clarinette, basson et jamais dans l’illustratif et prouvent une la référence récente de Norbert Kraft Orchestre à cordes; Concerto pour hautbois grande connaissance de la guitare, de (Naxos). (Jérôme Angouillant) et orchestre; Concerto pour cor n° 2 I. Goritzki, hautbois; T. Friedli, clarinette; K. Thunemann, basson; B. Schneider, cor; Lausanne une œuvre de maturité d’une profonde une promesse de salut, qu’il ne serait Georg Philipp Telemann (1681-1767) originalité : écoutez « Urania », une probablement jamais plus en mesure Chamber Orchestra; Matthias Aeschbacher Cantates de Pâques, de l’Ascension et de fugue pour piano où l’influence de Jean- d’égaler. Début 1939, Weinberger a CLA9010 • 1 CD Claves la Pentecôte Sébastien Bach se mêle étonnamment fui le régime Nazi et s’est réfugié aux T out autant que ses deux tardives sonatines pour 16 instruments à vent (1943/1944), les concertos de Jens Hamann; Stefanie Wust; Georg Poplutz; Collegium vocale Siegen; Ulrich Stotzel à la musique andalouse. (Denis Jarrin) USA, mais ses espoirs en un nouveau départ prometteur tombèrent à l’eau HAN98624 • 1 CD Hänssler Classic rapidement. Il continua à composer, Strauss enregistrés ici sont un hom- mais tomba malgré tout en dépres- mage, ô combien vibrant, au Mozart des sion profonde. Il s’est suicidé le 8 août divertimentos, sérénades et concertos 1967 à St. Petersburg, en Floride. Ce pour vents (quatre pour cor, un pour double CD est consacré à des œuvres hautbois, pour basson, pour clari- peu connues, composées en différents nette). Quintessence du lyrisme post lieux et à différentes époques de la vie romantique de son auteur, le concerto de Weinberger. Ces œuvres révèlent son pour hautbois (1945) débute par une phrase de plus de ... 50 mesures ( !) incroyable palette stylistique, tendant exigeant du soliste de rares capacités Antonio Vivaldi (1678-1741) un arc entre les traditions nationales de respiratoire et digitale. L’andante nous Concertos pour violon RV 113, 123, 240, Smetana et Dvorák et les compositions offre une mélodie, peut-être plus riche Joaquín Turina (1882-1949) 287, 321, 508, 517 d’inspiration religieuses datant de la fin et gracieuse que toutes celles écrites Serenata, op. 87; Quatuor à cordes, op. 4; Insieme Strumentale di Roma; Giorgio Saso, violon de sa vie, en passant par de la musique Las musas de Andalucia, op. 93 programmatique pédagogique pleine par R. Strauss pour la voix de soprano. STR33944 • 1 CD Stradivarius Avec son immense talent, Goritzki rend Maria Bayo, soprano; Ricardo Requejo, piano; d’esprit. Le compositeur s’y révèle tour Quatuor Sine Nomine à tour maître des structures du contre- aussi tout aussi bien l’esprit hayndien du rondo avec précision et naturel. CLA9320 • 1 CD Claves point polyphonique et d’une harmonie Q Sorte de concerto grosso « fantaisie », uatrième grand nom de la musique parfois dense, subtile et riche en tour- le duo concertant pour clarinette, bas- espagnole du début du XXe siècle, nures variées. Tel un fleuve rugissant, son, cordes et harpe (1947) illustre un Turina n’a pas la notoriété de ses le vieux maître s’est taillé son propre conte féerique mettant en présence un illustres compatriotes Albeniz, Falla et chemin à travers un monde changeant, mendiant et une princesse. Les deux Granados. Ce programme de musique qui lui fut source d’inspiration autant solistes jouent à la perfection la ren- de chambre, excellemment interprété que de souffrance. Le livret comprend contre, l’esquive, le cache-cache, les et enregistré est donc un apport es- un article qui expose de manière détail- retrouvailles des différents épisodes, sentiel à sa discographie. La sérénade lée la vie du compositeur à la lumière très contrastés, d’un dialogue musical pour quatuor à cordes débute par une Jaromir Weinberger (1896-1967) de documents et de photos inédits, tout où la cocasserie et l’humour ne sont pas belle mélodie au rythme typiquement Six chansons et danses de Bohème; Dix en présentant plus en profondeur les absents. Enfin, le second concerto pour espagnol, qui servira de refrain et assu- solos caractéristiques, pour caisse claire œuvres sélectionnées. cor (1942) vient 60 ans après le pre- rera l’unité des 13 sections enchaînées, et piano; Dédicaces, 5 préludes pour orgue mier qui avait été écrit pour son père, proches dans l’esprit de la « Suite de seul; Méditations, 3 préludes pour orgue seul; Psaume 150. Cantate seule, pour voix alors premier corniste de l’orchestre de danses » de Béla Bartók. Oeuvre de jeu- haute et orgue l’opéra de Munich. Œuvre parfaite par la nesse, le quatuor opus 4 fut composé à Asaf Levy, violon; Stephan Froleyks, caisse claire; continuité de l’inspiration, la fluidité du Paris en 1911. D’une forme sans doute Efrat Levy, piano; Moran Abouloff, soprano; discours musical, la mise en valeur des un peu trop académique, où se ressent Gerhard Weinberger, orgue ressources expressives et techniques l’influence de l’enseignement de la GB005 • 2 CD Gideon Boss du cor. Ainsi, au crépuscule d’une vie, Schola Cantorum, il recèle de très beaux longue, créatrice et féconde, Strauss écrit une musique sans artifice mais moments, comme la mélodie nostal- gique du mouvement lent. Le disque J aromir Weinberger est né en 1896 à Prague. L’opéra Schwanda le joueur de cornemus, qu’il composa en 1926 pleine de trouvailles, d’un raffinement s’achève par « Les muses d’Andalou- sie », œuvre en 9 mouvements d’ins- rencontra un succès phénoménal qui William Zinn (1924-) extrême, dépouillée mais élégante, dénotant la connaissance profonde trumentation variée, du piano solo à la devait accompagner et harceler le com- Quatuor à cordes n° 1; Kol Nidrei Memorial de chacun des instruments utilisés. voix de soprano accompagnée par le positeur juif durant toute sa vie. C’était Quatuor Wihan Des interprètes … comme on en fait quatuor à cordes. Créée en 1944, c’est devenu pour lui une figure de référence, NI6256 • 1 CD Nimbus 8 ClicMag avril 2014 www.clicmusique.com
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