Caritas.mag S'engager contre la pauvreté - Working poor en Suisse romande Entretien avec Gisèle Ory - Caritas Neuchâtel
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N° 1 / AVRIL 2010 Caritas.mag S’engager contre la pauvreté Working poor en Suisse romande Entretien avec Gisèle Ory Nous sommes solidaires Neuchâtel
Sommaire Editorial . .4 Hubert Péquignot, directeur de Caritas Neuchâtel La pauvreté dans le monde du travail . Travailleurs et pauvres 4 Working poor en Suisse romande, survivre en travaillant. Tous ensemble contre la pauvreté 8 Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse encourage Working poor En Suisse romande, les travailleurs pauvres l’Etat et l’économie à s’engager concrètement dans représentent une misère sociale souvent cachée. Manuela, Mar- la lutte contre la pauvreté. tine et Eduardo témoignent de cette réalité. Alain Morisod, témoignage 9 Le pianiste et compositeur genevois se dit toujours aux côtés des plus démunis. .10 Caritas Neuchâtel . Etat des lieux du canton de Neuchâtel 10 La formation est un bon moyen de lutte contre la pauvreté. Nouveaux visages à Caritas Neuchâtel 12 La journée de la pauvreté 13 Interview Conseillère d’Etat, cheffe du département de la santé Le 24 avril 2010, Caritas Neuchâtel organise la jour- et des affaires sociales, madame Gisèle Ory explique comment née de la pauvreté au stade de la Maladière. le canton de Neuchâtel lutte contre la pauvreté. Epicerie Caritas et repas à domicile 14 Appels à votre soutien 15 Caritas Neuchâtel compte sur votre générosité pour donner un coup de pouce à des personnes ou des familles en difficulté. .12 La journée de la pauvreté Caritas Neuchâtel s’investit pour créer des liens entre les mondes en mettant en contact des per- sonnalités et des familles soutenues par notre organisme. Avec à la clé, un beau projet artistique. 2 Caritas.mag 1/10 Photo couverture © Sedrik Nemeth
Editorial Pour lutter contre la pauvreté, il faut la rendre visible L’Union fait la force. Et elle n’est pas de trop, Notre premier numéro est consacré à la pau- si l’on veut lutter contre la pauvreté et ré-vreté. Nous avons souhaité mettre en évi- duire celle-ci de moitié! Dans cet élan de dence la complexité de cette réalité aux mul- rassemblement des forces, Caritas Neu- tiples facettes qui touche tant à la dimension châtel, Caritas Jura et Caritas Vaud ont le financière, qu’à l’emploi, au chômage, à la plaisir de vous remettre ce premier numéro santé, à la famille ou à la place réservée aux du magazine élaboré en commun. Il rem- minorités. Sans oublier les conséquences af- XY ist seit Organisation L’organisation XY est certifiée placera le journal de Caritas Neuchâtel et fectives et relationnelles vécues19XX par chacune par ZEWO depuis 19XX. ZEWO-zertifiziert. continuera de paraître deux fois par année. des personnes touchées. Hubert Péquignot Lutter, c’est avant tout agir! Agir sur les Directeur Caritas Neuchâtel Pour lutter contre la pauvreté, il faut pou- causes de la pauvreté en intervenant avec voir l’identifier, la nommer, la rendre vi- détermination dans ce qui relève de la po- sible et examiner son évolution. Or, la litique sociale et de ses domaines connexes. Suisse manque cruellement de données C’est aussi agir concrètement pour ré- A l’avenir, Caritas Neuchâtel compte pour- objectives pour analyser cette probléma- pondre aux besoins quotidiens de celles et suivre et intensifier son travail de terrain aux côtés des personnes en situation de «Caritas Neuchâtel va intensifier son travail de pauvreté. Elle souhaite également être le té- moin des inégalités sociales grandissantes terrain aux côtés des personnes pauvres.» et de la situation dramatique et souvent in- visible de nombreuses personnes de notre tique que notre monde moderne, malgré ceux qui souffrent de la précarité, en pro- région en difficulté. Mais la lutte contre ses avancées technologiques, n’a pas su ré- posant des prestations adaptées, adéquates la pauvreté et les inégalités sociales nous soudre. C’est ainsi qu'en cette année euro- et dispensées dans le respect des individus. concerne tous car nous sommes tous ca- péenne de lutte contre la pauvreté, Cari- Et c’est précisément ce que fait Caritas Neu- pables de changer notre regard sur l’autre, tas invite la Confédération et les cantons à châtel depuis plusieurs dizaines d’années,Organisation de faire preuveXYd’ouverture et de tolérance. ist seit 19XX établir chaque année un rapport à ce sujet. en collaboration avec ses partenaires. Ce magazine ZEWO-zertifiziert.nous y invite. ■ Impressum Caritas.mag – Le magazine des Caritas romandes (Neuchâtel, Vaud, Jura) paraît deux fois par an. Caritas Neuchâtel est certifiée par ZEWO depuis 2004. Tirage global: 21850 ex. / Tirage Caritas Neuchâtel: 2650 ex. Responsable d’édition: Hubert Péquignot, directeur Caritas Neuchâtel Rédactrice en cheffe: Corinne Jaquiéry / Rédaction: Sébastien Giovannoni Maquette: Christoph Bigler / Impression: Stämpfli Publications SA Caritas Neuchâtel Vieux-Châtel 4 / 2000 Neuchâtel / Tél. 032 886 80 70 / Fax. 032 721 44 71 caritas.neuchatel@ne.ch / www.caritas-neuchatel.ch 1/10 Caritas.mag 3
La pauvreté dans le monde du travail Working poor en Suisse romande, survivre en travaillant Misère sociale souvent cachée, le statut de travailleur le plus élevé de «working poor» en Suisse, entre 7,6 et 9,9%. Tous les trois travaillent ou pauvre est une réalité qui prend de l’ampleur. A Neuchâtel, sont provisoirement au chômage. Leurs re- dans le Jura ou dans le canton de Vaud, beaucoup vivent venus ne sont pas suffisants pour vivre cor- sous le seuil de pauvreté. Deux familles en témoignent. rectement, sans accumuler les dettes. Leurs salaires, très bas, sont à peine trop élevés Manuela, Eduardo ou Martine veulent pour bénéficier de l’aide sociale. Depuis des Texte: Corinne Jaquiéry, photos: Sedrik Nemeth y croire de toutes leurs forces. Les circons- mois, ils ont tout tenté pour essayer de gar- tances de leurs vies en ont toutefois décidé der la tête hors de l’eau. Ce couple neuchâ- Voir le monde avec des yeux d’enfant. Re- autrement. Nouveaux travailleurs pauvres, telois et cette mère célibataire vaudoise ont trouver son innocence, rêver que la vie sera ils font partie de ces groupes de la population finalement dû se résoudre à demander l’aide belle. Imaginer des lendemains qui chan- suisse (couples avec deux enfants, personnes de Caritas. «C’était très dur de faire cette tent… élevant seules des enfants) qui ont le taux démarche. En revanche, cela m’a permis de 4 Caritas.mag 1/10
La Suisse compte des milliers de «working poor» Emprunté de l'anglais, le terme de «working poor» désigne un groupe de personnes ac- tives qui, malgré leur emploi, ne parviennent pas à obtenir un revenu suffisant à les pré- server de la pauvreté. Ce sont des tra- vailleurs pauvres. En Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), près de me rendre compte qu’une partie de la po- 150 000 personnes se trouvaient dans cette n’épargne plus la population. En Suisse, pulation suisse vit comme nous. Je ne le sa- situation en 2007. Avec la crise, ce nombre selon l’Office fédérale de la statistique vais pas», raconte Manuela, encore effarée. est en augmentation et pourrait facilement (OFS), un bon quart (28,2%) des personnes être doublé. Et Martine de confirmer. «C’est une misère pauvres ne recoivent pas de prestations pu- D'après les critères de l'OFS, les tra- cachée. En Suisse, beaucoup en souffrent.» vailleurs pauvres sont des personnes âgées bliques de soutien. Il semble d’ailleurs que Leurs témoignages sont édifiants. Voir ci- de 20 à 59 ans qui, malgré une activité lucra- la majorité des bénéficiaires de l’aide sociale dessous. tive à plein temps, vivent au-dessous du seuil n’ont pas de partenaire, alors que la majo- de pauvreté. En Suisse, le seuil statistique de rité des personnes pauvres font partie d’un Les inégalités en constante pauvreté se monte à 2200 fr. par mois pour ménage de couple avec enfants. Le nombre augmentation les personnes vivant seules, et à 3800 fr. de working poor réagit à la conjoncture pour les ménages monoparentaux avec Les inégalités se creusent en Suisse comme avec un certain décalage, explique l’OFS. deux enfants de moins de 16 ans. Il est de dans la plupart des pays développés. De- 4000 fr pour les couples avec deux enfants. Grâce à un contexte économique favorable puis une vingtaine d'années, la pauvreté Les ménages monoparentaux et les familles et à une baisse du chômage, le taux était nombreuses sont les plus concernés. 1/10 Caritas.mag 5
La pauvreté dans le monde du travail faille aident leur jeune couple à surmon- ter l’épreuve de la pauvreté. Régulièrement mis au chômage par l’entreprise de câbles électriques qui l’emploie en intérimaire, il ne peut pas assumer, comme il le voudrait, son rôle de chef de famille. A trente ans, il ne bénéficie d’aucune formation reconnue en Suisse. «J’aime mon travail. Je suis très à l’aise avec les machines. J’ai même parfois l’impression de pouvoir leur parler. Je veux me former, mais mes employeurs préfèrent me garder comme intérimaire.» Comme beaucoup de travailleurs pré- caires, Eduardo est en effet régulièrement mis au chômage par l’entreprise qui l’en- gage en intérim. Cela permet aux em- ployeurs de réguler le travail en temps de crise et de ne pas être obligés d’engager un travailleur qui aurait été intérimaire plus d’une année. «C’est un système très médié- val, constate Manuela. Mon mari est payé à l’heure. Il ne sait jamais avant la fin du mois, combien il va recevoir.» Parents de deux enfants, Inês, 4 ans et Francisco, 1 an, le couple veut tout mettre en œuvre pour que leurs bouts de choux aient une vie meilleure que la leur. Ce n’est pas gagné: Manuela et Eduardo n’ont même pas les moyens d’acheter quatre sécurités (20 fr.) afin que leur petit Francisco ne se penche pas dangereusement aux fenêtres de leur appartement de Cortaillod! L’art comme source de vie Artiste à ses heures, Eduardo médite en pei- Pour Eduardo et Manuela M. le réglement des factures est devenu une épreuve. gnant. Une fois de plus, le manque d’argent ne lui permet pas de s’y consacrer autant qu’il l’aimerait. «J’adore la peinture. J’entre dans un autre monde. Cela m’apaise et me retombé de 5 à 3,9% entre 2000 et 2002. famille de quatre personnes, Manuela ne re- repose.» Son souhait? Organiser une expo- Mais la progression a ensuite repris pour noncera pas à prendre la vie de son meilleur sition et utiliser la recette de la vente de ses atteindre 4,4% en 2007. côté. Depuis qu’elle sait qu’elle aura l’allo- tableaux pour soutenir la recherche contre cation de formation qu’elle avait sollicitée, la leucémie dont son père est décédé. Tant d’amour, si peu d’argent elle est radieuse. Elle aimerait reprendre un Elevée en Suisse depuis l’âge de trois «On regarde beaucoup la télé et on s’aime jour les études d’infirmière qu’elle avait en- mois, Manuela en est repartie avec sa mère, très fort!» A 25 ans, Manuela M. a la tamées au Portugal. «Je regrette beaucoup malade bipolaire, à l’âge de quinze ans. «Le «niaque». Cette ravissante jeune femme de ne pas avoir pu les terminer…» En atten- divorce a été douloureux. Pendant quelque portugaise aimerait mieux faire du cheval, dant, elle espère commencer un apprentis- temps, j’ai coupé les ponts avec mon père galoper cheveux au vent pour oublier ses sage d’Assistante en soins communautaires resté en Suisse. Aujourd’hui, ça va mieux. perpétuels soucis d’argent, mais elle n’en a dans la région de Neuchâtel. C’est même lui qui a trouvé la place de tra- évidemment pas du tout les moyens! Alors vail pour Eduardo.» elle se contente d’essayer de résoudre les Intérimaire rime souvent avec Son mari, Manuela l’a rencontré au énigmes policières qu’elle suit à la télévision précaire Portugal. Il sortait d’une expérience dif- ou de regarder les poissons de l’aquarium Son mari Eduardo, plus discret, le re- ficile après avoir perdu le snack-bar qu’il qu’elle a déniché d’occasion. Malgré un re- connaît: le caractère de vif-argent de sa venait d’acquérir. «Eduardo se reconstrui- venu qui frôle à peine les 4500 fr. pour une femme, son intelligence et sa volonté sans sait et cherchait du travail.» Ils décident de 6 Caritas.mag 1/10
se marier, mais le sort semble s’acharner: TÉMoIGNAGe Eduardo est victime d’un traumatisme crânien en jouant au football. «J’ai perdu la mémoire. J’ai dû tout réapprendre.» Le couple ne renonce pas pour autant à son «Il faut se battre, rêve amoureux. «Mais nous n’avons pas se battre sans cesse» dépassé les 2500 euros pour notre ma- riage. J’ai dessiné ma robe moi-même...» Mère de famille en solo, Martine von Peu après, Manuela est enceinte. «Nous Dach ne parvient plus à boucler les fins avions trouvé du travail dans la même en- de mois. elle rêvait d’une vie simple, treprise, moi comme secrétaire, lui comme elle a atteint le seuil de pauvreté. cariste. Quand mon patron a appris que j’étais enceinte, il m’a licenciée.» Eduardo «Il y a tellement de misère en Suisse. Ceux Sa «descente aux enfers» a commencé connaîtra le même sort. Sans travail, dans qui en souffrent, se cachent. J’en fait par- au lendemain de la mort de son père, il y a tie.» A 41 ans, Martine von Dach, mère deux ans. Pour cette mère divorcée, un pi- une société portugaise qui connaît sa pire d’une fille de 12 ans, est une récente «wor- lier disparaissait. Alors qu’elle surmontait de- crise depuis 20 ans, le jeune couple ne voit king poor». Employée de bureau à 70% puis des années des problèmes psychiques pas d’avenir. «Nous avons décidé de reve- dans une école professionnelle à Morges, liés à l’agoraphobie, l’angoisse du lendemain nir en Suisse où ma mère m’avait déniché elle tenait la tête hors de l’eau en réalisant pèse désormais lourdement sur sa santé. un travail dans un magasin de meubles, des travaux de secrétariat dans une école «J’ai subi cinq licenciements économiques raconte Manuela. Eduardo lui est engagé de danse contre des cours pour ma fille et coup sur coup. Je travaillais dans des comme intérim. Ils trouvent un apparte- en tenant un stand de légumes au marché, agences de voyages. Après le 11 septembre tous les samedis matins en échange de (attentats à New York), le secteur était sinis- ment et font un crédit de 25 000 fr. pour produits frais. «Cela m’a épuisée! J’ai dû ar- tré. Psychologiquement, c’était dur, mais à se meubler. «Enfin, tout allait bien. Nous rêter pour raisons de santé.» Elle compte chaque fois, je me suis débrouillée pour re- remboursions petit à petit», se souvient ses cigarettes – sa seule addiction et son trouver tout de suite du travail!» Manuela nostalgique. seul plaisir –, se prive de viande et de fruits Employée temporairement dans une so- pour que sa fille, elle, puisse en manger. ciété électrique de la région, Martine von Dach Quand les soucis s’accumulent Boit du café lyophilisé. Une bonne âme lui se croit enfin à l’abri. «Je gagnais bien ma vie, Les ennuis recommencent quand Manuela a offert une machine à espresso, oubliant j’étais heureuse. J’étais sûre que j’allais être refuse d’être corvéable à merci. Elle se re- qu’elle ne pourrait pas se payer les capsules engagée définitivement, mais finalement, cela qui vont avec… n’a pas été le cas, je ne sais toujours pas pour- trouve à nouveau sans travail. Très vite En août dernier, elle fait appel à Caritas quoi... Cette fois-ci, je me suis demandée ce engagée par la Coop (toptip) à La Chaux- pour tenter d’assainir son budget car chaque que j’avais fait pour mériter ça?» de-Fonds, elle y travaillera deux ans avant mois, il lui manque près de 300 fr. pour ses Depuis, Martine a retrouvé un travail à que le magasin ne ferme. La jeune femme dépenses courantes. «Je gagne 50 fr. de l’Etat de Vaud. Elle a parfois envie de bais- n’acceptera pas de se rendre à Fribourg trop pour bénéficier de l’aide sociale. J’ai ser les bras, mais pour sa fille, elle se bat dans un autre magasin. Elle se retrouve lutté seule pendant longtemps par fierté, toujours, même contre la maladie. Elle lit au chômage. «Je ne peux pas faire autant mais j’avais vraiment trop de factures en re- beaucoup, des livres qu’elle emprunte à la tard.» bibliothèque. Un moyen de s’évader à bon de kilomètres par jour en laissant mes en- marché… fants.» A nouveau enceinte, Manuela connaît une grossesse difficile. Quand Francisco Le petit Francisco et sa sæur Inês sont les rayons de soleil de la maison des M. naît, elle souff re des reins. Les frais mé- dicaux s’accumulent… «C’est moi qui m’occupais des factures, mais je n’ai pas pu le faire pendant plusieurs mois.» En- dettée, au bord du gouff re, la famille dé- cide de faire appel à Caritas. «J’y ai croisé une ancienne copine d’école qui était en stage d’assistante sociale. Je me suis sen- tie comme une ratée, une «looseuse». J’ai eu envie d’en fi nir… puis je me suis révol- tée», relève Manuela. Aujourd’hui, la famille a retrouvé un peu d’espoir grâce au projet de formation de Manuela. «Je caresse le rêve que cela ira mieux. Notre force, c’est notre amour et celui que nous donnons à nos enfants!» 1/10 Caritas.mag 7
Point fort Tous ensemble Commentaire L'Etat et l'économie contre la pauvreté doivent combattre la pauvreté La déclaration de Caritas «Réduisons de moitié la pauvreté!» demande des actes Dans notre Suisse riche, la pau- concrets. Caritas attend donc de la Confé- vreté est un tabou. Nous savons dération, des cantons et des communes, exactement combien de voitures et mais aussi de l’économie, qu’ils s’engagent de motos circulent sur nos routes, concrètement dans la lutte contre la pau- mais nous ne savons pas exacte- vreté. Nous attendons notamment de la Confédération qu’elle aille dans la direction ment combien de personnes sont d’une loi-cadre fédérale réglant le minimum pauvres dans notre pays. social d’existence. Il s’agit de savoir com- Une personne sur dix est ment évaluer le revenu de chacun, et de la pauvre. La pauvreté peut toucher même manière dans tous les cantons. chacune et chacun d’entre nous: les Une rémunération insuffisante est sou- personnes sans travail, celles qui vent à l’origine de la pauvreté. Les salaires tombent malades, celles et ceux qui versés par certaines entreprises n’assurent pas la subsistance des employés. Pour nous, sont insuffisamment formés, les fa- il est exclu de bâtir une société dans laquelle milles de trois enfants et plus, les di- des personnes ne peuvent pas vivre d’un tra- vorcés ou les victimes de la crise vail à plein temps. C’est pourquoi nous ai- économique, toutes et tous sont me- merions que toutes les branches concluent nacés de tomber dans la pauvreté. des conventions collectives avec des sa- La pauvreté est héréditaire. laires minimaux assurant la subsistance des Les enfants nés dans une famille employés. C’est aussi dans l’intérêt de l’éco- nomie. Car lorsque des personnes ne peu- pauvre courent un plus grand vent pas vivre de leur travail, elles ont besoin risque d’être pauvres, une fois devenus travail et des possibilités d’intégration. de l’aide sociale qui doit finalement être fi- adultes. Pauvre une fois, pauvre pour tou- • Confédération et cantons doivent veiller nancée par les impôts. jours! à ce que toutes et tous puissent bénéfi- Caritas elle aussi a un rôle à jouer. Elle a La force d’une société se mesure au cier d’une formation professionnelle donc mis sur pied un programme d’actions bien-être des plus faibles. La Suisse doit en- achevée. concrètes qu’il s’agira d’appliquer de ma- treprendre tout ce qui est possible pour nière conséquente ces prochaines années. Pour pouvoir atteindre le but qu’elle s’est fixé combattre la pauvreté à la racine. Caritas s’engage également de la – réduire de moitié la pauvreté – Caritas va C’est pourquoi Caritas lance la décennie manière suivante: étendre son engagement en Suisse en sui- de lutte contre la pauvreté. Jusqu’en 2020, la • Nous observons et supervisons les ef- vant quatre axes prioritaires: pauvreté en Suisse doit être réduite de moi- forts de la Confédération et des cantons 1. Une observation systématique de la po- tié. Tous ensemble contre la pauvreté. en matière de politique de la pauvreté. La litique de lutte contre la pauvreté en exi- pauvreté doit être un thème politique! geant des rapports cantonaux sur la pau- La politique et l’économie sont de- • Nous renforçons notre consultation so- vreté. 2. Un renforcement de la consultation so- vant un défi. ciale pour les familles qui tombent dans ciale de Caritas avec 25 000 consulta- Quatre domaines sont prioritaires dans la la pauvreté. tions par année. lutte contre la pauvreté: • Nous doublons le nombre d’Epiceries 3. Un élargissement du nombre d’Epiceries • La Confédération et les cantons doivent Caritas dans lesquelles les personnes en Caritas à 30 points de vente dans toute rendre compte chaque année de ce qu’ils situation de pauvreté peuvent se procu- la Suisse. entreprennent pour éradiquer la pauvreté. rer des biens de consommation à 4. La création de 1000 emplois dans des en- • L’aide sociale doit être inscrite au niveau moindre prix. treprises sociales. national sur des bases unifiées. • Nous créons des entreprises sociales Mais seuls, nous ne réussirons pas à briser • Confédération, cantons et économie offrant quelque 1000 places de travail. la progression de la pauvreté en Suisse. Pour ce faire, nous avons notamment besoin du doivent encourager la formation d’en- Vous en saurez plus sur notre campagne soutien de la politique et de l’économie! treprises sociales. Les personnes qui ne en consultant le site: www.caritas-pau- peuvent plus accéder au marché du tra- vrete.ch. Aidez-nous à concrétiser nos Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse vail doivent tout de même trouver du projets! ■ 8 Caritas.mag 1/10 Photo © Caritas Suisse/Franca Pedrazzetti
ALAIN MorISoD : « Je suis toujours du côté des cabossés » Populaire, le musicien genevois aime partager sa joie de vivre avec son public. Il ajoute volontiers un supplément d’âme et d’aide pour les plus démunis. Je viens d’écrire «La vie, c’est comme une des donateurs potentiels. boîte de chocolat », un livre où je raconte J’essaie de m’engager à tous les différentes étapes de mon parcours. les niveaux, sauf politique- Soixante ans pendant lesquels la vie s’est ment même si beaucoup, montrée plutôt généreuse avec moi. La à droite ou à gauche, ont route a été belle, mais je sais que beaucoup essayé de me récupérer. d’autres ont moins de chance. Je veux ren- J’aide à ma mesure par voyer un peu du bonheur que j’ai reçu. des dons, par des actions, Je n’ai pas connu la pauvreté. Mon père en off rant des places était boucher et les affaires marchaient plutôt pour mes spectacles. En Suisse, la pauvreté est un tabou! Dans un «en Suisse, la pauvreté est pays opulent ou consi- un tabou.» déré comme tel, il est très difficile de s’avouer bien. Il donnait volontiers de la viande à ceux pauvre, de tendre la qui ne pouvaient pas se la payer. Plus tard, j’ai main vers les institu- rapidement connu le succès en tant que com- tions sociales. Les pe- positeur. Je n’ai jamais galéré comme on dit tites mamies qui consti- dans le métier. Cela ne m’empêche pas d’être tuent une bonne partie de lucide. Je sais qu’il y a de plus en plus de gens mon public viennent pudiquement A soixante ans, le pianiste reste attentif aux autres. dans la précarité en Suisse. me parler de leurs soucis financiers. Par principe, je suis toujours du côté Elles n’osent pas vraiment dire qu’elles sont viennent encore à se priver pour aider leurs des cabossés. Je les aide à ma manière. Je au-dessous du seuil de pauvreté avec leurs petits-enfants qui se sont endettés pour donne des concerts, notamment pour Ca- misérables retraites et leurs toutes petites acheter le dernier truc à la mode: autrefois, ritas, où toute la recette va à des personnes rentes AVS. Elles ont droit à des aides pu- c’était les enfants qui soutenaient leurs pa- en situation de détresse. Pour une associa- bliques, mais pensent qu’on leur fait la cha- rents devenus vieux, aujourd’hui c’est le tion, j’ai fait un disque qui a été envoyé à rité. Je constate que ces vieilles dames par- contraire. Notre société de consommation est un piège. On donne à voir des vitrines alléchantes et la plupart des gens n’ont pas PeTITe BIo D’ALAIN MorISoD le moyen de se payer plus que le strict mini- 1949 Naît le 23 juin 1949 à Genève. rement dans les églises. Mady Rudaz, mum, alors ils s’endettent pour être comme 1967 Débute comme accompagnateur sa compagne depuis près de quarante tout le monde. ans, y est déjà chanteuse. On redécouvre des problèmes que la d’artistes (le grand Fernand Reynaud, Henri Dès, Arlette Zola, etc.) 1978 Avec la mélodie Le Lac de Côme, Suisse avait cru voir disparaître. Je n’ai pas il devient n°1 au Canada. de solution à proposer sinon que l’on doit 1971 Il compose Concerto pour un été. Le disque se vend à plus de 2 millions 1986 Produit un groupe gitan alors in- renouer avec certaines règles qui ont à voir d’exemplaires. connu: les Gipsy Kings. avec la civilité, le respect, la lutte contre l’inégalité et la justice. Il faut un soutien 1977 Crée son groupe Sweet People qui 1998 Lance l’émission Les coups de écume les bals de la région. Aujourd’hui, cœurs d’Alain Morisod à la télévision accru aux gens d’ici. Instaurer un contrôle l’ensemble s’est assagi et se rend réguliè- Suisse romande. sévère des banques car ce sont elles qui ont suscité la crise que l’on connaît. ■ Photo © LDD 1/10 Caritas.mag 9
Caritas neuchâtel interVieW Etat des lieux du canton madame gisèle ory est conseillère d’etat et cheffe du département de la santé et des affaires sociales. Propos recueillis par Sébastien Giovannoni pauVretÉ Selon vous, que signifie être pauvre en Suisse aujourd’hui? La pauvreté, ça va plus loin qu’un manque d’argent. Elle est bien sûr souvent due à un salaire insuffisant pour entretenir la famille, mais elle est aussi liée à des pro- blèmes de santé, au manque de formation et au chômage, au divorce, à l’impossibi- lité de donner ses enfants à garder pour aller travailler, à l’isolement social. L’ac- cumulation de ces conditions difficiles conduit à la pauvreté. Beaucoup trop de familles monoparentales ou avec plusieurs enfants sont confrontées à cela. Ce n’est pas acceptable dans un pays aussi riche que le nôtre. Comment est-il possible que la Suisse compte plus d’un million de pauvres selon les chiffres de Caritas Suisse1? Qu’en est-il plus précisé- ment dans notre canton? Outre les diverses causes de pauvreté dont je viens de parler, nous traversons au- jourd’hui une crise qui aggrave le phéno- «Le taux d’aide sociale dans le canton de neuchâtel mène. On peut aussi parler d’une évolution est parmi les plus élevés du pays» de la société. Les exigences profession- nelles augmentent. Tout le monde ne peut pas suivre ce rythme et certains sont lais- un revenu disponible parmi les plus bas de L’aide sociale demeure le dernier filet de sés pour compte. Suisse, un taux de chômage très élevé et un sécurité. Elle doit permettre d’assurer le Pour ce qui est du canton de Neuchâ- taux de divorce record, le canton de Neu- minimum vital. Cette aide ne devrait être tel, nous manquons d’éléments statistiques. châtel réunit malheureusement toutes les que temporaire et subsidiaire, or elle est Nous n’avons que l’étude réalisée par le conditions qui favorisent la pauvreté. progressivement devenue durable. Le taux professeur Hainard, de l’Université de Neu- d’aide sociale dans le canton de Neuchâ- châtel, dans les années 90. Cependant, avec Que propose le canton de Neuchâtel pour ré- tel est parmi les plus élevés du pays. Ces duire le nombre de personnes confrontées à constats doivent nous inciter à «travailler 1 Carlo Knöpfel, Almanach social 2009, Editions Caritas, 2009 cette situation? en amont». Il faut développer des aides 10 Caritas.mag 1/10 Photo © LDD
de Neuchâtel ciblées pour que les personnes ne doi- Il n’existe pas de statistique officielle per- fiées, alors qu’il faudrait aussi penser aux vent pas recourir à l’aide sociale. Parmi mettant de mesurer le phénomène des tra- collaborateurs les moins qualifiés. les mesures préventives, on peut relever vailleurs pauvres dans le canton de Neuchâ- Dans ce cadre, et pour essayer de rompre les bourses d’études, la formation pro- tel. Une étude réalisée en 2007 par l’Institut ce cercle vicieux, le canton de Neuchâtel a fessionnelle, l’aide à l’insertion, tous les de recherches économiques de l’Université mis depuis plusieurs années un dispositif outils de politique familiale (conciliation de Neuchâtel estimait le taux de travailleurs en place, via le Service de l’emploi, visant à de la vie professionnelle et de la vie fa- pauvres pour le canton de Neuchâtel à en- encourager les entreprises à perfectionner miliale). En matière de politique sociale, viron 5% des personnes ayant une activité leurs travailleurs peu qualifiés, au travers la piste des allocations familiales, selon à plein temps. L’étude faisait remarquer que d’une participation financière. le modèle tessinois par exemple, mérite le canton se situait «assez nettement au-des- Cette action préventive, pratiquement d’être explorée. sus du taux national». unique en Suisse, permet de renforcer les chances de conserver son emploi, accroît Que pensez-vous de l’introduction d’un salaire les possibilités de progression vers un Working poor minimum qui permette à tous les travailleurs autre poste ou de mobilité vers une autre de vivre en dessus du seuil de pauvreté? entreprise et contribue à réduire la du- Etre pauvre lorsque l’on n’a pas de revenu est Ce serait bien sûr magnifique en soi. C’est rée de chômage s’il devait y avoir licen- une chose «compréhensible», être pauvre tout une question qui doit être étudiée. Cepen- ciement. en exerçant un emploi l’est beaucoup moins. dant, cela peut aussi avoir des effets pervers, Malgré tout, nous restons dépendants Pourtant, cette situation touche un nombre qui doivent être évalués. des capacités et des besoins du marché de considérable de personnes. l’emploi. Aussi, notre objectif est de per- Selon l’office fédéral de la statistique, il y mettre aux travailleurs (ou demandeurs avait 231 000 «working poor» en Suisse, soit d’emploi) d’arriver à exploiter au mieux Formation /Insertion 7,4% des travailleurs âgés de 20 à 59 ans et toutes les opportunités qui se présenteront. occupant un emploi. Comment cela est-il possible? La crise que nous traversons, en particulier Quel sont les projets du canton de Neuchâ- Les salaires neuchâtelois ne sont pas très sur le plan de l’emploi, pourrait-elle être une tel dans ce domaine? hauts. Un seul revenu ne suffit pas toujours opportunité pour augmenter les qualifica- Avec la crise, le canton de Neuchâtel a ren- à faire vivre une famille avec plusieurs en- tions des travailleurs et par ce biais de ré- forcé les mesures de soutien aux travailleurs fants. Les revenus féminins, à temps partiel duire le risque de pauvreté? peu qualifiés, notamment en encourageant par exemple, sont souvent bien maigres et La formation est un bon moyen de réduire les entreprises pratiquant la réduction de ne permettent pas de joindre les deux bouts. le risque de chômage prolongé. Paradoxa- l’horaire de travail (RHT) à développer des formations durant les heures chômées. Bien que la mise à disposition des heures non tra- «La formation est un bon moyen de réduire le risque vaillées pour faire de la formation ait été en- de chômage prolongé.» couragée par la Confédération dès le début de la crise, ce n’est que depuis début 2010 que des financements pour des formations ont A bien des égards, ces situations heurtent lement, c’est souvent au moment où le chô- été mis à disposition. notre sentiment de justice. Qu’en pensez-vous? mage arrive que des mesures de formation Le canton de Neuchâtel a fait œuvre de Oui, bien sûr! Toute personne qui travaille sont mises en place, notamment par le biais pionnier en renforçant son dispositif can- à plein temps devrait pouvoir en vivre et ne de l’assurance-chômage. Le mieux serait tonal décrit ci-dessus durant la RHT, sans pas devoir recourir à l’aide sociale pour at- incontestablement de pouvoir agir préven- attendre la Confédération. Aujourd’hui, le teindre le minimum vital. tivement. canton entend combiner les mesures fédé- En outre, les entreprises ont souvent rales et cantonales pour soutenir au mieux, Selon vous, le canton de Neuchâtel est-il par- tendance à favoriser le perfectionnement en terme de formation, les entreprises et les ticulièrement touché par ce phénomène? des personnes qui sont déjà les plus quali- travailleurs en RHT. 1/10 Caritas.mag 11
Caritas neuchâtel Comment le canton soutiendra-t-il la forma- ché du travail (MMT) développé par le Ser- sont également ouvertes grâce à des collabo- tion sur le terrain? vice de l’emploi a également été renforcé et rations avec les cantons de Berne et du Jura. Dès la rentrée scolaire 2009, le canton a fait l’objet d’une adaptation constante en lancé une grande offensive en matière de fonction des besoins des demandeurs d’em- Le Réseau Caritas propose de réduire la pau- stage professionnel (premier emploi) pour ploi et du marché du travail. vreté de moitié d’ici à 2020, qu’en pensez-vous? des jeunes ayant achevé leur formation Le canton de Neuchâtel participe égale- L’action sociale est l’affaire de tous et ne (CFC ou degré supérieur), celle-ci se pour- ment au projet de la Confédération sur la va- dépend pas uniquement des collectivi- suit actuellement. lidation des acquis. On peut ainsi obtenir un tés publiques. C’est donc heureux que des En effet, lorsqu’on parle d’augmentation CFC grâce à l’expérience acquise. Actuelle- organismes comme Caritas sensibilisent de qualification, il serait faux de ne penser ment, des expériences sont menées dans le la population à des problèmes de société qu’aux seules mesures de formation, l’ac- cadre du CFC d’assistant socio-éducatif et comme celui de la pauvreté. Soyons ambi- quisition d’expérience pratique (sous forme du CFC d’employé de commerce. Des pos- tieux et relevons ensemble le défi! Et pour- de stage par exemple) est également très im- sibilités pour les CFC de méca-praticien et quoi ne pas se fi xer comme but d’éradiquer portante. Le dispositif des mesures de mar- d’assistant en soin et santé communautaire complètement la pauvreté? ■ v vv Nouveaux visages visagesvvvvv v Comité Christophe gardet Bevaix accompagnement en fin de vie Monsieur Christophe Gardet a participé Laurence Chapuis à sa première séance du comité de Caritas La Chaux-de-Fonds Neuchâtel le 2 septembre 2009. En sa qua- Comité lité de responsable financier au sein du co- Madame Laurence Chapuis a commencé Christian georges mité, il est également devenu membre du son activité salariée le 3 février dernier bureau du comité. au poste nouvellement créé de respon- La Chaux-de-Fonds Monsieur Christophe Gardet a grandi sable du secteur «Accompagnement en fin Qu’est-ce qui fait lien entre les individus? au Locle. Agé de 50 ans, il est marié et père de vie». Madame Chapuis est au bénéfice Journaliste, j’ai souvent été amené à explo- de deux enfants de 17 et 20 ans. d’une très bonne expérience dans ce do- rer cette notion. A analyser ce qui renforce Titulaire d’une licence en sciences éco- maine puisqu’elle a travaillé plusieurs an- le lien. A mettre en évidence ce qui le met à nomiques, option gestion d’entreprise, de nées comme soignante à la Chrysalide. Au mal. Aujourd’hui engagé comme collabo- l’Université de Neuchâtel, Monsieur Chris- sein de cet établissement, elle était égale- rateur scientifique auprès de la Conférence tophe Gardet est directeur de GFG (Gardet ment responsable du groupe des bénévoles. latine des départements de l’instruction Finance & Gestion Sàrl) société active dans Mariée, Madame Chapuis habite La publique, c’est une discipline nouvelle du le conseil, la formation financière et la ges- Chaux-de-Fonds et élève trois enfants de programme scolaire qui m’interpelle: l’édu- tion de caisseses de pensions. Il est égale- 9, 13 et 15 ans. cation aux citoyennetés. Quelles sont les «at- ment enseignant en gestion financière. Nous sommes convaincus que madame titudes citoyennes»? Est-ce que la précarité Le comité de Caritas Neuchâtel est heu- Chapuis possède toutes les compétences prive aussi de la citoyenneté? C’est pour reux de pouvoir compter sur les grandes pour mettre en place cette nouvelle acti- concrétiser un engagement chrétien et ci- compétences techniques et humaines de vité de Caritas, et nous nous réjouissons de toyen que j’ai choisi de m’engager auprès du monsieur Christophe Gardet et tient à le re- pouvoir compter sur son expérience spéci- comité de Caritas Neuchâtel, à l’heure où mercier très chaleureusement de son enga- fique à ce domaine. ■ sautent trop de liens. Christian Georges gement en faveur de notre organisation. ■ 12 Caritas.mag 1/10
24 aVriL 2010 La journée de la pauvreté à Neuchâtel La pauvreté: un fardeau à évacuer de toute urgence v profitant de la journée na- nue par Caritas Neuchâtel, que ce soit par blié pour garder une trace durable et diffuser le Service social, l’Espace des Solidarités plus largement encore les sentiments éprou- tionale de la pauvreté du à Neuchâtel ou l’Espace des Montagnes à vés face à la pauvreté pour les uns ou face à 24 avril 2010, notre Caritas La Chaux-de-Fonds. la réussite pour les autres. Le vernissage du neuchâteloise envisage de Qu’attendons-nous de cette rencontre? livre fera naturellement l’objet d’un événe- Un échange entre deux personnes qui per- ment particulier. frapper un grand coup dans mette à chacun de repartir avec une vi- Sensibiliser le public au phénomène de le canton de neuchâtel. sion d’un monde proche d’elles mais dont la pauvreté chez nous n’est pas chose aisée, souvent elles ignorent presque tout. Un raison pour laquelle nous avons opté pour échange qui permette d’appréhender pour un événement-choc. En confrontant des Joseph Christe, responsable du projet, l’un comme pour l’autre ce qu’est réellement personnalité publiques avec des personnes vice-président de Caritas Neuchâtel la précarité ou la réussite. soutenues par Caritas Neuchâtel, nous sou- Après l’entrevue, la personnalité et la haitons provoquer une prise de conscience Afin de sensibiliser les décideurs et les per- personne suivie par Caritas Neuchâtel tra- de la réalité de la pauvreté dans le canton de sonnes influentes de notre canton au phé- duiront leurs sentiments par un texte, un Neuchâtel. Nous espérons que cette prise de nomène de la pauvreté chez nous, nous poème, un dessin ou des notes de musique conscience se répercute sur l’entourage et voulons mettre en contact des personna- qui seront vendus aux enchères le 24 avril sur les activités des participants mais aussi lités du monde politique, du monde spor- 2010. Le produit de la vente sera affecté à la à l’ensemble de la population du canton. En tif, des représentants de l’industrie, du réalisation d’un projet de la personne suivie effet, si notre rôle est prioritairement d’aider commerce et de la banque, ainsi que des par Caritas Neuchâtel. les personnes en difficulté, nous devons éga- artistes et des écrivains de notre canton Cet automne, un livre contenant les lement tout mettre en œuvre pour dénon- avec une personne ou une famille soute- «œuvres» issues de ces rencontres sera pu- cer et réduire les méfaits de la pauvreté. ■ Photo © Caritas Suisse 1/10 Caritas.mag 13
Caritas Neuchâtel Les personnes en situation précaire peuvent trouver des aliments et des produits de nécessité à moindre frais à l'Epicerie de Caritas Neuchâtel. Repas À domicile Menu du jour: Fr. 11.– Frais de transport: Fr. 5.– Livraison entre 10h00 et 12h00 et 7/7 jours. Pour faire appel à notre service, il suffit de contacter l’Espace des Solidarités au 032 721 11 16. Nous vous offrons la possibilité de faire un simple essai. Cette offre est actuellement dispo- La Chaux-de-Fonds nible dans le bas du canton. Epicerie CARITAS agenda 2010 Samedi 24 avril En proposant des produits sains et équili- • Les prix sont maintenus de 30 à 50% Journée de la pauvreté, brés, moins chers que dans les commerces moins chers que dans les commerces or- Espace Gilbert Facchinetti, ordinaires, l’Epicerie Caritas permet de ré- dinaires. stade de la Maladière, pondre à un besoin social lié à la précarité Pour avoir accès à l’Epicerie, il faut avoir Neuchâtel d’une partie de la population. une carte d’achat qui est délivrée aux béné- • L’Epicerie garantit la vente de produits de ficiaires de l’aide sociale, aux bénéficiaires des Mardi 27 avril base: pâtes, riz, farine, sucre, huile, sel, prestations complémentaires AI ou AVS, et Assemblée des délégués, lait, beurre, yaourts, fromage, charcute- aux bénéficiaires des subsides de l’assurance Salle du Faubourg, Fbg de rie ainsi que des fruits et légumes frais. maladie. Ces cartes ont une durée de validité l’Hôpital 65, Neuchâtel • Les produits proviennent essentielle- limitée dans le temps et peuvent être renou- ment d’excédents de production, de sé- velées si la situation de la personne n’a pas Dimanche 9 mai ries endommagées ou de liquidations des changé entre-temps. Journée de Caritas dans les grands distributeurs. Ils sont acheminés paroisses du canton directement à la centrale Caritas de Ro- Heures d’ouverture thenburg qui les répartit ensuite entre les Lundi–vendredi: Vendredi 5 novmebre Epiceries Caritas de Suisse. Certains pro- 08h30–12h00, 13h30–18h00 Repas de soutien, Neuchâtel duits viennent également du producteur ou de distributeurs locaux. Samedi: Samedi 18 décembre • Selon les arrivages, les produits de base 08h30–12h00 1 Million d’étoiles sont ainsi complétés et les étalages de La Chaux-de-Fonds, rue du Collège 13 l’Epicerie remplis. 14 Caritas.mag 1/10 Photo © LDD
appels à votre soutien appel n°2 Financem ent d'une Madame machine B. est mè à coudre re de famille professio comme é (4 enfants nnelle ducatrice ) d’un com d ans une crè et travaille plément d che. La fa à 60% mensuel. ’aide soc mille bén iale pour éficie boucler s on budge Afin de co t mpléter le une form s revenus ation de de la fam lier pour tr couturière ille, mada availler co et a mon me a suiv m té un petit c i de la fam me indép oin-ate- ille. Malhe endante d l’a lâché ir ureuseme ans l’appa rémédiab nt, sa vieill rtement situations lement et e machin sa ns e à coudre Sur le con préavis. seil de sa ter une B formatric ernina 10 e, madam 08. Une v e B. souh appel n°1 raie mach aite ache Aidez la fa in e profess - mille B. à ionnelle. traitement dentaire nécess être finan aire montant: cièremen Fr. 1555.– t indépen Madame L., mère célibataire dante. un enfant de 2 ans. Madam avec appel n°3 e L. tra- conduire vaille à 80% dans un home permis de comme de 49 ans. . est âgée aide de cuisine. Le père de l’enfant Madame M de 3 grand s a p pe . est mère l n°4 vit au Tessin et verse une pen sion Madame M d e 4 p et its rand-maman Quote alimentaire. enfants et g s travaillé s- dicau parts de p ts . E lle a longtemp r x exc articip Madame L. doit vivre avec de e n fa n a dû quitte eptio fortes rme qu’elle La fam nnels ation douleurs dentaires. Selon dans une fe e et d e so u - ille G. . aux fr ais m le den- e son divorc bas âg est co é- tiste, elle risque de perdre une en raison d d e l’a id e so- e. Mon mpos par- Bénéficiaire son de sieur G é e de tie de ses dents si elle ne cis de santé. aujourd’hu i un la cris . vient d eux enf fait pas ep u is elle suit , de mage ea depuis lors que ma tre licencié d’ê ants e n rapidement un traitement ci al e d dans le t b u appro- d’insertion quelq dame e G. est n rai- prié. Malheureusement, ses programme velle s b as es et Suite ues m reve- sur de nou àc juste a es change ois. au chô nus ne lui permettent simplem redémarrer en t au to n o me. - ent complètem u-des ments pas de bénéficier des soins de devenir font a s u u mieu s des norm e revenu, il d néces- ation d’au- saires. te su iv re une form négoc x pou r es d’a ide s son t Elle sou h ai aide à des ié divers des arrang d iminue r les c sociale. Ils n té et venir en e d e sa le doit créan emen harge Aidons-la à bénéficier d’u xiliair our cela, el ciers. ts de s et on n traite- so nn es à domicile. P er m is de En lie paiem t ment adéquat. per son p ent av ch ai n em ent terminer p er m et pasloppé n avec ses so ec p ro i montant: Fr. 1800.– o n b u dget ne lu bli- des ucis, m conduir e. S conduite o traitem problèmes adam s 10 heures de de en de e G. a de fa ir e le à l’exa m e n sieurs t extrêmem santé. Elle a déve- o ir e e t d e s’inscrire mois et les ent lo u suivi u gat n sont o néreu médic rd durant p conduite. ouveau parts x. Con amen ts lu- rendre un n de pa sé rticipa quence: le prescrit id ez m ad ame M. à p pour tion au s quo s A ce tra x tes- 1000.– iteme frais m dépar t. ! Impo nt s’élèven édicau x s’acqu ssible t à plu r. 12 0 0.– s de montant: F itter d e ces pour la Aidez monta famille de mada nts. ment me G. médic à suiv mont al. re son ant : F traite- r. 100 0.– aDresses Service social et administration Epicerie Rue du Vieux-Châtel 4, case postale 209, Rue du Collège 13, 2300 La Chaux-de-Fonds merCi pour Vos Dons ! 2002 Neuchâtel 2, Tél: 032 886 80 70, Tél. 032 964 12 70, courriel: epiceriecne@bluewin.ch Caritas neuchâtel compte sur votre courriel: caritas.neuchatel@ne.ch, lu–ve 8h30–12h, 13h30–18h, sa 8h–16h générosité pour donner un coup de lu–ve 9h–12h, 14h–17h Espace des Solidarités pouce à des personnes ou des familles Permanence du service social: ma et je 15h–17h Rue Louis-Favre 1, 2000 Neuchâtel en difficulté. Espace des Montagnes Tél: 032 721 11 16, courriel: eds2000@net2000.ch, Vos dons sont intégralement utilisés Rue du Collège 11, 2300 La Chaux-de-Fonds lu–je 8h30–17h pour les situations présentées ci-contre. Tél: 032 886 80 60, Pour vos dons: CP 20-5637-5 courriel: caritas.neuchatel@ne.ch, www.caritas-neuchatel.ch pour vos dons : Cp 20-5637-5, Accueil: lu 14h–17h et je 14h30–16h30 mention «appel n°...» 1/10 Caritas.mag 15
Journée d’action nationale le 24 avril 2010 Dans notre riche Suisse, la pauvreté est un tabou. Pourtant, elle peut tou- cher chacune et chacun d’entre nous: les personnes sans travail, celles qui tombent malades, celles et ceux qui sont insuffisamment formés, les famil- les de trois enfants et plus, les divorcés ou les victimes de la crise économique. Combattre la pauvreté se fait selon quatre axes centraux: • reconnaître et documenter la pauvreté; • réglementer l’aide sociale au niveau national; • promouvoir les entreprises sociales; • permettre à toutes et tous un accès à la formation. Le 24 avril, Caritas organise une jour- née d’action dans toute la Suisse pour attirer l’attention sur ces questions. Informez-vous sur cette action dans votre région en consultant le site www. caritas-aargau.ch www.caritas-pauvrete.ch neuchâtel, 24 avril 2010, dès 10 h stade de la maladière, espace gilbert Facchinetti informations détaillées: www.caritas-neuchatel.ch
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