SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique

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SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
POUR UN MONDE JUSTE
                      ET FRATERNEL

SUPPLÉMENT AU JOURNAL MESSAGES N° 749 FÉVRIER 2021

    COMPRENDRE

    SOCIÉTÉS
    CIVILES :
    L’ÉTAT D’URGENCE
    INNOVER

   ALIMENTATION :
   UNE RESTAURATION
   CITOYENNE
    EXPLORER

   PRISON :
   LA VIE APRÈS LA PEINE

                                                     FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 1
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
31

                           06

                                                              28

                                                         14   Supplément au trimestriel Messages
                                                              du Secours Catholique-Caritas France :
                                                              106, rue du Bac – 75341 Paris CEDEX 07
                                                              Tél. : 01 45 49 73 00 • Fax : 01 45 49 94 50
04 RÉAGIR                                                     Présidente et directrice de la publication :
                                                              Véronique Fayet
LA LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE EN FRANCE
                                                              Directrice de la communication :
                                                              Agnès Dutour
06 INNOVER                                                    Rédacteurs en chef :
                                                              Emmanuel Maistre (7576)
ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE                     Clarisse Briot (7339)
                                                              Rédacteur en chef adjoint :
                                                              Jacques Duffaut (7385)
11 DÉBATTRE
                                                              Rédacteurs :
COMMENT APAISER LE DÉBAT SUR L’IMMIGRATION ?                  Benjamin Sèze (5239)
                                                              Cécile Leclerc-Laurent (7534)
                                                              Rédacteur-graphiste :
14 COMPRENDRE                                                Guillaume Seyral (7414)
14 Enquête. ALERTE : DÉFENSEURS DES DROITS EN DANGER         Rédactrice photo :
                                                              Elodie Perriot (7583)
22 L’entretien : « LE MEILLEUR OUTIL DE PROTECTION,
                                                              Imprimerie : Imaye Graphic © Messages
     C’EST LA SOLIDARITÉ »
                                                              du Secours Catholique – Caritas France,
   Ici et là-bas. EN FRANCE, DES DÉFENSEURS DES DROITS
26                                                           reproduction des textes, des photos et
   EMPÊCHÉS DE MILITER                                        des dessins interdite, sauf accord de la
                                                              rédaction. Le présent numéro a été tiré
27 Des outils pour comprendre                                 à 58 167 exemplaires.
                                                              Dépôt légal : n° 108 016
28  RENCONTRER                                               Numéro de commission paritaire :
                                                              1122 H 82430 / Édité par le Secours
VINCENT DE CONINCK. LE PRINCIPE DE RÉALITÉ                    Catholique – Caritas France.
                                                              Photo de couverture :
                                                              Élodie Perriot / SCCF
31 EXPLORER
PRISON : LA VIE APRÈS LA PEINE

38 POINT DE VUE
ANTHONY MICALLEF

39 LE REGARD DE BESSE ET ÉRIC LA BLANCHE
                                                              Ce produit est imprimé par une usine
ENFANTS PRODIGUES ?                                           certifiée ISO 14001 dans le respect
                                                              des règles environnementales.

2 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
ÉDITORIAL
                                               SOCIÉTÉS CIVILES
                         GAËL KERBAOL / SCCF
                                               EN DANGER
                                               PAR BENOÎT-XAVIER LORIDON, DIRECTEUR ACTION
                                               ET PLAIDOYER INTERNATIONAUX

                                               «P
IL EST PLUS QUE JAMAIS                                              lus les mois avancent et plus l’on constate une
IMPORTANT D’ALERTER                                                 détérioration des libertés individuelles et collectives
ET D’AGIR CONTRE                                                    dans nos pays. » C’est le cri d’alarme lancé par une
CE QUI CONSTITUE                                                    cinquantaine de partenaires internationaux à travers
                                                                    une enquête réalisée l’été dernier par les membres
UN RÉTRÉCISSEMENT
                                               de la direction internationale du Secours Catholique-Caritas France. Et
DE L’ESPACE RÉSERVÉ                            pourtant cela fait de nombreuses années que nos équipes appuient,
À LA SOCIÉTÉ CIVILE                            accompagnent, soutiennent des initiatives de la société civile dans
DANS LE MONDE.                                 des pays où les droits sont menacés : sur le continent africain avec
                                               “Tournons la page” qui regroupe plus de 10 coalitions régionales et plus
                                               de 200 organisations membres, en Colombie autour du processus de
                                               paix dans lequel sont engagés nos partenaires, ou encore en Palestine
                                               et ses territoires occupés pour ne citer que trois exemples.
                                               La pandémie et ses crises associées ont en effet souvent conduit à un
                                               état d’urgence sanitaire, prétexte comme en Guinée à l’arrestation des
                                               défenseurs des droits accusés par les autorités de propager de fausses
                                               informations ou de troubler l’ordre public. Le report de nombreuses élec-
                                               tions, comme la présidentielle au Tchad ou les législatives en Chine, a
                                               empêché l’opposition aux différents pouvoirs en place de se manifester.
                                               Ces constats résonnent sans aucun doute avec des réalités vécues et
                                               des réflexions menées en Europe et en France. Il est donc plus que ja-
                                               mais important d’alerter et d’agir contre ce qui constitue un
                                               rétrécissement de l’espace réservé à la société civile dans le monde. Mais
                                               aujourd’hui, quels sont les leviers ?
                                               C’est une question d’échelle : il faut agir au niveau international afin
                                               de défendre les Droits de l’homme, comme nous le rappelle Michel
                                               Forst, l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des
                                               défenseurs des Droits de l’homme. Mais aussi agir au niveau national
                                               en se faisant le relais, avec nos partenaires, de ces libertés bafouées
                                               auprès des institutions et des États dont c’est la responsabilité de les
                                               faire respecter. Mais c’est encore et surtout persévérer dans le travail que
                                               l’association mène au quotidien avec les communautés pour renforcer
                                               le pouvoir d’agir des acteurs de ces sociétés civiles lorsque les libertés
                                               sont menacées. Agir ensemble pour aller plus loin ! 

                                                                                              FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 3
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
RÉAGIR

                                                                 NOS (+) NOS (-)

                  LA LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ
                     ÉNERGÉTIQUE EN FRANCE
L’amélioration de la performance énergétique des logements est essentielle si l’on veut réduire
la facture énergétique de la France, améliorer la santé de la population et réduire les émissions
de gaz à effet de serre du secteur résidentiel. Mais notre pays s’est-il donné suffisamment de
moyens pour gagner cette lutte ? Et les plus modestes sont-ils pris en compte ?

PAR JACQUES DUFFAUT

       Un corpus législatif solide                                                   Un standard pour les bâtiments
       Pour lutter contre le réchauffement climatique et                             Les bâtiments construits depuis une dizaine
le gaspillage énergétique de nombreux textes fixent des                        d’années doivent répondre, a minima, au standard
objectifs dans le temps et ciblent certaines catégories de                     “Bâtiment basse consommation” (BBC) qui permet
population, notamment les ménages aux revenus mo-                              de substantielles économies d’énergie.
destes : loi de transition énergétique pour la croissance
verte (LTECV) de 2015 ; plan de rénovation énergétique                                Les plus modestes exclus
des bâtiments de 2018 ; loi Énergie-climat de 2019...                                 Bien que 288 000 rénovations “performantes”
                                                                               aient eu lieu chaque année de 2012 à 2019, il en reste
       Des aides trop complexes à mettre en œuvre                              encore 6,7 millions. À ce rythme, il semble peu vraisem-
       La politique de rénovation énergétique est mal                          blable d’atteindre les objectifs fixés dans trente ans.
connue du grand public. Les divers programmes d’aide
brouillent sa lisibilité et incitent très peu de familles à                           Les énergéticiens contraints par la loi
s’engager dans des travaux.                                                           Depuis 2006, les Certificats d’économie d’éner-
                                                                               gie (CEE) obligent les fournisseurs d’énergie à financer
                                                                               certains travaux pour économiser l’énergie. La loi
REPÈRES                                                                        LTECV les oblige à intervenir auprès des ménages
                                                                               modestes et très modestes en doublant le nombre
                                                                               de CEE attribués. Toutefois de nombreuses fraudes
                                                                               ont été révélées. Ce qui suscite la méfiance des pro-
                                                                               priétaires et met le dispositif en danger.
                                               de ménages
       C’est le nombre
                                             sont en situation
        de passoires                                                                  Une obligation de rénovation
                                               de précarité
        énergétiques                                                                  Les locataires du parc privé sont souvent trop
                                               énergétique
          en France
                                                                               pauvres pour prétendre au parc social de logements. La
                                                                               loi Énergie-climat de 2019 oblige les propriétaires bail-
                                                                               leurs à rénover avant 2028 les logements qu’ils louent.

                                              des émissions
                                                                                      Des sanctions mal définies
                                              de gaz à effet
                                              de serre en France                      Les bailleurs propriétaires de ces logements mal
                                              proviennent                      isolés n’ont aucun intérêt financier immédiat à réaliser
                                              du secteur résidentiel           des travaux, puisque ces obligations ne sont pas assor-
 Sources : Observatoire national de la précarité énergétique.Centre            ties de sanctions définies et datées. Le gouvernement
 interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique – 2016.
                                                                               devrait préciser ces sanctions le plus tôt possible. 

4 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
RÉAGIR

                      NOTRE ALTERNATIVE

                    PAR FRANCK BILLEAU,
                    DIRECTEUR DE RÉSEAU ÉCO-HABITAT

GÉNÉRALISER LE PASSEPORT RÉNOVATION
ÉNERGÉTIQUE

L
      a rénovation énergétique de        travaux – il y ait une autre caisse,    ser le Passeport rénovation éner-
      l’habitat donne lieu à un mille-   unique, qui règle la question du        gétique (qui est actuellement
      feuille de dispositifs. Ceux de    reste à charge en fonction des re-      gratuit mais facultatif). Chaque
l’État peuvent se superposer à ceux      venus, et en donnant la priorité aux    habitation aurait ainsi un carnet
de la région, du département, de la      propriétaires les plus en difficulté.   de santé. Les travaux à effectuer
communauté de communes ou                                                        ne seraient pas imposés, mais ac-
même de la commune.                                                              compagnés financièrement. Ce
Ce labyrinthe d’aides incite peu les                                             “passeport” prendrait la mesure
                                            LA DÉMARCHE S’INSCRIT
personnes en difficulté à s’y aven-                                              de l’impact de chaque habitation
                                                 PLEINEMENT
turer, et cela d’autant moins qu’il y                                            sur l’environnement et de sa ca-
                                            DANS LA LUTTE CONTRE
a autant de dossiers à constituer                                                pacité à participer à l’économie
                                             LE RÉCHAUFFEMENT
que d’aides sollicitées.                                                         d’énergie générale.
                                                 CLIMATIQUE.
On ne peut pas dire que les moyens                                               Le secteur représente une impor-
financiers soient insuffisants, mais                                             tante source d’emplois en matière
ceux-ci sont mal répartis et mal uti-                                            d’accompagnement, du point de
lisés. Pour rendre l’action efficace,    Si l’on veut atteindre en 2050 l’ob-    vue tant technique et financier que
il faudrait qu’à côté de l’Agence na-    jectif “Bâtiments basse consom-         social. Et il s’inscrirait de façon
tionale pour l’amélioration de l’ha-     mation” (BBC) pour toutes les           convaincante dans la lutte contre
bitat (Anah) – qui finance 50 % des      habitations, il faudrait générali-      le réchauffement climatique. 

                                               DROIT DE SUITE

                   CLIMAT : 5 ANS APRÈS L’ACCORD DE PARIS
 Il y a cinq ans, en décembre 2015,      espoir : les États-Unis reviennent      d’État qui lui a donné trois mois
 les États du monde entier signaient     dans l’accord avec l’élection de Joe    pour prouver que ses engage-
 l’Accord de Paris pour s’engager        Biden, et en décembre l’Union eu-       ments climat seraient suivis par
 à limiter le réchauffement clima-       ropéenne s’est engagée à réduire        des faits. Le président français
 tique à 1,5 °C, ce qui devait per-      d’au moins 55 % ses émissions           Emmanuel Macron a également
 mettre d’éviter des conséquences        de gaz à effet de serre à l’horizon     détricoté la Convention citoyenne
 extrêmes pour la planète et une         2030. En revanche, la France qui        sur le climat, qui était pourtant une
 aggravation sans précédent de la        avait été leader pour l’adoption de     mine de propositions concrètes
 pauvreté. Les politiques concrètes      l’accord, a peu fait pour son appli-    pour diminuer nos émissions de
 d’application de l’accord étaient       cation. Elle a d’ailleurs été épin-     gaz à effet de serre. 
 attendues pour l’année 2020. Petit      glée, en novembre, par le Conseil                                     C.L.-L.

                                                                                         FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 5
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
INNOVER

                                                                                                                          XAVIER SCHWEBEL / SCCF
ALIMENTATION : UNE
RESTAURATION CITOYENNE
PAR JACQUES DUFFAUT

Le repas est le moment de la journée le plus propice au partage.              treintes. « Nous aimons venir ici. Les
Certains acteurs, dont le Secours Catholique, l’ont bien compris :            repas sont bons, avec des produits frais,
ils ne se contentent plus d’apporter une aide alimentaire aux plus            préparés le jour même, dit-il. Et ça nous
précaires, mais ils construisent avec eux des lieux de restauration           permet de rencontrer des gens. »
où l’on peut cuisiner et bien manger à moindres frais. Des initiatives
                                                                              « Chacun paie son repas selon ses
citoyennes qui, malgré la crise sanitaire, prennent de l’ampleur et
                                                                              moyens », indique Michel Lauferon,
de multiples formes.

                                  H
                                                                              responsable bénévole de la “Petite
                                                 amid et Magali déjeunent     Marmite”. « 3 euros couvrent les
                                                 régulièrement à la “Petite   matières premières, 2 euros sup-
                                                 Marmite” de Manosque,        plémentaires couvrent les frais de
                                                 ville des Alpes-de-          fonctionnement, et 3 euros de plus
                                                 Haute-Provence. Cette        permettent d’amortir l’entreprise. Nos
                                    ancienne pizzéria reconvertie en          convives le savent et donnent ce qu’ils
 « L’alimentation                  restaurant solidaire par le Secours       peuvent. » À 81 ans, l’ancien maire de
est un biais pour                   Catholique il y a bientôt trois ans ac-   Salignac, ville proche de Manosque,
rencontrer les plus                 cueille une vingtaine de personnes        a rejoint il y a quatre ans l’équipe
précaires et construire
                                    par service. Hamid dispose de peu         locale du Secours Catholique, au
avec eux des solutions
pour mieux répondre                 de moyens depuis son accident du          moment où l’on s’y inquiétait du
à leurs problèmes. »                travail. Et ses relations se sont res-    nombre croissant de personnes

6 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
MODE D’EMPLOI
                                                                         La restauration solidaire
           LES BESOINS IDENTIFIÉS

          Mauvaise                                                         Solitude et exclusion
                                                           61 % des personnes rencontrées par le Secours
         alimentation                                    Catholique ont besoin d’être écoutées et conseillées

                 52 %
                                                           Sur le million et demi de personnes rencontrées
                                                                         au Secours Catholique
   des personnes rencontrées par le Secours                       - 23 % des hommes vivent seuls
Catholique souffrent d’une mauvaise alimentation                  - 18 % des femmes vivent seules

                                                     Faire sortir de leur isolement les personnes
                                                     en situation de précarité, en les faisant participer
                                                     à la préparation de repas qui privilégient les produits
          L’IDÉE                                     issus de circuits courts et de l’agriculture biologique.

                                                     COMBIEN ?
             QUI ?
             La “Petite Marmite”                      3 226                    23              5,44 €
             de Manosque                              repas servis        23 repas par jour    prix moyen du
                                                     sur les 140 jours    servis en moyenne      repas payé
                                                       d’ouverture         (sur une capacité   par les convives
                                                                                 de 28)           (prix libre)

              LES OBJECTIFS
                                                    Cuisiner en groupe
                           Sortir                                               Favoriser        Lutter contre
                                                     Apprendre les uns
                     les personnes                                              la mixité         le gaspillage
                                                         des autres
                         exclues                                                 sociale       et la pollution en
                                                    Pour une meilleure
                    de leur isolement                                                          apprenant à tirer
   Donner accès                                    santé et une meilleure
                                                                                                le meilleur parti
à une alimentation Favoriser la parole,                   gestion
                         l’écoute,                                                                 des produits
      simple                                           de son budget
   et équilibrée        l’échange
     pour tous

            LES LEVIERS
                                                                            LES PARTENAIRES

 Valoriser les personnes en les faisant cuisiner
                                                               L’État et les collectivités publiques soutiennent
 ensemble
                                                               financièrement la restauration solidaire
  - tout le monde est sur un pied d’égalité
                                                                - grâce à des subventions
  - nombreux sont ceux qui connaissent
                                                                - en prêtant gratuitement leurs salles municipales
    des recettes qu’ils sont prêts à partager
                                                                  et leurs équipements
 Adapter les restaurants solidaires                             - en collaborant avec les services sanitaires
 aux besoins de la population                                   et sociaux des mairies

                                                                                        FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 7
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
INNOVER

   souffrant d’un accès insuffisant       a eu des personnes âgées isolées et         avec l’Église protestante, l’associa-
à une alimentation de qualité, mais       dernièrement des travailleurs entre 30      tion Eyrieux solidarité et le Secours
également de solitude. Il s’est mis       et 45 ans, qui avaient envie de parta-      Catholique local pour revitaliser ce
aussitôt au travail. « Nous avons ré-     ger leur repas avec des personnes de        territoire marginalisé et expérimenter
digé un questionnaire et nous avons       milieux différents. »                       de nouvelles façons de lutter contre
demandé aux habitants de la ville s’ils                                               la précarité, la “Marmite du partage”
seraient intéressés par une cantine                                                   se veut un remède à l’isolement. Un
participative, un restaurant solidaire.                                               covoiturage est d’ailleurs associé à
Viendriez-vous y manger ou faire la       NOUS VOULONS EN FAIRE                       la démarche. « La “Marmite” est une
cuisine ? En seriez-vous usager ou bé-    UN LIEU DE RESTAURATION                     aventure humaine », déclare François
névole ? Ou les deux ? précise Michel     SOLIDAIRE QUI AGRÈGE                        Demurger, enseignant en retraite et
Lauferon. Nombreux étaient ceux           CITOYENNETÉ                                 partie prenante du projet. « Nous
qui étaient sensibles à la démarche       ET ÉCOLOGIE.                                nous intéressons aux invisibles qui
et beaucoup se sont proposés pour                                                     ont besoin d’être reconnus, dans leurs
venir nous aider. »                                                                   problèmes et leur vécu… La “Marmite”
                                          Repas des villes, repas des                 contribue à réduire les inégalités. »
Malika est de ceux-là. Après avoir été    champs                                      Pour le réseau des “Petites
durant trente ans éducatrice spécia-      Au cœur de la vallée de l’Eyrieux,          Cantines”, le combat contre l’isole-
lisée, elle fait désormais partie de la   dans l’Ardèche, la “Marmite du par-         ment et pour la mixité sociale est
trentaine de bénévoles (divisée en        tage” repose, elle aussi, sur la partici-   identique, mais plus urbain. « Dans
7 équipes) qui font bouillir la “Petite   pation bénévole. Le premier samedi          les métropoles comme Paris ou
Marmite” les jours d’ouverture. « J’ai    du mois, les personnes s’installent         Lyon, 45 % des gens se plaignent de
aimé le projet et j’ai participé à sa     dans une salle prêtée par une des           la solitude », observe leur cofonda-
concrétisation, dit-elle. Au début, les   municipalités de la vallée. Chacun ap-      trice, Diane Dupré-La Tour qui, avec
clients étaient des gens en difficulté    porte les produits nécessaires, tout        Étienne Thouvenot, a monté un ré-
financière. Puis progressivement, il y    le monde cuisine ensemble. Créée            seau de cantines pour tisser du lien
                                                                                      entre les habitants d’un quartier. Là
                                                                                      encore, « le repas est un prétexte pour
          REGARD                                                                      faciliter les rencontres de proximité ».

  CARINE COLSON, DIRECTRICE DU CCAS DE MANOSQUE                                       Ces “Petites Cantines” sont implan-
  « LA “PETITE MARMITE” RÉPOND                                                        tées dans des quartiers populaires
                                                                                      de Lyon, Lille, Strasbourg, Annecy
  À UN RÉEL BESOIN »                                                                  et Paris. D’autres sont en projet.
                                                                                      Ouvertes à tous, chacune est finan-
   La “Petite Marmite” est une initiative unique dans notre ville. De par             cièrement autonome, animée par
   mes fonctions, j’ai eu à connaître de nombreux projets ; celui-là répond           un “maître de maison” qui orchestre
   à un réel besoin. Il s’inscrit dans une démarche globale, bien préparée            cuisine, service et accueil, et le souci
   en amont par un questionnaire et une étude des besoins. Il corres-                 du bien-manger passe par la qualité
   pond à un public et complète notre action. Actuellement, nous avons                et l’origine des produits.
   de plus en plus de personnes isolées. On sent une fragilité sociale.               « L’objectif est d’en faire un lieu de
   Les bénévoles de la “Petite Marmite” sont présents lors des mo-                    restauration solidaire qui agrège
   ments-clés de la vie de la cité. Ils étaient là, par exemple, à Noël.              également citoyenneté et écologie »,
   Depuis son ouverture en 2018, la “Petite Marmite” organisait un                    explique Alexis Garnier, délégué
   repas le jour même de Noël. C’était la seule association ouverte                   du Secours Catholique de Meuse-
   ce jour-là. Cette année, bien que le restaurant soit fermé, les bé-                Moselle. À Metz, l’association
   névoles ont distribué 50 paniers-repas le 25 décembre à des per-                   projette de monter une “Petite
   sonnes isolées.                                                                   Cantine” dans d’anciens bâtiments
                                                                                      militaires récupérés par la muni-

8 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
INNOVER

                                                                                                               gon-restaurant. La “Roulotte des dé-
                                                                                                               lices” cuisine sur les marchés et les
                                                                                                               places de villages du Gard, et bien-
                                                                                                               tôt dans des quartiers populaires.
                                                                                                               « L’alimentation est un biais pour ren-
                                                                                                               contrer les plus précaires », observe
                                                                                                               Sylvie Camand, l’animatrice locale
                                                                                                               du réseau, « et construire avec eux
                                                                                                               des solutions pour mieux répondre à
                                                                                                               leurs problèmes. »

                                                                                                               La crise sanitaire comme
                                                                                                               révélateur
                                                                                                               Loin de donner un coup d’arrêt à
                                                                                                               ces dynamiques, la pandémie de
                                                                                                               Covid-19 a plutôt agi comme un
                                                                                                               révélateur des besoins. « La crise
                                                                                                               sanitaire a notamment souligné un
                                                                                                               fait flagrant : les personnes à la rue
                                                                                                               ou hébergées en hôtel manquent de
                                                                                                               lieux pour cuisiner, pour prendre un
                                                                                                               repas chaud, convenable », indique
                                                                                                               Marie Drique, chargée de l’Alimenta-
                                                                                                               tion au Secours Catholique. « Avec
                                                                                                               d’autres associations caritatives, nous
                                                                                                               avons alerté le gouvernement sur ce
                                                                                                               point. Il nous a promis 10 millions
                                                                                      XAVIER SCHWEBEL / SCCF

                                                                                                               d’euros pour équiper des espaces de
                                                                                                               restauration. » Marie Drique, comme
                                                                                                               Alexis Garnier, souligne l’importance
                                                                                                               de cette restauration solidaire pour
                                                                                                               permettre à tous d’accéder à une
cipalité, en partenariat avec une            se mêler à d’autres convives                                      alimentation correcte, saine et équi-
autre association qui promeut une            (habitants, travailleurs du quartier,                             librée. Et de retisser du lien social.
alimentation de qualité issue de cir-        retraités isolés…) et/ou de participer
cuits courts. « Nous envisageons de          directement à l’élaboration des                                   À l’apparition de la Covid-19, les
salarier une personne pour coordon-          repas, la restauration solidaire,                                 cantines de Vauvert, de Manosque,
ner, explique-t-il, et veiller à la mixité   dans ses formes participatives et                                 de Metz et de l’Ardèche, comme
de la clientèle du quartier, travailleurs    non stigmatisantes, représente                                    tous les lieux de restauration, ont
et personnes en précarité. »                 aujourd’hui un pas supplémentaire                                 fermé. Sans pour autant éteindre
                                             dans la façon de les accompagner.                                 la ferveur de la solidarité chez les
Le levier de la participation                Dernière mutation de l’action                                     bénévoles. Marmites, roulottes et
Alexis Garnier souligne l’importance         du Secours Catholique dans ce                                     cantines ont alors distribué des
de ces repas solidaires pour le re-          domaine, aller au-devant des                                      paniers solidaires et cuisiné des
pérage de la précarité : « Ils sont la       personnes plutôt qu’attendre                                      repas à emporter. À la “Marmite du
porte d’entrée des personnes qui ont         qu’elles viennent vers les acteurs                                partage”, les bénévoles ont égale-
besoin d’aide – une aide médicale, ad-       associatifs. Unique en son genre                                  ment fait la cueillette de fruits et
ministrative ou autre. » En proposant        (mais bientôt imitée), l’équipe de                                de légumes et des centaines de
aux personnes en difficulté de               Vauvert a ainsi mis sur pied un four-                             conserves. 

                                                                                                                       FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 9
SOCIÉTÉS CIVILES : L'ÉTAT D'URGENCE - ALIMENTATION : UNE RESTAURATION CITOYENNE INNOVER - Secours Catholique
INNOVER                                                         ANTI-GASPI

                                                                À LA MILANAISE
ILS Y PENSENT AUSSI PAR CLARISSE BRIOT                          En 2015, sous l’impulsion de Caritas Ambrosiana et
                                                                du chef Massimo Bottura, est né dans un théâtre
                                                                abandonné de Milan le “Reffetorio”. Ce restaurant,
                                                                animé par des bénévoles, est ouvert sur le quartier
                                                                et accueille des populations vulnérables (sans-abri,
                                                                migrants, personnes isolées…). Dans cet édifice joli-
                                                                ment rénové, celles-ci dégustent des plats préparés
                                                                à partir de surplus (20 000 repas servis en 2019).
                                                                Carrefour social et culturel, le lieu organise des ate-
                                                                liers et conférences. D’autres “Refettorio” ont ouvert
                                                                leurs portes au Brésil, à Londres, et à Paris en 2018,
                                                                sous l’église de la Madeleine. 

                                                        D.R.
                                                                   Plus d’infos sur refettorioambrosiano.it ; refettorioparis.com
 INSERTION

 FAÇON GASTRO                                                   REPAS “SUSPENDUS”
 Le projet a reçu dans sa phase de conception l’appui           À LA LYONNAISE
 du Secours Catholique : à Clermont-Ferrand s’est
                                                                Ajouter 1 euro à son addition et permettre à des per-
 ouvert, au printemps 2020, un restaurant-école
                                                                sonnes en précarité de venir s’attabler à leur tour au
 gastronomique et solidaire baptisé “Toques aca-
                                                                restaurant : c’est le principe du “repas suspendu”. Un
 démie”. Ce projet comporte un volet pédagogique
                                                                jeune café-resto lyonnais nommé “Équilibres Café”, dont
 et d’insertion, avec l’accueil de stagiaires en grande
                                                                les fondatrices sont attentives à créer du lien et de la
 difficulté et d’apprentis, et un volet solidaire consis-
                                                                solidarité, a décidé de l’appliquer. Dès 10 euros récoltés,
 tant à accueillir pour le déjeuner des demandeurs
                                                                le resto ajoute 2 euros et émet une invitation à déjeuner.
 d’emploi à faibles ressources, avec un menu du jour
                                                                Ces invitations sont ensuite remises à des associations
 au prix adapté. Ce resto “apprenant” vise la mixi-
                                                                partenaires, qui en font profiter les personnes en situa-
 té des convives, mais aussi la qualité culinaire, le
                                                                tion d’exclusion qu’elles accompagnent. En à peine deux
 chef ayant fait ses gammes aux côtés du chef étoilé
                                                                ans, 500 “invités” en ont déjà bénéficié. 
 Pierre Gagnaire. 
                                                                   Plus d’infos sur equilibres-cafe.fr
    Plus d’infos sur : www.toquesacademie.com

RETOUR SUR…

“ÉPISOL” DEVIENT MOBILE

O
           uverte à Grenoble en 2015,      le quotient familial, et l’adhésion
           à l’initiative notamment        à l’association Épisol pour béné-
           du Secours Catholique,          ficier des tarifs réduits. Pour dé-
 l’épicerie solidaire “Épisol” existe      terminer les points de vente, « le
                                                                                                                             STEVEN WASSENAAR / SCCF

 depuis un an en version mobile.           premier critère était d’avoir déjà
 Chaque semaine, un camion-bou-            des adhérents sur place », explique
 tique se rend dans cinq quartiers         Antoine Bachmann. Le deuxième,
 de l’agglomération grenobloise.           de pouvoir s’appuyer sur des as-
 « Le but est de désengorger le maga-      sociations pour relayer l’informa-       nous permettent de vendre moins
 sin en allant à la rencontre d’une par-   tion et faire des animations. Le         cher aux autres », précise Antoine
 tie de nos clients », explique Antoine    troisième critère était de privilé-      Bachmann. La mixité permet aussi
 Bachmann, d’Épisol. « Et aussi de         gier la mixité sociale. Celle-ci est     d’éviter la stigmatisation. « On at-
 toucher un nouveau public. » Le           importante pour atteindre l’équi-        tire ainsi des personnes en précarité
 principe reste le même : un accès         libre financier : « Les clients qui      qui n’iraient pas dans un lieu étiqueté
 libre, trois niveaux de tarifs selon      peuvent acheter à un prix plus élevé     “pour les pauvres”. »  B.S.

10 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
DÉBATTRE

                 COMMENT APAISER LE DÉBAT
                    SUR L’IMMIGRATION ?
  CONTEXTE. Les migrants ont mauvaise presse, notamment en raison de l’instrumentalisation
  de la question migratoire par certains discours politiques. Pourquoi ce débat sur l’immigration
   est-il tant crispé ? Comment faire pour en discuter sereinement et répondre ainsi aux droits
                            fondamentaux des personnes migrantes ?

                    LAURENT GIOVANNONI,             BÉNÉDICTE PÉTELLE,
     RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT ACCUEIL            DÉPUTÉE LREM
                ET DROITS DES ÉTRANGERS            (LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE)
                  AU SECOURS CATHOLIQUE

Laurent Giovannoni : Il y a clai-     par Bernard Cazeneuve fin 2016.          L.G. : L’une des difficultés vient du
rement un problème aujourd’hui        Depuis, sous Emmanuel Macron, le         fait que l’ensemble des questions
quand il s’agit de débattre d’im-     dialogue est quasi inexistant entre      d’immigration ont été confisquées
migration. Ce n’est pas nouveau,      le ministère de l’Intérieur et les as-   par le ministère de l’Intérieur. La vi-
cela fait des années que le sujet     sociations de la société civile.         sion privilégiée est donc très sécuri-
est tendu et soumis à toutes les                                               taire par principe. Or, comme vous le
outrances. Pour moi, il est grand     Bénédicte Pételle : Je pense qu’il       dites, si on veut avoir cette capacité
temps de sortir de ce climat dé-      faut remettre de la complexité dans      à aborder les problèmes dans leur
létère pour que se rouvrent des       les débats, et ne pas avoir ce côté      complexité – car ce sont des sujets
espaces de dialogue, de débat, mal-   binaire, où tout est blanc d’un côté     complexes – on a besoin de faire se
gré les divergences de points de      et noir de l’autre. Je suis touchée      rejoindre différents points de vue :
vue, pour construire des réponses     quand vous me dites qu’il n’y a plus     celui de la police, des Affaires so-
pragmatiques et adaptées. On est      de contacts avec les personnali-         ciales, du Travail et de l’Emploi, de
très inquiet de cette quasi-impos-    tés politiques, ça m’interpelle et me    la Justice, des Affaires étrangères...
sibilité d’avoir de vrais échanges    donne envie de réagir. Le groupe         Ces arbitrages n’ont plus lieu au sein
avec le gouvernement et même de       parlementaire d’Études d’accueil         du gouvernement. Un exemple, la
nombreux responsables politiques.     des migrants a envoyé plusieurs          situation des étrangers en situation
Le moment de bascule – la qua-        courriers au ministre de l’Intérieur     irrégulière : il y en a toujours eu en
si-rupture du dialogue de la part     pour lui dire que l’urgence était de     France, et leur nombre n’a pas pro-
de l’État – remonte au démantèle-     se parler. La priorité, c’est de re-     fondément augmenté. Plutôt que de
ment de la jungle de Calais décidée   mettre du dialogue.                      laisser dépérir dans la misère des

                                                                                      FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 11
XAVIER SCHWEBEL /SCCF
Aujourd’hui le dialogue est quasi inexistant                              Il faut remettre de la complexité
entre le ministère de l’Intérieur et la société civile.                  dans les débats. La priorité est de
On le voit avec la question de la régularisation                      remettre du dialogue. On ne trouvera
des sans papiers ou encore avec Calais.                              jamais la solution, mais une solution.
           LAURENT GIOVANNONI                                                           BÉNÉDICTE PÉTELLE

   gens sans droits dont les pou-         B.P. : Les députés avaient aussi         toute possibilité d’avoir une action
voirs publics savent pertinemment         signé une tribune sur la régularisa-     pédagogique vis-à-vis de l’opinion.
qu’ils ne les renverront pas pour la      tion des sans-papiers durant cette       Prenons l’exemple de la situation
plupart, il faudrait du pragmatisme.      période Covid. Par ailleurs, avant la    des exilés sur le littoral franco-bri-
Un certain nombre de personnes            régularisation, il faudrait un travail   tannique (Calais, etc.). Cela fait
qui, compte tenu de leur ancienne-        pédagogique sur cet appel d’air qui      vingt-cinq ans que le problème
té sur le territoire, ont commencé        fait peur à beaucoup de Français.        existe. Les pouvoirs publics affir-
leur intégration, ont développé des       Si le débat n’est pas bien posé, cela    ment que ces personnes n’ont rien
liens, une famille, ont un travail, de-   peut être contre-productif. Il faut      à faire là, et font tout pour les dis-
vraient pouvoir être régularisées.        de la patience et de l’intelligence      suader. On assiste à une négation
Nous savons que plusieurs minis-          pour prendre en compte la peur           de leurs droits fondamentaux avec
tères y sont favorables. Avec la crise    des gens. Je pense que la mécon-         l’absence de tout dispositif d’ac-
sanitaire, afin de limiter l’augmenta-    naissance engendre la peur. Il fau-      cueil social. Les personnes exilées
tion des situations de précarité, la      drait travailler là-dessus avec les      s’installent où elles peuvent, dans
présidente du Secours Catholique a        médias. On ne raconte pas assez          des campements de fortune. Du
adressé un courrier au président de       d’histoires positives. Je le vis dans    coup, la population à Calais pense
la République, avec les présidents et     ma famille, vu qu’on est famille         que la situation n’est pas maîtrisée,
secrétaires généraux de Médecins          d’accueil de migrants. Il y aurait       ce qui génère de la peur. C’est la
du monde, de la Cimade, d’Emmaüs,         une communication pour donner            même chose avec les campements
de la FAS, de la CGT et de la CFDT,       envie. Car le politique doit prendre     en Île-de-France : s’il y avait des so-
pour demander la création d’un es-        en compte l’opinion publique.            lutions d’hébergement, il n’y aurait
pace de dialogue pour ouvrir des                                                   pas de campements. Ainsi on est
voies nouvelles de régularisation         L.G. : Je suis d’accord, mais ne         dans un cercle sans fin, qu’il faut
des étrangers sans papiers. C’était       sommes-nous pas dans un cercle           casser. Oui, nous sommes face à
un courrier non public, justement         vicieux ? En n’ayant pas les lieux de    une question complexe qui appelle
pour créer un espace “détendu” et         dialogue qui permettent d’établir un     une multitude de petites réponses.
favoriser les discussions. Mais nous      diagnostic partagé et de faire émer-     Mais pour les faire émerger, encore
n’avons reçu aucune réponse !             ger des solutions, on se coupe de        faut-il être autour d’une table avec

12 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
DÉBATTRE

les acteurs concernés, plutôt que          mettre fin à ce cercle sans fin où le     pacte. C’est une première marche,
de nier la réalité ou d’avoir la bruta-    sort réservé aux personnes est ter-       c’est très compliqué de trouver
lité comme seule réponse.                  rible, tandis que l’opinion publique,     un consensus à 27, surtout avec
B.P. : En effet, la situation non maî-     constatant une situation non maî-         des pays comme la Pologne et la
trisée crée la crainte. Il faut prendre    trisée, se voit renforcée dans son        Hongrie. Avec cette idée de solida-
le système dans sa complexité,             sentiment de peur.                        rité automatique et obligatoire en
mettre du relationnel entre nous, de                                                 cas de pression excessive sur un
la confiance. Les campements font          Un autre sujet important concerne         État, et même si ce n’est pas par-
peur à la population, et la vue des        le “règlement Dublin” en matière          fait, on peut espérer que c’est une
familles qui campent lui donne l’im-       d’asile. L’économie générale n’est        première étape. Voyons les petites
pression qu’on ne peut pas accueillir      malheureusement pas remise en             marches positives ! À mon avis, il
tout le monde. Or, quand on compare        cause dans le nouveau “pacte Asile        faudra que tous ceux qui sont par-
le nombre de migrants au nombre de         Immigration” en projet pour l’Union       tants se rencontrent, pour qu’on
Français, il n’y a rien d’angoissant. Je   européenne. Or c’est une erreur de        avance sur ce sujet. On peut voir
préfère parler de crise de l’hospitalité   ne pas permettre aux personnes            avec les parlementaires, les mi-
que de crise migratoire.                   de demander l’asile dans le pays          nistères, les élus territoriaux et les
Pour revenir à Calais, des députés         de l’UE de leur choix. Car en de-         associations. Je pense qu’il faut
ont écrit au ministère de l’Intérieur      mandant l’asile, ces personnes            commencer par Calais, qui est le
à la suite des arrêtés qui interdisent     cherchent aussi un pays dans le-          plus dramatique. Il faut une concer-
aux associations les distributions         quel elles ont des attaches fami-         tation commune, une mise à plat
alimentaires depuis septembre. Je          liales, culturelles, amicales. Ne         de la complexité de la situation, et
suis mal à l’aise avec ces arrêtés         pas prendre en compte cette don-          la prise en compte des peurs des
qui sont une atteinte aux droits fon-      née est à l’origine du gigantesque        Calaisiens.
damentaux. Ça n’apporte rien, si ce        “bazar de Dublin” que l’on connaît
n’est que le quotidien de ces per-         depuis des années.                        L.G. : Il faut aussi entendre les per-
sonnes se complexifie encore plus.                                                   sonnes migrantes elles-mêmes,
Des associations nous alertent sur         B.P. : Il faut recréer du dialogue pour   sur leur parcours, les raisons pour
la dégradation de la situation de-         partager la complexité. On ne trou-       lesquelles elles sont là. Et ras-
puis ces arrêtés.                          vera jamais la solution, mais une         semblons autour d’elles des par-
                                           solution. À Calais, j’espère qu’on        lementaires, des élus locaux, des
L.G. : Oui, cette interdiction en ra-      arrivera à renouer le dialogue            associations, des chercheurs…,
joute dans un choix politique qui          avec l’Angleterre. Concernant les         pour construire ensemble la moins
est de tout faire pour dissuader les       Dublinés, ce système ne fonctionne        mauvaise des réponses à cette
gens de venir, donc en évacuant            plus. Attendons de voir le nouveau        question complexe. 
systématiquement toute installa-
tion de campement, en réduisant
ou en supprimant tous les services            REPÈRES
essentiels comme l’accès aux
soins, aux douches, les distribu-             En janvier 2020, un collège d’experts a remis au gouvernement
tions de repas… C’est une politique           un rapport qui préconise une simplification du droit des étrangers
absurde. Elle essaie de cacher les            et la régularisation des personnes non expulsables. « On aboutit
choses et crée des conditions de              à une multiplication de situations de non-droit, avec des gens qui ne
vie épouvantables pour les popu-              sont ni régularisés, ni reconduits », déplore Pascal Brice, co-auteur
lations. On espère que des élus lo-           du rapport et ancien directeur de l’Office français de protection des
caux ou des parlementaires vont               réfugiés et apatrides (Ofpra). On estime à 300 000 (jusqu’à 500 000
nous aider pour pousser le gouver-            maximum) le nombre de personnes sans papiers en France, et
nement à sortir de cette logique et           autant de personnes dont les titres de séjour sont régulièrement
créer un espace de dialogue. C’est            renouvelés et qui submergent et ralentissent l’administration. 
la voie à suivre pour tenter de

                                                                                            FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 13
COMPRENDRE

                        ENQUÊTE

                         ALERTE : DÉFENSEURS
                         DES DROITS EN DANGER
                        PAR CÉCILE LECLERC-LAURENT

                          Promouvoir la protection et la mise en œuvre des
                          Droits de l’homme est un droit fondamental. Pourtant,
                          aujourd’hui plus qu’hier, le fait de dénoncer les
                          injustices et les abus de pouvoir met en danger des
                          défenseurs des droits de l’homme, parmi lesquels
                          des partenaires du Secours Catholique, aux quatre
                          coins de la planète. Attaques, harcèlement, détention,
                          assassinats : tout est mis en œuvre pour les réduire au
                          silence. Le quotidien de ces défenseurs des droits est
                          fait de contraintes et de peur. Mais engagés auprès
                          des plus démunis, ils poursuivent malgré tout leur
                          combat. Il est dès lors essentiel de les protéger et de
                          veiller à ce qu’ils soient en mesure d’agir. Quel est le
ÉLODIE PERRIOT / SCCF

                          quotidien de ces défenseurs des droits de l’homme
                          et comment les protéger ? Enquête.

                        14 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
COMPRENDRE

  FÉVRIER 2021 - RÉSOLUTIONS 15
explique : « Je change de moyen de transport
                                                                                                    tous les jours : en tuktuk, ou à pied, ou en voi-
                                                                                                    ture. C’est une manière de me protéger car j’ai
                                                                                                    reçu des menaces et je ne me sens plus en
                                                                                                    sécurité. »
                                                                                                    Tous vivent dans la peur, sous la menace
                                                                                                    permanente qui pèse sur eux parce qu’ils
                                                                                                    ont osé faire la même chose : défendre des
                                                                                                    droits – politiques, sociaux, économiques
                                                                                                    ou environnementaux – et des libertés fon-
                                                                                                    damentales. Ils ont beau être théoriquement
                                                                                                    protégés par la Déclaration des Nations unies
                                                                                                    sur les défenseurs des droits de l’homme
                                                                                                    adoptée en 1998 (voir encadré), dans les faits
                                                                                                    ils sont pris pour cible et attaqués. « Ils vivent
                                                                                                    dans la suspicion et sont en permanence sur le
                                                                                                    qui-vive. Ils savent que la violence peut s’exercer
                                                                                                    à tout moment contre eux », déclare Laurent
                                                                                                    Duarte, référent pour la Protection des parte-
                                                                                                    naires au sein de la Direction internationale
                                                                                                    du Secours Catholique et coordinateur de
                                                                                                    Tournons la page (2). « C’est comme si les dé-
                                                                                                    fenseurs des droits humains avaient une épée
                                                                            ÉLODIE PERRIOT / SCCF

                                                                                                    de Damoclès au-dessus de leur tête. Ils sont
                                                                                                    victimes de harcèlement, d’intimidation, d’ar-
                                                                                                    restations arbitraires », énumère Kiné Fatim

                     I
                                                                                                    Diop, chargée des pays d’Afrique de l’Ouest
 Noël Bertrand         l ne compte plus les menaces de mort                                        pour Amnesty International.
Boundzanga              qu’il a reçues par téléphone. Depuis, il
 (à gauche)             dit vivre comme s’il était en prison : « Je                                 Une menace croissante
est membre
                        fais attention aux véhicules, au bureau, aux                                Cette épée de Damoclès semble peser de
de Tournons
la page Gabon           documents qui arrivent de l’extérieur. J’ai                                 plus en plus lourd. « Depuis quelques années,
(TLP). Il a été      peur d’être suivi ou empoisonné, alors je me                                   la menace terroriste est l’argument-clé utilisé
la cible de          barricade », témoigne Jean-Claude Katende,                                     par les États pour réduire le champ d’action
vandalisme chez      avocat et président de l’association africaine                                 des défenseurs. Aujourd’hui, il est plus difficile
lui et pense qu’il
                     des Droits de l’homme en RDC. Sur un autre                                     d’agir en Afrique qu’auparavant », expose Kiné
s’agit d’actes
d’intimidation.      continent, en Colombie, Ana Luisa Ramirez,                                     Fatim Diop, qui précise que des lois contre
Régulièrement,       défenseur proche de l’ONG Procladé (1), vit                                    la cybercriminalité permettent de surveiller
les conférences      elle aussi dans une anxiété permanente :                                       les défenseurs. Même constat au Moyen-
organisées           « Défendre le droit à la terre ne plaît pas aux                                Orient, où « la lutte antiterroriste a amorcé un
par TLP sont
                     groupes armés, explique-t-elle. Je dois me                                     virage sécuritaire dans les années 2010 : un
empêchées
par les forces       présenter tous les jours à la police pour me                                   prétexte pour faire taire les voix dissidentes »,
de l’ordre.          protéger et j’ai un gilet pare-balles. » Au Brésil                             selon Katia Roux, d’Amnesty International.
                     voisin, Jair Seixas Reis, du Cimi, le conseil                                  Le système judiciaire est ainsi utilisé à des
                     indigéniste missionnaire (1), confie : « Je vis                                fins répressives. Et dans des pays comme
                     dans l’insécurité et je n’ai plus de liberté. Je vis                           l’Égypte ou l’Arabie saoudite, des défenseurs
                     dans une cage. Je ne peux plus aller pêcher ou                                 disparaissent, souvent emprisonnés et mis
                     chasser seul comme avant. » De son côté, Sa                                    au secret. En Asie aussi, on constate une
                     Im Meas, de l’ONG Adhoc (1) au Cambodge,                                       recrudescence des violences à l’égard des

16 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
COMPRENDRE

défenseurs des droits de l’homme, qui sont
perçus comme des ennemis. « Des États
comme la Chine ou le Vietnam, mais aussi
des groupes privés liés à des entreprises, s’en
prennent aux défenseurs en les menaçant, les
                                                       ÉCLAIRAGE
harcelant voire en les assassinant », déplore       En 1998, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté
Jade Dussart, de l’Acat (3). Les défenseurs         à l’unanimité la Déclaration des Nations unies sur les dé-
des Droits de l’homme y sont arrêtés pour           fenseurs des Droits de l’homme. L’article premier rappelle
de faux motifs comme l’atteinte à la sécu-          que « chacun a le droit, individuellement ou en association
rité nationale, un prétexte pour les réduire        avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des
au silence. En Amérique latine, on persécute        Droits de l’homme et des libertés fondamentales au niveau
les défenseurs en toute impunité et « la si-        national et international ». L’article 2 établit les obligations
tuation s’est aggravée ces dernières années,        des États, qui ont « la responsabilité et le devoir de protéger,
estime Anne Boucher, de l’Acat, puisqu’il           promouvoir et rendre effectifs tous les Droits de l’homme et
s’agit du continent où l’on trouve le plus grand    toutes les libertés fondamentales, notamment en adoptant
nombre d’attaques et d’assassinats ». Les dis-      les mesures nécessaires ». Ainsi c’est aux États de veiller
paritions forcées et les exécutions extraju-        à ce que les défenseurs des Droits de l’homme mènent à
diciaires sont fréquentes, et l’on assiste à        bien leur travail dans un environnement sûr et favorable.
une collusion entre les États et les paramili-      La Déclaration des Nations unies est à lire ici :
taires. C’est le cas, par exemple, en Colombie.     bit.ly/2HfBVF4
Ainsi, dans le monde entier, tout est fait pour
empêcher les défenseurs des droits de s’ex-         Vingt ans plus tard, en 2018, un plan d’action a été adopté
primer. « Il n’y a plus de respect attaché à la     lors du Sommet de Paris : il énonce qu’il est de la respon-
personne des défenseurs des droits humains,         sabilité des États, des entreprises, des institutions finan-
comme c’était le cas à une certaine époque.         cières (…) de « contribuer à un environnement favorable à la
Aujourd’hui, les États sont de plus en plus in-     défense des droits humains dans le monde ».
tolérants face à la prise de parole dissidente »,
s’insurge Bruno Vinay-Michon, chargé de pro-
jet Protection des défenseurs au sein d’AE-
                                                    QUELQUES CHIFFRES
DH (4). Le contexte s’est durci et les chiffres
parlent d’eux-mêmes : 156 défenseurs ont            Selon Front Line Defenders,
été assassinés en 2015 ; ils étaient 321 en         321 défenseurs des

                                                                                     77 %
2018 selon Front Line Defenders. Plus ré-           droits de l’homme ont
cemment, des États, comme le Niger ou la            été tués en 2018 dans
Guinée, ont profité de la crise sanitaire de la     27 pays, dont 126 en             de ces victimes
Covid-19 pour réduire l’espace civique, inter-      Colombie, 48 au Mexique,         défendaient le droit à
dire les manifestations et même emprison-           39 aux Philippines, 26 au        la terre, les droits des
ner des militants. « La lutte contre le virus a     Guatemala, 23 au Brésil,         populations autochtones
été un prétexte pour réduire au silence les mi-     19 en Inde…                      et l’environnement.
litants pro-démocratie dans ces pays africains.
La Covid a été révélatrice de l’absence d’État de                                    AU MOINS
droit », note Laurent Duarte, coordinateur de
Tournons la page. Même constat en Israël,
                                                                                     49 %
où la répression s’est accrue avec la crise                                          d’entre elles avaient été
sanitaire : « La crise de la Covid-19, combinée à                                    directement menacées.
une période durant laquelle Israël n’avait pas de
Parlement en état de fonctionner, a permis au
gouvernement de promulguer des décrets d’ur-
                                                                                     12 %
                                                                                     étaient des femmes.
gence qui n’étaient soumis à aucun contrôle

                                                                                      FÉVRIER 2021 – RÉSOLUTIONS 17
COMPRENDRE

                                                                                                                            ÉLODIE PERRIOT / SCCF
 Aziza
Abdirasulova              parlementaire », s’alarme Dana Moss, de combat n’est pas compris par nos familles »,
est directrice        l’ONG Physicians Human Rights Israel (PHRI) témoigne Fidèle Mutchungu Mwenebatu
au Kirghigstan        (1). « Les autorités ont aussi recouru à diverses de Tournons la page RDC (1). Les familles
de la fondation
                      tactiques pour décourager les manifestations, sont, de fait, devenues un point de pression
Kylym Shamy,
qui défend
                      notamment en utilisant des canons à eau et efficace pour les États ou les entreprises
les droits            en mettant des manifes-                                                    afin de contraindre
des personnes         tants en détention sans                                                    les défenseurs des
détenues              inculpation. » Catalina                                                    droits de l’homme à
et apporte
                      Garcia Pinilla, en charge          LA CRISE SANITAIRE A ÉTÉ                abandonner leur mis-
de l’aide juridique
aux personnes         d’Israël-Palestine pour          UN PRÉTEXTE POUR RÉTRÉCIR                 sion. « Même si j’ai
torturées.            le Secours Catholique,              L’ESPACE D’EXPRESSION                  besoin de vivre, je me
                      déclare pour sa part :                   DES DÉFENSEURS                    cache, je reste éloigné
                      « La crise sanitaire a             DES DROITS DE L’HOMME.                  de ma famille et je n’ai
                      été un prétexte pour ré-                                                   que des contacts spo-
                      trécir l’espace d’expres-                                                  radiques avec mes
                      sion des défenseurs des                                                    enfants pour ne pas
                      droits humains. » Le cas de Salah Hamouri les mettre en danger », confie un militant du
                      est emblématique. Ce défenseur des droits Mouvement des sans-terre (1) au Brésil, qui
                      des Palestiniens s’est fait arrêter alors qu’il souhaite garder l’anonymat. « Les défenseurs
                      réalisait un test de détection du coronavirus. vivent dans la culpabilité par rapport à leurs
                      Il a été écroué un mois, officiellement pour familles, avec la sensation de ne jamais faire
                      raisons sanitaires.                               assez. Ils vivent leur travail comme un sacer-
                                                                        doce », observe Diana Kolnikoff, psychologue
                      Un sacerdoce                                      clinicienne de l’ONG “Traces”, partenaire de
                      « Je vis avec la peur au ventre. Je suis pru- Tournons la page. « Si je m’occupe de ma pro-
                      dent mais j’ai peur du lendemain. Souvent notre tection, je n’aurai pas assez de temps pour les

18 RÉSOLUTIONS – FÉVRIER 2021
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