REVUE DE PRESSE ET DES RESEAUX SOCIAUX - Mardi 12 février 2019 Outre-mer - Mayotte
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
A LA UNE CHLORDECONE; Pages, 6à 12, 20 à 21. Antilles, Chlordécone, le scandale antillais que la métropole ne voulait pas voir. ORPAILLAGE; Pages, 32 à 35. Guyane, le tribunal administratif annule l’arrêté préfectoral autorisant la Compagnie Montagne d’Or à exploiter de l’or alluvionnaire. SECURITE; Pages, 52 à 54. Mayotte, Pamandzi sera l’un des 47 Quartiers de Reconquête Républicaine. ECONOMIE; Pages, 66 à 71. Polynésie, la reprise économique « est due pour beaucoup à la stabilité politique », explique Dominique Morvan. VIE CHERE; Pages, 80 à 90. La Réunion, Francis Armand, Délégué à la concurrence: Il est "probable" que certains profitent de la situation. 2
Manuel Vicuña @M_Vicuna 11 février 2019 à 07:29 Chlordécone, le scandale antillais que la métropole ne voulait pas voir "Il ne faut pas dire que ce pesticide est cancérigène." En prononçant ces mots le 1er février, Emmanuel Macron a fait bondir élus d'outre-mer et scientifiques qui s'inquiètent des décennies de ravages sanitaires et environnementaux causés par le chlordécone. Retour sur vingt ans de (sous-)médiatisation d'un désastre annoncé. Le chlordécone ? "Il ne faut pas dire que c'est cancérigène." C'est une phrase lâchée à la volée par Emmanuel Macron, et qui a fait s'étrangler journalistes, élus et scientifiques, avant de déclencher des réactions en cascades. Le 1er février, à l'Elysée, le président anime l'un des ateliers de son grand débat en présence d’une centaine d'élus d'outre-mer. La discussion roule soudain sur le chlordécone, pesticide ultra-toxique, classé "cancérigène possible" dès 1979 par l'OMS et pourtant utilisé dans les bananeraies des Antilles jusqu'en 1993. Et voilà un président en bras de chemise qui, micro à la main, sermonne son auditoire : "Il est établi que ce produit n'est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu'à dire que c'est cancérigène parce qu'on dit quelque chose qui n'est pas vrai et qu'on alimente les peurs." "on dit quelque chose qui n'est pas vrai" Le 1er février 2019, à l'Élysée Soubresaut chez les élus. Dans la foulée, face à un Macron qui confisque le micro, un maire de Guadeloupe s’indigne : "Le petit médecin de campagne que je suis vous affirme que de nombreux Guadeloupéens et Martiniquais sont malades du chlordécone et meurent quotidiennement." La passe d’armes entre Macron et les élus a été immortalisée par Outremer la 1ere. le sénateur PS de la guadeloupe, Victorin Lurel - Twitter, La 1ere, 1er février 2019 Les propos de Macron ont aussitôt suscité des réactions outrées en Guadeloupe et en Martinique, et la réponse quasi immédiate de plusieurs scientifiques. Notamment le professeur Pascal Blanchet, urologue, et le chercheur à l’institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm) Luc Multigner. Outre la classification faite par l'OMS, dans leur communiqué, ils rappellent les résultats de leur étude, menée en 2010, ayant démontré que "l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate." Rien d’anodin quand on sait qu’avec près de 227 nouveaux cas pour 100 000 hommes, la Martinique détient le record... du monde de ce type de cancer. 6
"un crime d'état" "Les antilles empoisonnées" - Le Monde, 6 juin 2018 Dans un article-somme du Monde en juin 2018, la journaliste Faustine Vincent détaillait l’ampleur de la catastrophe sanitaire liée à ce pesticide déversé par centaines de tonnes de 1972 à 1993 sur les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe. On y rappelle que les Antilles sont contaminées pour des siècles, jusqu'à sept cents ans selon les sols, qu'il n'existe actuellement aucune solution de décontamination et que "des générations d’Antillais vont devoir vivre avec cette pollution, dont l’ampleur et la persistance en font un cas unique au monde." Pendant vingt ans, alors qu’il a été interdit à peu près partout ailleurs en raison de ses dangers, et que les autorités françaises connaissaient sa toxicité, ce pesticide très persistant a été aspergé sur les plantations antillaises sous prétexte de protéger la banane, pilier économique des Antilles françaises, dont 70% de la production est destiné à la métropole. "Aujourd’hui encore, le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, distille son poison un peu partout. Pas seulement dans les sols, mais aussi dans les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines… et la population elle-même", rappelle Le Monde. 7
DES ETUDES SANS AMBIGUÏTE, UN ETAT SOUS INFLUENCE nourrissons", rappelle Le Monde. Selon l’étude à grande échelle menée sur six ans par Santé Publique France, la quasi- totalité des Guadeloupéens (95 %) et des Martiniquais (92 %) sont contaminés au chlordécone. Une étude publiée par l’Inserm en 2012 "montre que le chlordécone augmente non seulement le risque de prématurité, mais qu’il a aussi des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons", rappelle Le Monde. Que savaient les autorités ? L’Etat a autorisé l’utilisation du chlordécone dans la foulée de la demande d’homologation du produit en 1972. Trois ans plus tôt, rappelle Le Monde, cette demande avait pourtant été rejetée en raison de la toxicité de la molécule. En 1981, alors que les preuves de sa toxicité s’étaient accumulées, le produit a de nouveau été autorisé. Et lorsque la France va interdire la substance en 1990, l’Etat accorde pour trois ans deux dérogations pour son utilisation... en Martinique et en Guadeloupe. De quoi satisfaire les grands industriels de la banane soucieux d'écouler leurs stocks. S’agit-il d’un scandale d’Etat ? "Ces mots sont si galvaudés qu’il faudrait sans doute plutôt parler de crime, ou de honte d’Etat", martelait en juin dernier le journaliste Stéphane Foucart dans Le Monde. Il constatait : "L’affaire du chlordécone revient à intervalles réguliers dans l’actualité nationale, suscitant de brèves bouffées d’indignation, avant de retourner invariablement à l’oubli." Voilà résumée en quelques mots la faible prise de conscience qui prévaut en métropole au regard de l’ampleur du désastre sanitaire. SOUS LES RADARS, JUSQU'AUX ANNEES 2000 Cécile Marre connaît bien le problème. Journaliste pour la chaîne Martinique 1ere, elle a enquêté durant de longs mois sur les ravages du chlordécone, et a été saisie du peu d'écho suscité par la question en métropole : "Nous aux Antilles, on crie dans le désert, explique-t-elle à Arrêt sur images. Il y a de la friture sur la ligne entre nous et les médias hexagonaux. Vous prenez le même scandale vous le mettez dans l’Hexagone, ça ferait la Une des médias pendant des mois. Et là, on en est encore à un président qui nous dit que ce n’est pas cancérigène." Longtemps, même aux Antilles, l’ampleur de la contamination au chlordécone est passé sous les radars. Jusqu'à la fin des années 1990, ce pesticide ne faisait pas partie des substances analysées par les autorités sanitaires qui procèdent aux tests de la qualité de l'eau. Celles-ci cantonnant leur détection aux seules molécules encore homologuées et utilisées régulièrement en France métropolitaine... L'affaire du chlordécone émerge véritablement lorsqu'un ingénieur sanitaire de l'Agence régionale de santé (ARS) de Martinique, Eric Godard, se mobilise pour que le chlordécone fasse partie des molécules recherchées lors des analyses de qualité de l'eau . Pour la première fois surgit l’ampleur de la pollution de la contamination, non seulement des eaux de consommation, mais aussi des sols, des animaux d’élevage et des plantes. "TANT QUE ÇA NE TOUCHE PAS L’HEXAGONE..." La pollution aux pesticides et ses risques sur la santé s'invitent alors dans les JT ultramarins. Localement, les associations écologistes alertent et le sujet gagne peu à peu l'opinion publique en outre-mer. "Mais tant que ça ne touche pas l’Hexagone, le sujet ne connaît aucune résonance en métropole", pointe la journaliste de Martinique 1ere, Cécile Marre. Effectivement, le premier soubresaut médiatique en métropole survient lorsqu'en 2002, sur le port de Dunkerque, des douaniers constatent la contamination d’une cargaison de patates douces en provenance de Martinique, et à destination du marché de Rungis. Pour la première fois la presse nationale se met en branle, Libération consacre un long article à cet incident en titrant : "En Martinique, patates douces et toxiques durs". 8
Des patates douces "à destination du marché de Rungis" Libération, 2002 Le quotidien s'interroge alors : "La question est de savoir si le chlordécone est actuellement utilisé par les planteurs, comme le pensent certains responsables de la santé publique, ou s'il se trouve encore dans le sol, douze ans plus tard." Une machination sur fond de guerre économique entre les deux gros producteurs de bananes que sont la France et les Etats-Unis est également évoquée . "Ce sont peut-être des malfaisants américains qui se sont arrangés pour que soit trouvé du chlordécone aux Antilles. Ce pourrait être un coup monté pour tenter de nuire à nos bananes", ose dans Libé "un bon connaisseur du dossier". C’est seulement suite à cette saisie de denrées destinées au marché métropolitain qu’une mission d’enquête va être ouverte et que les premiers éléments de gestion des risques se mettent en place. 2007, L'INTERVIEW QUI BRISE L'OMERTA Médiatiquement, il faut attendre 2007, et le cri d’alarme d’un cancérologue dans la presse nationale, pour que l’idée d’un scandale sanitaire fasse son chemin. C’est le 17 septembre 2007. Ce jour-là, Le Parisien- Aujourd'hui en France consacre sa Une et son dossier du jour au "désastre sanitaire aux Antilles", avec une interview choc du cancérologue Dominique Belpomme. 9
"Le scandale a longtemps été étouffé..." Le Parisien, 17 septembre 2007 Ce professeur à l’hôpital George-Pompidou revient d’une mission scientifique en Martinique et en Guadeloupe où il a étudié les conséquences de l’usage massif des pesticides. Dans les colonnes du journal, il dénonce "un véritable empoisonnement" et parle d’une affaire qui "se révèle être beaucoup plus grave que celle du sang contaminé." L'interview de Belpomme dans le parisien Archives / pariscaraïbe.com Les déclarations fracassantes de Belpomme font très vite le tour des médias. Mais rapidement, les critiques affleurent. Auditionné à l’Assemblée nationale, et confronté à des scientifiques de l’Institut de veille sanitaire, de l'Agence de sécurité sanitaire et de l’Inserm, Belpomme se voit reprocher son ton alarmiste, son manque de rigueur scientifique et le fait de ne pas s’être appuyé sur les travaux scientifiques déjà existants. Au cri d’alarme succède la polémique sur un cancérologue, accusé d'agiter les peurs par une approche plus militante que scientifique. Belpomme lui, concède des "inexactitudes", des "imprécisions", tout en soutenant que son constat est "pertinent" sur le fond. Quelques années plus tard, en 2010, dans un rapport qui retrace la chronologie de l’affaire, l’Agence française de sécurité sanitaire (AFSSET) et l’Institut national de recherche agronomique (INRA) ont émis ce constat : "(...) la plupart des protagonistes s’accordent pour considérer que l’affaire Belpomme a relancé le dossier et qu’elle est à l’origine du Plan d’Action gouvernemental. De ce point de vue, l’alerte a eu un impact qui est généralement considéré comme positif." De fait, depuis l’alerte lancée par Belpomme, trois plans de prévention successifs ont été menés. Et médiatiquement ? Après 2007, le soufflet est retombé. Au cas par cas, ici et là, et sans créer d’émoi particulier, le sujet du chlordécone est réapparu dans la presse. Ici en 2010, lors de la publication de l’étude des professeurs Multigner et Blanchet montrant que l’exposition au chlordécone est associée à un risque augmenté de survenue de cancer de la prostate. Là en 2013, lorsque Le Monde consacre un reportage au "monstre chimique" qu’est devenue la Guadeloupe. On y répète, encore une fois, que "toute la chaîne alimentaire est contaminée". "IL A FALLU QUE LE "MONDE" EN PARLE POUR QUE ÇA BOUGE A NOUVEAU" Aux Antilles, certains journalistes ne désarment pas. C’est le cas de Cécile Marre, reporter à Martinique 1ere qui va enquêter pendant de long mois sur le chlordécone. En janvier 2018, elle signe une enquête-reportage accablante, diffusée sur Martinique 1ere. 10
"Chlordécone, le scandale est-il encore devant nous?" - Martinique La 1ere, 16 janvier 2018, capture d'écran du reportage On y apprend par exemple comment "l’Europe a autorisé une augmentation du taux de chlordécone dans certains aliments, 5 fois plus qu’avant dans la viande, 10 fois plus qu’avant dans la volaille." Émoi aux Antilles. "On en a parlé pendant des semaines dans nos JT, il y a eu des manifestations, des réactions de politiques locaux. J’ai essayé de contacter des gens dans certaines chaînes en métropole, mais sans succès", déplore aujourd'hui la journaliste qui constate : "Il a fallu que Le Monde fasse à son tour un grand papier pour que ça bouge un peu en métropole." Cet article dont parle Cécile Marre, c’est celui de Faustine Vincent paru dans Le Monde mi-juin 2018, suivi de la chronique du journaliste environnement, Stéphane Foucart parlant de "honte d’Etat". Pour la première fois, un média national révèle les conclusions de l’étude à grande échelle de Santé publique France qui constate que plus de 90 % des Antillais sont contaminés au chlordécone. Le Monde explique aussi comment en 2013, l’Institut national du cancer, alors piloté par l’actuelle ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a bloqué une grande étude qui devait documenter les liens entre chlordécone et cancer de la prostate. "Mme Buzyn assure que la raison de cette interruption était scientifique, mais les chercheurs entravés en sont, aujourd'hui encore, scandalisés", raconte ainsi le quotidien. Le journal met aussi en lumière l’un des enjeux qui explique l’inertie prolongée des pouvoirs publics, à savoir le montant des indemnisations qui "pourrait être colossal vu l’ampleur des dégâts causés par le pesticide." A la suite des articles du Monde, le chlordécone resurgit une nouvelle fois dans les médias nationaux. Le reporter de Konbini, Hugo Clément, se rend en Martinique pour interviewer Cécile Marre. Cécile marre interviewée par Hugo Clément - Konbini, 26 juin 2018 Dans la foulée, c'est encore Hugo Clément qui, lors d'une conférence de presse aux Antillles, interpelle Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique sur le sujet. "Est-ce que vous pouvez reconnaître aujourd’hui que la France a commis une erreur en autorisant pendant plus de 20 ans l’utilisation du chlordécone ici aux Antilles ?" Malaise du ministre qui s'agace : "C’est facile de pointer du doigt l’Etat aujourd’hui..." Le journaliste de Konbini revient à la charge sur la question de l'indemnisation des victimes. "Bah, on verra. Chacun prendra sa part", botte en touche Hulot avant que le journaliste se voit brusquement retirer le micro des mains. 11
L'indemnisation ? "bah, on verra." Konbini, Facebook De leurs côtés, plusieurs députés et eurodéputés interpellent eux aussi l’Etat. Et magie, quelques jours après l’article du Monde, Emmanuel Macron, lui-même, évoque le sujet, au détour d’un long discours à Quimper (à 44' dans la vidéo) :"Le chlordécone… Vous pensez que nous pouvons être fiers de ce qu’on a fait ? De laisser des populations des travailleurs agricoles s’intoxiquer pour continuer à produire comme on avait toujours fait ?" En septembre, lors de son déplacement aux Antilles, le président dénonce même un "scandale environnemental" et reconnaît, pour la première fois, que "l’Etat a sa part de responsabilité". Pas question en revanche de reconnaître pour l'instant un lien formel entre cancer de la prostate et exposition au chlordécone. Comme l’expliquait Le Monde en juin : "Ce qui se joue derrière l’affaire du chlordécone, c’est bien la crainte de l’Etat d’avoir un jour à indemniser les victimes – même si prouver le lien, au niveau individuel, entre les pathologies et la substance sera sans doute très difficile." Macron, lui-même l'a dit lors de son déplacement de septembre aux Antilles : pas question pour lui d’ "indemniser tout le monde, c’est impossible même budgétairement, et ce serait irresponsable". A défaut, le gouvernement envisage aujourd'hui de permettre la reconnaissance comme "maladie professionnelle" pour les travailleurs agricoles. Reste qu’il y a quelques jours, dans l’hémicycle, la création du fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a été une nouvelle fois reportée, faute de temps. La ministre de la Santé a proposé de renvoyer son examen par l'Assemblée nationale à l’automne prochain. D'ici là, le sujet du chlordécone risque de retomber une fois encore dans l'oubli. 12
A La Réunion, le mouvement des "gilets jaunes" a été "pire qu'un cyclone" pour l'économie Papier d'angle Saint-Denis de la Réunion, France | AFP | mardi 12/02/2019 - 12:13 par Mahdia BENHAMLA Particulièrement virulent en fin d'année à La Réunion, le mouvement des "gilets jaunes" a paralysé l'île pendant près de trois semaines: l'impact des blocages et des violences urbaines a été "pire que celui d'un cyclone", estiment les acteurs économiques. Au plus fort du mouvement pour protester contre les hausses de prix des carburants, la vie chère et les inégalités, plus d'une vingtaine de barrages routiers bloquaient l'île et un couvre- feu avait été instauré, dans un territoire où 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté. "Nous devons encore attendre un peu pour avoir plus de visibilité", note Bernard Picardo, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat. Mais il estime déjà à 40 millions d'euros les pertes enregistrées par les entreprises artisanales. Le seul port marchand ayant été bloqué pendant plusieurs jours, "de nombreux artisans se sont retrouvés sans matière première" et à "cause des barrages de routes, les salariés et les patrons n'ont pas pu aller travailler, des Salons ont été annulés", ajoute-t-il. Pour lui, le mouvement a été "pire qu'un cyclone. On remet vite les choses en place après un cyclone. Ce mouvement social s'est déroulé sur plus de deux semaines, avec des conséquences beaucoup plus dramatiques", lâche-t-il.Ibrahim Patel, président de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion, estime que "sur la totalité des 36.000 entreprises de l'île, il y a eu entre 600 et 700 millions euros de pertes". Rien que les pertes de stocks, les dégâts matériels dus aux violences urbaines, les loyers impayés sont estimés à plus de 30 millions d'euros. Selon Ibrahim Patel, "les salariés touchés (chômage partiel, activité réduite... ndlr) sont au nombre de 20.900, répartis dans les 3.492 entreprises qui ont déclaré des pertes"."Le commerce a été le secteur le plus touché. Les petites comme les grandes surfaces étaient fermées", rappelle-t-il. - Croisières déroutées - La même morosité est affichée par le secteur du tourisme. Restaurateurs, entreprises de loisirs, loueurs de voitures ou hôteliers, aucun n'a été épargné. "Le plus dur a été pour le secteur sport et nature. Il y a eu zéro réservation pendant les semaines de blocage", souffle le président de l'Ile de La Réunion Tourisme, Stéphane Fouassin. "Onze paquebots de croisière transportant 13.000 touristes ont été déroutés", énumère-t-il. Il se souvient de "ces images de touristes, bloqués à l'aéroport ou à pied, tirant désespérément leurs valises vers Saint-Denis" à cause des blocages des routes. "Et nous ne mesurons pas encore l'impact sur les réseaux sociaux, et auprès de leurs amis, de leurs proches", commente-t-il. "Les agriculteurs n'ont pas pu couper leurs cannes à sucre, les maraîchers n'ont pas pu accéder à leurs champs, les fruits et les légumes pourrissaient. Les éleveurs ont dû réduire la voilure et ne pouvaient pas nourrir les bêtes, les marchés forains ont été annulés, des milliers de litres de lait ont été jetés", égrène Jean-Bernard Gonthier, président sortant de la Chambre d'agriculture et récemment battu aux élections professionnelles. "Nous parlons de 8 à 10 millions euros de perte" affirme-t-il. Pour pallier les conséquences de cette crise des dispositifs d'aide ont été mis en place. L'Etat a annoncé une série de mesures d'accompagnement, notamment un échéancier dont toutes les entreprises peuvent bénéficier pour le paiement des cotisations fiscales et sociales. La Région a débloqué une enveloppe de six millions d'euros en faveur des très petites entreprises. "Une deuxième enveloppe de 20 millions d'euros suivra. L'aide sera plafonnée à 5.000 euros par entreprise", annonce Ibrahim Patel. "L'heure est à la reconstruction" martèle le président de la chambre de commerce. "Mais rien ou presque n'étant réglé, tant en termes de pouvoir d'achat que de luttes contre les injustices. Il faut s'attendre à un autre cyclone, c'est ça qui fait peur", s'inquiète un chef d'entreprise. Mah/caz/jk/spi © Agence France-Presse 13
N-Calédonie: la compagnie Ponant renonce à une croisière face à la fronde écologiste Nouméa, France | AFP | mardi 12/02/2019 - 11:51 UTC+2 | 349 mots La compagnie de croisières Ponant a annoncé mardi la "suspension" de son projet d'escale dans les îles Chesterfield en Nouvelle-Calédonie, sanctuaire de biodiversité, suite à la colère des écologistes, ont indiqué les autorités calédoniennes. Situées à 200 miles nautiques à l'ouest de la Grande-terre de Nouvelle-Calédonie, les îles Chesterfield sont un sanctuaire corallien pour de nombreuses espèces: serpents, tortues, requins et quantités de poissons. "Nous avons décidé de suspendre ce projet afin de prendre plus de temps pour continuer à débattre et convaincre nos interlocuteurs", a écrit Jean-Emmanuel Sauvée, président de Ponant, dans une lettre adressée à la direction des affaires maritimes de Nouvelle-Calédonie, rendue publique par le gouvernement local. M. Sauvée met en avant "la politique de développement durable" de ce "type d'expédition" et sa "promotion du patrimoine naturel exceptionnel de la Nouvelle-Calédonie", avant de concéder que "des difficultés demeurent". Dans un communiqué, le gouvernement calédonien, qui instruit la demande d'escale sur un site classé en réserve du Parc naturel de la mer de Corail, a salué "cette décision, empreinte de sagesse et de raison". La compagnie Ponant devait commercialiser, du 7 au 20 avril, une croisière, baptisée "Trésors cachés de Nouvelle-Calédonie", comprenant une journée aux Chesterfield, qualifiées de "véritable paradis pour les amoureux de la nature (...) refuge de milliers d'oiseaux marins". Or, les associations écologiques sont vent debout contre ce projet "honteux et inadmissible", qui envisage d'amener près de 180 touristes aux Chesterfield. Ces îles sont un site majeur de ponte et de reproduction d'oiseaux marins et constituent des récifs vierges, lesquels ne représentent plus que 3% de la surface des récifs de la planète. La Nouvelle-Calédonie abrite un tiers de ces ultimes trésors. En tête des détracteurs du croisiériste, l'association Ensemble pour la Planète (EPLP) a recueilli plus de 20.000 signatures sur une pétition en ligne contre le projet de croisière. Calédonie Ensemble, principal parti non indépendantiste qui avait récemment recommandé de "refuser" d'autoriser cette croisière, s'est "félicité" de la décision de Ponant. Interrogé par l'AFP, l'agent maritime de Ponant à Nouméa a indiqué chercher "une escale alternative" en Nouvelle-Calédonie. cw/caz/shu © Agence France-Presse 14
12/02/2019 Renouvellement du protocole d’accord entre Pôle Emploi et le SMA @MinistereOutreMer Renouvellement du protocole d’accord national entre Pôle Emploi et le Service militaire adapté En présence de Muriel PÉNICAUD, ministre du Travail et d’Annick GIRARDIN, ministre des Outre- mer, Pôle emploi et le Service militaire adapté (SMA), renouvelleront leur protocole d’accord national, le 12 février à 11h00 au ministère des Outre-mer. Le Service militaire adapté (SMA) est un dispositif militaire d’insertion socioprofessionnelle au profit des jeunes femmes (28% en 2017) et hommes de 18 à 25 ans éloignés de l’emploi et résidants dans les outre-mer. Il est implanté dans les départements d’outre-mer, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Sa mission prioritaire vise à développer l’employabilité de 6000 jeunes volontaires par an en leur faisant acquérir des compétences professionnelles, des compétences sociales et en leur offrant un accompagnement socio-éducatif complet, en régime d’internat. Dans le cadre de ce renouvellement, les parties prenantes renforceront leur partenariat opérationnel existant depuis 2015, pour l’insertion professionnelle et sociale durable des jeunes ultramarins en difficulté et fixent les priorités suivantes : ● intégrer les services numériques de Pôle emploi en soutien du parcours d’insertion des volontaires (espace candidat, recherches et CV en ligne, emploi store…); ● renforcer la coordination à la sortie du dispositif, en particulier pour les jeunes sans solution d’insertion (entretiens systématiques en fin de parcours et accompagnement, simplification des démarches administratives…). 15
L’OUTRE-MER DANS LA PRESSE LOCALE 16
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 17
LES UNES DE LA PRESSE LOCALE 18
GUADELOUPE 19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
GUYANE 31
11/02/2019 Guyane : le tribunal administratif annule l’arrêté préfectoral autorisant la Compagnie Montagne d’ Or à exploiter de l’or alluvionnaire Rien à voir avec le projet de méga-mine industrielle, le 13 décembre dernier, Patrice Faure, le Préfet de Guyane avait autorisé CMO à ouvrir des travaux d'exploitation d'or alluvionnaire sur le territoire de la commune de Saint-Laurent du Maroni. Aujourd’hui la justice annule l’autorisation © Jocelyne Helgoualch Le site de la Montagne d'or Par Karl Constable La justice a donné raison à Guyane Nature Environnement et Maiouri Nature Guyane, deux associations de protection de l’environnement, qui avaient sollicité l'annulation de l'arrêté par lequel le préfet de la Guyane a autorisé la société Compagnie Minière Montagne d'Or (CMO) à ouvrir des travaux d'exploitation d'or alluvionnaire. Le jugement en date du 11 février 2019 a retenu deux motifs d’annulation. D’une part : le tribunal a estimé que les travaux d'exploitation d'or alluvionnaire autorisés et le programme d’extraction industrielle envisagée dans le même secteur, connu sous le nom de projet « Montagne d’Or », situés à proximité immédiate l’un de l’autre, constituaient en fait un seul projet d’exploitation minière. Dans ce contexte, l’étude d’impact du programme d’exploitation alluvionnaire aurait dû comporter une appréciation des impacts de l’ensemble des travaux susceptibles d’affecter le secteur Montagne d’Or. Ainsi, le caractère partiel de l’étude d’impact n’a pas permis à l’autorité environnementale puis au préfet de la Guyane de disposer d’une vue précise et cohérente des enjeux et effets du projet dans son ensemble. D’autre part : le tribunal, se fondant sur la jurisprudence de la cour de justice de l’Union européenne et du Conseil d’Etat, a jugé que l’autorité environnementale, en l’espèce un fonctionnaire de la direction de l’environnement, de l’aménagement du logement (DEAL) de Guyane, en charge de donner un avis sur le programme d'exploitation d'or alluvionnaire en cause, ne disposait pas de l’autonomie requise par rapport à Patrice Faure, préfet de la Guyane, signataire de l’arrêté en litige. (Source : Tribunal Administratif de Cayenne) 32
11/02/2019 A l’Assemblée, le débat sur la Montagne d’or n’attire pas les foules 11 février 2019 Par Christophe Gueugneau Jeudi dernier, une dizaine seulement de députés ont débattu du projet de méga mine d’or industrielle en Guyane. Les deux députés guyanais, l’un opposé au projet et l’autre favorable, ont pu interpeller le ministre de la transition écologique François de Rugy. Ce dernier, qui se rendra bientôt sur place, devrait trancher d’ici juin. C’est un petit débat – pas plus d’une dizaine de députés – mais c’est un débat quand même. Jeudi 7 février, à l’occasion de la semaine du contrôle parlementaire, était organisé un débat sur la Montagne d’or, le méga projet minier d’extraction au cœur de la forêt amazonienne, en Guyane. Peu de députés dans l’hémicycle, mais un ministre pour répondre, celui de la transition écologique François de Rugy. Selon le maître d’ouvrage, un consortium russo-canadien, l’objectif est d’extraire 85 tonnes d’or de réserves déjà définies sur le gisement, soit la production de 6,7 tonnes d’or par an sur douze ans. Pour ce faire, la société va pulvériser des millions de tonnes de roches, creusant une fosse de 2,5 kilomètres de long pour environ 400 mètres de large, et qui aura 250 mètres de profondeur (lire notre série d’enquêtes sur le sujet). Surtout, de multiples risques environnementaux sont soulignés par les contempteurs de la mine : la déforestation nécessaire aux installations, l’utilisation du cyanure, le risque de remontée de métaux lourds présents naturellement dans le sol, la gestion des déchets miniers et celle de l’après-mine. Le débat parlementaire intervenait en outre une dizaine de jours après la rupture d’un barrage dans l’État brésilien du Minas Gerais, le 15 janvier dernier. La catastrophe a coûté la vie à au moins 150 personnes. En Guyane, deux camps s’affrontent mais de force inégale. Le débat public mené au premier semestre 2018 a montré que la population était assez généralement hostile au projet, en particulier les populations autochtones (lire notre article). En face, les forces économiques et surtout politiques guyanaises y sont majoritairement favorables, sensibles à la promesse d’emplois – environ 700 emplois directs et 3 000 emplois indirects selon les promoteurs – dans un territoire qui en manque cruellement. L'entrée de la route menant au futur site de la Montagne d'or, à une dizaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni. © CG Les deux positions se sont retrouvées à l’Assemblée nationale avec les deux députés de Guyane : contre le projet, Gabriel Serville (GDR), à l’initiative du débat ; pour, Lénaïck Adam (LREM). Intervenant pour ouvrir le débat, Gabriel Serville a fustigé une « Montagne d’or qui sera en fait un gigantesque trou ». Le député a également rappelé le « refus massif » des populations autochtones. « Je vous demande solennellement de renoncer à ce projet, à cette folie meurtrière », a-t-il lancé à l’attention de François de Rugy, appelant à « mettre la Guyane sur la voie du développement durable ». 33
11/02/2019 Gabriel Serville est déjà à l’origine d’une proposition de résolution, cosignée par 65 députés de tout bord, visant à interdire l’utilisation des technologies à base de cyanure pour l’extraction aurifère. La compagnie Montagne d’Or compte utiliser près de 3 000 tonnes par an de cyanure de sodium (soit 8,33 tonnes/jour, ou 36 000 tonnes sur les douze années d’extraction prévues). Le produit sera stocké et utilisé au cœur de la forêt amazonienne, sur un bassin versant qui alimente en eau potable une bonne partie de la région, soulignent les ONG. Celles-ci ont beau jeu de rappeler que l’interdiction du cyanure dans l’industrie minière a été votée par le Parlement européen en 2010. Ou de citer en exemple la récente catastrophe de Tianjin (Chine), le 12 août 2015 : 114 morts et plus de 700 blessés. Le procédé est d’autant plus critiqué que la Montagne d’or se situe en pleine forêt, entre deux réserves biologiques intégrales (Lucifer et Dékou-Dékou). À ces objections, le ministre François de Rugy a fait une étonnante réponse, affirmant entendre « ce [qui est dit] sur le cyanure mais sans parler du mercure ». « Aujourd’hui, a ajouté le ministre, le mercure est utilisé à grande échelle par plusieurs centaines d’exploitants. » L’utilisation du mercure, en particulier par les orpailleurs clandestins présents en Guyane, est un immense problème, dénoncé par les ONG et les peuples autochtones. Cela ne rend pas l’utilisation du cyanure plus propre pour autant. Outre Gabriel Serville, d’autres députés ont fait entendre leur opposition au projet. Au nom de La France insoumise, Mathilde Panot puis Danièle Obono sont intervenues. Pour la première, il s’agit d’un « projet désastreux ». « Ce projet d’un autre siècle doit évidemment être abandonné », a-t-elle ajouté, tandis que sa collègue Danièle Obono demandait « la suspension définitive d’un projet néfaste ». Intervenant au nom du groupe UDI, Agir et Indépendants, Maïna Sage (Polynésie française) a de son côté rappelé la « responsabilité [des députés] face à l’histoire de la Guyane qui a déjà été exploitée ». Maïna Sage a notamment mentionné la présence en Guyane de la base de tirs de Kourou et ses maigres retombées sur le territoire. « L’avis qui nous intéresse le plus est celui des Guyanais », a-t-elle ajouté, rejointe quelques instants plus tard par la députée Maud Petit (MoDem). Celle-ci, s’adressant au ministre, lui a demandé si un référendum local était envisagé. Réponse en deux temps du ministre : « Les élus sont pour le projet, on pourrait dire qu’ils sont légitimes. » Puis à propos du référendum local : « S’il se dégage une majorité, considérerait-on que les minorités sont respectées ? » Devant la mairie de Saint-Laurent-du-Maroni, en juin dernier le maire, Léon Bertrand, et le député local, Lénaïck Adam, sont épinglés pour leur soutien à la CMO. © CG L’intervention de Lénaïck Adam, l’autre député de Guyane mais lui favorable au projet, a donné une bonne idée de l’avenir de la Guyane défendu par les autorités locales. Agressif, Lenaïck Adam n’a eu de cesse de dénoncer « la démagogie » et « la malhonnêteté intellectuelle » des opposants au projet, leur « militantisme de spectacle ». Affirmant n’être pas un défenseur de la Montagne d’or, Adam a conclu son intervention par ces mots : « Ce que je veux dire ici, c’est défendre le droit de chaque Guyanais d’exploiter les richesses minières de son pays. » Une position auprès de laquelle celle du ministre de la transition écologique passait pour mesurée. Lors de plusieurs interventions, François de Rugy a en effet défendu la position du gouvernement – et d’Emmanuel Macron, qui a dit début février que le projet n’était « pas au niveau » : en substance, le projet Montagne d’or doit encore faire ses preuves, tant en termes environnementaux qu’en termes économiques. 34
11/02/2019 Il s’agit, selon le ministre, d’une affaire de « conciliation entre l’activité humaine et l’environnement ». « En Guyane, on est au coeur de cette contradiction, ce n’est pas facile, il faut en être pleinement conscient », a-t-il ajouté. « Notre responsabilité, c’est de toujours trouver la bonne voie entre l’activité humaine, les activités pour les humains, pour qu’ils gagnent leur vie, qu’ils trouvent du travail, et la protection de l’environnement. Si on ne peut pas concilier les choses, on fera un choix », a-t-il précisé à un autre moment. « Dans les jours qui viennent, un rapport conjoint d’inspection va être restitué sur l’activité aurifère, ses impacts sur l’environnement, ses retombées économiques », a encore indiqué François de Rugy. Le ministre a annoncé qu’il se rendrait sur place avant la fin du semestre. « Au terme de ce déplacement, je serai amené à prendre position au nom du gouvernement », a-t-il dit. On verra alors si cette position du gouvernement saura échapper au lobbying intense des promoteurs du projet. En tout début de séance, la députée écologiste Delphine Batho a ainsi demandé un rappel au règlement. La députée, elle-même ancienne ministre de l’écologie, s’est interrogée devant ses collègues sur les sollicitations d’une société de communication qui agissait au nom de la Montagne d’or, à la fin de 2018. Sauf que cette entreprise de communication n’était pas enregistrée sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique à ce moment-là et qu’elle ne l’est toujours pas. Pour Delphine Batho, il s’agit donc d’une « entreprise clandestine de lobbying », contre laquelle elle « souhaite alerter le déontologue de l’Assemblée ». Lors d’une autre intervention, Delphine Batho a demandé l’avis de François de Rugy sur l’embauche par Columbus Gold, l’entreprise canadienne qui copilote le projet de Montagne d’or, de Pierre Cunéo, son ancien directeur de cabinet (nous en parlions dans cet article). Elle a également demandé au ministre si les porteurs du projet avaient rencontré le cabinet du ministre ou son administration. Ce qu’a admis le ministre. En creux du débat est aussi revenue la question de la réforme du code minier, serpent de mer depuis de nombreuses années, et de sa version amoindrie, le concept de « mine responsable ». Lancé en 2015, le projet visait à mettre en place un livre blanc. Quand Emmanuel Macron, président de la République, s’est rendu en Guyane en 2017, il a réaffirmé son soutien à la Montagne d’or, car celle-ci respecterait ce concept. Or, le projet de livre blanc a fait long feu. Interrogé par Mediapart en juin dernier, le service presse du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), service géologique national français, reconnaît que « le livre blanc n’a, en effet, pas été publié. Il est actuellement en attente du côté du ministère et n’existe donc pas en tant que tel ». « Toutefois, un référentiel technique a été rendu public sur le site mineralinfo, collection “les mines en France” », ajoute le BRGM. François de Rugy a reconnu le « caractère obsolète du code minier, héritage avec lequel on travaille aujourd’hui », indiquant qu’il souhaitait réformer ce code en « repartant de zéro ». D’ici là, le projet de Montagne d’or devrait ou bien être sorti de terre, ou bien tomber dans les limbes, selon le choix du gouvernement. Ce qui est sûr, comme l’a déclaré François de Rugy à l’Assemblée, « on ne fera pas de ce projet un projet exemplaire tel qu’il est parti ». 35
36
37
MARTINIQUE 38
39
40
11/02/2019 La préfecture lance la 4e opération "déposez les armes" La Martinique vient d'enregistrer deux homicides (à Fort-de-France) par arme à feu. C'est dans ce contexte que la préfecture lance sa nouvelle opération "déposez les armes !" dès ce lundi (11 février 2019). © Préfecture Martinique Du 11 février au 31 mars 2019, les citoyens sont invités à remettre leurs armes à la police ou à la gendarmerie "avec la garantie qu’aucune sanction administrative ou judiciaire ne sera prise à leur encontre pour détention d’arme illégale, en accord avec le procureur de la république", précise Franck Robine, préfet de Martinique. Le représentant de l'État ouvrira l'opération lundi matin (11 février 2019), en compagnie de Renaud Gaudeul, procureur de la République, Daniel Nisas, proviseur du lycée polyvalent (LPO) Victor Anicet à Saint-Pierre, et des élèves qui ont contribué à l’élaboration de la campagne. Lutter contre la délinquance par armes à feu Cette 4e édition est organisée en partenariat avec le lycée polyvalent du numérique, du design et des arts appliqués de Martinique, au LPO Victor Anicet de Saint-Pierre. L'opération est censée lutter contre la délinquance par armes à feu mais difficile d'avoir une idée précise de son impact en raison d'un bilan imprécis des campagnes précédentes. "Déposez les armes" débute au lendemain d'un double meurtre avec arme à feu à Fort-de-France. Samedi matin, un homme a été tué dans sa voiture au quartier Dillon et le lendemain une querelle s'est terminée par la mort d'un autre homme au quartier Alaric. 41
42
11/02/2019 Une Martiniquaise détenue en prison en Iran Une femme originaire de la Martinique et dirigeante d'entreprise est retenue en Iran depuis le mois d'octobre, selon une amie et collaboratrice. Le pays demande une caution de 40 000 euros. Que s'est-il passé pour que Nelly Erin Cambervelle se retrouve en prison à des milliers de kilomètres de chez elle ? Originaire de la Martinique, cette mère de famille âgée de 59 ans est retenue depuis le mois d'octobre dans la République islamique d'Iran. A l'origine, il s'agissait d'un simple voyage professionnel, dans le cadre de son entreprise d'import-export. Selon son amie Patricia Gros- Désirs Dicanot, Nelly Erin Cambervelle s'y rend "dans le but d'une première negociation en minerais qui a eu lieu sur l'île de Kish en Iran". Là-bas, toujours selon son amie, elle aurait fait une visite de l'île avec "ses correspondants en Iran". Après cela, plus de nouvelles. Achat illégal d'or Nelly Erin Cambervelle aurait du reprendre l'avion pour Paris "dans l'après-midi" après son tour de Kish. "On a appris plus tard par l'ambassade de France en Iran qu'elle avait été arrêtée pour vente et achat illégal d'or dans le pays", explique Patricia Gros-Désirs Dicanot. Les mois passent et rien n'y fait : Nelly Erin Cambervelle reste emprisonnée dans une prison pour femmes à Téhéran. "L'ambassade s'occupe de lui amener de quoi manger et puis aussi des habits mais ces conditions [de détention, NDLR] ne sont pas bonnes", explique son amie. "Elle a des problèmes de tension artérielle. Elle a beaucoup maigri depuis, elle ne mange pas bien." 40 000 euros Depuis le mois d'octobre, Patricia Gros-Désirs Dicanot, elle aussi originaire de la Martinique, essaie de comprendre ce qu'il s'est passé et de venir en aide à son amie : "J'ai écrit un peu partout, aux politiques martiniquais, pour demander de l'aide mais je n'ai pas eu de retour." Car en plus de la difficulté d'obtenir des informations sur les raisons de sa détention, Patricia explique que les autorités iraniennes réclament une caution de 40 000 euros pour libérer Nelly Erin Cambervelle. Une somme dont ne disposent pas ses proches. "Ne voyant rien bouger, j'ai décidé d'ouvrir un compte pour pouvoir réunir la somme nécessaire." Ce 11 février, près de 600 euros avaient déjà été collectés sur la cagnotte en ligne. Sur Twitter, quelques internautes se sont étonnés de ne pas avoir entendu parler de cette affaire avant la mise en place de la cagnotte : Du côté du Quai d'Orsay, on assure que l'évolution de la situation de la ressortissante française est suivie attentivement. 43
44
MAYOTTE 45
Le Journal de Mayotte 12/02/2019 France/Comores : un assouplissement des conditions de visas signé en… avril 2011 ! La rédaction Les signatures entérinant l'accord « Des décisions consensuelles », c’est ainsi que sont jugés les points de l’accord portant notamment sur la question du visa d’entrée à Mayotte, signé entre le gouvernement comorien et l’ambassade de France en 2011… au moment même où Mayotte disait « oui » à la France pour sa départementalisation. Ce qui explique sans doute que ce texte public n’ait fait l’objet d’aucune publicité à l’époque. Le problème c’est qu’il a été entériné, rendant applicables les mesures arrêtées par les deux parties. Avant d’en aborder les points, replaçons la signature dans le contexte. Le 1er mars 2011, une première crise éclate : le gouvernement comorien refuse d’accepter ses ressortissants reconduits à la frontière depuis Mayotte, en invoquant l’impossibilité de vérifier leur identité, et leur passé judiciaire sur le sol mahorais. Le gouvernement français d’alors se plie au dialogue, qui se noue au cours de 3 rencontres, les 24, 26 et 31 mars 2011, et qui aboutiront à cet accord. Des échanges qui se tiennent en petit comité puisque ne sont présents que le ministre des Relations Extérieures Comorien, Djaffar Mohamed Amhmed Mansoib, et l’ambassadeur de France, Luc Hallade, qui est revenu à Mayotte depuis, notamment pour travailler sur les relations franco-comoriennes, et présent en arrière plan de la feuille de route décriée de septembre 2017… Aucune personnalité Mahoraise n’était donc associée aux échanges. Des exigences entendues La partie comorienne va exiger plusieurs points avant d’accepter de nouveaux la reconduite de ses ressortissants. Loin de taper du poing sur la table, la diplomatie française lui accorde crédit, sur le papier en tout cas. Notamment sur la question du visa d’entrée à Mayotte que le gouvernement comorien veut voir supprimé. La réponse de l’ambassadeur de France va bien au delà de la feuille de route qui avait fait descendre la population dans la rue à Mayotte en septembre 2017. On peut en effet lire que la partie française est « prête à examiner toute mesure d’assouplissement des conditions d’octroi et de délivrance du visa d’entrée à Mayotte », et avec une ouverture même, « dans le cadre de la problématique plus large de la circulation des personnes et des biens sur laquelle de premiers échanges de vue ont eu lieu ». Des décisions « applicables dès la signature du présent compte rendu », donc, et les signataires ne manquaient pas d’humour, à la date où Mayotte était en liesse, à l’exact lendemain de sa départementalisation ! 46
Vous pouvez aussi lire