Synthèse technique des données probantes actuelles publiées, portant sur la vaccination à dose unique contre le PVH
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SYNTHÈSE TECHNIQUE Synthèse technique des données probantes Photo : PATH/Will Boase actuelles publiées, portant sur la vaccination à dose unique contre le PVH Introduction Les vaccins prophylactiques contre le papillomavirus humain (PVH) sont homologués depuis plus de 10 ans, d’abord en trois doses sur une période de six mois, et plus récemment en deux doses chez les individus âgés de moins de 15 ans. Après examen des données probantes, les experts du Groupe stratégique Consultatif sur la vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé en 2014 un schéma posologique en Examen des données deux doses. Des données récentes suggèrent qu’une dose unique probantes actuelles du vaccin contre le PVH suffirait à protéger contre une infection publiées, portant sur incidente et persistante par le PVH, laquelle infection constitue un la vaccination à dose préalable nécessaire au développement des lésions cervicales et, à unique contre le PVH plus long terme, du cancer du col de l’utérus. (livre blanc) Le livre blanc (LB) est une En 2018, le Consortium d’évaluation des vaccins à dose unique contre le PVH évaluation approfondie i) des a été formé pour rassembler et synthétiser les données existantes, et évaluer données probantes actuelles de nouvelles données sur le potentiel de la vaccination à dose unique contre portant sur la vaccination à dose le PVH. Le consortium a compilé les données probantes actuellement publiées unique contre le PVH, ii) de la sur la vaccination à dose unique contre le PVH, dont des données provenant qualité de ces données et iii) des d’essais, d’autres études observationnelles et de modélisation, et a formulé des lacunes dans ces données. observations sur la solidité de ces données et les lacunes qui subsistent. L’objectif Le LB fournit un résumé du consortium est d’évaluer ces données probantes, afin d’éclairer les débats détaillé et une interprétation politiques et les orientations programmatiques au niveau mondial, ainsi que de des données probantes mieux faire connaître et comprendre leurs implications. publiées, portant sur la vaccination à dose unique Le présent résumé présente un aperçu des principales conclusions de l’examen contre le PVH. Il s’agit initial des données probantes effectué par le consortium, qui est publié dans de l’immunogénicité, de un livre blanc (voir l’encadré ci-contre) lequel sera mis à jour à mesure que de l’efficacité et de l’efficience ; de nouvelles données seront présentées. l’identification des lacunes dans les données probantes ; de la discussion des plans de l’étude Fardeau des maladies liées au PVH et du cancer du col de l’utérus ou des approches susceptibles Le cancer invasif du col de l’utérus (CIC), causé par une infection persistante par de combler ces lacunes ; de le PVH, est un problème majeur de santé publique, en particulier dans les pays en la reconnaissance des études développement [1]. En 2012, avant l’introduction généralisée du vaccin contre le ou des ensembles de données PVH, on estimait à 528 000 le nombre de nouveaux cas et à 266 000 le nombre connues qui pourraient être annuel de décès liés au cancer du col de l’utérus dans le monde [2], plus de 80 % en cours ou disponibles ; et d’un résumé général de des cas de CIC survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) [2, 3]. l’orientation stratégique, Dans les pays disposant de programmes efficaces de dépistage du cancer du col nécessaire pour éclairer les de l’utérus, l’incidence du cancer du col de l’utérus et la mortalité attribuable à décisions concernant les cette maladie ont sensiblement diminué [3, 4]. Cependant, dans plusieurs pays en schémas de vaccination à dose développement, les programmes de dépistage sont inexistants ou disponibles à unique ou d’autres schémas. une échelle réduite ; les femmes présentent souvent un stade avancé de la maladie, La version intégrale du ce qui entraîne une morbidité et une mortalité associées élevées. LB peut être consultée à l’adresse http://www.rho. org/singledosehpv S YNTHÈ S E TE CH N I Q U E PAG E 1
Vaccins contre le PVH La prévention primaire contre le cancer du col de l’utérus est désormais possible grâce à la vaccination par l’un des trois vaccins homologués contre le PVH (Tableau 1). Ces vaccins sont très efficaces contre l’infection persistante par les génotypes vaccinaux, une condition préalable nécessaire au développement du cancer du col de l’utérus et des lésions cervicales associées [5]. Actuellement, l’OMS recommande deux doses de vaccin contre le PVH chez les filles âgées de 9 à 14 ans, avec une flexibilité en termes de dosage pour la dose 2 dès 5 mois après la dose 1. Les filles âgées de 15 ans ou plus et les filles immunodéprimées, y compris celles qui sont infectées par le VIH, devraient continuer à recevoir trois doses, conformément aux recommandations initiales en matière de dosage. Tableau 1. Résumé des objectifs et du calendrier des vaccinations disponibles contre le PVH Vaccin bivalent contre Vaccin quadrivalent Vaccin nonavalent le PVH (2vPVH) contre le PVH (4vPVH) contre le PVH (4vPVH) Fabricant GlaxoSmithKline Merck & Co, Inc. Merck & Co, Inc. Nom commercial Cervarix® Gardasil4® Gardasil9® Schéma ≤ 14 ans : de 0, 6 à 12 mois de 0, 6 à 12 mois de 0, 6 à 12 mois 2 doses Schéma d’injection ≥ 15 ans : 0, 1, 6 mois 0, 2, 6 mois 0, 2, 6 mois 3 doses Lorsque les vaccins contre le PVH sont administrés selon le schéma à deux doses, ils induisent une forte réponse immunitaire non inférieure à celle suscitée par un schéma à trois doses, dont la protection contre l’infection par le PVH et les maladies connexes a été démontrée. Si elle s’avère efficace, la vaccination à dose unique contre le PVH pourrait faciliter l’élaboration de nouvelles options pour les programmes nationaux actuels, tout en simplifiant l’administration du vaccin et en réduisant les coûts des programmes. Pour les PRFI qui ont tardé à introduire les vaccins contre le PVH en raison d’obstacles financiers, logistiques ou autres, un schéma de vaccination contre le PVH à dose unique pourrait accélérer l’introduction des vaccins contre le PVH dans les calendriers nationaux de vaccination. Données probantes actuelles sur l’administration d’une dose unique du vaccin contre le PVH Les sources des données probantes présentées dans le livre blanc comprennent des publications scientifiques avec comité de lecture qui sont accessibles au public et traitent de : • la plausibilité biologique de la protection par une dose unique du vaccin contre le PVH fondée sur la réponse immunitaire du vaccin et les informations virologiques ; • des données d’observation provenant de participants partiellement vaccinés à des essais cliniques portant sur l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin contre le PVH ; • des données issues des évaluations de l’efficacité du vaccin après l’autorisation de mise sur le marché ainsi que d’autres données d’observation ; et • des analyses de modélisation. D ON N ÉES P ROB AN TES AC T UEL L ES P U BLIÉES, PAG E 2 P O RTA N T S UR L A VACC I N ATI ON À D OS E UN I QUE CON T R E LE PV H.
Plausibilité biologique : la réponse immunitaire à une dose unique du vaccin contre le PVH Des données plausibles, du point de vue biologique, et expliquant le potentiel prometteur des vaccins contre le PVH ont été examinées récemment à la suite de données d’observation provenant de différents essais cliniques, lesquels révèlent qu’une dose unique du vaccin contre le PVH pourrait apporter une protection contre l’infection par le PVH [6]. Les réponses d’anticorps fortes, cohérentes et durables aux trois vaccins contre le PVH sont bien documentées [7]. Chez les jeunes femmes en bonne santé, les taux de séroconversion sont pratiquement de 100 %. Des titres de neutralisation in vitro de 1 000-10 000 sont généralement obtenus, et, après une baisse relativement forte du titre de 10 fois au cours des deux premières années, les titres d’IgG se stabilisent ou diminuent très lentement, pour atteindre des niveaux qui sont sensiblement supérieurs aux titres d’anticorps induits par une infection naturelle [8]. Les réponses immunitaires chez les filles et les garçons préadolescents sont encore plus fortes. La stabilité des réponses anticorps observée actuellement, plus de 10 ans après la vaccination [11, 12], est sans précédent pour un vaccin sous-unitaire. Ce type de réponse d’anticorps est observé même après l’administration d’une dose unique de vaccin [13, 14]. Données d’observation provenant de participants partiellement vaccinés à des essais cliniques portant sur l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin contre le PVH En avril 2018, on ne disposait d’aucune donnée sur l’immunogénicité, l’efficacité ou l’efficience d’un schéma de vaccination contre le PVH à dose unique, en comparaison aux schémas à deux ou trois doses provenant d’études randomisées spécifiques comparant des groupes à une, deux ou trois doses. Cependant, les données d’observation provenant d’essais randomisés contrôlés (ERC) dans lesquels les participantes n’ont pas respecté leur schéma à deux ou trois doses indiquent qu’une dose unique de vaccin contre le PVH peut offrir une protection contre une infection persistante par les génotypes vaccinaux et des réponses immunitaires protectrices. L’efficacité et l’immunogénicité font partie des résultats examinés avec un intérêt particulier dans les études cliniques observationnelles. Études portant sur l’efficacité du vaccin contre le PVH à dose unique Les données les plus significatives sur l’efficacité proviennent des données d’observation non randomisées issues de deux essais indépendants, à savoir l’essai du vaccin contre le PVH au Costa Rica et l’essai du vaccin contre le PVH en Inde initié par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ces essais et leurs résultats sont résumés ci-dessous. Essai du vaccin contre le PVH au Costa Rica (Costa Rica Vaccine Trial, CVT). Réalisé par le U.S. National Cancer Institute (NCI) et l’Agencia Costarricense de Investigaciones Biomédicas, l’essai CVT est une étude clinique communautaire randomisée de phase III comprenant également une étude observationnelle à long terme. 7 466 femmes âgées de 18 à 25 ans ont été enrôlées et réparties de façon aléatoire dans des groupes pour recevoir, soit un vaccin bivalent (2vPVH), soit un vaccin témoin contre l’hépatite A dans un rapport 1:1 selon un schéma à trois doses à 0, 1 et 6 mois. Parmi ces femmes, un faible pourcentage n’a pas reçu trois doses ; elles composent le groupe faisant l’objet d’une surveillance et d’une observation pour déterminer l’efficacité. Les participantes ont été suivies au moins une fois par an pendant quatre ans et ont été invitées à participer à une étude observationnelle de suivi à long terme [15,16]. Pendant cette étude observationnelle, les participantes ayant reçu le vaccin contre le PVH ont été suivies une fois par an pendant six années supplémentaires. Quatre ans après la vaccination initiale, une dose du vaccin bivalent a eu une efficacité comparable à celle de trois doses du vaccin utilisant un critère d’évaluation de la prévalence cumulative d’infection persistante à PVH [16]. L’efficacité sur quatre ans contre les infections au PVH-16 ou 18 qui ont persisté pendant au moins six mois chez les femmes avec un ADN du PVH négatif pour ces types à la première vaccination était la suivante : trois doses = 84 % (IC à 95 % = 77 à 89 % ; 37 et 229 événements dans les groupes PVH [n = 2 957] et témoins [n = 3 010] respectivement) ; deux doses = 81 % (IC à 95 %) : 53 à 94 %) ; 5 et 24 événements dans les groupes PVH [n = 422] et témoins [n = 380], respectivement) ; et une dose = 100 % (IC à 95 % : 79 à 100 % ; 0 et 15 événements dans les groupes PVH [n = 196] et témoins [n = 188], respectivement). Sept ans après la vaccination initiale contre le PVH, l’essai CVT a révélé que la prévalence du PVH 31, 33 et 45 était semblable entre les groupes recevant trois doses (2,3 % ; IC à 95 % : 1,8 à 3,1 %), deux doses (0/6 mois ; 0,0 % ; IC à 95 % : 0,0 à 3,7 % ; p = 0,26 comparativement aux trois doses) et un groupe à dose unique (1,5 % ; IC à 95 % : 0,3 à 4,8 % ; p = 0,77 comparativement aux trois doses) [17]. Les résultats de l’essai CVT ont été confirmés par l’analyse d’un essai de structure similaire, l’essai PATRICIA (PApilloma TRIal against Cancer In young Adults), dont GSK biologicals est le promoteur. Une analyse post hoc combinée de 12 013 femmes âgées de 15 à 25 ans inscrites au Costa Rica et dans la cohorte PATRICIA a comparé celles qui ont reçu moins de doses que le nombre recommandé et celles qui ont terminé le programme de vaccination. Les résultats suggèrent une efficacité équivalente d’une, deux et trois doses du vaccin bivalent (2vPVH) contre une infection persistante due aux sérotypes vaccinaux sur un suivi médian de quatre ans [18]. S YNTHÈ S E TE CH N I Q U E PAG E 3
Essai du vaccin contre le PVH en Inde initié par le Centre international de recherche sur le cancer. Parrainé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’essai sur le vaccin contre le PVH en Inde a été conçu comme un essai multicentrique randomisé en grappes visant à évaluer l’efficacité comparative de deux doses du vaccin quadrivalent (4vPVH) contre trois doses du même vaccin. La conception initiale de l’étude consistait à recruter 20 000 filles, âgées de 10 à 18 ans, et à les répartir de façon aléatoire dans des groupes pour recevoir, soit deux doses, soit trois doses du vaccin. Cependant, en avril 2010, l’étude a été suspendue en raison d’événements non liés à l’étude, ce qui a entraîné une randomisation fragmentée et certaines participantes à l’essai n’ont pas complété, ou n’ont pas complété à temps le schéma de vaccination attribué. Par conséquent, l’étude, qui comptait 17 739 filles avant la suspension, a donné lieu à quatre groupes de bénéficiaires ; 4 348 (25 %) filles ont reçu le schéma à trois doses (selon le calendrier), 4 979 (28 %) ont reçu le schéma à deux doses (selon le calendrier), 3 452 (19 %) ont reçu le schéma à deux doses par défaut (environ 2 mois d’intervalle) et 4 950 (28 %) ont reçu le schéma à une dose par défaut. Les groupes par défaut comprenait les filles n’ayant pas achevé leur schéma de vaccination attribué. La fréquence de la prévalence cumulative d’infections incidentes par le PVH de type 16 et 18, au cours des sept années suivant la vaccination, était similaire et uniformément faible dans tous les groupes de l’étude ; les fréquences des infections par le PVH de type 16 et 18 étaient plus élevées chez 1 481 femmes non vaccinées (6,2 %) que chez les femmes vaccinées (0,9 % chez 1 180 femmes ayant reçu le schéma à trois doses, 0,9 % chez 1 179 femmes ayant reçu le schéma à deux doses, 1,7 % chez 1 473 femmes ayant reçu le schéma à deux doses (par défaut) et 1,6 % chez 1,823 patientes à une dose). Les résultats de l’étude menée en Inde, portant sur la comparaison du taux d’infection persistante chez 2 989 femmes vaccinées fournissant au moins deux échantillons cervicaux avec celui de 1 141 femmes non vaccinées, suggèrent une efficacité élevée du vaccin dans la prévention d’infections persistantes par le PVH de types 16 et 18, et ce, indépendamment du nombre de doses reçues. Au total, il a été dénombré quatre (0,1 %) infections persistantes par le PVH de type 18 et aucune infection persistante par le PVH de type 16 chez les 2 989 femmes vaccinées, contre 14 infections persistantes (1,2 %) par le PVH de type 16 ou 18 chez les 1 141 femmes non vaccinées. Aucune infection persistante par le PVH de types 16 et 18 n’a été détectée chez les 959 femmes appartenant au groupe à une dose. Études d’immunogénicité portant sur le vaccin contre le PVH à dose unique Outre les données sur l’efficacité provenant de l’étude CVT et de l’étude menée en Inde et financée par le CIRC, ces études ont également fait état de l’immunogénicité du vaccin contre le PVH à dose unique au cours de la même période de suivi. Deux autres études sur l’immunogénicité du vaccin contre le PVH à dose unique menées en Ouganda [19] et aux Fidji [20] ont fait état de résultats similaires. Dans l’étude CVT, chez les femmes ayant reçu une dose unique, le taux de séroconversion était de 100 % et les titres d’anticorps contre les PVH de types 16 et 18 (évalués par ELISA) étaient considérablement plus élevés que ceux des femmes non vaccinées naturellement infectées (environ neuf fois plus élevés pour le PVH de type 16 et cinq fois plus élevés pour le PVH de type 18) quatre ans après la première vaccination [14]. L’avidité des anticorps du vaccin à pseudo-particules virales (VLP) contre le PVH de type 16, une mesure de la qualité de la réponse d’anticorps, a été mesurée aux années 4 et 7. Les données des trois doses ont révélé que l’avidité augmente de façon considérable au cours des quatre premières années et se stabilise par la suite à l’année 7 [17], et que l’avidité d’une dose était semblable aux trois doses à l’année 4. Dans l’étude menée en Inde et financée par le CIRC, après quatre années de suivi, les concentrations d’anticorps dirigés contre les PVH de types 16 et 18 étaient plus faibles chez les filles recevant une dose que chez celles en recevant trois. Cependant, la fréquence de la prévalence des infections incidentes par les PVH de types 16, 18, 6 et 11 était identique, et ce, indépendamment du nombre de doses du vaccin reçues. Par ailleurs, aucune infection persistante par le PVH de type 16 ou 18 n’a été détectée dans l’un des groupes de doses au cours de la période de suivi de sept ans. Ouganda : Une étude transversale sur l’immunogénicité a été menée auprès de 376 adolescentes (âgées de 10 à 11 ans au moment de la vaccination) ayant reçu le vaccin bivalent 2vPVH dans le cadre d’un programme gouvernemental de démonstration de la vaccination contre le PVH mis en œuvre entre octobre 2008 et octobre 2009 dans un district en Ouganda [19, 21]. Le vaccin a été administré selon le schéma à trois doses (0, 1, et 6 mois). Le taux d’achèvement du schéma à trois doses était de 52-60 % chez les filles âgées de 10 ans. L’étude transversale sur l’immunogénicité recrutait les filles ayant reçu une, deux ou trois doses et évaluait la réponse d’anticorps environ trois ans après l’administration du vaccin. L’inclusion dans l’étude et les prélèvements sanguins étaient effectifs chez 195 filles recevant trois doses, 145 recevant deux doses et 36 recevant une dose. Les caractéristiques démographiques des participantes à l’étude étaient comparables d’un groupe de doses à l’autre. La Moyenne géométrique des titres (MGT) d’anticorps neutralisants après l’administration d’une ou de deux doses du vaccin bivalent 2vPVH n’atteignait pas le seuil pour être déclarée non inférieure à trois doses. Cependant, les MGT chez les adolescentes n’ayant reçu qu’une seule dose étaient plus élevées que chez les femmes qui n’ont reçu qu’une seule dose du vaccin bivalent 2vPVH dans le cadre de l’essai CVT dont l’efficacité a été démontrée. Par ailleurs, les réponses immunitaires dans le groupe à une dose étaient quatre fois plus élevées que celles induites par une infection naturelle. D ON N ÉES P ROB AN TES AC T UEL L ES P U BLIÉES, PAG E 4 P O RTA N T S UR L A VACC I N ATI ON À D OS E UN I QUE CON T R E LE PV H.
Fidji : En 2015, des filles ont été recrutées dans une étude observationnelle conçue pour comparer les réponses d’anticorps des participantes ayant reçu une ou deux doses du vaccin contre le PVH par rapport à celles en ayant reçu trois. Les filles étaient enrôlées grâce aux mesures initiales prises par le gouvernement des Fidji pour la mise en œuvre des vaccinations contre le PVH à l’échelle nationale en 2008-09. À l’origine, toutes étaient admissibles à recevoir le schéma recommandé de trois doses du vaccin quadrivalent 4vPVH au moyen d’un programme administré par le gouvernement ; cependant, certaines n’ont reçu qu’une ou deux doses. Cette étude de suivi a inclus 200 filles âgées de 15–19 ans (9–12 ans au moment de la vaccination) : 66 dans le groupe à trois doses, 60 dans le groupe à deux doses, 40 dans le groupe à une dose et 34 dans un groupe témoin de filles non vaccinées. Pour étudier les réponses anamnestiques, les filles incluses dans le groupe à une dose ont reçu une dose supplémentaire du vaccin bivalent (2vPVH) contre le PVH. À l’inclusion, c’est-à-dire six ans après la vaccination initiale, 90 à 100 % des filles étaient séropositives pour le PVH de type 6, 93 à 100 % pour le PVH de type 11, 95 à 100 % pour le PVH de type 16 et 68 à 88 % pour le PVH de type 18. Du point de vue statistique, les MGT de tous les types du vaccin quadrivalent 4vPVH n’étaient pas différents entre les participantes recevant deux et trois doses. Comme l’a révélé l’étude menée en Ouganda, les titres d’anticorps neutralisants (NAb) étaient nettement plus faibles chez les patientes ayant reçu une dose unique que chez les patientes ayant reçu deux ou trois doses ; cependant, les titres d’anticorps neutralisants étaient de 5 à 30 fois plus élevés chez les patientes ayant reçu une dose unique que chez les filles non vaccinées. Le groupe à dose unique ayant reçu une dose supplémentaire du vaccin bivalent 2vPVH six ans après l’administration du vaccin quadrivalent initial 4vPVH affichait une réponse anamnestique solide et n’était pas très différent des groupes recevant deux doses et trois doses [20]. Études observationnelles non liées à l’essai, liens avec le registre et autres études Une récente revue systématique résumait la documentation publiée [22] sur les données probantes de l’efficacité de la vaccination contre le PVH selon le nombre de doses, telle qu’évaluée dans les études ultérieures à l’homologation. L’étude résumait les caractéristiques de l’étude principale comprenant le pays, la conception de l’étude, l’âge de la population de l’étude au moment de la vaccination, l’examen des résultats, la taille de l’échantillon en fonction du nombre de doses reçues, la définition des cas et les analyses statistiques. Des informations sur l’utilisation des périodes tampons (temps d’attente entre la vaccination et le comptage des résultats) ont également été recueillies. Toutes les études étaient menées dans le cadre des programmes nationaux de vaccination à trois doses. Les principaux résultats mesurés étaient l’efficacité de la vaccination contre les infections par le PVH, les verrues anogénitales ou les anomalies cervicales, la comparaison de l’incidence ou de la prévalence des critères d’évaluation liés au PVH entre les personnes vaccinées avec différentes doses (trois contre aucune, deux contre aucune, une contre aucune, trois contre deux, trois contre une, deux contre une) du vaccin quadrivalent 4vPVH ou bivalent 2vPVH. Les études étaient exclues si le vaccin était administré dans le cadre d’un ERC (par exemple, des évaluations post hoc d’essais cliniques). La recherche documentaire a permis de trouver 3 787 articles, avec 26 articles complets qui ont été évalués. Après lecture complète des textes, 14 articles ont été inclus dans les analyses finales de l’efficacité (Tableau 2). Parmi ces études : • Deux ont examiné l’efficacité du vaccin dans la réduction de la prévalence du PVH. L’une de ces études a révélé une efficacité nette du point de vue statistique à trois doses, mais pas à deux doses ni à une seule. L’autre étude a révélé une efficacité statistiquement sensible pour trois, deux et une doses [22, 23]. • Six ont évalué les résultats des verrues anogénitales, dont quatre comprenaient une comparaison de trois, deux et une doses, et ont relevé une efficacité maximale avec trois doses et une efficacité moindre, mais importante, avec deux doses. Trois études sur quatre ont relevé une efficacité majeure avec une dose [24, 25, 26]. • Six études ont évalué l’efficacité du vaccin dans la prévention des anomalies cytologiques ou histologiques du col de l’utérus. Toutes ont relevé l’efficacité des trois doses, quatre ont souligné une certaine efficacité du schéma à deux doses pour la prévention des anomalies histologiques de haut grade et deux études ont relevé l’efficacité avec une dose [27, 28]. La plupart des études réalisées après l’homologation ayant examiné l’efficacité du vaccin contre le PVH en fonction du nombre de doses, font état de la plus grande efficacité de ce vaccin avec trois doses. Cependant, certaines études n’ont signalé aucune différence statistiquement significative entre deux et trois doses. De plus, près de la moitié des études ont constaté une certaine efficacité du vaccin à dose unique. La revue systématique a résumé les divers biais de ces études en raison des différences entre les personnes qui ont reçu une série complète de vaccins et celles qui n’en ont pas reçu. S YNTHÈ S E TE CH N I Q U E PAG E 5
Données de modélisation et analyse Le nombre limité d’études publiées sur la modélisation des stratégies de réduction de dose (trois à deux doses) pour les vaccins bivalents 2vPVH, quadrivalents 4vPVH et nonavalents 9vPVH a été examiné pour identifier les principaux facteurs liés à l’impact des doses réduites et leur coût-efficacité. Plus précisément, quatre analyses publiées ont abordé la question de la réduction de trois à deux doses dans le contexte des pays à revenu élevé, trois avec le vaccin bivalent 2vPVH ou quadrivalent 4vPVH et une avec le vaccin nonavalent 9vPVH [29-32]. Ces analyses ont étudié l’impact de la durée de la protection, avec une durée équivalente ou plus courte pour deux doses comparativement à trois doses, la qualité ajustée des années de vie (QALY) et la réduction de l’incidence du cancer. Des analyses comparatives de la vaccination à deux doses du vaccin bivalent 2v/quadrivalent 4vPVH ont été effectuées à l’aide de modèles de transmission dynamique indépendants adaptés au Royaume-Uni (Royaume-Uni ; modèle Public Health England) et au Canada (modèle PVH-ADVISE). Ces analyses ont montré que les avantages pour la santé en matière de réduction de l’incidence du cancer et des QALY obtenus étaient considérables avec la vaccination à deux doses contre le PVH, même lorsque la durée de vie du vaccin était de 30, 20 ou 10 ans [29, 30]. Toutefois, l’avantage différentiel de l’ajout d’une troisième dose variait grandement en fonction de la durée de la protection à deux doses. Ces études initiales suggèrent que la durée de protection offerte par des doses réduites est un facteur essentiel pour déterminer l’impact et le rapport coût-efficacité. D’autres résultats concordaient avec les analyses portant sur l’évaluation de la vaccination à deux doses contre le PVH, à savoir : • Comparativement à l’absence de vaccination, la vaccination à deux doses contre le PVH procure des avantages considérables pour la santé et offre un bon rapport qualité-prix, même lorsque la durée de protection à dose réduite n’est que de 10 ans ; • L’impact et le rapport coût-efficacité de l’ajout d’une troisième dose de vaccin dépendent de la durée relative de la protection qu’offrent deux doses par rapport à trois et seront minimes si la protection à deux doses dure 20 à 30 ans, tout en supposant que la durée initiale de deux ou trois doses ne diminue pas pendant les 10 premières années ; et • Si la protection à deux doses n’est que de 10 ans, l’ajout d’une troisième dose de vaccin aura un plus grand impact sur la santé et sera probablement meilleure en termes de rapport coût-efficacité. Deux analyses ont évalué la vaccination à dose unique contre les PVH de types 16 et 18, dans le contexte de la vaccination systématique des filles uniquement dans les pays à revenu élevé (Royaume-Uni et États-Unis) [33, 34]. Une analyse de la vaccination à dose unique contre les PVH 16 et 18 en Ouganda élargit les résultats de l’analyse américaine pour évaluer l’impact et le rapport coût-efficacité des vaccins à dose unique contre les PVH 16 et 18 dans ce contexte [35]. Des thèmes semblables à l’analyse du schéma à deux doses sont ressortis des analyses limitées sur l’évaluation de la vaccination à dose unique contre le PVH, à savoir : • Comparativement à l’absence de vaccination, la vaccination à dose unique contre le PVH présente des avantages considérables pour la santé et offre un bon rapport qualité-prix, même si l’efficacité du vaccin est moindre (80 %) et que la durée de protection à dose réduite n’est que de 10 ans ; • L’impact et le rapport coût-efficacité de l’ajout d’une deuxième dose dépendent de la durée de la protection qu’offre le vaccin à dose unique et, éventuellement, de la capacité d’obtenir une couverture plus élevée avec une dose unique qu’avec plusieurs doses. • À ce jour, les données probantes fondées sur un modèle de vaccination à dose réduite contre le PVH reposent sur les résultats de trois modèles indépendants élaborés à partir de données provenant de pays à revenu élevé ayant des profils épidémiologiques du PVH similaires. Les données probantes émergentes sur l’efficacité et la durabilité des vaccins provenant des études en cours, et l’extension de ces analyses à des milieux présentant des profils épidémiologiques, démographiques et comportementaux plus variables, seront essentielles pour combler d’importantes lacunes en ce qui concerne l’impact et les bénéfices de la vaccination à dose réduite contre le PVH. Résumé des résultats Une étude récente sur les propriétés virologiques et immunologiques des infections par le PVH et des vaccins anti-PVH fournit un mécanisme théorique plausible permettant d’expliquer la raison pour laquelle une dose unique déclenche une réponse immunitaire robuste et que des titres d’anticorps plus faibles pour une dose que ceux observés à partir de deux doses offrent toujours une protection contre le PVH [6]. Les données d’observation non randomisées provenant d’ERC et comparant des patientes ayant reçu une dose unique à celles ayant reçu deux doses ou plus de vaccins bivalents 2vPVH et quadrivalents 4vPVH montrent une uniformité dans la protection contre l’infection persistante par le PVH. Dans l’étude CVT, la forte protection initiale par une dose unique du vaccin bivalent 2vPVH n’indique aucun signe de diminution après sept ans de suivi. Les taux d’infection à un seul point dans le temps par type ciblé par le vaccin demeurent remarquablement bas. Les infections incidentes par le PVH dans l’étude PATRICIA étaient également similaires selon la dose de vaccin. Dans l’étude clinique sur le vaccin quadrivalent 4vPVH contre le PVH menée en Inde, bien que les concentrations d’anticorps dirigés contre les PVH de types 16 et 18 étaient plus faibles chez les filles recevant une dose D ON N ÉES P ROB AN TES AC T UEL L ES P U BLIÉES, PAG E 6 P O RTA N T S UR L A VACC I N ATI ON À D OS E UN I QUE CON T R E LE PV H.
contre trois doses à 48 mois, la fréquence des infections incidentes par les PVH de types 16, 18, 6 et 11 était semblable, et ce, indépendamment du nombre de doses de vaccin reçues. De plus, aucune infection persistante au PVH 16 ou 18 n’a été détectée dans les groupes de doses au cours de la période de suivi de sept ans. Dans les études menées en Ouganda et aux Fidji [19, 20], les réponses d’anticorps après l’administration d’une dose du vaccin contre le PVH était plus faible qu’après deux doses ou trois doses. Dans l’étude menée en Ouganda, Photo : PATH/Doune Porter les MGT après l’administration d’une et deux doses du vaccin bivalent 2vPVH (mesurées environ trois ans après la prise de la dernière dose) n’ont pas atteint le seuil pour être déclarées non inférieures aux trois doses. Toutefois, les MGT des anticorps chez les adolescentes n’ayant reçu qu’une dose unique du vaccin en Ouganda étaient toujours plus élevées que chez les femmes ayant reçu une dose unique du vaccin 2vPVH dans le cadre de l’étude CVT, parmi lesquelles aucun cas d’infection persistante n’a été signalé jusqu’à quatre ans après la vaccination [14, 36]. Un examen méthodique des 14 études sur l’efficacité du vaccin contre le PVH selon le nombre de doses a révélé une efficacité maximale avec le schéma à trois doses, suivi du schéma à deux doses et enfin le schéma à une dose. Cependant, peu d’études ont comparé directement trois, deux et une doses, et certaines estimations de l’efficacité présentaient de larges intervalles de confiance en raison du petit nombre de résultats chez les sujets vaccinés à une et deux doses. Toutes ont relevé l’efficacité statistique majeure du schéma à trois doses et 11 études ont souligné l’efficacité du schéma à deux doses [24-28,37-40, 42-43]. Dans six études (dont les études sur les deux vaccins), une efficacité sensible a été observée pour une dose unique dans certaines analyses [24-25, 27, 37, 39, 42]. La variation d’efficacité selon le nombre de doses était observée dans tous les critères d’évaluation (prévalence, verrues anogénitales et anomalies cervicales). Dans les études qui l’ont évalué, on a généralement relevé des résultats uniformes en ce qui concerne les périodes tampons, trois des quatre études ayant donné des estimations d’efficacité plus élevées pour une ou deux doses et une diminution des différences selon le nombre de doses avec des périodes tampons plus longues. Parmi les études présentant des résultats classés par groupe d’âges, des estimations d’efficacité plus élevées étaient généralement observées avec un plus jeune âge au moment de la vaccination, bien que les différences n’aient pas été testées officiellement. Des différences étaient observées dans l’impact de l’intervalle de temps variable entre deux doses. Deux études sur les verrues anogénitales ont révélé une efficacité à deux doses plus élevée avec un intervalle croissant de six ou sept mois [25, 40]. L’étude portant sur les anomalies cervicales qui évaluait l’intervalle entre deux doses n’a observé aucune différence [42]. Il existe un nombre limité d’analyses de modélisation évaluant la vaccination à dose unique contre le PVH et ces études ont utilisé des données provenant de pays à revenu élevé. Toutefois, les premières analyses indiquent que si le choix se pose entre l’absence de vaccination et l’administration d’une dose unique, il est probable que la dose unique présente des avantages pour la santé et un bon rapport qualité-prix. Cela s’applique même si le vaccin a une efficacité plus faible que deux doses ou plus, aussi longtemps que la protection de ladite dose unique dure au moins 10 ans. S’il faut choisir entre la vaccination à une dose ou à deux doses, la seconde dose devient l’option la plus rentable, si elle permet de prolonger la protection jusqu’à au moins 20 ans. L’extension de ces analyses à des milieux présentant des profils épidémiologiques, démographiques et comportementaux plus variables sera essentielle pour combler d’importantes lacunes en matière de données sur l’impact et l’importance de la vaccination à dose réduite contre le PVH. Forces Les données d’observation non randomisées provenant des études cliniques CVT, PATRICIA et de l’étude menée en Inde et financée par le CIRC ont fourni des indications prometteuses selon lesquelles une dose unique du vaccin contre le PVH peut offrir une protection contre les infections persistantes par le PVH pendant plusieurs années. Il s’agit d’études prospectives bien menées, mises en œuvre dans le cadre de protocoles d’essai clinique, fondées sur un recrutement rigoureux et respectant aussi bien les procédures cliniques et les protocoles de laboratoire que la période de rétention pour le suivi. Les résultats de ces études ont fourni les preuves les plus solides à ce jour, et vont étayer les études ultérieures sur l’efficacité et l’immunogénicité des stratégies des vaccins contre le PVH à dose unique. Les analyses de quelques-unes de ces études sont en cours. Les points forts des données provenant d’autres études d’observation fondées sur la population comprennent la taille des populations incluses dans les études, l’introduction de données sur les périodes tampons dans certaines études et l’insertion d’informations sur les intervalles entre les doses. S YNTHÈ S E TE CH N I Q U E PAG E 7
Les modèles mathématiques qui simulent le fardeau des maladies du PVH au sein des populations complètent les études empiriques mesurant l’efficacité et l’efficience de la vaccination contre le PVH. Ce faisant, ils projettent les résultats à plus long terme qui intéressent le plus les décideurs (p. ex., les cas de cancer et les décès évités ou l’espérance de vie acquise) et produisent des preuves, soit dans des conditions où l’incertitude règne, soit lorsque les données ne sont pas disponibles. De tels modèles ont été largement utilisés pour évaluer les impacts sanitaires et épidémiologiques, les impacts budgétaires et le rapport coût-efficacité des stratégies de prévention des maladies liées au PVH à l’échelle mondiale. Limites Il est difficile de comparer les études publiées des essais CVT, PATRICIA et de l’essai effectué en Inde en raison de leur conception hétérogène, du vaccin utilisé et des résultats évalués. Il est également difficile de comparer les données sur la réponse immunitaire d’une étude à l’autre en raison de différences dans les dosages, les seuils de mesure de la séropositivité et dans les procédures de laboratoire de ces essais, bien que les données cliniques sur la protection contre l’infection par le PVH fournissent des résultats uniformes pour une dose unique du vaccin 2vPVH ou 4vPVH. Il est également important de noter qu’il n’existe à ce jour aucune donnée provenant d’ERC prospectifs spécifiquement conçus pour répondre à la question de la protection à dose unique ou des réponses immunitaires. Le nombre de filles recevant une dose unique du vaccin bivalent 2vPVH dans les études CVT et PATRICIA était relativement bas, et elles n’étaient pas réparties de façon aléatoire selon un schéma à doses réduites. L’analyse combinée des essais CVT et PATRICIA utilise la détection ponctuelle d’une infection incidente par le PVH plutôt qu’une infection persistante. Cette mesure pourrait également inclure le dépôt de virus d’un partenaire infecté, les infections à court terme qui disparaissent spontanément ou par intermittence, et/ou les infections latentes activées qui n’ont pas été détectées lors de la vaccination. Bien que l’essai effectué en Inde et financé par le CIRC était au départ un essai randomisé contrôlé, la répartition aléatoire initiale ne pouvait être maintenue. La création de la cohorte à dose unique n’était, par conséquent, pas intentionnelle, bien qu’elle n’ait pas été soumise au contrôle des investigateurs. Les différentes cohortes de doses du vaccin étaient comparables selon l’âge, mais des différences dans plusieurs facteurs sociodémographiques étaient observées au moment de l’enrôlement, comme le revenu mensuel du ménage, la religion et le niveau de scolarité [36]. Les résultats cliniques n’étaient évalués chez les femmes mariées que pour des raisons culturelles et cela a réduit la taille de l’échantillon à analyser. La cohorte non vaccinée a été créée, post-hoc, en 2011 en sélectionnant des femmes mariées jumelées à des participantes mariées selon l’âge, le centre de l’étude et le moment du suivi. La possibilité de biais dans la sélection de cette cohorte ne peut être exclue. Dans les études sur l’immunogénicité menées en Ouganda et aux Fidji, la taille des échantillons était petite, notamment chez les personnes ayant reçu une dose unique. Dans l’étude menée en Ouganda, la taille de l’échantillon était trop petite pour vérifier l’hypothèse principale de non-infériorité d’une dose par rapport à trois doses ayant une puissance statistique suffisante. Aucune des études n’était un ERC, par conséquent, les filles auraient pu être différenciées par groupe de doses. Des biais de sélection pourraient biaiser les résultats et les rendre confus. L’étude menée aux Fidji comportait des données relevées sur les participantes six ans après leur vaccination initiale, notamment l’indice de masse corporelle (IMC), l’appartenance ethnique, ainsi que certaines caractéristiques comportementales et socioéconomiques. Cependant, les données permettant d’évaluer la comparabilité entre les groupes étaient plus limitées dans l’étude effectuée en Ouganda. Aucune des études n’a fourni des données sur le comportement sexuel ; toutes les filles de l’étude effectuée en Ouganda étaient âgées entre 10 ou 11 ans au moment de la vaccination, ainsi, les infections prévalentes avant la vaccination sont très peu probables dans ce contexte. Parmi les études observationnelles basées sur la population, un nombre d’erreurs possibles dans les données actuellement disponibles peut avoir eu une incidence sur les estimations, la plupart biaisant les résultats d’une ou deux doses en faveur d’une efficacité vaccinale moindre. • Les études réalisées après l’homologation ont toutes été menées dans le cadre d’une recommandation nationale de trois doses et les filles qui ont reçu une ou deux doses différaient de celles qui avaient respecté le schéma recommandé. Ces études comprenaient également des filles qui avaient été vaccinées au-delà du groupe d’âge cible habituel au cours des premières années des programmes de vaccination lorsque les programmes de rattrapage avaient été mis en œuvre, des filles qui étaient plus âgées que les patientes ayant reçu trois doses au moment de la vaccination ou des filles ayant un statut socioéconomique inférieur et/ou présentant des indicateurs d’exposition sexuelle précoce. • Les sujets de l’étude peuvent avoir une classification erronée de leur statut vaccinal en raison d’un rappel et/ou d’une mauvaise classification des résultats provenant d’un mauvais diagnostic, d’une erreur de l’enquêteur, et/ou des outils d’enregistrement des données utilisés. Enfin, les études basées sur les modèles n’ont utilisé que des données provenant de pays à revenu élevé et reposent sur des hypothèses concernant la durée de la protection vaccinale à une ou deux doses, qui ne seront finalement confirmées que par un suivi à long terme des cohortes postvaccinales. Il est important de souligner que les données fondées sur un modèle de vaccination à dose réduite contre le PVH reposent jusqu’à présent sur les résultats issus de trois modèles indépendants qui ont été élaborés à partir de données provenant de milieux à revenu élevé ayant des profils épidémiologiques du PVH similaires. Les données probantes émergentes sur l’efficacité et la durabilité des vaccins provenant des études en cours, et l’extension de ces analyses à des milieux présentant des profils épidémiologiques, démographiques et comportementaux plus variables, seront essentielles pour combler d’importantes lacunes en ce qui concerne l’impact et les bénéfices de la vaccination à dose réduite contre le PVH. D ON N ÉES P ROB AN TES AC T UEL L ES P U BLIÉES, PAG E 8 P O RTA N T S UR L A VACC I N ATI ON À D OS E UN I QUE CON T R E LE PV H.
Lacunes et données probantes à venir En avril 2018, il n’existait aucune donnée sur l’immunogénicité, l’efficacité ou l’efficience d’un schéma de vaccination à dose unique contre le PVH par rapport aux schémas de vaccination à deux et trois doses provenant d’une comparaison randomisée des groupes de vaccination. Par conséquent, une question essentielle demeure : une dose unique de vaccin offre-t-elle un niveau d’efficacité suffisant et durable contre l’infection persistante par le PVH pour appuyer une recommandation en faveur d’un changement de politique en matière de stratégie de vaccination à dose unique ? Les essais prospectifs randomisés ainsi que les études d’impact Photo : PATH/Robin Biellik à grande échelle fourniront des données plus définitives sur la question de savoir si une dose unique peut protéger contre une infection persistante par le PVH et fourniront également des données d’immunobridging pour des essais sans critères d’efficacité. Ces essais sont déjà en cours au Costa Rica (ESCUDDO), en Tanzanie (DoRIS) et en Gambie (HANDS), et débuteront bientôt au Kenya (KEN-SHE). Les études d’impact débuteront également bientôt en Arménie et en Thaïlande. Les essais ESCUDDO et KEN-SHE répartiront de façon aléatoire les jeunes femmes selon un schéma à dose unique. Les essais HANDS, DoRIS, et KEN-SHE effectueront une transition immunologique vers des essais d’efficacité, et un dosage immunologique commun sera utilisé pour tous les vaccins, afin de comparer directement la réponse immunitaire, indépendamment du vaccin reçu. De plus, les données sur la réponse immunitaire à plus long terme continueront d’être fournies par le CVT et les essais du CIRC en Inde, ainsi que les observations d’efficacité à plus long terme. Ces études aideront à comprendre la durée de l’efficacité (et les niveaux d’efficacité au fil du temps). En outre, des efforts sont en cours pour normaliser les tests immunologiques de détection de taux d’anticorps, ce qui permet ainsi aux chercheurs de comparer directement les réponses immunitaires d’une dose unique entre les vaccins et d’une étude à l’autre, afin que les résultats de tous les nouveaux essais puissent être comparés directement. De plus, une revue systématique de la littérature distincte va examiner l’efficacité et l’immunogénicité d’une dose par rapport à deux ou trois doses de vaccins contre le PVH provenant d’essais cliniques ou d’études observationnelles menées au sein des populations partiellement vaccinées. Les résultats permettront d’améliorer et de valider les données probantes issues des études menées auprès des patients. Les données ne provenant pas d’essais cliniques mais d’études observationnelles basées sur la population sont actuellement limitées par des études menées à ce jour, notamment celles portant sur les personnes ayant reçu la vaccination de rattrapage et les difficultés à contrôler les différences en fonction du nombre de doses reçues. Les travaux du consortium vont combler cet écart à travers des revues systématiques répétées dans l’espoir de saisir de nouvelles études, ainsi que d’autres études sur l’efficacité ayant pris en compte les infections antérieures possibles et d’autres facteurs de confusion importants. De plus, ces nouvelles données seront renforcées par des méta-analyses des études d’impact sur la population afin d’accroitre la robustesse de l’analyse par des échantillons plus importants, en particulier pour des groupes à dose unique. Les données probantes générées par les futurs travaux de modélisation seront axées sur l’intégration de nouvelles données issues d’essai, de données ne provenant pas d’un essai et de données sur l’efficacité des modèles existants, ainsi que sur la conduite d’analyses fondées sur des modèles dans les PRFI ayant différents comportements sexuels et profils épidémiologiques. Bien que les données disponibles actuellement sur l’administration d’une dose unique de vaccin contre le PVH soient encourageantes, d’autres données sont nécessaires. Le Consortium d’évaluation des vaccins contre le PVH à dose unique continuera de surveiller la base de données probantes, de la mettre à jour chaque année et de partager les résultats à grande échelle. S YNTHÈ S E TE CH N I Q U E PAG E 9
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