Synthèse Urgence sanitaire - Face au droit, nous sommes tous égaux - Défenseur des Droits
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« Les mesures qui consistent à restreindre nos libertés pour obtenir le recul et la fin de la pandémie doivent être nécessaires et proportionnées. » « Les inégalités deviennent encore plus criantes avec l’état d’urgence sanitaire. »
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Introduction Le Défenseur des droits, pendant la période Afin de rendre compte de son action en lien de crise sanitaire, a non seulement continué avec les conséquences de la pandémie, dans à exercer son activité normale, mais il s’est un contexte où sont opérées des restrictions également efforcé de défendre les droits de aux droits et liberté, le Défenseur des droits chacune et de chacun dans les problèmes a créé une page dédiée sur son site internet : les plus quotidiens qu’ils ont pu rencontrer https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/ en lien avec cette crise : les refus de COVID-19-et-urgence-sanitaire-le-role-du- paiement en espèces, les conséquences de la defenseur-des-droits. fermeture des bureaux de poste, l’accès des Le réseau européen d’autorités indépendantes parents seuls avec enfants ou de personnes de lutte contre les discriminations, Equinet, handicapées aux supermarchés… Il a porté au sein duquel le DDD est représenté, a à cet égard une attention particulière aux également recensé les actions de ses personnes handicapées, aux groupes sociaux membres relatives à l’impact de la crise les plus vulnérables et au respect des droits sanitaire sur l’égalité : https://equineteurope. des enfants, et surtout à ceux pris en charge org/COVID-19-response/#data. en protection de l’enfance. La présente synthèse rend compte de la Avec vigilance, il a veillé à ce que les mesures part de l’activité du Défenseur des droits législatives et règlementaires envisagées directement liée à la crise sanitaire et des pour lutter contre la pandémie ne portent pas réponses qui ont été apportées à ses alertes une atteinte excessive aux droits et libertés et recommandations, parfois dans des délais des personnes et garantissent une égalité de extrêmement brefs, montrant une agilité traitement. et une réactivité de l’administration qui Malgré les difficultés créées par l’épidémie ont permis de venir rapidement à bout de de la COVID-19, le Défenseur des droits a certaines difficultés. Dans cette période de continué et continuera encore à accomplir crise, l’importance stratégique des services sa mission au service de toutes et de tous. publics, dont le Défenseur des droits a Les services centraux et le réseau territorial régulièrement eu l’occasion de regretter traitent les réclamations qu’ils reçoivent par l’évanescence progressive, est apparue voie postale, par messagerie et par téléphone. plus prégnante que jamais, et la qualité des Par mesure de précaution, les délégués n’ont échanges avec les administrations s’est pas tenu de permanence hebdomadaire révélée décisive pour atténuer chaque fois que jusqu’à la levée du confinement en zone verte, c’était possible les atteintes aux droits liées au mais tous sont restés joignables par courriel. caractère exceptionnel de la période que nous Par ailleurs, le Défenseur des droits a mis traversons. en place un numéro de téléphone dédié aux détenus et à leur famille. Dans ces conditions, le nombre de dossiers traités par le Défenseur des droits au titre de l’ensemble de ses compétences a été réduit d’environ de moitié depuis le mois de mars. 5
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Les actions de l'institution pour défendre les droits au quotidien Entre le 16 mars et le 1er juin 2020, le Défenseur des droits a reçu 713 saisines au siège et 711 auprès de ses délégués territoriaux en lien avec la crise saniataire, soit un total de 1424 saisines. Les sujets qui sont En revanche, des enfants séparés de leurs parents et pris en charge par leur famille ressortis en lien avec proche, des personnes ayant une démarche administrative en cours pour l’obtention d’un la crise sanitaire : titre de séjour, les Français sollicitant une pièce d’identité ou un certificat de nationalité française n’ont pas pu rejoindre le territoire Droits et libertés dans les relations national et ont dû rester confinés, en attendant avec les services publics la reprise des vols commerciaux normaux. En Le Défenseur des droits a reçu au siège 431 réponse au faible niveau d’information sur les saisines mettant en cause les droits et libertés droits des personnes concernées, le réseau dans les relations avec les services publics en territorial du Défenseur des droits a transmis lien avec la crise sanitaire, et ses délégués 440, au Ministère de l’Europe et des affaires pour un total de plus de 870 saisines. étrangères les informations à sa disposition par courriel ou par l’intermédiaire des familles Difficultés de retours en France pour leur permettre d’effectuer les démarches et transmettre les pièces sollicitées aux Le Défenseur des droits, via en particulier la autorités consulaires. Il a également orienté les déléguée chargée des Français de l’étranger, personnes vers la cellule de crise du Ministère, a été saisie de très nombreux cas, notamment ainsi que vers les numéros de téléphones de franco-algériens et de franco-marocains, des consulats de France en Algérie et les mais aussi d’étudiants et de couples bi- transporteurs aériens en exercice. nationaux, souhaitant revenir en France. Le consulat général de France à Alger a été saisi Protection sociale par le Défenseur des droits à de nombreuses reprises pour signaler les situations de Le 22 avril 2020, le Défenseur a appelé la personnes présentant des difficultés de santé vigilance du ministre des Solidarités et de la ou d’ordre personnel. En charge de la liste Santé, de la Direction de la sécurité sociale, de des personnes prioritaires au rapatriement, le la Direction générale de la cohésion sociale, de consulat général a pu reconsidérer certaines l’Assemblée des départements de France, de situations et leur permettre de regagner la la CNAF ainsi que de la CNAM sur la nécessité France. pour les organismes de se montrer attentifs aux diminutions de ressources susceptibles 6
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 de leur être signalées par les prestataires et Les personnes en détention d’accueillir favorablement les demandes de Dès le 20 mars 2020, le Défenseur des droits révision des plans de recouvrement d’indus a créé un numéro dédié pour permettre de prestations, mis en œuvre par certains aux détenus de contacter des juristes afin organismes antérieurement à la date du de comprendre et d’accéder à leurs droits. 12 mars 2020, date de seuil prévue par Plus de 2 000 appels de détenus ont été l’ordonnance n°2020-312 du 25 mars 2020 traités. Les principales questions portaient relative à la prolongation des droits sociaux. sur les conditions d’aménagement de peine Il est apparu important de souligner que tous et d’exécution des peines, les conditions de les assurés impactés par la crise sanitaire, renouvellement de la détention provisoire qu’ils soient en situation de chômage partiel prévues par voie d’ordonnance, sur les et qui pendant le confinement généralisé ont conditions sanitaires, notamment l’octroi des pu perdre jusqu’à 20% de leur rémunération, masques aux auxiliaires, l’accès aux masques ou qu’ils soient travailleurs indépendants et gels hydro-alcoolique des détenus, aux connaissant une baisse drastique de leur soins, l’accès à la douche, la suspension activité, doivent disposer du reste à vivre des parloirs en détention, sur l’usage de la juridiquement applicable. téléphonie, sur la rupture du paiement du En réponse, le directeur général de la CNAF a travail ainsi que les violences entre détenus. fait savoir, par courrier du 29 avril 2020, que Les services du Défenseur des droits ont le recouvrement des indus antérieurs à la sollicité à de nombreuses reprises la Direction crise sanitaire s’est poursuivi dans le cadre du de l’administration pénitentiaire pour disposer plan personnalisé de remboursement, et qu’il d’informations complémentaires et pour s’engageait à rappeler l’attention des Caf sur la instruire les réclamations. « largeur de vue » et la réactivité nécessaires Sur les conditions de détention pendant dans les circonstances actuelles. l’état d’urgence sanitaire : Le Défenseur des droits a alerté la Garde des Sceaux dès le La fermeture des bureaux de poste 16 mars sur le risque de contamination, en Le Défenseur des droits a écrit au président situation carcérale, des détenus et des agents de La Poste et au Gouvernement sur les pénitentiaires, et recommandé de favoriser, conséquences de la fermeture des bureaux à l’aide de moyens de communication à de poste pour les personnes précaires et distance, les relations entre le détenu, sa vulnérables demandant le versement des famille et son avocat, l’aménagement de aides sociales auxquelles elles peuvent peine ou l’anticipation de la libération des prétendre par mandat, pour les personnes personnes en fin de peine, la suspension des majeures sous tutelle qui sont contraintes, peines pour raison médicale des détenus les faute de carte bancaire, de retirer les plus vulnérables (âgés ou présentant une prestations qu’elles reçoivent au guichet et pathologie à risque), l’octroi de permissions et pour les personnes qui, en raison de leur d’autorisations de sortie. handicap, ne peuvent pas y accéder. Le 14 avril, Le 21 mars, dans une tribune rédigée avec la le PDG de la Poste a répondu avoir porté le Contrôleure générale des lieux de privation nombre de bureaux de poste ouverts de 1 600 de liberté, Adeline Hazan, et le président à 1 850 le 6 avril, et assuré la perception des de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu, le prestations sociales en bureaux de poste de Défenseur des droits a attiré l’attention sur les 1,5 millions de personnes, étendre le nombre difficultés particulières liées aux conditions de de bureaux ouverts à 2 500 pour le 15 avril et promiscuité qui prévalent dans les prisons et avoir pour intention d’augmenter le nombre de les centres de rétention administrative et aux bureaux ouverts à 5 000 et de points d’accès conséquences de l’état d’urgence sanitaire sur aux services postaux à 10 000 avant la fin du les conditions d’enfermement. mois d’avril. 7
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 La ministre de la Justice a répondu le 31 Sur la détention provisoire : La loi du 23 mars mars qu’elle envisageait, outre les mesures 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie sanitaires à destination des détenus, des de COVID-19 a habilité le Gouvernement intervenants et des personnels, d’encourager à prendre par ordonnances des mesures l’octroi de réductions de peine extraordinaires, relevant du domaine de la loi, afin de faire des suspensions de peine pour raison face aux conséquences, notamment de médicale, ainsi que des aménagements nature administrative ou juridictionnelle, de de peine. Les mesures prises ont permis la propagation de l’épidémie de COVID-19. d’abaisser significativement le nombre de Par une ordonnance du 25 mars 2020, le détenus sous écrou en détention : 8 000 Gouvernement avait ainsi prévu la prolongation détenus étaient déjà sortis. La Direction de de plein droit des délais maximums de l’administration pénitentiaire a transmis au détention provisoire. Ces dispositions, qui Défenseur des droits les plans de confinement ont suscité des divergences d’interprétation et les mesures de prévention de la propagation et d’analyse, ont été critiquées, notamment ainsi qu’une information individualisée aux par le Défenseur des droits dans son avis au détenus sur les mesures prises. Sénat, en ce qu’elles supprimaient le contrôle du juge judiciaire qui est le gardien des libertés Encellulement individuel : Consacré par individuelles au titre de l’article 66 de la l’article 100 de la loi pénitentiaire du 24 Constitution, et une garantie fondamentale novembre 2009, le principe de l’encellulement au regard de l’article 5 de la Convention individuel fait l’objet depuis lors d’un moratoire. européenne des droits de l’homme. Le Devant initialement être mis en œuvre dans Défenseur des droits a appelé de ses vœux que un délai de cinq ans, puis renouvelé en 2014 ces dispositions soient soumises au contrôle jusqu’en 2019, le moratoire a été à nouveau du Conseil constitutionnel. C’est chose faite reporté, cette fois-ci au 31 décembre 2022, par puisque la Cour de cassation lui a transmis, la loi de programmation de la justice 2018- par des arrêts du 26 mai 2020, deux questions 2020. prioritaires de constitutionnalité. Veillant au Dans ses avis à l’Assemblée nationale n°18-22 respect de la Convention européenne des du 27 septembre 2018 et au Sénat n°18-26 droits de l’homme, elle a également jugé que du 31 octobre 2018 relatif au projet de loi de le système ainsi institué dans le cadre de l’état programmation 2018-2022 et de réforme pour d’urgence sanitaire n’était compatible avec la justice, le Défenseur des droits s’est inquiété l’article 5 de la Convention qu’à la condition des effets d’un report répété du moratoire sur qu’un juge judiciaire examine à bref délai, s’il les personnes détenues, qui ne peuvent ainsi ne l’a déjà fait, la nécessité de la détention pleinement se prévaloir du droit à être placées en cause. La cour a ajouté que dans toutes seules en cellule. Dans la tribune du 21 mars les hypothèses où un tel contrôle du juge n’a 2020, co-signée avec le CGLPL et le président pu ou ne peut plus être exercé, la personne de la CNCDH, le Défenseur des droits a réitéré détenue devra être libérée. Le Défenseur des les exigences posées par l’état d’urgence droits salue ces arrêts ainsi que l’adoption sanitaire sur la nécessité de l’encellulement de dispositions, dans la loi du 11 mai 2020, individuel. modifiant les modalités d’application de l’ordonnance et rétablissant le contrôle du Au 24 mai 2020, la Chancellerie comptait juge judiciaire, garantie fondamentale contre 58 926 détenus, soit 13 649 de moins l’arbitraire dans un État de droit. qu’au début du confinement. Le nombre de détenus est actuellement inférieur au Depuis le début des mesures de dé- nombre de places, qui s’élèvent à 61 137. confinement le Défenseur des droits a attiré Les efforts conjugués des juridictions et de l’attention de la direction pénitentiaire sur la l’administration pénitentiaire pour limiter nécessité de faciliter les parloirs des familles l’exposition des détenus au coronavirus et enfants de personnes détenues. ont permis de mettre fin à la surpopulation carcérale pour mieux juguler l’épidémie en détention. 8
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Les personnes retenues en CRA et en zones par aucun texte lié à l’état d’urgence sanitaire d’attente et ne se justifient pas par une impossibilité matérielle de poursuivre la mission de service En l’absence de perspective d’éloignement ou public qui leur incombe. Dans une ordonnance de refoulement dans un délai raisonnable et au du 30 avril 2020, le Conseil d’État a ordonné vu des conditions de protection insuffisantes au ministre de l'Intérieur de rétablir en Île- relevées au sein des centres de rétention de-France, dans un délai de cinq jours, administrative comme des zones d’attente, l’enregistrement des demandes d’asile dans le Défenseur des droits a adressé plusieurs les conditions sanitaires imposées par le courriers au ministre de l’Intérieur pour COVID-19, et à l'OFII de rétablir sa plateforme indiquer que le maintien d’étrangers dans téléphonique (CE, ord., 30 avril 2020, ces lieux n’avait plus de base légale et pour n° 440250 et 441253), suivant ainsi l’analyse demander qu’il soit procédé à leur fermeture du Défenseur des droits. Si, depuis, ces immédiate, dans l’attente de l’amélioration services ont repris leur activité, le Défenseur du contexte sanitaire en France. Le 21 mars, des droits demeure vigilant quant à l’accès il s’est exprimé sur ce sujet dans une tribune effectif des usagers à ce droit fondamental. au Monde partagée avec la CGLPL et le président de la CNCDH. Le Défenseur des L’accès à la protection sanitaire des avocats droits a présenté ces mêmes observations devant le Conseil d'État (décision n° 2020-82) Les ordres des avocats des barreaux de Paris saisi de la question. Il a également adressé des et Marseille ont demandé au Conseil d’État recommandations au ministre de l’Intérieur d’enjoindre au Gouvernement de fournir (décision n°2020-96). notamment des masques de protection et du gel hydro-alcoolique aux avocats dans Les centres de rétention administrative sont l’exercice de leurs missions. Le Défenseur des néanmoins restés partiellement ouverts, le droits a présenté des observations indiquant Conseil d’État saisi en référé ayant jugé qu’il qu’au regard du plan de continuation d’activité n’y avait pas d’atteinte grave et manifestement de la justice du 14 mars 2020, il incombait à illégale dès lors « que le nombre de personnes l’État de mettre à disposition des personnels retenues dans les CRA a diminué dans des de justice, des avocats et des justiciables les proportions très importantes depuis que moyens matériels nécessaires pour assurer l’épidémie de COVID-19 a atteint la France (et leur protection sauf à porter atteinte au que) le nombre des personnes nouvellement respect de leur droit à la vie et de leur droit à la placées en rétention s’est, de même, très santé et qu’à défaut de mesures de protection, substantiellement réduit et devrait être la présence même des avocats dans le cadre marginal dans la période à venir ». de ces procédures pourrait être compromise, remettant ainsi en cause les droits de la L’accès aux guichets des demandeurs d’asile défense et les garanties du procès équitable Le Défenseur des droits a été saisi par protégés par l’article 6 de la CEDH (décision plusieurs associations d’une réclamation n° 2020-94). Par une ordonnance du 20 avril relative à la fermeture du dispositif 2020, le juge des référés du Conseil d’État d’enregistrement des demandes d’asile a affirmé qu’il appartenait à l’État d’assurer dans les préfectures d’Île-de-France et à le bon fonctionnement des services publics, l’arrêt du fonctionnement de la plateforme et qu’il devait, lorsque les lieux ou la nature téléphonique multilingue de l’Office français des missions conduisent inévitablement à de l'immigration et de l'intégration (OFII). des contacts étroits et prolongés, mettre à Le Défenseur des droits a indiqué dans ses disposition des équipements de protection. observations présentées devant le Conseil Face à un contexte de pénurie persistante de d’État (Décision 2020-100) que la fermeture masques, le Conseil d’État a considéré que des guichets uniques pour demandeurs d’asile le Gouvernement devait aider les avocats, (GUDA) d’Île-de-France ainsi que celle du qui concourent au service public de la service de la plateforme OFII ne sont prévues justice en tant qu’auxiliaires de justice, à s’en 9
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 procurer en facilitant l’accès aux circuits stratégique de l’accès numérique des services d’approvisionnement grâce aux circuits de publics pour les citoyens, accès qui dans de distribution de l’État de tous les barreaux, nombreux cas a permis d’assurer une forme notamment les plus modestes. Cette demande de continuité du service, de maintenir des liens a été mise en œuvre. et d’informer, et ses grandes limites : en effet, comment percevoir une allocation sociale Difficultés spécifiques posées par le quand on n’a ni internet, ni compte bancaire, confinement à Mayotte et qu’une grande partie des bureaux de poste sont fermés ? Le Défenseur des droits a fait part à la ministre des Outre-mer et au ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Les droits de l’enfant Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement, de sa très Le Défenseur des droits a reçu 127 saisines grande préoccupation à l’égard de la situation mettant en cause les droits de l’enfant en lien de l’île. Il indiquait que, dans ce département avec la crise sanitaire. particulièrement fragile, les difficultés liées à la crise sanitaire s’ajoutent à une crise Le droit d’être entendu sociale et humanitaire sans précédent. Les Le Défenseur des droits a été saisi de la points d’attention relevés concernaient possibilité pour les juges de prendre des notamment : l’insuffisance d’accès à l’eau décisions sans contradictoire, conformément potable d’une grande partie de la population à l’ordonnance n° 2020-304 du 25 mars 2020 de l’île, les modalités de distribution des bons portant adaptation des règles applicables alimentaires, le suivi pédagogique des élèves. aux juridictions de l'ordre judiciaire statuant Aucune réponse n’a à ce jour été apportée, en matière non pénale. Dans une décision bien que le Gouvernement ait décidé de rendue le 10 avril, le Conseil d'État a validé nombreuses mesures spécifiques. les dispositions de cette ordonnance, tout en soulignant qu'elles ne faisaient « pas obstacle Difficultés d’accès à l’eau des gens du à ce que le mineur capable de discernement voyage puisse préalablement exprimer son avis ». Suite à de nombreuses saisines, le Défenseur Geneviève Avenard, la Défenseure des enfants, des droits a interpellé les autorités locales sur adjointe du Défenseur des droits, a souligné les difficultés de gens du voyage confinés sur lors d’une interview sur France Inter le 19 avril, un terrain familial à obtenir l’autorisation du que l’ordonnance de mars 2020 apporte des maire pour se voir raccorder à l’eau. restrictions importantes aux droits des enfants, et qu’il était indispensable d’assurer son droit Accès aux aides financières aux entreprises d’être entendu : « il est indispensable, dans les Le Défenseur des droit a alerté le ministre des cas où le juge des enfants envisage de prendre Finances sur les effets de seuils inéquitables une décision sans audition des parties, que qui opposent à une demande d’aide de 1500€, l’opinion de l’enfant puisse être précisément le fait d’avoir reçu des revenus ou d’aides d’un recueillie ». montant de 800€. Les refus d’accès aux supermarchés Dématérialisation Le Défenseur des droits a eu connaissance Auditionné le 25 mai 2020 par la mission de nombreuses situations dans lesquelles d’information « Lutte contre l’illectronisme l’accès à des supermarchés a été refusé et pour l'inclusion numérique » du Sénat, à des enfants accompagnant leur parent. le Défenseur des droits a rappelé aux Alors que de nombreuses familles sont parlementaires que les circonstances monoparentales, ces refus ont pour effet soit exceptionnelles de la crise sanitaire avaient de rendre impossible l’accès à des biens de permis de constater à la fois le caractère première nécessité, soit de porter atteinte à l’intérêt supérieur des enfants en imposant 10
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 qu’ils soient laissés à la porte du magasin. Le Protection de l’enfance Défenseur des droits est intervenu auprès Les services départementaux et structures de de toutes les grandes enseignes (au niveau la protection de l’enfance ont rencontré des local et de leurs sièges), du Gouvernement difficultés pour assurer la continuité de leurs et dans la presse par un communiqué du missions auprès des 340 000 enfants confiés 8 avril, pour faire cesser ces pratiques en à la protection de l’enfance. Le Défenseur demandant qu’il soit donné des instructions des droits a alerté le Gouvernement sur la aux gérants des magasins rappelant que le nécessité d’anticiper autant que possible refus d’accès des enfants aux magasins ne fait les répercussions du confinement sur les pas partie des mesures restrictives adoptées enfants et les adolescents, en assurant le dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. suivi national, la coordination des services, Les magasins d’alimentation ne peuvent donc en soutenant les parents et en mettant à légalement interdire leur accès aux personnes leur disposition des outils comme des lignes accompagnées d’un ou de plusieurs enfants, téléphoniques dédiées et des plateformes ni demander à ces personnes de laisser leurs ressource. enfants à l’entrée du magasin, y compris au niveau des caisses ou à la garde d’un vigile. Victimes de violences rendues invisibles Ces pratiques portent atteinte aux droits des personnes, particulièrement aux droits des Les enfants qui pourraient être victimes ou parents isolés et à l’intérêt supérieur de leurs confrontés à des situations de violence au enfants. domicile familial doivent, dans la période actuelle encore plus que d’habitude, bénéficier Saisi de dizaines de réclamations de la vigilance de chacune et de chacun individuelles, et de nombreux signalements d’entre nous. Dans un communiqué du 20 téléphoniques, le Défenseur des droits et ses mars 2020, le Défenseur des droits et la délégués ont obtenu l’arrêt de ces pratiques Défenseure des enfants en appelaient à discriminatoires auprès de la grande majorité la responsabilité collective et incitaient à des commerces concernés. signaler aux numéros d’urgence toute situation Par ailleurs, suite à l’alerte du Défenseur des préoccupante concernant un enfant. droits, le Secrétariat d’État chargé de l’Égalité femmes hommes et de la lutte contre les La protection des mineurs non accompagnés discriminations a mis en place un dispositif de Le Défenseur des droits a alerté les autorités réclamation sur une adresse de messagerie locales et le Gouvernement sur la situation et dédiée pour recevoir les signalements des la mise à l’abri des mineurs non accompagnés parents isolés refusés à l’entrée des magasins (MNA) qui, dans un certain nombre de et intervenir. départements, font face à un service d'accueil Le Défenseur des droits a également été saisi qui a tout simplement fermé, conduisant à ce de plusieurs refus d’accès à des supermarchés que ces mineurs soient traités comme des opposés à des personnes en situation de étrangers adultes. Il a souligné que la mise handicap accompagnées pour faire leurs à l’abri des jeunes gens évalués majeurs par courses. Le Défenseur des droits a saisi la le département jusqu’à la fin de la période secrétaire d’État chargée des personnes de confinement devait se poursuivre. Le handicapées qui lui a répondu le 17 avril qu’un Défenseur des droits a demandé la mise à rappel serait « fait auprès de l’ensemble des disposition par les préfectures de structures enseignes, des référents accessibilité des ou bâtiments pouvant accueillir dans des préfectures ainsi qu’auprès des représentants conditions dignes et adéquates des jeunes des agents d’accueil afin de leur rappeler gens en recueil provisoire d’urgence. Le qu’une dérogation est possible pour les procureur de la République de Paris a répondu personnes en situation de handicap, tout le 10 avril qu’un plan de continuité était en comme pour les familles monoparentales ». cours à Paris. 11
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Mineurs détenus parents. Outre l’absence totale de mention dans le discours public de l’attention à porter La situation de près de 800 mineurs détenus à l’opinion des enfants eux-mêmes, il relève justifie que leur soit portée une attention que l’ambiguïté du terme « volontariat » porte particulière. 82% sont en détention provisoire préjudice au droit à l’éducation des enfants. sans possibilité de visite ni de scolarisation, Il laisse entendre que chacun fait comme il ce qui les place dans un isolement total. À le souhaite. La réalité c’est que l’obligation de nombreuses reprises, le Défenseur des scolaire s’applique, dans des conditions droits a fait part de ses préoccupations face qui sont aménagées par les autorités, pour à l’enfermement des mineurs. Il insiste pour garantir la sécurité sanitaire ; que les familles que soient mises en œuvre les alternatives à qui ne renvoient pas leurs enfants à l’école ne l’incarcération. seront pas sanctionnées, en application d’une souplesse particulière ; mais que le principe est Educadroit bien celui d’un retour dans les établissements Avec la fermeture des établissements scolaires scolaires, seul à même de garantir le droit à en France, c’est à la maison que s’est exercé le l’éducation sans discrimination. Il faut rappeler, suivi scolaire. En cette période, de nombreuses en ce sens, que dès le 26 avril, la Société questions sur l’exercice du droit et des droits française de pédiatrie et les différentes ont pu se poser. Le Défenseur des droits a sociétés de spécialités pédiatriques prenaient rappelé qu’elles pouvaient être abordées grâce fermement position pour un retour des enfants aux outils pédagogiques accessibles en ligne dans leur établissement scolaire, y compris sur le site qu’il a créé, Educadroit.fr, qui vise à pour ceux ayant une maladie chronique. sensibiliser les enfants et les jeunes au droit et à leurs droits. Difficultés d’exercice des droits de visite L’institution a été saisie des difficultés d’accès Retour à l’école aux droits de visite des parents ordonnés par Le Défenseur des droits et son adjointe, le juge aux affaires familiales en espace de la Défenseure des enfants, ont alerté le rencontre, en l’absence de directives de la ministre de l’Éducation nationale sur plusieurs part du Gouvernement sur les modalités de situations concernant : réouverture de ces espaces. Sur près de 300 • La mise à l’écart dans certains établissements lieux de rencontre enfants-parents en France, ou dans des groupes distincts des enfants de certains accueillent dans des lieux publics parents exerçant une profession médicale ; (une école, un centre social, etc.) et d’autres dans leurs propres locaux (locaux privés). Si le • Le ton excessivement anxiogène de certaines décret n° 2020-548 du 11 mai 2020 prescrivant consignes adressées par les établissements les mesures générales nécessaires pour faire scolaires aux parents et aux enfants dans le face à l'épidémie de COVID-19 dans le cadre cadre du déconfinement. de l'état d'urgence sanitaire autorise certains Ils ont aussi appelé l’attention du secrétaire établissements recevant du public, dont les d’État chargé de la protection de l’enfance centres sociaux, à recevoir à nouveau du public, sur l’urgente nécessité de donner des lignes il ne permettait pas d’établir avec certitude directrices en vue de favoriser le retour à si les espaces de rencontre étaient autorisés l’école des enfants pris en charge en protection à rouvrir ou non. Cette incertitude aurait de l’enfance, étant donné leur particulière d’ailleurs conduit à la diffusion de consignes vulnérabilité scolaire ; ce qui n’a été fait que différentes de la part des fédérations et des la veille de la réouverture des écoles et a CAF sur l’ensemble du territoire. Le Défenseur maintenu trop longtemps enfants, parents des droits a attiré l’attention de la Garde des et services de protection de l’enfance dans Sceaux sur ces difficultés et demandé à être l’incertitude. tenu informé des délais dans lesquels le décret pertinent serait publié, et les conditions Le Défenseur des droits a observé d’élaboration de consignes précises sur cette publiquement, avant même la réouverture des question. écoles, la limite de l’appel au volontariat des 12
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Déontologie de la sécurité récemment, lors d’un échange avec le ministre chargé de la Ville et du Logement, en date Le Défenseur des droits a reçu 169 saisines du 17 avril, le Défenseur des droits a rappelé mettant en cause la déontologie des forces de les difficultés soulevées par les conditions sécurité en lien avec la crise sanitaire. indignes de vie dans les campements et autres habitations informelles au regard notamment Plusieurs saisines reçues au siège portent du droit fondamental à la protection de la sur des situations intervenues à l’occasion santé, qui impose aux autorités d’assurer la de contrôles d’attestation de déplacement sécurité sanitaire de toutes les personnes qui par les forces de l’ordre mettant en cause se trouvent sous leur juridiction. Il apparait des violences, des propos déplacés, des que des consignes de souplesse ont été contestations des verbalisations, ou encore transmises mais l’institution a reçu tout au l’absence de port de protection sanitaire par long de la période de nombreux signalements les forces de l’ordre. mettant en exergue, d’abord l’absence Certaines saisines remettent en cause la d’instructions claires du Gouvernement compétence des agents de surveillance de la s’agissant de la prise en charge des personnes voie publique (ASVP) pour faire des contrôles sans domicile stable et notamment celles d’attestation. vivant dans des campements ou squats, puis leur non-exécution par les services Par ailleurs, le Défenseur des droits a été saisi déconcentrés et les collectivités locales. de situations mettant en cause les contrôles d’identité survenus dans certains quartiers Difficultés d’accès aux attestations des populaires dans le cadre du confinement pour personnes vulnérables déplacement non essentiel ou dénonçant l’attitude des forces de l’ordre. Suite à des saisines de personnes handicapées, le Défenseur des droits a alerté Il a également été saisi de refus d’entrée le ministre de l’Intérieur et la ministre de dans les magasins opposés à des enfants la Justice sur la nécessité d’aménager les accompagnant leurs parents ou à des conditions de sortie pendant le confinement migrants, opposé par des agents de sécurité des personnes qui ne peuvent matériellement privés. accéder aux consignes, les comprendre ou en respecter les modalités formelles comme Difficultés liées aux attestations des le cas des personnes non-voyantes dans personnes sans domicile fixe l’impossibilité de produire l’attestation, des Le Défenseur des droits a alerté le 20 mars personnes sans domicile fixe, les personnes les autorités locales et le Gouvernement sur étrangères ne maîtrisant pas le français, la particulière vulnérabilité des personnes les personnes en situation de handicap et sans domicile fixe notamment au regard de d’isolement ne pouvant produire d’attestation. l’obligation de disposer d’une attestation. Suite à l’intervention du Défenseur des droits, Il a indiqué qu’une verbalisation serait le Secrétariat d’État chargé des personnes inappropriée et injuste, compte tenu de leur handicapées (SEPH) a décidé que l’attestation situation qui ne leur permet pas de rester n’était pas nécessaire pour les personnes confinés et donc de fournir une attestation déficientes visuelles sous condition de mentionnant leur lieu de confinement et le présenter un justificatif du handicap, puis plus motif de leurs déplacements. Le 21 mars, largement pour les personnes handicapées dans la tribune rédigée avec la Contrôleure dont le handicap le justifie. générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, et le président de la CNCDH, Sur le besoin de supports d’information et Jean-Marie Burguburu, le Défenseur des droits de procédures adaptés et compréhensibles a appelé à ce qu’une attention particulière soit par tous, des attestations de déplacement portée notamment aux personnes vivant à la en langage « Facile à lire et à comprendre » rue et que leurs droits fondamentaux soient (FALC) ont été mises à disposition des sauvegardés pendant la crise sanitaire. Plus personnes handicapées. 13
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Lutte contre les discriminations et Le Défenseur des droits a rappelé au promotion de l’égalité Gouvernement, à la Fédération de l’épicerie et du commerce de proximité et à la Fédération Le Défenseur des droits a reçu 290 saisines du commerce et de la distribution, et a alerté mettant en cause les discriminations qui publiquement dans un communiqué du 6 seraient intervenues en lien avec la crise avril, l’importance de garantir aux majeurs sanitaire. protégés et aux personnes en situation de précarité l’utilisation des moyens de paiement En période de crise sanitaire l’accès aux biens nécessaires aux achats de première nécessité. et services des personnes particulièrement Il a invité ses délégués territoriaux à intervenir vulnérables économiquement peut faire l’objet et rappelé le cadre juridique applicable dans de difficultés particulières s’apparentant à un communiqué de presse du 1er avril 2020. des discriminations indirectes. Le Défenseur La Direction générale de la Banque de France des droit a exercé une vigilance pour prévenir a informé le Défenseur des droits qu’elle et réagir afin d’empêcher que des pratiques avait rappelé aux présidents des fédérations discriminatoires ne s’installent. du commerce et de la distribution, ainsi qu’aux dirigeants de tous les groupes de la Forfait téléphonique grande distribution, que cette pratique ne Du fait de la fermeture de nombreux points peut être acceptée. En outre, la Fédération de contacts, les abonnements téléphoniques du commerce et de la distribution a informé à moindre coût (2€ par mois), souscrits par l’ensemble de ses adhérents, au niveau des les foyers les plus précaires, pourraient être directions générales des enseignes, ainsi portés à une durée illimitée pendant toute la que les personnes en charge des moyens période du confinement afin de leur permettre de paiement en ligne de caisses au sein des de joindre les services de santé ainsi que les services financiers. Elle a veillé à sensibiliser proches. Le Défenseur des droits a demandé de nouveau la cellule de crise générale ainsi au ministre de l’Économie et des Finances une que les trésoriers des enseignes en charge intervention auprès des différents opérateurs des moyens de paiement afin qu’ils effectuent téléphoniques en ce sens. les diligences nécessaires pour rappeler à l’ensemble des réseaux l’obligation légale Paiement en espèces d’accepter les paiements en espèces. Une note a été diffusée pour préciser le cadre juridique Le Défenseur des droits a été saisi de plus applicable, les règles d’usage et les limites de 70 réclamations relatives au refus de d’utilisation des espèces. Depuis le début de la certains commerçants d’accepter le paiement période de déconfinement, le Défenseur des en espèces, privilégiant les paiements droits est toujours régulièrement saisi de refus électroniques qui ne nécessitent pas de de paiement en espèce de la part de petits contact entre le caissier et le client. Les commerces de proximité. Par l’intermédiaire majeurs protégés, ainsi que les personnes en de ses délégués, le Défenseur des droits situation de précarité sociale ou économique obtient régulièrement la cessation de cette qui ne disposent pas de tous les moyens de pratique interdite. paiement classiques se trouvent alors privés des produits de première nécessité. Cette Le refus de distribuer des masques à tous les situation relève des textes qui interdisent les résidents discriminations, notamment la loi n° 2008- 496 du 27 mai 2008. Le refus de paiement en Le Défenseur des droits a été saisi des espèces dans les commerces ne fait pas partie réclamations de plusieurs habitants de des mesures restrictives détaillées dans la loi communes littorales, résidents secondaires, du 23 mars 2020 relative à l’état d’urgence qui ont appris qu’une distribution de masques sanitaire et les ordonnances d’application. organisée par ces communes serait réservée aux seuls résidents permanents de la commune. 14
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Dans un courrier du 6 mai au président de Comme évoqué ci-dessus, il est intervenu l’Association des maires de France et un sur de multiples difficultés, qu’il s’agisse du communiqué de presse du 7 mai, il a rappelé recours aux attestations de sortie dérogatoires, que la distribution des masques organisée à l’accompagnement des personnes pour par les communes en direction des habitants, faire des courses ou de problèmes liés à leur qui poursuit un objectif de santé publique accès à divers biens et services en période de dans le cadre des mesures progressives de confinement. déconfinement, a le caractère d’une mission Concernant l’accès des personnes de service public facultatif. Les différences handicapées à l’hospitalisation et aux soins de traitement instituées entre les usagers par de réanimation, le Défenseur des droits a les communes ne peuvent donc reposer que ainsi rappelé à plusieurs reprises la portée du sur des différences de situation objectives principe d’égal accès aux soins des personnes en lien avec l’objet du service en cause. Les en situation de handicap : les modalités de communes ayant mis en place ce service sont prise en charge sanitaire doivent reposer sur donc tenues de l’ouvrir aussi bien aux résidents des critères médicaux et être fondées sur une permanents qu’aux résidents secondaires. évaluation individuelle, au cas par cas. Les personnes handicapées Dès l’annonce du confinement, le Défenseur des droits a alerté le Gouvernement sur les difficultés propres aux personnes en situation de handicap, et sur les risques de discrimination face à l’insuffisante prise en compte de la réalité multiforme du handicap dans la gestion de la pandémie. 15
Synthèse Urgence sanitaire | 2020 Les avis de l'institution sur les textes liés à l'état d'urgence sanitaire Lors des débats au Parlement sur le premier projet de loi d’urgence sanitaire, le Défenseur des droits a alerté les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat sur l’opportunité d’un contrôle parlementaire renforcé, à l’instar de celui qui avait été instauré dans la loi relative à l’état d’urgence anti-terroriste, ainsi que sur la nécessité de respecter les principes de légalité, de prévisibilité et de nécessité et de s’assurer que les dispositions permettant de restreindre les libertés soient suffisamment précises et strictement encadrées par la loi pour garantir aux individus une protection contre les risques d’abus et d’arbitraire. Le Défenseur des droits a été auditionné sur et sur les risques accrus d’inégalités. À cet le suivi de l’état d’urgence par la commission égard, le Défenseur des droits a souligné des lois du Sénat et a rendu un avis n°20- combien la disparition de la restauration 03, où il a notamment attiré l’attention des collective est l'un des éléments centraux du parlementaires sur l’importance de préserver : décrochage social et éducatif ; • Les droits du justiciable et les droits de la • Le dispositif de contravention mis en place défense, impliquant notamment la possibilité pour les déplacements dérogatoires est de communiquer avec les justiciables placés susceptible de soulever des difficultés de dans les lieux de privation de liberté ou dans compréhension des usagers. Le Défenseur des espaces de confinement ; des droits a constaté que certains procès- verbaux étaient peu circonstanciés et • La nécessité de prévoir dans la loi la durée que la réalité des motifs invoqués lors du de prolongation du délai de placement en contrôle n’étaient pas toujours mentionnés garde à vue, de la détention provisoire ou de pour permettre une contestation ultérieure. l’assignation à résidence sous surveillance En se fondant sur des observations de électronique, et de ne pas la laisser à la parlementaires, d’organisations syndicales discrétion de l’administration ; représentatives des forces de l’ordre et • L’importance de conférer à ce dispositif - d’associations représentantes des usagers compte tenu de son caractère exceptionnel sur les difficultés de mettre en œuvre ce et des pouvoirs qu’il confère à l’autorité régime juridique, le Défenseur des droits a administrative, un caractère temporaire et de souligné : permettre au Parlement de procéder à une - la nécessité de transmettre une meilleure évaluation de la mise en œuvre des mesures information des mesures prises au plan et de la nécessité de les pérenniser ; local aux agents chargés du contrôle et de • Sur les droits de l’enfant, il a attiré l’attention leur assurer une formation ; sur l’impact psycho social du confinement 16
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