Systèmes communautaires d'alerte précoce : principes directeurs
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Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le plus vaste réseau humanitaire de volontaires au monde, qui atteint 150 millions de personnes chaque année par le biais de ses 187 Sociétés nationales. Ensemble, nous oeuvrons avant, pendant et après les catastrophes et les urgences sanitaires pour répondre aux besoins et améliorer les conditions d’existence des personnes vulnérables. Nous agissons de façon impartiale, sans distinction fondée sur la nationalité, la race, le sexe, les croyances religieuses, la classe ou les opinions politiques. Guidés par la Stratégie 2020 – notre plan d’action collectif pour faire face aux défis humanitaires majeurs de la décennie – nous sommes déterminés à « sauver des vies et changer les mentalités ». Nous tenons notre force de notre réseau de volontaires, du savoir- faire acquis dans les communautés, de notre indépendance et de notre neutralité. Nous nous employons à améliorer les normes humanitaires, en tant que partenaires du développement et en intervenant en cas de catastrophe. Nous persuadons les décideurs d’agir en toutes circonstances dans l’intérêt des personnes vulnérables. Ce faisant, nous rendons les communautés saines et sûres, réduisons les vulnérabilités, renforçons la résilience et encourageons une culture de paix dans le monde entier. © Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2013 Toutes les parties de cette publication peuvent être copiées à des P.O. Box 303 fins non commerciales, à condition de citer clairement la source. CH-1211 Geneve 19 La Fédération internationale apprécierait recevoir les détails de son Suisse utilisation. Toute demande de reproduction commerciale doit être Téléphone: +41 22 730 4222 adressée directement au secrétariat de la Fédération internationale à Télécopie: +41 22 733 0395 l’adresse courriel suivante : secretariat@ifrc.org. Courriel: secretariat@ifrc.org www.ifrc.org Toutes les photos utilisées dans cette publication sont propriété de la Fédération internationale, sauf indication contraire. Photo de couverture Systèmes communautaires d'alerte précoce: principes directeurs: (de gauche à droite, dans le sens des aiguilles d’une montre) : Julie principes directeurs Lorenzen/Croix-Rouge danoise; Croix-Rouge américaine; FICR. 1227800 11/2013 Graphique : avec l’aimable autorisation de Leslie Caro Morinière
Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs La stratégie 2020 illustre la volonté collective de la Fé- Durant les dix prochaines années, la FICR se concentrera dération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et collectivement sur les objectifs stratégiques suivants : du Croissant-Rouge (FICR) de relever les principaux défis 1. Sauver des vies, protéger les moyens auxquels l’humanité sera confrontée durant la décennie à d’existence et renforcer le relèvement après venir. Conscients des besoins et des faiblesses des dif- les catastrophes et les crises férentes communautés avec lesquelles nous travaillons, nous avons élaboré cette stratégie dans l’intérêt de ceux 2. Promouvoir des modes de vie sains et sûrs qui s’adressent à la Croix-Rouge et au Croissant-Rouge, 3. Promouvoir l’intégration sociale et une culture afin de participer à la création d’un monde plus humain, de non-violence et de paix plus digne et plus pacifique.
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Sommaire Remerciements 4 Avant-propos 5 Acronymes 6 Glossaire 7 Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs 9 1. Contexte et objectifs 9 2. Public cible : à qui ce guide est-il adressé? 10 3. Méthodologie 10 4. Organisation 10 A. Comprendre les systèmes d’alerte précoce 13 1. Définitions et concepts 13 2. Présentation des quatre composantes du système d’alerte précoce 15 3. Dissiper les mythes relatifs à l’alerte précoce 16 4. Cadres politiques et juridiques internationaux des alertes précoces 18 5. Cadre institutionnel des alertes précoces 19 B. Thèmes transversaux : principes directeurs 25 Principe directeur 1 : Intégrer les SAP aux RRC - les SAP ne doivent pas être envisagés de façon isolée 25 Principe directeur 2 : Créer des synergies entre les niveaux communautaires, nationaux, régionaux et mondiaux 26 Principe directeur 3 : Insister sur les SAP multi-aléas 28 Principe directeur 4 : Inclure systématiquement la vulnérabilité 29 Principe directeur 5 : Elaborer des SAP disposant de fonctions multiples 31 Principe directeur 6 : Faire coïncider les divers calendriers 32 Principe directeur 7 : Utiliser les différents systèmes de connaissance 34 Principe directeur 8 : Rendre compte de l’évolution des risques et des incertitudes croissantes 35 Principe directeur 9 : SAP sans frontières : cibler la totalité des vulnérabilités et des aléas 38 Principe directeur 10 : Exiger les technologies appropriées 39 Principe directeur 11 : Mettre en œuvre des indicateurs et des canaux de communication redondants 41 Principe directeur 12 : Cibler et atteindre les groupes défavorisés et vulnérables 43 Principe directeur 13 : Etablir des partenariats et encourager l’engagement individuel 45 2
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs C. Pratique au sein des communautés : Principes directeurs par composante SAP 51 Connaissance des risques 51 Principe directeur K-1 Tous les exercices de connaissance des risques ne conduisent pas nécessairement à une alerte précoce, en revanche toute alerte précoce doit reposer sur une connaissance des risques 53 Principe directeur K-2 Accepter que les priorités d’une communauté ne coïncident pas nécessairement avec vos priorités 53 Surveillance 54 Principe directeur M-1 Les récepteurs passifs d’informations ne sauvent pas de vies 56 Principe directeur M-2 Certaines communautés devront gérer leur SAP 58 Principe directeur M-3 L’affichage public des mesures de suivi peut motiver les communautés 59 Principe directeur M-4 Quand les aléas évoluent, les mesures de surveillance doivent également évoluer 60 Capacité de réponse 61 Principe directeur R-1 Les SAP permettent de répondre aux signes annonciateurs de catastrophes mais pas aux catastrophes 61 Principe directeur R-2 S’efforcer d’organiser des réponses robustes que l’on ne regrette pas 63 Principe directeur R-3 Inscrire les possibilités de réponse dans des plans d’interventions actualisés annuellement et les lier au financement 64 Principe directeur R-4 C’est en forgeant qu’on devient forgeron : tester vos réactions 66 La communication en cas d’alerte 67 Principe directeur C-1 Déléguer clairement la responsabilité de l’alerte ou de la médiation 68 Principe directeur C-2 Eviter le piège des appareils trop sophistiqués 71 Principe directeur C-3 Utiliser des alertes progressives (par niveau et par couleur) dans la diffusion d’informations 72 D. Aspects opérationnels des SAP et des SAPC 75 Annexes 79 Annexe 1 : Liste complète des principes directeurs 79 Annexe 2 : Liste des bonnes pratiques par zone/pays 80 3
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Remerciements Ce guide intitulé Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs est le résultat de consultations et des contributions précieuses des Sociétés nationales, des Centres de référence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge. Par ailleurs, nos partenaires nationaux et internationaux dans le monde ont également contribué à enrichir notre corpus d’enseignements retenus et de bonnes pratiques. Grâce à ces contributions, nos lignes directrices reflètent une perspective plus globale des systèmes communautaires d’alerte précoce. La contribution de l’Organisation météorologique mondiale a également été précieuse pour l’élaboration de ce document. Enfin, ces principes directeurs n’auraient pas vu le jour sans l’aide financière de la Croix-Rouge de Norvège et la Croix-Rouge Finlandaise. 4
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Avant-propos Les pertes humaines et matérielles dues aux catastrophes ont pu être diminuées durant les 30 dernières années grâce aux systèmes d’alerte précoce, pour la plupart de haute technologie. Les progrès scientifiques ont révolutionné les prévisions et les technologies utilisées pour les alertes précoces. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge recommande, néanmoins, une approche axée sur les populations qui est essentielle pour s’assurer que les informations et les signes captés par les satellites, les modélisations et autre technologie peuvent toucher les communautés les plus vulnérables, et que ces communautés peuvent ensuite réagir. Les alertes précoces n’empêchent les risques de devenir des catastrophes que si les communautés se les approprient. Une action précoce est également essentielle dans tous les cas de figure. L’action précoce constitue un investissement d’avenir, et a déjà permis d’atténuer de façon efficace les effets de certaines catastrophes. Dans le monde entier, d’énormes efforts sont consentis pour permettre aux volontaires de jouer un rôle actif dans la surveillance des risques qui ont un impact sur leurs communautés. Ainsi, les volontaires apprennent, à partir de ce rôle de surveillance, à émettre des alertes et à y répondre. A partir du moment où ils sont actifs, ces systèmes communautaires d’alerte précoce contribuent à remplir les mandats des gouvernements de protection des vies et des moyens de subsistance. Quand ces systèmes n’existent pas encore, les systèmes d’alerte précoce permettent de susciter le dialogue sur ce que l’on attend des systèmes nationaux et sur l’aide que les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent apporter en tant qu’auxiliaires de gouvernement. L’approche des alertes précoces axée sur les populations, promue par le cadre d'action de Hyogo, vise à permettre aux communautés de comprendre les menaces afin de pouvoir les éviter. Les catastrophes sont dues en partie aux risques naturels mais elles sont également causées par les faiblesses de la communauté : des personnes qui ne sont pas au bon endroit, au bon moment, ou qui n’ont pas les ressources ou les protections adéquates pour réagir aux alertes. Il existe un consensus sur l’idée que les communautés doivent être, à tout le moins, des récepteurs actifs d’informations. Certaines communautés devront même participer à la surveillance pour faciliter l’adoption de mesures de protection. L’attention portée aux alertes dépend souvent de facteurs aussi divers que la connaissance, le pouvoir, la culture, l’environnement, le mode de vie et la personnalité. En travaillant dès le départ avec les communautés pour l’élaboration des systèmes d’alerte précoce, on arrive à surmonter la plupart des obstacles existants. Le présent document de principes directeurs pour des systèmes communautaires d’alerte précoce est un document dynamique qui est un point de départ pour la compilation des efforts croissants dans ce domaine. Sa richesse a été de souligner les efforts en cours dans plus de cinquante pays du monde, au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et parmi les principaux partenaires. A partir de ce document, nous pourrons constituer des pratiques communes pour les systèmes communautaires d’alerte précoce. Nous espérons que les lecteurs contribueront à ce dialogue et qu’ils partageront de façon dynamique les exemples de bonnes pratiques et d’enseignements retenus. Bekele Geleta Secrétaire Général Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 5
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce: principes directeurs Acronymes SCAP Systèmes communautaires d’alerte précoce FUSC Fonds d'urgence de la Fédération pour les secours lors de catastrophes RRC Réduction des risques de catastrophe FICR Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge AGR Activité génératrice de revenu ONG Organisation non-gouvernementale RSET Réponse selon les échelles de temps EVC Evaluation de la vulnérabilité et des capacités 6
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Glossaire Catastrophe – Rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources. Réduction des risques de catastrophe – Concept et pratique de la réduction des risques de catastrophe grâce à des efforts pour analyser et gérer leurs causes, notamment par une réduction de l’exposition aux risques, qui permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirables. Aléa – Un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement. Système d’alerte précoce – Ensemble des capacités nécessaires pour produire et diffuser en temps opportun et utile des bulletins d’alerte permettant à des individus, des communautés et des organisations menacées par un danger, de se préparer et d’agir de façon appropriée en temps utile pour réduire le risque de dommage ou de perte. Mesure d’atténuation – La réduction ou la limitation de l’impact négatif des aléas et des catastrophes. Etat de préparation – Les connaissances et les capacités développées par les gouvernements, les professionnels d’intervention et autres organisations concernées, les communautés et les individus, de manière à anticiper efficacement, à réagir et à récupérer, des impacts probables, imminents ou en cours. Prévention – Ensemble d’activités permettant d’éviter complètement l’impact négatif des aléas, et des catastrophes qui leur sont associées. Sensibilisation du public – Il s’agit de l’étendue des connaissances communes sur les risques de catastrophe, sur les facteurs qui conduisent à des catastrophes et sur des actions qui peuvent être prises individuellement et collectivement pour réduire l’exposition et la vulnérabilité aux aléas. Résilience – La capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposée aux risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base; le côté positif de la vulnérabilité. Risque – La combinaison de la probabilité d’un événement et de ses conséquences négatives. Vulnérabilité – Les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger. Les définitions de cette section sont adaptées de la publication de la SIPC (Stratégie internationale de prévention des catastrophes naturelles, UNISDR en anglais), Terminologie pour la Prévention des risques de catastrophe. 7
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Introduction aux systèmes d'alerte précoce de la communauté : principes directeurs Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs 1. Contexte et objectifs Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs est un des guides rédigés par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), et qui vient compléter le guide sur l’évaluation de la vulnérabilité et des capacités (EVC) et le guide sur la sensibilisation et l’éducation du public. Ce guide vient également en complément du Guide pour la planification d'urgence et les interventions en cas de catastrophe et fournit un outil supplémentaire pour la réduction et la gestion des risques de catastrophe. Contrairement aux mécanismes d'intervention en cas de catastrophe, l’alerte précoce est un des nombreux outils fondamentaux pour la prévention des catastrophe et la préparation aux menaces et aux aléas quels qu’ils soient. Cet outil renforce de façon significative la réduction des risques de catastrophe (RRC). Une Société nationale ou une organisation non-gouvernementale (ONG) bien préparée comprendra l’intérêt des systèmes d'alerte précoce (SAP) dans la réduction des risques et la promouvra. La politique de préparation aux catastrophes souligne que le rôle de la FICR et des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans la promotion de la connaissance de « systèmes d’alerte précoce connus, compris et utilisés par la communauté » constitue une partie de leur contribution au cadre d’action de Hyogo. L’objectif stratégique 1 – « Sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et faciliter le relèvement après les catastrophes et les crises » – de la Stratégie 2020 de la FICR souligne l’importance de SAP fiables qui sont fondamentaux pour sauver un maximum de vies et protéger les biens et les moyens de subsistance. Ce guide fournit un aperçu des bonnes pratiques sur le terrain pour ceux qui souhaitent gérer/réduire les risques de catastrophe et qui sont intéressés par les 9
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs SAP. Dans ce guide, on trouvera les principes directeurs qui seront au cœur de la conception ou du renforcement des SAP à tous les niveaux. Il ne s’agit pas d’un guide opérationnel mais plutôt d’un guide stratégique qui permet de se poser les bonnes questions et d’explorer les différentes possibilités avant de considérer que l’alerte précoce est l’outil approprié dans un contexte donné. La boite à outils pour les systèmes communautaires d’alerte précoce (SCAP) accompagnera bientôt ces principes directeurs. Elle sera publiée courant 2013 et prendra la forme d’un guide de terrain pour la formation des formateurs. Si l’on choisit d’utiliser les SAP, les principes directeurs aideront à poser les bases et viseront à encourager les acteurs de terrain à explorer les principes au cœur des SAP — certains étant peut-être instaurés dans le cadre des pro- grammes existants de RRC. Ce guide vise par conséquent à encourager les lecteurs à prendre des mesures simples à travers des SAP qui contribuent de façon évidente à réduire les risques pour les communautés et à sauver des vies et des moyens de subsistance. 2. Public cible : à qui ce guide est- il adressé? Ce guide a été élaboré pour présenter les activités abouties de SAP et pour partager les bonnes pratiques communautaires du monde entier, qui font rare- ment l’objet de publications. Ce guide cible tout particulièrement les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (dans leur rôle d’auxiliaire), le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les ONG partenaires et les acteurs à tous les niveaux qui se préparent à soutenir les gouvernements qui souhaiteraient créer ou renforcer des SAP pour les communautés à risque, à l’échelle locale, régionale, nationale ou internationale. 3. Méthodologie Ce guide repose sur trois activités parallèles qui ont chacune été à l’origine de documents de travail : • Nous avons réalisé une analyse documentaire approfondie et consulté plus de 450 documents. La bibliographie complète peut être trouvée sur FedNet. • Toutes les initiatives liées aux projets SAP, ou à leurs composantes, réalisées par différents acteurs/organisations ont été entrées dans une base de don- née. Des entretiens ont été organisés avec les chefs de projets afin de mieux appréhender l’étendue, l’expérience et l’impact de chaque activité. • Nous avons inventorié les différentes techniques et approches de chaque initiative SAP et identifié les enseignements retenus. Dans les principes directeurs, les bonnes pratiques apparaissent dans des encadrés à fond vert et les enseignements retenus dans des encadrés à fond rouge. 4. Organisation Ce guide est organisé en trois parties (cf. Figure 1) : comprendre, guider, pratiquer. 10
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Introduction aux systèmes d'alerte précoce de la communauté : principes directeurs • Chapitre A, Comprendre : définitions, composantes fondamentales, mythes des SAP et cadre institutionnels et politiques • Chapitre B, Guider : illustration des principes fondamentaux qui doivent être pris en considération avant d’envisager la conception d’un SAP ou d’un travail d’appui, quels que soient les aléas ou les niveaux concernés. • Chapitre C, Pratiquer : séparation des quatre composantes essentielles des SAP afin de montrer les aspects plus spécifiques des SAP à l’échelle commu- nautaire et de présenter les bonnes pratiques et les enseignements retenus à l’échelle communautaire dans le monde entier. Comment utiliser ce guide : Nous encourageons les spécialistes de RRC qui découvrent les systèmes d'alerte précoce à parcourir ce guide dans l’ordre proposé, afin de se familiariser avec les termes et les principes fondamentaux. Les lecteurs qui auront plus d’expérience dans le domaine pourront lire directement la liste des principes directeurs (Chapitre B) et passer plus rapidement au Chapitre C qui présente les aspects plus spécifiques des SAP et les exemples des différents pays par composante. Figure 1 : Organisation de ce guide Pratiquer Chapitre C Guider Etape par étape en utilisant les Chapitre B quatre 13 principes composantes SAP Comprendre directeurs à prendre • axé sur les Chapitre A en considération communautés • Termes pour les efforts SAP • bonnes pratiques • Composantes et enseignements • Mythes retenus du monde • Cadres entier 11
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge A. Comprendre les systèmes d’alerte précoce A. Comprendre les systèmes d’alerte précoce Cette partie du guide vise à construire une vision commune du concept d’alerte précoce et des composantes du SAP. A partir de cette vision commune, nous pourrons explorer les principes directeurs et les exemples concrets de pratique communautaire. Il est indis- pensable, pour commencer, de comprendre la terminologie et les piliers des SAP, ainsi que les cadres politiques, juridiques et institutionnels dans lesquels s’inscrivent les SAP. En chemin, nous considérons qu’il est également important de dissiper certains mythes qui paralysent souvent les activités de SAP. 1. Définitions et concepts Afin de bien comprendre la définition du SCAP, il est utile de définir les termes SAP, « système », « alerte », « précoce », « système complet» et « communautaire », dans cet ordre. Un SAP est un ensemble des capacités nécessaires pour produire et diffuser en temps opportun et utile des bulletins d’alerte permettant à des individus, des communautés et des organisations menacés par un danger, de se préparer et d’agir de façon appropriée en temps utile pour réduire le risque de dommage ou de perte (définition adaptée notamment de celle de la SIPC de 2009). Un système est un ensemble organisé et normalisé d’éléments qui fluctuent dans différentes directions. Un ‘système d’alerte complet’ est un ensemble d’actions qui relient ceux qui doivent entendre un message et ceux qui collectent et qui effectuent un suivi de l’information qui compose le message. Une ‘alerte’ est un message (composé de signes, de mots, de sons ou d’images) qui annonce un danger imminent. ‘Précoce’ signifie que l’alerte précède l’aléa ou la menace et qu’il est encore temps de réduire les dommages ou les pertes, voire d’éviter la catastrophe. Communautaire signifie dans ce guide qu’il existe un réseau d’interactions sociales qui peut être exposé aux conséquences multiples, sociales et/ou phy- siques, d’une ou de plusieurs aléa(s)/menace(s), liés, mais pas exclusivement, à un lieu (c.-à-d. un village, un quartier, un bassin hydrographique, etc.). A partir de la définition de ces termes, on définit le SCAP comme un effort mené par ou avec - mais pas pour - une communauté et visant à collecter de façon systématique et/ou à analyser les informations qui permettent la diffu- sion des messages d’alertes qui peuvent aider la communauté (ou les personnes/ groupes qui suivent dans la chaine) à réduire les dommages ou les pertes dues à la réalisation (ou le processus) d’un aléa (ou d’une menace). 13
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Tableau 1 : Rôle de la communauté dans les SAP. COMMUNAUTE Eléments fondamentaux SAP basés sur la communauté SAP gérés par la communauté Orientation Avec la population Par la population Caractéristique Démocratique Autonomisation Objectifs Basés sur la consultation Axés sur les besoins, participatifs Communauté perçue comme Communauté perçue comme Perspective partenaire gestionnaire Etat d’esprit On organise la communauté On autonomise la communauté Valeurs Développement des compétences Confiance dans les capacités Résultat/impact Lancer un changement de la société Restructurer le tissu social Entrepreneurs sociaux, travailleurs et Principaux acteurs Tous les membres de la communauté responsables communautaires Méthodologie Coordination et soutien technique Auto-gestion Les composants actifs de Au moins on est actif (par exemple, la Tous sont actifs, en particulier le suivi l'alerte précoce (de quatre) réactivité) des indicateurs Ce concept était plus connu sous le terme SAP basé sur les communautés mais l’adaptation du terme et l’adoption de SCAP permet de mieux distinguer les systèmes axés sur communautés et les systèmes que les communautés se sont approprié. Un SAP peut être basé sur la communauté sans que la communauté ne se le soit approprié et qu’elle en ait pris la gestion. Néanmoins, ce n’est que lorsque la communauté a une bonne compréhension du SAP que son impact devient réellement le plus durable. Le tableau 1 (adapté des documents de for- mation au développement international) souligne les principales différences entre les SAP axés sur les communautés et ceux que les communautés se sont approprié. On distingue également SAP nationaux et SCAP.Les caractéristiques et les avantages de chaque système sont détaillés dans le Tableau 2. Un SAP idéal est intégré, il utilise les points forts des systèmes nationaux et communautaires sans qu’il n’y ait de confusion dans les signaux ou de concurrence. Dans une situation idéale, le gouvernement est mandaté pour travailler avec les commu- nautés et l’information circule dans les deux sens. Un SAP est mesuré à l’aune des mesures qu’il déclenche, l’action étant au coeur du système d’alerte précoce. Si l’alerte n’est pas donnée, et si l’alerte ne dé- clenche pas les actions qu’elle aurait du déclencher, alors le système d’alerte a échoué. Ici, on peut parler d’’action précoce’, comme on parle d’’alerte précoce’. ‘Alerte précoce, action précoce’ est en revanche un terme différent qui signifie « prendre des mesures avant la catastrophe ou l’urgence sanitaire en utilisant toutes les informations scientifiques disponibles pour toutes les échelles tem- porelles (FICR, 2008) ». La différence réside dans le fait que l’‘Alerte précoce, action précoce’ est appropriée à toutes les échelles de temps (siècles, décennies, années, mois, semaines, jours, heures) et se base sur le concept de SAP tradi- tionnel pour produire une stratégie de gestion du risque climatique. 14
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge A. Comprendre les systèmes d’alerte précoce Tableau 2 : Objectif : l’intégration harmonieuse des SAP nationaux et communautaires Principaux facteurs SAP national SCAP Choisi, basé sur le mandat juridique Conception flexible, basée sur les Conception besoins et adaptée suite aux essais et du gouvernement ou d’autres acteurs aux erreurs commises Volontaires et personnes nommées Ressources humaines Techniciens, spécialistes par les responsables locaux Caractéristiques Alerte formelle en plusieurs étapes Alerte ad hoc ou en plusieurs étapes Législation, politiques, procédures d’opération standards, Documentation mémorandums d’accords, Informel et rarement documenté diagrammes de présentation des flux d’informations, etc. Technologie de pointe, téléphone, Technologie Téléphone ou outils traditionnels radios VHF, HF. Détection locale d’un aléa ou Déclencheur Indicateurs, prévisions, technologie réception d’une alerte extérieure à la communauté En cascade ou ventilé (par phases) de Ad hoc, mais peut également être Processus d’alerte façon systématique bien organisé, en cascade ou ventilé Messages Impersonnel Personnel Pas toujours le premier à toucher Précoce, (dès que le message est la communauté, produit pour être créé à l’échelle de la communauté) Moment de l’alerte transmis aux systèmes officiels à tous ou quand il existe une bonne les niveaux communication à tous les niveaux Réduire les pertes, économiques et Sécurité, diminuer le stress, soutien Premiers besoins ciblés autres émotionnel Détails des aléas; délais fournis; Réception de l’alerte dans les temps, Critères d’évaluation proportion de fausses alertes messages utiles de l’alerte 2. Présentation des quatre composantes essentielles du système d’alerte précoce Surve nce Les définitions du chapitre précédent montrent qu’un SAP est basé sur quatre illa composantes essentielles : la connaissance du risque, la surveillance, la capacité de réponse et la communication des alertes. Chacune de ces composantes doit être opérationnelle pour que le système fonctionne : • Connaissance des risques permet d’avoir une compréhension de base des risques (aléas et vulnérabilités) et des priorités • Surveillance est l’activité de suivi logique permettant d’actualiser l’information sur l’évolution dans le temps de ces risques et vulnérabilités. • Capacité de réponse à chaque niveau est la capacité à réduire le risque une fois qu’il est repéré et annoncé. Il peut s’agir de mesures d’atténuation d’avant- saison ou de réflexes d’évacuation, selon le délai d’avertissement. 15
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs • Communication des alertes organise l’information de surveillance sous forme de messages opérationnels et compréhensibles par ceux qui en ont besoin et qui sont préparés à les recevoir. Ces quatre composantes sont simplifiées et adaptées à partir de celles publiées par la plateforme de la SIPC pour la promotion des alertes précoces (plateforme en ligne depuis le lancement en 2006 du Programme international d’alerte précoce). D’un point de vue purement pratique, il est préférable de séparer la collecte de données primaires et l’analyse scientifique de la composante de communication des alertes. La surveillance (au lieu de surveillance et service d’alerte ) est un travail continu de suivi des indicateurs et des seuils établis visant à produire, avec une grande rigueur scientifique et à l’échelle locale, des informations importantes sur une situation donnée. La communication des alertes utilise cette information, la réorganise sous forme de message com- préhensible et l’envoie vers la communauté à risque. Dans la mesure où ces deux tâches demandent des compétences et des outils très différents, il sem- blait logique d’établir une distinction claire entre surveillance de l’information et communication des alertes. De même, il est important d’identifier les per- sonnes qui ont des compétences pluridisciplinaires et qui pourront faciliter le lien entre ces deux composantes. L’idée que le renforcement de la capacité de réponse doit précéder la réception de l’alerte au niveau de la communauté nous a également conduit à apporter un autre changement par rapport au schéma de la SIPC. Donner l’alerte dans des communautés qui ne sont pas équipées pour réagir serait injuste, la bonne pra- tique consiste donc à renforcer la capacité de réponse bien avant que ne commence la communication des alertes. Chacune des quatre composantes est analysée dans le détail dans la suite de ce guide. 3. Dissiper les mythes relatifs à l’alerte précoce Dans le monde entier, les mythes culturels sont ancrés dans les systèmes de croyances et les perceptions des populations, qu’il s’agisse des membres de la communauté ou des professionnels de la gestion et de réduction des risques de catastrophe. Ces croyances créent de faux espoirs ou paralysent les populations face au danger. Dans cette section, nous allons mettre l’accent sur une série de mythes qui doivent être dissipés si l’on veut maintenir l’efficacité des systèmes d’alerte. Les Sociétés nationales et les ONG ont la responsabilité de travailler avec les planificateurs locaux ou nationaux pour dissiper ces mythes. Les mythes les plus communs relatifs aux alertes précoces peuvent être classés selon deux catégories : i) information (moment, source ou contenu du message d’alerte et ii) réponse à ces alertes. Ils sont décrits dans le Tableau 3. Pour chaque mythe, nous expliquons pourquoi il est faux ou infondé. La dernière colonne fournit des conseils d’actions dans le cadre des SAP visant à s’assurer que le mythe n’est pas pris pour la réalité. 1 Les quatre composantes proposées par la SIPC sont : connaissance des risque, surveillance et alerte, communication et capacité de réponse. 16
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge A. Comprendre les systèmes d’alerte précoce Action d’alerte précoce visant Mythe Pourquoi le mythe est infondé à dissiper le mythe Information : moment, source et contenu des messages d’alerte Les responsables sont souvent très réticents à Action d’alerte précoce : Ouvrir un canal d’information Mythe : continu à mesure que l’incident se déroule – en communiquer des informations au public tant que la Informer la situation n’est pas complètement claire. L’expérience expliquant littéralement le déroulement de la situation population et les recherches montrent qu’en présence d’une d’urgence à mesure que les éléments apparaissent empire la menace crédible, il est préférable de transmettre – permet de modifier les directives initiales à mesure l’information à ceux qui pourront réagir. Ne pas que la situation évolue. Personne ne s’attend à ce situation que les directives de protection restent les mêmes transmettre l’information quand cela était possible conduit généralement à des coûts et à des passifs alors que la situation évolue. La population suivra le économiques, politiques, juridiques et moraux très déroulement de la situation d’urgence et modifiera ses actions à mesure que certains faits s’établissent élevés. Le défi consiste à s’assurer que les individus et que la situation se modifie. sont préparés à réagir à partir de l’information qu’ils reçoivent. Mythe : On donne rarement trop d’informations Action d’alerte précoce : Transmettre l’information à la population concernant sa sécurité si dès qu’elle est disponible. Dans les cas L’information l’information est précise. Il vaut mieux savoir d’incertitude en particulier, l’alerte est un début de doit être aussi ce qu’il va se passer que de craindre ce qu’il dialogue qui aide la population à gérer l’incertitude succinte que pourrait se passer. Une information précise et de façon constructive. Dans les sociétés libres possible bien proportionnée permet d’éviter de spéculer. et submergées d’informations, la population est Les messages d’alerte ne sont pas soumis à habituée à la gérer. Si l’information n’est pas la règle des 30 secondes qui s’applique aux disponible, la population pensera rapidement qu’on publicités, ils doivent être concis mais complets. veut lui cacher quelque chose. Mythe : Il est Les responsables pensent qu’il est préférable de Action d’alerte précoce : La principale, voire préférable disposer d’un porte-parole (qui a une autorité unique, autorité chargée de donner l’alerte doit technique) pour diffuser l’information sur la situation de n’avoir utiliser différentes outils pour transmettre les d’urgence. Néanmoins, les individus et les qu’une seule communautés vont chercher à obtenir des messages fondamentaux. Des porte-paroles source s’ informations de sources différentes. Les sources différents peuvent délivrer le même message ou information multiples d’information permettent aux individus de un message similaire. recouper l’information pour la vérifier, ce qui rend l’information plus crédible. Mythe : Il Les individus de cette génération sont submergés Action d’alerte précoce : Développer les quatre est suffisant de tellement d’informations tous les jours que l’on composantes de SAP. La capacité de réponse ne sait pas toujours quand réagir. L’information, – l’action précoce – doit précéder, ou pour le d’informer seule, ne sera pas accompagnée d’action. moins accompagner, l’information. Réponses aux messages d’alerte Mythe : Ne Les recherches montrent que l’efficacité d’une Action d’alerte précoce : Les fausses alertes pas crier au réponse à des alertes bien ciblées ne diminue sont une bonne occasion d’expliquer aux loup (après de fausses pas quand elles ne sont pas trop fréquentes et communautés que c’est l’incertitude inhérente alarmes, la qu’elles sont bien expliquées. de la situation qui en est à l’origine plutôt que le population va ignorer les manque de professionnalisme. alertes) Mythe : La Les cas de panique existent mais ils sont rares. Action d’alerte précoce : insister sur l’utilisation des population Les individus adoptent généralement des actions routes d’évacuation clairement marquées qui conduisent d’adaptation rationnelles, même quand ils ont très aisément aux abris. Effectuer régulièrement des exercices panique peur. Les recherchent montrent que la panique ne se et des simulations. Les alertes publiques efficaces et produit que dans des espaces physiquement clos, qui données en temps utile peuvent contribuer en grande disposent de sorties inadaptés et qu’il y a une menace partie à réduire le risque de panique dans une situation immédiate et claire. d’urgence. Un bon leadership minimisera également la panique. Mythe : Les individus ne répondent pas aux premières alertes – en Action d’alerte précoce : Calculer ce délai dans Action tout cas pas immédiatement. Ils auront d’abord tendance la stratégie de communication. Insister sur la à recouper l’information avec les voisins, les collègues, redondance des messages, plus le message est immédiate les médias disponibles. Les recherches montrent que les et suivie individus ne vont pas suivre aveuglément les instructions entendu, plus il sera considéré comme crédible d’un message d’alerte sauf si l’on explique la raison de ces et plus les instructions seront suivies. instructions. Les individus recouperont alors à nouveau l’information jusqu’à ce que ces raisons leur semblent justifiées. 17
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Systèmes communautaires d’alerte précoce : principes directeurs Tableau 3 : Dissiper les mythes relatifs à l’alerte 4. Cadres politiques et juridiques internationaux des alertes précoces L’alerte précoce est un impératif politique et juridique mondial. Il s’agit d’une obligation inscrite dans la Déclaration de Rio sur l'environnement et le dével- oppement (1992), la stratégie Yokohama (1994) et le Cadre d’action de Hyogo (CAH, 2005). Elle est également implicite dans les obligations de droits de l’homme de la plupart des pays, que ce soit dans le droit national ou interna- tional, qui incluent notamment le droit à la vie, à l’égalité et à la santé. Pour la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, l’alerte précoce est également mentionnée spécifiquement dans les principaux documents stratégiques. Les principes 18 et 19 de la Déclaration de Rio stipulent que les Etats ont un « devoir d’information », ce qui comprend notamment la notification immédiate de toute « catastrophe ou autre situation d’urgence susceptible de produire des effets négatifs sur l’environnement », et la « notification préalable et en temps opportun et la diffusion d’informations aux Etats susceptibles d’être touchés par les effets environnementaux transfrontaliers significatifs de certaines ac- tivités2». La plupart des aléas environnementaux relèvent de cette catégorie, et doivent faire l’objet d’alertes précoces entre les Etats. Par ailleurs, le Principe 10 de la Déclaration de Rio demande la participation de tous les citoyens concernés aux questions environnementales et exige que les individus obtiennent « un bon accès aux informations relatives à l’environnement et détenues par les autorités publiques. » La stratégie Yokohama (1994) insiste sur l’amélioration des alertes précoces, des technologies plus rentables et a même demandé la création d’un Fond d'affectation spéciale pour la prévention des catastrophes naturelles pour fi- nancer « la mise en œuvre et le renforcement des systèmes d’alerte précoce des pays en développement exposés aux catastrophes – et particulièrement des Etats les moins avancés, des Etats sans littoral et des petits Etats insulaires en développement ». Le CAH de 2005 a ajouté une dimension humaine à l’impératif politique de l’alerte précoce – renforçant ainsi la responsabilité, non pas entre les Etats mais entre les 2 De même, les lignes gouvernements nationaux et les communautés à risque. Ce Cadre d’action exige directrices relatives généralement la mise en place de « systèmes d’alerte rapide axés sur les popu- à la facilitation et à la réglementation lations, qui, en particulier, permettent d’alerter en temps voulu les personnes nationales des opérations menacées en leur adressant des messages qui leur soient compréhensibles, tien- internationales de secours et nent compte des caractéristiques des publics visés (démographie, sexe, culture d'assistance au relèvement initial en cas de catastrophe, et moyens de subsistance), donnent des instructions sur la marche à suivre en adoptées par les Etats cas d’alerte et contribuent au bon déroulement des opérations menées par les parties aux Conventions de Genève en 2007, exhorte les responsables des interventions en cas de catastrophe et les autres décideurs ». Le Etats à mettre en place des CAH insiste donc sur l’aspect de communication des alertes rapides. L’expression procédures permettant de « Axé sur les populations » va au-delà du concept de communauté comme récep- faciliter le partage rapide d’informations relatives aux trices et inclut les situations dans lesquelles les populations pourraient égale- catastrophes, y compris ment produire des informations d’alerte rapide. les aléas émergents qui pourraient être à l’origine de catastrophes, avec les Un SAP efficace contribue activement aux cinq priorités d’action du CAH mais autres Etats et avec les la priorité 2 y fait spécifiquement référence : « Mettre en évidence, évaluer et organisations humanitaires prêtant assistance, surveiller les risques de catastrophe et renforcer les systèmes d’alerte rapide. » notamment le Coordonnateur Cette priorité vise principalement les composantes de connaissance des risques des secours d'urgence » 18
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