Tube digestif et diabète - ateLier atteinte digestive au cours du diabète

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atelier Atteinte digestive au cours du diabète

Tube digestif et diabète
Philippe Ducrotté, Guillaume Gourcerol

L    e diabète, qu’il soit de type 1 ou 2, est
     une maladie de plus en plus préva-
lente. En France, la population diabétique
                                                 Physiopathologie de l’atteinte
                                                 digestive au cours du diabète
                                                                                                 inflammatoires et ischémiques micro-vas-
                                                                                                 culaires secondaires à des altérations des
                                                                                                 vasa vasorum déterminent l’apparition
est chiffrée actuellement à 3 millions d’in-        Elle est multifactorielle.                   de cette neuropathie qui est entretenue et
dividus. Avec 400 nouveaux cas diagnos-                                                          même aggravée par un diabète mal équi-
tiqués chaque jour, elle sera voisine de 5       L’atteinte nerveuse [2-6]                       libré.
millions à l’horizon 2022.                                                                           Sur le plan digestif, la neuropathie
    Le diabète peut affecter le tube digestif         Elle concerne à la fois le réseau neu-     autonome se traduit avant tout par une gas-
à tous les niveaux [1]. Cette gastro-entéro-     ronal entérique (SNE), riche réseau neu-        troparésie et des troubles du transit, prin-
pathie diabétique peut concerner jusqu’à         ronal organisé sous la forme de deux            cipalement une constipation. L’atteinte
75% des patients dans certaines séries.          plexus (myentérique et sous-muqueux)            autonome provoque aussi des troubles
Certaines manifestations, telle qu’une gas-      et comportant des neurones sensoriels           cardio-vasculaires (tachycardie de repos,
troparésie, vont affecter l’histoire natu-       et moteurs ainsi que des inter-neurones,        incapacité de s’adapter à l’effort, hypoten-
relle de la maladie diabétique en com-           et le système nerveux extrinsèque. Dans         sion orthostatique), des troubles de l’érec-
promettant l’équilibre du diabète avec un        les conditions normales, l’échange d’in-        tion, une mauvaise adaptation pupillaire à
impact sur la mortalité et la morbidité de       formations sensitives et motrices entre le      l’obscurité, une dysurie et une incapacité
la maladie diabétique. D’autres, comme           SNE et le système nerveux central via le        à ressentir correctement les symptômes
les troubles du transit, altérent avant tout     système nerveux extrinsèque conditionne         d’une hypoglycémie.
la qualité de vie des malades. Toutes            le fonctionnement normal du tube diges-             Cette neuropathie autonome est asso-
ces manifestations sont à l’origine de           tif, notamment lors de la prise alimen-         ciée à une surmortalité avec une mortalité
dépenses de santé notables en raison des         taire. Au cours de la maladie diabétique,       à 10 ans de 29 %, contre seulement 6 %
hospitalisations très fréquentes qu’elles        ces 2 systèmes peuvent être touchés et la       chez les patients indemnes. La mortalité
provoquent                                       perturbation de leur échange d’informa-         est avant tout en rapport avec les troubles
    Les conséquences du diabète sur le           tions contribue à la survenue de troubles       cardio-vasculaires.
tube digestif et l’augmentation d’inci-          moteurs et/ou à l’altération de la sensibi-
dence de la maladie vont nous amener à           lité digestive.                                 L’atteinte du SNE [4-6]
être de plus en plus confrontés aux consé-                                                           Elle est de description plus récente.
quences digestives de la maladie diabé-          La neuropathie autonome [2-3]                       Les modèles expérimentaux d’ani-
tique. Deux aspects particuliers ne seront           Elle est la mieux connue car elle           maux rendus diabétiques par injection de
pas abordés dans cette mini-revue : a) les       affecte près d’un malade diabétique sur         streptozotocine, révèlent que le diabète
modifications du microbiote intestinal           deux après 20 ans d’évolution du diabète.       s’associe précocement à une dégénéres-
qui peuvent conduire à l’apparition d’un         Les lésions concernent les petites fibres       cence neuronale à tous les niveaux du tube
diabète de type 2, b) le problème géné-          amyéliniques des systèmes sympathique           digestif. Les pertes neuronales initiales
ral de l’apport de la chirurgie bariatrique      et parasympathique, ainsi que le pneu-          concernent principalement les neurones
et de ses conséquences fonctionnelles            mogastrique et les ganglions et les troncs      à effet moteur inhibiteur via la libération
lorsqu‘elle est proposée comme traitement        nerveux sympathiques. Elle est liée à une       de substances, avant tout le monoxyde
de fond d’un diabète de type 2.                  micro-angiopathie. Des phénomènes               d’azote (NO) mais aussi le VIP ou le neu-

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atelier

 ropeptide Y. Inversement, les neurones         Les perturbations hormonales [9-10]              néphropathie, d’une rétinopathie et/ou
 excitateurs à acétylcholine ou à subs-             Une raréfaction des cellules endo-           d’une neuropathie diabétique. L’incidence
 tance P sont préservés. Chez l’homme,          crines et une diminution de leur sécré-          cumulée de la gastroparésie est seulement
 des lacunes plus ou moins étendues dans        tion ont été mises en évidence chez le           de 1 % dans le diabète de type 2.
 le maillage neuronal, la perte de neurones     sujet diabétique. Ces sécrétions hormo-               Sont évocateurs des vomissements
 nitrergiques et la raréfaction des cellules    nales anormales contribuent aux troubles         réguliers qui soulagent un inconfort épi-
 de Cajal ont été rapportées chez les diabé-    de la motricité et de l’absorption. Le rôle      gastrique, une plénitude épigastrique
 tiques de type 1 et 2 souffrant d’une gas-     d’une réduction du pool des cellules sécré-      post-prandiale avec sensation de diges-
 troparésie. Ces anomalies étaient d’autant     tant de la ghréline est notamment mis en         tion prolongée, une satiété précoce et/ou
 plus marquées que le diabète était sévère.      avant [10].                                     des nausées. Le déclenchement ou l’ag-
 Un stress oxydatif accru provoquant la                                                          gravation de la symptomatologie par la
 production de radicaux libres, une inflam-     Le rôle du mauvais équilibre                     prise alimentaire renforce la suspicion
 mation d’origine gliale, la réduction de       glycémique [1]                                   diagnostique. Cependant, seulement 40 %
 certains facteurs neurotrophiques (neuro-                                                       des malades décrivant de tels symptômes
 trophine-3, facteur de croissance d’origine         Le mauvais équilibre glycémique, qui        souffrent réellement d’une gastroparé-
 insulinique) sont autant d’éléments contri-    peut être favorisé par l’existence d’une         sie. Dans certains cas, les mêmes symp-
 buant aux altérations neuronales et à une      gastroparésie, est un élément majeur dans        tômes peuvent même témoigner d’une
 apoptose excessive.                            la survenue de la gastro-entéropathie dia-       vidange anormalement rapide. Une dou-
                                                bétique.                                         leur abdominale épigastrique ou péri-
 L’atteinte intestinale                              L’équilibre glycémique a un effet           ombilicale, volontiers quotidienne, parfois
 proprement dite                                direct sur la motricité digestive par des        permanente, est un autre mode de révéla-
                                                mécanismes mal élucidés, au moins par-           tion d’une gastroparésie. Nocturne dans
 L’augmentation de la perméabilité              tiellement hormonaux. Quand la glycémie          près de 2/3 des cas, elle perturbe le som-
 intestinale [7]                                s’élève au-dessus de 8 mmol/L la motri-          meil d’un malade sur deux. Chez certains
      La qualité de la barrière intestinale,    cité antro-pyloro-duodénale est altérée.         malades, la douleur est décrite comme un
 notamment sa perméabilité, est essentielle     L’hyperglycémie contribue également à            ballonnement gênant, de siège sus-ombili-
 pour que l’interaction entre le milieu lumi-   l’agression des neurones entériques en           cal.
 nal et le système immunitaire intestinal se    induisant un stress oxydatif et une apop-             Parmi les malades gastroparétiques, les
 fasse de façon optimale. Une augmenta-         tose qui affectent les voies métaboliques        diabétiques ont une particularité : la gas-
 tion de la perméabilité intestinale, essen-    intracellulaires et le fonctionnement de la      troparésie peut être pauci symptomatique
 tiellement para-cellulaire, existe dans        glie. Ces effets de l’hyperglycémie contri-      et les vomissements sont souvent absents.
 le diabète de type 1 et 2. Elle est mise en    buent à la fois aux troubles moteurs et sen-     Dès lors, il est important d’évoquer la gas-
 cause dans l’apparition du diabète 1 et 2      sitifs digestifs observés chez les diabé-        troparésie devant des signes indirects :
 mais également dans celle la gastro-enté-      tiques [6,11].                                   perte de poids mal comprise, symptoma-
 ropathie du diabétique. Ces anomalies pré-                                                      tologie de reflux gastro-oesophagien mal
 cèdent l’apparition des symptômes diges-       Les différentes atteintes                        contrôlée par un traitement anti-sécré-
 tifs.                                                                                           toire bien suivi, difficultés d’équilibration
                                                digestives et leur traitement
                                                                                                 du diabète. Dans le diabète de type 1, la
 Les anomalies du microbiote [8]                                                                 gastroparésie désynchronise l’horaire des
     L’importance du microbiote intes-          L’atteinte digestive haute                       pics glycémiques post-prandiaux par rap-
 tinal est de plus en plus mise en avant                                                         port aux horaires proposés des injections
 dans de nombreuses pathologies diges-              Elle est particulièrement délétère car       d’insuline et favorise les accidents hypo-
 tives. Des modifications du microbiote         elle altère la qualité de vie mais contribue     glycémiques. Dans le diabète de type 2,
 existent au cours du diabète, surtout de       aussi au mauvais équilibre du diabète.           la gastroparésie favorise la mauvaise bio-
 type 2, avec notamment une diminution                                                           disponibilité des anti-diabétiques oraux,
 des Bactéroidetes et une augmentation des      La gastroparésie diabétique [12-14]              source d’hyperglycémies.
 Firmicutes. Ces modifications paraissent           Le diabète, qu’il soit de type 1 ou 2, est        Du fait de l’absence de corrélation
 favorisées par un apport alimentaire lipi-     la cause dans 30 % des cas d’un ralentis-        entre les symptômes et la réalité d’une
 dique élevé. Les changements dans l’éco-       sement objectif de la vidange gastrique,         gastroparésie, une mesure objective de
 système intestinal pourraient également        en l’absence de tout obstacle mécanique          la vidange gastrique est utile pour assoir
 jouer un rôle via la modification des acides   (définition d’une gastroparésie). Dans le        le diagnostic. Si la méthode de référence
 biliaires endo-luminaux qu’ils entraînent.     diabète de type 1, l’incidence cumulée de        demeure la scintigraphie, une étude de
 Lorsque des troubles moteurs intestinaux       cette gastroparésie sur 10 ans est de 4,8 %,     cette vidange avec un test respiratoire à
 apparaissent, une pullulation microbienne      avec une survenue particulièrement fré-          l’acide octanoïque marqué par le 13C, iso-
 est souvent détectée.                          quente chez les malades atteints d’une           tope stable du carbone, est envisageable.

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La prise en charge efficace                    demeure à démontrer [16]. La difficulté         20 % des malades avec neuropathie péri-
de la gastroparésie demeure                    clinique réside dans la difficulté d’identi-    phérique étaient porteurs d’une œsopha-
un challenge pour le clinicien                 fier, dans la pratique, les malades diabé-      gite ulcérée asymptomatique. La prise en
     La première ligne de mesures s’ap-        tiques gastroparétiques ayant un spasme         charge du RGO et des troubles moteurs de
puie sur des recommandations hygiéno-          pylorique. L’effet symptomatique de la          l’œsophage chez les diabétiques n’a rien
diététiques (fragmentation de la prise         SEG a été décrit dans des gastroparésies        de spécifique.
alimentaire, réduction de la fraction lipi-    diabétiques, sévères (vomissements pluri-
dique et de l’apport en fibres), la sup-       quotidiens avec retentissement nutrition-       L’atteinte du tube digestif bas
pression des médicaments ralentissant la       nel) et réfractaires à tous les traitements
vidange gastrique, la normalisation de la      avec un gain pondéral et, dans certaines            Elle contribue de façon importante
glycémie et le recours aux prokinétiques       séries, une équilibration plus facile du dia-   à l’altération de la qualité de vie des
[12,15].                                       bète avec une baisse du chiffre d’hémoglo-      malades
     Le métoclopramide est efficace mais la    bine glycosylée [17].
fréquence de ses effets secondaires (20 %)         Quand la perte de poids excède 10 %,        Les troubles du transit
en limite l’utilisation. L’utilisation de la   le recours à l’alimentation artificielle se
dompéridone est désormais déconseillée         discute. Du fait de sa moindre morbi-               • La diarrhée [22]
en raison du risque de troubles du rythme      dité et de sa meilleure efficacité, la nutri-       Une diarrhée chronique survient chez
qui n’est pas contrebalancée par une effi-     tion entérale, en site duodénal ou jéjunal,     3 à 22 % des diabétiques selon les études.
cacité symptomatique démontrée à moyen         est à préférer à la nutrition parentérale.      Cliniquement, il s’agit d’une diarrhée plu-
terme. L’érythromycine et l’azithromycine      L’intérêt d’une solution chirurgicale telle     tôt motrice, explosive, volontiers intermit-
ont des propriétés prokinétiques surtout à     qu’une diversion duodénale, est très dis-       tente. Les selles sont abondantes, plutôt
doses fortes (200 mg infusés en 20 à 30        cuté [15].                                      aqueuses, fréquentes (plus de 10 selles par
minutes en administration intraveineuse,                                                       jour), souvent nocturnes. Une stéatorrhée
250 mg toutes les 6 à 12 heures, avant les     L’atteinte œsophagienne                         est possible. La diarrhée peut être associée
repas, par voie orale pour l’érythromy-             Les troubles moteurs œsophagiens           à une incontinence fécale et doit être dis-
cine) mais l’hyperglycémie diminue leur        au cours du diabète sont non spécifiques        tinguée d’une fausse diarrhée de constipa-
efficacité, un phénomène de tachyphylaxie      [18-20]. Ils seraient retrouvés chez plus       tion, également fréquente.
est problématique lors d’une utilisation       d’un diabétique sur deux décrivant des              Toutes les causes de diarrhée des non
prolongée et l’érythromycine, substrat et      symptômes orientant vers le tube diges-         diabétiques peuvent être retrouvées chez
inhibiteur du cytochrome P450 3A4, inte-       tif haut, même en l’absence de dysphagie        les diabétiques, mais il faut systématique-
ragit avec le métabolisme hépatique de         caractérisée. Les contractions sont mal ou      ment éliminer une diarrhée provoquée par
nombreux médicaments tels que le fluco-        non propagées et/ou d’amplitude réduite,        la prise de biguanides (GLUCOPHAGE®,
nazole, le kétoconazole, le vérapamil ou le    parfois répétitives. Un défaut de relaxa-       STAGID®…), une diarrhée avec stéator-
diltiazem. La co-administration d’Erythro-     tion du sphincter inférieur de l’œso-           rhée due à une pancréatite chronique, une
mycine avec des médicaments allongeant         phage est possible avec, au maximum,            diarrhée secondaire à une hyperthyroïdie
l’espace QT est à éviter de façon formelle     un tableau manométrique d’achalasie.            associée au diabète ou encore une diar-
car l’érythromycine augmente le risque         L’atteinte œsophagienne, en contrariant         rhée due à une maladie cœliaque à laquelle
d’allongement de l’intervalle QT et de         la prise alimentaire, est délétère pour         ferait penser un syndrome de malabsorp-
torsade de pointe surtout dans les 4 jours     l’équilibre du diabète.                         tion.
suivant l’institution du traitement et en           Un reflux gastro-œsophagien                    La diarrhée diabétique elle-même est
cas de cardiopathie sous-jacente. Le pru-      (RGO) est décrit par 14 % des malades           une diarrhée hydrique, fécale, non san-
calopride, agoniste 5-HT4, peut être testé     diabétiques, plus volontiers dans le diabète    glante, indolore, présentant deux carac-
mais son effet moteur gastrique est moins      de type 2 (prévalence entre 25 et 41 %),        téristiques cliniques essentielles : la
net que celui décrit au niveau du côlon.       notamment par les malades dont le dia-          fréquence des selles, allant de 10 à 30
Les analogues de la ghréline sont en cours     bète évolue depuis plus de 10 ans [21]. Il      selles par jour, impérieuses, survenant
d’évaluation.                                  peut être favorisé par une gastroparésie qui    souvent après les repas et parfois la nuit
     L’échec de ces mesures de première        augmente le contenu gastrique susceptible       ou à l’occasion d’une hypoglycémie.
intention conduit à discuter l’option d’un     de refluer. L’altération du péristaltisme       Elle s’accompagne dans 50 % des cas,
traitement endoscopique ou une stimu-          œsophagien retarde la clairance acide           d’une incontinence fécale. L’évolution
lation électrique à haute fréquence de         œsophagienne et accroît le risque d’œso-        se fait par poussées de quelques jours à
l’estomac (SEG). Un spasme pylorique           phagite. Dans certaines séries, la neuropa-     quelques semaines, suivies d’un retour
peut expliquer certaines gastroparésies        thie viscérale est apparue un facteur indé-     du transit à la normale ou même assez
diabétiques. Mais l’utilité de dilatations     pendant de risque d’œsophagite liée à une       fréquemment d’une constipation. Cette
pneumatiques pyloriques ou d’injections        moindre sensibilité muqueuse œsopha-            rythmicité est donc bien différente de
intra-sphinctériennes de toxine botulique      gienne aux épisodes de reflux [19]. Plus de     celle de la fausse diarrhée des constipés.

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 Fait particulier, cette diarrhée s’accom-        moteurs du grêle, notamment l’absence de         teurs coliques à la distension, secondaire
 pagne dans 50 % des cas d’une stéator-           complexes moteurs migrants [24].                 à l’hyperglycémie [27]. Parallèlement, la
 rhée modérée, sans déficit pancréatique              Le diagnostic demeure difficile. Le          diminution de la sensibilité rectale contri-
 externe ou atrophie villositaire et sans         tubage duodénal protégé est réservé à            bue à des troubles de l’évacuation rec-
 syndrome de malabsorption majeur ni              quelques centres et ne détecte pas une           tale en émoussant le besoin exonérateur
 amaigrissement.                                  pullulation iléale. Un test respiratoire à la    [28, 29].
     La diarrhée du diabétique est souvent        recherche d’une production d’hydrogène               D’un point de vue thérapeutique,
 multifactorielle. Celle spécifiquement rat-      précoce après charge orale en glucose est        outre l’équilibre glycémique optimal et
 tachée à une complication du diabète est         une alternative disponible dans quelques         les règles hygiéno-diététiques habituelles,
 majoritairement présente chez les diabé-         centres. Le plus souvent, le diagnostic est      la prise en charge n’a rien de spécifique.
 tiques de type 1, notamment les hommes           envisagé de principe et un traitement anti-      Dans les constipations de transit résistant
 (sexe ratio : 3/2), surtout lorsque la durée     biotique d’épreuve est proposé à la fois         aux laxatifs usuels, le prucalopride, ago-
 d’évolution de leur diabète insulino-            comme test diagnostique et comme trai-           niste sélectif des récepteurs sérotoniner-
 dépendant dépasse 8 ans, et qu’une neu-          tement. Les fluoroquinolones représentent        giques de type 5-HT4 peut être essayé,
 ropathie autonome existe. La neuropathie         l’antibiothérapie de choix, en raison de         avec une prise quotidienne unique de
 autonome ou viscérale diabétique altère          leur pouvoir bactéricide sur la majorité         2mg, réduite à 1 mg en cas d’insuffisance
 les motricités grêlique (interdigestive et       des entérobactéries et de leur spectre épar-     rénale. Un ralentissement distal sur le
 postprandiale) et colique : disparition des      gnant les bactéries anaérobies. En pra-          temps de transit des marqueurs amène à
 complexes migrants moteurs absents, acti-        tique, la mono-antibiothérapie orale de 7        proposer un traitement adapté, éventuel-
 vité de type Phase II continue, contrac-         à 10 jours est l’attitude conseillée par la      lement discuté à partir des résultats de la
 tions non coordonnées et non propagées,          plupart des auteurs. Elle peut être répétée      manométrie ano-rectale.
 absence de réponse motrice du grêle à la         ou réalisée en alternance avec une autre
 prise alimentaire, diminution des contrac-       classe thérapeutique en cas de rechute. Un       L’incontinence fécale [1]
 tions propulsives duodénales, et augmen-         antibiotique très peu absorbé, la rifaximine         Environ 10 % des diabétiques se
 tation des contractions rétrogrades. Ces         est une nouvelle option [25]. Avec l’anti-       plaignent d’une incontinence fécale
 anomalies motrices provoquent souvent            biothérapie, la réduction des apports en         active ou passive. L’incontinence est à
 une pullulation bactérienne endo-lumi-           lactose peut être bénéfique.                     différencier de la diarrhée, qu’elle peut
 nale qui aggrave la diarrhée [23, 24].               Lorsque la pullulation est liée à la dis-    masquer ou aggraver. Elle est une source
 Au niveau du côlon, la perte des méca-           parition des phases III dans le grêle, il est    majeure d’altération de la qualité de vie
 nismes inhibiteurs de contrôle (VIP, NO)         logique d’essayer d’en induire pharmaco-         chez les malades, notamment lorsque les
 secondaire au diabète accroît la motri-          logiquement : la trimébutine (dose mini-         accidents sont nocturnes, interrompant le
 cité. L’effet diarrhéogène de ces troubles       male : 600 mg/jour), l’érythromycine à           sommeil.
 moteurs est accentué par l’altération des        faible dose (40 à 50 mg) ou surtout l’oc-            La physiopathologie de l’inconti-
 capacités d’absorption hydro-électroly-          tréotide (50 à 100 µg par voie sous-cuta-        nence anale n’est pas encore très claire.
 tique coliques.                                  née, 1 à 3 fois par jour) [26], sont des solu-   Les études d’hyperglycémie provoquée
     Sur le plan thérapeutique, les ralen-        tions thérapeutiques potentielles.               chez les sujets sains suggèrent que l’hy-
 tisseurs du transit d’utilisation courante                                                        perglycémie altère le besoin exonérateur
 sont préconisés en première intention. En            • La constipation                            [28, 29] alors que la contraction volontaire
 cas d’échec, la colestyramine (1 sachet,             Vingt à 44 % des sujets diabétiques          du sphincter anal est conservée chez ces
 trois fois par jour avant les repas) peut être   souffriraient de constipation ou auraient        patients. L’existence d’une neuropathie
 essayée. Cette résine permet de séquestrer       recours à l’utilisation de laxatifs [1]. Cette   autonome qui augmente le seuil de sensi-
 les acides biliaires synthétisés en excès par    constipation peut être autant une consti-        bilité rectale augmente le risque d’incon-
 l’absence de régulation entérocytaire. Une       pation de transit que la conséquence d’un        tinence [2].
 autre résine, le colésévélam serait plus         trouble de l’évacuation rectale.
 efficace et moins toxique.                           Les mécanismes qui favorisent le             Conclusions
                                                  ralentissement du transit colique chez le
    • La pullulation microbienne :                diabétique sont la diminution du réflexe             L’atteinte digestive au cours du dia-
 une cause à ne pas méconnaître [23]              gastro-colique précoce et tardif, la dimi-       bète peut revêtir plusieurs aspects, souvent
    Elle expliquerait près d’une diarrhée         nution du réflexe péristaltique par atteinte     associés. Son traitement repose en pre-
 chronique sur deux chez le diabétique.           du SNE, l’augmentation de l’amplitude            mière intention sur les traitements symp-
 En cas de pullulation, le nombre de selles       des contractions coliques segmentaires           tomatiques usuels et l’optimisation de
 quotidiennes et le nombre de symptômes           spontanées par la libération en excès de         l’équilibre glycémique. Une approche plu-
 gastro-intestinaux augmentent. Sa pré-           neurotransmetteurs excitateurs et/ou un          ridisciplinaire associant le diabétologue,
 sence n’est pas corrélée avec la durée du        défaut de neurotransmetteurs inhibiteurs,        le gastroentérologue et le nutritionniste
 diabète. Elle est favorisée par les troubles     et la moindre réponse des mécanorécep-           est souvent nécessaire. En cas de difficul-

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atelier

                                                        Références                                               15. Abell TL & Berstein RK. Neurogastroenterol
tés, des thérapeutiques plus spécifiques                                                                             Motil 2006 ; 18:263.
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philippe.ducrotte@chu-rouen.fr                                107:82.                                                108:1700.

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