UN MAGAZINE ET D'OUVERTURE DE DÉBATS, DE DÉCRYPTAGE - Mutualité Française
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UN MAGAZINE DE DÉBATS, DE DÉCRYPTAGE ET D’OUVERTURE REPORTAGE ACTEUR DATA DÉCRYPTAGE FACE-À-FACE POINT DE VUE Le monde change avec le mutualisme
MAGAZINE TRIMESTRIEL DE LA MUTUALITÉ FRANÇAISE •D es convictions fondées sur la démocratie et le progrès social •U ne contribution des mutuelles au débat d’idées en collaboration avec des think tanks de tous horizons MULTIPLIER LES POINTS DE VUE • Comprendre la réalité du terrain • Donner la parole aux acteurs • Confronter les opinions et les expertises RÉFLÉCHIR SUR LES TRANSFORMATIONS DE LA SOCIÉTÉ •D écryptage de l’évolution de l’environnement des mutuelles, de la protection sociale et de la santé • Mise en lumière d’expériences innovantes REPORTAGE ACTEUR DATA DÉCRYPTAGE FACE-À-FACE POINT DE VUE
Avril 2021 MUTATIONS #22 MUTATIONS ADDICTIONS AGIR SUR TOUS SOMMAIRE LES DÉTERMINANTS REPORTAGE ADDICTIONS : L’EXPÉRIENCE P. 4 DES PATIENTS S’INVITE Avec de réels impacts sur le bien-être physique, DANS LES SOINS Au sein du service de psychiatrie mental et social des personnes qui y sont confrontées, et d’addictologie de Bichat-Beaujon, les patients-experts interviennent auprès les addictions ont des effets délétères sur toutes des malades et coaniment des groupes de parole avec les professionnels de santé. les dimensions de la santé, telle que définie par l’OMS. Elles mettent aussi en lumière l’intrication des facteurs ACTEURS P. 10 qui influencent notre santé. Sont en cause les déterminants Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), socioculturels, comme la tolérance à l’égard de certaines à Villejuif, et président du Fonds Actions Addictions. pratiques ou consommations, mais aussi les caractéristiques LE PIÈGE CÉRÉBRAL DE L’ADDICTION biologiques et génétiques de chacun. Enfin, comme Auteure des Ados et l’alcool, Guylaine Benech est consultante le soulignent plusieurs études internationales*, P. 14 et formatrice en santé publique. les comportements individuels jouent un rôle essentiel. JEUNES ET ALCOOL : L’URGENCE D’UN PLAN “NATIONAL, Dès lors, pour prévenir ou soigner ces addictions, COHÉRENT ET AMBITIEUX” il est primordial de mettre en place un éventail d’actions sur l’ensemble de ces plans. À l’instar du secteur de la santé DATA P. 18 mentale, les parcours de soins et d’accompagnement doivent ADDICTIONS : QUI EST CONCERNÉ ? être structurés avec des prises en charge plus précoces et mieux coordonnées entre les différents acteurs. DÉCRYPTAGE P. 20 Les dimensions de santé publique et de prévention sont LA SOCIÉTÉ DEVIENT-ELLE également capitales pour faire évoluer les mentalités, PLUS ADDICTOGÈNE ? Certains discours font craindre que nos modes peser sur les facteurs socioculturels et inciter de vie actuels favorisent les addictions. Analyse de la situation des dépendances en France à des changements de comportements individuels. et des priorités en matière de santé publique. Dans ces domaines, les efforts doivent être amplifiés, en visant notamment à réduire les inégalités sociales, FACE-À-FACE P. 26 REGARDS SUR UN MONDE CANNABIS : LES CONSÉQUENCES EN TR A NSFORM ATION très marquées en matière d’addiction. D’UNE LÉGALISATION Fortes de leurs actions de prévention, de la prise en charge Débat entre Arnaud Robinet, maire de Reims, et Jean Costentin, président du Centre national financière qu’elles prodiguent et de leurs établissements, de prévention, d’études et de recherches en toxicomanies. #22 comme ceux consacrés à l’addictologie, les mutuelles AVRIL 2021 TRIMESTRIEL contribuent à cet effort. Elles sont bien placées pour innover POINT DE VUE P. 30 10 € et concevoir de nouveaux outils exploitant le caractère Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique. multifactoriel des déterminants de l’addiction. JEUNES ET ADDICTIONS : UN DÉSASTRE SILENCIEUX Thierry Beaudet LES NEWS P. 34 Président de la Mutualité Française * Pour plus d’informations : determinantsofhealth.org N° ISSN : 2491-5467 3
DÉCRYPTAGE Avril 2021 MUTATIONS #22 La société devient-elle plus addictogène ? Face aux évolutions sociétales, des discours anxiogènes font craindre que nos modes de vie actuels soient de plus en plus propices aux addictions. Devons-nous redouter l’hyperconnexion numérique ? Analyse de la situation des dépendances en France et des priorités en matière de santé publique. Textes : Paula Ferreira © Adobe Stock 20 21
DÉCRYPTAGE Avril 2021 MUTATIONS #22 La société de plus de moitié en France, cette diminution étant essentielle- prennent le dessus. Le tabac et l’alcool occupent toujours les élèves en ont consommé, mais seulement 7,8 % de façon régu- Le trouble du jeu vidéo est une maladie devient-elle ment imputable à la baisse de la première et deuxième places des lière. La proportion de lycéens consommation de vin », indique addictions les plus répandues ayant testé la cigarette a décru de Une nouvelle classification l’OFDT. Cet organisme précise en France, suivis du cannabis », 60,9 % à 53 %, et celle de ceux qui internationale des maladies plus que les ventes de tabac ont lar- fait-il valoir. fument tous les jours de 23,2 % (CIM-11) devrait entrer en gement décliné au cours des der- à 17,5 %. En revanche, leurs ni- vigueur le 1er janvier 2022. nières années : 46 962 tonnes ven- REPLI DES USAGES CHEZ LES ADOS veaux de consommation d’alcool L’Organisation mondiale de la addictogène ? santé (OMS) a adopté en mai 2019 dues en 2019, contre 64 771 tonnes • stagnent : 16,7 % en ont bu au DR la onzième révision de cette liste, en 2005. Cette tendance résulte Selon la Mission interministérielle moins dix fois dans le mois, et qui inclut désormais le trouble des campagnes d’information, des de lutte contre les drogues et les 49,5 % des lycéens ont déjà été du jeu vidéo. Celui-ci se définit M “Le tabac et l’alcool avertissements sanitaires sur les conduites addictives (Mildeca), ivres. Près de neuf élèves de ter- comme « un comportement lié à la ondialisation, recherche paquets de cigarettes, et surtout la France compte en effet 14 mil- minale sur dix ont goûté à l’alcool. pratique des jeux vidéo ou des jeux occupent toujours numériques, qui se caractérise incessante de la perfor- des hausses de prix. lions de fumeurs quotidiens dans mance, difficultés éco- les première et deuxième la tranche d’âge des 11 à 75 ans. UNE LIBERTÉ PERDUE par une perte de contrôle sur le jeu, nomiques, perte du lien places des addictions les NOUVELLES HABITUDES SOCIALES Chaque année, 75 000 décès sont • une priorité accrue accordée social… L’évolution de la société plus répandues en France, • attribuables au tabac. S’agissant Pour les parents d’un adolescent au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt accentue-t-elle les vulnérabili- suivis du cannabis.” Les habitudes sociales ont aussi de l’alcool, 3,4 millions de per- ou l’entourage d’un adulte, il est et activités quotidiennes, et par la tés des concitoyens au point de radicalement changé au sein de la sonnes ont une consommation à parfois compliqué de distinguer un poursuite ou la pratique croissante favoriser les addictions, voire le Bernard Basset, société française. « Au début du risque, et 41 000 décès annuels usage excessif d’une dépendance. médecin de santé publique, du jeu en dépit de répercussions développement de dépendances xxe siècle, le contrat de travail des sont à déplorer. Le cannabis « On parle d’addiction quand une dommageables ». président de l’association Addictions France. contemporaines telles que l’hyper- bûcherons comprenait plusieurs est la substance illicite la plus substance ou une conduite enva- Ce problème ne touche connexion numérique ? litres de vin par jour. Et jusque consommée : 18 millions d’ex- hit votre vie, qu’il n’y a plus d’es- qu’une infime partie « La réponse est non ! », lance dans les années 1970, au service périmentateurs, 1,5 million de pace de liberté. La vie se rétrécit des utilisateurs. Néanmoins, d’emblée Bernard Basset, pré- militaire, il y avait un paquet de consommateurs réguliers, dont autour de la dépendance, ce qui l’OMS invite chaque joueur sident de l’association Addictions cigarettes dans la ration du sol- 900 000 usagers quotidiens. En entraîne une désocialisation. Le à « être attentif au temps passé sur les jeux, en particulier si ses France. « Même si une crise éco- dat », souligne Bruno Falissard. comparaison, la consommation processus est identique pour les activités quotidiennes en pâtissent, nomique ou une pandémie, comme « Au Royaume-Uni, où le mode de problématique des autres drogues addictions comportementales, à ainsi qu’à tout changement physique la Covid-19, peut augmenter le vie est proche du nôtre, des sta- touche 350 000 personnes. l’instar d’une personne addicte ou psychologique, sur le plan risque d’addiction chez certaines tistiques montrent que le taux de Malgré tout, l’usage du cannabis aux jeux de casino », explique social et celui de sa santé, personnes, il faut savoir qu’au prévalence du tabagisme est pas- « demeure stable, et concerne 11 % Bruno Falissard. qui pourrait être attribué milieu du xxe siècle le volume de sé de 65 % chez les hommes et de des 18-64 ans », note l’OFDT. Les De nos jours, l’opinion publique à un comportement de jeu ». personnes dépendantes à des pro- 40 % chez les femmes en 1948 à jeunes l’expérimentent générale- redoute tout particulièrement duits psychoactifs était beaucoup respectivement 17 % et 14,5 % en ment en classes de quatrième et les dangers de l’hyperconnexion plus élevé qu’aujourd’hui. Une DR 2016. Rien ne prouve que ce recul de troisième, avec respectivement numérique. Quasiment tous les valence est de 4,7 % », rapporte très forte proportion de la popula- ait été compensé par de nouvelles 7,7 % et 16,1 % de collégiens impli- jeunes ont un portable et vivent la Mildeca. Lors de la publica- tion fumait et buvait de l’alcool de addictions liées aux transfor- qués, détaille une enquête ciblant dans un foyer ultra-équipé (lire tion des résultats du Programme façon problématique », rappelle “On parle d’addiction mations sociétales », renchérit les adolescents, diffusée en juin encadré page 25). Pour certains, d’étude sur les liens et l’impact ce médecin de santé publique. quand une substance ou Bernard Basset. « Dans notre 2019 par l’OFDT. Au collège, « un le temps consacré aux écrans est des écrans sur l’adolescent scola- Bruno Falissard, pédopsychiatre une conduite envahit votre pays, c’est pareil. Nous avons as- repli global des usages » de canna- synonyme de jeux vidéo, souvent risé (Pelleas), en décembre 2014, et président du collège scientifique vie. [Celle-ci] se rétrécit sisté à la baisse des grands déter- bis, d’alcool et de tabac est consta- en ligne avec leurs homologues. l’OFDT avait indiqué que les me- de l’Observatoire français des dro- autour de la dépendance, minants de santé et à une diver- té. C’est une bonne nouvelle pour Peu de données existent afin sures les plus précises chiffraient gues et des toxicomanies (OFDT), ce qui entraîne sification de la consommation de les générations futures, puisque d’évaluer le nombre de joueurs à « 3 % la proportion d’usagers partage cet avis : « La consom- produits psychoactifs, à partir des les experts s’accordent à dire que touchés par un trouble du jeu vi- pathologiques de jeux vidéo » et, mation d’alcool a considérable- une désocialisation.” années 1960-1970, avec l’arrivée la précocité accentue la probabilité déo (lire encadré ci-contre). « A d’après une étude européenne, à ment diminué depuis la Seconde Bruno Falissard, de différentes drogues : cannabis, de devenir addict. ce jour, sur 27 études réalisées « 1,6 % [celle] des adolescents Guerre mondiale, de même que pédopsychiatre et président du collège scientifique héroïne, LSD, etc. Cependant, il Au lycée, l’expérimentation du entre 1998 et 2016 dans 14 pays âgés de 14 à 17 ans ». En France, celle du tabac. » de l’Observatoire français des drogues n’est pas démontré que les dépen- cannabis a régressé entre 2015 d’Europe, 8 pays d’Asie du Sud- « un élève sur huit aurait un usage Dès les années 1960, la prise de et des toxicomanies (OFDT). dances à des produits récents, ou et 2018, passant ainsi de 44 % à Est, les Etats-Unis et l’Australie, problématique des jeux vidéo, boissons alcoolisées a été « réduite bien à Internet et aux jeux vidéo, 33,1 %. En terminale, 42,4 % des le pourcentage moyen de pré- soit trois élèves par classe 22 23
DÉCRYPTAGE Avril 2021 MUTATIONS #22 en moyenne ». Pour autant, l’OFDT appelait à « ne pas diabo- qui m’inquiète, car, jusqu’à pré- sent, aucune étude n’a démontré tégies marketing qui poussent à la consommation », admet Des jeunes entourés d’écrans « La quasi-totalité des jeunes de 17 ans possède un téléphone portable », liser le jeu vidéo » et à « éviter de que les écrans comportent un fort Nicolas Prisse. soit 99,4 %, indique une analyse des niveaux d’usages des écrans pathologiser la pratique », qui ne risque addictogène, comme peut Quand l’addiction est avérée, à la fin de l’adolescence, publiée en octobre 2019 par l’Observatoire constitue pas, en soi, un compor- l’avoir le tabac. Une personne qui la politique de réduction des français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Dans 97,8 % des cas, tement alarmant à l’adolescence. commence à fumer va assez vite risques et des dommages est cru- il s’agit d’un smartphone qui vient s’ajouter aux écrans disponibles se retrouver dans une situation ciale. Elle a fait ses preuves de- au sein de leur domicile. L’ÉCRAN NE FAIT PAS L’ADDICTION qu’elle ne maîtrise plus », regrette puis longtemps, via les substituts Le logement principal est équipé en très grande majorité d’un ordinateur • Nicolas Prisse, président de la à l’héroïne ou les programmes (97,6 %), d’une télévision (97,4 %), d’une console de jeux (85,1%) er ni G ra « Le fait que les écrans soient © Mildeca, qui invite toutefois les d’échanges de seringues. Elle est et d’une tablette (76,6 %). A noter que sept adolescents sur dix omniprésents ne suffit pas à défi- parents à suivre les recommanda- également indiquée pour les pro- disposent d’un ordinateur dans leur chambre, et d’une télévision nir l’addiction. La plupart d’entre tions sur le bon usage des écrans. duits licites, par exemple en cas de pour près de la moitié d’entre eux. Le fait d’avoir une console dans “Pas plus de deux verres la chambre concerne davantage les garçons (57 %) que les filles (24,9 %), nous s’en servent énormément, sevrage tabagique. « Chacun peut par jour, et pas tous un résultat cohérent avec leur usage prépondérant des jeux vidéo. de manière utilitaire et non pas ACCOMPAGNEMENT ET PRÉVENTION arrêter de fumer à son rythme et Cette étude s’est penchée sur le temps consacré quotidiennement addictive. Ce n’est pas la fré- les jours. Nous devons • sans souffrance, grâce aux trai- à ces appareils, malgré la difficulté de le chiffrer sur une base déclarative. quence d’utilisation qui compte, continuer à porter Bien que ces pratiques modernes tements, remboursés par la Sé- Il en ressort que 57 % des jeunes affirment passer « au moins quatre heures mais la capacité à maîtriser cette ce message et contrer soient suivies de près, les addic- curité sociale, qui compensent le par jour » devant ces multiples écrans, et 39 % « au moins six heures », conduite sans perdre le contrôle, les stratégies marketing tions les plus mortifères subsistent manque de nicotine. Les patchs sans compter le temps passé devant leur téléphone portable. prévient Bernard Basset. Il faut naturellement en tête des priorités. à libération prolongée peuvent Seuls 3 % disent n’accorder aucun temps à ces écrans. qui poussent Par ailleurs, 48,6 % d’entre eux considèrent passer « trop de temps différencier la période de l’ado- Le tabac étant « le tueur en série être associés à d’autres formes à la consommation.” connectés sur les réseaux sociaux ». Un jeune sur dix (12,9 %) reconnaît être lescence, marquée par des pas- historique, la première cause de orales de substituts nicotiniques, « de mauvaise humeur » s’il ne peut pas consulter les réseaux sociaux. sions passagères pour lesquelles Nicolas Prisse, cancers et de mortalité évitables comme les gommes à mâcher, les Le rôle des parents apparaît primordial pour prévenir une exagération : un jeune s’enflamme durant un président de la Mission interministérielle de lutte en France, nous devons rester pastilles, l’inhaleur ou le spray « Les adolescents qui déclarent disposer d’un équipement dans leur chambre temps avant d’autoréguler son contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). extrêmement vigilant sur ce sujet buccal, ainsi que la varénicline, en ont un usage bien plus fréquent que les autres jeunes n’en disposant pas. Il comportement, d’une habitude de santé publique », anticipe-t-il. assure Marion Adler, médecin est probable, au même titre que le téléphone portable, que cette individualisation qui mange la vie : par exemple, Le président de la République, tabacologue à l’hôpital Antoine- de l’équipement favorise une utilisation qui échappe au contrôle des parents, passer des journées et des nuits Emmanuel Macron, a dévoilé le Béclère (AP-HP), à Clamart. La tant en termes de durée que de la nature des activités pratiquées. » entières enfermé, seul dans sa 4 février la stratégie décennale cigarette électronique est un bon chambre, devant l’écran et les de lutte contre les cancers 2021- outil d’aide au sevrage en vue de jeux en ligne. » 2030, et déclaré vouloir « une gé- réduire les dommages, car elle utiliser, ce qui est faux. La nico- addictions, afin que les consom- « Nous voyons de jeunes patients nération sans tabac » pour ceux est 95 % moins toxique que le ta- tine crée la dépendance, mais elle mations les plus dangereuses se qui ont une addiction aux jeux qui auront 20 ans en 2030. bac. Toutes les études montrent n’est ni cancérigène ni mauvaise produisent le plus rarement pos- vidéo. Ils s’isolent, échappent L’action des pouvoirs publics est une récupération respiratoire et pour le cœur ou les poumons. sible », clame-t-il. complètement à la scolarité, de- plus décriée en matière d’alcool, cardiovasculaire immédiate, dans C’est la fumée de cigarette qui est En amont, la prévention est es- viennent irritables quand ils ne deuxième facteur de risque de la mesure où le monoxyde de car- nocive, car elle véhicule le gou- sentielle. « Des programmes de peuvent plus jouer, et sont malheu- cancers et de mortalité prématu- bone contenu dans la cigarette dron, le monoxyde de carbone renforcement des compétences reux dans leur vie. C’est une réali- DR rée, notamment en raison d’une classique s’élimine du corps en et d’autres substances cancéri- psychosociales sont en cours de té qui, pour l’instant, ne concerne largesse accordée à la publicité. 24-48 heures, et que la cigarette gènes », avertit Marion Adler. déploiement au niveau régional, qu’une toute petite partie des pa- « Nous rencontrons des difficul- électronique ne contient que de la Reprenant une citation de Nicole dans les écoles maternelles, pri- tients », ajoute Bruno Falissard. “La cigarette électronique tés pour faire prendre conscience vaporisation de nicotine. » Maestracci, qui a été présidente maires et les collèges. Ils visent à « C’est très différent du mésusage est un bon outil d’aide à la population d’un certain Cette praticienne juge l’aide d’un de la Mildt (ex-Mildeca), Bernard travailler sur des ressorts assez du jeu vidéo, plus commun, qui re- au sevrage en vue nombre de comportements rela- professionnel de santé utile pour Basset soutient qu’« il n’y a pas intimes : estime de soi, confiance lève d’un problème éducatif plutôt de réduire les dommages, tivement simples qui permettent adapter le traitement et contrer de société sans drogues ». « C’est en soi et en l’adulte, esprit cri- que de la psychiatrie », insiste ce car elle est 95 % moins de retarder la consommation des les idées reçues. « De nombreuses un constat depuis toujours. Au tique facilitant la capacité de dire pédopsychiatre. toxique que le tabac.” plus jeunes et de limiter celle des personnes ne savent pas qu’il lieu de nous focaliser sur des non pour se mettre à distance de « Lorsque les enfants passent trop adultes aux repères à moindre est permis d’appliquer plusieurs discours anxiogènes annonçant comportements à risque, annonce de temps devant les écrans, ils Marion Adler, risque : pas plus de deux verres patchs nicotiniques. Elles pensent une société soi-disant plus addic- Nicolas Prisse. C’est sans doute la s’exposent à une perte de chance médecin tabacologue à l’hôpital par jour, et pas tous les jours. que fumer en portant un patch togène qu’auparavant, nous de- stratégie de prévention la plus ef- sur le plan éducatif et sur celui Antoine-Béclère (AP-HP), à Clamart. Nous devons continuer à porter peut être dangereux ou qu’une vons poursuivre nos efforts pour ficace pour prévenir les conduites des relations sociales. C’est cela ce message et contrer les stra- femme enceinte ne peut pas en limiter les risques des diverses addictives de demain. » • 24 25
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