Une liste des plantes vasculaires exotiques nuisibles du Québec : nouvelle approche pour la sélection des espèces et l'aide à la décision
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
21 (2): 133‒156 (2014) Une liste des plantes vasculaires exotiques nuisibles du Québec : nouvelle approche pour la sélection des espèces et l’aide à la décision 1 Claude LAVOIE 2, Geneviève GUAY & Florent JOERIN 3, École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional et Centre de la science de la biodiversité du Québec. 2325, rue des Bibliothèques, Université Laval, Québec, G1V 0A6, Canada, courriel : claude.lavoie@esad.ulaval.ca Abstract: Exotic vascular plants are increasingly numerous, and decision support systems identifying the most problematic species are needed to help environmental managers to develop control strategies. The fundamental tool in this respect is a list of weeds, or a weed risk assessment. We propose here a list for the province of Quebec constructed using an innovative approach based on 1) well-defined criteria, 2) consideration of all potential problems associated with exotic plants, 3) use of credible scientific data, 4) assessment by a panel composed of experts with diverse expertise and who are also potential users of the list, 5) use of a decision support approach, and 6) a debate among experts in order to reach a verdict concerning the status (weed, no weed) of each candidate plant. The list contains 87 of the 908 taxa of exotic vascular plants that are naturalized in Quebec, i.e., 9.6% of the total. About two thirds of the weeds are problematic for agricultural or ornamental plant production or for forestry; the others are, in decreasing numerical order, problematic for biodiversity or natural ecosystem functions, health, landscaping or home gardening, and recreational activities. Evaluating the threat posed to biodiversity by individual species was a challenge, because few relevant studies have been published. The use of well-defined criteria greatly reduced (by a factor of 3) the number of weed species from an initial list based on individual uncensored expert opinions. The resulting list is not definitive, and should be used with caution. However, we estimate that our approach is more rigorous than the other qualitative approaches developed to date, with performance that matches the semi-quantitative or quantitative tools frequently used for assessing invasive plants, such as the Australian Weed Risk Assessment. Keywords: Australian Weed Risk Assessment, decision support system, exotic plant, invasive plant, ornamental plant, weed. Résumé : Les plantes vasculaires exotiques étant toujours de plus en plus nombreuses, il importe de développer des outils qui aideront les gestionnaires de l’environnement à identifier les espèces les plus problématiques. L’outil de base en la matière est une liste des plantes nuisibles. Dans cet article, nous proposons une liste pour le Québec constituée grâce à une approche qualitative innovante basée sur 1) l’adoption de critères d’évaluation explicites, 2) la prise en compte de l’ensemble des types de nuisance, 3) l’utilisation de données scientifiques crédibles, 4) la constitution d’un panel d’experts diversifié comprenant des utilisateurs potentiels de la liste, 5) l’encadrement des membres du panel par une approche d’aide à la décision et 6) l’instauration du débat pour l’évaluation du caractère nuisible des plantes. Au total, 87 des 908 taxons de plantes vasculaires exotiques naturalisées au Québec ont été retenus par le panel d’experts comme plantes nuisibles, soit 9,6 % de l’ensemble. Les deux tiers des plantes désignées comme nuisibles le sont, à des degrés divers, pour les productions agricoles, horticoles ou forestières. Suivent, dans l’ordre, les nuisances pour la biodiversité ou le maintien des fonctions écosystémiques, celles pour la santé, celles pour l’horticulture ornementale ou l’aménagement paysager et celles pour les activités de loisir. Il a été difficile de statuer sur la nuisance pour la biodiversité, la plupart des espèces exotiques n’ayant pas fait l’objet d’études approfondies à cet égard. En définitive, l’adoption de critères faisant consensus a eu pour effet de réduire fortement (presque par un facteur de 3) le nombre de taxons d’une liste qu’on aurait pu constituer à partir d’opinions d’experts sollicitées sur une base individuelle, sans critères précis. Bien que cette liste ne soit pas définitive et qu’elle doive être interprétée avec prudence, nous croyons que l’approche proposée ici est supérieure, quant à sa rigueur, aux autres approches qualitatives développées à ce jour et que sa performance est au moins équivalente à celle des approches semi-quantitatives ou quantitatives fréquemment utilisées, comme le Australian Weed Risk Assessment. Mots-clés : aide à la décision, Australian Weed Risk Assessment, plante envahissante, plante exotique, plante nuisible, plante ornementale. Nomenclature: Tilmon et al., 2011; Brouillet et al., 2014; Tela Botanica, 2014. Introduction Les plantes exotiques envahissantes sont de plus écologique des écosystèmes, au rendement des cultures en plus considérées comme des menaces à l’intégrité et des plantations forestières, et à la santé des animaux et des humains. Ce ne sont toutefois pas toutes les plantes exotiques qui sont envahissantes et les envahisseurs ne 1 2 Rec. 2014-06-26; acc. 2014-10-09. sont pas tous forcément nuisibles, du moins pas tous de la Author for correspondence. 3 Present address: Haute école d’ingénierie et de gestion du Canton de Vaud, même manière et avec un impact équivalent. Il importe en route de Cheseaux 1, Yverdon, CH-1401, Suisse. conséquence de développer des outils qui aideront les cher- Associate Editor: Hugo Asselin. cheurs et les gestionnaires de l’environnement à connaître DOI 10.2980/21-2-3703 les espèces les plus problématiques sur leur territoire. ©Écoscience
Lavoie, Guay & Joerin : Plantes nuisibles du québec Ils pourront ainsi concentrer l’effort de recherche sur les réalité (Gordon & Gantz, 2011); il est toutefois possible plantes qui causent des dommages importants et mieux de corriger en partie ce problème en modifiant la grille planifier l’envergure des opérations d’éradication qui s’avè- d’évaluation (Gordon et al., 2012). Un poids important est reront nécessaires. aussi attribué au fait qu’une espèce génère des problèmes L’outil de base en la matière est une liste des plantes dans une autre région du monde. Cela est certes une infor- exotiques nuisibles, liste qui est normalement constituée mation valable, mais elle n’est guère utile lorsqu’il s’agit pour une région ou un État particulier. Cette liste est géné- d’évaluer une espèce introduite pour une toute première ralement utilisée pour faire une sélection d’espèces à prio- fois hors de sa région d’origine (McGregor et al., 2012). riser pour l’éradication ou pour l’élaboration de règlements Par ailleurs, plusieurs questions restent habituellement (interdiction d’importation, de vente, de plantation, etc.). sans réponses (faute de connaissances), mais curieuse- Il existe 3 méthodes pour confectionner une telle liste ment, le nombre de questions avec réponses a somme (Hulme, 2012). La plus simple (qualitative) est d’expédier toute assez peu d’influence sur le verdict final (nuisible ou un questionnaire, en général à des botanistes, contenant non nuisible), ce qui souligne le manque de pertinence de une liste d’espèces potentiellement nuisibles et quelques plusieurs questions (Daehler et al., 2004; McClay et al., questions sur l’impact de ces plantes sur les écosystèmes 2010). Enfin, au Canada, jusqu’à 44 % des espèces non et les activités économiques. La qualité des réponses varie nuisibles peuvent être incorrectement classées comme des beaucoup d’un individu à l’autre, car les botanistes n’ont nuisances. Le AWRA ne prend pas assez en considération pas tous la même expérience ni les mêmes perceptions. le facteur climatique (résistance au froid) dans la pondéra- Toutefois, si un nombre appréciable de répondants remplit tion. Or, quand bien même la plante aurait presque toutes le questionnaire, alors des données intéressantes peuvent les caractéristiques d’une nuisance (score très élevé), si elle être extraites (White, Haber & Keddy, 1993; Andreu, Vilà n’est pas du tout adaptée au climat de la région d’accueil, & Hulme, 2009). La méthode est peu coûteuse, et avec les la probabilité qu’elle devienne nuisible est dans les faits outils internet, un très grand nombre de personnes peuvent presque nulle (McClay et al., 2010). Le principal problème être questionnées en peu de temps. Elle a toutefois le défaut de cette approche demeure néanmoins qu’il est difficile, en d’être subjective et a souvent l’inconvénient de perpétuer fin de compte, d’expliquer pourquoi une espèce est clas- des perceptions qui ne reposent pas toujours sur de solides sée nuisible ou non. Lorsque le classement est controversé fondements scientifiques (Andreu, Vilà & Hulme, 2009). – par exemple, une plante très populaire en horticulture La seconde méthode (semi-quantitative) est un peu ornementale classée comme une nuisance –, les décideurs plus complexe, mais demeure néanmoins assez facile à peuvent avoir de la difficulté à justifier une interdiction de utiliser. Il s’agit, pour chaque espèce évaluée, de répondre vente faute d’une bonne compréhension de la mécanique à plusieurs questions précises, près d’une cinquantaine dans de l’outil. certains cas. Selon la réponse à la question, un score est Les méthodes quantitatives sont en principe plus attribué à la plante, puis le score de toutes les questions est robustes, mais elles ne sont pas forcément plus efficaces additionné. La valeur totale obtenue renseigne alors sur le que les autres méthodes, notamment parce qu’une grande niveau de nuisance de l’espèce. Cette méthode d’évaluation partie de la variance statistique demeure inexpliquée est devenue très populaire depuis l’émergence du premier outil en la matière, le Australian Weed Risk Assessment (Speek et al., 2013). Parmi les méthodes qui exploitent les (AWRA; Pheloung, Williams & Halloy, 1999). Il existe données sur les caractéristiques biologiques des espèces, on d’autres outils de même nature, comme le Weber-Gut Risk peut mentionner les analyses discriminantes, les arbres de Assessment System (WG-RAS; Weber & Gut, 2004), le décision ou les régressions logistiques qui, dans plusieurs Invasive Species Assessment Protocol (ISAP; Randall et al., cas, permettent de distinguer les espèces envahissantes ou 2008) ou le Index of Alien Impact (IAI; Magee et al., 2010), nuisibles de celles qui ne le sont pas (Hulme, 2012). Le mais le AWRA demeure, de loin, celui qui est le plus fré- résultat est parfois excellent au sein d’une même famille ou quemment utilisé (Hulme, 2012). d’un même genre (Richardson & Rejmánek, 2004), mais de telles méthodes requièrent souvent la construction de bases Les méthodes semi-quantitatives avec scores ont par- de données considérables qui prennent beaucoup de temps fois des performances spectaculaires, avec pour le AWRA (et ses variantes) des taux de prédiction correcte (une plante à mettre en place. De plus, les caractères pour lesquels nuisible est classifiée comme telle) frisant ou surpassant les l’information est la plus disponible (par exemple, la taille) 90 % (Gordon et al., 2008; Crosti, Cascone & Cipollaro, ne sont pas forcément ceux qui sont les plus pertinents; à 2010; Gassó, Basnou & Vilà, 2010; Koop et al., 2012). Ces l’inverse, les caractères les plus pertinents (par exemple, méthodes ont néanmoins plusieurs défauts. Le poids relatif la surface foliaire ou la capacité photosynthétique) peuvent de chaque question est souvent attribué de manière arbi- avoir été mesurés seulement chez un tout petit nombre d’es- traire et ne reflète pas nécessairement son importance réelle, pèces. Cela rend d’ordinaire de tels caractères inutilisables, même si des efforts ont été faits (ISAP, IAI) pour pondé- à moins de colliger de nouvelles données, une tâche difficile rer les scores de manière à ce qu’ils donnent des résultats lorsqu’il s’agit de le faire pour plusieurs centaines d’espèces qui semblent en accord avec les données scientifiques (Pyšek & Richardson, 2007). disponibles quant au potentiel de nuisance des espèces Récemment, Hulme (2012) s’est montré très critique (Randall et al., 2008; Magee et al., 2010). Dans le AWRA, envers ces outils, les qualifiant de « waste of time » (p. 11). le fort poids accordé au fait qu’une espèce est aquatique En résumé, il leur reproche 1) de confondre espèce envahis- fait en sorte que les espèces de milieu humide sont presque sante et espèce nuisible, 2) d’assimiler l’étendue de la zone d’emblée classées nuisibles, ce qui ne correspond pas à la occupée par l’envahisseur et son impact, alors que le lien de 134 ©Écoscience
ÉCOSCIENCE, vol. 21 (2), 2014 cause à effet est loin d’être clair, 3) de favoriser des prises de terrain et, surtout, ont débattu en temps réel, en face à de décision souvent arbitraires, 4) de prédire davantage la face, leur position respective. L’intégration de ces 2 types naturalisation que la nuisance, 5) de ne fournir aucun estimé d’information, d’une part celle provenant d’études scien- de l’incertitude du classement suggéré et 6) de ne pas être tifiques, d’autre part celle provenant d’expertises, fondées suffisamment efficaces pour influencer le commerce des elles-mêmes sur une expérience pratique dans un contexte plantes. S’il reconnaît la pertinence intrinsèque des outils, particulier, est relativement courante dans les approches Hulme (2012) suggère néamoins l’exploration de nouvelles d’aide à la décision (Cloutier & Joerin, 2014). La place approches pour les améliorer, notamment l’élaboration de donnée à l’expertise permet de combler le manque de protocoles d’évaluation impliquant dès le départ les déci- données propre au contexte local (Landström et al., 2011; deurs, de manière à ce qu’ils soient conscients des limites Plummer et al., 2012). Elle permet aussi de faciliter la mise des outils et puissent en faire un meilleur usage. en œuvre de l’outil d’aide à la décision par l’identification, Même si les outils permettant de faire des listes de dès sa conception, de certaines barrières ou résistances à plantes exotiques nuisibles sont par nature imparfaits, ils son application (Cloutier & Joerin, 2014). sont souvent demandés, notamment par les autorités gou- Base de données sur les plantes vasculaires exotiques vernementales afin d’accompagner l’élaboration de poli- tiques et de règlements limitant l’importation, la vente Toutes les espèces de plantes vasculaires qui ont été ou la propagation de plantes ayant potentiellement des évaluées dans ce travail ont les caractéristiques suivantes : impacts négatifs sur les écosystèmes et les activités écono- elles sont 1) exotiques, c’est-à-dire absentes du territoire miques (Hulme, 2012). Au Québec (Canada), les autorités québécois avant le début du XVIIe siècle, 2) maintenant provinciales et municipales prennent aussi de plus en plus présentes sur le territoire québécois et 3) naturalisées, conscience des problèmes causés par les plantes exotiques, c’est-à-dire qu’elles peuvent croître et se reproduire hors des jardins et des cultures sans assistance humaine. La mais elles ne disposent encore que de très peu d’outils et liste de toutes ces espèces a été publiée récemment par de moyens d’agir. L’industrie de l’horticulture ornementale Lavoie et al. (2012a); cette liste contient notamment, pour est également interpellée par le problème, car elle constitue chaque espèce, l’année de la plus ancienne preuve de natu- maintenant la principale source d’introduction de nouvelles ralisation. La liste comprenait à l’origine 899 taxons (880 plantes exotiques sur le territoire (Lavoie et al., 2012b). espèces auxquelles s’ajoutaient 19 hybrides) groupés au Cette industrie est ainsi à la recherche d’outils d’aide à la sein de 95 familles. Nous avons depuis la publication de décision performants qui identifieront les espèces probléma- la liste ajouté 9 nouveaux taxons pour lesquels nous avons tiques, ce qui pourra laisser le champ libre à la commercia- obtenu de nouvelles preuves de naturalisation ou de sta- lisation de plantes ayant peu d’impacts sur l’environnement. tut exotique, soit Arctium ×nothum, Berberis aquifolium, Nous proposons dans cet article une liste de plantes Chaerophyllum temulum, Luzula campestris, L. pallescens, vasculaires exotiques nuisibles pour le Québec. Cette liste Parthenocissus quinquefolia, Potentilla anglica, Securigera a été constituée en adoptant une approche qualitative dif- varia et Symphytum ×uplandicum, ce qui fait un total de férente, mieux encadrée, de celles qui ont été utilisées à ce 908 taxons (887 espèces plus 21 hybrides). jour. Nous avons privilégié cette approche, car les méthodes Pour chaque taxon, nous avons colligé des informa- semi-quantitatives ou quantitatives ne nous semblaient pas tions relativement faciles à obtenir à partir de bases de suffisamment efficaces dans l’état actuel des connaissances données accessibles sur internet ou de la littérature scien- pour les raisons énoncées ci-dessus. Les aspects novateurs tifique. Beaucoup de données sur les caractéristiques des de notre approche sont 1) l’adoption de critères d’évaluation plantes ont été recueillies (poids des graines, mode de explicites, 2) la prise en compte de l’ensemble des types de dissémination des graines, taille de l’individu, etc.), mais nuisance, 3) l’utilisation de données scientifiques crédibles, dans les faits, les informations qui ont surtout été utilisées 4) la constitution d’un panel d’experts diversifié compre- par le panel d’experts dans les séances de prise de déci- nant des utilisateurs potentiels de la liste, 5) l’encadrement sions (Tableau I) ont été 1) le cycle de vie, 2) la présence des membres du panel par une approche d’aide à la décision d’un mécanisme de propagation végétative, 3) les zones et 6) l’instauration du débat pour l’évaluation du caractère de rusticité tolérée, 4) l’étendue de l’aire de répartition au nuisible des plantes. Canada et aux États-Unis, 5) la plus ancienne preuve de naturalisation au Québec (année ou siècle, à défaut), 6) le Méthodes nombre de spécimens entreposés dans les 2 principaux herbiers du Québec, 7) l’inclusion dans une ou plusieurs L’aide à la décision combine généralement de l’infor- listes de plantes nuisibles aux États-Unis et, enfin, 8) le mation objective et subjective. L’information objective nombre d’articles scientifiques où sont associés, dans la utilisée pour la production de la liste des plantes nuisibles base de données Web of Science™ (ci-après WoS; Thomson proposée dans cet article a été extraite d’une base de don- Reuters, 2014), le nom de genre et d’espèce en cause et les nées d’envergure sur les caractéristiques écologiques et mots-clés weed ou invasive, dans les rubriques title ou topic biogéographiques des plantes vasculaires exotiques du ou seulement dans la rubrique title. Si le nom de genre ou Québec. L’information subjective a pris quant à elle la d’espèce avait changé récemment, le nom le plus fréquent forme d’appréciations formulées par un panel d’experts : les dans la littérature scientifique était utilisé en combinaison. membres du panel ont ainsi analysé les données provenant Il est à noter que le mot invasive devait être utilisé comme d’études scientifiques, les ont contextualisées, y ont ajouté alternative au mot weed, car dans la littérature scientifique, d’autres informations issues de leur propre expérience invasive a souvent une connotation équivalente à celle ©Écoscience 135
Lavoie, Guay & Joerin : Plantes nuisibles du québec Tableau I. Liste des données les plus fréquemment utilisées par le panel d’experts pour prendre une décision quant au caractère nuisible des plantes vasculaires exotiques naturalisées du Québec. Traitement de la donnée lors de la prise de décision Principales sources Donnée (observations lors des discussions du panel) consultées Cycle de vie Aucun, mais une information de base presque toujours demandée par les membres du panel. United States Depart- (annuel, biannuel, vivace) ment of Agriculture, 2014 Présence d’un mécanisme de Une plante pouvant se propager de manière végétative est plus susceptible d’être nuisible, du Essentiellement, propagation végétative moins localement, qu’une plante ne pouvant pas le faire. United States Depart- ment of Agriculture, 2014 Zone de rusticité tolérée Une plante très rustique est plus susceptible d’être nuisible qu’une plante peu rustique. Voir Lavoie et al., (la plus froide) 2013b, pour les détails de la procédure de collecte des données Étendue de l’aire de répartition Une plante dont l’aire de répartition est très étendue est plus susceptible d’être nuisible qu’une United States Depart- au Canada et aux États-Unis plante peu répandue, pourvu que l’introduction ne soit pas trop récente, auquel cas la plante ment of Agriculture, n’a peut-être pas encore eu le temps de se propager. 2014 Plus ancienne preuve de natu- Une plante introduite depuis plusieurs décennies et qui n’est toujours pas nuisible est peu Lavoie et al., 2012a ralisation au Québec (année ou susceptible de le devenir, du moins dans le contexte climatique actuel. siècle, à défaut) Nombre de spécimens entreposés Plus le nombre de spécimens d’herbier récoltés pour une plante est élevé, plus grande est la Herbiers de l'Univer- dans les 2 principaux herbiers du probabilité que cette plante soit abondante ou fort répandue sur le territoire québécois. Elle est sité Laval (QFA) et de Québec donc plus susceptible d’être nuisible (et inversement). Il faut toutefois tenir compte du taux l'Université de Montréal de récolte très bas des spécimens dans la province depuis 1985 (Lavoie et al., 2012b) qui peut (MT); voir Lavoie et al., fausser la réalité pour une plante introduite plus récemment. 2013b, pour les détails de la collecte des données Taxon inclus dans une ou plu- Une plante qui est déjà incluse dans une liste de plantes nuisibles quelque part aux États-Unis United States Depart- sieurs listes de plantes nuisibles est aussi susceptible d’être nuisible au Québec, quoiqu’il faille tenir compte du contexte cli- ment of Agriculture, aux États-Unis (pas de données matique de la province. 2014 fiables pour le Canada) Nombre d’articles scientifiques Le nombre d’articles donne un indice de l’intérêt que le caractère nuisible ou envahissant de la Thomson Reuters, 2014 où sont associés, dans la base plante suscite chez les chercheurs et donc, d’une certaine manière, de l’impact de cette plante (dernière mise à jour : de données Web of Science™, sur les écosystèmes et les activités économiques. Le nombre issu de la seule rubrique title a décembre 2012) le nom de genre et d’espèce en plus d’influence sur la décision car il suggère une association plus directe entre la plante et un cause et les mots-clés weed ou potentiel de nuisance ou d’envahissement. invasive, dans les rubriques title ou topic ou seulement dans la rubrique title de weed. Enfin, la liste des articles extraits avec ces mots- donc de constituer un panel d’experts présentant une diver- clés a été révisée pour identifier les espèces pour lesquelles sité de champs d’expertise. l’association avec les mots weed ou invasive n’était pas Le panel constitué pour l’élaboration de la liste était directement reliée à la plante étudiée, mais plutôt à des composé de 7 personnes, un nombre suffisant pour qu’il plantes associées. C’était particulièrement fréquent chez les y ait au moins 2 représentants de chacune des principales plantes cultivées. Ce ne sont pas des nuisances, mais elles sphères d’expertise recherchées (agriculture, écologie, hor- sont souvent affectées par la présence d’autres plantes nui- ticulture), mais aussi un nombre impair pour départager les sibles envahissantes, ce qui explique l’association. Dans de décisions qui ne seraient pas unanimes. À cet égard, nous tels cas, une valeur de zéro était attribuée au WoS. avons estimé qu’un petit nombre d’experts, disposant cha- Composition du panel d’experts cun d’une vaste expérience, était préférable à un nombre Il a été décidé dès le début du projet que toutes les plus grand présentant des expertises très inégales. De plus, formes de nuisance causées par les plantes vasculaires nous tenions à ce que les experts participent à toutes les exotiques allaient être prises en considération, et pas seu- réunions de prise de décision, chose difficile à faire avec un lement les nuisances à la biodiversité ou à l’intégrité éco- grand nombre de personnes. Nous avons pris en considéra- logique des écosystèmes, comme c’est souvent le cas pour tion le fait que les experts seraient aussi, dans la majorité d’autres outils (IAI, ISAP). En l’occurrence, en sus des nui- des cas, des utilisateurs potentiels. Afin de contribuer à sances à l’intégrité écologique, celles aux activités agricoles l’appropriation de l’outil (ici la liste), nous avons souhaité (cultures commerciales de végétaux comestibles) et horti- que les décideurs ou futurs utilisateurs contribuent aussi à coles (production de plantes ornementales, aménagement son élaboration (Joerin & Rondier, 2008). Ils sont ainsi plus paysager), à la santé des animaux et des humains, ainsi à même de le comprendre, d’en connaître les limites et d’en qu’aux activités de loisir, ont été évaluées. Cela nécessitait défendre les mérites. 136 ©Écoscience
ÉCOSCIENCE, vol. 21 (2), 2014 Les 2 représentants de la sphère agricole sont des spé- à l’appui du jugement. Elle devait indiquer clairement les cialistes de la malherbologie parmi les plus expérimentés du taxons pour lesquels le jugement n’était pas tout à fait cer- Québec. Ils cumulent ensemble plus de 71 ans d’expérience tain (et pour quelles raisons). sur les plantes nuisibles des cultures et ont fréquemment Les membres du panel sélectionnés pour ce travail été impliqués au cours de leur carrière dans des processus se sont rencontrés en personne à 5 reprises (environ 40 h décisionnels en matière de nuisances, notamment pour le de travail en groupe) durant le processus d’évaluation. Au test du AWRA pour le Canada (McClay et al., 2010). Les cours des 2 premières rencontres, les attentes par rapport à 2 experts de l’écologie sont des botanistes de formation et l’outil et au panel ont été précisées (Fox & Gordon, 2009). des chercheurs universitaires qui cumulent plus de 65 ans Même si plusieurs décisions concernant l’outil ont été prises d’expérience sur la flore indigène et exotique du Québec. assez tôt au cours du processus, l’expérience en aide à la Le premier expert a lui aussi participé au test du AWRA décision (Joerin & Bozovic, 2007) montre que les posi- pour le Canada (McClay et al., 2010) et le second – le tions de départ continuent à se structurer au fur et à mesure premier auteur de cet article – est le principal chercheur en qu’évolue l’outil, notamment lorsque les participants matière de plantes exotiques au Québec. Les 2 représentants constatent l’effet des décisions sur le résultat ou la diffi- du monde de l’horticulture cumulent 54 ans d’expérience culté d’appliquer les critères sans ambiguïté. Il y a donc eu et sont, pour l’un, un horticulteur professionnel ayant une des ajustements en cours de route. La mise en œuvre d’un vingtaine d’ouvrages en horticulture à son actif (à titre processus en plusieurs étapes contribue à l’apprentissage du d’auteur) et, pour l’autre, un spécialiste de la production groupe et renforce, au final, la qualité des appréciations. de plantes horticoles en serre et en champ, plus particuliè- Les experts ont d’abord statué sur la nécessité de faire rement de plantes vivaces ornementales, de fines herbes, une distinction entre plante envahissante et plante nuisible. de fougères, de graminées et de plantes grimpantes. Le Il a ainsi été décidé que les appréciations allaient se faire panel a été complété par une biologiste employée dans une uniquement en fonction du caractère nuisible de la plante et grande municipalité du Québec et responsable depuis 23 ans non en raison de son caractère envahissant. Les experts ont des opérations de lutte aux plantes envahissantes dans les jugé qu’il était difficile de définir avec précision ce qu’est espaces verts. Les experts travaillent essentiellement dans une plante envahissante, du moins au regard des définitions les régions de Montréal et de Québec, mais ont une bonne les plus en usage à l’heure actuelle (Valéry et al., 2008; connaissance des plantes exotiques qui se disséminent dans Richardson, Pyšek & Carlton, 2011). Aussi, les experts se toutes les régions du Québec méridional, là où se trouve sont mis d’accord sur le fait qu’une plante envahissante d’ailleurs la quasi-totalité de ces plantes, les milieux fores- n’était pas forcément nuisible, plusieurs envahisseurs se tiers boréaux étant plus imperméables à leur établissement cantonnant aux endroits très perturbés dans lesquels leur (Lavoie & Saint-Louis, 2008). Cela dit, il est possible impact est moindre que dans les habitats naturels (Hansen que certaines régions situées hors de la vallée du fleuve & Clevenger, 2005; Chytrý et al., 2008). Saint-Laurent et où on observe aussi plusieurs popula- Les experts se sont ensuite prononcés sur la structure tions de plantes envahissantes, comme celle de l’Outaouais même de l’outil, c’est-à-dire sur les catégories de nuisance (région d’Ottawa-Gatineau), font face à des problèmes par- retenues et les critères qui devaient être utilisés pour décider ticuliers de plantes nuisibles qui sont méconnus des experts si la plante était nuisible ou pas. Le panel a défini 5 catégo- du panel. Cet aspect doit être pris en considération lors de ries de nuisance, qui ne sont ni hiérarchiques ni ordonnées. l’évaluation de la performance de l’outil. Une plante pouvait être classée dans plus d’une catégorie : 1) nuisance pour l’agriculture, les productions horticoles Fonctionnement du panel d’experts ou la foresterie (catégorie A). Une plante faisait partie de Structuration de l’outil cette catégorie si elle peut nuire à elle seule au rendement Il a été décidé dès le début du projet que le princi- des cultures et si elle fait donc l’objet de mesures spéci- pal usage de la liste de plantes nuisibles qui allait être fiques de contrôle chez les producteurs agricoles (grandes construite serait d’identifier les plantes pouvant faire l’objet cultures, productions fourragères, maraîchères ou frui- de mesures quant à leur utilisation, leur commerce ou leur tières), horticoles (production de plantes ornementales en contrôle. La liste allait donc surtout être destinée 1) aux serre ou au champ) ou forestiers (plantations). On trouve décideurs publics pour les conseiller, par exemple, lors beaucoup de littérature scientifique pouvant appuyer les d’émissions de certificats d’autorisation environnemen- jugements en la matière, mais celle-ci n’est pas toujours tale ou pour mieux cibler les efforts de suivi dans les suffisante pour la prise de décision; espaces naturels, 2) aux entreprises horticoles pour les 2) nuisance pour la biodiversité des écosystèmes natu- inciter à mettre un frein à la vente de plantes nuisibles ou au rels ou pour le maintien des fonctions écosystémiques contraire leur permettre de mettre en relief, au bénéfice de (catégorie B). Une plante faisait partie de cette catégorie leurs clients, le caractère non nuisible de certaines espèces s’il existe des preuves scientifiques indiquant qu’elle (celles évaluées mais non retenues dans la liste) et 3) aux porte préjudice à la diversité des espèces indigènes ou au entreprises responsables de travaux de renaturalisation, afin fonctionnement des écosystèmes naturels, ou du moins de faire en sorte qu’elles soient moins enclines à utiliser s’il y a de forts indices en ce sens, certains envahisseurs des plantes nuisibles. La liste devait prendre la forme d’un étant trop récents ou trop peu étudiés pour pouvoir l’affir- tableau contenant certaines informations de base sur la mer avec certitude; répartition actuelle du taxon, mais aussi des renseignements 3) nuisance pour l’horticulture ornementale ou l’amé- sur le caractère nuisible de la plante et quelques sources nagement paysager (catégorie H). Une plante fai- ©Écoscience 137
Lavoie, Guay & Joerin : Plantes nuisibles du québec sait partie de cette catégorie si, une fois introduite leur propre expérience. Au besoin, les experts faisaient sur dans les jardins (volontairement ou pas), elle finit par place quelques recherches supplémentaires sur les espèces nuire à la qualité des aménagements paysagers parce évaluées, notamment dans la base de données Web of qu’elle est difficilement contrôlable à cette échelle. Science™ (Thomson Reuters, 2014). Si le caractère nuisible L’information en la matière est rarement disponible de la plante ne faisait pas l’unanimité, alors la question fai- dans la littérature scientifique et est surtout connue des sait l’objet d’un débat entre les membres du panel, puis la horticulteurs professionnels; décision (nuisible ou non) était prise à la majorité des voix. 4) nuisance pour les activités de loisir (catégorie L). Une La durée de la discussion était très variable, soit à peine une plante faisait partie de cette catégorie si elle constitue une minute pour les plantes aucunement problématiques à près nuisance à la pratique de certaines activités de plein air. Il de 15 minutes pour les plantes pour lesquelles il n’y avait existe très peu de littérature sur ce sujet; pas d’unanimité. Après avoir soumis les 300 taxons à l’appréciation des 5) nuisance pour la santé des animaux ou des humains experts, nous avons constaté que parmi les 49 plantes consi- (catégorie S). Une plante faisait partie de cette catégorie dérées a priori comme non nuisibles, certaines avaient été s’il existe des preuves scientifiques indiquant qu’elle classées nuisibles par une majorité de membres. Il a ainsi nuit à la santé des animaux (plante toxique si ingérée par été choisi d’examiner rapidement, en groupe, les 608 autres broutement) ou des humains (dermatites). taxons considérés unanimement comme non nuisibles lors Les membres du panel ont aussi convenu qu’il n’était de l’examen préliminaire, pour déceler des candidats à un pas absolument nécessaire que la nuisance ait été constatée examen plus approfondi dans une seconde ronde d’éva- sur le territoire du Québec pour que la plante soit considérée luation. Enfin, les auteurs de cet article ont consigné les comme nuisible. Une plante peut avoir été introduite au appréciations des membres du panel dans un tableau, puis Québec trop récemment pour qu’elle ait eu le temps d’avoir une revue de littérature a été faite pour chacun des taxons un impact, mais si la littérature scientifique est convain- retenus comme nuisibles, notamment pour vérifier si les cante sur le fait que la plante est problématique (ou s’il y a appréciations des experts étaient conformes aux résultats de forts indices en ce sens), alors elle a été classée comme des études scientifiques publiées, dans les cas où elles telle (nuisible). Par contre, les changements climatiques existaient. S’il y avait une nette différence entre les appré- escomptés pour le futur n’ont pas été pris en considération ciations et la littérature, alors soit une note était ajoutée au dans l’évaluation : la plante devait pouvoir devenir nuisible tableau pour nuancer la décision, soit le taxon était, en défi- dans le contexte climatique actuel. Les experts ont jugé nitive, retiré de la liste. qu’il était trop difficile de prédire les répercussions du réchauffement du climat sur la dynamique des populations Résultats de plantes exotiques pour émettre un jugement assez solide en la matière. Au total, 87 des 908 taxons de plantes vasculaires exotiques naturalisées au Québec ont été retenus par le Formulation des appréciations (classement) panel d’experts comme plantes nuisibles, soit 9,6 % de Les experts ont été invités, avant qu’ils ne soient l’ensemble (Tableau II et Annexe I). La très grande majorité convoqués à leur toute première réunion (donc avant même (92 %) de ces taxons avaient été identifiés comme nuisances l’élaboration des critères), à examiner la liste des plantes potentielles par au moins un des membres du panel lors de vasculaires exotiques naturalisées du Québec (Lavoie et al., l’examen préliminaire. Huit taxons qui n’avaient pas du tout 2012a). L’examen s’est fait sur une base individuelle. À été identifiés comme tels lors de cet examen ont finalement partir de leur seule expérience personnelle, il a été demandé été introduits dans la liste des taxons nuisibles, ce qui ne aux experts d’indiquer quels taxons pourraient être nuisibles représente toutefois que 1,2 % des 657 taxons en cause. dans la province. Le but de l’exercice était de recenser le Dans tous les cas, il s’agissait de plantes très peu répan- plus grand nombre possible de taxons potentiellement nui- dues sur le territoire québécois (Chenopodium ficifolium, sibles pour un examen plus approfondi en groupe. Au total, Ficaria verna, Ornithogalum umbellatum) ou relativement 251 taxons ont été mentionnés à au moins une reprise. Ces peu nuisibles ou uniquement dans des contextes bien pré- 251 taxons ont fait l’objet d’une première ronde de discus- cis (Brassica napus, B. rapa, Centaurea jacea, Glechoma sion portant sur l’appréciation de leur potentiel de nuisance. hederacea, Trifolium repens). Une seule espèce sélection- En sus de ces 251 taxons, une sélection aléatoire de 49 des née par les experts comme plante nuisible (Acer negundo) 657 taxons qui n’avaient jamais été mentionnés comme a été rejetée en définitive, faute de preuve dans la littérature nuisibles a aussi été effectuée à des fins d’évaluation, de scientifique et parce que son classement n’était pas suffi- manière à ce que le panel soit confronté non seulement à samment appuyé par l’expérience des membres. des nuisances potentielles, mais aussi à des plantes qui, de On trouve dans la liste une proportion à peu près prime abord, ne causent aucun problème. égale de plantes annuelles (47 %) et vivaces (55 %), cer- Les experts ont examiné en groupe chacun des taines plantes pouvant avoir plus d’un type de cycle de vie 300 taxons retenus pour la première ronde d’évaluation (Tableau II). La proportion de plantes annuelles est plus (durée du travail : 24 h sur 3 jours). Les données scienti- élevée chez les plantes exotiques naturalisées nuisibles fiques ont d’abord été présentées aux membres du panel que chez les plantes non nuisibles (38 %). Près de 43 % avec une photographie de la plante évaluée. Les experts des taxons nuisibles disposent d’un mécanisme de propa- ont ensuite à tour de rôle émis une opinion sur la plante, gation végétative (taxons non nuisibles : 36 %). Les plantes basée sur l’interprétation des données et, le cas échéant, sur de la liste sont en général assez répandues au Canada 138 ©Écoscience
ÉCOSCIENCE, vol. 21 (2), 2014 Tableau II. Caractéristiques choisies des taxons (espèces, sous-espèces, variétés, hybrides) de plantes vasculaires exotiques naturalisées et nuisibles au Québec. Taxons inclus Étendue de l’aire dans une ou de répartition Plus ancienne plusieurs Zone de au Canada et preuve de listes de Présence d’un rusticité aux États-Unis naturalisation Spécimens plantes WoS Cycle mécanisme de tolérée (n états ou au Québec d’herbier nuisibles aux (topic + de propagation (la plus provinces ou (année ou au Québec États-Unis title/title; Taxon vie a,b végétative b froide) c territoires) b siècle) d (n) e (n listes) b n articles) f Abutilon theophrasti A Non 3b 58 1916 42 4 556/14 Acer platanoides V Non 5a 33 1926 72 2 63/9 Aegopodium podagraria V Oui 3b 37 XVII 180 3 11/0 Alliaria petiolata A+B Non 4b 42 1895 117 8 158/29 Amaranthus powellii A Non 3b 46 1974 45 0 37/2 Amaranthus retroflexus A Non 2b 61 XVIII 274 0 515/11 Anthriscus sylvestris A+B Oui 5a 25 1879 204 2 9/1 Avena fatua A Non 2b 55 XVIII 75 0 416/15 Barbarea vulgaris B Non 3b 55 1821 810 0 16/2 Brassica napus A+B Non 2b 50 XVII 35 0 479/28 Brassica rapa A+B Non 2b 63 Inconnue 311 0 153/4 Bromus inermis V Oui 2b 62 1911 574 0 65/4 Butomus umbellatus V Oui 3b 24 1897 399 3 8/1 Calystegia sepium V Oui 3b 60 1914 555 1 13/0 Celastrus orbiculatus V Non 5a 29 1937 2 5 33/3 Centaurea jacea V Non 5a 31 1850 215 1 2/0 Chenopodium album A Non 2b 63 XVII 715 0 827/12 Chenopodium ficifolium A Non 5a 5 1964 51 0 2/1 Chenopodium strictum A Non 3b 33 1968 90 0 1/0 Cirsium arvense V Oui 2b 55 XVII 482 31 374/22 Convolvulus arvensis V Oui 3b 58 1820 160 21 178/8 Cuscuta epilinum V Oui 3b 13 1880 4 0 2/0 Cuscuta epithymum V Oui 4b 30 1916 16 0 3/0 Digitaria ischaemum A Non 3b 58 1905 195 0 25/0 Digitaria sanguinalis A Non 3b 56 1899 116 0 196/1 Echinochloa crus-galli A Non 3b 59 1860 409 1 458/20 Elymus repens V Oui 2b 59 XVIII 663 0 199/7 Eriochloa villosa A Non 5a 14 2000 4 0 29/2 Erysimum cheiranthoides A+B Non 2b 57 XVIII 827 0 13/1 Fallopia japonica var. japonica V Oui 3b 50 1906 199 7 93/16 Fallopia sachalinensis V Oui 5a 35 1941 8 4 13/0 Fallopia ×bohemica V Oui 5a 3 1973 3 1 12/3 Ficaria verna V Oui 5a 26 1932 10 2 6/2 Frangula alnus V Non 3b 31 1925 198 2 25/5 Galeopsis tetrahit A Non 2b 40 XVIII 717 1 20/3 Galinsoga quadriradiata A Non 3b 52 1893 270 0 19/3 Galium aparine A Non 3b 59 XVIII 116 0 157/5 Galium mollugo V Oui 4b 41 1915 313 0 4/2 Galium spurium A Non 3b 59 1920 1 0 26/1 Glechoma hederacea V Oui 3b 58 1874 541 1 19/0 Heracleum mantegazzianum V Non 5a 12 1990 4 13 65/8 Hydrocharis morsus-ranae V Oui 5a 3 1952 163 4 6/1 Impatiens glandulifera A Non 3b 19 1939 27 3 66/6 Linaria vulgaris V Oui 2b 62 1820 867 8 18/3 Lythrum salicaria V Non 3b 54 1865 927 30 230/29 Matricaria discoidea A Non 2b 58 1860 124 0 12/0 Miscanthus sacchariflorus V Oui 5a 13 1966 14 1 1/0 Myriophyllum spicatum V Oui 4b 47 1927 191 17 106/5 Ornithogalum umbellatum V Oui 5a 48 1880 10 2 2/1 Oxalis stricta V Oui 3b 54 1904 715 0 6/2 Panicum dichotomiflorum A Non 5a 52 1932 56 0 123/8 Panicum miliaceum A Non 3b 55 1899 87 2 89/8 Pastinaca sativa B+V Non 2b 58 XVII 314 1 9/1 Persicaria maculosa A+V Non 3b 62 XVIII 705 0 45/2 Petasites japonicus V Oui 5a 4 2007 1 0 0/0 Phalaris arundinacea V Oui 2b 56 Inconnue 341 3 131/12 Phragmites australis (subsp. australis) V Oui 2b 60 1916 95 6 301/23 Plantago major V Non 2b 63 XVII 692 0 28/5 Poa annua A Non 2b 63 1877 232 0 157/2 ©Écoscience 139
Lavoie, Guay & Joerin : Plantes nuisibles du québec Tableau II. Suite. Taxons inclus Étendue de l’aire dans une ou de répartition Plus ancienne plusieurs Zone de au Canada et preuve de listes de Présence d’un rusticité aux États-Unis naturalisation Spécimens plantes WoS Cycle mécanisme de tolérée (n états ou au Québec d’herbier nuisibles aux (topic + de propagation (la plus provinces ou (année ou au Québec États-Unis title/title; Taxon vie a,b végétative b froide) c territoires) b siècle) d (n) e (n listes) b n articles) f Portulaca oleracea A Non 3b 59 XVII 75 1 150/5 Ranunculus acris V Oui 2b 56 1821 969 1 13/1 Ranunculus repens V Oui 3b 53 1821 493 1 21/2 Raphanus raphanistrum A+B Non 3b 52 1882 81 0 130/3 Rhamnus cathartica V Non 3b 42 1919 236 5 40/9 Robinia pseudoacacia V Oui 4b 55 1884 137 2 58/5 Rumex acetosella V Oui 3b 62 XVII 760 2 29/2 Rumex crispus V Oui 2b 63 XVIII 440 1 41/3 Senecio vulgaris A+B Non 2b 63 XVIII 322 1 141/11 Setaria faberi A Non 5a 40 1975 28 3 196/3 Setaria pumila A Non 3b 59 1925 165 1 16/1 Setaria viridis var. viridis A Non 2b 61 1821 191 0 202/4 Sinapis arvensis A Non 2b 62 XVIII 428 2 176/5 Solanum ptychanthum A Non 3b 54 1821 1 1 248/16 Sonchus arvensis V Oui 2b 55 1859 270 12 55/3 Sonchus asper A Non 3b 62 1821 266 0 25/1 Sonchus oleraceus A Non 2b 61 1821 201 0 62/2 Spergula arvensis A Non 2b 53 XVIII 378 0 41/2 Stellaria graminea V Oui 3b 46 1883 940 0 2/1 Stellaria media A+V Non 2b 63 XVII 310 0 224/7 Taraxacum officinale V Non 2b 64 XVII 652 0 162/7 Trapa natans V Non 5a 10 1998 2 9 23/2 Trifolium repens V Oui 2b 63 XVIII 492 0 187/4 Tripleurospermum maritimum subsp. maritimum A Non 5a 14 1880 98 0 12/0 Vicia cracca V Oui 2b 50 XVIII 1 135 0 8/1 Vinca minor V Oui 5a 45 1883 120 0 3/0 Viola arvensis A Non 3b 47 1905 118 0 74/1 a A : plante annuelle; B : plante biannuelle; V : plante vivace. b Source : United States Department of Agriculture (2014). c Classification d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (2014) pour l’an 2000. Voir Lavoie et al. (2013b) pour les détails de la procédure de collecte des données : les zones ont été extrapolées à partir de l’actuelle répartition des plantes sur le territoire nord-américain (selon le United States Department of Agriculture, 2014), et sont donc approximatives, surtout si la plante est d’introduction récente. La valeur des données est surtout relative (chaque plante par rapport aux autres) et non absolue. d Le siècle, en chiffres romains, est indiqué lorsqu’il n’est pas possible de donner une année précise (source : Lavoie et al., 2012a, sauf pour Cirsium arvense, J. Cayouette, Agriculture et Agroalimentaire Canada, comm. pers.). e Herbiers de l'Université Laval (QFA) et de l'Université de Montréal (MT) seulement. Voir Lavoie et al. (2013b) pour les détails de la collecte des données. f WoS : Web of Science™ (voir le texte pour la signification de cette donnée; source : Thomson Reuters, 2014; dernière mise à jour : décembre 2012). et aux États-Unis (présentes en moyenne dans 47 états, Les deux tiers des plantes (60 taxons) sont nuisibles provinces ou territoires; taxons non nuisibles : 31), mais à des degrés divers pour les productions agricoles, horti- 4 taxons sont présents dans tout au plus 5 États ou pro- coles ou forestières (A; Annexe I). Suivent dans l’ordre vinces. Les plus anciennes plantes se sont naturalisées les nuisances pour la biodiversité ou le maintien des fonc- dès le XVIIe siècle, alors que la plus récente s’est natu- tions écosystémiques (B : 27 taxons), celles pour la santé ralisée en 2007. Les plantes nuisibles ont été récoltées (S : 15), celles pour l’horticulture ornementale ou l’aména- (spécimens d’herbier) 288 fois en moyenne, soit bien plus gement paysager (H : 11) et celles pour les activités de loisir que les plantes non nuisibles (73), mais le nombre de (L : 4). On trouve pour la plupart des plantes problématiques récoltes est très variable d’un taxon à l’autre (minimum : 1; pour l’agriculture ou la foresterie des preuves du caractère maximum : 1 135). Près de la moitié (42 sur 87 : 48 %) nuisible dans la littérature scientifique, même si l’indice des taxons ne figurent pas dans une autre liste de plantes WoS ne le reflète pas nécessairement pour des raisons de nuisibles aux États-Unis. À l’inverse, 123 taxons non nui- référencement (mots-clés des articles plus ou moins indi- sibles figurent sur au moins l’une de ces listes. L’indice catifs du caractère nuisible). Plusieurs taxons (Brassica WoS est extrêmement variable d’un taxon à l’autre, mais rapa, Chenopodium strictum, Erysimum cheiranthoides, en moyenne, on trouve 20 fois plus d’articles avec l’usage Matricaria discoidea, Persicaria maculosa, Stellaria gra- des rubriques title ou topic qu’avec le seul usage de la minea, Trifolium repens, Tripleurospermum maritimum) rubrique title. n’auraient toutefois pas été découverts par le seul examen 140 ©Écoscience
Vous pouvez aussi lire