Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
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Vol. 86, n o 47 – 25 novembre au 1er décembre 2015 – www.laterre.ca – Un cahier – 32 pages – 2,25 $ PESTICIDES Québec imposera de nouvelles contraintes À LIRE EN PAGE 2 MARTIN MÉNARD/TCN PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE La ministre Freeland ne se sent « pas liée » À LIRE EN PAGE 3 À LIRE EN PAGE 4 ARCHIVES/TCN Vol 86 #47 47 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 « Diminuer les pesticides, c’est énorme » pour faire face à un changement de agricoles. Il ajoute que les producteurs ce qui dépasse la compétence du cette taille », analyse le directeur des ne sont pas les seuls responsables des producteur », dénonce-t-il, soulignant MARTIN MÉNARD Producteurs, Benoit Legault, qui cite problèmes liés à l’utilisation de pes- qu’avant d’imposer des règlements, il mmenard@laterre.ca l’échec de la France dans sa stratégie de ticides, montrant du doigt des lacunes aurait fallu que les autorités s’assurent réduction des pesticides imposée aux concernant l’information transmise sur que chaque produit soit doté de la bonne Les Producteurs de grains du agriculteurs. les produits. « Ça me choque quand on politique d’application. Québec, qui représentent quelque Les Producteurs de grains du Québec considère les producteurs comme des Les Producteurs de grains assurent 11 000 membres, s’inquiètent sérieuse- se disent défavorables à la prescription “innocents”, comme des gens qui ne qu’ils ne sont pas contre l’idée de ment des répercussions de la stratégie obligatoire, c’est-à-dire à l’idée que tous se posent pas de questions. Voyons! diminuer l’impact des pesticides sur que s’apprête à dévoiler le ministère les pesticides doivent recevoir l’appro- Personne n’applique des pesticides par l’environnement et qu’ils collabore- du Développement durable, de l’Envi- bation d’un agronome. « Nous sommes plaisir. Il y a des factures rattachées à ront « à toute stratégie réaliste, efficace ronnement et de la Lutte contre les contre cette lourdeur administrative leur utilisation. Notre volonté de bien et faisable en matière de réduction de changements climatiques. « Changer qu’on veut imposer à nos membres. Il y faire les choses est là. Mais personne pesticides ». L’organisation participera complètement les pratiques au champ, aura aussi des coûts potentiellement liés ne peut nous expliquer pourquoi, après d’ailleurs activement à un forum sur le ce n’est pas quelque chose de facile. à ça », souligne M. Legault. Le président avoir respecté les consignes sur les éti- sujet organisé en janvier prochain, mais Or, demander de diminuer les pesti- Christian Overbeek abonde dans le quettes des produits, nous en retrouvons déplore, en passant, que personne ne cides, comme semble vouloir le faire le même sens, s’interrogeant sur l’impact dans les cours d’eau. Comme si la toxi- mentionne un élément positif, soit que ministère, c’est énorme. Surtout consi- de l’éventuelle stratégie sur la péren- cité et la mobilité des molécules avaient l’indice de risque global lié aux pesti- dérant le peu de ressources disponibles nité et la compétitivité des entreprises été mal évaluées par certains services, cides a diminué depuis 1997. Québec restreindra significativement l’usage des pesticides La Terre a appris (au moment de réduire de 80 % les superficies ense- de soya traitées aux néonicotinoïdes. intitulé Présence de pesticides dans mettre sous presse) qu’une nouvelle mencées avec des semences de maïs ou Un rapport déposé en août dernier l’eau au Québec pourrait avoir été stratégie québécoise sur les pesticides la goutte qui a fait déborder le vase. sera dévoilée dans les prochains jours. Ce document indiquait en effet que le Celle-ci serait beaucoup plus restric- dépassement des normes de qualité de tive en ce qui concerne l’utilisation des l’eau avait littéralement bondi ces der- pesticides en milieu agricole. nières années en raison de l’utilisation Le ministère de l’Environnement exi- de pesticides, notamment grâce à de gerait que l’emploi des néonicotinoïdes nouvelles mesures d’analyse permet- soit préalablement justifié par une éva- tant la détection d’insecticides de la luation agronomique afin de diminuer famille des néonicotinoïdes. les superficies traitées. Le ministère Le ministre de l’Agriculture, Pierre exigera aussi des producteurs qu’ils Paradis, s’était alors dit fort déçu de ces réduisent l’utilisation des pesticides résultats, qui se voulaient à l’inverse MARTIN MÉNARD/TCN les plus à risque, comme l’atrazine, le de l’objectif de réduction de 25 % des chlorpyrifos et les néonicotinoïdes. risques pour la santé et l’environne- Le prochain règlement semble s’ins- ment, tel que formulé dans le cadre de pirer de l’Ontario, qui a récemment Une nouvelle stratégie québécoise exigerait des agriculteurs qu’ils réduisent l’utilisation des la Stratégie phytosanitaire québécoise adopté des mesures drastiques visant à pesticides les plus à risque comme l’atrazine, le chlorpyrifos et les néonicotinoïdes. en agriculture 2011-2021. M.M.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 3 « Un produit d’exception » – Martin Picard PIERRE-YVON BÉGIN pybegin@laterre.ca QUÉBEC — La production de sirop d’érable au Québec injecte chaque année 800 M$ dans l’économie cana- dienne. Serge Beaulieu, président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, a révélé ce chiffre en ouver- ture de l’assemblée générale annuelle de l’organisation le 19 novembre der- nier à Québec. Celle-ci célèbre cette année le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur de son plan conjoint. La célé- bration de ce moment historique s’est PIERRE-YVON BÉGIN/TCN poursuivie avec la tenue d’un premier Symposium international de l’érable en fin de semaine. « Depuis 2010, la croissance annuelle des ventes de l’Agence et des verse- Le populaire chef Martin Picard et le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu, ont convié les par- ments à nos producteurs a été de 14,2 %. lementaires à un cocktail le mercredi 18 novembre dernier afin de savourer de nouvelles créations culinaires à l’érable. Vous avez bien entendu, 14,2 % par année! » a affirmé Serge Beaulieu. conviés à déguster quelques nouveautés avec une bouchée de beurre d’érable au Leur réaction devant la tubulure bran- Le soir du 18 novembre, les parlemen- des produits de l’érable. Le chef Martin foie gras. Wow! chée aux érables, a-t-il confié, consti- taires de l’Assemblée nationale étaient Picard a notamment retenu l’attention « Le sirop d’érable est un pro- tue un véritable spectacle. duit d’exception à travers le monde « Ça ne connecte pas dans leur entier », a déclaré fièrement l’anima- tête », a-t-il illustré. Une évolution est en train de se passer. Il y a une teur de la populaire émission Un chef Le chef réputé a également rendu mobilisation autour du sirop d’érable. Tout le monde à la cabane. Celui-ci a rappelé qu’il hommage à la Fédération des pro- a le goût de le voir évoluer. C’est signe qu’il y a de avait acquis une cabane à sucre en ducteurs acéricoles du Québec pour 2007 afin de mener des recherches avoir réussi à « stabiliser » la mise en beaux moments qui s’en viennent. culinaires sur le sirop d’érable. marché. Selon lui, le sirop d’érable est « Je pensais être saturé rapidement, promis à un brillant avenir. a-t-il révélé, mais à ma grande surprise, « Une évolution est en train de se Ouverture du 1er Salon Érable en ville j’ai de l’inspiration à revendre. On passer. Il y a une mobilisation autour dirait que plusieurs portes s’ouvrent et du sirop d’érable. Tout le monde a le qu’il n’y a pas de limites. » goût de le voir évoluer. C’est signe En entrevue, Martin Picard a indiqué qu’il y a de beaux moments qui s’en qu’il invitait régulièrement chez lui viennent », a-t-il conclu. des collègues de renommée mondiale. Sur le Web laterre.ca Actualités/vie rurale y La Banque de terres a des visées provinciales pour 2016 Actualités/élevages y Les apiculteurs demandent la fermeture des frontières y Une ferme investit 4 M$ dans le bien-être animal et… humain/Pour plus de photos, visitez laterre.ca. PIERRE-YVON BÉGIN/TCN Commentez à facebook.com/laterreca. La question de la semaine y Êtes-vous friand des produits de l’érable? Le vendredi 20 novembre, le 1er Salon Érable en ville a ouvert ses portes au grand public Venez répondre à laterre.ca en marge du 1er Symposium international de l’érable à Québec. François Roberge, PDG de La Vie en Rose et acériculteur, Serge Beaulieu, président de la Fédération des Résultats du sondage producteurs acéricoles du Québec, Daniel Vézina, chef des restaurants Laurie Raphaël et porte-parole du Salon, ainsi que la mascotte Siropcool ont procédé à l’ouverture y L’utilisation de termes laitiers pour d’autres produits officielle. Déjà, de nombreux visiteurs défilaient devant la cinquantaine d’exposants, amènerait-elle de la confusion aux consommateurs? au plus grand bonheur des organisateurs. Dans la prochaine édition de la Terre, tout Oui 86 % / Non 12 % / Je ne sais pas 2 % sur le Symposium. P.-Y.B.
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE La ministre Freeland « pas liée » THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@laterre.ca La ministre Freeland a créé une cer- taine commotion dans les médias en affirmant qu’elle ne se sentait « pas liée » par le programme de compen- sation pour la gestion de l’offre éla- boré par le précédent gouvernement. Elle a aussi déclaré, en conférence de presse à Manille, le 18 novembre, que le ministre de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, et le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, examinaient le plan de compensation en ce moment et qu’elle attendait donc leur avis. Chrystia Freeland a ajouté par ailleurs comprendre l’importance des com- THIERRY LARIVIÈRE/TCN pensations pour les secteurs qui seront affectés par le Partenariat transpaci- fique (PTP). La Terre n’a pas été en mesure d’obtenir des clarifications du La ministre Chrystia Freeland (en robe rouge) lors de son assermentation à Rideau Hall le 4 novembre dernier. ministère de Chrystia Freeland sur les intentions plus précises du gouverne- producteurs agricoles (UPA), qui 10 ans et non pas à 2,5 G$ comme le teurs ont interprété ces propos comme ment envers les compensations pour estime que la ministre a voulu se dis- programme conservateur le proposait. laissant la place au gouvernement cana- la gestion de l’offre au moment de tancier du précédent gouvernement. La ministre a aussi expliqué qu’elle dien de se distancier de l’accord après mettre sous presse, le 20 novembre « La seule façon de revoir ce pro- était favorable au libre-échange, mais avoir procédé à son examen et à des dernier. gramme, ce serait de le bonifier », a que le PTP avait été négocié par le pré- consultations auprès des Canadiens. La « Si on se fie aux engagements élec- ajouté le président, qui précise que cédent gouvernement. Elle a également Terre n’a pas été en mesure de préciser toraux des libéraux, nous ne sommes les pertes liées aux deux accords de réitéré la volonté du gouvernement avec le cabinet de la ministre si la rati- pas inquiets », a commenté Marcel libre-échange en cours de ratifica- Trudeau de consulter les Canadiens sur fication du PTP par le Canada sera une Groleau, président de l’Union des tion sont évaluées autour de 6 G$ sur le PTP comme tel. Certains observa- simple formalité ou pas. Le PTP pourrait être bloqué THIERRY LARIVIÈRE 62 % du PIB, si les États-Unis ne le ratifient pas, il n’y a plus de PTP. Certaines voix s’élèvent aux États-Unis pour criti- Rappelons que la meneuse dans la course à la chef- quer le Partenariat transpacifique (PTP), dont celle de ferie du Parti démocrate, Hillary Clinton, reproche aux l’influent sénateur républicain de l’Utah, Orrin Hatch. négociateurs de n’avoir rien prévu en ce qui concerne Ce dernier est perçu comme un sénateur clé qui serait la « manipulation des monnaies » qui « tue » des en mesure de retarder ou même de faire battre le vote emplois américains. Pour la prétendante à la prési- sur le PTP au Congrès américain. Il demande une dence, un accord valable devrait tenir compte de cet renégociation de certaines parties de l’accord, notam- aspect et contribuer à créer de bons emplois et à haus- ment sur la question de la propriété intellectuelle. ser les salaires. Notons que les États-Unis peuvent bloquer à eux Si des membres du Parti républicain et les démo- MARC NOZELL seuls la ratification du PTP. En effet, l’accord entrera crates proches d’Hillary Clinton s’entendent pour dire en vigueur 60 jours après la ratification par les 12 pays que cet accord doit être renégocié, il est possible que Hillary Clinton, qui souhaite devenir présidente des ou après deux ans si au moins 6 pays qui représentent ça se fasse. Le Canada devrait alors se positionner sur États-Unis, s’oppose au PTP dans sa forme actuelle. 85 % du PIB global du PTP ratifient l’accord. Avec les points qu’il cherchera à améliorer le cas échéant.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 5 PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE Le lait avec hormone dans la mire THIERRY LARIVIÈRE Pendant la campagne électorale, le Parti libéral du Canada a insisté sur la réciprocité des normes pour les pro- duits importés par rapport à celles en vigueur au pays. Dans sa lettre à la Coalition GO5, le Parti libéral promettait en effet de « s’assurer que l’ensemble des pro- duits alimentaires qui sont importés, incluant les produits laitiers, respecte les mêmes normes de santé et d’hy- giène que les produits canadiens ». ARCHIVES/TCN Logiquement, le gouvernement libé- ral devrait donc s’assurer d’imposer que le lait importé au Canada, notam- La somatotrophine bovine commercialisée par Monsanto aux États-Unis peut causer des problèmes de santé aux vaches et notamment ment en provenance des États-Unis, augmenter les cas de mammite. ne contienne pas de somatotrophine bovine, une hormone de croissance qui Notons par ailleurs que le texte du de mettre en place un tel système ou à sa promesse et à contrôler l’entrée de est interdite au Canada. Partenariat transpacifique contient une de baliser celui qui existe déjà aux lait avec hormone, cela pourrait limiter Les Producteurs laitiers du Canada lettre d’entente spécifiquement sur le États-Unis et qui donne la possibilité l’entrée de produits américains. Le lait (PLC) sont de cet avis. « De notre point lait entre le Canada et les États-Unis. de vendre du lait certifié sans hormone sans hormone dispose par ailleurs d’un de vue, nous croyons que le Canada Le document stipule que les deux pays (BST free). marché américain plus lucratif que celui a les moyens et l’autorité nécessaire doivent s’entendre sur un système de Selon des chiffres du département du lait standard aux États-Unis ou au d’interdire le lait ou les produits lai- salubrité alimentaire (food safety), américain de l’Agriculture (USDA) de Canada. tiers contenant de la somatotrophine. qui sera reconnu par le pays voisin de 2010, quelque 18 % de la production L’hormone de croissance pour les Nous estimons que l’interdiction de façon à éviter les inspections transfron- laitière américaine du Wisconsin se vaches laitières n’est pas utilisée cette hormone au Canada, basée sur talières. faisait avec la somatotrophine bovine. par l’Union européenne, le Japon, la des considérations de santé animale, Pour le moment, il n’y a pas de sys- Le Wisconsin est l’un des principaux Nouvelle-Zélande ou l’Australie. En constitue un objectif légitime, et les tème de certification reconnu par le États producteurs des États-Unis avec plus de la santé animale, des craintes ententes internationales permettent Canada qui permettrait de s’assurer 13,5 % de la production nationale. Peu relatives à la santé humaine ont été sou- de réglementer sur la base d’objectifs que seul le lait sans hormone traverse de laiteries disposent toutefois d’un levées par des consommateurs. Il n’y a légitimes », a spécifié Yves Leduc, la frontière. Les discussions prévues système de collecte permettant de toutefois pas de preuves scientifiques directeur des politiques et du com- dans la lettre donneront toutefois l’oc- séparer le lait avec ou sans hormone. Si démontrant des effets de cette hormone merce international pour les PLC. casion de demander aux Américains le gouvernement réussit à donner suite sur la santé des humains. par des Américains Notons que le Japon a déjà fait savoir son désaccord (AFBF), la plus grande association d’agriculteurs, étu- Sur l’ensemble de ses exportations du secteur laitier, avec toute renégociation, tout comme l’administration die les détails du PTP et espère que l’accord permettra la Nouvelle-Zélande compte épargner 102 M$ NZ en Obama. Cette dernière est cependant minoritaire au d’équilibrer les règles du jeu entre les pays en réduisant droits de douane. Congrès. les tarifs et en éliminant les barrières au commerce qui Tim Groser, ministre du Commerce de la Nouvelle- Réactions mitigées des agriculteurs américains ne sont pas basées sur la science. L’AFBF escomptait Zélande, a mentionné peu après la signature que le Il y a un désaccord profond du côté de la National de plus grands accès pour les produits agricoles amé- PTP allait « créer des débouchés » pour le secteur Farmers Union (NFU), l’un des deux grands syndicats ricains, surtout pour certaines viandes. laitier de son pays et de l’Australie. Fonterra, le plus d’agriculteurs américains. Cette organisation estime La National Milk Producers Federation, qui repré- grand exportateur de lait, a cependant reproché au PTP que n’importe quel accord qui n’est pas très directif sente des producteurs de lait des États-Unis, attend de ne pas être à la hauteur de l’« ambition originale » par rapport à la manipulation des monnaies ne « vaut toujours d’étudier les détails du PTP avant de se pro- d’élimination de tous les tarifs laitiers. Le Japon ouvre pas le papier sur lequel il est écrit ». En conséquence, noncer clairement. Notons tout de même que certains tout de même son marché laitier en éliminant les tarifs la NFU va s’opposer vigoureusement au PTP et tenter tarifs qui protègent le secteur laitier américain de la sur le fromage en 16 ans et sur le lactosérum en 21 ans. d’influencer le Congrès. Nouvelle-Zélande et de l’Australie seront éliminés sur Des contingents tarifaires seront également offerts par D’autres acteurs du monde agricole américain sont 10 à 30 ans. Quelque 820 M$ de produits laitiers néo- le Japon sur le beurre, le lactosérum, le lait et la poudre plus prudents. L’American Farm Bureau Federation zélandais seraient sans droits de douane dès le départ. de lait ainsi que le lait évaporé et condensé.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 ÉDITORIAL Sirop d’érable : le gros bon sens dure bataille pour obtenir leur plan conjoint. Ils équipementiers québécois. La recherche ont construit un à un les outils pour une mise d’équipements plus performants, automatisés et MARCEL en marché ordonnée, performante et adaptée moins énergivores permet aujourd’hui d’obtenir GROLEAU aux particularités et au folklore (il faut le dire) des rendements par entaille supérieurs ainsi qu’une Président général de de la production. Ils ont usé du gros bon sens meilleure qualité de sirop. Nous sommes aussi les l’Union des producteurs qui caractérise les producteurs agricoles. Les leaders mondiaux à ce chapitre. agricoles meilleures solutions sont souvent les plus simples. Les producteurs acéricoles étaient réunis à Le gros bon sens, pour garantir Québec pour ce 25e anniversaire. Ils ont organisé l’approvisionnement de sirop sur une base mercredi dernier une réception au restaurant Les producteurs acéricoles du Québec célèbrent annuelle, alors que la production est saisonnière Le Parlementaire, à l’Assemblée nationale, pour cette année le 25e anniversaire de leur plan et ne dure que quelques semaines, a été de créer les ministres et députés. Ils ont ensuite tenu leur conjoint. Que de travail accompli pendant cette la réserve stratégique mondiale de sirop d’érable assemblée générale annuelle et leur gala jeudi, période! La production de sirop d’érable et tous administrée par les producteurs. C’était nouveau pour finalement clore la semaine par un événement ses dérivés sont uniques et sont devenus, au fil et très audacieux, mais essentiel pour développer grandiose : le premier Symposium international des ans, un véritable fleuron de notre agriculture. et favoriser les investissements à long terme dans de l’érable. Producteurs, transformateurs, Le Québec est le leader mondial de cette industrie. l’industrie. Cette réserve permet de stabiliser les équipementiers, chefs cuisiniers et chercheurs se prix pour les producteurs et les acheteurs, malgré sont côtoyés pendant deux jours pour parler du Le secteur acéricole affiche une performance les variations de production d’une saison à l’autre. développement de la production et des marchés. économique remarquable. La récolte 2015, l’une des meilleures de l’histoire, est déjà pratiquement Le gros bon sens, c’est d’obtenir un revenu Le chemin parcouru par les producteurs et vendue. L’agence de vente a établi cette année juste du marché pour tous les producteurs en l’industrie du sirop est impressionnant. Je salue leur un second record consécutif de ventes avec un négociant avec les acheteurs par l’intermédiaire gros bon sens et leur entêtement. Plus tôt cette total de 97 millions de livres de sirop d’érable. de la Fédération. Le gros bon sens, c’est de année, le ministre de l’Agriculture a commandé Depuis 2010, les ventes de l’agence croissent produire selon les perspectives de marché en au conseiller en politiques publiques Florent annuellement de 10,5 %. Pour répondre à cette approvisionnant la réserve stratégique pour que Gagné un rapport sur le secteur acéricole et son demande croissante, la Fédération des producteurs les acheteurs ne manquent jamais de sirop. développement. J’espère que M. Paradis a eu la acéricoles du Québec attend impatiemment que chance de participer aux événements du 25e et de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Le gros bon sens, c’est d’investir tous ensemble constater toute l’ampleur du progrès accompli et Québec homologue son règlement et autorise pour développer le marché et financer la recherche du travail réalisé par la Fédération. 500 000 nouvelles entailles pour le printemps 2016 et la promotion. Aujourd’hui, le sirop est recherché et 2 millions d’entailles additionnelles pour 2017. pour ses priorités nutraceutiques et antioxydantes. Avec 71 % de la production mondiale de sirop Ces nouvelles entailles s’ajouteront aux 43 millions Très apprécié des plus grands chefs, il est dans d’érable, « chapeau! » à l’ensemble des producteurs actuelles et entraîneront des investissements toutes les cuisines réputées du monde, et les et des productrices acéricoles et mes plus additionnels de plus de 25 M$. opportunités de développement sont nombreuses respectueuses félicitations pour les 25 ans de leur dans plusieurs pays. plan conjoint! La mise en place du plan conjoint il y a 25 ans est directement responsable de ce cheminement Ce développement de la demande et de remarquable. Les producteurs ont mené une la production a eu un impact direct sur les www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Directeur Daniel Lamoureux administration Marc Mancini Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 7 FAIT DIVERS Après avoir pris de grandes précautions pour éviter de se faire prendre, la bande de voleurs de sirop d’érable de Saint-Louis- de-Blandford a commis plusieurs erreurs qui ont causé sa perte. Cette semaine, la Terre présente les détails du vol et les personnes impliquées. La semaine prochaine, on verra comment les enquêteurs ont mis le collet sur les auteurs du plus grand vol de l’histoire du Québec. Des voleurs organisés, mais négligents YVES CHARLEBOIS Collaboration spéciale TROIS-RIVIÈRES — Parce que le camionneur Sébastien Jutras a plaidé coupable à des accusations de vol et de complot, plusieurs détails relatifs au plus important vol jamais commis au Québec ont été rendus publics. En effet, le procureur de la poursuite, Me Julien RÉSEAU PRO-SPEC VENTE Beauchamp-Laliberté, a dévoilé une grande partie de l’enquête devant la juge Dominique Slater le vendredi 13 novembre, au palais de justice de Avik Caron a déjà été conseiller en place- Me Julien Beauchamp-Laliberté, procu- Le camionneur Sébastien Jutras a perdu Trois-Rivières. ments pour sa compagnie, Sécurité finan- reur de la poursuite, et Luc Briand, enquê- ses camions et sa compagnie. Il purge une Un entrepôt loué cière Caron. Il a été radié de l’Autorité des teur de la Sûreté du Québec. peine de 42 mois de prison. Au printemps 2011, la Fédération des marchés financiers en 2013. Il est devenu vendeur de voitures par la suite. Maintenant, producteurs acéricoles du Québec loue il séjourne en prison. un espace de 18 000 pi2 dans un vaste entrepôt de Saint-Louis-de-Blandford leur bleue vraiment particulière n’étant pour emmagasiner plus de 16 000 barils pas offerte sur le marché, Caron doit de 45 gallons de sirop. commander de la peinture similaire L’immeuble est la propriété d’une chez un marchand de Victoriaville. compagnie à numéro dont l’un des Le premier vol serait survenu à la fin trois actionnaires est Josée Lamothe, de l’été 2011. Les barils volés auraient la conjointe d’Avik Caron, qui dirige été transportés jusqu’à l’érablière du l’entrepôt. M. Caron fournit d’ailleurs père de Richard Vallières, Raymond PHOTOS : YVES CHARLEBOIS du personnel pour la manutention des (coaccusé), située à Saint-Adalbert dans barils à empiler dans ce dernier. Pour le comté de L’Islet, une municipalité assurer la sécurité des lieux, le gardien située près de la frontière du Maine et Sylvain Bourassa réside dans un loge- du Nouveau-Brunswick. ment sur place et effectue des rondes de À l’érablière, les barils sont vidés et Le palais de justice de Trois-Rivières. surveillance soir et matin. Bourassa est remplis d’eau pompée dans un petit maintenant accusé de vol. lac adjacent pour être ensuite retour- Une fourmilière plusieurs livraisons de barils de sirop Un plan élaboré nés à Saint-Louis-de-Blandford, où ils Plus tard, pour économiser du au Nouveau-Brunswick, en Ontario Caron flaire la bonne affaire devant doivent remplacer les prochains barils temps, le sirop est transvidé directe- ainsi que dans le Vermont et au New la quantité impressionnante de sirop de sirop volés. ment à Saint-Louis-de-Blandford, et Hampshire. Des documents douaniers dans son immeuble. Il lui faut toutefois À l’approche de l’hiver, comme le ce, durant la nuit. Un tuyau permet de prouvent ses déplacements. quelqu’un pour écouler la marchan- petit lac est sur le point de geler, un remplir d’eau un baril de 45 gallons en Les policiers ont découvert qu’il avait dise. Le camionneur Sébastien Jutras, autre camionneur est mis à contribu- moins d’une minute. Mais il fallait des reçu de Richard Vallières des virements qui possède la compagnie de transport tion, Richer Dinelle, qui possède une contenants, beaucoup de contenants. bancaires totalisant 521 443 $ et des Sebastian Express à Bécancour, lui compagnie de transport à Laval du Plusieurs réservoirs de 1 000 litres sommes en argent liquide. Jutras a été organise alors une rencontre au restau- nom de Pro Star Logistic. Ce dernier sont donc achetés usagés, sans aucune condamné à purger 42 mois de prison rant Madrid avec Richard Vallières, un loue un entrepôt sur la rue Sherbrooke garantie de salubrité, pour y recevoir le en plus de se faire saisir ses camions et individu reconnu pour l’achat et la vente Est à Montréal pour continuer de sirop volé. C’est dans un bâtiment situé remorques. Son père Gaétan, qui était de sirop en dehors du cadre réglemen- transvider le contenu des barils volés. dans le quartier Saint-Nicolas à Lévis simplement chauffeur de camion, mais taire (du plan conjoint et de la conven- Dinelle a plaidé coupable en mai der- que le sirop est bouilli pour permettre sa au fait du crime, a reçu une sentence de tion de mise en marché du sirop). nier et a écopé d’une peine d’un an de conservation. Un des employés chargé 18 mois de prison à purger dans la col- Pour éviter tout soupçon, les brigands prison en plus de se voir saisir plu- de bouillir le sirop transvidé, Martin lectivité. Les accusations de fabrication se procurent 104 barils vides, soit la sieurs de ses biens. Il a alors admis Proulx, doit recevoir sa sentence en de faux documents contre la mère de quantité pouvant entrer dans un camion avoir loué cet entrepôt pour 10 000 $ décembre prochain. Sébastien, Lyne Pépin, ont été retirées. de 53 pi, auprès d’une entreprise de la par mois pendant trois mois et avoir Nouveau-Brunswick, Vermont La semaine prochaine, la Terre pré- Beauce et les font peindre aux couleurs fait du transport de barils de Saint- Pour revenir au camionneur, sentera la manière dont le vol a été des barils de la Fédération. Cette cou- Louis-de-Blandford à Montréal. Sébastien Jutras, il a admis avoir fait constaté et les détails de l’enquête.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 ASSEMBLÉE ACÉRICULTURE Feu vert des acériculteurs pour l’ajout d’entailles PIERRE-YVON BÉGIN pybegin@laterre.ca QUÉBEC — Les producteurs de sirop d’érable piaffent d’impatience. S’il ne tenait qu’à eux, ils ajouteraient des mil- lions d’entailles immédiatement. De crainte d’être confrontés à une pénurie, ils ont mandaté leur fédération pour enclencher l’attribution d’entailles supplémentaires, voire de 2,5 millions. Réunis en assemblée générale annuelle (AGA) jeudi dernier à Québec, ils ont ainsi déploré le temps mis par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec à leur consentir un demi-million d’entailles. Dans sa requête soumise en avril dernier, la Fédération des pro- ducteurs acéricoles du Québec réclame aussi le droit de déterminer elle-même les futurs ajouts d’entailles, et ce, sans devoir passer par la Régie. PIERRE-YVON BÉGIN/TCN « Donnez les 500 000 entailles, et après on viendra vous dire que ce n’est pas correct », avait même conseillé un peu plus tôt Pierre Lemieux, premier vice-président de l’Union des produc- En assemblée générale annuelle, les producteurs acéricoles ont voté avec enthousiasme en faveur de l’augmentation du nombre d’entailles. teurs agricoles (UPA). Ils demandent à leur fédération d’enclencher immédiatement le processus d’attribution d’entailles supplémentaires. Plusieurs délégués ont fait valoir que la réserve stratégique semble aujourd’hui entrepôt de Laurierville afin d’ajouter réserve stratégique. Le directeur géné- l’intention d’aborder la question. Une insuffisante pour répondre à la demande 40 000 pi2. La superficie actuelle de ral, Simon Trépanier, a révélé que des rencontre doit avoir lieu au début de en cas de petite récolte. Roberto Landry, 235 000 pi2, a-t-on expliqué, suffirait à représentants d’Ottawa ont manifesté décembre à ce sujet. qui est producteur au Bas-Saint-Laurent, peine à contenir une récolte de 100 mil- a rappelé qu’il a fallu cinq ans pour lions de livres. Un second entrepôt situé récupérer le marché perdu à la suite de à Saint-Antoine-de-Tilly a été mis en la saison famélique de 2008. vente. « Cette fois-ci, on va reculer de 8 à Développement 10 ans, a-t-il prévenu. La petite récolte Les délégués ont aussi entériné une va survenir et on va frapper un mur hausse de leur contribution de 2 ¢/livre bientôt. On est trois ans en retard. » afin de développer le marché. Le pré- « Ça m’inquiète », a acquiescé un levé passera ainsi à 6,75 ¢/livre. autre producteur du Bas-Saint-Laurent, Par ailleurs, les acériculteurs font tou- Jean-Marie Gilbert. jours face à une production substantielle Le président de la Fédération, Serge de sirop classé VR5. Les stocks de ce Beaulieu, a pris la résolution comme sirop industriel atteignent 20 millions une manière de gagner du temps et de de livres dans la réserve stratégique. Le préparer le terrain en attente de la déci- Centre Acer, a-t-on rappelé, mène des sion de la Régie. recherches afin de caractériser le défaut « Quand on va avoir sa décision, on de saveur dit « de bourgeon ». Deux PIERRE-YVON BÉGIN va être capables d’agir », a conclu celui types semblent se dégager : léger et fort. qui a été réélu pour un cinquième man- Enfin, les délégués ont adopté une dat à la présidence. résolution demandant à leur fédération Le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu, voit La Fédération a d’ailleurs entre- de poursuivre les démarches afin d’ob- la demande de ses membres d’attribuer des entailles supplémentaires comme une façon de pris l’agrandissement de son nouvel tenir un soutien gouvernemental pour la gagner du temps, en attendant la décision de la Régie.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 9 « Il n’y a pas de volonté politique de faire du bœuf au Québec » MARTIN MÉNARD à proximité, nous aurions été cohérents 530 membres réunis le 19 novembre associée aux revers essuyés dans le cas avec les demandes du consommateur dernier en assemblée générale annuelle de Levinoff-Colbex et de Laroche, les LONGUEUIL — Dernièrement, la d’aujourd’hui, soucieux de la qualité pense que la Coopérative n’a plus sa membres ont félicité le conseil d’admi- Coopérative de bovins d’abattage du du produit, du bien-être animal et de raison d’être. L’autre moitié du groupe nistration pour ses efforts et le bon tra- Québec (CBAQ) a essuyé un échec l’empreinte environnementale. » considère que la problématique demeu- vail réalisé avec peu d’argent. On s’est dans sa tentative d’acquérir l’abattoir L’heure des décisions rera au Québec et qu’il faut maintenir la donné quelques mois pour réfléchir à Les Viandes Laroche, après avoir égale- Sans aucune autre possibilité CBAQ en place, au cas où une occasion l’avenir de la Coopérative », explique ment échoué dans sa tentative de mettre d’acquérir un abattoir, la moitié des se présenterait. « Malgré la morosité M. Doyon. la main sur les actifs de Levinoff- Colbex l’an passé. « On est un peu tannés d’échouer!, admet Paul Doyon, vice-président de la CBAQ. Dans les deux cas [Levinoff-Colbex et Laroche], Investissement Québec a préféré vendre JEAN-CHARLES GAGNÉ/TCN Paul Doyon peste contre le peu de richesse que crée l’industrie bovine au Québec, maintenant à la merci des grands transfor- mateurs nord-américains. en lots, ce qui favorise le démantèle- ment. En d’autres mots, le problème, c’est qu’il n’y a pas de volonté politique de faire du bœuf au Québec », juge-t-il. En entrevue à la Terre, Paul Doyon, accompagné du président de la CBAQ, James Allen, critique la structure de mise en marché du bœuf qui crée peu de richesse au Québec. « Dans d’autres productions, le porc par exemple, on s’est doté d’infrastructures. On abat au Québec, on transforme au Québec et on exporte dans le monde. Dans le bœuf, nos fonctionnaires spécialisés en mise en marché de la viande sont convaincus que c’est une bonne chose d’envoyer nos bêtes faire 15 heures de camion pour se faire abattre ailleurs et créer de la richesse ailleurs. Ça, c’est de la vision! » ironise-t-il. « Vois-tu des producteurs vendre leurs volailles à l’encan, ou leurs porcs? Non, il y a juste dans le bovin qu’on utilise encore ce système folklorique qui profite main- tenant aux quelques géants de la trans- formation », indique-t-il. Son confrère James Allen affirme que l’offre qu’ils ont faite conjointement avec trois autres partenaires pour acqué- rir les actifs des Viandes Laroche était valable. « L’abattoir de Laroche étant
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 11 Visites d’Afrique et des Antilles en Gaspésie dans le pays du même nom est particu- lièrement touchée. « De petits groupes MARTIN ROY d’individus locaux, mais surtout de mroy@laterre.ca grosses compagnies étrangères, achètent des dizaines de milliers d’hectares de Cinq délégués d’organisations et terres arables qui servaient à la culture d’associations professionnelles agri- du riz pour nourrir nos concitoyens afin coles du Sénégal et d’Haïti sont au d’y planter de nouvelles cultures exclu- Québec pour un stage d’un mois sous sivement destinées à l’exportation », la supervision d’UPA Développement relate-t-il. El Hadji Sene, qui est respon- international (UPA DI). Ils visiteront de sable des programmes de formation au nombreux organismes et exploitations Centre interprofessionnel de formation agricoles et passeront la semaine du 20 au des agriculteurs (CIFA), explique que la 27 novembre dans une ferme. Leur visite, population locale de cultivateurs devient MARTIN ROY/TCN qui se déroulera jusqu’au 8 décembre, salariée et doit utiliser sa paie afin de se se tiendra sur le thème de l’accaparement nourrir de produits importés. des terres agricoles. En Haïti, c’est la souveraineté alimen- Les stagiaires pour la Gaspésie. Rangée du haut : Natouga Mbodji (FPA, Sénégal), Ce phénomène qui préoccupe les taire qui est menacée par cette nouvelle El Hadji Sene (CIFA, Sénégal) et Amadou Mboji Niang (FPA, Sénégal). Rangée du bas : agriculteurs québécois touche aussi de réalité, d’autant plus que le pays manque Léonne Moreau (FOPADES, Haïti) et Jackson Faveur (FOPADES, Haïti). près les cultivateurs et paysans de ces cruellement d’infrastructures, déplorent pays en voie de développement, confir- Léone Moreau et Jackson Faveur, de la André D. Beaudoin, secrétaire géné- depuis la fondation d’UPA DI en 1993 ment les délégués arrivés à Montréal le Fédération des organisations de paysans ral d’UPA DI, offrira le soutien de son afin d’aider les pays en voie de dévelop- 10 novembre. et d’agriculteurs pour le développement organisation aux cultivateurs de ces pement sont aujourd’hui reconnus par Selon Natouga Mbodji, secrétaire géné- économique et social (FOPADES). « Les pays, qui mentionnent apprécier gran- l’Organisation des Nations Unies pour ral de la Fédération de périmètres auto- paysans sont laissés à eux-mêmes », dement l’aide des experts et agriculteurs l’alimentation et l’agriculture [FAO] », gérés (FPA), la région du fleuve Sénégal insistent-ils. québécois. « Plusieurs outils développés rappelle M. Beaudoin.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 PAGE 13 Nouveaux fluorescents avec moins de mercure Les petits tubes fluorescents offrent un YVES CHARLEBOIS éclairage assez puissant, comme on peut le voir au plafond de cette quincaillerie. Collaboration spéciale Depuis le 8 novembre 2015, il est inter- dit au Canada de fabriquer ou d’importer des tubes fluorescents qui contiennent YVES CHARLEBOIS plus de cinq microgrammes de mercure. Le ministère de l’Environnement du À la ferme laitière Andrenel, de Saint- Canada a fait adopter un règlement en Ferdinand, on vient tout juste d’installer L’électricien Michel Côté, d’Électral à les nouveaux luminaires fluorescents du Voici l’ancien modèle et le nouveau tube 2011 pour diminuer les quantités de mer- Thetford Mines. fluorescent, qui est plus petit. modèle T-8. cure dans les tubes fluorescents. « On savait qu’un jour, il ne serait économique si on les compare à des plus possible d’obtenir des T-12. Alors, lampes à diodes électroluminescentes dans toute nouvelle construction, j’utilise (DEL), qui coûtent quatre fois plus cher. les T-8 et, s’il faut remplacer des tubes, S’il s’agit d’éclairer l’intérieur d’un je conseille au client de se convertir », bâtiment dont le plafond est haut de six raconte Michel Côté, propriétaire mètres et plus, notre électricien va instal- d’Électral, une entreprise d’électriciens ler le modèle T-5, soit des tubes de quatre à Thetford Mines, qui n’installe que pieds dans un luminaire de quatre à six les nouveaux tubes depuis cinq ans. tubes. Ce type d’installation revient deux L’inconvénient, c’est que le luminaire fois plus cher que les tubes T-8. « Les – appelé ballast – pour fixer le tube T-8 vieilles lampes au mercure qui prenaient n’est pas le même que pour les anciens deux à trois minutes avant de s’allumer modèles. Selon M. Côté, les tubes fluo- complètement ne se posent plus dans les rescents sont une source d’éclairage usines ou les gros bâtiments de ferme. » Dans son résumé, le ministère donne une description de ce produit toxique : « Le mercure est un élément d’origine naturelle qui est persistant, bioaccumulatif et toxique à de très faibles quantités pour la santé humaine et les écosystèmes aquatiques et terrestres. Contrairement à d’autres métaux, le mercure, en raison de ses caractéristiques uniques (liquide à la température ambiante et extrême- ment volatil), crée des risques qu’il faut maîtriser par la prise de bonnes mesures de gestion des risques. » Ainsi, les tubes ordinaires, qui en contenaient plus de 15 microgrammes, ne seront plus offerts en magasin dans les prochains mois. Les fabricants de luminaires se sont adaptés en créant des tubes fluorescents au diamètre plus petit, qui éclairent davantage, consomment moins d’électricité et contiennent trois fois moins de mercure. Les anciens tubes, nommés T-12 dans le jargon des électriciens, sont remplacés par des T-8. Les anciens consommaient 40 watts et les nouveaux 32.
PAGE 14 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015 ASSEMBLÉE LAPINS Le bien-être animal au cœur des motivations des producteurs de lapins MARTIN ROY DRUMMONDVILLE — « Il faut expliquer à la population que l’éle- vage en clapier n’est pas de la mal- traitance. Au contraire, ça permet d’offrir un environnement sain et bien entretenu à l’animal. C’est en premier lieu à nous, les producteurs, de faire savoir aux gens que le bien-être ani- mal passe avant tout, car c’est ce qui nous permet d’offrir une viande de très grande qualité », a affirmé Julien Pagé, président du Syndicat des producteurs de lapins du Québec (SPLQ), lors de l’assemblée générale annuelle (AGA) du 13 novembre dernier. Certains dossiers occuperont les MARTIN ROY/TCN administrateurs du SPLQ au cours de la prochaine année. Le Syndicat entre- prendra bientôt une vaste consultation au sujet du plan stratégique quin- Le conseil d’administration du SPLQ : Maxime Tessier, vice-président, Jean-Pierre Kack, administrateur, Julien Pagé, président, Benoît quennal 2016-2021 du SPLQ auprès Dubuc, administrateur, et David Berthelette, administrateur nouvellement élu lors de l’AGA. de tous les intervenants concernés, notamment les transformateurs, cer- tains ministères et agences gouver- nementales, les consommateurs, les Les éleveurs ont pu constater qu’il y avait eu 50 000 lapins de plus vendus cette année chefs cuisiniers, etc. (soit 280 000 au total) et que l’organisation pouvait compter sur un surplus d’environ Un éleveur a souligné que la pro- duction de lapins au Québec répond 59 000 $. aux normes parmi les plus sévères du monde, qui interdisent par exemple au total) et que l’organisation pou- prévisions de production. Elles sont regroupements et aux associations de l’utilisation de certains médicaments, vait compter sur un surplus d’environ toutefois sujettes à approbation par la producteurs désignés (PAFRAPD) en et qu’en même temps le gouvernement 59 000 $. L’assemblée a d’ailleurs Régie. y incluant un ajustement budgétaire canadien permet les importations de adopté une résolution obligeant les L’autre résolution, adoptée à l’una- compensant l’inflation. On demande lapins élevés à l’étranger qui ne res- producteurs à déclarer des prévisions nimité, demande à l’Union des pro- également de prévoir un budget de pectent pas ces normes. « C’est un dos- de livraison sur quatre semaines au ducteurs agricoles de poursuivre les transition équivalant à la moyenne des sier très politique », a indiqué M. Pagé. lieu de deux. M. Pagé a expliqué que pressions sur le gouvernement du sommes versées au cours des trois der- En outre, les éleveurs ont pu consta- ces modifications faciliteront la vie Québec pour qu’il annonce dans les nières années pour les groupes bénéfi- ter qu’il y avait eu 50 000 lapins de des éleveurs, rassureront les ache- plus brefs délais qu’il renouvelle le ciaires de ce programme. plus vendus cette année (soit 280 000 teurs et donneront de la crédibilité aux Programme d’appui financier aux Notons qu’un programme de mento- rat pour les futurs producteurs sera mis en œuvre à compter de janvier 2016 grâce au financement d’AGRIcar- rières. Toutefois, le projet d’appella- Abattages en Ontario tion contrôlée pour le lapin du Québec a été mis de côté pour le moment, car L’abattage des animaux soumis aux normes fédérales doit être fait à Flinton, en Ontario, à 500 km de Montréal. Selon le le délai de quatre ou cinq ans pour président du SPLQ, Julien Pagé, l’abattage de proximité est ardu, car les abattoirs doivent répondre aux normes fédérales pour son homologation et surtout les coûts que la viande puisse être vendue à l’extérieur du Québec. rattachés à cette démarche sont trop De nombreux inconvénients sont liés à cette situation : le peu de contrôle sur les pratiques dans l’établissement, les morta- importants pour les 29 producteurs de lités et blessures durant les déplacements, les frais de transport et la difficulté d’établir une traçabilité rigoureuse. lapins de chair du Québec, a expliqué Les entrepreneurs québécois hésitent à se lancer dans un projet de nouvel abattoir. Même si le Québec produit 50 % des M. Pagé. lapins au pays, il demeure que le volume de production n’est pas suffisant pour effectuer des opérations d’abattage durant cinq jours par semaine. M.R.
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