Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES

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Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
Vol. 86, n o 47 – 25 novembre au 1er décembre 2015 – www.laterre.ca – Un cahier – 32 pages – 2,25 $

 PESTICIDES
 Québec imposera
 de nouvelles
 contraintes
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                                                                                                                                               MARTIN MÉNARD/TCN

 PARTENARIAT
 TRANSPACIFIQUE
 La ministre Freeland
 ne se sent « pas liée »
                                                                      À LIRE EN PAGE 3
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                                                                                                                                Vol 86 #47
                                                                                                      47

                                                                                                                                                  1
                                                                                                      Messageries Dynamiques

                                                                                                                                               78313 02664
                                                                                                                                                  7

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Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
PAGE 2     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015

« Diminuer les pesticides, c’est énorme »
                                            pour faire face à un changement de                agricoles. Il ajoute que les producteurs                            ce qui dépasse la compétence du
                                            cette taille », analyse le directeur des          ne sont pas les seuls responsables des                              producteur », dénonce-t-il, soulignant
           MARTIN MÉNARD                    Producteurs, Benoit Legault, qui cite             problèmes liés à l’utilisation de pes-                              qu’avant d’imposer des règlements, il
           mmenard@laterre.ca
                                            l’échec de la France dans sa stratégie de         ticides, montrant du doigt des lacunes                              aurait fallu que les autorités s’assurent
                                            réduction des pesticides imposée aux              concernant l’information transmise sur                              que chaque produit soit doté de la bonne
  Les Producteurs de grains du              agriculteurs.                                     les produits. « Ça me choque quand on                               politique d’application.
Québec, qui représentent quelque              Les Producteurs de grains du Québec             considère les producteurs comme des                                    Les Producteurs de grains assurent
11 000 membres, s’inquiètent sérieuse-      se disent défavorables à la prescription          “innocents”, comme des gens qui ne                                  qu’ils ne sont pas contre l’idée de
ment des répercussions de la stratégie      obligatoire, c’est-à-dire à l’idée que tous       se posent pas de questions. Voyons!                                 diminuer l’impact des pesticides sur
que s’apprête à dévoiler le ministère       les pesticides doivent recevoir l’appro-          Personne n’applique des pesticides par                              l’environnement et qu’ils collabore-
du Développement durable, de l’Envi-        bation d’un agronome. « Nous sommes               plaisir. Il y a des factures rattachées à                           ront « à toute stratégie réaliste, efficace
ronnement et de la Lutte contre les         contre cette lourdeur administrative              leur utilisation. Notre volonté de bien                             et faisable en matière de réduction de
changements climatiques. « Changer          qu’on veut imposer à nos membres. Il y            faire les choses est là. Mais personne                              pesticides ». L’organisation participera
complètement les pratiques au champ,        aura aussi des coûts potentiellement liés         ne peut nous expliquer pourquoi, après                              d’ailleurs activement à un forum sur le
ce n’est pas quelque chose de facile.       à ça », souligne M. Legault. Le président         avoir respecté les consignes sur les éti-                           sujet organisé en janvier prochain, mais
Or, demander de diminuer les pesti-         Christian Overbeek abonde dans le                 quettes des produits, nous en retrouvons                            déplore, en passant, que personne ne
cides, comme semble vouloir le faire le     même sens, s’interrogeant sur l’impact            dans les cours d’eau. Comme si la toxi-                             mentionne un élément positif, soit que
ministère, c’est énorme. Surtout consi-     de l’éventuelle stratégie sur la péren-           cité et la mobilité des molécules avaient                           l’indice de risque global lié aux pesti-
dérant le peu de ressources disponibles     nité et la compétitivité des entreprises          été mal évaluées par certains services,                             cides a diminué depuis 1997.

Québec restreindra significativement l’usage des pesticides
  La Terre a appris (au moment de           réduire de 80 % les superficies ense-             de soya traitées aux néonicotinoïdes.                               intitulé Présence de pesticides dans
mettre sous presse) qu’une nouvelle         mencées avec des semences de maïs ou              Un rapport déposé en août dernier                                   l’eau au Québec pourrait avoir été
stratégie québécoise sur les pesticides                                                                                                                           la goutte qui a fait déborder le vase.
sera dévoilée dans les prochains jours.                                                                                                                           Ce document indiquait en effet que le
Celle-ci serait beaucoup plus restric-                                                                                                                            dépassement des normes de qualité de
tive en ce qui concerne l’utilisation des                                                                                                                         l’eau avait littéralement bondi ces der-
pesticides en milieu agricole.                                                                                                                                    nières années en raison de l’utilisation
  Le ministère de l’Environnement exi-                                                                                                                            de pesticides, notamment grâce à de
gerait que l’emploi des néonicotinoïdes                                                                                                                           nouvelles mesures d’analyse permet-
soit préalablement justifié par une éva-                                                                                                                          tant la détection d’insecticides de la
luation agronomique afin de diminuer                                                                                                                              famille des néonicotinoïdes.
les superficies traitées. Le ministère                                                                                                                              Le ministre de l’Agriculture, Pierre
exigera aussi des producteurs qu’ils                                                                                                                              Paradis, s’était alors dit fort déçu de ces
réduisent l’utilisation des pesticides                                                                                                                            résultats, qui se voulaient à l’inverse
                                                                                                                                              MARTIN MÉNARD/TCN

les plus à risque, comme l’atrazine, le                                                                                                                           de l’objectif de réduction de 25 % des
chlorpyrifos et les néonicotinoïdes.                                                                                                                              risques pour la santé et l’environne-
  Le prochain règlement semble s’ins-                                                                                                                             ment, tel que formulé dans le cadre de
pirer de l’Ontario, qui a récemment         Une nouvelle stratégie québécoise exigerait des agriculteurs qu’ils réduisent l’utilisation des                       la Stratégie phytosanitaire québécoise
adopté des mesures drastiques visant à      pesticides les plus à risque comme l’atrazine, le chlorpyrifos et les néonicotinoïdes.                                en agriculture 2011-2021. M.M.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015          PAGE 3

« Un produit d’exception » – Martin Picard
           PIERRE-YVON BÉGIN
           pybegin@laterre.ca

  QUÉBEC — La production de sirop
d’érable au Québec injecte chaque
année 800 M$ dans l’économie cana-
dienne.
  Serge Beaulieu, président de la
Fédération des producteurs acéricoles
du Québec, a révélé ce chiffre en ouver-
ture de l’assemblée générale annuelle
de l’organisation le 19 novembre der-
nier à Québec. Celle-ci célèbre cette
année le 25e anniversaire de l’entrée en
vigueur de son plan conjoint. La célé-
bration de ce moment historique s’est

                                                                                                                                                                                                              PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
poursuivie avec la tenue d’un premier
Symposium international de l’érable en
fin de semaine.
  « Depuis 2010, la croissance annuelle
des ventes de l’Agence et des verse-            Le populaire chef Martin Picard et le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu, ont convié les par-
ments à nos producteurs a été de 14,2 %.        lementaires à un cocktail le mercredi 18 novembre dernier afin de savourer de nouvelles créations culinaires à l’érable.
Vous avez bien entendu, 14,2 % par
année! » a affirmé Serge Beaulieu.              conviés à déguster quelques nouveautés                               avec une bouchée de beurre d’érable au        Leur réaction devant la tubulure bran-
  Le soir du 18 novembre, les parlemen-         des produits de l’érable. Le chef Martin                             foie gras. Wow!                               chée aux érables, a-t-il confié, consti-
taires de l’Assemblée nationale étaient         Picard a notamment retenu l’attention                                  « Le sirop d’érable est un pro-             tue un véritable spectacle.
                                                                                                                     duit d’exception à travers le monde             « Ça ne connecte pas dans leur
                                                                                                                     entier », a déclaré fièrement l’anima-        tête », a-t-il illustré.
             Une évolution est en train de se passer. Il y a une                                                     teur de la populaire émission Un chef           Le chef réputé a également rendu
            mobilisation autour du sirop d’érable. Tout le monde                                                     à la cabane. Celui-ci a rappelé qu’il         hommage à la Fédération des pro-
            a le goût de le voir évoluer. C’est signe qu’il y a de                                                   avait acquis une cabane à sucre en            ducteurs acéricoles du Québec pour
                                                                                                                     2007 afin de mener des recherches             avoir réussi à « stabiliser » la mise en
                      beaux moments qui s’en viennent.
                                                                                                                     culinaires sur le sirop d’érable.             marché. Selon lui, le sirop d’érable est
                                                                                                                       « Je pensais être saturé rapidement,        promis à un brillant avenir.
                                                                                                                     a-t-il révélé, mais à ma grande surprise,       « Une évolution est en train de se

 Ouverture du 1er Salon Érable en ville
                                                                                                                     j’ai de l’inspiration à revendre. On          passer. Il y a une mobilisation autour
                                                                                                                     dirait que plusieurs portes s’ouvrent et      du sirop d’érable. Tout le monde a le
                                                                                                                     qu’il n’y a pas de limites. »                 goût de le voir évoluer. C’est signe
                                                                                                                       En entrevue, Martin Picard a indiqué        qu’il y a de beaux moments qui s’en
                                                                                                                     qu’il invitait régulièrement chez lui         viennent », a-t-il conclu.
                                                                                                                     des collègues de renommée mondiale.

                                                                                                                                     Sur le Web laterre.ca
                                                                                                                                     Actualités/vie rurale
                                                                                                                                     y La Banque de terres a des visées provinciales pour 2016

                                                                                                                                     Actualités/élevages
                                                                                                                                     y Les apiculteurs demandent la fermeture des frontières

                                                                                                                                     y Une ferme investit 4 M$ dans le bien-être animal et…
                                                                                                                                        humain/Pour plus de photos, visitez laterre.ca.
                                                                                             PIERRE-YVON BÉGIN/TCN

                                                                                                                                     Commentez à facebook.com/laterreca.

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                                                                                                                                     y Êtes-vous friand des produits de l’érable?
 Le vendredi 20 novembre, le 1er Salon Érable en ville a ouvert ses portes au grand public
                                                                                                                                     Venez répondre à laterre.ca
 en marge du 1er Symposium international de l’érable à Québec. François Roberge,
 PDG de La Vie en Rose et acériculteur, Serge Beaulieu, président de la Fédération des                                               Résultats du sondage
 producteurs acéricoles du Québec, Daniel Vézina, chef des restaurants Laurie Raphaël
 et porte-parole du Salon, ainsi que la mascotte Siropcool ont procédé à l’ouverture                                                 y L’utilisation de termes laitiers pour d’autres produits
 officielle. Déjà, de nombreux visiteurs défilaient devant la cinquantaine d’exposants,                                                 amènerait-elle de la confusion aux consommateurs?
 au plus grand bonheur des organisateurs. Dans la prochaine édition de la Terre, tout                                                Oui 86 % / Non 12 % / Je ne sais pas 2 %
 sur le Symposium. P.-Y.B.
Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
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                                                               PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE

La ministre Freeland « pas liée »
                      THIERRY LARIVIÈRE
                      tlariviere@laterre.ca

  La ministre Freeland a créé une cer-
taine commotion dans les médias en
affirmant qu’elle ne se sentait « pas
liée » par le programme de compen-
sation pour la gestion de l’offre éla-
boré par le précédent gouvernement.
Elle a aussi déclaré, en conférence
de presse à Manille, le 18 novembre,
que le ministre de l’Agriculture,
Lawrence MacAulay, et le ministre
de l’Innovation, des Sciences et
du Développement économique,
Navdeep Bains, examinaient le plan
de compensation en ce moment et
qu’elle attendait donc leur avis.
Chrystia Freeland a ajouté par ailleurs
comprendre l’importance des com-

                                                                                                                                                                                                THIERRY LARIVIÈRE/TCN
pensations pour les secteurs qui seront
affectés par le Partenariat transpaci-
fique (PTP). La Terre n’a pas été en
mesure d’obtenir des clarifications du                La ministre Chrystia Freeland (en robe rouge) lors de son assermentation à Rideau Hall le 4 novembre dernier.
ministère de Chrystia Freeland sur les
intentions plus précises du gouverne-                 producteurs agricoles (UPA), qui              10 ans et non pas à 2,5 G$ comme le           teurs ont interprété ces propos comme
ment envers les compensations pour                    estime que la ministre a voulu se dis-        programme conservateur le proposait.          laissant la place au gouvernement cana-
la gestion de l’offre au moment de                    tancier du précédent gouvernement.              La ministre a aussi expliqué qu’elle        dien de se distancier de l’accord après
mettre sous presse, le 20 novembre                    « La seule façon de revoir ce pro-            était favorable au libre-échange, mais        avoir procédé à son examen et à des
dernier.                                              gramme, ce serait de le bonifier », a         que le PTP avait été négocié par le pré-      consultations auprès des Canadiens. La
  « Si on se fie aux engagements élec-                ajouté le président, qui précise que          cédent gouvernement. Elle a également         Terre n’a pas été en mesure de préciser
toraux des libéraux, nous ne sommes                   les pertes liées aux deux accords de          réitéré la volonté du gouvernement            avec le cabinet de la ministre si la rati-
pas inquiets », a commenté Marcel                     libre-échange en cours de ratifica-           Trudeau de consulter les Canadiens sur        fication du PTP par le Canada sera une
Groleau, président de l’Union des                     tion sont évaluées autour de 6 G$ sur         le PTP comme tel. Certains observa-           simple formalité ou pas.

                                                                      Le PTP pourrait être bloqué
                                                                      THIERRY LARIVIÈRE                                            62 % du PIB, si les États-Unis ne le ratifient pas, il n’y
                                                                                                                                   a plus de PTP.
                                                                         Certaines voix s’élèvent aux États-Unis pour criti-         Rappelons que la meneuse dans la course à la chef-
                                                                      quer le Partenariat transpacifique (PTP), dont celle de      ferie du Parti démocrate, Hillary Clinton, reproche aux
                                                                      l’influent sénateur républicain de l’Utah, Orrin Hatch.      négociateurs de n’avoir rien prévu en ce qui concerne
                                                                      Ce dernier est perçu comme un sénateur clé qui serait        la « manipulation des monnaies » qui « tue » des
                                                                      en mesure de retarder ou même de faire battre le vote        emplois américains. Pour la prétendante à la prési-
                                                                      sur le PTP au Congrès américain. Il demande une              dence, un accord valable devrait tenir compte de cet
                                                                      renégociation de certaines parties de l’accord, notam-       aspect et contribuer à créer de bons emplois et à haus-
                                                                      ment sur la question de la propriété intellectuelle.         ser les salaires.
                                                                         Notons que les États-Unis peuvent bloquer à eux             Si des membres du Parti républicain et les démo-
MARC NOZELL

                                                                      seuls la ratification du PTP. En effet, l’accord entrera     crates proches d’Hillary Clinton s’entendent pour dire
                                                                      en vigueur 60 jours après la ratification par les 12 pays    que cet accord doit être renégocié, il est possible que
              Hillary Clinton, qui souhaite devenir présidente des    ou après deux ans si au moins 6 pays qui représentent        ça se fasse. Le Canada devrait alors se positionner sur
              États-Unis, s’oppose au PTP dans sa forme actuelle.     85 % du PIB global du PTP ratifient l’accord. Avec           les points qu’il cherchera à améliorer le cas échéant.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015           PAGE 5

                                                        PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE

 Le lait avec hormone dans la mire
 THIERRY LARIVIÈRE

   Pendant la campagne électorale, le
 Parti libéral du Canada a insisté sur la
 réciprocité des normes pour les pro-
 duits importés par rapport à celles en
 vigueur au pays.
   Dans sa lettre à la Coalition GO5,
 le Parti libéral promettait en effet de
 « s’assurer que l’ensemble des pro-
 duits alimentaires qui sont importés,
 incluant les produits laitiers, respecte
 les mêmes normes de santé et d’hy-
 giène que les produits canadiens ».

                                                                                                                                                                                        ARCHIVES/TCN
 Logiquement, le gouvernement libé-
 ral devrait donc s’assurer d’imposer
 que le lait importé au Canada, notam-        La somatotrophine bovine commercialisée par Monsanto aux États-Unis peut causer des problèmes de santé aux vaches et notamment
 ment en provenance des États-Unis,           augmenter les cas de mammite.
 ne contienne pas de somatotrophine
 bovine, une hormone de croissance qui          Notons par ailleurs que le texte du        de mettre en place un tel système ou           à sa promesse et à contrôler l’entrée de
 est interdite au Canada.                     Partenariat transpacifique contient une      de baliser celui qui existe déjà aux           lait avec hormone, cela pourrait limiter
   Les Producteurs laitiers du Canada         lettre d’entente spécifiquement sur le       États-Unis et qui donne la possibilité         l’entrée de produits américains. Le lait
 (PLC) sont de cet avis. « De notre point     lait entre le Canada et les États-Unis.      de vendre du lait certifié sans hormone        sans hormone dispose par ailleurs d’un
 de vue, nous croyons que le Canada           Le document stipule que les deux pays        (BST free).                                    marché américain plus lucratif que celui
 a les moyens et l’autorité nécessaire        doivent s’entendre sur un système de           Selon des chiffres du département            du lait standard aux États-Unis ou au
 d’interdire le lait ou les produits lai-     salubrité alimentaire (food safety),         américain de l’Agriculture (USDA) de           Canada.
 tiers contenant de la somatotrophine.        qui sera reconnu par le pays voisin de       2010, quelque 18 % de la production              L’hormone de croissance pour les
 Nous estimons que l’interdiction de          façon à éviter les inspections transfron-    laitière américaine du Wisconsin se            vaches laitières n’est pas utilisée
 cette hormone au Canada, basée sur           talières.                                    faisait avec la somatotrophine bovine.         par l’Union européenne, le Japon, la
 des considérations de santé animale,           Pour le moment, il n’y a pas de sys-       Le Wisconsin est l’un des principaux           Nouvelle-Zélande ou l’Australie. En
 constitue un objectif légitime, et les       tème de certification reconnu par le         États producteurs des États-Unis avec          plus de la santé animale, des craintes
 ententes internationales permettent          Canada qui permettrait de s’assurer          13,5 % de la production nationale. Peu         relatives à la santé humaine ont été sou-
 de réglementer sur la base d’objectifs       que seul le lait sans hormone traverse       de laiteries disposent toutefois d’un          levées par des consommateurs. Il n’y a
 légitimes », a spécifié Yves Leduc,          la frontière. Les discussions prévues        système de collecte permettant de              toutefois pas de preuves scientifiques
 directeur des politiques et du com-          dans la lettre donneront toutefois l’oc-     séparer le lait avec ou sans hormone. Si       démontrant des effets de cette hormone
 merce international pour les PLC.            casion de demander aux Américains            le gouvernement réussit à donner suite         sur la santé des humains.

par des Américains
 Notons que le Japon a déjà fait savoir son désaccord       (AFBF), la plus grande association d’agriculteurs, étu-       Sur l’ensemble de ses exportations du secteur laitier,
 avec toute renégociation, tout comme l’administration      die les détails du PTP et espère que l’accord permettra       la Nouvelle-Zélande compte épargner 102 M$ NZ en
 Obama. Cette dernière est cependant minoritaire au         d’équilibrer les règles du jeu entre les pays en réduisant    droits de douane.
 Congrès.                                                   les tarifs et en éliminant les barrières au commerce qui        Tim Groser, ministre du Commerce de la Nouvelle-
 Réactions mitigées des agriculteurs américains             ne sont pas basées sur la science. L’AFBF escomptait          Zélande, a mentionné peu après la signature que le
   Il y a un désaccord profond du côté de la National       de plus grands accès pour les produits agricoles amé-         PTP allait « créer des débouchés » pour le secteur
 Farmers Union (NFU), l’un des deux grands syndicats        ricains, surtout pour certaines viandes.                      laitier de son pays et de l’Australie. Fonterra, le plus
 d’agriculteurs américains. Cette organisation estime         La National Milk Producers Federation, qui repré-           grand exportateur de lait, a cependant reproché au PTP
 que n’importe quel accord qui n’est pas très directif      sente des producteurs de lait des États-Unis, attend          de ne pas être à la hauteur de l’« ambition originale »
 par rapport à la manipulation des monnaies ne « vaut       toujours d’étudier les détails du PTP avant de se pro-        d’élimination de tous les tarifs laitiers. Le Japon ouvre
 pas le papier sur lequel il est écrit ». En conséquence,   noncer clairement. Notons tout de même que certains           tout de même son marché laitier en éliminant les tarifs
 la NFU va s’opposer vigoureusement au PTP et tenter        tarifs qui protègent le secteur laitier américain de la       sur le fromage en 16 ans et sur le lactosérum en 21 ans.
 d’influencer le Congrès.                                   Nouvelle-Zélande et de l’Australie seront éliminés sur        Des contingents tarifaires seront également offerts par
   D’autres acteurs du monde agricole américain sont        10 à 30 ans. Quelque 820 M$ de produits laitiers néo-         le Japon sur le beurre, le lactosérum, le lait et la poudre
 plus prudents. L’American Farm Bureau Federation           zélandais seraient sans droits de douane dès le départ.       de lait ainsi que le lait évaporé et condensé.
Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
PAGE 6    LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015

ÉDITORIAL

Sirop d’érable : le gros bon sens
                                                       dure bataille pour obtenir leur plan conjoint. Ils        équipementiers québécois. La recherche
                                                       ont construit un à un les outils pour une mise            d’équipements plus performants, automatisés et
                      MARCEL                           en marché ordonnée, performante et adaptée                moins énergivores permet aujourd’hui d’obtenir
                      GROLEAU                          aux particularités et au folklore (il faut le dire)       des rendements par entaille supérieurs ainsi qu’une
                      Président général de             de la production. Ils ont usé du gros bon sens            meilleure qualité de sirop. Nous sommes aussi les
                      l’Union des producteurs          qui caractérise les producteurs agricoles. Les            leaders mondiaux à ce chapitre.
                      agricoles                        meilleures solutions sont souvent les plus simples.
                                                                                                                 Les producteurs acéricoles étaient réunis à
                                                       Le gros bon sens, pour garantir                           Québec pour ce 25e anniversaire. Ils ont organisé
                                                       l’approvisionnement de sirop sur une base                 mercredi dernier une réception au restaurant
Les producteurs acéricoles du Québec célèbrent         annuelle, alors que la production est saisonnière         Le Parlementaire, à l’Assemblée nationale, pour
cette année le 25e anniversaire de leur plan           et ne dure que quelques semaines, a été de créer          les ministres et députés. Ils ont ensuite tenu leur
conjoint. Que de travail accompli pendant cette        la réserve stratégique mondiale de sirop d’érable         assemblée générale annuelle et leur gala jeudi,
période! La production de sirop d’érable et tous       administrée par les producteurs. C’était nouveau          pour finalement clore la semaine par un événement
ses dérivés sont uniques et sont devenus, au fil       et très audacieux, mais essentiel pour développer         grandiose : le premier Symposium international
des ans, un véritable fleuron de notre agriculture.    et favoriser les investissements à long terme dans        de l’érable. Producteurs, transformateurs,
Le Québec est le leader mondial de cette industrie.    l’industrie. Cette réserve permet de stabiliser les       équipementiers, chefs cuisiniers et chercheurs se
                                                       prix pour les producteurs et les acheteurs, malgré        sont côtoyés pendant deux jours pour parler du
Le secteur acéricole affiche une performance           les variations de production d’une saison à l’autre.      développement de la production et des marchés.
économique remarquable. La récolte 2015, l’une
des meilleures de l’histoire, est déjà pratiquement    Le gros bon sens, c’est d’obtenir un revenu               Le chemin parcouru par les producteurs et
vendue. L’agence de vente a établi cette année         juste du marché pour tous les producteurs en              l’industrie du sirop est impressionnant. Je salue leur
un second record consécutif de ventes avec un          négociant avec les acheteurs par l’intermédiaire          gros bon sens et leur entêtement. Plus tôt cette
total de 97 millions de livres de sirop d’érable.      de la Fédération. Le gros bon sens, c’est de              année, le ministre de l’Agriculture a commandé
Depuis 2010, les ventes de l’agence croissent          produire selon les perspectives de marché en              au conseiller en politiques publiques Florent
annuellement de 10,5 %. Pour répondre à cette          approvisionnant la réserve stratégique pour que           Gagné un rapport sur le secteur acéricole et son
demande croissante, la Fédération des producteurs      les acheteurs ne manquent jamais de sirop.                développement. J’espère que M. Paradis a eu la
acéricoles du Québec attend impatiemment que                                                                     chance de participer aux événements du 25e et de
la Régie des marchés agricoles et alimentaires du      Le gros bon sens, c’est d’investir tous ensemble          constater toute l’ampleur du progrès accompli et
Québec homologue son règlement et autorise             pour développer le marché et financer la recherche        du travail réalisé par la Fédération.
500 000 nouvelles entailles pour le printemps 2016     et la promotion. Aujourd’hui, le sirop est recherché
et 2 millions d’entailles additionnelles pour 2017.    pour ses priorités nutraceutiques et antioxydantes.       Avec 71 % de la production mondiale de sirop
Ces nouvelles entailles s’ajouteront aux 43 millions   Très apprécié des plus grands chefs, il est dans          d’érable, « chapeau! » à l’ensemble des producteurs
actuelles et entraîneront des investissements          toutes les cuisines réputées du monde, et les             et des productrices acéricoles et mes plus
additionnels de plus de 25 M$.                         opportunités de développement sont nombreuses             respectueuses félicitations pour les 25 ans de leur
                                                       dans plusieurs pays.                                      plan conjoint!
La mise en place du plan conjoint il y a 25 ans
est directement responsable de ce cheminement          Ce développement de la demande et de
remarquable. Les producteurs ont mené une              la production a eu un impact direct sur les

                                                                                                                                                                                              www.laterre.ca
                                                                                                                 Directeur                                  Directeur                              Chefs de pupitre
                                                                                                                 André Savard                               des ventes                             Richelle Fortin
                                                                                                                 Directrice                                 Pierre Leroux                          Julie Desbiens
                                                                                                                 de production                              Ventes
                                                                                                                 Brigit Bujnowski                           Sylvain Joubert
                                                                                                                 Directeur                                  Daniel Lamoureux
                                                                                                                 administration                             Marc Mancini
                                                                                                                 Vincent Bélanger-Marceau

                                                                                                                 ABONNEMENT AU QUÉBEC                                                              Impression
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                                                                                                                 Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                           Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                           La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La
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                                                                                                                           12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER send address changes to La Terre de chez nous,
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                                                                                                                           publication N° 40069165 N° d’enregistrement
                                                                                                                           07665, retourner toute correspondance ne pouvant
                                                                                                                           être livrée au Canada au Service des publications
                                                                                                          www.laterre.ca   555, boul. Roland-Therrien, Longueuil QC J4H 3Y9.                                                (2012-09-05)
Québec imposera de nouvelles contraintes - PESTICIDES
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                                                                                                                                                                                   FAIT DIVERS

 Après avoir pris de grandes précautions pour éviter de se faire prendre, la bande de voleurs de sirop d’érable de Saint-Louis-
 de-Blandford a commis plusieurs erreurs qui ont causé sa perte.
 Cette semaine, la Terre présente les détails du vol et les personnes impliquées. La semaine prochaine, on verra comment
 les enquêteurs ont mis le collet sur les auteurs du plus grand vol de l’histoire du Québec.

Des voleurs organisés, mais négligents
YVES CHARLEBOIS
Collaboration spéciale

  TROIS-RIVIÈRES — Parce que le
camionneur Sébastien Jutras a plaidé
coupable à des accusations de vol et
de complot, plusieurs détails relatifs au
plus important vol jamais commis au
Québec ont été rendus publics. En effet,
le procureur de la poursuite, Me Julien
                                                                                            RÉSEAU PRO-SPEC VENTE

Beauchamp-Laliberté, a dévoilé une
grande partie de l’enquête devant la
juge Dominique Slater le vendredi
13 novembre, au palais de justice de
                                            Avik Caron a déjà été conseiller en place-                              Me Julien Beauchamp-Laliberté, procu-         Le camionneur Sébastien Jutras a perdu
Trois-Rivières.                             ments pour sa compagnie, Sécurité finan-                                reur de la poursuite, et Luc Briand, enquê-   ses camions et sa compagnie. Il purge une
           Un entrepôt loué                 cière Caron. Il a été radié de l’Autorité des                           teur de la Sûreté du Québec.                  peine de 42 mois de prison.
  Au printemps 2011, la Fédération des      marchés financiers en 2013. Il est devenu
                                            vendeur de voitures par la suite. Maintenant,
producteurs acéricoles du Québec loue       il séjourne en prison.
un espace de 18 000 pi2 dans un vaste
entrepôt de Saint-Louis-de-Blandford        leur bleue vraiment particulière n’étant
pour emmagasiner plus de 16 000 barils      pas offerte sur le marché, Caron doit
de 45 gallons de sirop.                     commander de la peinture similaire
  L’immeuble est la propriété d’une         chez un marchand de Victoriaville.
compagnie à numéro dont l’un des              Le premier vol serait survenu à la fin
trois actionnaires est Josée Lamothe,       de l’été 2011. Les barils volés auraient
la conjointe d’Avik Caron, qui dirige       été transportés jusqu’à l’érablière du
l’entrepôt. M. Caron fournit d’ailleurs     père de Richard Vallières, Raymond

                                                                                                                                                                                                              PHOTOS : YVES CHARLEBOIS
du personnel pour la manutention des        (coaccusé), située à Saint-Adalbert dans
barils à empiler dans ce dernier. Pour      le comté de L’Islet, une municipalité
assurer la sécurité des lieux, le gardien   située près de la frontière du Maine et
Sylvain Bourassa réside dans un loge-       du Nouveau-Brunswick.
ment sur place et effectue des rondes de      À l’érablière, les barils sont vidés et                               Le palais de justice de Trois-Rivières.
surveillance soir et matin. Bourassa est    remplis d’eau pompée dans un petit
maintenant accusé de vol.                   lac adjacent pour être ensuite retour-                                             Une fourmilière                    plusieurs livraisons de barils de sirop
           Un plan élaboré                  nés à Saint-Louis-de-Blandford, où ils                                    Plus tard, pour économiser du               au Nouveau-Brunswick, en Ontario
  Caron flaire la bonne affaire devant      doivent remplacer les prochains barils                                  temps, le sirop est transvidé directe-        ainsi que dans le Vermont et au New
la quantité impressionnante de sirop        de sirop volés.                                                         ment à Saint-Louis-de-Blandford, et           Hampshire. Des documents douaniers
dans son immeuble. Il lui faut toutefois      À l’approche de l’hiver, comme le                                     ce, durant la nuit. Un tuyau permet de        prouvent ses déplacements.
quelqu’un pour écouler la marchan-          petit lac est sur le point de geler, un                                 remplir d’eau un baril de 45 gallons en         Les policiers ont découvert qu’il avait
dise. Le camionneur Sébastien Jutras,       autre camionneur est mis à contribu-                                    moins d’une minute. Mais il fallait des       reçu de Richard Vallières des virements
qui possède la compagnie de transport       tion, Richer Dinelle, qui possède une                                   contenants, beaucoup de contenants.           bancaires totalisant 521 443 $ et des
Sebastian Express à Bécancour, lui          compagnie de transport à Laval du                                       Plusieurs réservoirs de 1 000 litres          sommes en argent liquide. Jutras a été
organise alors une rencontre au restau-     nom de Pro Star Logistic. Ce dernier                                    sont donc achetés usagés, sans aucune         condamné à purger 42 mois de prison
rant Madrid avec Richard Vallières, un      loue un entrepôt sur la rue Sherbrooke                                  garantie de salubrité, pour y recevoir le     en plus de se faire saisir ses camions et
individu reconnu pour l’achat et la vente   Est à Montréal pour continuer de                                        sirop volé. C’est dans un bâtiment situé      remorques. Son père Gaétan, qui était
de sirop en dehors du cadre réglemen-       transvider le contenu des barils volés.                                 dans le quartier Saint-Nicolas à Lévis        simplement chauffeur de camion, mais
taire (du plan conjoint et de la conven-    Dinelle a plaidé coupable en mai der-                                   que le sirop est bouilli pour permettre sa    au fait du crime, a reçu une sentence de
tion de mise en marché du sirop).           nier et a écopé d’une peine d’un an de                                  conservation. Un des employés chargé          18 mois de prison à purger dans la col-
  Pour éviter tout soupçon, les brigands    prison en plus de se voir saisir plu-                                   de bouillir le sirop transvidé, Martin        lectivité. Les accusations de fabrication
se procurent 104 barils vides, soit la      sieurs de ses biens. Il a alors admis                                   Proulx, doit recevoir sa sentence en          de faux documents contre la mère de
quantité pouvant entrer dans un camion      avoir loué cet entrepôt pour 10 000 $                                   décembre prochain.                            Sébastien, Lyne Pépin, ont été retirées.
de 53 pi, auprès d’une entreprise de la     par mois pendant trois mois et avoir                                       Nouveau-Brunswick, Vermont                   La semaine prochaine, la Terre pré-
Beauce et les font peindre aux couleurs     fait du transport de barils de Saint-                                     Pour revenir au camionneur,                 sentera la manière dont le vol a été
des barils de la Fédération. Cette cou-     Louis-de-Blandford à Montréal.                                          Sébastien Jutras, il a admis avoir fait       constaté et les détails de l’enquête.
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                          ASSEMBLÉE                                                                            ACÉRICULTURE

Feu vert des acériculteurs pour
l’ajout d’entailles
           PIERRE-YVON BÉGIN
           pybegin@laterre.ca

  QUÉBEC — Les producteurs de sirop
d’érable piaffent d’impatience. S’il ne
tenait qu’à eux, ils ajouteraient des mil-
lions d’entailles immédiatement.
  De crainte d’être confrontés à une
pénurie, ils ont mandaté leur fédération
pour enclencher l’attribution d’entailles
supplémentaires, voire de 2,5 millions.
  Réunis en assemblée générale annuelle
(AGA) jeudi dernier à Québec, ils ont
ainsi déploré le temps mis par la Régie
des marchés agricoles et alimentaires du
Québec à leur consentir un demi-million
d’entailles. Dans sa requête soumise
en avril dernier, la Fédération des pro-
ducteurs acéricoles du Québec réclame
aussi le droit de déterminer elle-même
les futurs ajouts d’entailles, et ce, sans
devoir passer par la Régie.

                                                                                                                                                                                          PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
  « Donnez les 500 000 entailles, et
après on viendra vous dire que ce n’est
pas correct », avait même conseillé un
peu plus tôt Pierre Lemieux, premier
vice-président de l’Union des produc-         En assemblée générale annuelle, les producteurs acéricoles ont voté avec enthousiasme en faveur de l’augmentation du nombre d’entailles.
teurs agricoles (UPA).                        Ils demandent à leur fédération d’enclencher immédiatement le processus d’attribution d’entailles supplémentaires.
  Plusieurs délégués ont fait valoir que la
réserve stratégique semble aujourd’hui        entrepôt de Laurierville afin d’ajouter       réserve stratégique. Le directeur géné-        l’intention d’aborder la question. Une
insuffisante pour répondre à la demande       40 000 pi2. La superficie actuelle de         ral, Simon Trépanier, a révélé que des         rencontre doit avoir lieu au début de
en cas de petite récolte. Roberto Landry,     235 000 pi2, a-t-on expliqué, suffirait à     représentants d’Ottawa ont manifesté           décembre à ce sujet.
qui est producteur au Bas-Saint-Laurent,      peine à contenir une récolte de 100 mil-
a rappelé qu’il a fallu cinq ans pour         lions de livres. Un second entrepôt situé
récupérer le marché perdu à la suite de       à Saint-Antoine-de-Tilly a été mis en
la saison famélique de 2008.                  vente.
  « Cette fois-ci, on va reculer de 8 à                   Développement
10 ans, a-t-il prévenu. La petite récolte       Les délégués ont aussi entériné une
va survenir et on va frapper un mur           hausse de leur contribution de 2 ¢/livre
bientôt. On est trois ans en retard. »        afin de développer le marché. Le pré-
  « Ça m’inquiète », a acquiescé un           levé passera ainsi à 6,75 ¢/livre.
autre producteur du Bas-Saint-Laurent,          Par ailleurs, les acériculteurs font tou-
Jean-Marie Gilbert.                           jours face à une production substantielle
  Le président de la Fédération, Serge        de sirop classé VR5. Les stocks de ce
Beaulieu, a pris la résolution comme          sirop industriel atteignent 20 millions
une manière de gagner du temps et de          de livres dans la réserve stratégique. Le
préparer le terrain en attente de la déci-    Centre Acer, a-t-on rappelé, mène des
sion de la Régie.                             recherches afin de caractériser le défaut
  « Quand on va avoir sa décision, on         de saveur dit « de bourgeon ». Deux
                                                                                                                                                                                         PIERRE-YVON BÉGIN

va être capables d’agir », a conclu celui     types semblent se dégager : léger et fort.
qui a été réélu pour un cinquième man-          Enfin, les délégués ont adopté une
dat à la présidence.                          résolution demandant à leur fédération
                                                                                            Le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu, voit
  La Fédération a d’ailleurs entre-           de poursuivre les démarches afin d’ob-        la demande de ses membres d’attribuer des entailles supplémentaires comme une façon de
pris l’agrandissement de son nouvel           tenir un soutien gouvernemental pour la       gagner du temps, en attendant la décision de la Régie.
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« Il n’y a pas de volonté politique
de faire du bœuf au Québec »
MARTIN MÉNARD                                                         à proximité, nous aurions été cohérents   530 membres réunis le 19 novembre           associée aux revers essuyés dans le cas
                                                                      avec les demandes du consommateur         dernier en assemblée générale annuelle      de Levinoff-Colbex et de Laroche, les
  LONGUEUIL — Dernièrement, la                                        d’aujourd’hui, soucieux de la qualité     pense que la Coopérative n’a plus sa        membres ont félicité le conseil d’admi-
Coopérative de bovins d’abattage du                                   du produit, du bien-être animal et de     raison d’être. L’autre moitié du groupe     nistration pour ses efforts et le bon tra-
Québec (CBAQ) a essuyé un échec                                       l’empreinte environnementale. »           considère que la problématique demeu-       vail réalisé avec peu d’argent. On s’est
dans sa tentative d’acquérir l’abattoir                                      L’heure des décisions              rera au Québec et qu’il faut maintenir la   donné quelques mois pour réfléchir à
Les Viandes Laroche, après avoir égale-                                 Sans aucune autre possibilité           CBAQ en place, au cas où une occasion       l’avenir de la Coopérative », explique
ment échoué dans sa tentative de mettre                               d’acquérir un abattoir, la moitié des     se présenterait. « Malgré la morosité       M. Doyon.
la main sur les actifs de Levinoff-
Colbex l’an passé. « On est un peu
tannés d’échouer!, admet Paul Doyon,
vice-président de la CBAQ. Dans les
deux cas [Levinoff-Colbex et Laroche],
Investissement Québec a préféré vendre
                                             JEAN-CHARLES GAGNÉ/TCN

Paul Doyon peste contre le peu de richesse
que crée l’industrie bovine au Québec,
maintenant à la merci des grands transfor-
mateurs nord-américains.

en lots, ce qui favorise le démantèle-
ment. En d’autres mots, le problème,
c’est qu’il n’y a pas de volonté politique
de faire du bœuf au Québec », juge-t-il.
  En entrevue à la Terre, Paul Doyon,
accompagné du président de la CBAQ,
James Allen, critique la structure de
mise en marché du bœuf qui crée peu
de richesse au Québec. « Dans d’autres
productions, le porc par exemple, on
s’est doté d’infrastructures. On abat
au Québec, on transforme au Québec
et on exporte dans le monde. Dans le
bœuf, nos fonctionnaires spécialisés
en mise en marché de la viande sont
convaincus que c’est une bonne chose
d’envoyer nos bêtes faire 15 heures de
camion pour se faire abattre ailleurs et
créer de la richesse ailleurs. Ça, c’est
de la vision! » ironise-t-il. « Vois-tu
des producteurs vendre leurs volailles
à l’encan, ou leurs porcs? Non, il y a
juste dans le bovin qu’on utilise encore
ce système folklorique qui profite main-
tenant aux quelques géants de la trans-
formation », indique-t-il.
  Son confrère James Allen affirme que
l’offre qu’ils ont faite conjointement
avec trois autres partenaires pour acqué-
rir les actifs des Viandes Laroche était
valable. « L’abattoir de Laroche étant
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Visites d’Afrique et des Antilles en Gaspésie
                                             dans le pays du même nom est particu-
                                             lièrement touchée. « De petits groupes
           MARTIN ROY
                                             d’individus locaux, mais surtout de
           mroy@laterre.ca
                                             grosses compagnies étrangères, achètent
                                             des dizaines de milliers d’hectares de
  Cinq délégués d’organisations et           terres arables qui servaient à la culture
d’associations professionnelles agri-        du riz pour nourrir nos concitoyens afin
coles du Sénégal et d’Haïti sont au          d’y planter de nouvelles cultures exclu-
Québec pour un stage d’un mois sous          sivement destinées à l’exportation »,
la supervision d’UPA Développement           relate-t-il. El Hadji Sene, qui est respon-
international (UPA DI). Ils visiteront de    sable des programmes de formation au
nombreux organismes et exploitations         Centre interprofessionnel de formation
agricoles et passeront la semaine du 20 au   des agriculteurs (CIFA), explique que la
27 novembre dans une ferme. Leur visite,     population locale de cultivateurs devient

                                                                                                                                                                                    MARTIN ROY/TCN
qui se déroulera jusqu’au 8 décembre,        salariée et doit utiliser sa paie afin de se
se tiendra sur le thème de l’accaparement    nourrir de produits importés.
des terres agricoles.                           En Haïti, c’est la souveraineté alimen-
                                                                                            Les stagiaires pour la Gaspésie. Rangée du haut : Natouga Mbodji (FPA, Sénégal),
  Ce phénomène qui préoccupe les             taire qui est menacée par cette nouvelle       El Hadji Sene (CIFA, Sénégal) et Amadou Mboji Niang (FPA, Sénégal). Rangée du bas :
agriculteurs québécois touche aussi de       réalité, d’autant plus que le pays manque      Léonne Moreau (FOPADES, Haïti) et Jackson Faveur (FOPADES, Haïti).
près les cultivateurs et paysans de ces      cruellement d’infrastructures, déplorent
pays en voie de développement, confir-       Léone Moreau et Jackson Faveur, de la            André D. Beaudoin, secrétaire géné-       depuis la fondation d’UPA DI en 1993
ment les délégués arrivés à Montréal le      Fédération des organisations de paysans        ral d’UPA DI, offrira le soutien de son     afin d’aider les pays en voie de dévelop-
10 novembre.                                 et d’agriculteurs pour le développement        organisation aux cultivateurs de ces        pement sont aujourd’hui reconnus par
  Selon Natouga Mbodji, secrétaire géné-     économique et social (FOPADES). « Les          pays, qui mentionnent apprécier gran-       l’Organisation des Nations Unies pour
ral de la Fédération de périmètres auto-     paysans sont laissés à eux-mêmes »,            dement l’aide des experts et agriculteurs   l’alimentation et l’agriculture [FAO] »,
gérés (FPA), la région du fleuve Sénégal     insistent-ils.                                 québécois. « Plusieurs outils développés    rappelle M. Beaudoin.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 25 novembre 2015         PAGE 13

Nouveaux fluorescents
avec moins de mercure
                                                                                                                                                            Les petits tubes fluorescents offrent un
YVES CHARLEBOIS                                                                                                                                             éclairage assez puissant, comme on peut le
                                                                                                                                                            voir au plafond de cette quincaillerie.
Collaboration spéciale

  Depuis le 8 novembre 2015, il est inter-
dit au Canada de fabriquer ou d’importer
des tubes fluorescents qui contiennent

                                                                                             YVES CHARLEBOIS
plus de cinq microgrammes de mercure.
Le ministère de l’Environnement du                                                                             À la ferme laitière Andrenel, de Saint-
Canada a fait adopter un règlement en                                                                          Ferdinand, on vient tout juste d’installer
                                              L’électricien Michel Côté, d’Électral à                          les nouveaux luminaires fluorescents du      Voici l’ancien modèle et le nouveau tube
2011 pour diminuer les quantités de mer-      Thetford Mines.                                                                                               fluorescent, qui est plus petit.
                                                                                                               modèle T-8.
cure dans les tubes fluorescents.
  « On savait qu’un jour, il ne serait        économique si on les compare à des
plus possible d’obtenir des T-12. Alors,      lampes à diodes électroluminescentes
dans toute nouvelle construction, j’utilise   (DEL), qui coûtent quatre fois plus cher.
les T-8 et, s’il faut remplacer des tubes,      S’il s’agit d’éclairer l’intérieur d’un
je conseille au client de se convertir »,     bâtiment dont le plafond est haut de six
raconte Michel Côté, propriétaire             mètres et plus, notre électricien va instal-
d’Électral, une entreprise d’électriciens     ler le modèle T-5, soit des tubes de quatre
à Thetford Mines, qui n’installe que          pieds dans un luminaire de quatre à six
les nouveaux tubes depuis cinq ans.           tubes. Ce type d’installation revient deux
L’inconvénient, c’est que le luminaire        fois plus cher que les tubes T-8. « Les
– appelé ballast – pour fixer le tube T-8     vieilles lampes au mercure qui prenaient
n’est pas le même que pour les anciens        deux à trois minutes avant de s’allumer
modèles. Selon M. Côté, les tubes fluo-       complètement ne se posent plus dans les
rescents sont une source d’éclairage          usines ou les gros bâtiments de ferme. »

   Dans son résumé, le ministère donne une description de ce produit toxique :
 « Le mercure est un élément d’origine naturelle qui est persistant, bioaccumulatif
 et toxique à de très faibles quantités pour la santé humaine et les écosystèmes
 aquatiques et terrestres. Contrairement à d’autres métaux, le mercure, en raison
 de ses caractéristiques uniques (liquide à la température ambiante et extrême-
 ment volatil), crée des risques qu’il faut maîtriser par la prise de bonnes mesures
 de gestion des risques. » Ainsi, les tubes ordinaires, qui en contenaient plus de
 15 microgrammes, ne seront plus offerts en magasin dans les prochains mois.
   Les fabricants de luminaires se sont adaptés en créant des tubes fluorescents au
 diamètre plus petit, qui éclairent davantage, consomment moins d’électricité et
 contiennent trois fois moins de mercure. Les anciens tubes, nommés T-12 dans
 le jargon des électriciens, sont remplacés par des T-8. Les anciens consommaient
 40 watts et les nouveaux 32.
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                         ASSEMBLÉE                                                                                       LAPINS

Le bien-être animal au cœur des
motivations des producteurs de lapins
MARTIN ROY

  DRUMMONDVILLE — « Il faut
expliquer à la population que l’éle-
vage en clapier n’est pas de la mal-
traitance. Au contraire, ça permet
d’offrir un environnement sain et bien
entretenu à l’animal. C’est en premier
lieu à nous, les producteurs, de faire
savoir aux gens que le bien-être ani-
mal passe avant tout, car c’est ce qui
nous permet d’offrir une viande de très
grande qualité », a affirmé Julien Pagé,
président du Syndicat des producteurs
de lapins du Québec (SPLQ), lors de
l’assemblée générale annuelle (AGA)
du 13 novembre dernier.
  Certains dossiers occuperont les

                                                                                                                                                                                     MARTIN ROY/TCN
administrateurs du SPLQ au cours de
la prochaine année. Le Syndicat entre-
prendra bientôt une vaste consultation
au sujet du plan stratégique quin-          Le conseil d’administration du SPLQ : Maxime Tessier, vice-président, Jean-Pierre Kack, administrateur, Julien Pagé, président, Benoît
quennal 2016-2021 du SPLQ auprès            Dubuc, administrateur, et David Berthelette, administrateur nouvellement élu lors de l’AGA.
de tous les intervenants concernés,
notamment les transformateurs, cer-
tains ministères et agences gouver-
nementales, les consommateurs, les                  Les éleveurs ont pu constater qu’il y avait eu 50 000 lapins de plus vendus cette année
chefs cuisiniers, etc.                              (soit 280 000 au total) et que l’organisation pouvait compter sur un surplus d’environ
  Un éleveur a souligné que la pro-
duction de lapins au Québec répond
                                                    59 000 $.
aux normes parmi les plus sévères du
monde, qui interdisent par exemple          au total) et que l’organisation pou-          prévisions de production. Elles sont          regroupements et aux associations de
l’utilisation de certains médicaments,      vait compter sur un surplus d’environ         toutefois sujettes à approbation par la       producteurs désignés (PAFRAPD) en
et qu’en même temps le gouvernement         59 000 $. L’assemblée a d’ailleurs            Régie.                                        y incluant un ajustement budgétaire
canadien permet les importations de         adopté une résolution obligeant les             L’autre résolution, adoptée à l’una-        compensant l’inflation. On demande
lapins élevés à l’étranger qui ne res-      producteurs à déclarer des prévisions         nimité, demande à l’Union des pro-            également de prévoir un budget de
pectent pas ces normes. « C’est un dos-     de livraison sur quatre semaines au           ducteurs agricoles de poursuivre les          transition équivalant à la moyenne des
sier très politique », a indiqué M. Pagé.   lieu de deux. M. Pagé a expliqué que          pressions sur le gouvernement du              sommes versées au cours des trois der-
  En outre, les éleveurs ont pu consta-     ces modifications faciliteront la vie         Québec pour qu’il annonce dans les            nières années pour les groupes bénéfi-
ter qu’il y avait eu 50 000 lapins de       des éleveurs, rassureront les ache-           plus brefs délais qu’il renouvelle le         ciaires de ce programme.
plus vendus cette année (soit 280 000       teurs et donneront de la crédibilité aux      Programme d’appui financier aux                 Notons qu’un programme de mento-
                                                                                                                                        rat pour les futurs producteurs sera mis
                                                                                                                                        en œuvre à compter de janvier 2016
                                                                                                                                        grâce au financement d’AGRIcar-
                                                                                                                                        rières. Toutefois, le projet d’appella-
 Abattages en Ontario                                                                                                                   tion contrôlée pour le lapin du Québec
                                                                                                                                        a été mis de côté pour le moment, car
    L’abattage des animaux soumis aux normes fédérales doit être fait à Flinton, en Ontario, à 500 km de Montréal. Selon le             le délai de quatre ou cinq ans pour
 président du SPLQ, Julien Pagé, l’abattage de proximité est ardu, car les abattoirs doivent répondre aux normes fédérales pour         son homologation et surtout les coûts
 que la viande puisse être vendue à l’extérieur du Québec.                                                                              rattachés à cette démarche sont trop
    De nombreux inconvénients sont liés à cette situation : le peu de contrôle sur les pratiques dans l’établissement, les morta-       importants pour les 29 producteurs de
 lités et blessures durant les déplacements, les frais de transport et la difficulté d’établir une traçabilité rigoureuse.              lapins de chair du Québec, a expliqué
    Les entrepreneurs québécois hésitent à se lancer dans un projet de nouvel abattoir. Même si le Québec produit 50 % des              M. Pagé.
 lapins au pays, il demeure que le volume de production n’est pas suffisant pour effectuer des opérations d’abattage durant
 cinq jours par semaine. M.R.
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