Utilisation des images satellites à haute résolution pour la surveillance d'une zone côtière
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RECHERCHE Utilisation des images satellites à haute résolution pour la surveillance d’une zone côtière Valério Baiocchi1, Donatella Dominici2, Filippo del Guzzo2 Titre original : Utilizzo delle immagini satellitari ad alta risoluzione come supporto al monitoraggio di una zona costiera L’observation de la zone littorale est indispensable dans le cadre d’une gestion optimale de l’environnement. Les techniques classiques de relevés et de photogrammétrie peuvent s’y révéler très coûteuses, même si elles demeurent essentielles. Les images haute résolution des satellites de type Ikonos ou Quickbird, en raison de leur forte précision spatiale (métrique ou sub-métrique) et de leur faible intervalle de revisite (3 jours environ), peuvent cependant constituer des auxiliaires utiles et efficaces. Cet article présente les premiers résultats d’une étude effectuée sur les côtes des Abruzzes à l’aide des images panchromatiques haute résolution Quickbird. Nous chercherons à mettre l’accent sur la génération d’orthophotographies et sur la définition d’une procédure correcte. Introduction du littoral ; deuxièmement, aider la région à planifier ses initiatives au développement rationnel des ressources environnementales en termes de préservation et de dans une région comme les Cette étude se place dans le développement durable de la zone Abruzzes. Les techniques de cadre du projet Sicora (Support côtière. Ce projet implique tant la contrôle employées jusqu’ici, informatique pour la gestion région Abruzzes que l’université levés classiques ou GPS et analy- côtière de la région Abruzzes) de l’Aquila. ses photogrammétriques, se sont dont le but est double : premiè- révélées certes valable, mais toute- rement, soutenir les communes L’activité de supervision du litto- fois ni très commodes ni particu- dans leurs actions de sauvegarde ral est une pratique essentielle lièrement économiques dans le 1 DITS, université La sapienza - Via Eudossiana 8, Rome - Tél : +39 06 44 50 50 96 - Fax : +39 06 44 58 55 15 - Mél : valerio.baiocchi@uniroma1.it 2 Département architecture et urbanisme - Université de l’Aquila - Piazzale Ernesto Pontieri, 2 - I-67040 Monteluco di Roio (AQ) - Tél : + 39 086 243 41 18 - Fax : +39 086 243 41 43 - Mél : dominici@dau.ing.univaq.it, delguzzo@dau.ing.univaq.it 38 Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006
cadre d’une surveillance continue. d’obtenir des précisions extrêmes système géodésique : des erreurs On a alors opté pour un procédé tout en exigeant des campagnes même minimes dans le calage des expérimental s’appuyant sur le de mesures extrêmement brèves deux couches peuvent produire potentiel des images satellites à en comparaison des techniques des incohérences flagrantes. haute résolution. de naguère. Un autre facteur important est l’identification et la précision des Les lancements des satellites L’usage de l’orthophotographie points d’appui. commerciaux équipés de capteurs rectifiée ainsi que l’éventuelle haute résolution ont offert une reconstruction de clichés stéréos- Dans cet article nous présentons source inépuisable d’images copiques nécessitent la connaissance une expérience de surveillance de panchromatiques et multispectra- de modèles physico-géométriques la côte abruzzaise à l’aide d’images les : les résolutions spatiales obte- qui relient l’espace image à l’espace panchromatiques Quickbird. Pour nues par Eros A (2 m/pixel), Ikonos réel (par exemple l’équation de les besoins des différents tests, (métrique) ou encore Quickbird colinéarité) grâce à la connaissance l’étude s’est restreinte sur le port (60 cm/pixel) ouvrent des pers- des paramètres de prise de vue. de Pescara ; ces tests ont porté sur pectives intéressantes soit dans le Malheureusement, ces variables le potentiel de cette méthode, sur domaine de la description métri- de positionnement, ainsi que les la répartition des points d’appui et que des territoires (cartographie caractéristiques optiques du dispo- enfin sur les différents algorithmes à grande et/ou moyenne échelle) sitif de prise de vue, ne sont pas de calcul. Le but de cette phase soit sans celui de l’analyse multis- systématiquement communiquées préliminaire est de déterminer pectrale des données et donc de par les distributeurs : il faut donc la procédure la plus efficace en leur utilisation pour des tâches de envisager des approches différen- termes de coût et de temps sur surveillance. tes. La correspondance entre les la base de données disponibles, deux espaces (image et terrain) afin de la proposer par la suite à L’acquisition d’images satellite s’effectue généralement à l’aide de la région Abruzzes qui l’exploitera présente, par rapport à la photo- points homologues et de modèles dans le cadre d’une surveillance grammétrie traditionnelle, de d’anamorphose purement analy- côtière régulière. nombreux avantages principale- tiques (ex : polynômes, fonctions ment dus à la fréquence relative- rationnelles, splines, etc.) : ces ment élevée de reviste (passage modèles n’étant pas liés à un type Analyse du satellite au même endroit), à la particulier de capteur, ils peuvent fauchée accrue et à la possibilité être utilisés en toute généralité. Les des images de réaliser des images quel que coûts sont fonction de la politique soit le terrain. En outre, un aspect du distributeur ainsi que du niveau Les images utilisées sont donc fondamental à ne pas perdre de de concurrence ; ils représentent issues du satellite Quickbird et sont vue est celui de la reconnaissance un facteur limitant important de disponibles au format standard. Le des objets pertinents par rapport diffusion des images. Ces dernières, choix du satellite a été guidé par à l’analyse envisagée. outre leur usage purement géomé- le fait que Quickbird est, à l’heure trique, peuvent être utilisées surtout actuelle, le seul à proposer des Les images haute résolution, au dans le cadre de missions d’urgence images panchromatiques de réso- moment de leur prise, contiennent en cas de catastrophe naturelle ou lution sub-métrique (60 à 70 cm). des distorsions géométriques et moins dramatiquement dans le Les clichés sont proposés dans radiométriques qui empêche- cadre d’une surveillance régulière différents formats qui correspon- raient toute exploitation dans une d’une zone précise où la carto- dent aux degrés de corrections application cartographique si elles graphie à très grande échelle n’est géométriques et radiométriques n’étaient pas corrigées. Une fois peut-être pas disponible. pré-appliqués. Les formats les l’ajustement radiométrique effec- plus utilisés sont le standard (ce tué, les produits sont commercia- Pour réaliser les orthophotogra- qui est le cas ici), le standard ortho- lisés sous trois formes différentes, phies adéquates, les seules qui ready et le basic. Les images basic suivant le type de correction puissent servir à l’ajournement ne sont ni plus ni moins que des géométrique appliqué (et le prix des documents cartographiques, images brutes, identiques à celles !). Afin d’éviter toute équivoque il il faut en outre disposer d’une qui sont issues du capteur, c’est- faut préciser que, même dans le information d’élévation (le MNT) ; à-dire sans aucun prétraitement. cas d’images dites géoréférencées, celui-ci devra idéalement présen- Comme on peut le devenir, elles c’est-à-dire avec un cercle d’erreur ter une précision et une taille de sont généralement appréciées associé, un calage ultérieur à l’aide grille adaptée à l’échelle du cliché des utilisateurs experts qui de points d’appui au sol (GCP, à orthorectifier. Il faut se souvenir veulent maîtriser tout le proces- Ground Control Point) est indispen- que la superposition entre l’image sus d’orthorectification depuis A sable. Ces derniers, lorsqu’ils sont et le modèle numérique de terrain jusqu’à Z. Les formats standard et déterminés par GPS permettent doit être effectuée dans un même standard orthoready ont déjà subi Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006 39
RECHERCHE une orthorectification basique à nous avons décidé de choisir le méthodes parmi lesquelles les l’aide d’un MNT gratuit à grande format standard pour des raisons méthodes rigoureuses et les fonc- échelle (le Gtopo 30) appuyé sur d’optimum économique. De cette tions rationnelles (rational polynom l’ellipsoïde de référence pour la façon, il a été possible d’obtenir functions, RPF). Ces dernières à mesure des altitudes. On voit que une image réduite à la seule zone leur tour se divisent en méthodes ces deux formats rendent une d’étude (figure 1). faisant appel exclusivement aux points d’appuis sol (RPF without RPC) et à celles qui utilisent en sus des facteurs de correction embarqués dans les métadonnées des images (RPF with RPC). On rappelle que les points d’appui servent pour certains (ceux parmi les plus facilement identifiables) à calculer les paramètres du modèle, et pour les autres uniquement à valider a posteriori la précision obtenue. Les deux dernières méthodes sont essentiellement identiques, selon que l’on dispose ou non du fameux fichier RPC au format TXT. L’interpolation à l’aide de fonctions rationnelles reste une méthode purement mathématique (boîte noire non rattachée aux para- mètres physiques) et, en tant que telle, demeure applicable en toute généralité quel que soit le capteur et/ou la plate-forme aéroportée. En revanche, l’approche rigou- reuse fait quant à elle appel aux équations de colinéarité ; elle se range donc parmi les approches photogrammétriques, vu qu’elle tient compte de la position et de l’assiette du satellite, ainsi que des Figure 1 – Emprise de la zone d'étude. caractéristiques du capteur et de la réfraction atmosphérique. orthorectification de précision difficile, dans la mesure où le trai- Algorithmes L’utilisation des méthodes mixtes RPF with RPC représente une tement géométrique de médiocre d’ortho- sorte de compromis entre ces qualité subi oblige à effectuer un deux extrêmes, en ce sens qu’il retour du cliché dans la projection rectification s’agit d’une méthode purement originale. mathématique mais que les coef- Il n’est pas question ici de faire ficients qu’elle utilise proviennent La littérature [Toutin 2004] ne une revue détaillée des avantages de données physiques. recommande pas l’utilisation systé- et des défauts liés à chaque algo- matique du format Basic, les autres rithme ; nous nous contenterons Les modèles utilisant les fonctions formats pouvant également faire dans la suite d’évoquer brièvement rationnelles peuvent également l’objet d’un traitement géomé- ces points, en renvoyant le lecteur être classés en deux sortes : les trique adéquat. Toutes les images intéressé à la littérature idoine, en modèles montants permettent de commerciales peuvent effective- particulier [Toutin 2004] pour les retrouver les coordonnées images ment être utilisés dans le cadre modèles rigoureux, et [AA.VV en fonction des coordonnées d’orthorectifications rigoureuses, 2003] pour les modèles RPF. terrestres, et les modèles descen- ou plus rapides, avec ou sans dants font l’inverse ; ces derniers points d’appui. Notre projet étant À l’heure actuelle l’orthorectifi- ne sont cependant pas très utilisés, destiné in fine à être mis entre cation d’un cliché satellite peut car ils nécessitent une connaissance les mains de la région Abruzzes, être effectué à l’aide de multiples préliminaire du MNT. 40 Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006
Toutes ces méthodes sont des images exploitées jusqu’au des points idéaux clairement identi- disponibles dans le logiciel cana- troisième ordre. fiables comme des artefacts ou des dien OrthoEngine édité par PCI clôtures (le terminateur, c’est-à- Geomatics. Le modèle rigoureux Il est facile d’imaginer la façon dire la ligne de séparation lumière/ est implémenté à l’aide de l’algo- dont cette méthode se trouve ombre doit être nette) éloignés rithme de Toutin (disponible sur codée à l’intérieur des logiciels et de tout obstacle pouvant nuire à le site Internet du centre canadien la manière de l’adapter immédiate- la réception des signaux GPS. de télédétection), développé initia- ment à toute nouvelle plate-forme lement pour tous les satellites à de prise de vue. En outre, il faut acquisition synchrone (Ikonos II, bien voir que les distributeurs, Quickbird, Spot 5) et, depuis la en communicant la valeur de ces version 9.0 du logiciel, pour les coefficients, ne donnent en réalité images asynchrones (Eros A). aucune information concrète sur le système optique (ou d’autres Des comparaisons entre les paramètres du satellite), infor- modèles rigoureux et RPF without mation qu’ils souhaitent souvent RPC ont déjà été publiés [Baiocchi garder secrète autant que faire et al. 2004] [Toutin 2004] ; dans le se peut. cadre de cette étude, il semblait plus pertinent de comparer les La méthode RPF with RPC, disposant modèles rigoureux d’avec les d’une valeur, certes approximative, modèles RPF with RPC, ces derniers des coefficients de correction étant fournis dans les fichiers de géométrique nécessite moins de métadonnées déjà cités. Les points d’appui. Le premier de ceux- Figure 2 – Extrait de l’image. modèles rigoureux demeurent ci suffit généralement à obtenir les plus corrects au plan photo- une valeur satisfaisante de tous La campagne de levés s’est conclue grammétrique et, généralement, les coefficients, les autres n’ayant par une rédaction de monogra- les plus robustes ; en contrepartie plus qu’une faible influence sur la phies concernant chaque point ils exigent des logiciels spécialisés précision globale. Ceci pourrait d’appui utilisé, sur lesquelles l’on et adaptés aux optiques de chaque s’avérer particulièrement avanta- a reporté d’une part l’extrait plate-forme satellite. Inversement, geux pour caler des images dans d’image satellite correspondante, la méthode RPF with RPC est de des zones où le relevé précis au ses coordonnées dans le système plus en plus utilisée dans les sol serait onéreux (pays en voie géodésique WGS 84, quelques divers applicatifs en raison de de développement), en réduisant notes marginales indispensables sa bonne robustesse et de sa significativement le temps de ainsi qu’une esquisse planimé- moindre complexité (par rapport mission. trique des environs immédiats. aux méthodes rigoureuses). Les Ceci permet d’utiliser d’éventuels modèles RPF consistent en des logiciels de navigation pour arriver rapports de polynômes homo- Levés GPS des plus vite au point d’appui, en cas gènes de trois variables dont on de nécessité. limite le degré à un entier positif points d’appui quelconque (par exemple ici 3) : La campagne en elle-même s’est Le relevé des points d’appui par déroulée en quatre phases d’une GPS s’est déroulé sur une zone dizaine d’heures chacune, un temps représentant une bande d’envi- rendu nécessaire par la superficie ron 4 km de large représentant importante de la zone, ainsi que � environ 80 km² ; elle s’étend en son relief caractéristique alter- oblique sud-est/nord-est depuis nant plats et collines. Les deux où les coefficients aijk sont, dans le village de Francavilla al mare équipes étaient munies du maté- le cas de la méthode RPF with RPC, jusqu’à celui de Città San Angelo. riel suivant : fournis dans les métadonnées, La position générale des points a – Base : récepteur Trimble 5 700 ; contrairement à la méthode RPF été fixée aux intersections d’une – Rover 1 : récepteur Trimble 5 700 ; without RPC où ceux-ci sont grille dont un des axes est parallèle – Rover 2 : récepteur Trimble 4 700. estimés à partir des points d’appui ; à la ligne de côte et l’autre lui est les fonctions i (x, y, z) et j (x, y, z) perpendiculaire. La distance des Le levé s’est effectué en mode correspondent aux coordonnées mailles est d’environ 1,5 km, ce Rapide-Statique à l’aide de deux images, alors que le triplet (x, y, qui donne 57 points en tout. points origine, de sorte que chaque z) représente les coordonnées vecteur différentiel ne pût excéder terrain. Dans les faits, le fichier Aux environs immédiats de chaque les 15 km. La localisation finale des de métadonnées contient les RPC point de la grille, l’équipe a cherché points est décrite sur la figure 3. Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006 41
RECHERCHE influence ne devrait pas être trop gênante si l’on considère qu’on a ici affaire à un relief côtier assez bas, morphologie où un MNT grossier peut se révéler malgré tout suffisant. Le problème peut devenir plus critique dans la zone centrale à partir des contreforts des collines avoisinantes. En gardant présent à l’esprit le but de l’étude, nous avons comparé les résultats obtenus soit par la méthode rigoureuse soit par la méthode RPF with RCP en faisant usage d’un nombre variable de points de contrôle. Parmi le semis levé, certains points se sont révélés immédiatement comme entachés d’un résidu élevé, ce qui les a classé parmi les points marginaux. L’analyse de l’erreur n’a pas permis de trancher entre une Figure 3 – Localisation des points d’appui. erreur de mesure ou un mauvais e choix des points origines, facteurs péjoratifs sont ici le fait placement dû au MNT grossier. Madonninà et Francavilla a été dicté que les points d’appuis sont tous Quoi qu’il en soit, ces points n’ont par l’impossibilité d’exploiter les groupés sur une petite zone et jamais été utilisés par la suite. Le intersections de la grille IGM 95 l’utilisation d’images standard déjà semis s’est donc trouvé réduit à du voisinage. L’intégralité de ce orthorectifiées à l’aide d’un MNT 48 points, parmi lesquels il n’était relevé a nonobstant été intégré de basse précision. Le premier pas exclu qu’il se trouvât d’autres au maillage national IGM 95. Pour facteur est à modérer, en consi- points marginaux (toujours pour ce faire, deux récepteurs fixes ont dérant que la zone maillée est les mêmes raisons) ; ceux-ci ont été positionnés aux points 141705 précisément celle sur laquelle se été gardé dans l’optique de se et 141701 de la grille, un troisième déroule l’étude – qui peut donc, a rapprocher autant que possible récepteur en mode statique a été contrario, être considérée comme des conditions réelles d’exploita- placé aux points origines de l’étude plutôt bien couverte. En ce qui tion, ainsi que de tester la robus- pendant environ une heure et concerne l’effet du MNT de faible tesse des différents algorithmes. demie (figure 4). Le post-traite- qualité, dont l’utilisation dans les ment a été confié aux bons soins régions à forte déclivité peut se On a donc décidé de partir d’un du logiciel Trimble geomatics office révéler désastreuse (en particulier ensemble minimal de dix points, v 1.50 à l’aide des éphémérides si l’angle de prise de vue s’écarte puis d’augmenter de quatre en transmis. La précision finale de significativement du nadir), son quatre jusqu’à atteindre l’ensemble tous les points est centimétrique, à part le levé Ouest 09 dont l’erreur atteint 3 cm en planimétrie et 4,5 en altitude. Expérimentation L’étude effectuée, comme nous l’avons déjà dit, n’a pas pour but de déterminer jusqu’où l’on peut aller en terme de précision extractible des images satellites, mais plutôt de déterminer ce qu’il est possible de faire dans des cas typiques, à l’aide d’images, d’outils logiciels et de « ressources » courants. Les Figure 4 – Schéma de l’insertion des points de base dans le réseau national IGM 95. 42 Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006
du semis, en utilisant strictement les mêmes points dans les deux algorithmes. Le choix s’est opéré de façon à conserver une répar- tition homogène sur le territoire, malgré une densité différente. Les résultats portent à la fois sur les écarts constatés vis-à-vis des points d’appuis eux-mêmes que vis-à-vis des points de contrôle : les premiers dépendent de la précision du modèle alors que les seconds reflètent la précision extractible de l’image. Un survol rapide des premiers résultats montre que les deux méthodes diffèrent dans leur évolution en fonction du nombre de points d’appui utilisés (figure 5). Comme on pouvait le penser, les résidus calculés du modèle RPF with RPC ne diminuent pas lorsqu’on augmente le nombre de points d’appui, alors que ceux du modèle rigoureux atteignent un plancher à partir d’une vingtaine de points environ. Qui pis est, la précision maximale n’est pas facilement déductible des résultats, on note en effet que les résidus ont de nouveau tendance à augmenter lorsque le nombre de points de contrôle augmente, une contre-performance proba- blement due à l’effet de points marginaux inaperçus, dont la présence, encore une fois, ne peut s’expliquer facilement. Dans les deux cas nous nous trou- vons dans une situation analogue à celle de la production, ce qui nous permet d’estimer la robustesse des algorithmes. On s’aperçoit que le modèle rigoureux produit des résultats améliorés d’une trentaine de pour-cent, aussi en termes de précision du modèle que de l’image (les échelles des graphiques sont différentes). En ce qui concerne la problémati- que de l’observation détaillée de l’évolution côtière, la précision obtenue est largement suffisante, même lorsqu’il s’agit de suivre le mouvement du littoral lui-même. Figure 5 – Valeurs des résidus en fonction de l'échantillon. Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006 43
RECHERCHE Conclusion et perspectives S’il faut se rapporter à l’applica- tion envisagée, la précision des deux modèles testés est très satisfaisante et chacun possède un avantage : le modèle rigoureux celui de la précision, le modèle RPF celui de la concision. En première analyse, les deux méthodes apparaissent peu sensi- bles aux points entachés d’erreur. Les résultats obtenus concordent avec ceux menés dans le cadre d’expériences similaires [Grassi, Radicioni 2003] – voire sont très légèrement supérieurs, un effet probablement dû à la configuration Figure 6 – Détail du port de tourisme de Pescare. favorable du relief (côte basse). Il reste à voir si la présence de Bibliographie points marginaux est effectivement causée par l’utilisation d’un MNT [AA. VV 2003] PE&RS Volume 69, number 1 – Focus issue : rational à basse résolution ; le cas échéant, function for Ikonos imagery il serait possible de s’en affranchir [Baiocchi, Crespi, De Vendictis, Giannone 2004] Ortorettificazione di en utilisant l’altitude des points immagini satellitari ad alta risoluzione per scopi cartografici : metodologie d’appui eux-mêmes. Cette ques- ed implementazione di un nuovo software. Bollettino Sifet n°1/2004 tion sera l’objet d’une étude et d’un article ultérieur. [DiK., MaR. Li R. 2001] Derivino 3D shorelines from high resolution Ikonos satellite images with rational functions. ASPRS annual conference, St. Louis, April 25-27 2001 Remerciements [Fiani, Pistillo 2004] Test di georeferenziazione di immagini satellitari ad alta risoluzione – relazione finale Cofin 2001 – l’uso delle immagini Les auteurs remercient l’ingé- satellitari ad alta risoluzione per le analisi territoriali. nieur Silvia Grassi de l’université de Pérouse pour ses conseils [Grassi, Radicioni, Stoppini 2003] Immagini Quickbird II ad alta riso- précieux, ainsi que la doctoresse luzione : paragone qualitativo e metrico tra diversi formati commerciali. Francesca Giannone de l’univer- Atti della VII conferenza nazionale Asita 2002, Perugia. sité La Sapienza de Rome pour sa [Toutin 2004] Geometric processing of remote sensing images: models, patience tout au long des expé- algorithms ans methods (review paper) International journal of remote rimentations. Nous remercions sensing, May 2004, 25 n°10, p. 1893-1924 également Digitalglobe pour sa Quickbird imagery products, product guide 2004. diligence et sa précision. Cette http://www.digitalglobe.com/product/product_docs.html étude fait partie d’un projet de recherche cofinancé par le Miur 2002. Sites Web www.asprs.org ASPRS www.ccrs.nrcan.gc.ca Centre canadien de télédétection www.digitalglobe.com Digitalglobe www.isprs.org ISPRS www.oeepe.org OEEPE www.pcigeomatics.com PCI www.spaceimaging.com Space Imaging www.sysdeco.it Sysdeco 44 Géomatique Expert - N° 51 - Juin-Juillet 2006
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