VI - REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES

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VI - REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES
VI - REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES
       ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la réfor-        Ainsi, après avoir contribué à la normalisation
me des Directives Générales de la Monnaie et           de l'information d'entreprise au sein de l'UMOA,
du Crédit, adoptée en septembre 1989, le               en prélude à la création de la base de don-
Conseil des Ministres de l'UMOA a décidé de            nées de la Centrale des Bilans, l'Institut d'émis-
doter les Etats de l'Union d'un observatoire des       sion a choisi de déléguer une mission de servi-
entreprises non financières. L'objectif est de         ce public à une firme de droit privé, en favori-
renforcer le dispositif des Accords de                 sant la constitution de la Société de
Classement, en le complétant par des normes            Commercialisation d'Informations d'Entreprise
financières sectorielles. Pour ce faire, mandat        (SCIE).
a été donné à la BCEAO de réaliser la Centrale
des Bilans des Entreprises en activité sur le terri-   1 - NORMALISATION DE L'INFORMATION
toire des Etats membres de l'Union                         D'ENTREPRISE
(CBE/UMOA).                                            La normalisation de l'information d'entreprise a
Les termes de référence définis en 1992 ont            requis l'harmonisation des référentiels comp-
assigné un objectif beaucoup plus large au             tables en usage dans les Etats membres de
projet. Ils ont préconisé la disponibilité d'une       l'Union, ainsi que celle des actes juridiques qui
information économique fiable, en mesure               retracent la vie des entreprises.
d'éclairer les décisions de toutes les catégories      1.1 - Harmonisation des référentiels comp-
d'utilisateurs de données sur les entreprises,               tables
notamment la BCEAO, les établissements de
                                                       L'étude de faisabilité de 1993 avait fait ressortir
crédit, les pouvoirs publics, les acteurs de la
                                                       un environnement communautaire caractérisé
Bourse et la communauté des chercheurs.
                                                       par l'hétérogénéité des référentiels comp-
L’étude de faisabilité réalisée en 1993 a prescrit     tables. Les Plans comptables français 1957 et
la construction de la CBE/UMOA en deux                 1982 étaient toujours en vigueur, parallèlement
phases, dont la première consacrée à la réso-          au plan adopté en 1970 par les Etats membres
lution préalable des difficultés liées à l'environ-    de l'Organisation Commune Africaine et
nement comptable des entreprises et, la                Malgache ou Plan OCAM, ainsi que ses déri-
seconde, à la diffusion de l'information d'entre-      vés. De surcroît, ces plans avaient cessé d'être
prise.                                                 conformes aux normes comptables internatio-
                                                       nales généralement admises.
Ce projet d'envergure régionale, entièrement
achevé en 2006, a permis à la Banque                   Afin de permettre l’application directe et uni-
Centrale, non seulement de prendre la mesure           forme des règles comptables applicables aux
de l'ampleur et de la nature de la demande             entreprises, le Conseil des Ministres de l’UEMOA
en informations d'entreprise dans l'UMOA, mais         a adopté, au cours de sa session de décembre
également de définir les étapes à réaliser, afin       1996, le Règlement n° 04/96/CM, portant
de doter ses Etats membres d'un marché                 adoption d’un référentiel comptable commun
moderne de l'information d'entreprise.                 au sein de l’UEMOA dénommé Système

                                                                      Rapport annuel de la BCEAO - 2006      77
REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

     Comptable Ouest Africain (SYSCOA). Cet ins-              comptes sociaux. La contexture des états
     trument juridique institue l'obligation pour             financiers y est définie dans un format normali-
     toutes les entités opérant dans l'Union et pro-          sé facilitant des comparaisons dans le temps et
     duisant des biens et des services, marchands             dans l’espace.
     ou non marchands, de tenir une comptabilité
                                                              Afin de renforcer la capacité technique de la
     générale. Il définit l’exercice comptable qui
                                                              profession comptable, en matière d'établisse-
     coïncide avec l'année civile et spécifie les
                                                              ment et de contrôle des comptes annuels
     états financiers annuels que doivent produire
                                                              d'entreprise, le SYSCOA s'appuie sur un envi-
     les entreprises. Par ailleurs, il met en place un
                                                              ronnement institutionnel organisé par trois
     système modulaire d’information comptable :
                                                              Directives et deux Règlements, adoptés en
     le système normal de droit commun, le systè-
                                                              1997, par le Conseil des Ministres de l'UEMOA.
     me allégé pour les petites entreprises et le sys-
                                                              Ce cadre légal s'articule, au niveau national,
     tème minimal de trésorerie pour les très petites
                                                              autour d'un Ordre National des Experts-
     entreprises.
                                                              Comptables et des Comptables Agréés
     Le plan de comptes se caractérise par sa flexi-          (ONECCA), d'un Conseil National de la
     bilité, car les entreprises peuvent s’en servir          Comptabilité (CNC) et de Centres de Gestion
     pour élaborer un plan de comptes répondant               Agréés (CGA). Au niveau communautaire, le
     à leurs besoins d'organisation comptable.                Conseil Comptable Ouest Africain (CCOA) et
                                                              le Conseil Permanent de la Profession
     Le SYSCOA énonce les règles de comptabilisa-
                                                              Comptable (CPPC) ont été créés pour assister
     tion des opérations et problèmes spécifiques,
                                                              la Commission de l'UEMOA, respectivement en
     tels que la réévaluation des bilans, la compta-
                                                              matière de normalisation comptable et d'or-
     bilisation du crédit bail et les concessions de
                                                              ganisation de la profession comptable.
     service public. Il traite également des comptes
     consolidés.                                              Au titre des mesures d'accompagnement de
                                                              la mise en oeuvre du nouveau référentiel
     Il instaure un système comptable dérogatoire
                                                              comptable, la BCEAO a fait concevoir des
     destiné aux opérateurs économiques du sec-
                                                              outils techniques et pédagogiques, qu'elle a
     teur informel pour les inciter à tenir une comp-
                                                              mis sur le marché, sous forme d'ouvrages ou de
     tabilité régulière.
                                                              manuels. Une partie de ceux-ci a par ailleurs
     Le Règlement d'adoption du SYSCOA a été mis              été distribuée, à titre gracieux, aux établisse-
     en conformité avec l’Acte Uniforme portant               ments de formation comptable dans les Etats.
     organisation et harmonisation des comptabili-            Elle a, en outre, organisé des sessions de forma-
     tés des entreprises, applicable, à compter du            tion de formateurs.
     1er janvier 2001, dans les Etats-Parties au Traité
     relatif à l'Organisation pour l’Harmonisation en         1.2 - Normalisation des actes juridiques
     Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
                                                              Parallèlement aux travaux communautaires sur
     Au titre des dispositions complémentaires, le            le SYSCOA, l'OHADA a procédé à la codifica-
     SYSCOA est assorti d'un cadre conceptuel qui             tion des actes juridiques des entreprises, par
     fixe, à la norme comptable, l'objectif d'infor-          l'utilisation de formulaires standard pour les
     mation multiple et sûre des différents acteurs           déclarations des personnes physiques et
     économiques, sur la base du principe de la               morales au Registre du Commerce et du Crédit
     pertinence partagée, selon lequel, le contenu            Mobilier, dans le cadre de la modernisation des
     des états financiers doit être parfaitement              greffes des tribunaux chargés des affaires com-
     adapté aux besoins des divers utilisateurs de            merciales des Etats-Parties au Traité.

78   Rapport annuel de la BCEAO - 2006
REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

Au total, ces différentes actions d'harmonisa-                          La collecte et le contrôle des états financiers a
tion et de normalisation ont abouti à une pré-                          débuté en août 2002, dans les Agences
sentation uniformisée des états financiers et                           Principales de la BCEAO. Toutefois, la collecte
favorisé leur production homogène par les                               d’informations sur la vie juridique des entreprises
entreprises en activité dans l'Union. Elles ont                         est restée, pour le moment, limitée aux don-
ainsi permis de réunir les conditions nécessaires                       nées contenues dans la Fiche d’Identification
à la constitution d'une base de données d'en-                           et Renseignements Divers (FIRD) qui est une
treprise.                                                               composante de la liasse normalisée contenant
                                                                        les états financiers.
2 - CONSTITUTION DE LA BASE DE
    DONNEES D'ENTREPRISE                                                2.2 - Création du répertoire des
                                                                              entreprises
La constitution et l’exploitation de la base de
données de la CBE/UMOA ont nécessité                                    Destiné à recenser les entreprises en activité
l’adoption d’une réglementation de la collecte                          dans l'Union, le répertoire comporte un systè-
de l’information et la création d’un répertoire                         me d’immatriculation à partir d'un compteur
des entreprises.                                                        unique tenu au Siège de la BCEAO. Il fournit
                                                                        113 rubriques d'informations regroupées en
2.1 - Réglementation de la collecte de                                  informations d'identification et de localisation
      l'information                                                     de l'entreprise et en informations juridiques et
En vue d'assurer l'alimentation régulière de la                         économiques. Ce répertoire doit permettre de
CBE/UMOA en données d'entreprise, un cadre                              suivre les entités concernées dans l’espace de
réglementaire organisant la collaboration                               l’Union et dans le temps.
entre l'Institut d'émission et les administrations
                                                                        Toutes ces démarches ont permis à la BCEAO
sources a été mis en place. En ce qui concer-
                                                                        de constituer pour la CBE/UMOA un répertoire
ne les états financiers annuels, à l'exception de
                                                                        totalisant plus de 31.000 entreprises et une
la Guinée-Bissau2, tous les Etats ont adopté une
                                                                        base de données juridiques et comptables.
loi, un décret ou un arrêté prescrivant aux
entreprises l’obligation de déposer auprès de
                                                                        3 - CONCESSION DU SERVICE PUBLIC
l'administration fiscale, en annexe à leurs                                 D'INFORMATION SUR LES ENTRE-
déclarations fiscales, un second jeu sous forme                             PRISES ET CREATION DE LA SOCIETE
de liasses normalisées, destiné à la CBE/UMOA.                              DE COMMERCIALISATION
S'agissant du recensement des entreprises en                                D'INFORMATIONS D'ENTREPRISE
activité dans l'Union, la poursuite de l'objectif                           (SCIE-SA)
d'exhaustivité a conduit à l'établissement de
protocoles d'échange de fichiers avec les                               Dans la perspective de la poursuite de la réali-
administrations gestionnaires de répertoires                            sation du mandat que le Conseil des Ministres
d'entreprises de la quasi-totalité des Etats.                           de l'UMOA lui a confié, la BCEAO a étudié l'op-
                                                                        tion d'une externalisation des activités de la
En outre, des conventions ont été signées avec
                                                                        CBE/UMOA pouvant revêtir un caractère mar-
les Directions Générales chargées des impôts
                                                                        chand. L'objectif est de créer une structure pri-
de tous les Etats de l’Union, à l’exception de la
                                                                        vée qui pourrait accéder à la base de don-
Guinée-Bissau, pour faciliter la récupération                           nées contenant les états financiers annuels des
des liasses auprès des centres de dépôt.                                entreprises, les informations provenant du
2 : la Banque Centrale a apporté une contribution pour la traduc-       Répertoire Unique des Entreprises, les risques
    tion et l'édition de la version en langue portugaise du Règlement
    portant adoption du SYSCOA, réalisées en septembre 2005. Elle       de crédit déclarés à la Centrale des Risques et
    a également dispensé une formation aux formateurs dans cet
    Etat en novembre et décembre 2005. Les conditions sont ainsi
                                                                        les incidents de paiement sur effets enregistrés
    réunies pour une application du SYSCOA en Guinée-Bissau.            à la Centrale des Incidents de Paiement. En

                                                                                       Rapport annuel de la BCEAO - 2006      79
REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

     contrepartie, la structure privée produirait et          de 687,5 millions de francs est réparti, de maniè-
     diffuserait des informations sur les entreprises         re égalitaire entre, d'une part, les promoteurs ins-
     non financières.                                         titutionnels, à savoir la BCEAO, la BOAD, le
                                                              FAGACE et la BRVM et, d'autre part, vingt-huit
     Au cours de la première étape de matérialisa-
                                                              (28) établissements de crédit de l'Union. La pre-
     tion de cette initiative, qui a porté sur le recueil
                                                              mière réunion du Conseil d'Administration s'est
     des manifestations d'intérêt, la BCEAO a orga-
                                                              tenue le 6 juillet 2006 au Siège de l'Institut d'émis-
     nisé, en juin et juillet 2005, des rencontres pour
                                                              sion.
     présenter le projet de création de la structure
     privée à l'ensemble des parties prenantes à l'in-        Les relations entre la BCEAO et la SCIE-SA
     formation comptable d'entreprise dans cha-               seront régies par une convention de déléga-
     cun des Etats de l'Union. Au cours de la deuxiè-         tion de gestion du service public d'information
     me étape consacrée à l'esquisse des perspec-             sur les entreprises. Selon les termes de la
     tives financières et organisationnelles, la BCEAO        convention, ce service consistera à mettre à la
     a organisé une concertation à Dakar, les 3 et 4          disposition des entreprises et de leurs parte-
     octobre 2005, avec les représentants des institu-        naires, des informations actualisées. Toutefois,
     tions multilatérales intéressées, à savoir la            la convention impose à la SCIE-SA l'obligation
     Banque Ouest Africaine de Développement                  de protection des informations d'entreprise
     (BOAD), la Banque d'Investissement et de                 non soumises à publicité légale, conformé-
     Développement de la CEDEAO (BIDC), le                    ment aux dispositions pertinentes de l'Acte
     Fonds Africain de Garantie et de Coopération             Uniforme de l'OHADA, relatif au Droit des
     Economique (FAGACE) et le Fonds de Garantie              Sociétés Commerciales et du Groupement
     des Investissements Privés en Afrique de l'Ouest         d'Intérêt Economique (AUDSCGIE). Elle
     (Fonds GARI).                                            reprend également les dispositions en vigueur
                                                              dans les Etats, en matière de secret statistique.
     Lors de la troisième étape, relative à l'ouvertu-
                                                              La SCIE-SA pourra communiquer les informa-
     re des souscriptions au capital de la société à
                                                              tions individuelles non soumises à l'obligation
     créer, les promoteurs institutionnels susvisés se
                                                              de publicité légale, à la demande expresse
     sont concertés, le 10 novembre 2005, avec les
                                                              des personnes morales concernées.
     représentants de vingt-six (26) établissements
     de crédit qui ont manifesté leur adhésion en             Par ailleurs, lors de la diffusion des statistiques
     portant leur engagement de participation à               agrégées, elle veillera à ne pas permettre
     hauteur de 50% du capital.                               l’identification directe ou indirecte des per-
                                                              sonnes morales non soumises à l'obligation de
     Sur la base des résultats de ces différentes
                                                              publicité légale des états financiers.
     concertations, la BCEAO a présenté le projet
     de création d'une société de commercialisa-              La SCIE-SA commercialisera à terme les trois
     tion d'informations d'entreprise aux organes de          types d'informations ci-après :
     l'Union au cours de leur session de mars 2006.                  Informations sur la situation financière des
     Le Conseil d'Administration de la BCEAO a ainsi                 entreprises. Ce type d’information com-
     autorisé la prise de participation de l'Institut                prend les états financiers des entreprises et
     d'émission au capital de ladite société à hau-                  leur analyse. Il favorisera la connaissance
     teur de 20%. Pour sa part, le Conseil des                       de la situation financière des entreprises et
     Ministres de l'UEMOA a décidé de concéder le                    de leurs performances économiques et
     service public d'information sur les entreprises                financières qui seront rapprochées de
     de l'Union à la future société.                                 celles de leur d'activité.
     La création de la Société de Commercialisation                 Informations d'identification des entre-
     d'Informations d'Entreprise (SCIE-SA) est interve-              prises. Les informations d'identification per-
     nue en juin 2006. Le montant du capital social                  mettront de localiser les entreprises et de

80   Rapport annuel de la BCEAO - 2006
REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

      connaître leur statut juridique, leurs diri-          mise à disposition du contenu des bases de
      geants, leurs actionnaires ainsi que leurs            données de la BCEAO, dans le cadre d'une
      filiales. Elles sont destinées à la sécurisation      convention de délégation de la gestion du ser-
      des relations d’affaires et au ciblage de             vice public. La demande est réelle, comme
      prospects commerciaux.                                l'atteste la décision des principaux utilisateurs
     Notations d'entreprises. Les notations d'en-          d'informations d'entreprise de participer à la
      treprises contiendront les éléments d'identi-         création de cette société. La centrale des
      fication, l'analyse des états financiers et           bilans contribuera ainsi à la sécurisation des
      une cotation de la comptabilité, de l'acti-           relations d'affaires et au développement du
      vité, du crédit ainsi que des paiements.              marché financier régional, conformément aux
La réalisation de la CBE/UMOA par la BCEAO                  objectifs majeurs définis par les instances com-
constitue un pas décisif vers la diffusion de               munautaires, qui caractérisent les actions mul-
données fiables, au titre de l'information d'en-            tiformes engagées notamment par la Banque
treprise dans l'Union. A cet égard, la SCIE-SA a            Centrale dans ce domaine, depuis plus d'une
été conçue comme un acteur essentiel de la                  décennie.

                                                                           Rapport annuel de la BCEAO - 2006       81
REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L’UMOA (CBE/UMOA)

      Vue partielle du chantier du Centre Aéré de la BCEAO pour la Côte d’Ivoire

82   Rapport annuel de la BCEAO - 2006
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