Voyage au coeur des collections - Le Devoir
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| CAHIER SPÉCIAL D | LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 MUSÉES Voyage au cœur Cultures du monde et arts décoratifs, sculptures, mobilier et objets du quotidien, design, arts graphiques, dessins, étampes, peintures d’hier et d’aujourd’hui… les collections permanentes des musées québécois des collections regorgent de trésors, œuvres d’artistes québécois, canadiens et inter- nationaux à découvrir et redécouvrir. Visite guidée.
D 2 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 MUSÉE M C CORD Faire dialoguer les collections Le Musée McCord ouvre chaque je me rapproche du processus du année ses collections perma- perlage, dans la manière de placer, nentes à une artiste en résidence. de répéter et d’accumuler », souligne l’artiste d’ascendance Kanien’kehá : Hannah Claus explique ce que lui ka (mohawk) devant sa création. a inspiré la réserve de l’établisse- De l’autre côté de la pièce, cer- ment avec l’exposition C’est pas tains des objets, dont les détails ont été photographiés pour son installa- pour rien qu’on s’est rencontrés. tion, sont exposés dans une vitrine. Le Devoir est allé la voir alors Le programme Artiste en résidence qu’elle mettait la dernière touche de l’établissement muséal, lancé en à ses installations, dévoilées 2012, semblait tout indiqué pour elle. Parmi ses sources d’inspiration figu- ce week-end. rent les cosmogonies autochtones, particulièrement celle des Mohawks, ETIENNE PLAMONDON EMOND qui l’amène à remettre en question Collaboration spéciale notre perception linéaire du temps, de l’espace et de la mémoire. « Les objets du Musée McCord ne sont H annah Claus venait de terminer le montage d’un mobile qui évoque les châles por tés dans cer- pas figés dans le passé et restent contemporains dans une culture vi- vante, obser ve-t-elle. C’est bien de taines danses lors des pow-wow. Sur les faire sortir pour qu’ils respirent chaque corde sont enfilés plusieurs un peu, de prendre des images de petits disques, sur lesquels sont im- choses qui sont sous verre et de les Hannah Claus, Souvenir apprentissage oubli, 2019, cire d’abeille primées les photographies de motifs arranger pour que ce soit animé. » MARILYN AITKEN perlés qui se trouvent sur des objets de la collection des cultures autoch- Des archives aux artefacts Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, tones du Musée McCord. Les brode- « C’est toujours surprenant, ce qu’ils grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant ries de perles constituent depuis des font dire aux objets », dit Guislaine pas de droit de regard sur les textes. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la siècles un moyen d’expression im- Lemay, conser vatrice Cultures production de ces contenus. por tant dans la culture iroquoise. « Dans mes sculptures suspendues, VOIR PAG E D 4 : M C CO RD Romain Guilbault Romain Guilbault Alain Vandal NOUVEAU SPECTACLE MULTIMÉDIA pacmusee.qc.ca 350, place Royale, Vieux-Montréal (Québec) H2Y 3Y5 DÈS CE PRINTEMPS
MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 D 3 MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL Dialogue sur l’identité culturelle Vue de l’exposition Connexions : notre diversité artistique dialogue avec nos collections au Musée des beaux-arts de Montréal DENIS FARLEY MBAM En attendant l’ouverture en novembre de la nouvelle aile des cultures du mexicaine Nuria Car ton de Gram- tion traditionnelle avec des paillettes monde et du vivre-ensemble, le Musée des beaux-arts de Montréal mont, spécialiste de l’art contempo- et de la mousse de polystyrène. rain latino-américain. Elles ont de- Mais, plutôt que de peindre des oi- (MBAM) braque les projecteurs sur sept artistes émergents issus de la di- mandé à 21 migrants de leur présen- seaux, l’ar tiste représente des in- versité culturelle. Avec l’exposition Connexions : notre diversité artistique ter un objet ayant une valeur particu- sectes rampants qui imitent l’appa- dialogue avec nos collections, le musée présente sept œuvres contempo- lière dans leur processus de migra- rence d’autres insectes afin de se raines remettant en question la notion d’identité culturelle. tion et ont établi un dialogue entre fondre dans leur environnement les objets contemporains présentés pour tromper leurs prédateurs ou par les participants et les objets de la leurs proies. » HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN du corps dans l’expression des iden- collection du Musée afin de mettre tités culturelles. l’accent sur l’histoire de leur périple. Remettre en question le Collaboration spéciale « Je m’intéresse à tout l’aspect du « Nous avons également deux ar- discours muséal dominant mouvement de la performance inhé- tistes d’origine chinoise, ajoute À l’issue de l’exposition, ces sept œu- I ls sont sept. Sept ar tistes émer- gents, nés ici ou ailleurs, vivant ici ou installés ailleurs, mais ayant tous rent à l’art classique africain, précise Mme Hubert. Lorsqu’on présente des masques dans un musée, ce mouve- Laura Vigo, conser vatrice de l’ar t asiatique du MBAM. Hua Jin insiste sur le sacrifice environnemental, cul- vres entreront dans la collection du Musée et seront présentées dès le mois de novembre dans la nouvelle un lien avec le Canada. Ils ont des ori- ment est perdu. On se retrouve avec turel et spirituel que la Chine impose aile des cultures du monde et du vi- gines en Chine, au Sri Lanka, au une présentation de masques sans le au nom du développement écono- vre-ensemble, dans le pavillon Ste- Mexique, au Kenya ou encore en Li- costume, statiques, qui ne sont mique. L’artiste s’inspire des porce- phan Crétier et Stephany Maillery. bye. Et leurs œuvres sont empreintes qu’un fragment de la création artis- laines chinoises du Musée et de « Elles apporteront un nouveau re- de cette identité multiple qu’ils vivent tique originelle. » leurs décors bleu cobalt pour créer gard sur la culture d’ailleurs, indique et sur laquelle ils réfléchissent. Pour son œuvre intitulée Lost in douze assiettes qui jettent un pont Laura Vigo. Les œuvres que nous « Nous leur avons proposé un dia- Display, l’ar tiste a ainsi choisi des entre le passé et le présent. Chaque avons dans notre collection nous logue avec notre collection des cul- masques de la collection et en a fait assiette illustre un motif traditionnel, viennent pour la plupar t des pre- tures du monde, raconte Erell Hubert, des modèles 3D. Il a par ailleurs créé imprimé au laser puis estompé et dé- miers collectionneurs canadiens, qui conser vatrice de l’art précolombien des chorégraphies qu’il a filmées, et coloré. Tout en évoquant la tradition n’avaient jamais mis les pieds en au MBAM. Cela représente 10 000 en réalité vir tuelle a fait por ter les chinoise, cette décoloration met en Orient. Ils regardaient cela de ma- pièces environ. Chacun en a choisi masques aux danseuses. évidence les notions de disparition et nière fantasmagorique, ils créaient une ou un groupe, d’autres ont plutôt « Il redonne du mouvement aux de transformation. » cette idée de l’Orient charmant, mys- préféré travailler de manière plus masques pour recréer le concept térieux. Les œuvres qui sont arrivées conceptuelle. L’idée, c’est de s’inspirer d’origine, poursuit Erell Hubert, qui au Musée n’étaient même pas consi- de nos œuvres, pour la plupart issues précise qu’il ne s’agit cependant pas « L’idée, c’est de s’inspirer dérées comme des œuvres d’art dans d’un répertoire classique, afin de les de danses de l’époque. Il ne travaille de nos œuvres [...] afin leur pays d’origine. » regarder autrement et de faire ainsi pas comme le ferait un anthropo- de les regarder autrement Pour Erell Huber t, il s’agit de dialoguer les cultures.» logue. Il s’agit d’une création pure- et de faire ainsi dialoguer poursuivre le dialogue à long terme. ment artistique. » De faire entrer des voix plus contem- Un fragment de la création les cultures » poraines afin de démontrer que le artistique originelle Préoccupations discours muséal dominant jusqu’à Brendan Fernandes est né à Nairobi contemporaines Quant à Karen Tam, elle s’inspire aujourd’hui n’est pas le seul possible. en 1979. Il vit aujourd’hui à Chicago. Parmi les autres artistes, on retrouve elle aussi des porcelaines chinoises « Il y a différentes façons d’être en Dans sa pratique artistique, il utilise la Montréalaise d’origine libyenne du Musée, mais pour dénoncer de relation avec les objets, conclut-elle. souvent des objets africains issus des Ar wa Abouan, qui avec son œuvre manière ironique les lieux com- Les objets anciens ont une résonance, musées. La perte des traces de leur Sans chez-soi explore la transmission muns et l’idée que l’Occident en gé- une per tinence dans le monde provenance soulève en lui des ques- des connaissances par les femmes, les néral et le Canada en particulier se contemporain, dans le questionne- tions quant à leur authenticité et met préjugés en général et le supposé obs- font de la « chinitude ». ment identitaire. Ils ne sont pas sim- en lumière leur passé colonial. curantisme musulman en particulier. « Au début du XVIIIe siècle, afin de plement relégués à l’historique, mais L’artiste établit ainsi une analogie L’œuvre Objets personnels est pour satisfaire à la demande occidentale, ils permettent de comprendre les rela- entre leur histoire et son propre par- sa par t le fruit d’une collaboration la Chine fabriquait des pièces dans le tions dans le présent.» cours d’ar tiste canadien d’ascen- entre l’ar tiste d’origine argentine style japonais Imari, raconte dance kenyane et indienne. Mais Maria Ezcurra, qui explore souvent M m e Vigo. Les sept vases à triple CONNEXIONS : NOTRE DIVERSITÉ Fernandes est aussi un ancien dan- les conséquences mentales, phy- gourde conçus par Tam s’inspirent ARTISTIQUE DIALOGUE AVEC NOS seur de ballet classique, et il s’inté- siques et émotionnelles du déplace- des porcelaines de ce genre dans no- COLLECTIONS resse depuis toujours à l’importance ment, et l’historienne d’art d’origine tre collection. Elle imite la décora- Jusqu’au 23 juin 2019
D 4 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 Faire parler la culture autochtone conservatrice, cette dernière va explo- rer la réserve pour trouver des objets qui vont soutenir un propos. Les ar- tistes vont plutôt y repérer une « inspi- ration fondamentale », remarque-t-elle. MCCORD « C’est une tournure différente et ça apporte un regard très différent. » C’est dans la collection des cultures SU ITE DE L A PAGE D 3 autochtones, qui compte plus de 16 400 artefacts, qu’Hanna Claus a dé- autochtones au Musée McCord, au niché des objets perlés dont elle a uti- sujet des artistes en résidence. Elle lisé les motifs dans son mobile, mais remarque qu’ils s’attardent parfois à aussi dans des montages photogra- des artefacts auxquels les employés phiques aux effets kaléidoscopiques. de l’établissement n’accordent un in- térêt que dans une perspective de re- Montréal, territoire mohawk cherche, sans jamais penser les dé- La membre de T yendinaga, une voiler au grand public. communauté mohawk de l’Ontario, a Au moment d’accueillir son artiste ainsi fermé une boucle : lorsqu’elle a en résidence, le Musée McCord lui fait déménagé à Montréal au début de la toujours visiter l’ensemble de la ré- décennie 2000, elle s’était arrêtée au serve, où sont entreposées les six col- Musée McCord, où l’exposition À la lections permanentes de l’établisse- Hannah Claus, Châle de danse pour la Femme du Ciel, 2019, tirage numérique sur film croisée des chemins : le perlage dans la ment : celle de peintures, estampes et transparent, fil, colle, miroir en Mylar vie des Iroquois montrait ce type dessins, celle de costumes, mode et MARILYN AITKEN d’objets. « J’étais tellement contente textiles, celle des cultures autochtones, de voir ça, se rappelle-t-elle. Pour celle d’arts décoratifs, les archives pho- des phrases écrites de cette façon. logue avec un registre. Si on avait à moi, Montréal c’est vraiment le terri- tographiques Notman, ainsi que les ar- C’était un nouveau système pour eux et montrer notre propre registre, voilà toire mohawk. Et c’était comme un chives textuelles. Ce sont ces der- ils s’étaient sans doute sentis isolés peut-être à quoi il ressemblerait. » beau bonjour pour venir ici. » nières qui ont d’abord piqué la curio- dans les communications. » Hannah Claus s’est ensuite tournée Jusqu’au 11 août prochain, ce sont sité d’Hannah Claus. Elle a consulté les Cette impression l’a menée à créer vers d’autres collections, dont celle ses œuvres que l’on pourra admirer cartes, manuscrits et registres concer- une œuvre réalisée à l’aide de cou- des arts décoratifs et celle des cul- entre les murs de l’établissement. «Le nant la traite des fourrures. Mais très vertures, sur lesquelles des épingles tures autochtones. « Au début, je m’in- titre que j’ai donné, C’est pas pour rien vite, elle a été confrontée à un vieux en cuivre forment des symboles as- quiétais, parce que je me disais qu’il qu’on s’est rencontrés, c’était un peu les français écrit dans une ancienne calli- sociés à des wampums. « Je vois l’ex- n’y avait pas de thématique, que les choses qui se mettent en place, sans graphie difficile à déchiffrer. « Tout ça position comme étant un dialogue choses étaient trop dif férentes les qu’on sache pourquoi, et pour les- m’aliénait, exprime-t-elle. J’étais frus- avec les objets de la collection, dit- unes des autres », dit-elle. Mais c’est quelles on fait les liens après. » Des trée en voyant les pages et j’ai pensé elle. Ce ne sont pas des cartes ni des justement ce qui fait la fraîcheur de la liens qui, assurément, nous incitent à aux Autochtones qui devaient faire af- pages et il n’y a pas de mots, mais en démarche des artistes en résidence, voir les objets des collections du Mu- faire avec les Français, les Anglais et même temps, pour moi, c’est un dia- selon Guislaine Lemay. Comme sée d’une nouvelle manière.
MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 D 5 MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONT-SAINT-HILAIRE Un mont et des merveilles « Saint-Hilaire, c’est certainement une des villes au Québec où il y a le plus de créateurs de tous les horizons, qui y résident et qui y créent », déclare André Michel, lui-même peintre et sculpteur, fier résident de cette municipalité de la Montérégie. Passionné de grands espaces et de culture amérindienne, né à Avignon en 1945 avant de s’installer au Québec en 1970, il est surnommé également « l’homme qui plantait des musées ». ner. Elles doivent être signées par des artistes qui ont été touchés par Saint-Hilaire, qui y ont habité ou qui ont peint les lieux. J’ai déjà refusé des œuvres de Guido Molinari et de Claude Tousignant : j’aime leur tra- vail, mais ça ne correspondait pas à notre mission. » Il y a tout de même un défi à faire cohabiter dans un même espace trois grands artistes de générations diffé- rentes, un contraste esthétique qui pourtant attire chaque année entre 13 000 et 15 000 visiteurs, certains cu- rieux d’admirer leurs œuvres, d’au- tres de découvrir là où Leduc et Bor- duas ont vécu. Car entre le grand peintre des lieux de culte et l’instiga- teur du manifeste Refus global, pre- mier signal en 1948 d’une Révolution tranquille à venir, il y avait plus qu’un lieu de résidence en commun, mais une réelle amitié, un respect mutuel. « Contrairement à d’autres institutions, nous n’acceptons pas toutes les œuvres que l’on veut nous donner. Elles doivent être signées par des artistes qui ont été touchés par Saint- Hilaire, qui y ont habité ou qui ont peint les lieux. » Pour André Michel, «ce sont trois ar- tistes complémentaires », eux qui ont décoré des églises, et servi d’inspira- Vue de l’exposition Rétrospective Michel Bourguignon, affichée jusqu’au 13 mars au Musée des beaux-arts de Mont Saint-Hilaire tion pour les générations d’artistes qui MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONT-SAINT-HILAIRE les ont suivis. D’ailleurs, bien avant le fameux 1 %, cette politique culturelle A N D R É L AVO I E catalane, a choisi de s’y installer. « Je sée à Saint-Hilaire pourrait susciter qui intègre des œuvres d’art aux édi- Collaboration spéciale trouvais anormal qu’il n’y ait pas de l’intérêt, et convaincre l’ancien maire fices publics et gouvernementaux, le musée pour mettre régulièrement de la ville, Honorius Charbonneau — fougueux Jordi Bonet savait déjà s’im- leurs œuvres en valeur », précise ce- qui a déjà détenu le titre de maire poser dans les universités et les hôpi- A vant de jeter les bases de ce qui allait devenir le Musée des beaux-ar ts de Mont-Saint-Hilaire lui dont la démarche artistique est im- prégnée de ses rapports complices avec les peuples autochtones. Mais étant resté le plus longtemps en poste au Québec. En deux mois, on a reçu 15 000 visiteurs, et ce fut le le- taux, mais il demeure à jamais lié à l’imposante murale qui orne le foyer du Grand Théâtre de Québec. (MBAMSH) en 1995, André Michel se consacrer à son univers personnel vier nécessaire pour trouver l’argent On pourra d’ailleurs en explorer avait déjà développé une expertise, ne l’a jamais empêché de célébrer ce- et construire le Musée. » le processus d’élaboration dans le à Sept-Îles avec la création du Musée lui des autres. cadre de la prochaine exposition es- du Vieux Poste en 1975 suivi du Mu- Ce musée, aussi sur nommé les Distincts, mais complémentaires tivale du MBAMSH consacrée à Bo- sée régional de la Côte-Nord en 1985, Muséales et regroupant sous la Deux décennies plus tard, le net, qui se tiendra du 2 juin au et finalement du Musée du peuple même direction générale les maisons MBAMSH compte 620 œuvres dans 29 septembre 2019. « On soulignera innu en 1998. Par la suite, s’établir à d’Ozias Leduc et de Paul-Émile Bor- ses réser ves, en majorité de Jordi à la fois le 40 e anniversaire de sa Saint-Hilaire, c’était en quelque sorte duas, ainsi que la Maison amérin- Bonet, mais aussi d’Ozias Leduc et mort et le 50e anniversaire de la mu- côtoyer trois grands ar tistes au- dienne (pourvue d’un conseil d’admi- de Paul-Émile Borduas. Le travail rale », déclare fièrement André Mi- jourd’hui dispar us, mais « qui ont nistration indépendant du MBAMSH, d’acquisition demeure un défi pour chel, ayant mis la main sur des marqué l’histoire du Québec et du et entièrement composé de membres chaque musée, dont pour les musées ébauches de béton que Bonet a pré- Canada » : Ozias Leduc (1864-1955), de cinq communautés autochtones), régionaux, mais selon André Michel, sentées à l’architecte Victor Pr us Paul-Émile Borduas (1905-1960) et a d’abord pris racine… dans un cen- les lignes directrices étaient claires à pour le convaincre de se lancer dans Jordi Bonet (1932-1979). tre commercial. « En 1993, j’ai monté la fondation, et le demeurent. cette grande aventure artistique qui Les deux premiers y sont nés et y là une grande exposition consacrée à « Contrairement à d’autres institu- a aussi fait couler beaucoup d’encre. ont passé une par tie de leur exis- Jordi Bonet, se souvient André Mi- tions, nous n’acceptons pas toutes Et tout cela a un peu pris sa source tence, tandis que le dernier, d’origine chel. Je voulais démontrer qu’un mu- les œuvres que l’on veut nous don- à Saint-Hilaire.
D 6 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 L’histoire exposée en permanence De Gatineau à la Gaspésie, les collections permanentes des musées regorgent de trésors MARIE-HÉLÈNE ALARIE Collaboration spéciale Grande et petite histoire de Montréal Compte tenu de la richesse de son histoire, Montréal regorge de mu- sées historiques et, dans ce domaine, Pointe-à-Callière fait office de figure Exposition de proue puisqu’il est en lui-même 350 ans un site historique et archéologique. de pratiques Visiter l’exposition Ici a été fondée artistiques Montréal, c’est marcher sur un sol au Québec de verre surplombant les vestiges du du Musée fort de Ville-Marie. national Le Musée des Hospitalières pré- des beaux-arts sente une exposition qui relate la folle du Québec entreprise de Jeanne Mance : fonder IDRA LABRIE Ville-Marie avec Paul de Chomedey MNBAQ de Maisonneuve, et doter la ville d’un hôpital, l’Hôtel-Dieu de Montréal. De jourd’hui la vie quotidienne au nal qui a fait rayonner Montréal avec d’archives relatant les temps for ts plus, cette année, deux nouvelles œu- XVIIIe siècle tandis que, à la Maison plus de 50 millions d’entrées et des de l’histoire, ceux qui aident à com- vres viennent enrichir la collection du Saint-Gabriel, on peut admirer le mo- pavillons de 62 pays. prendre le Québec d’aujourd’hui. musée, des toiles de Pellan et de Met- bilier artisanal et différentes collec- De son côté, La colonie retrouvée ex- sys et la crypte où reposent les restes tions de peintures, de broderies et de Québec, capitale pose les artefacts trouvés sur le site de Jeanne Mance et de six cents hos- sculptures des XVIIIe et XIXe siècles. de la Nouvelle-France archéologique Car tier-Rober val, pitalières sera également ouverte au Des premiers peuples à la moder- Québec… Là où tout a commencé ! emplacement de la toute première public du 24 mars au 5 mai. nité, le Centre d’histoire de Montréal Et le Musée de la civilisation est là colonie française en Amérique, Construit sous le régime français, couvre les temps anciens et ceux un pour nous le rappeler. L’exposition soixante ans avant l’ar rivée de le Château Ramezay est un témoin peu plus proches de nous, comme Le temps des Québécois regroupe Champlain. Une invitation à revisi- privilégié de la ville. On y expose au- Expo 1967, un événement internatio- plus de 375 objets et documents ter l’histoire apprise à l’école ! Partez à l’aventure et retrouvez les jouets égarés ! DE RNIÈ RE CHANCE! EXPOSITION ARS 2019 7M JUSQU’AU 1
MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 D 7 L’Îlot des Palais est lui aussi un site presque dire que c’est à Kamouraska historique et archéologique qui pré- qu’a été inventée la villégiature au sente dans ses caves voûtées du Québec, et son Musée régional en XVIIIe siècle une exposition immer- rend compte dans l’exposition Pren- sive: mapping au sol, projections et 3D dre les eaux à Kamouraska. sont au rendez-vous pour ce voyage dans la vie de ce lieu qui a vu la Brasse- ... Et autres rivières rie Jean Talon, les Palais de l’Intendant, Le Musée des beaux-ar ts de Sher- les prisons, les Magasins du Roi et la brooke met en avant les ar tistes brasserie Boswel. Mais bien avant que de la région dans l’exposition Es- les Français ne débarquent, les Hurons- paces et paysages. Des œuvres tra- Wendat occupaient le territoire. Le Mu- ditionnelles, contemporaines ou sée Huron-Wendat de Wendake nous actuelles imaginent les panoramas parle d’une culture toujours vivante à des Cantons-de-l’Est. travers une collection d’objets qui pro- À Trois-Rivières, le Musée POP pose au visiteur d’en explorer les terri- possède plus de 100 000 ar tefacts. toires, les mémoires et les savoirs. Comme il est impossible de tout ex- Tout juste sous la terrasse Dufferin poser, trois grandes vitrines propo- se cache une crypte archéologique qui sent les trésors cachés de la collec- témoigne de ce que fut la résidence of- tion. Une rotation régulière du ficielle et le siège du pouvoir des gou- contenu per met de découvrir un verneurs de 1620 à 1834: le lieu histo- grand nombre de ces richesses. rique national des Forts-et-Châteaux- À l’ouest cette fois, du côté de Gati- Saint-Louis. La visite s’effectue à l’aide neau, le Musée canadien de l’histoire de dispositifs technologiques de pointe. retrace la grande histoire du Canada Si l’école des Ursulines existe en- Vue de l’exposition permanente Révélations de L’Îlot des Palais, à Québec en dix-huit récits : des événements, core aujourd’hui, c’est peut-être L’ÎLOT DES PALAIS des personnages et des courants his- grâce à la petite révolution pédago- toriques, tout ce qui a façonné le Ca- gique qui a eu lieu en ses murs au versaire, le musée inaugure cinq Gaspésie nous parle de la mer et de nada de la préhistoire à aujourd’hui. XIXe siècle. En effet, l’établissement nouvelles salles consacrées aux col- ses bateaux. Le grand large, c’est On traverse la rivière des Ou- était bilingue et multiconfessionnel, lections d’ar t ancien et moder ne. l’histoire de la Gaspésie à travers taouais et on se retrouve à Ottawa et tous les champs d’études y étaient Sont ainsi mises en valeur quelque quinze voiliers : drakkars vikings, ca- aux portes du Musée des beaux-arts mis en valeur. L’exposition L’Acadé- 600 œuvres d’ar tistes qui ont mar- nots de haute mer micmacs et gaspé- du Canada. Ici, les collections sont mie des demoiselles présentée au Pôle qué l’histoire de l’art au Québec. siennes. De son côté, le Musée régio- gigantesques, et de nombreuses ex- culturel du Monastère des Ursulines nal de Rimouski fait se côtoyer ar t positions permanentes mettent en lu- raconte ce pensionnat parmi les plus Le long de la grande contemporain et histoire régionale. mière leurs joyaux d’art canadien et prestigieux d’Amérique du Nord. voie d’eau… C’est le même concept qui prévaut au autochtone. Près de 350 ans d’art s’exposent au Porte d’entrée de la Nouvelle-France, Musée du Bas-Saint-Laurent, où l’on À travers les expositions perma- Musée national des beaux-ar ts du le Saint-Laurent a lui aussi toute une mêle volontiers art moderne et pho- nentes des musées, des siècles d’his- Québec et, pour fêter son 85 e anni- histoire à raconter. Le Musée de la tographie ethnologique. On peut toire nous contemplent… Kent Monkman, Les papas, 2016. Collection de Christine Armstrong et Irfhan Rawji. ([SRVLWLRQMXVTX·DXPDL Cette exposition itinérante a été produite par l’Art Museum de l’Université de Toronto en partenariat avec le Musée d’art du Centre de la Confédération, Charlottetown, et a été réalisée en partie grâce au gouvernement du Canada, au Conseil des arts du Canada et au Conseil des arts de l’Ontario. Commanditaire principal : Fondation Donald R. Sobey
D 8 MUSÉES — LE DEVOIR, LES SAMEDI 9 ET DIMANCHE 10 MARS 2019 DE L’ARCHÉOLOGIE À L’ART CONTEMPORAIN, TANT D’OCCASIONS DE VISITER LA COLLECTION DU MUSÉE ! ART QUÉBÉCOIS ET CANADIEN ART INTERNATIONAL ARCHÉOLOGIE ET CULTURES DU MONDE ARTS DÉCORATIFS ET DESIGN Présentant plus de 4 000 œuvres réparties dans 5 pavillons, la collection du MBAM est l’une des plus importantes au Canada. Impressionnante par son ampleur et sa diversité, elle regorge d’œuvres exceptionnelles des plus grands artistes de tous les courants tels Rodin, Matisse, Renoir, Riopelle, Tiffany, Basquiat, Chihuly, Thomson, Rembrandt, Pellan et Borduas. Parcours thématiques, activités famille, visites guidées, films, conférences et concerts, venez (re)découvrir la collection ! DEVENEZ Visitez gratuitement et en priorité d’accès toutes TÉLÉCHARGEZ GRATUITEMENT NOTRE APPLICATION MOBILE nos expositions et notre collection, en plus de profiter Plan directionnel interactif – Audioguides – Parcours thématiques – Activités culturelles d’une foule d’avantages ! mbam.qc.ca/vip Le Musée remercie le ministère de la Culture et des Communications du Québec, le Conseil des arts de Montréal et le Conseil des arts du Canada pour leur soutien constant. Art québécois et canadien, art international, arts décoratifs et design : Photos © Marc Cramer I Archéologie et cultures du monde : Photo Denis Farley © Successions Jean-Paul Riopelle, Louis Archambault, Yves Gaucher, Jacques Hurtubise, Guido Molinari, Serge Lemoyne et Jean McEwen / SOCAN (2019)
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