Ziklibrenbib : participez à l'élection du titre de l'année 2019 - Framablog
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Ziklibrenbib : participez à l’élection du titre de l’année 2019 Ziklibrenbib est un projet collaboratif qui vise à promouvoir la musique en libre diffusion dans les médiathèques. Créé à l’initiative des médiathèques d’Argentan Intercom (61) et de Pacé (35), il est aujourd’hui animé par une vingtaine de professionnels répartis sur toute la France. Au-delà des chroniques publiées presque chaque jour sur le blog et relayées sur les principaux réseaux sociaux, l’équipe de Ziklibrenbib propose chaque trimestre une compilation des meilleures découvertes du moment et chaque année l’élection du titre de l’année Ziklibrenbib. C’est à l’occasion de cette élection que nous rencontrons aujourd’hui Vincent et Antoine pour qu’ils nous en disent plus sur la question. Ziklibrenbib, 7 ans déjà… une belle aventure ! Pouvez-vous regarder dans le rétroviseur et nous faire un petit résumé ? 7 ans de rencontres et de découvertes musicales, voilà comment on pourrait résumer ces 7 ans ! Rencontres entre bibliothécaires mais aussi avec les musiciens ! Pas mal de personnes sont passées par là pour proposer leurs chroniques, leur sensibilité musicale et participer au projet sous une forme ou une autre. Cette diversité fait la richesse de Ziklibrenbib ! Aujourd’hui, comment fonctionne concrètement Ziklibrenbib ? Grâce essentiellement au forum interne auquel sont inscrits
les participants et qui est organisé en trois grandes catégories : le projet Ziklibrenbib dans sa globalité, l’Élection du titre de l’année Ziklibrenbib et les tournées du lauréat de l’élection Ziklibrenbib. A chaque fois qu’un nouveau sujet émerge, c’est l’occasion d’échanger et d’émettre son avis. Les décisions sont prises collectivement selon la participation de chacun. L’inscription à la newsletter permet également de suivre l’actualité du projet sans obligatoirement passer par la case forum, et de participer par exemple aux compilations trimestrielles ou à la sélection des titres de l’élection annuelle. Quant aux chroniques, nous profitons de cette interview pour remercier les collègues qui donnent de leur temps pour fouiller le web à la découverte de nouvelles perles de la musique libre et rédiger ces chroniques. Il n’est d’ailleurs jamais trop tard pour rejoindre la team de chroniqueuses et chroniqueurs Il n’y a aucune fréquence de publication imposée… et plus on est nombreux, plus c’est sympa ! Depuis le 26 mars, les internautes / citoyen⋅nes peuvent participer à l’élection du titre de l’année. Pouvez-vous nous indiquer de quoi il s’agit ? Depuis le 26 mars et jusqu’au 26 mai, les internautes et usager⋅es des médiathèques participantes peuvent voter pour leurs 3 morceaux préférés parmi 14 titres choisis avec passion par 29 discothécaires de toute la France. C’est l’occasion de permettre à des bibliothèques de mettre en valeur la musique libre sur une courte période et avec des supports de médiation (affiches, flyers, compilation CD/mp3, bande-annonce vidéo, livret de présentation…) dédiés et faciles à mettre en place. Un coup de projecteur salvateur ! Ca se passe sur http://www.acim.asso.fr/ziklibrenbib/election/
Affichette de présentation de l’élection du titre de l’année Ziklibrenbib 2019 – CC-BY-SA Selon vous, est-ce que la communauté libriste est aussi enthousiaste autour de la culture, de la musique libre qu’autour des logiciels libres ? Oui, pour les quelques retours que nous avons eu de la communauté du libre. Ziklibrenbib est connu et apprécié de ce réseau. Il y a eu, ces dernières années, une explosion des contenus produits pour des plateformes comme YouTube ou Twitch. Ces plateformes qui ont des « robocopyrights » (comme ContentID de Google-YouTube) qui analysent le son des vidéos pour repérer l’utilisation de musiques copyrightées… Est-ce que vous avez vu les vidéastes et leurs publics s’intéresser de plus près à la musique libre ? Nous avons pu en effet constater ce phénomène, et ce de deux façons différentes. Tout d’abord par quelques messages que
nous avons reçus de la part de personnes cherchant à savoir comment utiliser telle ou telle musique dans leurs vidéos, ce qui n’était pas sans engendrer une petite discussion au sujet des possibilités offertes par telle ou telle licence Creative Commons. Ensuite par l’intermédiaire de Free Music Archive, une archive en ligne où nous déposons régulièrement en tant que curateur les albums que nous chroniquons et qui ne sont pas en téléchargement payant ni sortis sur des netlabels. C’est une plate-forme très fréquentée par les vidéastes amateurs et cela n’est pas rare de retrouver sur Youtube des vidéos utilisant des pistes que nous avons déposées… Anecdote sympa : c’est via cette plate-forme qu’une marque de prêt-à- porter a pu repérer une groupe de musique finlandais et négocier avec lui pour l’utilisation d’un de ses morceaux dans une publicité ! Question « troll des licences » : pour Ziklibrenbib, vous acceptez strictement des contenus libres (de type CC-By, CC- By-SA, LAL, etc.) ou aussi des créations sous licences dites de libre diffusion (avec des -NC et des -ND dedans)… et pourquoi ? Intimement nous sommes convaincus que le « vrai » libre est celui qui est lié aux licences des logiciels libres et qui s’affranchit de la nébuleuse clause NC et de la non moins surprenante clause ND. C’est d’ailleurs pour cela que tous nos contenus sont publiés sous licence CC-BY-SA et que lors des journées de création musicale nous mettons en ligne la « source », c’est à dire les enregistrements piste par piste. Cependant, le libre dans son ensemble (toutes licences confondues) constitue un pan de création important et mal connu. La volonté est de faire connaître ce pan de création notamment par la libre diffusion et la libre copie. Les licences NC et ND permettent au minimum cela ! Et il faut bien avouer qu’écarter les œuvres musicales placées sous ces licences réduirait considérablement notre champ d’action. En discutant avec les artistes, on se rend compte en effet que beaucoup ont du mal à lâcher le côté « NC », et cette crainte
que d’autres vendent leur musique à leur place peut se comprendre. Quant au ND, certains restent attachés à « l’intégrité de leur œuvre », mais cette considération peut évoluer au fil du temps… On ouvre l’open-bar Utopique ! Dans votre Contributopia à vous, il y a quoi, ça se passe comment ? Tous les musiciens abandonnent le copyright et adoptent les licences libres en masse et avec enthousiasme Au-delà de ça, la place de l’artiste dans notre société actuelle est un véritable problème. L’artiste devrait pouvoir vivre de son art sans avoir à prendre en considération des finalités marchandes. C’est quand même dommage d’en être réduit à rémunérer le travail d’un artiste à travers la vente de son œuvre, comme s’il n’était qu’un outil de production parmi d’autres. Si le « métier » d’artiste était justement rémunéré, les œuvres pourraient quant à elles vivre plus librement Et comme souvent sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin ! Merci beaucoup de nous avoirs lus… et n’oubliez pas de faire vivre la musique libre, que ce soit en allant voir les artistes en concert (Anga est actuellement en tournée dans 17 médiathèques), en participant à notre élection du titre de l’année bien sûr, et en parlant de tout ça autour de vous ! Election titre de l’année Ziklibrenbib 2019 by Artistes divers Raconteuses, raconteurs, à vos claviers ! Graphistes,
graphistes, à vos tablettes ! Voilà déjà bien longtemps qu’à Framasoft on ne se limite pas au logiciel libre mais qu’on accueille avec plaisir tout ce qui relève de la culture libre. Grâce à Cyrille, qui nous l’a fait connaître et signe l’article ci-dessous, voilà un bon bout de temps aussi que nous aimons la plateforme Storyweaver : pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce site indien offre de très nombreuses ressources en « littérature jeunesse » comme on dit à la médiathèque de votre coin, sous licence libre, creative commons by. Sur la plateforme Storyweaver vous pouvez : Lire des récits illustrés (Read) en français, en anglais et dans 151 autres langues. Le site annonce aujourd’hui : 12789 récits et 2 009 586 lectures ! Les histoires sont adaptées à divers niveaux de jeunes lecteurs ou lectrices, d’une grande diversité culturelle et géographique. On peut les lire sur grand écran, sur tablette, les télécharger en .pdf, se constituer une bibliothèque hors-connexion etc. On trouve même quelques histoires avec des animations en .gif ! Écouter en lisant (Readalong). Pour l’instant des récits en anglais sont disponibles et agréables à écouter, on peut suivre le texte sur l’image un peu comme un
karaoké. Excellent si vous avez l’intention d’initier vos jeunes enfants à une autre langue. Traduire (Translate) : la traduction s’effectue page par page avec une interface facile à prendre en main. N’hésitez pas à ajouter votre contribution à cette richesse partagée ! Ajoutez aux traductions de Cyrille et à celles de Goofy notamment. Bandeau coloré CREATE (Créer) avec un marché en Inde, quelques étals de vendeuses de légumes ou fruits. Texte sur l’image (traduction) « Créer une histoire avec plus de 10 000 images » et un bouton à cliquer « Créez une histoire maintenant » Créer (Create) c’est-à-dire construire une histoire en associant images et textes. Une banque d’images est déjà disponible mais vous pouvez en ajouter d’autres bien sûr. Voilà une contribution bien sympathique qui sera appréciée d’un grand nombre d’enfants, y compris dans le monde si votre récit est traduit. Cyrille vous explique justement les modalités du concours de
création qui est lancé (plus que 10 jours !) Concours de littérature de jeunesse Le site Storyweaver a lancé depuis le 20 mars (le jour de la journée mondiale du conte) et jusqu’au 20 avril son concours annuel « Raconter, Remixer, Ravir » (« Retell, Remix and Rejoice » en VO). Le concours est ouvert à 10 langues et pour la première année au français ! capture d’écran : l’annonce du concours sur Storyweaver En quoi consiste le concours ? Vous devez créer une histoire originale pour l’un de ces niveaux niveau 1 : lecteurs ou lectrice débutant⋅e⋅s, phrases courtes, histoire de moins de 250 mots niveau 2 : lecteur ou lectrice plus à l’aise, histoire de 250 à 600 mots. Les niveaux de lecture sont définis sur le site. Pour illustrer votre histoire vous pouvez piocher dans la banque d’illustrations du site .
Capture d’écran : la banque d’images de Storyweaver Ces images peuvent d’ailleurs être le point de départ pour votre inventer votre histoire. Personnellement, je vous conseille, si vous le pouvez, de prendre des illustrations réalisées par le même artiste afin de conserver une cohérence de style dans votre histoire. Quels sont les thèmes retenus cette année ? Quatre thèmes ont été choisis cette année. Comme ils sont relativement larges, nul doute que votre histoire pourra s’inscrire dans une de ces catégories. Histoires de famille, d’amis et de quartier : histoires qui explorent les relations des enfants avec la famille, les ami⋅e⋅s et même les animaux domestiques, ainsi que leur
environnement et leur voisinage. Histoires drôles : thèmes qui utilisent l’humour pour raconter une histoire et promettent de vous faire rire. Histoires sportives : histoires qui impliquent de pratiquer un sport et la communauté qui l’entoure. Connaissez-vous un sportif ou une sportive inspirant⋅e qui mérite son histoire? Nous écoutons ! Histoires d’école : La vie dans une école, les amitiés à l’école, les enseignant⋅e⋅s, le temps passé à l’école et même le déjeuner à l’école! Que gagne-t-on ? Trois finalistes gagneront des livres ainsi qu’une session individuelle de conseil éditorial avec l’un des éditeurs (attention, à mon avis, surement en anglais, à confirmer). Un grand gagnant aura la chance de voir son livre ré-illustré. Et si on ne fait pas partie des finalistes, on a le plaisir de voir son histoire vivre en étant soit traduite, soit réadaptée par d’autres personnes. C’est parti ! Pour participer, il faut avoir plus de 18 ans et accepter de placer son histoire sous licence libre. Après avoir créé un compte sur le site, allez-y lancez-vous dans votre première histoire sans complexe. Une petite vidéo en anglais (attention c’est YouTube) est disponible pour vous aider à inventer votre première histoire : S’il vous reste des questions, vous pouvez écrire à storyweaver@prathambooks.org
Mobicoop : prenez part au covoiturage libre ! Mobicoop, la première plateforme gratuite et collaborative de covoiturage, a lancé le 18 mars dernier la campagne Prenez votre part, prenez le pouvoir ! afin d’ouvrir sa gouvernance à celles et ceux qui souhaitent s’investir au sein de la coopérative. Mobicoop agit sur les domaines du covoiturage, de l’autopartage entre particulier·ères et du transport solidaire. Les services sont proposés sans commission et sont basés sur les principes coopératifs. Et chez Framasoft, ces principes nous parlent. Nous avons donc donné la parole à Bastien Sibille, président de Mobicoop. Bonjour Bastien ! Pouvez-vous vous présenter ? Bonjour ! Alors je me présente rapidement car Mobicoop est un projet coopératif porté par des centaines de coopérateur⋅rice⋅s et je pense que ma trajectoire personnelle n’a pas grand intérêt ;-). Je suis engagé depuis 20 ans pour développer les innovations sociales numériques. Président de covoiturage-libre depuis 2015 et donc de Mobicoop depuis la transformation de l’association en coopérative fin 2018. J’ai beaucoup milité, depuis le début des années 2000, pour les biens communs en général et pour le libre en particulier, notamment à travers l’association Vecam puis l’association internationale du logiciel libre. Au fait : c’est quoi le problème avec BlaBlaCar ? On pense qu’imposer une commission sur les trajets est
contraire à l’idée d’une mobilité vraiment écologique et accessible à tou⋅te⋅s… Mais sinon on n’a pas vraiment de problème avec Blablacar, notre horizon est beaucoup plus large ! Pour nous, se déplacer c’est naturel et partager son moyen de mobilité un acte social simple. Avec le développement actuel des plateformes (Uber, Drivy, etc), la mobilité devient un business. Beaucoup de personnes en sont exclues (personnes âgées, personnes handicapées, à faibles revenus, vivant sur des territoires ruraux). Le double enjeu actuel fondamental de la mobilité : la réduction des pollutions liées aux transports par la réduction de l’usage de la voiture, et l’accessibilité de toutes et tous à la mobilité, n’est pas suffisamment pris en compte par ces modèles de plateformes numériques ! Que s’est-il passé ces deux dernières années pour que vous deveniez Mobicoop ? En 2017, après 6 ans de route, l’association a relevé deux constats :
le covoiturage peut et doit être un bien commun, c’est- à-dire un service de transport au service de tou⋅te⋅s, dont les richesses doivent rester entre les mains de ses utilisateur⋅rice⋅s. l’offre de Covoiturage-libre devait s’améliorer, tant au niveau quantitatif (nombre de trajets) que qualitatif (expérience utilisateur⋅rice). Pour aller dans ce sens, il fallait prendre le tournant et devenir une coopérative pour une mobilité plus partagée : partage de la gouvernance selon le grand principe 1 personne = 1 voix. Tout le monde peut prendre une part et devenir acteur⋅rice pour une mobilité différente, vraiment écolo, inclusive et solidaire. Aujourd’hui, comment fonctionne concrètement Mobicoop ? L’équipe s’est agrandie et on se développe autour de 3 axes : le covoiturage : toujours libre et sans commission, il sera bientôt possible de faire un don à la coopérative lors d’un trajet ; l’autopartage entre particulier⋅ère⋅s : mise à disposition de son véhicule pour quelqu’un⋅e qui n’en a pas. Le principe de Mobicoop reste en effet toujours de réduire le nombre de voitures ! la mobilité solidaire : pour être vraiment inclusive, Mobicoop sait s’appuyer sur un grand réseau de bénévoles qui peuvent conduire des personnes exclues de la mobilité en raison de leur âge, santé, adresse, revenu… La plateforme de covoiturage est en ligne et fonctionne grâce à ses 350 000 utilisateur⋅rice⋅s. L’autopartage et la mobilité solidaire sont en cours de développement. Et on a mis en place une gouvernance coopérative la plus inclusive possible, avec des modèles très participatifs (par exemple, tirage au sort d’un membre du CA au sein de l’AG). En quoi le fait que ça soit une SCIC (et d’ailleurs, c’est
quoi une SCIC ?) change-t-il quelque chose à l’affaire ? Une SCIC c’est une Société coopérative d’intérêt collectif. C’est un des statuts possibles pour une coopérative (les autres sont les SCOP ou les coopératives de consommateurs par exemple) et c’est celui qui nous correspond le mieux. Dans une SCIC, les collectivités peuvent aussi devenir membres. L’objet d’une SCIC est de fournir des services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale : c’est le cas d’une mobilité partagée, non ? D’ailleurs, c’est quoi l’intérêt de devenir membre coopérateur⋅ices de Mobicoop ? L’intérêt, il est d’abord social et écologique : on se bat pour un autre modèle de développement des services de la mobilité. Être membre Mobicoop, c’est surtout faire partie de ce grand mouvement, initié par d’autres dans différents domaines : la finance éthique, l’énergie, la consommation, les médias… On fait notre part, et on invite tout le monde à prendre une part ! On dit aussi que prendre une part, c’est prendre le pouvoir : dans ce grand mouvement pour les biens communs, on est plus directement lié⋅e⋅s aux décisions qui
nous concernent. Sur le principe 1 personne = 1 voix, chacun⋅e a son mot à dire sur la gouvernance de la coopérative : lors des assemblées générales, et même au Conseil d’Administration… Et, donc, le code de Mobicoop est libre. Pourquoi avoir fait ce choix ? Qu’est-ce que cela apporte ? Ce choix était juste une évidence. Comment avoir une approche coopérative sincère dans son ouverture à tous, tout en ne permettant pas à n’importe qui de s’approprier et de s’investir dans nos projets de logiciels ? La bataille de la mobilité partagée est culturelle avant tout : passer de la logique propriétaire sur son automobile à une logique de commun. Avoir un code libre, ça nous apporte de la cohérence dans cette bataille culturelle : nous promouvons une culture des communs de manière systémique. Quelle est la licence de ce code ? Croyez-vous qu’elle va plaire à tonton Stallman ? Notre code est en double licence AGPL/propriétaire. Tonton Stallman râlerait forcément un peu… Mais c’est que nous n’avons pas exactement les mêmes objectifs que la FSF. Notre hiérarchie d’objectifs place en effet en premier l’impact
écologique et social visé par nos solutions de mobilité, et en deuxième la nature libre de nos services. Le deuxième est un moyen essentiel pour le premier, mais reste au registre des moyens et pas des fins. Par prosaïsme, on ne s’interdit donc pas de vendre du service à des clients qui voudraient une plate-forme en code fermé. Deux raisons sous-tendent cette idée : les ressources financières de ce client profiteraient à la coopérative dans son ensemble et un client en plus c’est toujours plus d’impact écologique et social et plus de pouvoir pour notre position dans cette bataille culturelle de la mobilité partagée. Quels sont vos espoirs pour cette plateforme ? Une mobilité partagée tout à fait libre : plus personne seul⋅e dans sa voiture, plus personne bloqué⋅e chez soi, moins de bagnoles, plus de rossignols ! S’attaquer à l’une des (rares) licornes françaises, c’est un vrai pari ! Comment comptez-vous y arriver ? On s’appuie sur une magnifique et grande communauté de 350 000 personnes qui résistent depuis 2011 ! Grâce à l’équipe élargie des développeurs, nos services vont être très performants, et surtout plus accessibles. On croit aussi que les gens sont attirés par les alternatives aux quasi-monopoles qui dictent leurs faits et gestes ! Enfin, le mouvement écolo actuel prouve que l’enjeu est de plus en plus pris en compte dans les décisions des gens. Et puis, chaque membre est responsable de la coopérative… alors ce sera de plus en plus facile
On ouvre l’open-bar Utopique ! Dans votre Contributopia à vous, il y a quoi et ça se passe comment ? Dans notre Contributopia à nous, une bascule culturelle a enfin été faite. Pour leur mobilité – comme pour le reste – la majorité ne se perçoit plus dans un dualisme client d’un fournisseur tout puissant ou propriétaire jouissant seul de sa liberté, mais selon un nouveau référentiel usager⋅ère ou contributeur⋅rice de trajets ou voitures partagées en commun selon des règles équitables. De telles bascules ont déjà eu lieu dans l’histoire. Avec Internet qui refaçonne en profondeur nos imaginaires de collaboration, cette bascule paraît tout à fait à portée de main. Et le logiciel libre, précurseur dans cette résurgence des communs, a montré la voie de longue date ! Et comme souvent sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin ! Aujourd’hui, il est possible de Prendre sa part ! Pour ce grand mouvement pour basculer vers la mobilité partagée, rendez-vous sur http://lacampagne.mobicoop.fr ! Merci à tou⋅te⋅s de partager cette campagne à vos connaissances :
ensemble, nous libérons la mobilité, parce qu’être mobile, c’est être libre ! Khrys’presso du lundi 8 avril 2019 Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière. Brave New World L’Australie a adopté une loi punissant les dirigeants de médias sociaux pour les contenus violents et illégaux à des peines de prison et des amendes (developpez.com) Comment la Chine a transformé une ville en prison (nytimes.com – en anglais) – voir aussi : Monde fantôme (logicmag.io – en anglais)
La Chine testerait des bandeaux « détecteur d’attention » dans les écoles (siecledigital.fr) Les entreprises chinoises ont laissé fuiter plus de 590 millions de CV via des bases de données en accès libre (zdnet.com – en anglais) Adoption de la directive européenne Droit d’auteur (linuxfr.org) La FTC donne le feu vert aux FAI pour bloquer et ralentir tout ce qu’ils veulent, à la seule condition qu’ils le déclarent (arstechnica.com – en anglais) Lors de l’abrogation des règles de neutralité du net, Ajit Pai, président de la Federal Communications Commission, et d’autres républicains avaient soutenu que les consommateurs n’auraient rien à craindre, car la Federal Trade Commission les protégerait contre les pratiques discriminatoires des fournisseurs de services Internet. Mais il n’y a jamais eu de bonne raison de penser que la FTC pourrait remplacer en quoi que ce soit la supervision des FAI par la FCC, ce qu’est venu confirmer le discours du président de la FTC, Joseph Simons, de la semaine dernière. Pour info : Vous pourriez faire dévier le pilote automatique d’une Tesla avec quelques autocollants sur la route. (theregister.co.uk – en anglais)
Comment s’assurer que vous regardez bien les pubs sur mobile ? En scannant votre visage pardi ! Le ciel va-t-il devenir un espace publicitaire géant ? (outthere.fr) Les médias sociaux liés à l’augmentation des troubles de santé mentale chez les adolescents (nbcnews.com – en anglais) Spécial France SFR perd son marathon judiciaire contre Orange (zdnet.fr) 4G : où en sont les réseaux des opérateurs télécoms ? (numerama.com) La loi sur la sécurité de la 5G reçoit l’approbation de la commission Défense (numerama.com) – voir aussi : Technologie 5G : la France dégaine la « loi Huawei », ou plutôt une « réponse technique et technologique à un problème technique et technologique » (developpez.com) Voitures autonomes, livraison par drone : que va
vraiment changer la 5G ? (sciencesetavenir.fr) Jugement TGI de Paris du 7 mars 2019 sur le blocage de Sci-Hub/LibGen (linuxfr.org) – voir aussi : La censure de Sci-Hub et LibGen vue depuis le réseau RIPE Atlas (remy.grunblatt.org) et Qui veut la peau de Sci-hub ? (theconversation.com) Dans ce contexte géopolitique, le jugement du TGI est une péripétie. Le blocage est facile à contourner […]. Surtout, Renater (le réseau des Universités qui est une infrastructure d’État) n’est pas affecté : on peut toujours accéder à Sci-hub à l’université ! En effet, les éditeurs n’ont pas porté plainte contre Renater. La situation ubuesque est donc que les FAIs sont condamnés par la justice à bloquer un site mais qu’il serait probablement illégal que Renater bloque ce même site. Le fait que Renater ne soit pas concerné laisse penser que les enjeux du procès sont plus médiatico-politiques que juridico-commerciaux. Les éditeurs adoptent la technique du coup de pression dans les négociations avec le gouvernement, plutôt que de caresser un espoir réel d’éradication de Sci-hub. Directive droit d’auteur : la transposition en France se précise (numerama.com) Les députés déposent-ils plus d’amendements pour avoir l’air actifs ? (liberation.fr) Cédric O, un proche conseiller d’Emmanuel Macron au secrétariat d’Etat au numérique (lemonde.fr) Loi Fake News : Twitter refuse les campagnes politiques en France, dont celle du gouvernement (nextinpact.com) « Enseigner la mathématique, ça s’apprend ! » : les écoliers français de plus en plus faibles en maths (francetvinfo.fr) Pour une «école de la confiance», vraiment ? (liberation.fr) Un chômeur sur cinq touche-t-il vraiment plus que son
ancien salaire ? On a décortiqué les chiffres de Muriel Pénicaud (francetvinfo.fr) Les 500 Français les plus riches ont capté 20 milliards de plus en 2017 qu’en 1980 (marianne.net) Spécial Gilets Jaunes Acte XXI des « gilets jaunes » : des interdictions de manifester et une « assemblée des assemblées » (lemonde.fr) « Gilets jaunes », « lycéens » ou simples « passants » : la vie d’après des éborgnés (factuel.afp.com) Violences policières : L’ONU dans le viseur des éditocrates (acrimed.org) Coup d’arrêt judiciaire au fichage des manifestants (lepoint.fr) Loi anticasseurs : l’article le plus critiqué censuré par le Conseil constitutionnel (lemonde.fr) – voir aussi : Le Conseil constitutionnel censure l’interdiction administrative de manifester (liberation.fr) Spécial GAFAM Google bloque les annonces qui aident à contourner la censure en Chine, décision « totalement indépendante » d’une tentative de rentrer dans ce pays (developpez.com) Un cadre de Google admet enfin au Congrès que Google nous traque même lorsqu’on désactive la localisation (pjmedia.com – en anglais)
Google dissout son conseil d’éthique de l’IA une semaine à peine après sa mise en place suite à un mouvement collectif d’indignation (developpez.com) Amazon pourrait lancer ses propres AirPods équipés d’Alexa (numerama.com) Amazon envisage de lancer plus de 3000 satellites pour offrir l’internet à haut débit dans les régions non desservies et sous-desservies du monde (developpez.com) Le brevet de ballons Amazon Prime Air décrit des drones de livraison furtifs (slashgear.com – en anglais) Amazon AWS : le guide complet du plus grand fournisseur mondial de services en ligne pour les entreprises (zdnet.fr) Des millions de documents Facebook trouvés sur les serveurs Amazon Cloud (bloomberg.com – en anglais) Les quatre idées de Mark Zuckerberg pour réguler Internet (nextinpact.com) – voir aussi : Zuckerberg appelle à une régulation de l’Internet pour la
protection de la vie privée – Serait-ce une tentative pour détourner le blâme de Facebook ? (developpez.com) et Mark Zuckerberg ne parle pas au nom d’Internet (eff.org – en anglais) Facebook a pu atteindre sa taille actuelle grâce, en partie, à l’absence de lois sur la protection des données lorsqu’il s’est développé. Imposer une norme unique aux entreprises et aux organisations de différentes tailles, avec des ressources différentes et à différents endroits, imposerait à ses concurrents potentiels un désavantage que Facebook n’a jamais eu à surmonter. Comme on pouvait s’y attendre, la vision de Zuckerberg en matière de réglementation de l’Internet fait passer les intérêts commerciaux de Facebook avant ceux de ses concurrents potentiels. Facebook demande le mot de passe de courriel des nouveaux utilisateurs comme étape supplémentaire de vérification de compte (developpez.com) Apple est déjà en mesure de respecter le droit à la réparation (motherboard.vice.com) Microsoft annonce qu’il va fermer son service de livres électroniques et confisquer les bibliothèques de ses clients (boingboing.net – en anglais) C’est toute la différence entre les supports verrouillés par DRM et les supports libres. J’ai acheté beaucoup de MP3 au fil des ans, des milliers d’entre eux, et bon nombre des détaillants chez qui je les ai achetés n’existent plus depuis longtemps, mais j’ai toujours les MP3. De même, j’ai acheté beaucoup de livres dans des librairies qui ont depuis disparu et même dont les éditeurs ont disparu, mais je possède toujours ces livres. […] L’idée que les livres que j’achète puissent être relégués à une putain de licence de logiciel est la chose la plus grotesque et la plus horrible qu’il soit possible d’imaginer : si
l’industrie de l’édition avait délibérément entrepris de détruire tout sens de la valeur intrinsèque, porteuse de civilisation, des œuvres littéraires, elle n’aurait pu faire un meilleur travail. Cf à ce propos : Où télécharger des ebooks sans DRM ? (lettresnumeriques.be) Windows Virtual Desktop : la fin des ordinateurs de bureau ? (computerworld.com – en anglais) Je suis assez âgé pour me rappeler comment le PC a tout changé. Auparavant, les utilisateurs d’ordinateurs dépendaient de systèmes de partage de temps et de terminaux idiots, et c’étaient les entreprises ou les écoles qui possédaient la puissance de calcul centralisée qui prenaient toutes les décisions. Ensuite, nous avons tous disposé de notre propre puissance de calcul directement sur nos bureaux, et nous pouvions en faire ce que nous voulions. L’arrivée de la version bêta de Windows Virtual Desktop est un signe avant-coureur de la fin de l’ère du PC. Nous sommes sur le point de faire un grand pas en arrière vers ce passé centralisé/contrôlé. Spécial 1er avril : des poissons et des autres Mounir Mahjoubi abandonne la course à la mairie de Paris pour rejoindre Amazon (maddyness.com) Politique: Facebook et le gouvernement français pour une collaboration dans le fichage des citoyens (lea- linux.org)
L’ultime challenge LinuxFr.org (linuxfr.org) Le bandeau mis sur le site de NextInpact Au revoir vi: les distributions GNU/Linux cessent leur support (hackaday.com) Liste de poissons d’avril 2019 (linuxfr.org) « Poisson d’avril » : Apple et Google News ont mis en avant de fausses informations créées par des médias sérieux (numerama.com) La blague de Discord pour le premier avril ne s’est pas passée comme prévu (numerama.com) Du trop au faux. Chronique d’un premier avril 2019. (affordance.info) Les autres lectures de la semaine La généralisation de la reconnaissance faciale est-elle inévitable ? (internetactu.net) De la consommation de masse à la distribution de masse (maisouvaleweb.fr) « L’entreprise est devenue un lieu totalement absurde, vide de sens » (usbeketrica.com)
Google, c’est comme la cigarette : c’est votre choix mais il impacte les autres (ladn.eu) Elle veut casser les GAFAM… vraiment ? (framablog.org) La trahison des politiques. Ou pourquoi Christophe Castaner est une grosse pipe (affordance.info) […] la question de l’euphémisation de la langue figure parmi mes causes de colère les plus violentes. C’est pour moi la pire des brutalités que de vouloir tordre le réel, tordre l’évident, pour le faire entrer dans une gangue asservie aux intérêts de quelques-uns et, surtout, au détriment de tant d’autres. C’est peut-être pour cela que 1984 est l’un des rares ouvrages que je peux relire en boucle. Peut-être pour cela que la description du mal qui y est fait à la langue me semble toujours aussi intolérable qu’indépassable. De l’hypothèse de la documentation comme technique de résistance et du wiki comme objet de ces résistances (sens-public.org) Les prestataires du revenu de base connaissent moins d’insécurité financière (kela.fi – en anglais) WIFI4EU ce sera sans nous (blog.scani.fr)
Conscience des machines : et si nous faisions fausse route ? (usbeketrica.com) La conscience est-elle une bataille entre vos croyances et vos perceptions ? (aeon.co – en anglais) Les Furtifs : un nouvel univers philosophique d’Alain Damasio (2/2) (usbeketrica.com) Les BDs/graphiques/photos de la semaine Text Editor Ecumenism (borjasotomayor.threadless.com) Cyberdéfense Batman Retour à la raison (commitstrip.com) Inégalités Poissons Grand débat Macron en Corse Loi Blanquer = Danger (emmaclit.com) Taxe sur le numérique Taxe carbone Small gov End of May Day Not Found Bundle Fuel (lunarbaboon.com) Les vidéos/podcasts de la semaine «Le logiciel libre face à l’informatique» – Richard Stallman – Vendredi 29 Mars 2019 – ISTIC Rennes France (videos-libr.es) Reconnaissance faciale : la surveillance au coin de la rue (franceculture.fr) Des billets de train via Facebook : vers une révolution du e-commerce ? (franceculture.fr) – à retrouver
également sur le PeerTube de La Quadrature du Net (video.lqdn.fr) Député : à quoi tu sers ? (franceinter.fr) Présentation des armements des forces de l’ordre (peertube.parleur.net – attention, images pouvant choquer) Fais-le toi-même ! (7/8) – Résister (arte.tv – disponible du 16/03/2017 au 28/04/2019) Pourquoi passe-t-on notre temps à tuer dans les jeux vidéo ? (usbeketrica.com) Spring – Blender Open Movie (peertube.social) Les autres trucs chouettes de la semaine Nothing2Hide publie son guide de protection numérique sous licence libre (nothing2hide.org) Les écrans publicitaires vous espionnent, mais vous pouvez les embrouiller (ladn.eu) – il suffit d’aller sur la page du projet et de copier la page retency.html pour la mettre sur votre site perso : par exemple, chez moi, c’est https://chez.khrys.eu/retency.html Se passer de Google, Facebook et autres Big Brothers 2.0 #2 — Le courriel (linuxfr.org) Court-circuiter Youtube… en attendant que PeerTube mûrisse ? (ecritureetpublication.wordpress.com) Alternative textuelle : le guide ultime (ou comment renseigner correctement l’attribut « alt » – axesslab.com, en anglais) Une alternative textuelle est une description d’image pour les personnes [ou outils] qui, pour une raison quelconque, ne peuvent pas voir cette image. Entre autres, c’est une aide pour : – les personnes mal voyantes – les personnes qui ont désactivé les images pour enregistrer des données
– les outils de recherche Le premier groupe – les personnes mal voyantes – est sans doute celui qui bénéficie le plus de l’alternative textuelle. Ces personnes utilisent un lecteur d’écran pour naviguer sur le Web. Le lecteur d’écran transforme l’information visuelle en parole ou en braille. Pour ce faire, il est nécessaire que les images de votre site Web comportent des alternatives textuelles. Tuto : « Apprenez les hiéroglyphes ! » (zestedesavoir.com) Festival Pas Sage en Seine, du 27 au 30 juin 2019 : dès maintenant, et jusqu’au 15 avril 00h 00, proposez vos conférences et vos ateliers ! Khrys’presso, une revue des actualités (linuxfr.org) : on parle du Khrys’presso dans Linuxfr ! Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog. Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Elle veut casser les GAFAM… vraiment ? Le rejet des GAFAM fait son chemin y compris dans leur fief, aux U.S.A, pourrait-on se réjouir en constatant par exemple que Google est mis à nu (article en anglais) par le Comité judiciaire du Sénat des États-Unis. Il est même question à la fin de cet article de protéger par des lois et d’encadrer plus strictement les usages numériques des mineurs. Quelque chose serait-il en train de changer au pays de la libre-entreprise ? On pourrait de même se réjouir de voir Elizabeth Warren, une candidate démocrate à la présidence et farouche opposante de Trump, publier un appel récent au titre ravageur et programmatique : « Voici comment nous pouvons briser les Big tech ». Cependant, comme va l’exposer de façon documentée Christophe Masutti ci-dessous, il y a loin de la critique des GAFAM qu’elle articule à la remise en question du système libéral qui pourrait en être la conséquence logique… Casser les GAFAM… et recommencer par Christophe Masutti Dans les années 1970, l’économiste américaine Susan Strange théorisait l’économie politique des États-Unis relativement aux intérêts de marché. Elle démontrait dans ses travaux comment la stabilité économique des États-Unis ne dépendait
pas du seul pilier des intérêts territoriaux assurés par leur puissance militaro-financière. Les jeux se jouaient à la fois sur les marchés intérieurs et extérieurs : conditions d’accès aux marchés, production de produits financiers, investissements et firmes multinationales. Elle identifiait plusieurs couches structurelles sur lesquelles devait reposer toute velléité impérialiste, c’est-à-dire la construction de plusieurs types d’hégémonies. La plupart d’entre elles dépendaient à la fois de grandes entreprises et de l’organisation des créneaux économiques que le pouvoir politique américain était capable de dessiner (imposer) sur le globe. Aujourd’hui, nous connaissons bien évidemment nombre de ces structures et en particulier les structures de la connaissance, celles qui reposent pour l’essentiel sur les technologies de l’information et de la communication et qui sont maîtrisées en grande partie, voire en totalité, par des firmes américaines. Pour ce qui concerne Internet : Google- Alphabet, Amazon, AT&T, Microsoft, etc. (du côté chinois, le même jeu est en train de se dérouler et il importe de ne pas le perdre de vue). Les processus qui ont permis l’émergence de ces firmes hégémoniques ne se résument pas uniquement aux pratiques de ces dernières. Leur manque d’éthique, l’organisation savante du vol de nos données personnelles, les implications de cette industrie de la data sur nos libertés d’expression, nos vies privées et la démocratie, ne sont pas la recette unique de leur position dominatrice. On pourrait éternellement disserter sur ces pratiques, démontrer à quel point elles sont néfastes. Il n’en demeure pas moins que si la situation est telle, c’est parce que des stratégies structurelles sont à l’œuvre. Il s’agit de plusieurs pouvoirs : l’état de guerre permanent orchestré par les États-Unis depuis la fin de la Guerre du Vietnam, la
transformation ultra-technologique de l’économie financière, les contraintes de marché imposées aux peuples (et pas seulement ceux des pays défavorisés) par des accords iniques, et enfin les technologies de l’information (depuis au moins l’histoire naissante des communications câblées, et à travers tout le XX e siècle). Ces éléments constituent ce que le sociologue et économiste John B. Foster et l’historien des médias Robert W. McChesney appellent le capitalisme de surveillance 1 , c’est à dire le résultat de ces stratégies hégémoniques et dont la puissance de surveillance (et donc de contrôle) est assurée par les GAFAM (mais pas seulement). Il reste néanmoins un point crucial : la question des monopoles. Lorsqu’une économie a tendance à se retrouver sclérosée par quelques monopoles qui assurent à eux seuls de multiples secteurs d’activité (rappelons la multiplicité des activités de Google-Alphabet), et couvrent une grande part des capitaux financiers disponibles au détriment de la dynamique économique2, le problème de ces monopoles… c’est que l’économie politique à l’œuvre commence à se voir un peu trop bien. Quels que soient les partis au pouvoir aux États-Unis, c’est cette politique qui a toujours primé. L’effet de ce conditionnement se fait sentir y compris chez les plus audacieux intellectuels. Les plus prompts à critiquer les pratiques sournoises des GAFAM le feront toujours au nom des libertés des individus, au nom de la vie privée, au nom du droit, mais très peu d’entre eux finissent par reconnaître que, finalement, c’est une critique du capitalisme qu’il faut faire. Y compris, et surtout, une critique des principes politiques qui encouragent les stratégies hégémoniques. Lorsque le capitalisme et le libéralisme sont considérés comme les seuls systèmes capables de sauvegarder la démocratie, on en vient à des poncifs. Il me revient par exemple ce refrain stupide du milieu des années 1990, où l’on répétait à l’envi que là où McDonald s’installait, la paix s’installait. La
démocratie a peu à peu été réduite à la somme des libertés que chacun peut exercer dans un marché capitaliste, c’est-à-dire un marché où les biens finissent toujours par être détenus par quelques-uns, détenteurs de fait du pouvoir politique. Cette difficulté à penser la démocratie autrement qu’à travers le prisme libéral, est parfaitement illustrée par le récent ouvrage de Shoshana Zuboff3. Cette dernière démontre avec brio comment les stratégies des Gafam et consorts se révèlent être un hold-up sur nos vies et donc sur la démocratie. Elle décortique de manière méthodique la manière dont ces pratiques modifient nos comportements, modèlent le marché et nous privent de notre autonomie. Comprendre aussi : notre autonomie en tant qu’agents économiques, nos libertés de choix et de positionnement qui font le lit d’une certaine conception d’un marché redistributif fondé sur la concurrence et l’échange. En somme les monopoles cassent ce marché, brisent le contrat social (celui d’Adam Smith plus que celui de Rousseau) et brisent aussi l’équilibre libéral sur lequel est censé reposer un capitalisme qui dure, celui fondé sur la propriété privée, etc. Peu importent finalement les solutions alternatives, y compris libérales, que l’on puisse opposer à ces modèles : si S. Zuboff ne parvient pas à aller au bout de sa démonstration4, c’est qu’elle ne critique que les mécanismes économiques et techniques du capitalisme de surveillance et se refuse à admettre qu’il s’agit d’une économie politique dont il faudrait analyser les principes et les remplacer. Toutes ces considérations pourraient en rester au stade du débat d’idées. Ce n’est pas le cas. Les conceptions politiques qui ont permis justement l’émergence des monopoles américains du Web et leur hégémonie semblent avoir la peau bien plus dure qu’on ne le pensait. Cela alors même que leurs effets sur les libertés sont pointés du doigt. Tout se passe comme si la seule cause à défendre n’était qu’un credo libéral et pas
n’importe lequel. La candidate du parti démocrate , résolument opposée à D. Trump pour les prochaines élections présidentielles de 2020, publiait récemment par l’intermédiaire de son équipe sur la plateforme Medium.com un article au titre apparemment incisif : « Here’s how we can break up Big Tech« 5 (« Voici comment nous pouvons briser les Big tech »). La guerre au capitalisme de surveillance est-elle officiellement déclarée aux plus hauts niveaux des partis politiques ? Cette ancienne conseillère de B. Obama, dont les positions publiques et acerbes à l’encontre des requins de la finance mondiale lui ont valu une certaine renommée, a-t-elle trouvé le moyen de lutter contre les inégalités sociales et financières que créent les modèles économiques des Big Tech ? En fait, non. Son texte est l’illustration des principes énoncés ci-dessus même si le constat a le mérite d’être lucide : Les grandes entreprises technologiques d’aujourd’hui ont trop de pouvoir – trop de pouvoir sur notre économie, notre société et notre démocratie. Elles ont écrasé la concurrence, utilisé nos renseignements personnels à des fins lucratives et faussé les règles du jeu contre tout le monde. Ce faisant, elles ont nui aux petites entreprises et étouffé l’innovation. À lire Elizabeth Warren, les outils de régulation économique se résument en fait à l’organisation d’un espace concurrentiel libre et non faussé. Son argumentation est intéressante : si les grands monopoles en sont arrivés là, c’est parce, profitant d’un manque de régulation, ils ont roulé les consommateurs. Ces derniers seraient les dindons de la farce, et se retrouvent après tant d’années les instruments involontaires du pouvoir des GAFAM.
Elizabeth Warren, qui semble trop agressive au milliardaire Warren Buffet, veut-elle vraiment en finir avec les GAFAM ? Photo Edward Kimmel (CC BY-SA 2.0) La posture d’E. Warren est alors très confortable : elle réfute d’emblée l’idée que l’apparition de ces monopoles est le fruit d’une politique hégémonique (celle qui favorisait justement l’apparition de monopoles américains à l’échelle du globe) menée tant par les démocrates que par les conservateurs. Au contraire : c’est sur les individus uniquement, et à leur détriment, que se seraient bâti ces monopoles. Dès lors c’est en libérateur que le parti démocrate pourra intervenir, avec E. Warren à sa tête, pour défaire les liens des individus et leur rendre leur vie privée, leurs droits et, carrément, une vraie démocratie. Cela dit, comme nous l’avons vu, cette démocratie ne s’exerce
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