2021 Plan de relance : TROISIÈME CAHIER - une chance pour la rénovation énergétique
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TROISIÈME CAHIER Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ? 2021 R A P P O R T A N N U E L #2 6
2021 R A P P O R T A N N U E L #26 TROISIÈME CAHIER Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ? D ans le cadre des débats sur la relance de énergétique, les personnes sont plus sensibles aux l’économie suite à la crise du Covid, la réno- pathologies hivernales, et plus exposées aux diffi- vation énergétique des logements apparaît cultés chroniques respiratoires, articulaires, neu- comme un chantier consensuel, l’exemple-type de rologiques ou de dépressiont. Et les périodes de la dépense publique pertinente, pour des raisons confinement ne font qu’aggraver le phénomène, d’amélioration des conditions de vie, de créations surtout en hiver, à l’heure où 54 % des télétravail- d’emplois et de sobriété énergétique. Le gouver- leurs déclarent souffrir de défauts d’isolation de nement a donc logiquement décidé d’en faire une leur logement, les contraignant à travailler dans de ses priorités, à travers le dispositif MaPrimeRé- un endroit froid, humide ou mal ventilé. nov’, mais les actes sont-ils à la hauteur de l’affi- chage, pour faire réellement reculer la précarité Pour lutter durablement contre la précarité éner- énergétique ? gétique, la priorité est donc de venir à bout des 4,8 millions de passoires énergétiques (17 % Avec l’accroissement de la précarité, l’augmenta- des résidences principales du parc résidentiel pri- 3 tion des coûts de l’énergie et de l’habitat, et la mau- vé), en rénovant d’abord les deux millions occu- vaise qualité thermique des logements, 12 mil- pées par des ménages modestes. lions de personnes ont froid chez elles ou dépensent trop d’argent pour se chauffer. 672 000 coupures ou réductions de puissance sup- plémentaires ont été relevées en 2019 (+ 17 % en un an). La précarité énergétique a aussi des effets sur la santé. Une étude menée par la Fondation Abbé Pierre a mis en évidence que, dans une passoire 2 FÉVRIER 2021 / RAPPORT SUR L’ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE
DES OBJECTIFS DE RÉNOVATION AMBITIEUX, DES RÉSULTATS ET DES INVESTISSEMENTS DÉCEVANTS Le gouvernement s’est engagé à rénover non plus : 41 000 en 2019 et sans doute guère mieux 500 000 logements par an (sans pour autant en 2020 (autour de 50 000 logements). Rappelons spécifier le niveau de performance à atteindre), et que l’objectif était de 60 000 (100 000 en 2017). cibler en priorité 1,5 million de passoires énergétiques de propriétaires occupants Les orientations récentes du gouvernement modestes (150 000 rénovations par an pendant montrent une volonté d’agir avec une enveloppe 10 ans, uniquement sur ce segment). exceptionnelle de 2 milliards d’euros sur la période 2021-2022 prévue par le Plan de relance. Mais les Le parc Hlm compte 1,54 million de ménages obstacles économiques, financiers et poli- en précarité énergétique (majoritairement du fait tiques persistent et vont à l’encontre de l’élan de d’un taux d’effort énergétique excessif) soit 36 % de rénovation nécessaire à la lutte contre la précarité ses occupants selon l’ONPE, et 300 000 passoires énergétique. thermiques. La rénovation dans ce secteur béné- 4 ficie d’une réelle mobilisation, facilitée par un Le montant global des aides (publiques et pri- financement performant et une gouvernance effi- vées) pour la rénovation énergétique du parc privé cace. 132 000 logements ont été rénovés en 2019, atteint 5,9 milliards d’euros en 2021, contre 4,7 dont 81 000 changements d’étiquette DPE. Le milliards en 2018. Pour massifier les opérations Plan de relance a annoncé consacrer 500 millions de rénovations énergétiques dans le parc de loge- d’euros aux rénovations lourdes, en contrepartie ments, le Haut Conseil pour le Climat préco- desquels la ministre du Logement a demandé au nise de le multiplier par quatre en quelques secteur Hlm d’avancer de quatre ans la date de années, afin de déclencher un doublement des suppressions des passoires énergétiques. Tous les investissements. L’Institut de l’Économie pour le logements classés F et G devront ainsi être rénovés Climat (I4CE) préconise de porter l’investissement avant 2023, au lieu de la date de 2027 initialement annuel total de 14 milliards d’euros en 2019 à 30 prévue. milliards en 2050, pour atteindre l’objectif de ré- novation au niveau BBC d’ici 2050. De son côté, la Dans le parc privé la dynamique a plus de Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) estime mal à prendre. Les 500 000 rénovations par an l’investissement annuel total nécessaire à 22 mil- à partir de 2017 sont loin d’être atteintes, et l’éli- liards d’euros. mination de toutes les passoires thermiques d’ici 2025 est irréalisable au rythme actuel. Au mieux, la Selon le ministère de la Transition écologique, le précarité énergétique n’aura diminué que de 7,5 % coût pour traiter 4,8 millions de passoires ther- entre 2015 et 2020, et, à ce rythme, les 15 % visés miques entre 2020 et 2030 s’élèverait à 25 mil- initialement pour 2020 ne seront atteints qu’en liards d’euros par an, tandis que la transformation 2027, au lieu de 2020. Les objectifs de 60 000 réno- des logements (classés D et E) atteindrait 40 mil- vations performantes subventionnées par l’Anah liards d’euros annuels entre 2030 et 2040. Autant via le programme Habiter Mieux Sérénité à desti- dire que les aides publiques actuelles à la rénova- nation des ménages modestes n’ont pas été atteints tion (aides de l’Anah et MaPrimeRénov’) sont lar- gement insuffisantes. Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
2021 R A P P O R T A N N U E L #26 UN SYSTÈME D’AIDE INADAPTÉ À LA RÉALISATION DE TRAVAUX PERFORMANTS La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a modestes en restent aux aides existantes d’Habiter clairement opté en faveur de rénovations perfor- Mieux, si ce n’est un bien faible bonus de 1 500 € mantes, globales et complètes, visant un DPE A, en cas d’atteinte du niveau BBC ou en cas de traite- B ou C, plutôt qu’une succession de gestes isolés. ment d’une passoire. Or, en plus d’être en nombre insuffisant, la plupart des rénovations engagées ne sont pas assez perfor- Ainsi, la rénovation globale et performante du mantes. D’après la Commission européenne, entre logement, dite en « bouquet », reste souvent ju- 2012 et 2016 en France, le rythme des rénovations gée trop chère et trop lourde. Alors que le reste lourdes n’était que de 0,2 % du stock de logements à charge pour les plus modestes tourne autour de par an. Seules 5 % des rénovations réalisées ont eu 35 %, cette dépense est inenvisageable, même éta- un impact énergétique important, et seulement lée à l’aide d’un prêt, quand un prêt est possible. 25 % des rénovations entre 2014 et 2016 ont per- Ceux-ci privilégient alors en général de simples mis de sauter au moins une classe du DPE. gestes de rénovations tels que le changement de chaudière ou le remplacement des fenêtres. Une 5 Le financement sans reste à charge est démarche moins coûteuse, mais rarement suf- une condition nécessaire pour que les mil- fisante pour atteindre une bonne performance liers de ménages modestes en précarité énergé- énergétique, un bon confort, et une vraie baisse tique puissent engager des travaux. En septembre des factures. Les défauts des chantiers par étapes 2020, à l’occasion de la publication des nouveaux sont pourtant bien connus : « Coûts cumulés des barèmes de MaPrimeRénov’, le gouvernement travaux trop élevés, dégradation de la qualité de reprenait la préconisation de la CCC et annonçait l’air intérieur faute de ventilation adaptée, écono- qu’un reste à charge réduit, de l’ordre de 10 %, mies d’énergie générées plus faibles qu’attendues serait désormais possible pour les plus modestes. et impossibles à contrôler, saturation des ménages Déception : le montant forfaitaire de la prime ne vis-à-vis des nuisances générées par les chantiers correspond pas au coût réel des différents gestes successifs » (Institut Negawatt). indispensables pour une rénovation performante, qui peut aller au-delà de 50 000 €. En cas de réno- vation globale, les ménages aux revenus intermé- diaires et supérieurs recevront une prime forfai- taire relativement avantageuse, mais les ménages 2 FÉVRIER 2021 / RAPPORT SUR L’ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE
Pour permettre aux ménages propriétaires de se Car sans aide et accompagnement suffisants, les lancer dans des travaux de rénovation coûteux ménages qui se lancent vont au plus simple, au plus sans avancer les fonds, un système de prêt sans rapide, au plus économe à court terme. 85 % des intérêts aidé par l’État a été mis en place : l’éco- ménages en maisons individuelles ayant réalisé PTZ. Malheureusement, des blocages persistent des travaux n’ont pas bénéficié d’informations et pour permettre à davantage de ménages d’en béné- d’accompagnement. En délivrant une assistance ficier : montants et durées de remboursement ina- technique, administrative, sociale et finan- daptés ; banques réticentes ; modalités inadaptées cière, l’assistance à la maitrise d’ouvrage (AMO) aux copropriétés... renforce la confiance des ménages, et les oriente vers des solutions adaptées à toutes les étapes du Pour que la rénovation globale change d’échelle, le projet. Or, avec le montant des aides à l’AMO de Haut Conseil pour le Climat préconise de suppri- 150 € seulement avec MaPrimeRénov’, seules deux mer d’ici trois ans les aides aux gestes individuels ou trois heures d’accompagnement peuvent être 6 pour MaPrimeRénov’ et les Certificats d’écono- financées, ce qui est bien peu. mies d’énergie (CEE), et de conditionner les aides à l’atteinte d’un niveau de performance élevé et au recours à une assistance à la maitrise d’ouvrage (AMO), comme en Allemagne, où chaque subven- tion accordée est liée à un niveau de performance énergétique, et assortie de contrôles aléatoires. Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
2021 R A P P O R T A N N U E L #26 LES COPROPRIÉTÉS ET LE PARC LOCATIF PRIVÉ, LAISSÉS-POUR-COMPTE DE LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE En copropriété, des dizaines, voire des centaines Mais la précarité énergétique dans le parc de co- de copropriétaires doivent se mettre d’accord sur propriétés concerne surtout les locataires, qui le principe d’engager des travaux lourds et coûteux sont plus de 25 % à en souffrir, contre 9 % chez les au même moment. Dans les faits, l’absentéisme, propriétaires occupants d’appartements. 45 % des les intérêts immédiats et les moyens financiers des passoires énergétiques occupées par des ménages uns et des autres, permettent rarement de trouver modestes, le sont par des locataires du parc privé, un consensus. et 23 % des logements locatifs privés sont des pas- soires (contre 17 % des logements en général). Si les Pour tenter de provoquer un élan, la nouvelle for- rénovations sont rares dans le parc locatif privé, la mule de MaPrimeRénov’ s’est ouverte aux copro- raison est simple : le « dilemme bailleurs-loca- priétés en octobre 2020. Mais cette réforme divise taires ». Les propriétaires bailleurs ne subissent par deux les aides qui étaient allouées aux ménages pas directement les conséquences d’un logement modestes grâce aux aides de l’Anah. L’impossibili- mal isolé, puisque ce sont les locataires qui payent té de cumuler celles-ci avec MaPrimeRénov’ risque les factures, et ne profitent pas des travaux de réno- 7 de freiner des projets de rénovation. Les copro- vation. Ce sont pourtant eux qui doivent les décider priétés devront choisir entre mobiliser les et les financer. Résultat : rien ne se passe, ou si peu. aides pour tous, ou seulement pour les plus pauvres. Il importerait donc de différencier les MaPrimeRénov’ est désormais ouvert aux bailleurs, aides en copropriétés selon les revenus des copro- ce qui est positif, mais sans contrepartie sociale, priétaires. par exemple en termes de modération des loyers, contrairement aux conventionnements Anah exis- Pour rendre possible la multiplication des travaux tants. Or, plutôt que distribuer aveuglément des de rénovation en copropriété à l’échelle nationale, aides financières aux propriétaires bailleurs, il un système d’aide adapté, l’application de l’obliga- aurait fallu intégrer des garde-fous pour évi- tion de rénover en cas de ravalement et l’accom- ter les effets d’aubaine. Une solution logique pagnement technique, social, financier et indépen- consisterait à coupler les subventions à des obliga- dant sont déterminants. Des informations et des tions pour les bailleurs de rénover leurs passoires. formations doivent être ciblées sur les coproprié- tés les moins structurées, afin de les aider dans le décryptage des nombreux dispositifs, dans le mon- tage financier, à toutes les phases du projet. 2 FÉVRIER 2021 / RAPPORT SUR L’ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE
C’est ainsi que, pour la première fois, un nouveau cessiteraient 6 000 euros de chauffage par an pour « décret décence », publié en janvier 2021, vient de être chauffé correctement). Le seuil de consom- fixer un seuil d’« indécence énergétique », au-delà mation annoncé est donc très élevé et conduit à duquel il sera interdit, à partir du 1er janvier 2023, considérer comme « décentes » 95 % des passoires de louer le logement, ce qui constitue une avancée. énergétiques du parc locatif. Le projet de loi sur le Mais le seuil est fixé à un niveau de consomma- climat, qui sera débattu en 2021, prévoit quant à lui tion d’énergie finale de 450 kWh/m²/an. Environ l’interdiction en 2028 de mise en location de toutes 90 000 logements du parc locatif seraient concer- les passoires énergétiques, ce qui est bien plus posi- nés (les plus énergivores des 5 millions de passoires tif, même si l’échéance est très lointaine et si la défi- thermiques). Avec un turn-over annuel moyen du nition de ces passoires reste à préciser. parc autour de 25 %, seul un quart de ces 90 000 logements sera réellement concerné durant l’année 2023. Son expression en énergie finale (et non pri- 8 maire) aboutit à exclure de fait de l’obligation les lo- gements chauffés à l’électricité (même ceux qui né- Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
2021 R A P P O R T A N N U E L #26 LE SECTEUR DE LA RÉNOVATION : UN DÉFICIT D’INFORMATION ET DE CONFIANCE Le secteur est mal formé et peine à se mobiliser. nel pour qu’elle se structure et qu’elle réponde à Faute d’aides suffisantes et d’obligations de me- la massification espérée de la demande. C’est l’ob- ner des rénovations globales et performantes, le jectif par exemple de Dorémi, filiale de l’Institut marché de la rénovation des bâtiments ne négaWatt, qui coordonne le regroupement d’ar- décolle pas vraiment : sans demande en BBC, tisans aux compétences complémentaires. Pour les entrepreneurs labellisés RGE ne se forment pas augmenter le rythme de rénovations et leur per- à ce type de chantiers plus complexes ; sans offre du formance, le WWF estime qu’il faudrait doubler secteur, la demande ne s’exprime guère. le nombre de professionnels dans le secteur de la rénovation, aujourd’hui estimé à 218 000, pour Pour faire face au détournement des aides par des atteindre 406 000 emplois d’ici 2030. entreprises mal intentionnées (les « éco-délin- quants »), qui multiplient arnaques et pratiques Ensuite, alors que le déficit d’information appa- malveillantes (démarchage téléphonique, presta- rait comme le premier obstacle à la réalisation de tions incomplètes, devis biaisés, fraudes aux cer- travaux, l’apparition régulière de nouvelles 9 tificats d’énergie...), les pouvoirs publics se sont offres (comme MaPrimeRénov’), régulièrement donné pour mission de renforcer les contrôles modifiées et coexistant avec les aides des collectivi- et de mieux cadrer les subventions. Car ces tés, d’Action Logement et les CEE rend le système pratiques viennent brouiller la lisibilité et la crédi- peu lisible et sous-utilisé. bilité du système d’aides, et affectent la confiance des Français envers l’ensemble du secteur. Plu- Parallèlement à l’amélioration des aides à la réno- sieurs alternatives émergent : un contrôle systéma- vation, il est donc important de pouvoir faire fonc- tique de chaque chantier, ou s’inspirer du modèle tionner les aides qui existent déjà, en repérant les allemand, où le bénéficiaire d’aides est obligatoire- ménages en précarité énergétique et en les orientant ment accompagné par un expert technique agréé. vers des solutions adaptées. Il faudrait donc renfor- cer entre autres les Services locaux d’interven- Cette démarche de contrôle est positive, mais elle tion pour la maîtrise de l’énergie (SLIME), ne créera pas seule une culture profession- pilotés par le CLER, qui visent à identifier les per- nelle de la rénovation performante. Il est sonnes en précarité énergétique, locataires ou pro- impératif de former l’ensemble de la filière à la priétaires, puis à établir un premier contact avec rénovation globale et au travail interprofession- elles lors d’un diagnostic socio-technique. 2 FÉVRIER 2021 / RAPPORT SUR L’ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE
Les blocages viennent également d’un service pu- indispensable pour atteindre les objectifs de réno- blic de la rénovation sous-dimensionné. Difficulté à vation énergétique. Pour le moment, on dénombre joindre un interlocuteur, fins de non-recevoir sans 400 espaces FAIRE en 2019, animés par l’ADEME raison apparente, importants délais dans la récep- et les collectivités. Malgré ces chiffres encoura- tion du solde des travaux... les services peinent geants, les moyens continuent de manquer et le parfois à faire face à la demande des utilisateurs maillage des espaces FAIRE reste insuffisant. de MaPrimeRénov’. Le service public de la per- formance énergétique dans l’habitat (SPPEH) est encore insuffisant. La CCC insiste sur le déploie- ment d’un réseau harmonisé de guichets uniques pour accompagner tous les ménages dans tous les territoires (du diagnostic initial au contrôle final, en passant par le dossier de financement et le choix 10 des intervenants agréés), en capitalisant sur le ré- seau FAIRE. Un accompagnement indépendant, complet et systématique est effectivement un outil Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
2021 R A P P O R T A N N U E L #26 CONCLUSION Agir sur le secteur du bâtiment n’est pas seulement n’est pas suffisamment ambitieuse. Pour être à nécessaire pour le climat : la massification des ré- la hauteur, la CCC préconise donc une obliga- novations permettrait de répondre aux enjeux de tion de rénover valant pour l’ensemble des relance économique, d’emploi, de pouvoir d’achat à logements, et visant en priorité les passoires travers la réduction de la facture d’énergie, et de ré- thermiques (étiquettes F et G) et les logements pondre aux préoccupations de santé publique. Cela énergivores (étiquettes D et E), sans se limiter aux justifie un investissement public conséquent, rai- logements locatifs. Seule cette obligation, couplée à sonnable au regard de ses bénéfices pour la société des aides efficaces, permettrait de dépasser les blo- et l’environnement. Or, les nouvelles aides, en cages au sein des copropriétés. Mais, alors même particulier MaPrimeRénov’, sont encore que la convention citoyenne a proposé des obliga- insuffisantes, malgré le milliard d’euros annuel tions échelonnées, adaptées aux revenus, modes supplémentaire consenti dans le cadre du plan d’habitat et niveaux de performance du logement, France Relance. Les aides ne parviennent pas avec des sanctions graduées dans le temps, l’exécu- encore à privilégier les rénovations globales tif a refusé de les inscrire dans le projet de loi sur le 11 performantes, à solvabiliser et accompa- climat qui sera discuté au Parlement en 2021. gner correctement les ménages modestes. 72 % des Français, avec une sur-représentation Il faut aussi mettre en place un véritable service des locataires, sont favorables à une obligation de public pour la performance énergétique au rénover (enquête Opinionway pour l’ADEME, no- niveau local, de l’identification au suivi post- vembre 2020). Par-delà ce quinquennat, les candi- travaux. L’assistance à la maitrise d’ouvrage doit dats à la présidentielle de 2022 doivent se saisir de être plus systématique en cas d’aides publiques et ce symbole à la croisée des enjeux sociaux et clima- la formation des artisans renforcée. Pour atteindre tiques, et en faire une des causes incontournables 800 000 rénovations globales par an en rythme de de cette nouvelle décennie. croisière, les sommes et les compétences en jeu sont importantes. Il est impératif d’apporter des moyens financiers suffisants aux ménages modestes, pour subventionner intégralement les travaux de rénovation complets et efficaces. De plus, la stratégie du gouvernement, qui consiste à déployer des politiques purement incitatives en- courageant les citoyens à rénover à leur rythme en espérant que les objectifs seront atteints en 2050, 2 FÉVRIER 2021 / RAPPORT SUR L’ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE
DÉLÉGATION GÉNÉRALE © Yann Lévy pour FAP. 3, rue de Romainville. 75019 PARIS Téléphone 01 55 56 37 00 Télécopie 01 55 56 37 01 fondation-abbe-pierre.fr Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
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