Revue de Presse Absence de Guerre - de David Hare mise en scène Aurélie Van Den Daele - Nouvelle Scène Nationale
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Revue de Presse Absence de Guerre de David Hare mise en scène Aurélie Van Den Daele DEUG DOEN CONTACT: bonjour@boitenoire.fr +33 (0)7.83.99.01.17 GROUP
THEATRE AU VENT Just another Blog.lemonde.fr weblog ABSENCE DE GUERRE de DAVID HARE . Traduction Dominique Hollier. Mise en scène Aurélie Van Den Daele, artiste associée – Au théâtre de l’Aquarium – Cartoucherie de Vincennes – Route de Manoeuvre 75012 PARIS – Représentations du 8 janvier au 3 février 2019, du mardi au samedi 20h, dimanche 16h – Publié le 11 janvier 2019 par theatreauvent Photo Marjolaine Moulin Une campagne électorale filmée comme un cauchemar. Au-delà du thriller politique que constitue la pièce de David HARE, « Absence de guerre », ce qui frappe dans la mise en scène d’Aurélie Van Den Daele, c’est cette course poursuite incessante entre l’image et le réel, jusqu’au rétrécissement de l’espace mental des protagonistes. La caméra qui suit omnipotente les tribulations de l’entourage de Georges Jones, le leader qui doit mener à la victoire, le parti travailliste, agit comme une torche monstrueuse. Les visages sont grossis sans aménité, la laideur du local sans âme, saute aux yeux, mais les personnages n’en ont cure, ils se donnent en spectacle comme dans un psychodrame, ils sont sujets
Théâtre L’absence de guerre par Aurélie Van den Daele sera-t-elle la meilleure pièce de l’année? 11 janvier 2019 | PAR David Rofé-Sarfati Aurélie Van Den Daele et ses complices du Deug Doen Group poursuivent, après Angels in America, et les Métamorphoses d’Ovide leur traversée des mythologies contemporaines. Avec L’absence de guerre de l’auteur anglais David Hare, ils nous ouvrent une réflexion sur l’acte politique et sur notre époque. La pièce se joue à l’Aquarium à La Cartoucherie de Vi ncennes. Elle est splendidei e. La pièce « L’Absence de guerre » est écrite en 1993 par David Hare, écrivain anglais à succès dans la lignée de Edward Bond; elle s’inspire de faits réels se déroulant lors d’une campagne électorale menée par le camp travailliste anglais. À l’approche des élections, au cœur du QG du parti, George Jones, candidat à la fonction de Premier ministre, et son équipe, s’affairent à la prochaine campagne. Venues du dehors s’abattent les sondages qui telles des paroles d’oracles règlent les débats internes et les stratégies comme les tactiques. Dans les bureaux du parti, les idéaux de gauche percutent en calamiteux renoncements le principe de réalité et son exigeant pragmatisme. L’ histoire mi-fiction mi-reportage figure le parangon de l’affrontement entre idéalisme politique et conquête du pouvoir, entre la morale et la chronique de nos vies. Cette épopée captive à la façon d’une tragédie shakespearienne. Elle trace une leçon philosophique et le tableau de l’âme humaine. Shakespeare oblige, elle se finira par quelques morts. Le terrible constat proposé par David Hare est celui amer de jeux politiques dépravés dans les alcôves corrompues des partis hermétiquement verrouillés. Au-delà, les médias feignent d’organiser le débat pour mieux le stériliser. Alors, puisque ce n’est pas un débat; en fait il n’y a jamais de débat; la seule analogie possible c’est avec la guerre, explique un personnage. Cette guerre qui ne dit pas son nom est une guerre en l’absence d’elle-même. Dans le même mouvement, les appétits, les égoïsmes et les compromissions désincarnent les membres de la famille artificiellement inventée par le parti, de l’armée trompeusement solidaire levée en vue de cette guerre et de la victoire espérée. Les êtres s’oublient. Ils sont eux aussi absents à eux-mêmes. La pièce est vive et brillante. Aurélie Van Den Daele la transforme en une oeuvre puissante où la beauté parfois est si violente que nous souhaiterions sidérés d’émerveillement pouvoir fixer l’instant. Plusieurs scènes sont magistrales. Par exemple, une scène de dispute captée en coulisse nous laisse bouche bée de ravissement. Cette scène offre au talent du comédien Sidney Ali Mehelleb un piédestal jamais démenti durant les deux heures trente du spectacle.
Dans un vibrant tumulte, nous sommes transportés là où les protagonistes gesticulent et où se joue la lutte pour le pouvoir. L’agitation et la cacophonie s’écrivent nécessaires, car la guerre, quand il ne se passe rien, c’est que ça ne se passe pas bien. La scénographie mêle vidéo en direct et théâtre. Le plateau est divisé en son milieu par un écran de verre surmonté d’un écran vidéo. À cour et à jardin des couloirs s’évadent et finissent de créer un espace scénique mentalisé étendu à l’infini et où hors champ et plateau s’intriquent. L’histoire captivante est servie par des comédiens merveilleux jamais débordés et au jeu entier, un jeu radicalement impliqué au bord du dépassement et de l’urgence. On pense à Ivo Van Hove ou à Anne-Cécile Vandalem qu’Aurélie Van Den Daele vient de rejoindre dans la cour des grands metteurs en scène. Son geste est riche d’une grande technicité, d’un admirable art du rythme, d’une direction d’acteurs rigoureuse et d’une sorte de gaieté diffuse qui baigne l’ensemble de la pièce. Une gaieté qui signe l’envie et l’intelligence de la créatrice. Le spectacle chaudement applaudi nous laisse à notre émerveillement et à nos interrogations sur le monde en marche. Nous aurons vu peut-être la meilleure pièce de l’année. lien article : ici
« L’absence de guerre » Jusqu’au 3 février au Théâtre de l’Aquarium Angleterre. Le charismatique leader du Parti Travailliste, George Jones, a enfin une chance d’accéder au pouvoir lors des prochaines élections. On plonge au sein de son équipe de campagne qui vit au rythme des sondages, de la préparation du discours à la Chambre des Communes, des débats sur le programme et sur ce qu’on peut et doit dire, le tout sous l’œil de la conseillère en image. George Jones a un gros capital de sympathie, mais il a aussi des faiblesses. Il a des lacunes en économie, il est trop naïf, trop spontané et trop confiant. On le suit dans cette course au pouvoir haletante, épuisante où s’usent les nerfs de ses collaborateurs. Saura-t-il rester un leader incontesté au fil des discours et quand il sera questionné par une star de l’information télévisée ? Comme dans les tragédies de Shakespeare n’est-ce pas toujours de l’intérieur que vient la trahison ? La pièce a été écrite en 1993 par un des plus grands dramaturges britanniques contemporains, David Hare, très attaché à un théâtre politique qui s’attache aux dérives du système politique et social anglais. David Hare a suivi la campagne électorale du parti travailliste au début des années 90, un parti qui semblait sur le point de gagner les élections, mais qui les perdra. Les questions politiques soulevées par la pièce sont toujours d’actualité et ne concernent pas que le Royaume-Uni. Dans la conquête du pouvoir faut-il tout dire aux électeurs ou faut-il occul- ter certaines décisions impopulaires que l’on prendra de toute façon une fois élu, faut-il donner la priorité au pro- gramme ou à la construction de l’image du leader, et si cette dernière devient primordiale quelle place reste-t-il au citoyen et à une démocratie véritable ? La mise en scène d’Aurélie Van Den Daele nous entraîne au cœur du Parti pour cette lutte sans pitié. De podium en émission télévisée, les couloirs du QG de campagne bruissent des débats entre membres de l’équipe, de leurs inquiétudes face à ce leader qui ne se prépare pas assez, trop confiant qu’il est dans sa capacité à convaincre. Le rythme est rapide. À l’image des personnages qu’ils incarnent les acteurs sont toujours sous pression et dans l’urgence. La vidéo est omniprésente, couvrant à la fois ce qui est dans le champ et hors champ. Des séquences filmées sur le plateau - un cadreur suit les personnages dans le QG - succèdent à des séquences hors champ - le discours du Ministre des finances du cabinet fantôme, les interventions du Premier Ministre conservateur à la télévi- sion, l’émission de télévision menée par une star de l’interview politique. Il faut aussi saluer la performance des acteurs. Sur scène tout ce monde vit, s’inquiète, espère ou désespère. Sid- ney Ali Mehelleb incarne le leader du Parti travailliste, énergique et séduisant, qui croit en sa bonne étoile. Alexandre Le Nours est son conseiller politique, qui l’admire mais connaît ses faiblesses et doute. Grégory Corre est le Ministre des finances du cabinet fantôme. Élégant, sorti tout droit de Cambridge il évoque Tony Blair. Marie Quiquempois est la conseillère image observant d’un œil attentif son client et les sondages. Julie Le Lagadec incarne une inter- vieweuse mémorable qui s’attache à sa proie avec une pugnacité déstabilisante. En montant ce texte Aurélie Van Den Daele fait œuvre citoyenne car ce thriller politique a gardé, vingt-cinq ans après son écriture, toute son actualité. Ce dont il est question, c’est de l’avancée d’un courant libéral implacable, de professionnels qui considèrent que la politique est chose trop sérieuse pour la laisser à la portée des citoyens considérés comme un marché à conquérir coûte que coûte. Le conseiller politique dans un reste de lucidité demande « Qu’est-ce qu’on a ? On est vraiment cyniques à ce point ? On est tellement arrogants qu’on s’imagine que les gens ne le voient pas ? » Cela sonne comme un avertissement pour nos sociétés démocratiques et présenté ainsi c’est passionnant. Micheline Rousselet Du mardi au samedi à 20h le dimanche à 16h Théâtre de l’Aquarium La Cartoucherie Route du Champ-de-Manoeuvre, 75012 Paris Réservations ([partenariat Réduc’snes->2644] tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 74 72 7
Culture et savoirs La mise en scène mêle théâtre et image vidéo en continu. Marjolaine Moulin Théâtre. Le miroir très déformant de la social- démocratie Lundi, 14 Janvier, 2019 Gérald Rossi Avec l’Absence de guerre, de David Hare, Aurélie Van Den Daele montre l’implosion du Parti travailliste britannique et celle d’une certaine politique. Un compte à rebours égrène les secondes sur un écran pendant que le public s’installe et que les personnages prennent possession du plateau. Puis, dans un premier éclat, voici le temps suspendu, les acteurs se jettent dans une transe syncopée, les paralytiques se redressent, les corps s’affolent dans un volcan de sons et de lumières. Stop brutal. Tout et tous reprennent leur fonction. Cravates en place, costumes bien lisses, jupes bien droites, dossiers sur les bras, ambiance de besogne, de fièvre, au siège du Parti travailliste britannique, dans les années 1990. Reprise du compte à rebours. Nouvel accès de folie… L’Absence de guerre, que met en scène Aurélie Van Den Daele, démarre sur ces heurts violents, peut-être libérateurs d’une tension au maximum. Puis, sur l’écran géant, en fond de scène, des images vidéo réalisées en direct (par Julien Dubuc), pendant les deux heures et demie du spectacle, prennent le relais. Tantôt pour montrer ce que l’on voit sur la scène, le plus souvent pour suivre les mêmes personnages dans les coulisses, où l’aventure continue. Un processus assez déroutant, qui mêle théâtre et image vidéo en continu. Reste à savoir ce que peuvent apporter à l’affaire des minutes de gros plan sur un cendrier fumant ou sur une assiette contenant les restes d’un gâteau au chocolat. Mais l’essentiel n’est certes pas là. David Hare, l’auteur, a pu suivre au plus près Neil Kinnock, alors chef de file du parti, et l’équipe de sa garde rapprochée à l’heure d’une échéance électorale qui faillit porter au pouvoir cette formation de la gauche sociale-démocrate. George Jones, interprété par Sidney Ali Mehelleb, est ce leader qui vit cette montée vers la victoire puis la chute vertigineuse face au parti conservateur qui, une fois de plus, sauva la mise. Les autres comédiens (Émilie Cazenave, Grégory Corre, Julien Dubuc, Grégory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Marie Quiquempois, Victor Veyron) se partagent une quinzaine de personnages, sans répit aucun. Les réseaux de l’Internet ne sont pas encore nés et les chaînes d’information en continu n’existent pas pour démultiplier à l’infini une parole creuse, que déjà une conception de la politique a pris ses distances d’avec les véritables aspirations populaires, vues à travers un miroir déformant. C’est ainsi d’ailleurs que George peut se livrer : « Tout ce qui arrive, les politiques s’en disent ravis. Quoi qu’il se passe, on fait comme si on l’avait prévu. C’est pour ça que je ne nous aime pas. Le métier manque totalement de dignité. On doit faire semblant de tout maîtriser. » Plus profondément encore, c’est toute la question d’une conception de la politique et de son articulation avec les véritables aspirations populaires qui est posée. Dans un effet d’écho vibrant dans le monde contemporain. Jusqu’au 3 février, Théâtre de l’Aquarium, la Cartoucherie Paris 12e ; tél. : 01 43 74 99 61. Puis en tournée à Creil, Montluçon, Fontenay, Lyon. Gérald Rossi • lien article : ici
EMISSION «Vous m’en direz des nouvelles !» Diffusé le 11/01/2019 lien podcast : ici
L’ABSENCE DE GUERRE Théâtre de l'Aquarium La Cartoucherie, Route du Champ de manœuvre 75012 Paris 01 43 74 99 61 Jusqu’au 3 février 2019 du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h Crédit photo Marjolaine Moulin « La paix, ce n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. » écrivait Spinoza. Dans cette pièce anglaise de 1992, nous sommes bien loin de la paix et de la bienveillance. Il faut dire qu'elle a pour cadre les instances du parti travailliste, lequel essaie de pousser son leader en vue d'élections proches. Tout un dispositif (qui n'a rien à envier à ce qui se fait maintenant) se met en place : les interventions sont calibrées, que ce soit dans les meetings et surtout les médias. C'est déjà le règne du marketing politique.
Le cynisme règle en maître, bien sûr. Après avoir énoncé que « l'économie est un thème conservateur », un des travaillistes, leur champion, se laisse pièger, lors d'une interview télévisée avec « l'allègement fiscal sur les emprunts immobiliers ». On s'interroge également sur une taupe... à l'intérieur du parti. Pour finir, au-delà des revirements, scènes de débats internes et de briefing, voire l'arrivée d'une petite nouvelle, c'est l'affrontement entre un champion qui a du mal à tenir ses nerfs et un jeune loup plus pragmatique, qui finira par avoir la peau du premier. Si le thème et ses développements par David Hare n'est pas nouveau, la réalisation est soignée et le travail des comédiens, très prenant, il faut le dire. Ils sont excellents mais se distinguent Grégory Corre et surtout Sidney Ali Mehelleb. On pourrait penser, vu la longueur de l'entreprise, sa variété de scènes... à une série politique comme il s'en fait tant. Outre sa longueur, c'est peut-être là une des limites de la pièce : finir par obtenir ce qu'elle voulait dénoncer, à savoir être vue de façon un peu banalisé, comme on se cale dans son canapé en se disant : Tiens, voyons voir à quoi ressemble le 347ème épisode de ma série préférée. Mais si, tu sais bien, celle qui renvoyait dos à dos travaillistes et conservateurs dans cette Anglettere des années 1990. À mettre au crédit du spectacle, l'humour parfois féroce de Hare : « Faire du bien, oui...vmais il faut des gens qui luttent contre ceux qui font du mal. » « Pour gagner, il vaudrait mieux qu'on soit tous conservateurs ! », le rythme des scènes et l'existence, grâce à la vidéo de ces deux univers, le réel et le “l'image“. C'est là l'originalité (et une constante dans le travail de Aurélie Van Den Daele, la metteuse en scène) l'utilisation de la vidéo. Elle est partout : sous la forme d'un grand écran en fond de scène. Les personnages sont démultipliés par la vidéo, suivis, traqués, y compris dans la coulisse. Filmage en live mêlé à d'autres images, le tout est efficace et sert bien le propos : c'est le règne de l'apparence, et tout ce qu'on veut cacher sera mis au grand jour, étalé sur des écrans, télé ou ordinateurs. Qu'est-ce qui est le plus vrai ? L'image ou les comédiens en chair et en os ? Qu'est-ce qui, paradoxalement, nous fascine le plus ? Gérard Noël lien article : ici
PLUMECHOCOLAT • Qui tient la plume ? L’absence de guerre 20 Jan par Flore Colmet L’absence de guerre nous emmène dans les arcanes d’une campagne politique, en croisant plusieurs disciplines artistiques, sous l’impulsion du collectif InVivo dont l’objet est d’explorer de nouvelles formes de spectacle vivant. Le dispositif scénique utilise donc à la fois l’espace plateau, qui est surplombé d’un écran de cinéma, un 2ème espace de jeu visible directement en fond de scène mais en quelque sorte « séparé » par un plexiglas, et les coulisses du théâtre, où les comédiens sont suivis par un caméraman en permanence, avec une retransmission en live sur l’écran sus-cité. J’avais déjà eu l’occasion d’assister à des spectacles mêlant vidéo et jeu, mais soit avec une vraie paroi séparant les acteurs du public, soit avec une caméra maniée par les comédiens eux-mêmes. Ici, le fait de vraiment garder l’interaction avec les comédiens, et d’avoir un cameraman au cœur du dispositif, en très grande cohésion avec ceux qu’ils filment, montre vraiment l’intérêt de cette recherche multidisciplinaire. Le seul « inconvénient » pour les spectateurs, si l’on peut le qualifier ainsi, est d’avoir « trop de choses » à voir, ce à quoi ils s’habituent néanmoins sans problème. Après cette longue introduction technique, il est temps de s’immerger dans cette guerre pour le pouvoir. La pièce de David Hare, écrite au milieu des années 1990, retrace l’affrontement entre les travaillistes et les conservateurs lors des élections, en nous plongeant au cœur du QG du parti travailliste. George Jones, le leader du parti, est donné gagnant dans les sondages. Mais l’opposition va naturellement tout faire pour l’amener à se compromettre, aidée volontairement ou non (l’histoire ne le dit pas) par des confidences malheureuses venues de l’intérieur. Pendant 2h30, l’on suit dans un suspense haletant les rebondissements de la campagne, qui, si elle est marquée par des éléments très spécifiques au système anglo-saxon, montre l’universalité de certains travers. Et apporte également un vrai questionnement sur les « vérités cachées » avant chaque échéance électorale, ces faits connus et irrémédiables mais qu’il est nécessaire de passer sous silence quel que soit son camp sous peine de gâcher toutes ces chances d’accéder au poste brigué. La figure de George Jones (magnifiquement interprété par Sidney Alli Mehelleb) illustre bien ce tiraillement permanent entre les idéaux qui animent les politiques lorsqu’ils commencent à s’engager et la dictature des apparences dès lors qu’ils commencent à gravir les échelons. L’on y voit aussi cette difficulté permanente à distinguer ses amis et ses ennemis dans chaque camp, y compris au sein de sa garde rapprochée. Menée à un rythme aussi soutenu que celui des véritables candidats en campagne, cette « absence de guerre » non dénuée de combats intérieurs tout autant qu’extérieurs fascine autant qu’elle fait peur. La mise en scène d’Aurélie Van Den Daele nous donne vraiment l’impression d’être aux premières loges de cette course effrénée pour déstabiliser l’adversaire sans être soi-même victime des attaques de ses détracteurs. En oubliant bien évidemment ses vrais idéaux au passage. Cruel, trépidant et passionnant ! lien article : ici
« L’Absence de guerre » au Théâtre de l’Aquarium Julien Wagner 24 janvier 2019 Copyright Marjolaine Moulin Guerre sans paix Avec L’Absence de guerre de David Hare, Aurélie Van Den Daele donne à voir le monde impitoyable de la politique côté coulisses avec une mise en scène clinique et fascinante et des comédiens fabuleusement investis. Le temps est venu pour de nouvelles élections au Royaume-Uni. Le parti travailliste, toujours perdant, voit tout d’un coup ses chances s’élever pour entrer au 22 Downing Street. Mais voilà, son leader, George Jones, ambitieux et charismatique, est beaucoup trop pur pour combattre dans l’arène politique. Au moindre faux pas, sa confiance en lui vacille. Autour de lui, une
une équipe prête à le défendre becs et ongles. Ou à l’enfoncer, c’est selon. Car si la guerre est absente, tous les coups sont pourtant permis… David Hare a réellement suivi de près des élections, dans le camp travailliste, persuadé alors de réussir enfin une bonne fois pour toutes à diriger le pays. Mais il assista à une dégringolade en bonne et due forme, une chute sensationnelle après l’ascendance inespérée. Une manne finalement pour l’auteur qui en écrivit cette pièce qui a toujours une forte résonnance avec l’actualité, surtout en cette période de Brexit qui semble tout remettre en cause. La metteure en scène Aurélie Van Den Daele à qui on devait l’année dernière le brillant Angels in America s’empare de ce texte en y distillant tout ce qui fait sa singularité : décor froid et clinique, même troupe de comédiens (tous excellents), coulisses apparentes, bande son efficace (il est bon de réentendre le Bloody Sunday de U2 qui fait écho aux bouleversements intérieurs du leader en proie au doute)… Pendant 2h30, on assiste, impuissants, à la chute inexorable d’un homme (et dans le même mouvement, de son parti). Le public, voyeur, est captivé par cette explosion en plein vol. Pire, il l’attend même, tandis que George Jones se révèle un anti-héros attachant, ambivalent, fascinant, prêt à mettre son corps et son âme sur la balance pour réussir. De fait, la scénographie reflète tous ses états. Sur le devant de la scène, les protagonistes montrent ce qui est permis de voir par le public. Les rouages d’un parti au travail pour gagner des élections qui semblent à portée de main. On y voir leur plan de bataille, les angles à aborder face aux médias, l’amitié et les inimitiés également entre ces hommes et femmes qui sacrifient tout pour réussir, jusqu’à leur vie privée. Puis, derrière un mur transparent tout en verre, c’est là que le spectacle se joue : les coulisses du pouvoir. La plupart des scènes s’y déroulent (sans compter une dans le public, sans doute l’une des meilleures). Car ici, c’est l’envers du décor qui nous est dévoilé, meurtri de coups bas, de tactiques, de d’infidélités, de doutes. Et surtout, Aurélie Van Den Daele donne à voir l’inconnu, l’inmontrable : les relations humaines qui n’osent se donner de face. Grâce à une caméra et un écran géant, on suit en permanence ce qui se passe dans la psyché des personnages, dans l’invisible, quitte à laisser la scène totalement dénudée et inhabitée (ce qui peut surprendre et déranger). Là, on perçoit les réels tourments de ces personnages en ordre de bataille. Là, se jouent tous les mauvais coups. Là, se perdent toutes les illusions. Copyright Marjolaine Moulin L’Absence de guerre est ainsi plus qu’une pièce. Grâce à ce système de caméra embarquée, elle devient performance artistique d’art contemporain. En plus des comédiens, on ne peut que saluer le caméraman, personnage invisible mais sans qui cette pièce n’aurait pas le même intérêt qui séduit autant qu’il gratte. Dépêchez-vous, il n’y a plus que quelques représentations pour découvrir les arcanes du pouvoir… lien article : ici
L'Absence de guerre : Jules César et le parti travailliste anglais en «direct live» au théâtre • Par Jean Talabot • Publié le 26/01/2019 à 07:30 CRITIQUE - En filmant le QG d'un parti politique durant les élections législatives, Aurélie Van Den Daele compose une mise en scène audacieuse et rock'n'roll à l'Aquarium jusqu'au 3 février. Dommage que la vidéo y soit omniprésente. Drôle d'ambiance à la Cartoucherie de Vincennes. Le plateau du théâtre de l'Aquarium s'est métamorphosé en un bunker d'aluminium glacé. On se croirait dans une série anglaise qui adapterait un polar de John Le Carré. Des technocrates tirés à quatre épingles en costume trois-pièces, une cage d'ascenseur, des cigarettes et des revolvers dans les holsters... Au-dessus de leur tête, un écran géant sonne dangereusement le gong d'un compte à rebours. 3, 2, 1, 0. Comme une bombe, la tension qui tient si serré les impeccables costards de tweed s'envole. Sur un techno kick retentissant, le flegme britannique vole en éclat pour se déchirer dans la folie. La scène «pré-générique» de L'Absence de guerre promet du rythme. Le spectateur n'est pas déçu: il ne redescendra quasiment pas, malgré les 2h30 de spectacle. Un thriller politique sous tous ses angles En s'emparant d'une pièce du dramaturge David Hare, Aurélie Van Den Daele et le Deug Doen Group plongent dans l'Angleterre post-Hatcher des années 90. George Jones (Sidney Ali Mehelleb, impressionnant de souffle et de charisme) est le nouveau leader du parti travailliste, qui a peut-être enfin une chance de gagner les élections législatives. Il n'est pas comme les autres, aime Shakespeare et le théâtre classique. Autour de lui se déploie une équipe fidèle, que rejoint Lindsay Fontaine, la nouvelle conseillère en publicité du parti.
En politique, la communication est le nerf de la guerre, comprend-on. Qu'importent les idées ou les débats ; ils «n'existent pas» en période électorale. Les seules échéances qui tiennent sont les interviews télévisées et les meetings. Et malgré la droiture de Jones, les idéaux de gauche se ramassent contre le mur du jeu médiatique. En face, les conservateurs ont quelques coups d'avance. Ils sont plus roublards, plus tranchants, plus théâtraux. Pour George Jones, qui endosse le temps d'une scène une couronne de laurier, le véritable danger vient aussi de sa propre famille. Il devrait relire le Jules César du Shakespeare qu'il aime tant. Sur scène, le QG du parti est doublé d'un déambulatoire en velours bleu, qui rappelle aussi bien les studios de cinéma où l'on incruste des images sur fond numérique que les «coulisses» de la vie politique où la novlangue se libère. Après cette scène, les personnages s'y retrouvent, filmés en direct sur l'écran géant. Ces trois fenêtres parallèles soulignent bien le lien entre théâtre et politique. Mais, comme souvent sur les planches, la vidéo montre ses limites en étant omniprésente, redondante, voire parfaitement gratuite. La scène se retrouve de plus en plus vide. Signe de l'abandon du politique de la réalité quotidienne pour la télévision? Heureusement, la tension reste, grâce à une troupe de comédiens dirigés au millimètre et une bande-son très rock. Aurélie Van Den Daele filme avec pessimisme la déliquescence du système démocratique. Soit la fin du débat au profit de l'avènement de l'image, qu'elle soit une, double ou triple. La politique, c'est la guerre et ça n'a rien de noble, nous dit-elle. David Hare tire peut-être le titre de sa pièce chez Spinoza. «La paix n'est pas l'absence de guerre», écrivait le philosophe. «C'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice.» Ici, on en est loin. Et puisque c'est la guerre, puisque Jules César n'est pas loin, il y aura des morts. Sur scène, les victimes quittent leur costume et la scène. Un homme file tout nu dans le bois de Vincennes. La caméra ne peut plus suivre, elle se coupe. Mort violente ou médiatique? Mais il paraît qu'en politique, on ne meurt jamais... lien article : ici
Date : 1er avril 2019 Pays : France Journaliste : Michaël Nicolas Périodicité : Quotidien OJD : 178584 Page 1/3 Montluçon * Vivre sa ville CULTURE L’Absence de guerre de David Hare, mis en scène par Aurélie Van Den Daele, auxîlets cette semaine Dans les coulisses de la démocratie MISE EN SCÈNE. Aurélie Van Den Daele a fait le choix d'intégrer la vidéo à sa mise en scène de la pièce de David Hare, notamment pour renforcer son côté thriller politique. PHOTO MARJOLAINE MOULIN Tous droits réservés à l'éditeur ILETS 4859446500508
Date : 1er avril 2019 Pays : France Journaliste : Michaël Nicolas Périodicité : Quotidien OJD : 178584 Page 2/3 Aurélie Van Den Daele et la encore un peu plus. C’est compagnie Deug Doen le cas avec cette pièce, qui Group présenteront leur raconte une campagne adaptation de L'Absence de politique au sein du parti guerre de David Hare, ces travailliste anglais. Elle in¬ mardi et mercredi, aux Mets. terroge de manière très La metteuse en scène expli¬ forte les idées démocrati¬ que ce qui l'a attirée vers ce ques et l’évolution de la texte. gauche. Michaël Nicolas Pourquoi la mettre en scè¬ C michael.nicolas@centrefrance.com ne maintenant, vingt- cinq ans plus tard ? Au sein Test à un long de la compagnie, on aime cette idée de travailler sur (2 h 30) mais néan¬ l’histoire pour mettre en moins haletant th¬ perspective le présent. riller politique que les spectateurs vont pouvoir L’idée était aussi de se de¬ mander comment parler découvrir cette semaine aujourd’hui de la politi¬ aux Ilets. Pour Aurélie Van que, d’où elle en est arri¬ Den Daele, la pièce que David Hare a écrite en vée, de sa médiatisation à 1993 est toujours d’une outrance qui l’a complète¬ ment transformée. Pour brûlante actualité. en parler, je me suis dit Pourquoi avoir choisi cette qu’il fallait revenir aux pièce ? Je l’ai découverte il sources de tout cela, et y a quelques années alors cette pièce propose vrai¬ que nous sortions d’un ment ce moment de bas¬ cule où on est encore dans travail sur Angels in Ame¬ une politique de partis et rica, sur l’arrivée du Sida dans les années 1980 aux d’idées, mais où on est en train de muter vers une USA. On avait envie de continuer à travailler l’as¬ politique de l’individu. pect politique d’une socié¬ En quoi trouvez-vous té et peut-être d’y entrer qu'elle fait écho à la pério¬ de actuelle ? C’est à la fois Tous droits réservés à l'éditeur ILETS 4859446500508
Date : 1er avril 2019 Pays : France Journaliste : Michaël Nicolas Périodicité : Quotidien OJD : 178584 Page 3/3 une fable assez intempo¬ un candidat en train de se relle sur le pouvoir, mais demander ce qu’est la po¬ elle raconte aussi ce qui litique, s’il a envie de faire nous arrive aujourd’hui en partie de ce système-là et France, c’est-à-dire un de le défendre. Il est en¬ éclatement total de la gau¬ touré d’une équipe de che que l’on constate communicants qui tra¬ d’ailleurs un peu partout vaille à sa promotion et il dans le monde. Le premier est à un carrefour de ré¬ jour de nos répétitions a flexion car il se demande coïncidé avec la défaite du si cette place est faite pour parti travailliste au Brésil, lui. et on a bien senti que la Pourquoi avoir choisi d'in¬ gauche était à la fois en tégrer de la vidéo ? J’avais refonte et en éclatement. très envie de raconter cet¬ On voit bien aujourd’hui te pièce des années 90 qu’on est dans une forme sans qu’on soit dans une de dégradation des pro¬ reconstitution historique. messes électorales et Aujourd’hui, la présence d’une perte de confiance des images est capitale dans l’État de droit tel dans nos sociétés. Utiliser qu’on le connaît. Tous ces la vidéo permettait aussi mécanismes-là sont très de restituer la narration de présents dans la pièce. la pièce qui s’appuie sur David Hare, les raconte un champs/contrechamps très bien. entre la scène et les cou¬ Parlez-nous de Georges lisses. J’avais aussi envie Jones, le personnage central que cela traduise l’am¬ Il s’appuie sur biance haletante de ce de la pièce. un vrai candidat, Neil Kin- combat pour être élu. Et que les acteurs soient très nock, que David Hare avait pu suivre lors de sa sollicités physiquement campagne. Les travaillistes puisque tout se fait en di¬ étaient donnés gagnants rect. et ils avaient finalement L'Absence de guerre subi une défaite. Dans la À retenir. pièce, il restitue un per¬ de David Hare, mardi 2 et mercredi 3 avril au théâtre des Ilets, à 20 h 30. sonnage légèrement ro¬ Durée : 2 h 30. Mise en scène : mancé mais qui ressemble Aurélie Van Den Daele. Tarifs : de 5 énormément à Neil Kin- à 18 euros. Renseignements au nock. Georges Jones, c’est 04.70.03.86.18. Tous droits réservés à l'éditeur ILETS 4859446500508
Direction artistique : Aurélie VAN DEN DAELE deugdoengroup@gmail.com +33 (0)6.07.29.85.78 Production & Diffusion : BOITE NOIRE Sebastien Ronsse bonjour@boitenoire.fr +33 (0)7.83.99.01.17 www.deugdoengroup.org 30, rue Falguière 75015 Paris copyright Marjolaine Moulin
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